No Game No Life : Tome 1 Chapitre 1

From Baka-Tsuki
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Chapitre 1 - Débutant/Amateur

Partie 1

- Dans un passé qui remonte à bien trop longtemps.

Les Anciens Dieux prirent la décision de s’affronter pour la récompense ultime :

Devenir le puissant, seul et unique Dieu restant. Ainsi, ils entrèrent dans une grande guerre, accompagnés de leurs serviteurs et des créatures qu’ils avaient fabriquées.


Cette terrible guerre s’étendit sur de longues années, si longues que la guerre sembla infinie.

Aucune terre ne fut point entachée de sang et les cris de douleurs ne cessaient jamais de résonner dans les cieux.

Les races de ce monde se détestaient profondément, s’entretuaient, et ainsi continuèrent leurs massacres sans fin.


Les Elfes se servaient de petits villages comme bases et utilisaient la magie pour prendre en chasse les ennemis qui s’en approchaient.

Les Esprits Draconiques utilisaient leurs propre corps comme de simples objets dans le but de se perfectionner à l’art de la guerre, tandis que les Hommes-Bêtes dévoraient brutalement leurs proies comme des animaux.


Ces pauvres terres qui n’avaient pas vu le jour depuis bien longtemps furent envahies par les plus profondes ténèbres à cause de cette monstrueuse guerre entre les Anciens Dieux.

Les Empereurs démons et les créatures créées par les Phantasmes proliférèrent et rapidement, prirent le contrôle des continents.


Dans ce genre de monde, peu importe le nombre de riches nobles, de magnifiques femmes ou même de courageux soldats, les Humains n'étaient qu’une existence insignifiante.

Ils ont mis leurs vies en péril pour construire leurs maisons, leurs contrés, et même former des clans, dans le seul but de survivre un peu plus longtemps.

Le fameux héro dont chaque barde racontait la venue ne fit jamais son apparition et ainsi, pour les humains comme pour le reste, cette période fut tachée de sang.


Cependant, la guerre que tous pensaient infinie prit soudainement fin.

Les cieux, les océans, les terres et même les étoiles qui peuplent le ciel.

Tous perdirent la volonté de se battre, de continuer cette guerre interminable où ils mourraient en vain et sans goûter à la vie, de leur naissance à leur sinistre mort.


Et tout simplement, l’Ancien Dieu restant qui possédait le plus de pouvoirs gagna le droit de devenir le possesseur du trône, un unique trône pour un Dieu unique.

Ainsi, ce Dieu qui tout ce temps ne fit que regarder le combat en tant que simple spectateur…

Cet être unique, celui qui ne prit pas part à la guerre du début jusqu’à la fin…

Le Dieu prit place sur le trône, et, regardant la destruction qui régnait sur le monde autour de lui, il déclara à tous les êtres vivants sur ces terres :

« À vous tous, Vous qui utilisèrent la plus extrême des puissances, des violences, des tourments et qui appelèrent la mort. Montrez-moi que Vous, qui empiliez des piles de cadavres, êtes des êtres civilisés comme vous n’hésitez pas à le déclarer. »


« Quelle est la différence entre Vous et les autres créatures dénuées d'intelligence et d'esprit ? »


Toutes les races annoncèrent alors d’une même voix qu’il n’y avait aucun besoin de prouver leur intelligence. Mais, devant l’étendue des dégâts et des ravages qui les entouraient, leurs discours apparaissaient bien vides et creux.

Au final, aucune réponse ne fut acceptée par l’unique Dieu.

Il déclara :
« Depuis mon royaume céleste, je vous prive de vos droits de répandre les combats et le sang. »

Ces mots devinrent un [Commandement], la loi absolue et implacable de ce monde.

Depuis ce jour, [La Guerre] disparue de ce monde.

Mais les peuples, qui regardaient la situation d’un air rationnel et pessimiste, décidèrent d’envoyer des complaintes au Dieu.

« Même si [La Guerre] a disparue, [Les Conflits] existent toujours… »


Dieu dit dans ce cas.

Les membres des [Seize Races] qui se disent être les créatures les plus intelligentes.

« Ceux qui utilisent une réflexion des plus complexe, un savoir des plus complet, des compétences inégalées et des ressources en grand nombre,

Construisez des [Tours De Sagesse], et à travers ces actes, vous prouverez votre propre intelligence. »


Le Dieu prit alors [Seize Pièces] d’échec et laissa s’échapper un rire empli de malice,

Un jeu des plus intéressants venait de commencer, et il en était le créateur.

Ainsi, les [Dix Commandements] virent le jour, et La Guerre prit fin à jamais.

Toutes disputes et tous conflits furent résolus par des Jeux.

Cette loi était celle du Dieu unique, et le nom de ce Dieu était… דeד



Partie 2

Continent d’Andalusia, Royaume d’Elchea, capitale… Elchea. [1]


Dans cette zone se trouvait un petit pays situé au sud de l’équateur, dans les terres isolées à l’ouest de ce continent, bien qu’il sérait plus judicieux de l’appeler une petite ville.

Ce pays qui dans des temps immémoriaux occupait la moitié du continent, a perdu son ancienne gloire.

Voilà tout ce qu’il restait de ce grand empire… une petite et vulnérable ville.

…Plus précisément.

C’était le dernier royaume de la race humaine.


--- Dans les alentours de la cité.

Une taverne et auberge qui n’existait habituellement que dans les RPG se trouvait un premier étage d’un vaste bâtiment.

Au centre se trouvaient deux personnes entourées par de nombreux spectateurs, deux filles qui en ce moment même jouaient à un jeu sur une table.


D’après son apparence, l’une des deux filles devait avoir entre 15 et 16 ans, de long cheveux rouge descendaient jusqu’à ses épaules et allaient avec élégance avec ses habits qui, tout comme ses manières, étaient très raffinés.

Quant à l’autre personne…

Bien qu’elle donnait l’air d’avoir le même âge que la fille aux cheveux flamboyants, son tempérament et ses vêtements offraient un sentiment de maturité étonnant.

Portant un sombre voile noire qui s’arrêtait juste sous ses yeux, en tout point assez similaire à ceux que possèdent les veuves, la fille offrait une vue funeste que soulignaient ses cheveux d’un noir profond.


Si on jette un regard au jeu en cours… on remarque sans difficulté qu’il s’agit d’une partie de poker.

Le visage est le miroir de l’âme disent les joueurs les plus expérimentés… Les expressions qu’elles offraient au publique étaient très contrastées, probablement à cause de l’air anxieux de la fille aux cheveux rouges.

Au contraire, l’autre fille affichait un visage impassible et un calme à toute épreuve.

… La défaite était proche.


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« … Hum, peux-tu te dépêcher ? »

« Je… Je suis toujours en train de réfléchir. »

--- C’était un bar, et bien que l’on soit au beau milieu de la journée, l’audience était ivre et riait d’un air vulgaire en direction du Jeu en cours.

C’était là une source de détresse supplémentaire pour la fille aux cheveux rouges.

… —


Pendant ce temps, un autre jeu avait lieu en dehors du bar.

Assise à une table en plein air, une jeune fille portant un long manteau à capuche jeta un coup d’œil par l’une des fenêtres :

« … Tellement… bruyant… que se passe-t-il ? »

« Ah ? Vous ne savez pas ? Des étrangers peut-être…. Pourtant, il ne reste aucun autre pays appartenant aux humains… »

Assis à côté de la fille qui regardait par la fenêtre se trouvait deux personnes qui jouaient à un Jeu de cartes.

Les participants étaient un adolescent avec un long manteau similaire à celui de la jeune fille, ainsi qu’un homme d’âge moyen arborant fièrement une barbe bien taillée.


Le jeune home répondit :

« Ah… Nous venons simplement de la campagne et à cause de cela il arrive que nous manquions d’informations à propos de la métropole. »

Par coïncidence, tous deux étaient en train de se livrer au même Jeu que ceux à l’intérieur… Le Poker.

--- Cependant les jetons n’étaient que de simples capsules.

Après le commentaire de l’adolescent, l’homme rempli de doutes répondit :

« Pourtant, les ‘humains’ qui ne vivent pas dans ce pays… ne sont-ils pas des ermites ? »

« Haha, c’est bien vrai. Bon… Que se passe-t-il réellement à l’intérieur ? »

Le barbu était encore une fois prit de court par la question alors qu’il l’avait intelligemment évité.

« Un… En ce moment, il se tient un tournoi de Jeu de cartes pour élire le prochain roi d’Elchea. »

(« Le prochain roi ne doit pas dépendre de son droit du sang mais être le meilleur Joueur de toute la race humaine »)

Tout en continuant d’ajouter les capsules à la pile devant lui, il reprit :

« Dans les nombreux paris que notre pays a livré, les humains ont tout perdu… Maintenant, il ne reste plus qu’Elchea. Oh, Elchea est aussi notre capitale… Il ne reste plus grand-chose dorénavant. »

« Hum, (Parier un pays), eh… Ça a l’air très, très intéressant. »

Répondit le jeune homme.


Tout comme la jeune fille qui regardait par la fenêtre, il était très attiré par les évènements se déroulant dans le bar :

« … Mais… pourquoi ? Ce sont ces enfants qui sont candidats pour devenir le prochain monarque ? »

« Hum ? Le mot ‘Candidat’ est assez faux petit, après tout, tant que tu es humain, tu peux participer. »

Alors qu’il déclarait cela, le barbu bougea lentement sa main en direction de la taverne :

« Jouer au poker sans comprendre un traître mot de l’expression poker face… »


Ses yeux se posèrent sur la fille aux cheveux rouges dont les complaintes pouvaient facilement être entendues même depuis l’extérieur et il reprit sa présentation :

« Celles aux cheveux rouges ici présente s’appelle ‘Stéphanie Dora’…. La descendante du défunt Roi. À cause de la volonté de notre ‘très cher’ monarque, elle a de forte chance de se voir perdre le trône et tout ce qu’elle possède… Pas étonnant qu’elle cherche à devenir la Reine…
La descendance de celui qui nous a menés à notre perte, avait-il prévu la situation dans laquelle ses mots l’ont mise ? »

Ajouta l’homme avant de soupirer, en commentant la scène qui se déroulait à l’intérieur.


« … Je vois… »

Dis le jeune homme qui ajouta ensuite :

« Hmm… Parier un pays. Même les frontières sont décidées par des Jeux, n’est-ce pas ? »

Tandis qu’un large sourire traversait le visage du garçon, on pouvait voir sans mal à quel point la situation l’intéressait au plus haut point.

Les yeux de la fille brillaient à l’idée d’une telle possibilité.



« Peu importe, le tournoi est bientôt terminé. »

Le barbu venait de les sortir de leurs rêveries :

« Tant que tu es humain, tu es potentiellement le Roi. Inscrit ton nom et joue à un jeu, n’importe lequel ! Le perdant sera privé de son droit de participer tandis que le dernier être humain dans la course gagnera le titre. »


« --- Ainsi, les règles sont simples. Plus c’est facile à comprendre, mieux c’est. »

Mais l’adolescent répondit :

« Eh… C’est terriblement simpliste. Il n’y a aucun problème ? »

« Tant que tu respectes les dix commandements, les joueurs choisissent le Jeu et ses restrictions… Cela comprend qui participe, qu’utilisent-ils et quand. Après tout, c’est un Jeu pour un pays tout entier… Hahaha. »

Un lourd rire assez mélancolique s’échappa du barbu.


« … Ce n’est pas ce que je veux dire… »
Dit le garçon d’une voix éloquente tout en regardant dans le bar.

La fille lui dit tout bas :

«… Défaite totale. »

« Ahh, nous pensons à la même chose. »

Il sortit un objet rectangulaire de sa poche et fixa la taverne.

Après un court instant, ce dernier émit un simple mais étrange bruit : ‘Kacha’.


--- L’homme qui le regardait laissa s’échapper un grand sourire.

« Alors jeune homme ? Tu crois vraiment que tu as le temps de te soucier des résultats des autres matchs ? »

S’excusant gracieusement, il montra ses cartes :

« Full House[2]. Désolé. »

Convaincu de sa victoire, le sourire agréable devint une mimique sournoise et dédaigneuse.


--- Mais pourtant le garçon garda l’air désintéressé qu’il avait à chaque fois qu’il regardait le jeu auquel il se livrait.

« Hum ? Ah oui c’est vrai… Toutes mes excuses. »

En prononçant ces mots, il montra nonchalamment ses propres cartes tandis que le visage du barbu perdait de sa superbe progressivement :

« Une… Ro, Royal straight Flush… Comment !!? »

Fixant la silhouette encapuchonnée qui était restée impassible bien qu’il possédait la meilleure main du Jeu, il se leva et hurla.

« Sales gosses ! Vous avez trichés ! Avouez-le ! »

« Hey, hey, hey… Quel gentleman ! As-tu une preuve ? »

Fixant d’un regard mauvais le jeune homme qui affichait un petit sourire et qui se preparait à se lever de son siège, le barbu continua de parler :

« La probabilité d’avoir une Royal Straight Flush est seulement de 1/650 000, impossible que tu puisses tomber dessus maintenant ! »

« Dans ce cas, ce doit être le fameux jour où j’atteins cette seule chance sur 650 000 n’est-ce pas mon brave ? Dommage, il semblerait que quant à toi, tu manques sérieusement de chance ! »
Tandis que ses mots tombaient lourdement telle la sentence d’un tribunal, le garçon écarta ses bras :

« Bref… Pourrais-tu, bien aimablement, me donner ce que tu as parié ? »

« … Tu mérites de crever. »

Serrant violement les dents, l’homme sortit son porte-monnaie et le regarda longuement.

« Article six des Dix Commandements, Comme convenu lors du serment, la récompense du pari sera--- »

L’homme l’interrompit brutalement :

« OK ! OK… J’accepte... »

« Parfait… Merci mon brave. »
L’adolescent se leva tranquillement après avoir fini et partit.

La fille hocha rapidement la tête et commença à le suivre.



Peu après, un homme qui semblait être un ami du barbu se rapprocha de lui alors qu’il secouait la tête :

« Et bien, on a regardé du début jusqu’à la fin… Bordel, pourquoi donc as-tu parié "Tout ce que tu avais" ? »

« Ah… Mon Dieu… Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire sans cet argent… »

« Non, je te parle pas de ca… Eux, qu’ont-ils pariés pour que tu risques tout ce que tu possédais ? »


Soupirant doucement, le barbu lui répondit :

« Ils ont dit… "Libre de faire tout ce que tu veux de nous deux". »

« Comment… »

« J’ai trouvé ça beaucoup trop tentant… Mais après tout, ils venaient de la campagne… Je me suis dit que j’étais chanceux… Raah, comment ça se fait ! »

« Tu ne peux plus rien y faire maintenant… Oh, au passage, lequel ? »

« Hein ?»

« Entre les deux : le garçon ou la fille ? Quoi que… après tout, les deux sont totalement hors de portée pour quelqu’un comme toi. »

« Que… Oula, attends un peu ! »

« Ahahah, ne t’inquiète pas, je vais garder ça secret. Promis, personne n’en entendra parler, pas même Kamei-san. Mais dans ce cas, tu me dois un repas un de ces quatre ♪ ! »

« Non, pas ça ! En plus, mon argent vient déjà de disparaître entièrement ! Il n’y a pas… »

« La condition du pari comprenait bien plus que la chasteté de la jeune fille, c’était aussi mettre la main sur deux vies humaines ! Tomber sur un Royal Straight Flush tout en étant aussi peu intéressé par la partie ? Qui sont ces deux-là exactement… »

--- Royal Straight Flush… Impossible qu’elle apparaisse aussi facilement. Posséder un tel jeu est équivalent à déclarer ouvertement que l’on triche à son adversaire.

Mais---


« Article huit, si un tricheur est découvert pendant une partie, il est immédiatement considéré comme perdant. »

L’adolescent évoqua doucement les mots dont il s’était souvenu lors du jeu :

« … Ce qui veut dire, tant que l’on ne te voit pas tricher cela reste légal. Acquérir un peu de connaissance est toujours bon ! »

Le jeu auquel il avait participé n’était au final qu’une simple expérience, il s’étira puis sourit à la jeune fille :

« Bon, au moins, on a de quoi couvrir quelques dépenses. »

« … Nii-san… tu comprends… comment marche l’argent ici ? »

« Impossible de savoir pour l’instant, n’est-ce pas ? Mais bon, je vais m’en occuper… c’est dans le champ de compétence de ton grand-frère ! »

Le garçon prononça ses mots avec un ton joyeux qui tranchait avec celui qu’il avait lors du Jeu et nonchalamment, ils entrèrent dans le bâtiment.



Partie 3

Malgré le désordre due à la partie qui se déroulait au centre de la salle, deux personnes marchèrent jusqu’au comptoir.

Après l’avoir atteint, l’adolescent retira son portefeuille de sa poche et fit tomber bruyamment toutes ses pièces sur le comptoir avant de demander lentement :

« J’aimerais une chambre pour deux. Un lit suffit. Combien de nuits peut-on rester avec cet argent ? »

Un homme qui donnait l’air d’être le patron jeta rapidement un coup d’œil.

Après une courte hésitation :

« … Une journée, trois repas compris. »


Cependant, l’adolescent laissa s’échapper un rire glacial… Ses yeux toujours couverts par le capuchon de son manteau il parla d’un ton tout autant glacial et théâtral :

« Haha… Haaa… Il semblerait que vous n’ayez pas compris… ce que j’ai dit… Après avoir marché 5 jours sans interruption, la fatigue est en train de me tuer. Nous sommes totalement épuisés… Alors pouvez-vous, rapidement, me dire « Combien de nuits peut-on rester » ? »

« … Comment ? »

« Je dois dire qu’il est vrai que nous avons l’air d’étrangers qui ne connaissent rien à la valeur de l’argent, cela me va si vous tentez augmenter le prix. Mais laissez-moi vous donner un conseil, quand vous mentez… Faites attention à votre regard et votre ton, OK --♪ ? »

L’adolescent riait doucement tout en prononçant ces mots et il semblait à l’homme derrière le comptoir que les yeux du garçon perçaient son âme et ses mensonges avec facilité.


Il commença à avoir des sueurs froides et lança rapidement :

« … Tss. Deux jours alors. »

« Regardez ! Encore en train de mentir... Tsss-Tsss… Faisons un compromis d’accord ? Disons… 10 jours et repas compris. »

« Quoi ! Quel genre de compromis marche comme ça !! D’accord… Va encore pour 3 jours avec les repas. »

« Ah ? Alors c’est comme ça ? Pourquoi pas une réduction, 5 jours sans oublier la nourriture bien sûr. »

« Quo… »


L’adolescent se rapprocha doucement et alors que ses yeux dépassaient enfin, il fixa l’homme d’un regard froid :

« Soyons clair, vous essayez de rouler vos clients avec de pitoyable mensonges avant de les débarrasser de tout leur argent… Corrigez-moi si j’ai faux. »

« Attendez, ce genre de paroles… »

« Et vous êtes le propriétaire de la taverne c’est sûr, mais pas celui du bâtiment n’est-ce pas ? Pas la peine de répondre, je sais déjà que j’ai raison mais la question la plus important est… "Dois-je vous dénoncer"? »


L’adolescent avait toujours le sourire depuis le début de la conversation et il commençait à s’accentuer.

Devant ce garçon qui n’avait aucune peine à négocier avec lui, le boss ne pouvait que maintenir un visage contrarié et déboussolé. Il décida de se rendre plus amical :

« Jeune homme… Tu as un air très commun et poli mais tu es incroyablement impitoyable, eh… J’ai compris ! Je cède, 4 jours avec repas compris, qu’en dis-tu ? »

« Parfait ! Merci pour votre hospitalité ♪ ! »

Toujours avec ce même sourire sur le visage, le genre de sourire qui peut cacher le plus grand des gentlemen ou le plus vil des monstres, le garçon prit les clefs de la chambre des mains du propriétaire.

« Votre chambre est au troisième étage tout au fond du couloir. Bon, le registre… Votre nom ? »

« Hum…Simplement " Vide " [3] »


Sora caressa la tête de sa petite sœur qui regardait béatement les derniers instants du match qui se déroulait sur la table centrale.

« Il semblerait que j’ai fini les négociations, on peut rester quatre jours. Tu peux commencer à vénérer ton grand-frère… Que fais-tu ? »

Shiro fixait cette fille aux cheveux rouges, Steph… ? Bref, la fille que le barbu leur avait présentée un peu plus tôt.

Une expression de détresse se lisait sur son visage.

Son incapacité à cacher ses sentiments avait convaincu tous les spectateurs que, sans aucun doute, elle n’avait aucune chance de gagner.

« … Cette personne… va perdre. »

« Sûrement. Et donc ? »


Montrer ses émotions sans même tenter de les cacher… Même si une chance se présentait, elle ne pourrait pas gagner.

Peut-être que le barbu avait raison, la lignée de la famille royale était simplement désespérée et sûrement stupide.

Juste au moment où cette idée germait dans l’esprit de Sora… Il réalisa.

« … Ah ! »

Après avoir figuré le sens des mots de sa petite sœur, il laissa s’échapper un soupir.

« Ouah… Donc cela avait un tel sens ? … Terrifiant… »

« … Hng… »

Shiro montrait du doigt la fille aux cheveux noirs tout en hochant la tête en direction de Sora.

« Vraiment… Les moyens de tricher possible dans ce monde sont tout simplement incroyables. Je ne veux même pas rencontrer un seul opposant de ce genre… »

« …Nii, pitoyable… »

Touché par la provocation, Sora devient soudainement sérieux et contre-attaqua :

« Hé, ne soit pas bête. Peu importe à quel point une méthode de triche est développée, tout dépend de comment on s’en sert. »

« … Nii, peux-tu... gagner ? »


« … C’est vraiment digne d’un monde fantaisiste, non ? Il n’y a aucun sens de la réalité ici et pourtant… Pourtant nous avons ce sentiment d’être relaxé, et à notre place… »

Après avoir laissé tomber un dernier soupir, Sora rajouta doucement :

« …Avons-nous déjà joué à trop de jeux ? »


Il ne répondit pas à la question de sa petite sœur, mais se dirigea tranquillement vers les escaliers pour rejoindre le troisième étage.

« … Vraiment, J’ai posé… une question stupide. »

Shiro s’excusa soudainement.

Tout simplement, pour 『  』 l’échec était impossible.



Alors que Sora passait par le centre de la pièce, il s’arrêta à côté de la fille cheveux rouge.

Après une courte pause, il lui murmura doucement à l’oreille :

« … Oh, franchement… Tu ne peux pas voir qu’elle triche juste devant toi ? »

« … Eh ? »

La fille posa sur Sora un regard étonné, soutenu par le bleu profond de ses yeux contrastant avec sa chevelure flamboyante.

Alors qu’elle continuait de fixer son visage, Sora quitta la pièce sans prononcer un seul mot.



Partie 4

Avec le tour de clef dans la serrure, vint la sensation du manque de sécurité quand la charnière de métal émit un lourd grincement.

L’intérieur de la chambre était entièrement fait en bois d’un genre très similaire à celui que l’on peut trouver dans Skyrim, donnant à la maison un aspect très bon marché.

La chambre était petite et de légers craquements accompagnaient chaque bruit de pas. La table et les chaises qui avaient été disposées dans un coin de la pièce semblaient très rustiques.

Quant aux autres meubles, il n’y avait qu’une petite fenêtre et un lit. Pour résumé, l’intérieur de la chambre était excessivement simpliste.


Après être entrés et avoir verrouillé la porte, ils enlevèrent leurs manteaux.

Un garçon aux cheveux emmêlés d’un noir profond, portant T-Shirt, un jean et des baskets…Sora.

Une mince fille dont les longs cheveux blancs désordonnés couvraient ses yeux, portant un uniforme de marin… Shiro.

Regardant d’un air las les longs manteaux qu’ils avaient portés, Sora soupira. Ces derniers, qui dans tout autre monde donnaient à leur possesseur un air suspicieux, n’avaient pas éveillé la curiosité.


Il s’affala sur le lit, et sortant son téléphone de sa poche, il vérifia le planning qu’ils avaient établi.

« Mission : Veillez à trouver un logement. Statut : Accompli. On peut parler de… "cela" maintenant, non ? »

« … Hng, je pense… Que c’est possible. »

Après cette confirmation, ils exprimèrent à haute voix les mots qu’ils cachaient aux plus profonds de leur être depuis le début du voyage : « Ahhhhhhhhhhhhhhhhh, tellement crevé ! Rhaaaa… »

Ces mots-là…

Il avait été décidé qu’il ne faillait jamais les prononcer avant que la première mission ne soit atteinte.


Juste après, alors qu’il ne pouvait plus se taire, Sora laisser s’échapper toutes les plaintes qu’il contenait :

« Il n’y a rien… absolument rien… qui soit "définitivement impossible". Je n'arrive pas à croire que pour notre première sortie dans le monde extérieur, nous devions autant marcher… »


La jeune fille ouvrit la fenêtre pour observer le paysage.

Elle pouvait à peine l’apercevoir, la falaise sur laquelle ils étaient tombés :

« … Les Humains, tant qu’il y a de la volonté, alors tout peut être accompli. »

« Oui, si il n’y a pas de motivation, rien n’est fait… Ces mots sont très réalistes et encore plus quand on les compare à notre situation, eh. »

Bien que cela était une interprétation assez négative, Shiro hocha sa tête pour acquiescer.

« Honnêtement, j’ai pensé que mes jambes seraient devenu inutiles à force d’être un hikikomori (« Shut-in ») pendant si longtemps, je ne m’étais pas attendu à ce que l’on puisse marcher si loin. »

« … Parce que parfois… on contrôle la souris… avec nos pieds ? »

« Oh… Je vois ! Le si bien appelé « maîtriser une capacité si bien que toutes s’améliorent » était donc vraie ! »

« … Ce n’est pas… ce que je voulais vraiment dire… Je… »

Le dialogue entre les deux semblait avoir atteint sa limite.

Les yeux de Shiro se fermaient d’eux-même.

Elle chancela comme si elle allait s’évanouir et tomba sur le lit où se trouvait Sora.

Même si elle ne le montrait pas, un souffle douloureux dû à la fatigue pouvait être ressenti.


C’était une réaction tout à fait normale.

Peu importe le fait qu’elle soit un génie, elle restait une fille de onze ans.

Participer à une partie d’échec après 5 nuits blanches était bien assez pour faire s’effondrer n’importe qui. Même Sora souffrait, comprenant bien son état, il se décala pour lui laisser plus de place. Pour marcher jusqu’ici sans aucune complainte, elle était bien digne d’éloges :

« Tu as bien travaillé. C’est impressionnant… il n’y a aucun doute, tu es la fierté de ton grand-frère. »

Dit-il doucement en caressant affectionement sa tête et tentant de mettre un peu d’ordre dans ses cheveux.

« … Hng. "Trouver un logement" … Soit sûr… de le finir. »

« Ahhhh, bien sûr, bien sûr, j’étais effrayé de savoir ce qu’il allait nous arriver quand ces voleurs nous ont attaqués. »

… Avec ces mots, l’esprit de Sora replongea dans les événements qu’ils avaient vécu pendant le voyage.



Partie 5

« … Alors, que fait-on maintenant ? »

« … (Secoue la tête) »

Se réveiller, ouvrir les yeux et enfin se lever.

Difficile de se débarrasser du sentiment douloureux de nausée qui le hantait, difficile d’être réellement conscient, difficile d’accepter la situation…

Tout en maudissant de tout son cœur cette vie qui avait basculé dans un univers où la logique n’avait plus pied, Sora laissa exploser sa colère en hurlant.


Shiro poussa un long soupir.

Tous deux se sentaient exténués, mais il avait quand même retrouvé progressivement leur calme malgré la fatigue.

S’éloignant progressivement du bord de la falaise, ils rejoignirent la route rudimentaire qui la longeait.

« … Nii, pourquoi… venir ici ? »

« Vois-tu, dans un RPG on appellerait ça une « Rue » voire même une « Route » pas vrai ? Si je ne me trompe pas, cela permet aux gens de voyager… »

Bien qu’ils ne savent pas jusqu’à quel point leurs connaissances pratiques dans les jeux pourrait les aider, ils se raccrochèrent à ce qu’ils possédaient.


« Bon… Commençons par le commencement, dressons une liste de ce que nous avons sous la main. »

Comme dans n’importe quel Jeu de Survie…

Comprenant l’importance de cette action, ils étalèrent sur le sol tout ce qu’ils avaient sur eux :


« Je vois… »

Smart phones, deux.

Console portable, deux.

Batterie multifonction, deux.

Chargeurs solaires, deux.

« … Comme prévu. »


Dans ses bras, Shiro tenait le PC portable qui avait été la source de tout, bien qu’en mauvais état il semblait fonctionnel. Un bien « précieux, instigateur d’un événement douloureux.

… Peu importe la situation, il est dur d’imaginer deux disparus avec un matériel aussi couteux.

Et… Ils étaient tous fait uniquement pour jouer.


Au final, peu importe la situation, le lieu, les conséquences, les aléas, que cela soit dans la salle de bain ou lors d’une coupure de courant, ils n’auraient jamais arrêtés. Dans un sens, ils ne cessaient jamais « d’être eux-mêmes », c’est pourquoi ils ne pouvaient pas se séparés de ces objets.

… Quand on y réfléchit, personne ne sait si ce matériel pouvait être utile dans la situation qu’ils traversaient actuellement, pourtant ils restaient nécessaires, une bouée de sauvetage en quelque sorte.



« Pas étonnant… Je ne reçois ni onde ni signal électrique. »

Dit Sora tout en observant son téléphone qui annonçait « hors-réseau ».

Mais la fonction lampe torche ainsi que l’appareil photo restaient utiles.

Bien que la cartographie fût bien évidemment impossible, le comportement rationnel de la boussole indiquait qu’ils se trouvaient sur une structure similaire à celle d’une planète.

Sora remercia du fond du cœur la rapidité du développement des performances des Smartphones.



« … OK, Shiro, coupe le téléphone et le PC. Le soleil est levé, profitions en pour recharger les appareils. J’ai téléchargé une multitude de livres et de guides sur le PC pour les jeux, dans le pire des cas on utilisera des guides de survival. »

« … Roger… »

Elle écouta avec attention les paroles de son frère et éteignit tous les équipements tout en utilisant les chargeurs solaires pour les recharger.

Lorsque des circonstances inattendues se présentaient, écouter les instructions de son frère avait toujours été la meilleure chose à faire.
Shiro le savait grâce à ses propres expériences.



… Après cela, à l’aide de l’incroyable pouvoir de la science ( Le téléphone de Sora ), une direction à suivre fut donnée.

Cependant, utilisant simplement la fonction Boussole du smartphone, leur situation était aussi compliqué qu’être perdus en mer sans carte et sans aucune indication, au final leur statut ne changeait pas beaucoup.

Bien qu’ils possédaient les produits les plus avancés que les technologies modernes pouvaient proposer, ils étaient quand même perdus. Dans un sens le chemin de la vie s’était écroulé en les laissant sur le bord de la route.

« … Oh ? »

Sora aperçut un petit nombre de gens se diriger vers eux, ces derniers sortaient un à un d’un chemin venu d'une foret non loin (qui aurait très bien pu être une rue, mais ses connaissances sur le sujet étaient limitées) à un rythme soutenu. Il laissa s’échapper un rire :

« OHHH ! Fantastique ! Tout simplement fantastique, mon expérience des RPGs marche réellement ! »

« … Nii… Ils ont l’air… bizarres. »

Alors que les mots retombaient doucement, le groupe accéléra subitement pour pouvoir les encercler.

Tous vêtus de vert avec de longues bottes…

« … Oula oula ! Ne seraient-ce pas des voleurs ? »

Sora ne put s’empêcher de maudire les cieux et tous ses habitants.

Se retrouver perdus sur une route inconnue et avoir comme première rencontre des bandits d’un monde fantaisiste !

Il prit place devant Shiro pour faire office de bouclier humain et commença à réfléchir au meilleur moyen de les sortir de cette situation.

… Étonnamment, les premières paroles de voleurs furent :

« Hehe… Si vous voulez passer… va falloir jouer à un jeu ! »


Cette seule phrase fit tomber les mâchoires de Shiro et Sora qui se regardaient d’un air perplexes… Un sourire machiavélique naquit sur le visage de Sora :

« … Eh, en y repensant… le gamin… il a bien dit que dans ce monde "Tout est décidé par des jeux". »

« … C’est à ça… que ressemble les voleurs… ici ? »

Rapidement ils avaient fait une comparaison avec ceux qu’ils pouvaient trouver dans leur monde.

La scène qui se déroulait devant leurs yeux pouvait être qualifié de « ridicule » voir « adorable » si on connaissait un « vrai » voleur. Tous deux commencèrent à libérer fou rire incontrôlable.

« Qu’est-ce que vous avez à rire comme ça ! Si vous ne jouez pas avec nous, ne pensez même pas à passer par ici ! »

Deux camps diamétralement opposé : L’un riant ouvertement tandis que l’autre s’énervait progressivement.


Shiro et Sora se rapprochèrent en riant insouciant lorsque, une fois côte à côte, leurs sourires s’effacèrent brutalement alors qu’ils échangèrent rapidement des informations, à voix suffisamment basses pour éviter d’être écouté :

« Un : Fausse faiblesse, on les attire. Deux : Un peu de chance, quelques triches et on leurs laisse croire qu’ils ne sont pas perdus. Trois : Récupération, on les dépouilles. Ton avis ? »

« … Ça… suffira. »

Concluant la conversation, Sora frappa ses mains l’une contre l’autre, produisant un "Pa !" … Le massacre se profilait à l’horizon :

« OK, pourquoi pas, une confrontation. Mais malheureusement, nous n’avons pas d’argent… »

« Heh, pas de problème, dans ce cas… »

Sora lui coupa la parole pour dire nonchalamment :

« Si nous perdons alors nous sommes à votre disposition, peu importe ce que vous décidez de nous faire. »

« … Ah ? »

Le voleur qui parlait peu avant affichait un air surpris, une initiative surprenante et unique. Sora ne lui laissa pas le temps de retrouver ses mots :

« Mais si on contraire, nous gagnons… »

Un sourire démoniaque qu’il cachait à peine se forma sur son visage…

« Les manteaux. On prend vos vêtements… Pas de vous tous bien sûr, disons… euh… Lui et… celui-là. Vous savez… Changer de monde entraine certains problèmes, notamment l’aspect totalement de nos habits… Tellement suspicieux c’est bien dommage. Oh bien sûr, vous nous emmènerez aussi à la ville la plus proche. »


Avant de s’assoir pour jouer, il ajouta joyeusement :

« Oh… où avais-je la tête ? Les règles… Dites-les moi… Toutes, d’accord ?  »




Partie 6

Se souvenant de ces évènements, Sora prononça à voix basse :

« "Dix commandements"… eh, Shiro tu t’en souviens ? »

« … Hng. Très… intéressant. »

Répondit Shiro dont le regard vacillant lui donnait l’air d’être prête à s’endormir à tout moment.


Ils avaient appris les règles qui régissaient ce monde grâce aux voleurs qui avaient perdu le jeu.

Sorta sortit son téléphone sur lequel il avait marqué les commandements et il recommença leur lecture à haute voix :

« Dix commandements »...

Il semblerait que ces règles sont absolues et qu’elles sont l’œuvre du Dieu unique :

Bien que sa petite sœur semblait les avoir déjà mémorisés, son frère les avait quand même enregistrés sur son téléphone. L’information est un bien précieux, Sora n’oubliait jamais cette règle-là.


[Les Dix Commandements]

【1】 Tout carnage, guerre, ou pillage est interdit à travers le monde.

【2】 Toute dispute sera résolue par le résultat d'un jeu.

【3】 Avant chaque jeu, chaque partie doit faire une mise de même valeur.

【4】 Tant que cela n'entre pas en conflit avec le Commandement 3, n'importe quels mises et contenus de jeu sont valides.

【5】 Le partie défiée a le droit de décider du contenu du jeu.

【6】 "Par les Commandements", le pari sera inconditionnellement accepté par chaque partie.

【7】 Les conflits de groupe devront entraîner la nomination d'un représentant.

【8】 Tout partie surpris en train de tricher durant le jeu sera immédiatement considéré perdant.

【9】 Les règles précédentes sont inconditionnellement inchangeables, au nom de Dieu.

【10】 Jouons et amusons-nous tous ensemble !



« La Neuvième assure la stabilité de celles au-dessus, mais la Dixième… »

Pour ainsi dire, strictement parlant, il n’est pas nécessaire de bien s’entendre avec l’adversaire.

Ou plutôt dit d’une autre façon, « Peu importe, ce n’est pas comme si vous vivez en harmonie non ? ».


Remarquant l’ironie des « Dix commandements », le souvenir du visage de ce « Dieu » émergea dans l’esprit de Sora.

« Le gosse qui nous a emmené dans ce monde… Si cette personne est vraiment « Dieu », alors… il a vraiment un bon caractère. »

Soupira Sora avec un faible sourire alors qu’il rangeait son téléphone.



En ce moment, la volonté de s’allonger sur le lit le torturait. Sa fatigue refaisait peu à peu surface, le privant un peu plus à chaque instant de sa conscience et de ses capacités de réflexion.

« … En y accordant un peu d’attention, il est évident, oui évident, que c’est une réaction naturelle. Faire nuit blanche pendant cinq jours et gérer le bruit issu du tournoi… »

« … Fuuu… »

Pensant toujours à rester auprès de son frère, accrochée fermement à son poignet, Shiro avait progressivement rejoins les bras de Morphée [4].

Repoussant doucement les mèches qui tombaient devant ses yeux, il révéla une peau blanche telle une céramique [5] et un visage magnifique digne d’une des plus belle œuvre d’art.

Comparé avec cette fille et son apparence raffinée, dire qu’ils étaient frère et sœur pouvait sembler être le début d’une mauvaise blague.

« … Je croyais t’avoir dit de toujours te prendre une couverture… Tu vas attraper froid. »

Dit-il avec douceur.

« … Hng. »

Suivant les mots de son frère, elle lui demanda d’une voix endormie de l’aider à se couvrir.

Bien qu’il venait de mettre la main sur une couverture, Sora hésita mais fini par céder :

« Elle est un peu poussiéreuse, mais bon… c’est mieux que rien crois-moi. Dors bien. »



Tout en regardant le visage endormi de Shiro et écoutant sa respiration paisible, Sora se perdit peu à peu dans ses pensées.

(… Bon, à partir de maintenant, que faire…)

Sora commença à naviguer sur le téléphone qu’il venait de sortir de sa poche.

Il voulait voir s’il n’y avait aucun logiciel, aucun conseil… même le plus simple, pour l’aider à trouver comment agir dans une situation aussi difficile et étrange.

(Une fantaisie, perdre pied et se retrouver dans un autre monde… La première chose à faire serait de voir si prendre le chemin inverse est possible…)

Pourtant, après une simple pensée il s’assombrit, en proie à la douleur qu’apportent certaines vérités :

« Un monde différent ? Ah… Au final, ici ou là-bas… J’ai toujours été un étranger. »

… Des parents qui n’étaient plus de ce monde.[6]

… Une sœur que la société refusait d’accepter.

… Lui-même qui refusait d’accepter cette même société.



« … Dis, Shiro… Pourquoi… Les protagonistes de monde parallèles ou différents… Pourquoi essayent-ils de retrouver ce genre de monde ? »

Bien qu’il savait qu’elle était déjà endormie, Sora ne pouvait pas s’empêcher de poser cette question, il ne cherchait pas simplement la réponse.

« Juste quatre jours, ‘quattuor’… C’est loin d’être stable comme situation. »

Il se mit à réfléchir aux actions à prendre après ces quatre jours.

Sora essayait d’improviser, d’établir des prévisions… Mais bien avant qu’elles n’atteignent leurs conclusions, Morphée avait déjà fermé les yeux du jeune homme.




Partie 7

… Le bruit de coups sur la porte brisa le silence.

La raison pour laquelle il se réveilla était si simple et si ténue

Ses sens avaient-ils été affutés par sa venue dans ce monde inconnu ?

Avant son arrivée, il aurait fallu bien plus pour le sortir de son sommeil.



Sora fit taire son envie de se recoucher avec difficulté et commença rapidement à activer son cerveau et sa conscience.

« … Nyaaaaa. »

… Mais sa petite sœur était bien différente.

Un filet de salive courrait sur son visage alors qu’elle s’accrochait fermement au bras gauche de Sora pendant son sommeil.

Son visage affichait une expression de calme et de sérénité impressionnante, pour ainsi dire, n’importe qui serait jaloux de voir un dormeur aussi apaisé.


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« Pas faux, en y repensant, dans ce monde, tuer, voler, piller et autres sont interdis… »

Ce qui veut dire… le fait d’être « vigilant » n’est pas nécessaire dans ce monde.

Probablement… Non, elle l’avait forcement compris.

Sora, qui apprenait peu à peu à s’adapter à ce monde, lança un sourire affectueux et fier à Shiro qui se trouvait sûrement au plus profond du pays des rêves.

« Pas de doute, le degré de flexibilité de mon esprit est loin de rattraper le sien… »


Les bruits de cognements se firent encore entendre sortant Sora de sa torpeur :

« Ah… J’arrive, j’arrive. Vous êtes ? »

« Stephanie Dora. J’aimerais discuter à propos de l’évènement qui a eu lieu aujourd’hui... »

Stephanie… Qui donc… Ah !

Sortant rapidement son téléphone, Sota jeta un coup d’œil aux photos qu’ils avaient prises un peu plus tôt.

Ce qui était représentée sur la photo était une fille aux yeux d’un bleu profond et aux cheveux flamboyant, elle dégageait un air d’appartenir à une caste supérieur telle celle des nobles.


Le bar en bas… il était aussi le lieu de jeux visant à élire le nouveau Roi.

« Ah, je vois. Je vais ouvrir la porte. »

« … Miwuuuuuu… »

« … Très chère petite sœur, c’est une véritable bénédiction pour moi que de vous servir de porteur officiel mais, si vous pouviez relâcher mon bras pour un moment cela serait parfait… Hum, pour ouvrir la porte, c’est assez dur de bouger actuellement. »

« ... ? ... Mhhh ? »

Bien que Shiro fût encore en train de somnoler, elle libéra le bras de Sora.


Trainant lentement son corps couvert de courbatures hors du lit puis à travers la pièce, Sora se dirigea vers la porte.

La Stéphanie qui se trouvait derrière la porte offrait un spectacle bien différent de la photo, cette défaite avait dû porter un grand coup à son moral.

« … Je peux renter ? »

« Ah ? Ermm… Pas de problème. »

Sora se dirigea lentement dans un coin de la pièce pour récupérer l’unique chaise. Sa petite sœur s’était rendormie rapidement et ne cessait de changer de position, l’empêchant de s’assoir convenablement sur le lit.

Il se laissa tomber lourdement sur la chaise et commença à prêter un regard sérieux au visiteur.

« Bon, je suppose que tu as des questions… Je t'écoute. »


Après un court silence, Stéphanie demanda :

« … Qu’est-ce qui vient de se passer ? »

« Hum… Quoi ? Attendez, laissez-moi préciser, ce n’est pas ce que vous croyez, on est simplement… »

« … Guuu… Rejetée… Par Nii… »

Hum… Correction, pas totalement rendormie.

Shiro semblait être passée dans son fameux mode « 80% de sommeil », un pouvoir que Sora enviait profondément.

Bien qu’il ne savait pas comment se définissait le ‘Bon sens’ dans ce monde, une explication était quand même nécessaire.

« Bon les présentations... Je m’appelle Sora, et voici ma petit-sœur, Shiro. Cette situation est tout à fait normale vois-tu. D'ailleurs, plus important, le nombre d’années que j’ai passées sans petite-amie est égal à mon âge, c’est pourquoi j’en recherche une actuellement, compris ♪ ? »

Stéphanie afficha un air surpris :

« ... C’est totalement sans importance. »

Elle ignora totalement cette déclaration et continua fébrilement :

« Plus important, j’ai besoin d’informations sur ce qui s’est passé aujourd’hui. »



(Aujourd’hui… De quoi parle-t-elle ?)

(En parlant de ça, quelle heure est-il maintenant ? Je n’arrive même plus à voir le soleil passer à travers les fenêtres.)

Jetant un rapide coup d’œil à son téléphone, Sora réalisa que 4 heures était passées depuis le début de son repos… Ils avaient probablement dormi aussi longtemps.

« Aujourd’hui, quand tu es passé juste à côté de moi, tu m’as dit quelque chose de troublant du genre "Tu ne peux pas voir qu’elle triche ?" »


Alors que Shiro semblait juste grogner un vague non-sens, qui était probablement à propos de la conversation actuelle, elle ouvrit les yeux et murmura :

« … Donc tu… as vraiment perdu ? »

Stéphanie semblait très agitée par l’attitude de Shiro et donnait l’air d’être assez instable :

« … Oui… oui… C’est vrai, j’ai PERDU ! Il n’y a que ça qui vous intéresse ?! Tout, TOUT est perdu maintenant ! »

Sora couvrit ses oreilles pour atténuer les cris de rage de Stéphanie qui venait de se lever brusquement.

« Ah… À cause... de mon manque de sommeil, le bruit… résonne en boucle dans ma tête, sans s’arrêter… Alors, s’il te plait, retiens toi de hurler comme ça… »

Annonça-t-il avec un visage ennuyé, trop fatigué pour être énervé.

Stéphanie qui était en train de frapper rageusement la table, écarquilla les yeux et commença à pleurer d’une voix encore plus forte :

« Si vous saviez que mon adversaire trichait, pourquoi ! Pourquoi vous n’avez pas expliqué sa méthode de triche à tout le monde ?! Vous savez à quel point vous m’auriez aidé ? J’aurais pu gagner !! »


Sora commençait à connaitre les règles et il voyait bien à laquelle elle faisait référence. Il lui offrit un regard compatissant :

« Commandement Huit des [Dix Commandements] : Tout joueur surpris en train de tricher durant le jeu sera immédiatement considéré perdant. »

Tout simplement, tu gagnes si tu sais reconnaître que l’on triche devant toi.

Mais elle… Même avec les connaissances, elle avait échouée et par conséquent l’adversaire s’en est sorti vainqueur sans soucis.

« J’ai perdu… Grace à vous ! Arghhhh, vous savez ce que ça représente ? La compétition pour le trône… terminée. »

« … Bon… »

Shiro encore ensommeillée continua doucement :

« … Donc tu as perdu… Tu es dans le déni… Tel un enfant… C’est pour ça… Que tu viens ici… Pour te plaindre ? »


L’opinion directe et sans retenue de Shiro fit monter la pression de Stéphanie qui serra les dents et les poings d’un air furieux.

« Ahh~~ très chère sœur, pourquoi ? Pourquoi, jeter de l’essence sur le feu alors tu pourrais tout simplement prétendre dormir ? »

« … Guuuu… Tu devais… Ne pas le révéler. »

« Tu t’es réveillé après que j’ai prononcé "Chercher une petite amie"… D’ailleurs, nous n’avons pas vraiment de compagnons ici, donc… en toute logique… nous devrions être plus sympathique vois-tu ? »


… Mais.

Sora s’arrêta soudainement de parler.

Une idée lui traversa l’esprit…

Et la raison qui poussait Shiro à être aussi silencieuse et pâle, était surement le fait que, elle aussi, avait vu l’idée germer dans l’esprit de Sora.

De l’autre côté, Sora arborait un sourire sardonique. Il venait de se fixer un nouvel objectif et la machinerie était en marche :


« … Mais, ce que Shiro a dit est aussi vrai. Les humains qui croient que tout leur appartient... Ils perdent toujours tout et n’hésiteront pas à se plaindre. »

« … Qu’as-tu dis ?! »

Stéphanie était plus qu’étonnée.

Sora balaya ses mots et, d’un mouvement théâtral, commença à regarder de haut la ‘princesse’ et lui offrit un air sadique et hautain.

Ses yeux scrutaient son corps, perçaient ses secrets, l’observait avec attention.

Choisir soigneusement chaque mot, chaque geste ou encore chaque visage. Tout devait être fait dans le seul et unique but de briser les chaines qui retenaient la colère royale…


Sora prononça :

« Incapable de voir à travers des triches pitoyable pour soudainement venir ici faire une scène affligeante… Sans parler du fait que tu n’arrives même pas à conserver ton sang-froid lorsqu’une enfant vient enfoncer le clou… Tellement niaise. Cependant, si tu es vraiment de la lignée de ton pauvre fou de Roi, alors je suppose que ces échecs te sont familiers. »




Partie 8

Sora l’annonça avec le regard que l’on réserve exclusivement aux organismes les moins développés, un regard de pitié et de supériorité.

Ses yeux s’écarquillant et jetant un regard terrifiant à Sora, une expression de fureur inégalée émergea sur le visage de Stéphanie :

« Ne reprononce jamais ces mots. »

« Vraiment ? Mhhh, es-tu sûre ? »

« Peu importe les circonstances… Jamais ! Jamais je ne te laisserai insulter mon grand-père ! »


Face aux protestations solennelles de Stéphanie, Sora n’afficha qu’encore plus de mépris :

« La raison pour laquelle tu n’as pas remarqué que ton adversaire trichait est simple, tu étais trop sur la défensive... Simplement, au lieu de prendre des risques, tu t’es désespérément accroché à un moyen plus sûr de gagner. Ce genre de personne se concentre tellement sur sa propre sécurité à tel point qu’il n’accorde même plus d’attention aux actions de son adversaire. »

Il lui offrit un sourire sarcastique pendant que ses mots l’écrasaient de remords :

« Un simplet avec un point de rupture [7] aussi bas qui ne peut même pas contrôler ses propres émotions… À mon humble avis, c’est un profil tout à fait hors de question pour un joueur ! »

« … Silence, si je voulais ton opinion, alors… »

Stéphanie se déplaçait lentement pour l’empêcher de se lever de sa chaise, sa posture donnait l’impression que, à tout moment, elle était prête à l’attraper.

Cependant, Sora la coupa pour dire doucement :

« Alors... Jouons à un jeu. »

« … Eh ? Quoi ? »


Stéphanie était soudainement confuse. Mais elle resta vigilante et questionna Sora sur ce qu’il venait de dire.

« Rien de bien compliqué vois-tu, pas besoin d’un raisonnement complexe, non. Juste un simple Pierre, Feuille, Ciseau. Tu me suis ? Pierre, Feuille, Ciseau... »

« Quoi… ? Bien sûr, je connais. »

« Hum, ce monde est vraiment pratique. Nous allons déterminer le vainqueur avec ça, juste un jeu, pourtant… »

Il montra sa main grande ouverte.

Tout en articulant précisément pour être sûr que chaque mot soit mémorisé, Sora continua lentement :

« Pourtant, ce Pierre, Feuille, Ciseau n’est pas ordinaire… Tu vois ? Je vais utiliser uniquement la feuille. »

« … Ah ? »

« Si je décidais de faire autre chose que ‘feuille’, alors ce serait une [défaite] pour moi… Mais ! Mais si je te bats avec autre chose que ‘feuille’ tu auras aussi perdu, enchaînant logiquement une [égalité]. Bien sûr, si je choisis quelque chose d’autre que ‘feuille’ et que l’on finit sur une [égalité], j’aurais quand même atteint une [défaite]. »

« … »

(Perdre si ce n’est pas ‘feuille’ ? Mais sait-il ce que cela veut dire ??)


Stéphanie se mit sur ses gardes.

« … La récompense, qu’est-ce donc ? »

Tu ne peux même pas imaginer quelle aide tu m’offres en étant aussi sensible et énervée… Sora pensa prononcer ces mots mais il ne se laissa pas saboter ses propres plans. Il sourit simplement et ajouta :

« Si tu gagnes, alors j’accepterais toutes tes requêtes. Peu importe, que tu me demandes la raison qui a mené à ta perte, la vérité derrière cette technique de triche, ou encore de mourir pour venger ton pauvre fou de roi que j’ai traité de pauvre fou. Tout cela est à toi, aucune importance. »

« … Je t’ai dit d’arrêter ! »

« … Donc ! Inversement, si je gagne, tu dois accepter toute mes demandes. »

La voix de Sora donnait l’impression qu’il était heureux mais pourtant, son visage affichait une expression plus froide que la glace… Un sourire terrifiant se forma lentement sur ce dernier :

« Nous parions surement nos destins ici-bas… Un contrôle total sur la vie autrui. Il faut être prêt à tout perdre pour jouer à ce jeu… »


Malgré tout le sang qui lui montait à la tête, que ce soit à cause de sa colère et de son embarras, Stéphanie se calma rapidement face au ton froid de Sora.

Ainsi, elle questionna prudemment :

« Et si… Nous finissons avec une égalité ? »

«  Dans ce cas, je te donnerai un indice sur la triche que l’on a utilisé pour te vaincre… Vois cela comme une compensation. »

Son attitude changea soudainement, et alors qu’il semblait troublé, il joua avec ses cheveux et dit avec un sourire :

« En échange, j’aimerais faire un simple vœu… au final assez trivial. Bien que nous avons sous la main assez d’argent pour rester quelques jours… Bon… Je vais être direct, après quatre jours exactement, nous n’aurons plus de nourriture ni même d’endroit où loger. Avec un peu de recul, on se rend compte que ce que l’on va vivre après ça est imprévisible et assez inquiétant, donc… Eh bien… »

« Ce qui veut dire, vous voulez que je vous fournisse un logement et une certaine stabilité ? Je vois. »

Face à la réponse de Stéphanie, Sora afficha un grand sourire.


Il cherche encore à grappiller un peu plus, plus que de la survie, cela semblait être pour lui une habitude.

« Donc, qu’est-ce que tu en penses ? Tu acceptes ou tu rejettes ? »

« ... »

« Il est vrai, même si tu apprends comment ton adversaire a triché, tu es toujours disqualifiée de la compétition pour le trône. Pas besoin de mentionner qu’il n’y pas de réel bénéfice à prendre un risque inutile, si l’on est quelqu’un qui préfère les guerres défensive ! Même si tu refuses, ce n’est pas grave d’abandonner… »


Sora la provoqua ouvertement.

Bien que cela fût une provocation aussi flagrante, Stéphanie l’accepta sans même douter.

« … OK, alors… que le jeu commence [Acciente] !!! »

C’était le serment à faire pour être sûr que le jeu suivrait les lois des [Dix Commandements].

Un mot, une déclaration, qui affichait au Dieu son intention de former un pari guidé par les [Dix commandements]... Jurer sur son nom, sa vie et sa sincérité avec Dieu comme témoin. L’exigence parfaite et absolue des jeux de ce monde.

« Ok, dans ce cas… [Acciente]. »

La partie commença, et plus troublant qu’un regard glacial, Sora afficha un sourire honnête et naïf.


Stéphanie se mit à réfléchir intensément.

(Seulement ‘feuille’ ?)

(À moins qu’il pense que je vais sortir ‘ciseau’ impulsivement.)

(Considérant les conditions qu’il a proposées… ses intentions sont claires.)

(Son but est simple… atteindre une égalité.)

(Il essaye uniquement d’obtenir un logement et de quoi manger. Sans oublier qu'il est possible qu’il ne comprenne même pas la technique de triche que mon adversaire a utilisé…)

(Ses mots… ils pourraient ne pas être la vérité.)

(Dans ce cas, il va tout faire pour éviter une simple défaite.)

(De plus, il est perdant si il n’utilise pas la ‘feuille’… En prenant tout cela en compte, mes chances de victoires sont…)

Pierre : 2 victoires, 1 défaite / Ciseau : 2 victoires, 1 égalité / Feuille : 1 victoire, 2 égalités.


(Il a annoncé qu’il ne choisirait pas autre chose que ‘feuille’.)

(Après l’avoir observé, je suis sûre que si je choisis innocemment ‘ciseau’, je vais pouvoir m’attendre à le voir utiliser ‘pierre’.)

(Je l’entends déjà se moquer de moi «  Haha, comme prévu, ça a bien marché contre toi, sombre idiote ».)

(Dans ce cas… si j’avais choisis ‘feuille’ cela aurait été une victoire… mais avec 2 égalités possibles ce choix est bien plus proche de l’aider à atteindre son objectif.)

(… Cet homme, il pense à coup sûr que je ne vais pas utiliser la pierre…)

(Après tout, c’est le seul choix où j’ai une chance de perdre !)

(… Il me prend pour une idiote !)

(‘Pierre’ et ‘Feuille’ sont tous deux de bon choix, mes chances de victoire sont de 2 contre 1.)

(Réfléchit autant que tu peux… je ne vais pas te laisser repartir avec une égalité !)


Essayant de percer les secrets de l’esprit de Sora, Stéphanie le fixa avec un regard aiguisé.

« … »

… Cependant, Stephanie, qui regardait le visage de Sora, ne put s’empêcher de respirer un grand coup, sachant que cet homme ferait tout pour l’énerver.

Calmement, cet homme, confiant dans sa victoire, révéla un léger sourire.


Regardant l’expression de Sora, le sang monta à la tête de Stéphanie encore une fois, comme si il venait de lui jeter un sceau d’eau.

(… Non ! Non, ne soit pas impétueuse, reste calme, c’est son piège !)

Reprenant ses esprits, Stéphanie recommença à débattre sur la décision à prendre.

Les émotions, les choix, les déductions… Que faire s’il voit à travers tout cela ? Peut-il tout prévoir ?

Il faut revenir aux fondamentaux.

… En effet.

(Il a déclaré que ‘feuille’ était la seule exception.)

(De plus, peu importe quelle méthode il utilise, il ne peut pas gagner.)

(Donc… Si on supprime ‘feuille’ qui présente trop de de désavantages… Entre ‘pierre’ et ‘ciseau’, le ‘ciseau’ est un choix plus sage… Après tout, il a annoncé son choix et selon ce dernier, ‘pierre’ apporte une défaite…)


(Il repose bien trop sur mes émotions… Mais qu’en est-il des siennes ? Il ne s’est pas donné un handicap sans en tirer un quelconque avantage, il cherche à me troubler pour que je perde de mon plein gré !)


« Alors, si nous commencions ? »

Sora prononça ses mots avec tranquillité, l’air d’avoir déjà gagné le jeu… mais.

« Bien sûr. Prêt à suivre les Commandements ? » De même, Stéphanie dans un état d’esprit similaire répliqua rapidement.

(J’ai déjà vu à travers tes intentions médiocres… laisse-moi gagner et montre-moi enfin une expression de chien battu.)

« Pierre, feuille, ciseau ! ... »

Stéphanie avait utilisé ‘ciseau’.

« Quoi… !? »

Ses yeux grand ouverts d’étonnement car Sora avait pris ‘Pierre’.

« Mais… Com… Pourquoi… Comme ça… »

Sora laissa s’échapper un soupir :

« Bien qu’il est remarquable de constater que tu as honnêtement choisi les ciseaux, et par conséquent réussi à éviter de succomber à la provocation gratuite. »

Il marqua une courte pause pour applaudir faiblement son adversaire.

« … Au final, tu es toujours aussi inexpérimentée. »


Avec ces mots, le sourire énervant et désobligeant de Sora s’effaça, révélant une simple lassitude.

Il retourna se poser sur le lit et commença à s’expliquer :

« Je voulais simplement, à l’aide de mes nombreuses provocations, te laisser penser que la pierre était le seul choix qui pouvait mener à une défaite. »

« … »

« Bien sûr, j’ai prêté serment sur les Dix Commandements de respecter les règles particulières du ‘Pierre, Feuille, Ciseau’ que nous avions choisies et je les ai suivies. Cependant, je n'ai jamais annoncé que je visais une victoire, tu as conclu cela toute seule.

Je te l'ai déjà dit, au lieu de prendre des risques, tu t’es désespérément accrochée à un moyen plus sûr de gagner ou tout du moins, au moyen de m’empêcher de gagner. »

« Mais… »

« Oui, mon expression calme et sereine t’a surement laissé croire que je comptais gagner seulement en utilisant la feuille. »

« Même ça… c’était un mensonge !? »

« Tu as tout compris, dans le fond c’est le but du jeu… Bien sûr, choisir réellement ‘feuille’ me menait à une défaite. Les gens ne cherchent pas à être honnêtes, pas plus qu’ils veulent que tu saches ce qu’ils pensent, non ? »


Il avait tout deviné… ou plutôt, tout était sous son emprise.

« Guuu… »

Stéphanie se mordit les lèvres de dépit et laissa son corps s’effondrer doucement sur le sol.

(… J’étais si prévisible ? Si naïve ?)

… Tout cela, pour atteindre cette situation.

La raison pour laquelle elle avait perdue pendant la journée… Cette partie elle-même était un indice.



Cependant, Sora continua :

« Donc oui, la victoire était déjà décidée dès le début de la partie, je n’ai pas choisi ce jeu pour rien tu sais ? »

« Oui… je vois. Tout ce que tu voulais c’était cette égalité, je le savais ! Pourtant… pourtant… Enfin bref, au sujet du logement… »

Stéphanie commençait à discuter du marché soutenu par les Dix Commandements mais…

« À ce sujet, tu te trompes également. »

« … Ah ? »

« Essaye de te souvenir avec attention d’accord ? Comment je l’ai annoncé ? »

« Mhh… si je ne me trompe pas, bien que le début est un peu flou, c’est quelque chose comme… J’aimerais faire un simple vœu assez trivial. Nous avons sous la main assez d’argent pour rester quelques jours. Mais je vais être direct, après quatre jours exactement, nous n’aurons plus de nourriture ni même d’endroit où loger. Avec un peu de recul, on se rend compte que ce que l’on va vivre après ça est imprévisible et assez inquiétant, donc… »

« Stop ! Parfait ! Ici… il y a un problème ici non ? Quand… ai-je spécifié le contenu de mon ‘vœu trivial’ ? »

« … Quoi !? »

Stéphanie se leva rapidement et protesta.

« Mais, tu as dit toi-même que tout ce dont vous avez besoin est un logement et de quoi manger ! »

Sora afficha une expression contrariée :

« Tu as décidé de ton propre gré le contenu de mon vœu, et moi… je n’ai encore rien affirmé. »

Stéphanie vit défiler la scène sous ses yeux, lentement apportant la réponse.

Sora… Cet homme… il avait uniquement fait…

Un sourire.

La raison pour son plaidoyer était d’obtenir bien plus, un vœu totalement libre et garantit par les Commandements…

« Non ! C’est… »

« Il semblerait que tu aies enfin compris ! Donc passons sans plus attendre à mon vœu trivial ! »


Frappant ses doigts sur le bord du lit pour imiter le son d’un tambour avant une annonce, Sora afficha un grand sourire :

« Tombe amoureuse de moi ! »



Partie 9


… Un long silence régnait enfin.

La personne qui le brisa, celle qui habituellement était toujours silencieuse, fut Shiro qui regardait innocemment la scène depuis le lit.

«  … Erm, Nii ? »

«  Hé hé hé, que se passe-t-il chère petite sœur ? Mon plan était-il si parfait qu’il t’a rendue muette ? »


Bien qu’il ne puisse pas comprendre les pensées de sa petite sœur, Sora était ravi de son ordre indiscutable.

【6】 "Par les Commandements", le pari sera inconditionnellement accepté par chaque partie.

On devait aussi considérer l’impact de la 9ème loi… Grâce au pouvoir de ce Dieu, absolument rien ne pouvait arrêter cet ordre.

Et par conséquent, cela inclut bien sûr la volonté et les décisions des individus !

Mais…

« … C’est… que… que fais-tu… ? »

Face à Shiro qui semblait totalement déboussolée, Sora fit une expression qui montrait qu’il ne comprenait pas le problème.

« Oh, c’est surprenant que tu ne comprennes pas, chère petite sœur. N’existe-t-il pas une expression disant « l’amour rend aveugle » ? Comme c’est un accord avec les Commandements, alors elle devra bien sûr se dédier entièrement à ma personne, vois-tu ? Logement, argent, et même du talent pourrait être trouvé… n’est-ce pas faire d’une pierre trois coups ? »

Sora déclara cela nonchalamment, se demandant pourquoi elle ne comprenait pas, bien qu’elle soit si intelligente.


Shiro murmura doucement :

«  … « Soit mienne »… est censé être la solution… »

« … Nn ? »

« … Avec ça… Tout… est sous ton contrôle. »

« … Eh, attends… ehhhhhh ? »

Sora resta confus pendant un instant. Rapidement il commença à réfléchir à toute vitesse.

En suivant l’ordre proposé par sa sœur, celui « Soit mienne »…

Tout ce qui appartiendrait à la personne qui deviendrait sienne finirait par lui appartenir à lui aussi…

« Ah, eh ? Cette façon… ne devrait-elle pas être bien plus favorable… huh ? »

(Pourquoi donc je n’ai pas pensé ainsi…?)


Il n’aurait pas dû dire ces mots.

Toutes les décisions avaient été prises uniquement par lui depuis le début. Il déclarait avoir l’expérience et les capacités pour faire le meilleur choix, alors pourquoi… ?

« … Nii… Tes désirs... ont pris le dessus ? »

« … Ahhhhh ! »

Shiro… le fixa froidement du regard avec des yeux à moitiés fermés, et non pas parce qu’elle était ensommeillée.

« AHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH ! »

Sora cria plus fort que son état ne lui permettait et se prit la tête dans les mains.

« J’ai, j’ai vraiment… changé ainsi !? Est-ce à cause du fait que… si je rate cette chance, je ne connaitrais jamais l’amour !? Le sens d’infériorité superficiel procuré par l’absence d’un être aimé a obscurci mon jugement à la dernière minute !?
NON !! Non, non, non, c’est… totalement… impossible, comment aurais-je pu faire une faute aussi stupide… ? »


Impossible.

Ou plutôt : Impossible ?

Pour que l’une des ailes de 『  』 fasse une telle erreur… Sora était bouleversé.


Comme si elle était profondément désolée par quelque chose, Shiro continua avec une voix blanche et pleine de reproches :

« … Nii… Tu as pourtant dit que tu… n’avais pas besoin d’une petite-amie… tant que Shiro était là… Que j’étais suffisante… »

« Mes paroles avaient dépassé mes pensées !! Raahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh ! Je suis tellement désolé, ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhh ! »


Pendant que sa petite sœur boudait sur le lit, Sora se mit à genoux devant elle tel un fidèle d’une quelconque religion devant une idole et la supplia pour obtenir son pardon :

« Après… après tout, il y a des choses qu’ils me sont interdits de faire !!
Penses à ton âge ! Tu ne les vois pas ? Moi ! Moi, je vois déjà les policiers accourirent à la porte de la maison !
Penses à mon âge ! Il y a des désirs naturels que je ne peux pas oublier ! »

Sora avait commencé son plaidoyer avec vigueur, énumérant une variété d’excuses tandis que Shiro le transperçait d’un regard froid.


De plus :

« … »

Après avoir reçu un tel ordre, Stéphanie s’était mise à l’écart et tenait sa tête baissée tout en tremblant.

Oui. Comme Sora l’avait imaginé, il n’y avait aucun moyen de refuser les Commandements. Ces derniers étant les lois immémoriales de ce monde. Mais… Ses joues étaient en feu et le rythme rapide des battements de son cœur ne pouvait être apaisé.
À cause du simple fait que Sora avait choisi, de son plein gré, de l’ignorer pour parler à sa petite sœur, Stéphanie s'inquiétait.

… Même si c’était les lois de ce monde.

Non !

À cause de cet homme.

À cause de cette personne.

… Elle se sentait… jalouse !

« RHAAAA !! Comment voulez-vous que j’accepte ça !? »

«  Oula… Elle m'a fait peur ! »


Avec la force provenant de sa rage, Stéphanie se débâtie enfin et laissa exploser sa colère.

Pour montrer sa résistance envers ses sentiments, ses sentiments qui n’étaient pas les siens, elle jeta un regard à Sora… mais...

« ... Wh, Whooaaa ! »

Quand leurs yeux se rencontrèrent, son rythme cardiaque s’envola et son visage vira au rouge.

Essayant de ralentir les battements de son cœur, Stéphanie tourna la tête, pour regarder dans une autre direction, et cria :

« Qu, que, quel… quel genre de « Vœu trivial » c’est censé être ! Tu… Tu oses jouer avec le cœur d’une jeune fille !? »


Bien qu’elle venait de se lever avec agressivité, elle manquait légèrement d’impact.

« Ah, ça… Eh bien… »

Sora se gratta la joue et détourna le regard avec un air embarrassé sur le visage.

Il avait originellement voulu un réel développement, ou plutôt une amélioration de leur situation actuelle mais à cause de sa grande erreur, certains objectifs précis n’avaient pas été atteints et Sora ne pouvait s’empêcher d’être inquiet. De plus, de nouvelles questions surgissaient.

« À propos de ça, Shiro ? Que fait-on ? »

« … Je … ne sais pas… »

« Argh… »


Perdre la face et pourtant rechercher l’aide de sa petite sœur… pour finir par être froidement rejeté.

« Quelle douleur… *tousse* ! »

Voilà. Sora, qui avait enfin fait sa décision, toussa.

Simple, rapide : L’erreur n’avait jamais eu lieu.


Il ne put s’empêcher d’afficher un sourire sur son visage, se sentant enfin en paix avec lui-même.

« La définition de trivial dépend de la personne. Tu ne voulais qu’une simple bouchée du dessert mais cette bouchée était en fait le gâteau entier [8]… »

Probablement de retour à son état normal, Sora avait annoncé ces mots avec aisance.

« Mais… c’est… c’est une [fraude] ! »

Stéphanie, qui n’acceptait pas cette interprétation, protesta avec véhémence.


--- Cependant, à chaque fois que la voix de Sora atteignait ses oreilles, elle ne pouvait s’empêcher d’être embarrassée.

Bien qu’elle espérait vraiment qu’il puisse fermer la bouche et se taire, le problème était plus pernicieux. Au fond d’elle-même, elle savait qu’elle voulait sincèrement écouter sa voix.

Prétendant [une demande d’explication] comme excuse, elle céda à cette tentation et, réprimant ses sentiments qui lui serraient le cœur, effectua sa requête.


Avec absolument aucune idée de comment réagir face aux sentiments qui emprisonnaient le cœur de Stéphanie (ni même aucune raison), Sora (dix-huit ans, vierge) se calma progressivement.

Et, comme s'il soulignait une erreur enfantine, il annonça à Stéphanie :

«  Ouaip, juste là. Tu as bien porté attention au contenu et aux règles du jeu, cependant tu as ignoré les prémisses [9]de ce dernier, aux choix décidés plus tôt. Cela ne va pas, il faut être sûr de la nature de pourquoi on s’affronte et ce que l’on peut perdre. »


--- Après tout, le but de ce jeu était d’atteindre une égalité.

C’est ce que Stéphanie pensait jusqu’à maintenant.

Mais ce n’était pas assez, il y avait toujours des pièces du puzzle qui manquaient.

Un détail particulier…

Qu’il atteigne une victoire ou une égalité --- Les risques de Stéphanie étaient les même.

C’était le véritable but de ce jeu…. Ce qui veut dire….

« Toi, toi… [Escroc] !! »

Oui, la si fameuse [Fraude].


La raison qui avait poussée Stéphanie à crier était compréhensible… cependant...

« Oih Oih[10], ne dis pas ça de cette façon… De toute façon, il est clair que c’est de la faute à la personne qui laisse passer la tricherie, non ? »

« C’est… ce sont les paroles d’un véritable escroc ! »


Faisant face à Stéphanie dont les protestations ne finissaient pas, le bruit incessant poussa Shiro à parler :

« … Issus des [Dix Commandements]… Trois… En jeu… chaque partie doit faire une mise qu’il juge de même valeur. »

En voyant que Shiro était finalement de retour, Sora continua avec entrain :

« Oui ! Le point central est d’être de même valeur. Après cela, règle quatre : Tant que cela n'entre pas en conflit avec le Commandement 3, n'importe quels mises et contenus de jeu sont valides… ce qui veut dire ? »

Effectuant avec ses mains une courte chorégraphie[11], Shiro répondit :

« … La vie… et les droits des êtres Humains… peuvent-être pariés… »


Sora afficha un grand sourire et marqua une pause :

« Oui exactement ♪ ! Ce qui veut dire… que quand les enjeux ont été décidés, la partie avait commencé. »

Cependant Shiro enchaîna :

« … Mais… Il n’était pas nécessaire… de parier des sentiments. »

« Attends ! Ce n’est pas ce que tu penses ! C’était simplement pour confirmer si la volonté et la résistance pouvait être dominé par… »

« … Nii. »

« Désolé… »

Il semblait que l’effet ‘traiter l’erreur comme si elle n’avait jamais eu lieu’ ne marchait pas sur cette petite sœur.

«  Mais, mais … ! Utiliser ce genre de fraude … ! »

À cause de cette dernière, son premier amour était forcé d’être…

Stéphanie, qui luttait contre les larmes, voulait lever de cruelles accusations.

Mais…

« … Commandement numéro six… "Le pari sera inconditionnellement accepté…" »

La jeune fille de onze ans, dont les yeux étaient remplis de compassion et de sérénité, apporta le dernier coup.

« … Une fille… oubliant facilement le poids et le prix des enjeux… succombant aux provocations… Tout ça… c’est toi. »

- Oui, les Dix Commandements devaient être obéis.

【5】 Le partie défié a le droit de décider du contenu du jeu.


Stéphanie avait le droit de refuser le jeu, et aussi le droit de changer le contenu du pari.

La personne qui avait refusé ces droits, offert docilement un contenu au pari et accepté le jeu… n’était autre que…

« … Guuuu… »

Stéphanie elle-même.


Peut-être n’avait-elle plus rien à dire. Stéphanie s’affaissa lentement sur le sol.

En effet, les Commandements mis en place… étaient en train d’influencer Stéphanie.

Ces commandements étaient légitimement reconnus par ce monde, un monde qui n’est au final qu’un gigantesque terrain de jeu.

Peu importe ce que Stéphanie pouvait dire, elle avait déjà perdu et le pari avait déjà éét choisi.

« Donc, je suppose que tu l’as accepté, Stéphanie ? »

« … Guuu… Toi… ! »

‘Ordure !’ C’était le mot qu’elle aurait voulu rajouté.

… Pourtant ses sentiments ne la laissèrent pas faire ainsi.


Mais cela ne s’arrêtait pas là… Un sentiment doux et terriblement insidieux se fraya un passage jusqu’à son cœur simplement quand il l’appela par son nom…

« Guuuuu… Pourquoi ! Arrgghhhhhhhhhh ! »

Rongé par un feu qui ne pouvait être libéré [12], Stéphanie se mit à genoux et commença à utiliser sa tête pour cogner répétitivement le sol.

« Oula… Dis, tu… tu es sûr que ça va ? »

« Est-ce que j’ai l’air d’aller bien ?! »

Essayant d’ignorer la douleur provenant de son front qui enflait légèrement, Stéphanie jeta un regard noir à Sora, ce qui le fit reculer.

Cependant…


« Non, non pas du tout. M-Mais j’ai bien gagné notre pari, donc… je peux faire une demande ? »

Une demande…

Oui… Après tout, le but de Sora n’était pas de la pousser à l’aimer, mais bien d’utiliser cette affection pour atteindre un autre objectif.

Stéphanie se souvenait des paroles qu’il avait utilisées… que l’amour portait au dévouement.


Une seconde… Attends un peu Stéphanie.

La demande de Sora était de ‘Tomber amoureuse’.

Mais pas de ‘suivre ses ordres’, n’est-ce pas ?

En d’autres termes, Stéphanie n’avait aucune obligation d’accepter ses requêtes.


« Eh bien… Hé hé hé , il semblerait que tu ais fait une erreur… »

En partant de cette situation… tout était extrêmement simple.

Peu importe la demande mise en avant, il suffisait de répondre (NON !) et tout serait réglé.

Problème résolu ♪♪ !


« OK. Tout d’abord, ‘Stéphanie’ était trop long à dire, peux-tu me laisser simplifier cela en Steph à la place ? »

« Hmmmm ? Ah, d’accord, pas de problème du tout ! ♪ … Ahhh ! »

… Gagnant un nouveau surnom, [Steph] sourit et hocha la tête.

Le choix, certes rationnel et logique, de [Tout rejeter] disparut en deux simples secondes.

La jeune fille touchée par la joie d’une une nouvelle romance ne pouvait en aucun cas ne pas rougir quand son être cher prononçait doucement un surnom, son surnom ~

« Nuu… noo, nom… un nom [13], il n’y a absolument aucun… besoin d’être inquiète… par le fait… de me donner un surnom… ! Les noms ne comptent pas ! Non, pas du tout ! Mais après ça, je ne vais accepter aucune autre requête ! »

Mais Steph qui pensait s’être convaincue ne réussi pas à lui dire non.

Si elle pouvait s’échapper rapidement de cette pièce, plus rien ne pourrait lui arriver.

Pourtant elle était toujours là… elle désirait inconsciemment rester auprès de Sora…

« Humm, eh bien… Ce serait génial si tu pouvais quand même m’appeler Sora mais bon c’est un détail. Steph, tu es de lignée royale n’est-ce pas ? »


… La question fatidique arrivait enfin.

Il était évident que si son objectif était de se fournir un support, alors il rechercherait de l’argent, des bâtiments et de la nourriture.

Il prononcerait ses demandes pour atteindre ces derniers.

Cependant, ces requêtes, elles resteraient différentes d’ordres directs et Steph n’avait nul besoin d’y obéir.

Hé hé, Steph souria au plus profond de son cœur.

Si Sora demandait quelque chose, elle répondrait « Je refuse ! ».


Laissant cet escroc abattu et vaincu, s’effondrant lourdement sur le sol alors que ses plans se briseraient sous ses yeux… Son expression serait alors simplement impayable.

Elle venait de mettre la main sur un script dont les lignes étaient prêtes à le vaincre.

Il ne restait plus qu’à attendre patiemment le début de son rôle.

« Dans ce cas, ta maison doit être très spacieuse. Pouvons-nous rester avec toi pour un moment ? »

« … Ah, okay, pas de problème ! ❤ »



Eh ?

« Eh, ehhhhhhhhhh ? Pourquoi !? »

Steph tomba dans une torpeur car elle ne comprenait pas ce qu’elle venait de dire.

Cependant, elle brulait d’un sentiment si fort, si ardent, qu’elle s’approchait du saignement de nez [14].

Alors que le temps s’arretait autour d’elle, des mots résonnaient lentement dans son esprit…

« Pouvons-nous rester avec toi ? »

Ce qui voulait dire, rester ensemble.

Une cohabitation… Ce qui voulait dire… Un homme et une femme… vivant ensemble.

Être capable de rester ensemble.

Ce qui veut dire, partager… partager un lit, une salle de bain et une vie


« Ah, ah ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh, pas bon ! Ce n’est pas juste ! Pas de cette façon ! »

Regardant Steph qui continuait de marteler sa tête sur le mur en bois, qui répondait douloureusement un « Dong Dong Dong » plaintif, Sora, qui était livide, demanda :

« Uh… Ummmm… Comment dire… Même si la situation est devenue très étrange et particulière…… Est-ce que c’est possible ? »

« Comment tout cela pourrait être bon ?!! … Ahh… Tout est déjà inutile maintenant… »

Steph fixa le plafond et laissa s’échapper un rire creux.


… Yup, Sora avait fait une grande erreur.

Faire une telle demande sans comprendre son impact.

Mais l’âge de Sora était égal au temps qu’il avait passé sans petite-amie.

Il ne pouvait pas comprendre Steph…

Et au final, elle-même a du mal à se comprendre…

Après tout, elle venait de découvrir son premier amour.

D’ailleurs, historiquement, l’amour fut l’une des raisons qui avait menée de nombreux pays à leur ruine.

On dit souvent que les erreurs du passé se répètent sans cesse.


-Ahah, c’est tellement méprisant…[15]

Partie 10

Partie 11

Références

  1. Non pas d'erreurs, le royaume est juste très petit.
  2. Les noms Anglais seront choisis pour les "mains" (ou le jeu dont ils disposent)
  3. Plus simplement, il répond :『  』
  4. "Démon du Sommeil" dans le texte original, j'ai pensé que Morphée était un équivalent assez proche.
  5. La blancheur de la peau est synonyme de pureté et un trait de beauté recherché (Au Japon).
  6. La traduction anglaise me laisse perplexe ici, il n'est pas précisé "quel" monde mais je pense que la "mort" est ce qui est référencé.
  7. Cf "Boilin Point" la température d'ébullition pour parler de son tempérament explosif.
  8. Expression Japonaise, je la laisse telle quelle, je ne vois pas franchement d'équivalent en Français.
  9. Racine éthologique du mot utilisé dans la traduction, mais le mot [Contexte] serait peut-etre mieux à cet endroit ou (aux choix décidés avant, que j'ai rajouté à la traduction)
  10. Oui, SFX officiel, OihOih
  11. Actuellement, "jouant avec ses doigts"
  12. Précision : ‘Les feux de l’amour’ (être sur que vous vous rappelez de la série TV).
  13. Je ne peux pas m’empecher de penser au même « nomnomnomnom » désolé mais c’est la traduction lettre pour lettre et je ne vois pas comment reformuler !
  14. Symbole probant de l’attirance, sûrement plus charnelle qu’autre chose, selon les japonnais…
  15. C'est le mépris sous forme de reproche, la condamnation morale de sa conduite et celle de ceux qui ont causé la chute de pays à cause de l'amour.


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