Difference between revisions of "Suzumiya Haruhi (fr) : Tome 1 - chapitre 1"

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« Qu'est ce que tu veux dire? »<br />
 
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« Les cours ne sont pas encore finis. »<br />
 
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Haruhi lâcha mon col. Je me massais la nuque et me retournais doucement. La classe semblait complètement abasourdie. La prof d'anglais, une jeune diplômée, sa craie restée en main, me fixais et semblait prête à éclater en sanglots.<br />
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Haruhi lâcha mon col. Je me massais la nuque et me retournais doucement. La classe semblait complètement abasourdie. La prof d'anglais, une jeune diplômée, sa craie restée en main, me fixait et semblait prête à éclater en sanglots.<br />
 
J'ai demandé à Haruhi de se rasseoir rapidement et haussé les épaules en regardant la pauvre professeur.<br />
 
J'ai demandé à Haruhi de se rasseoir rapidement et haussé les épaules en regardant la pauvre professeur.<br />
 
Allez-y mademoiselle, continuez la leçon.<br />
 
Allez-y mademoiselle, continuez la leçon.<br />

Revision as of 00:13, 2 September 2008

Chapitre 1



Finalement, je suis entré au lycée de mon quartier. Au début, j'ai regretté cette décision car ma nouvelle école se situait au sommet d'une très haute colline. Même au printemps, le simple fait de gravir la route abrupte trempait les étudiants de sueur – clairement, mon intention de « faire le chemin de l'école nonchalamment » serait un échec. Chaque fois que cette pensée me traversait l'esprit, accompagnée de l'idée que j'aurais à recommencer le même manège chaque jour des trois prochaines années, la déprime et la flemme m'envahissaient. Je m'étais levé à la bourre ce matin. C'était sans doute pour cela que je marchais d'un bon pas, et c'était sans doute la raison pour laquelle j'étais tellement crevé. J'aurais pu me lever 10 minutes plus tôt mais, comme chacun le sait, le meilleur moment du sommeil c'est juste avant d'avoir à se lever. Je n'avais pas envie de gâcher ces 10 précieuses minutes, alors j'ai décidé de céder à l'envie, ce qui signifie que j'aurai sans doute à répéter cette marche forcée matinale durant les trois ans à venir. C'était trop déprimant.

C'était la raison de mon air sinistre durant l'interminable cérémonie d'accueil. Tous les autres avaient ce regard du genre “début d'une nouvelle aventure”; vous savez, ce regard unique, “plein d'espoir, et à la fois plein d'incertitude” qu'ont les nouveaux étudiants en arrivant dans une nouvelle école. Ce n'était pas mon cas car un grand nombre de mes camarades de classe du collège avaient aussi choisi ce lycée. En fait, certains de mes amis étaient ici aussi. Du coup, je n'avais pas l'air inquiet, ni excité, comme l'étaient les autres élèves.

Les garçons portaient des vestes de sport et les fille des marinières. Waouw, un mélange plutôt bizarre. Peut-être que le principal au ton soporifique qui faisait un discours sur la scène donnait dans le fétichisme de la marinière. Alors que j'étais perdu dans ces pensées futiles, cette cérémonie absurde prit fin. J'entrai donc, accompagné de mes nouveaux camarades un peu réticents, dans la salle de classe 1-5.

Notre directeur de classe, Okabe-sensei, s'est avancé devant la classe et s'est présenté en affichant son sourire « je-m'y-suis-entrainé-durant-une-heure-devant-mon-miroir ». Il a commencé par dire qu'il était prof d'éducation physique, et le coach de l'équipe de handball. Puis il est parti sur des sujets genre « quand il était à l'université, il jouait dans l'équipe de handball, qu'ils avaient même gagné le championnat », que cette école manquait cruellement de joueurs de handball, et que quiconque se joindrait à l'équipe serait instantanément qualifié. Ensuite il a divagué sur pourquoi le handball était le sport le plus intéressant du monde et je ne sais quoi. Au moment où je me disais qu'il n'en finirait jamais, il a soudain laissé échapper un tonitruant :

« Maintenant, à votre tour de vous présenter ! »

Ce genre de chose est plutôt commune, ça ne m'a donc pas vraiment surpris.

Un par un, les élèves de la rangée gauche de la classe ont commencé à se présenter. Ils levaient la main, déclamaient leur nom, le nom de leur collège, et autres futilités du genre hobby et plat préféré. Certains marmonnaient, quelques-uns firent une introduction intéressante, et d'autres ont tenté de pathétiques traits d'humour qui eurent pour seul effet de jeter un froid dans la classe. Au fur et à mesure que les présentations avançaient, mon tour approchait. Je commençais à me sentir nerveux. Vous comprenez bien pourquoi, non?

Un fois ma présentation, savamment pensée et minimale, finie et ce sans avoir trop bafouillé, je me suis rassis, en ressentant le soulagement consécutif à la fin d'une tâche déplaisante mais nécessaire. La personne derrière moi s'est levée à son tour et – ah, je me souviendrai sûrement de ce moment le restant de mes jours – a dit ces mots, qui allaient devenir un sujet de conversation pour un bon bout de temps.

« Mon nom est Haruhi Suzumiya. Je viens du collège est »

Jusque là sa présentation était encore normale, je ne me suis donc même pas donné la peine de me retourner pour la regarder. Je fixais le devant de la classe et écoutais sa voix claire.

« Les humains ordinaires ne m'intéressent pas. Si quelqu'un parmi vous est un extraterrestre, un voyageur temporel, vient d'une autre dimension ou est un psionique, alors venez me trouver ! C'est tout. »

Quand j'ai entendu cela, je n'ai pas pu m'empêcher de me retourner.
Elle avait de longs et fins cheveux noirs. Son visage, plutôt mignon, respirait l'audace et le défi alors que le reste de la classe la fixait. Le sérieux et la détermination perçaient par ses yeux brillants et ses longs sourcils. Ses lèvres étaient petites et pincées. Voilà quelles ont été mes premières impressions sur cette fille.
Je me rappelle encore comme son cou était blanc. Devant moi se tenait un véritable canon.

Haruhi, avec un regard provocateur, parcourut la classe lentement, s'arrêta pour me dévisager (j'avais la bouche grande ouverte), et s'assit sans esquisser le moindre sourire.

C'était une blague?

Je pense qu'à ce moment là l'esprit de tout le monde était rempli de points d'interrogation, et qu'on était tellement sonné qu'on ne savait pas comment réagir. « Est-ce que je dois rire ? », personne n'aurait pu répondre.
Enfin, maintenant que je connais le fin mot de l'histoire, ce n'était ni un gag ni même une plaisanterie, car Haruhi ne racontait jamais de blagues.
Elle est toujours sérieuse.
Je vous raconte tout ça rétrospectivement, c'est donc forcément vrai.

Un ange est passé en classe durant trente et quelques secondes, le directeur de classe a demandé à la personne suivante d'enchaîner, en hésitant un peu, et l'atmosphère tendue s'est dissipée.


C'est comme ça que nous nous sommes rencontrés.
Ça a été inoubliable. J'aimerais vraiment croire que ce n'était qu'une coïncidence.


Après avoir capté l'attention de tout le monde au premier jour, Haruhi est redevenue une innocente lycéenne.
Aujourd'hui je le sais , c'était le calme avant la tempête.

Ceci étant dit, tous les élèves de cette école venaient d'un des quatre collèges de la ville, des diplômés classiques. Ce qui, bien entendu, incluait le collège de l'est; donc, il devait y avoir dans la classe des gens qui avaient étudié avec Haruhi, qui savaient ce que signifiait son silence. Malheureusement je ne connaissais pas d'anciens du collège est, et donc personne ne pouvait me dire à quel point la situation était grave. Du coup, quelques jours après cette présentation explosive, j'ai fait quelque chose que je n'oublierai jamais : j'ai essayé d'engager la conversation avant le début des cours.
La cascade des dominos de mon infortune avait commencée, et c'était moi qui avait renversé le premier bloc !

Vous voyez, lorsque Haruhi est calmement assise sur sa chaise, elle a l'air d'une jeune fille normale, plutôt mignonne, j'avais prévu de m'asseoir face à elle pour m'en rapprocher. J'ai vraiment pensé que ça pouvait marcher. Quelle naïveté. Il faudrait franchement que quelqu'un me mette un peu de plomb dans la cervelle.
J'ai bien entendu tenté de démarrer la conversation sur « l'incident ».

«Hé! »
J'ai innocemment tourné ma tête, avec un sourire engageant sur le visage.
« Les trucs que tu as dit dans ta présentation, c'était vraiment sérieux ? »
Les bras croisés sur le torse, les lèvres scellées, Haruhi Suzumiya gardait la pose, et me fixa droit dans les yeux.
« Quels trucs dans ma présentation ? »
« Les trucs sur les extraterrestres et tout ça. »
« Tu es un extraterrestre ? »
Elle n'avait pas l'air de plaisanter.
« ... Heu, non, mais... »
« Bon, si tu n'en es pas un, alors qu'est-ce que tu me veux? »
« ... Non, rien. »
« Alors évite de me parler ! tu me fais perdre mon temps ! »
Son regard était tellement glacial que je me retrouvais à bafouiller un « excuse-moi » avant de m'en rendre compte. Elle a alors déporté son regard avec dédain et s'est mise à fixer le tableau en fronçant les sourcils.
J'aurais bien tenté de placer une réplique ou deux, mais rien de satisfaisant ne me vint à l'esprit. Par chance, le directeur de classe entra à ce moment et me sauva la mise.
J'ai nonchalamment tourné la tête vers mon bureau, et remarqué que quelques élèves me regardaient attentivement. Ce qui, bien entendu, ne fit qu'ajouter à ma gêne. Mais après leur avoir renvoyé leurs regards, j'ai remarqué qu'ils avaient plutôt l'air désolé. Certains ont même acquiescé avec sympathie.
Comme je l'ai dit, j'ai d'abord été très contrarié par leur réaction, mais j'ai appris plus tard qu'il s'agissait en fait des élèves diplômés du collège est.

Compte tenu de la fin désastreuse de ce premier contact avec Haruhi, j'en ai conclu que je ferais mieux de garder mes distances pour le moment, pour ma propre sécurité. Ainsi, une semaine s'écoula.
Mais, aussi vrai que j'étais un élève de cette classe, il y avait toujours quelqu'un pour tenter d'approcher Haruhi, la renfrognée au regard noir.
La plupart étaient ces filles un peu mêle-tout qui, à la seconde où elles ont repéré une collègue féminine qui s'isole, essayent de la réconforter. C'est pas forcément une mauvaise chose, elles devraient seulement faire attention à qui est leur cible au préalable.

« Et, salut ! Tu as vu cette série à la télé hier soir? Celle qui passe à 21 heures ? »
« Non. »
« Ha ! Heu... Pourquoi? »
« J'en sais rien. »
« Tu devrais y jeter un coup d'œil. Même si tu la prends au milieu tu ne devrais pas trop être perdue. Tu veux que je te résume les épisodes précédents? »
« Tu me gonfles... »

Ça se passait généralement comme ça.
Encore, ça n'aurait été rien si elle avait simplement répondu « non » d'un air neutre. Mais au contraire, elle se devait d'ajouter son air et son ton impatient. Ce qui avait tendance à faire croire à sa victime qu'elle était fautive. A la fin, il ou elle arrivait juste à bredouiller un « Je vois... Bon, ben... », se demander « mais qu'est-ce que j'ai dit? » et à battre en retraite.
N'ayez pas l'air tellement désolé ; vous n'avez rien dit de mal. Le problème c'est le cerveau de Haruhi Suzumiya, pas le vôtre.


Si manger seul ne m'a jamais dérangé, je ne voulais pas que les autres me prennent pour un asocial alors que tout le monde déjeunait gaiement avec ses amis. C'est pourquoi, même si en réalité je me fichais que les autres ne me comprennent pas, je déjeunais avec Kunikida, un camarade de classe du collège, et Taniguchi, un ancien élève du collège est qui était assis près de moi.
La conversation s'est portée sur Haruhi.

« Tu as essayé de parler à Suzumiya? » me demanda innocemment Taniguchi.
J'acquiesçais.
« Elle t'a balancé des trucs bizarres et tu n'as pas su quoi répondre? »
« Exactement! »
Taniguchi prit un morceau de son œuf dur en bouche, le mastiqua et dit :
« Si tu t'intéresses à elle, je ne vais pas mâcher mes mots. Tu devrais laisser tomber ! Tu dois déjà t'être rendu compte qu'elle n'est pas normale. »
« J'ai été dans sa classe trois ans de suite, je sais comment elle est. »
C'est comme ça qu'il a commencé son speech.
« Elle fait toujours des trucs complètement débiles. Je pensais qu'elle essayerait de se calmer en arrivant au lycée, mais apparemment non. Tu as entendu sa présentation, hein? »
« Quoi? Le truc sur les extraterrestres? »
Kunikida, qui était occupé à retirer les arêtes de son poisson frit, s'immisça dans la conversation.
« Ouais, exactement. Déjà au collège elle disait et faisait toujours des trucs bizarres. Tiens par exemple, cette histoire de vandalisme dans l'école. »
« Il s'est passé quoi? »
« Tu vois le chariot qu'on utilise pour tracer des lignes avec du plâtre sur le terrain de sport? Ça s'appelle comment déjà... De toute façons on s'en fout, elle s'est introduite dans l'école la nuit et avec ce truc, elle a dessiné un énorme symbole au milieu du terrain. »
Taniguchi arborait un sourire malicieux, il se remémorait sans doute l'incident.
« C'était complètement fou. J'étais arrivé à l'école tôt ce matin-là, et tout ce que j'ai vu c'était des grands cercles et des triangles. Je captais pas ce que c'était sensé être, alors je suis monté au quatrième pour avoir une vue d'ensemble. Ça a pas aidé, je comprenais toujours pas ce que ce symbole représentait . »
« Ouais, je pense que j'en ai entendu parler. Y'a pas eu un article dans le journal? Y'avait même une photo prise d'un hélicoptère ! On aurait dit un symbole Nazca tout tordu. » dit Kunikida.
Je ne me souvenais pas en avoir entendu parler.
« Ouais, j'ai vu l'article. Le titre c'était un truc du genre « Un mystérieux vandale frappe un collège en pleine nuit », non? Et bien, essaye de deviner qui était à l'origine de ce coup là ? »
« Me dis pas que c' était elle. »
« Elle a avoué, y'a pas d'erreur possible. Bien entendu elle a été convoquée dans le bureau du proviseur. Tous les profs étaient là, ils l'interrogeaient sur ses motivations. »
« Et alors, pourquoi elle l'a fait ? »
« Aucune idée, » répondit Taniguchi en essayant d'avaler une grosse bouchée de riz.
« J'ai entendu dire qu'elle avait refusé de parler. Et puis, quand elle vous regarde fixement dans les yeux, on a plutôt tendance à laisser tomber. Certains disent qu'elle a dessiné ce symbole pour appeler des soucoupes volantes, d'autres que c'était un symbole magique destiné à invoquer des monstres, ou encore qu'elle essayait d'ouvrir un portail vers une autre dimension, etc... Y'a eu plusieurs théories, mais tant que l'auteur des faits refuse de parler, impossible de savoir si ce ne sont que des rumeurs. C'est toujours un mystère aujourd'hui. »
Pour une raison que j'ignore, j'eus soudain à l'esprit l'image de Haruhi, avec son regard sûr d'elle, en train de tracer ces lignes au milieu du terrain de l'école en pleine nuit. Elle avait sûrement préparé le chariot et la craie à l'avance dans l'entrepôt, elle avait peut-être même emporté une lampe de poche ! Sous sa faible lumière jaunâtre, Haruhi avait l'air grave et tragique à la fois... Ok, là c'était juste mon imagination.
Mais à dire vrai, elle avait sans doutes réellement fait ça pour appeler des soucoupes volantes, des monstres, voir même pour ouvrir un portail dimensionnel. Elle a probablement passé la nuit sur le terrain, mais rien n'est apparu, et tout ce qui lui est resté c'est un vilain coup de blues, me suis-je dis.
« Elle en a fait d'autres! »
Taniguchi finissait son déjeuner.
« Un jour, je suis arrivé en classe le matin et j'ai découvert que tous les bureaux avaient été déplacés dans le couloir, ou alors que des étoiles avaient été peintes sur le toit de l'école. Une autre fois, elle a fait le tour de l'école en collant des charmes partout... Tu vois, les trucs chinois là, le talisman en papier que tu dois mettre sur le front d'un vampire. Je pige pas ce qu'elle cherche. »
En fait, elle n'était pas en classe à ce moment précis, sinon nous n'aurions jamais eu cette conversation. Mais même si elle nous avait entendu, elle s'en ficherait probablement. D'habitude, elle quittait la classe dés la fin de la quatrième heure de cours, et revenait juste avant le début de la cinquième heure. Elle n'avait pas de déjeuner avec elle, j'ai donc supposé qu'elle allait manger à la cafétéria, mais ça ne prend pas toute une heure pour déjeuner, si? En plus, elle avait tendance à disparaître durant la pause entre chaque heure de cours. Où pouvait-elle bien aller ?
« Mais elle a beaucoup de succès auprès des mecs ! »
Taniguchi siffla :
« Elle est mignonne, sportive, intelligente. Même si elle est carrément à l'ouest, tant qu'elle la ferme, elle est plutôt pas mal. »
« Où t'as entendu tous ces ragots? » demanda Kunikida, qui n'était qu'à la moitié de son déjeuner.
« Pendant un moment, elle a changé de petit copain non-stop. De ce que j'ai entendu, la plus longue relation a duré une semaine, la plus courte s'est terminée 5 minutes après que le mec lui ai fait sa déclaration. En plus, le seule raison qu'elle donnait pour les larguer était « j'ai pas le temps de sympathiser avec des humains ordinaires. »
Taniguchi semblait parler d'expérience. Quand il a remarqué mon regard interrogateur, il a été un peu pris de panique.
« Enfin, c'est ce que j'ai entendu dire ! Sans déc ! Pour je ne sais quelle raison, elle n'a jamais repoussé d'emblée une déclaration. Ceci dit, au bout de la troisième année tout le monde avait pigé, et plus personne n'allait lui faire de déclaration. J'ai bien l'impression que le manège va recommencer au lycée. Donc je te préviens d'avance : laisse tomber. Et c'est le conseil d'un gars qui était dans sa classe. »
Cause toujours, de toute façon elle m'intéresse pas, pas comme ça en tout cas.
Taniguchi rangea sa boite à déjeuner dans son sac et laissa échapper un ricanement menaçant.
« Si je devais en choisir une, c'est celle-là que je choisirais, Ryoko Asakura. »
Taniguchi opina en direction d'un groupe de filles quelques bancs plus loin. Au milieu du groupe en pleine conversation, un sourire éclatant au visage, se tenait Ryoko Asakura.
« De mon point de vue, elle est définitivement dans le « Top Trois des Filles les plus Canons de Première Année »
« Quoi, t'as fait le tour de toutes les filles de première célibataires? »
« Je groupe les filles par catégorie, de A à D, et tu peux me croire, je ne me fatigue à retenir le nom que de celles qui entrent dans la catégorie A. On ne vit la vie de lycéen qu'une seule fois, je compte bien que la mienne soit la plus agréable possible. »
« Et donc cette Ryoko Asakura est un A? » demanda Kunikida.
« Elle? C'est un AA+ oui! Franchement, regarde-moi ce visage, elle a l'air d'un ange. »
Même si on ignorait les commentaires de Taniguchi, Ryoko Asakura était une jolie fille d'une façon bien différente de Haruhi Suzumiya.

Primo, elle était très mignonne, et elle souriait toujours d'une façon apaisante. Secundo, sa personnalité semblait effectivement être celle que décrivait Taniguchi. Ces derniers temps, plus personne n'osait parler avec Haruhi, sauf Ryoko. Haruhi pouvait être aussi rude qu'elle voulait, Ryoko essayait toujours d'engager la conversation de temps en temps. Elle était tellement fervente qu'on aurait dit qu'elle était déléguée de classe. Tertio, à voir comme elle répondait aux questions des professeurs, on pouvait dire qu'elle était très intelligente. Elle avait toujours la bonne réponse, aux yeux des profs, elle était sûrement l'étudiante modèle. Pour couronner le tout, elle était extrêmement populaire parmi les autres filles. L'année scolaire n'avait débutée que depuis une semaine, et elle était déjà bien partie pour être le centre de toutes les filles de la classe. C'est un peu comme si elle avait été conçue avec l'idée d'attraction extrême en tête puis qu'elle était tombée du ciel.

Comparée à Haruhi, renfrognée et obsédée par la science-fiction, le choix était vite fait. Cela dit, les deux candidates étaient à des lieues de la portée de Taniguchi. Impossible qu'il sorte un jour avec l'une d'entre elles.

Nous étions toujours en avril, et en ce temps là Haruhi se comportait encore correctement. Ca avait été un mois assez tranquille pour moi. En fait, il restait encore un bon mois avant que Haruhi ne pète son câble.

Mais même à ce moment là, j'ai pu observer qu'elle était un peu excentrique.

Comment je l'ai su ?

Indice n°1 : Elle changeait de coiffure tous les jours. Qui plus est, il y avait comme un genre de schéma d'après mes observations. Le lundi, Haruhi venait à l'école les cheveux lâchés, sans rien dedans. Le lendemain, elle les attachait en queue de cheval. Même si ça me fait mal de l'admettre, ça lui allait plutôt bien. Ensuite, deux couettes le surlendemain. Le vendredi, elle avait finalement 4 couettes sur la tête. Son comportement était vraiment étrange.

Lundi=0, mardi=1, mercredi=2...

Au fur et à mesure que les jours de la semaine augmentaient, le nombre de couettes aussi. Le lundi suivant, on repartait à zéro. Je voyais pas où elle voulait en venir. En suivant sa logique, le dimanche elle devait se faire 6 couettes... J'aurais bien voulu voir sa coiffure du dimanche.

Indice N°2: Pour le cours d'éducation physique, les classes 1-5 et 1-6 étaient jumelées, les filles et les garçons étaient séparés. Pour se changer, les filles prenaient la classe 1-5 et les garçons la classe 1-6, ce qui signifiait qu'à la fin de l'heure de cours qui précédait, les garçons de notre classe devaient aller dans l'autre classe pour se changer.

Hélas, Haruhi ignorait complètement les garçons de notre classe et commençait à retirer son uniforme avant que nous ne soyons sortis.

C'était comme si, pour elle, les garçons étaient des potirons ou des sacs de patates, et qu'elle n'en avait rien à faire. Sans tiquer, elle jetait son uniforme sur son bureau et enfilait son survêtement.
Instantanément, Ryoko poussait alors hors de la classe les garçons qui restaient plantés là, les yeux exorbités, moi y compris.
La rumeur veut que les filles, par la voix de leur leader Ryoko Asakura, aient tenté de faire comprendre à Haruhi qu'elle devait arrêter de faire ça, sans succès. A chaque cours d'éducation physique, elle faisait abstraction du reste de la classe et enlevait son uniforme sans même y faire attention. Dès lors, nous les garçons étions contraints de quitter la classe à la seconde où sonnait la cloche, à la demande de Ryoko.

Mais franchement, Haruhi a quand même un très joli visage... Arg, c'est pas le moment de penser à ça.

Indice N°3: à la fin de chaque période, Haruhi disparaissait littéralement. Quand la cloche de l'école retentissait, elle attrapait son sac à dos et filait hors de la classe. En toute logique, j'ai pensé qu'elle rentrait directement chez elle, je n'aurais jamais pensé qu'elle prendrait part aux activités de tous les clubs de l'école. Un jour, on pouvait la voir faire des passes au club de basket, et le suivant coudre une taie d'oreiller au club de couture. Le lendemain, on la voyait agiter son stick au club de hockey. Je pense qu'elle a même rejoint le club de baseball. Donc en résumé, elle a participé à tous les clubs de sport de l'école. Tous les clubs ont tenté de la persuader de rester bien entendu, mais elle les a tous envoyé paître. Sa raison était : « ça m'ennuie de faire la même activité tous les jours . » En fin de comptes, elle n'en rejoignit aucun.

Qu'est ce que cette fille essayait de faire ?

Par ces simples faits, le bruit d'une « fille de première bizarre » se répandit dans l'école à la vitesse de l'éclair. En l'espace d'un mois, plus personne n'ignorait qui était Haruhi Suzumiya. En fait si on regarde au mois de mai, certaines personnes ignoraient encore qui était le principal de l'école, mais Haruhi Suzumiya faisait déjà partie des meubles.

Donc, malgré toutes ces péripéties, Haruhi en étant toujours la cause, le mois de mai arriva.

Personnellement, je pense que le principe de la destinée est encore plus improbable que l'existence du monstre du Loch Ness, mais si la destinée, depuis un endroit secret, incline activement la vie des hommes, alors ma roue du Destin avait probablement commencé à tourner. Il n'est pas exclu que, quelque part dans de lointaines montagnes, un vieil homme était en train de ré-écrire ma destinée.

Après le congé de la Golden Week, je ne me souviens pas exactement de quel jour de la semaine, j'étais en train de remonter vers l'école. Le ciel anormalement ensoleillé pour un mois de mai me frappait de plein fouet et me trempait de sueur, et la colline semblait ne jamais vouloir finir. C'est quoi son problème à cette planète ? Elle a la fièvre jaune ou quoi ?

« Hé, Kyon! »
Quelqu'un me tapa dans le dos. C'était Taniguchi.
Son blazer était jeté négligemment sur son épaule, et sa cravate était plutôt mal mise et tordue.
« T'as été où pendant la Golden Week? »
« J'ai accompagné ma petite sœur chez ma grand-mère à la campagne. »
« Mais c'est super ringard! »
« Si tu veux, et toi t'as fait quoi alors? »
« Job d'étudiant, durant toute la semaine »
« On dirait pourtant pas que c'est ton genre en te regardant »
« Kyon, tu es au lycée maintenant, pourquoi tu continues à accompagner ta petite soeur chez tes grands-parents ? Tu devrais plus te comporter comme un lycéen digne de ce nom. »

Oh, à propos, Kyon, c'est moi. C'est ma tante qui m'a appelé comme ça pour la première fois. Il y quelques années, ma tante qui n'était plus venue de puis un bout de temps s'est exclamée en me voyant « Oh mon dieu, mais comme tu as grandi mon petit Kyon ! ». Ma sœur a trouvé ça marrant et a commencé à m'appeler Kyon aussi. Le reste fait partie de l'histoire: Mes amis, en entendant ma sœur m'appeler Kyon, ont décidé de suivre le mouvement. Depuis ce jour, mon surnom est Kyon. Dire qu'avant ça ma sœur m'appelait simplement « grand frère ».

Taniguchi, jamais à bout de souffle, se vanta du fait qu'il avait rencontré plein de jolies filles à son travail, et qu'il avait prévu d'utiliser l'argent qu'il avait gagné pour sortir et tout. Honnêtement, les trucs du genre quels rêves ont les gens, ou à quel point leur animal de compagnie est mignon ou étonnant, sont selon mes standards les sujets de discutions le plus ringards du monde.

Haruhi était déjà assise à son bureau derrière moi lorsque je suis entré en classe. Elle regardait par la fenêtre. Elle avait deux pinces comme des chignons dans les cheveux. Je suppose qu'on était mercredi. Je me suis assis et, pour une raison que j'ignore encore, la seule explication possible étant que j'étais complètement abruti, avant même de me rendre compte de ce que je faisais, je me suis mis à parler à Haruhi.
« Tu changes de coiffure tous les jours à cause des extraterrestres? »
Tel un robot, Haruhi Suzumiya s'est tournée lentement vers moi, et m'a regardé avec son expression super grave. C'était plutôt flippant en fait.
« T'as remarqué ça quand? »
Son ton était tellement glacial que c'était un peu comme si elle parlait à un caillou sur le bord de la route.
J'ai pris le temps d'y réfléchir.
« Hmmm... Un petit bout de temps déjà . »
« Vraiment? »
Haruhi mit sa tête sur son coude, l'air un peu contrariée.
« Je pense que chaque jour de la semaine renvoie une image différente. »
C'était la première fois qu'on avait une vraie conversation.
« Les couleurs par exemple : lundi c'est le jaune, mardi le rouge, mercredi le bleu, jeudi le vert, vendredi le doré, samedi le brun et dimanche le blanc. »
J'avais l'impression de comprendre où elle voulait en venir.
« Donc si on appliquait ce principe à des chiffres, lundi serait zéro et dimanche six, non? »
« C'est ça. »
« Mais, est-ce que lundi ça devrait pas plutôt être le un? »
« On t'a demandé ton avis? »
« ... Ouais, c'est pas faux. »
Visiblement contrariée par ma réponse, Haruhi se mit à me tirer la tête. Je suis resté là, un peu mal à l'aise, en laissant filer le temps.
« Je t'ai pas déjà vu quelque part? Il y a longtemps? »
« Je pense pas, non. »
Au moment où je répondais, monsieur Okabe entra discrètement dans la classe et notre première conversation prit fin.

Même si cette conversation n'avait rien d'extraordinaire, ça pourrait bien être le point où ma vie a basculé.
Le seul moment où je pouvais discuter avec Haruhi était juste avant le début des cours, puisqu'elle disparaissait durant les pauses. Mais étant assis devant elle, je suis quasi certain que mes chances de parler avec elle étaient largement supérieures à celle des autres. Mais le truc qui me faisait vraiment bizarre, c'est qu'elle me réponde correctement. Au début je me suis dit que j'aurais droit à un « Tu me gonfles crétin, ferme-la ! Je m'en fous! » Je pense que je dois être aussi cinglé qu'elle pour avoir trouvé le courage d'aller lui parler. Du coup, quand je suis arrivé en classe le lendemain et que j'ai découvert qu'à la place de 3 couettes, Haruhi avait coupé ses cheveux, j'étais un peu mal.
Ses cheveux qui allaient jusqu'à sa taille avaient été raccourcis jusqu'aux épaules. Enfin, même si sa nouvelle coupe lui allait bien, elle les avait coupés le lendemain du jour ou je lui en ai parlé. Elle me méprise ou quoi, putain?
Quand je lui en ai demandé la raison, tout c'est que j'ai eu c'est :
« Y'en a pas. »
Elle m'a répondu avec son ton irrité habituel mais sans expression particulière. Elle ne me donnerait pas la raison.
Mais bon, c'est pas comme si je m'y attendais pas.


« T'as vraiment essayé tous les clubs? »

Elle s'est retournée contrariée, mettant ainsi fin à la conversation du jour.

Depuis ce jour, discuter avec elle avant le début des cours devint une habitude. Bien sûr, si je n'essayais pas d'entamer la conversation, Haruhi n'avait pas la moindre réaction. Et si j'essayais de lui parler de ce qui était passé à la télé la veille, où du temps dehors, ce qu'elle considérait comme des « sujets futiles », elle m'ignorait simplement. En connaissance de cause, je choisissais prudemment mes thèmes quand je parlais avec elle.
« Y'en a un qui est plus sympa que les autres? J'ai bien envie d'en rejoindre un. »
« Aucun » répondit platement Haruhi, « Absolument aucun. »
Elle insista bien là dessus, puis laissa échapper une lente respiration. Était-elle en train de soupirer?
« Je pensais que le lycée serait un peu mieux. Au final c'est la même chose que le collège. Rien ne bouge. On dirait que j'ai choisi la mauvaise école. »
Miss, je me demande bien sur quels critères tu bases ton choix d'une école.
« Les clubs de sport et les clubs culturels sont tous les mêmes. Si seulement il pouvait y avoir un club vraiment cool dans cette école... »
« Et qu'est-ce qui te donne le droit de décréter qu'un club est nul ou non? »
« Ferme-la. Si j'aime un club, alors il est vraiment cool. Sinon, il est minable . »
« Vraiment? Je sais pas pourquoi j'aurais parié que tu répondrais ça. »
« Hmph! »
Elle s'est retournée contrariée, mettant ainsi fin à la conversation du jour.


Un autre jour :

« J'ai entendu dire un truc l'autre jour... Rien de vraiment important... Tu as vraiment plaqué tous tes petits amis? »
« Avec quoi tu viens, toi? »
Elle passa ses cheveux derrière son épaule, et me fixa avec ses grands yeux noirs. Mon dieu, en dehors de son expression apathique, cette expression contrariée revenait le plus souvent sur son visage.
« C'est Taniguchi qui te l'a dit ? Bon sang, j'y crois pas, même après le collège je me retrouve encore dans la classe de ce crétin. Tu crois que c'est un de ces psychopathes obsessionnels ? »
« Non, je ne pense pas » me dis-je.
« Je sais pas ce que tu as entendu, mais je m'en fiche, la plupart doit être vrai de toutes façons. »
« Il n'y a personne avec qui tu as envie d'avoir une relation sérieuse? »
« Absolument personne. »
Dénégation totale semblait être sont leit motiv.
« Ce sont des abrutis, tous autant qu'ils sont, je ne pourrais jamais m'engager dans une relation sérieuse avec l'un d'entre eux. Ils m'ont tous demandés de les rejoindre à la gare un dimanche, puis nous sommes à coup sûr allés au cinéma, au parc d'attraction, ou à un match. Notre premier déjeuner ensemble a été un pique-nique puis nous nous sommes précipités dans un café pour boire une tasse de thé. A la fin de la journée, ils finissaient bien entendu par « on se voit demain? » »
« Je vois pas le problème » pensais-je, mais je n'osais pas le dire à voix haute. Si Haruhi dit que c'était un problème, ça avait sûrement dû être un problème pour elle.
« Finalement, ça ne ratait pas, ils m'appelaient pour faire leur déclaration au téléphone. Putain ! C'est solennel une déclaration, ils auraient au moins pu me le dire en face ! »
Je ne pouvais m'empêcher d'éprouver de la sympathie à l'égard de ces garçons. Faire une déclaration aussi importante, en tout cas pour eux, à quelqu'un qui vous regarde comme si vous étiez un vermisseau, mettrait n'importe qui mal à l'aise. En répondant à Haruhi, je m'imaginais ce qui avait du traverser leurs esprits.
« Hmm, tu as raison, moi j'aurais demandé à la fille de sortir avec moi en face à face . »
« Mais qui te parle de toi? »
Qu'est-ce que ? J'ai encore dit un truc qu'il ne fallait pas?
« La question est : est-ce que tous les garçons du monde sont aussi simplets ? Cette question me trotte dans la tête depuis le collège. »
Ok, ça ne s'arrange pas...
« Mais alors, quel genre de garçon tu trouves « intéressant »? Ils auraient dû être des extraterrestres ou quoi ? »
« Extraterrestres ou autre chose, tant qu'ils n'étaient pas simplement banals. Homme ou femme. »
« Mais pourquoi tu veux toujours trouver quelque chose qui n'est pas humain? »
Haruhi me regarda avec dédain au moment où je laissais échapper cela.
« Parce que les humains ne sont pas marrant du tout! »
« C'est... Dans le fond, t'as peut-être raison. »
Même moi je ne pouvais contrer l'argumentation de Haruhi, si en fin de compte cette mignonne nouvelle étudiante se révélait être mi-humaine, mi-extraterrestre, j'aurais trouvé ça très cool. Si Taniguchi, qui était assis à coté de moi pour nous espionner, était un détective du futur, ça aurait été encore plus cool. Si Ryoko Asakura, qui me souriait continuellement pour une raison qui m'échappait, avait des genres de pouvoirs surnaturels, alors ma vie d'étudiant aurait été la plus excitante qu'on puisse imaginer.

Mais rien de tout cela n'était possible. Ni extraterrestres, ni voyageurs temporels, ni même les pouvoirs surnaturels n'existaient dans ce monde. Mais admettons, qu'ils existent,. Ils ne se pointeraient pas devant nous, simples citoyens, en disant « Bonjour, en fait je suis un extraterrestre. »
« C'EST POUR ÇA ! »
Haruhi s'était soudain levée en renversant sa chaise, attirant tous les regards sur elle.
« C'EST POUR ÇA QUE JE TRAVAILLE SI DUR! »
« Désolé, je suis en retard! »
Le candide monsieur Okabe déboula à bout de souffle dans la classe. Quand il vit toute la classe debout en train de dévisager Haruhi qui avait les poings serrés et les yeux fixés sur le plafond, il eu l'air aussi surpris que les autres et en resta figé.
« Heu... La classe va commencer! »
Haruhi s'assit immédiatement et fusilla le coin de son bureau du regard. Ouf...
Je me suis retourné et toute la classe a suivi le mouvement. Alors monsieur Okabe, visiblement troublé par toute cette agitation, chancela sur la chaire et toussota.
« Excusez-moi pour mon retard, heu... Commençons... »
Il se répéta et l'ambiance de la classe revint à la normale, même si c'était l'ambiance que Haruhi détestait le plus.
Peut-être que c'est ça la vraie vie ?

Mais, pour être honnête, au plus profond de moi-même j'enviais l'attitude de Haruhi face à la vie.

Elle avait toujours cet espoir, que j'avais abandonné il y a longtemps, de rencontrer quelqu'un venant du monde surnaturel, et elle tentait passionnément de réaliser son rêve. Si on attend sans rien faire alors rien ne se produira jamais, nous allons donc les appeler ! C'est pour cela que Haruhi faisait tous ces trucs bizarres du genre tracer des lignes blanches sur le terrain de sport de l'école, peindre des symboles sur le toit et coller des talismans maudits partout.

Ahhhhh...

Je ne sais pas à quel moment Haruhi a commencé à faire ces choses bizarres qui l'ont fait prendre pour une passionnée d'occultisme par les autres. Attendre ne mène a rien, alors pourquoi ne pas célébrer d'étranges cérémonies pour essayer de les appeler ? Cependant, au final rien ne s'est produit. C'est peut-être pour cela que Haruhi arborait en permanence son air « maudissons le monde entier »...

« Hé Kyon ! »
Après les cours, Taniguchi, l'air mystérieux, tenta de me coincer. Taniguchi, si tu savais comme cette expression te donne l'air idiot.
« Non, chut ! Je me fiche de ce que tu vas dire, mais réponds-moi : quel genre de sort tu lui as lancé ? »
« Quel genre de sort de quoi? »
La très haute technologie n'est pas discernable de la magie. Je me remémorais cette citation en répondant à Taniguchi. Il pointa la chaise vide de Haruhi du doigt.
« C'est la première fois que je vois Suzumiya discuter aussi longtemps avec quelqu'un. De quoi pouviez-vous bien parler ? »
Ça, ha ! De quoi nous avons parlé ? Je lui ai juste posé de simples questions, c'est tout...
« C'est phénoménal ! »
Taniguchi prit un air d'étonnement sarcastique, et soudain Kunikida apparut derrière lui.
« Kyon est toujours sorti avec des filles bizarres »
Hé, ne dis pas des choses qui prêtent à confusion !
« On s'en fout si Kyon aime les filles bizarres. Ce qui m'échappe, c'est pourquoi Suzumiya voudrait lui parler. Je pige pas. »
« Peut-être que Kyon est aussi à l'ouest qu'elle ? »
« C'est pas impossible... Enfin je veux dire, on peut pas s'attendre que quelqu'un qui porte le surnom de Kyon soit complètement normal. »
Mais arrêtez de m'appeler Kyon, Kyon, Kyon ! A la place de ce stupide surnom, appelez-moi par mon vrai nom ! Enfin, du moins, j'aurais voulu que ma sœur m'appelle à nouveau « Grand Frère ».
« J'aimerais bien savoir aussi »
La voix d'une jeune fille enjouée sortit de nulle part. Je relevais la tête et, évidemment, je vis le visage de Ryoko Asakura qui souriait innocemment.
« J'ai bien tenté de parler à Haruhi quelques fois, mais rien n'a jamais abouti. Pourrais-tu m'apprendre comment lui parler? »
J'ai pris l'air d'y penser longuement, alors qu'en fait je n'ai même pas réfléchi.
« J'en sais rien. »
En entendant ça, Ryoko sourit.
« Je suis rassurée. Elle ne pouvait pas continuer à s'isoler de la classe comme ça, c'est vraiment bien que tu sois devenu son ami. »
Ryoko Asakura s'inquiète pour elle comme une déléguée de classe parce que, en fait, elle était la déléguée de classe. Elle avait été élue lors de notre dernière réunion de classe.
« Amis, hein ? »
J'ai secoué la tête avec un air d'incertitude. C'était vraiment le cas? La seule chose que j'obtiens de Haruhi quand je lui parle c'est son air renfrogné.
« Tu dois continuer à aider Haruhi à s'intégrer dans la classe. Nous sommes tous dans le même bateau, alors nous comptons sur toi ! »
La vache, c'est vous qui le dites, je sais même pas par où commencer.
« S'il y a quoi que ce soit que je doive transmettre à Haruhi, je viendrai te demander de passer le message. »
Eh non, attendez, je ne suis pas votre porte-parole !
« S'il te plaît » demanda t-elle l'air sincère, en joignant les paumes.
Face à cette demande, je ne pus donner qu'une vague réponse genre « mhmmm » et « ou..ahhhh... pfff ». Ryoko prît ça pour un « oui » et arbora son sourire radieux, puis retourna auprès des autres filles. En voyant le regard des autres filles se porter sur moi, je sentis mon cœur me lâcher pour aller s'écraser au fond d'un précipice.
« Kyon, nous sommes amis, pas vrai? » me demanda Taniguchi, en me regardant l'air suspicieux.
« Tu peux me dire ce qu'il se passe ici? »
Même Kunikida, les yeux fermé et les bras croisés, acquiesça.
Oh mon dieu, mais pourquoi suis-je entouré de pareils idiots?


Selon toutes vraisemblances, quelqu'un avait dû décider que nous changerions de bureau une fois par mois. Du coup, Ryoko avait écrit le numéro de chaque siège sur des petits papiers qu'elle avait mis dans un bocal, et chacun d'entre nous en tira un au sort. En fin de compte j'ai eu l'avant dernier siège du coté fenêtres, vers la cour. Et devinez qui a eu le siège juste derrière moi ? Exact, Haruhi la renfrognée !

« Pourquoi est-ce que rien d'intéressant n'est encore arrivé ? Du genre les élèves des petites classes qui disparaissent un à un, ou des profs qui se font tuer à l'intérieur d'une pièce fermée à clé... »
« Arrête de dire des trucs comme ça ! »
« J'ai rejoint le Club d'Etude des Mystères »
« Oh ? Et alors ? »
« C'était tellement idiot. Rien d'intéressant ne s'est passé. En plus, tous les membres du club sont fans de romans de détectives, mais aucun d'entre eux ne ressemble de près ou de loin à un détective »
« C'est un peu normal, non? »
« J'ai nourri certains espoirs dans le Club d'Etude du Surnaturel. »
« Vraiment? »
« Mais il s'est révélé qu'ils n'étaient qu'une bande de fêlés d'occultisme. Est-ce que ça te semble marrant, à toi? »
« Pas exactement... »
« Et merde, tout ça est tellement ennuyeux ! Pourquoi n'y a-t-il aucun club décemment intéressant dans cette école ? »
« Ben, tu ne peux pas y faire grand chose. »
« Je pensais qu'au lycée il y aurait des clubs qui tuent ! Pfff, c'est comme vouloir jouer en Major League et se rendre compte que l'école où tu vas n'a même pas d'équipe de baseball. »
Haruhi donnait l'impression d'être une sorte d'esprit frappeur sur le point de devoir aller dans une bonne centaine de monastères bouddhistes pour lancer des malédictions. Elle regarda le ciel avec dédain et laissa échapper un énorme soupir.
Devais-je m'apitoyer sur son sort?
Je ne sais pas quel genre de club aime Haruhi. Elle n'en sait peut être rien elle-même. Elle voudrait juste « faire quelque chose d'intéressant ». C'est quoi, « quelque chose d'intéressant »? Est-ce que ça implique de résoudre un crime mystérieux? De rechercher des soucoupes volantes? Ou alors de pratiquer un exorcisme ? Je pense qu'elle n'en a aucune idée.
« S'il n'y en a aucun, je pense qu'on ne peut rien y faire... »
Je décidai de donner mon avis.
« Au vu des résultats, je pense que les humains sont généralement satisfaits de leur sort. Par contre, ceux qui ne le sont pas vont essayer d'inventer ou de découvrir quelque chose qui fera avancer notre civilisation. Quelqu'un a un jour voulu voler, alors il a inventé l'avion. Quelqu'un a voulu voyager plus facilement, alors on a fait les voitures et les trains. Mais ces choses ont été crées par des gens qui avaient un don. Seul un génie peut transformer ces choses qu'il imagine en une réalité. Quant à nous, simples mortels, nous devrions nous contenter de vivre pleinement notre vie. Nous ne devrions pas agir de façon impulsive simplement parce que nous avons envie d'aventure. »
« Oh, la ferme... »
Haruhi venait de me couper dans mon speech, qu'au demeurant je trouvais assez bon, et tourna la tête dans la direction opposée. Elle avait l'air vraiment déprimée. Mais bon, quand n'en avait-elle pas l'air? J'avais fini par m'y habituer.
Cette fille se fout probablement de tout, sauf si cela implique des pouvoirs surnaturels qui dépassent de loin la réalité. Mais le monde en était exempt. Réellement.
Longue vie aux lois de la physique ! Grâce à vous, nous humains pouvons vivre en paix. Haruhi en est certainement dégoûtée.
Moi je suis normal, hein ?

Il a dû y avoir un déclencheur.
Peut-être la conversation ci dessus.
En tout cas, je n'ai rien vu venir !

Le soleil brûlant faisait que tout le monde dans la classe était somnolent. Alors que je penchais la tête et que j'allais m'endormir, une force puissante s'est soudain exercée sur mon col et m'attira vers l'arrière. Elle était tellement puissante que ma tête a heurté le coin du bureau derrière moi. J'eus instantanément la larme à l'œil.
« Non mais qu'est ce qui te prend? »
J'ai tourné la tête, en colère, et vu Haruhi, dont une main tenait encore mon col, avec un sourire aussi radieux que le soleil des tropiques. Sans rire, c'est la première fois que je la voyais sourire. Si les sourires pouvaient être mesurés sur une échelle de température, alors le sien était sans doutes aussi chaud qu'une jungle tropicale.
« J'y suis ! »
Hé, me postillonne pas dessus !
« Mais pourquoi j'y ai pas pensé avant ? »
Les yeux d'Haruhi étaient aussi brillant que l'étoile Albireo. Elle me regardait fixement. En hésitant, j'ai demandé :
« A quoi tu as pensé? »
« S'il n'existe pas, je n'ai qu'à l'inventer ! »
« Inventer quoi ? »
« Mais le CLUB »
Ma tête allait exploser, et je ne pense pas que cela avait quoi que ce soit à voir avec le fait qu'elle avait heurté le bureau un instant auparavant.
« Vraiment ? Mais quelle excellente idée. Je peux y aller maintenant? »
« Qu'est-ce que t'as ? Tu devrais exploser de joie ! »
« A propos de ton idée, je t'en reparle tout à l'heure. Mais là, pour le moment, j'aimerais que tu te rendes compte de l'endroit où l'on est, et APRÈS tu pourras partager ta joie avec moi. Mais pour commencer, on se calme, ok? »
« Qu'est ce que tu veux dire? »
« Les cours ne sont pas encore finis. »
Haruhi lâcha mon col. Je me massais la nuque et me retournais doucement. La classe semblait complètement abasourdie. La prof d'anglais, une jeune diplômée, sa craie restée en main, me fixait et semblait prête à éclater en sanglots.
J'ai demandé à Haruhi de se rasseoir rapidement et haussé les épaules en regardant la pauvre professeur.
Allez-y mademoiselle, continuez la leçon.
J'ai entendu Haruhi murmurer et s'asseoir à contre cœur. La prof reprit le cours de ses notes au tableau...
Créer un nouveau club ?
Hmmmm....
Ne me dites pas que je vais devoir y participer?
Mon mal de crâne ne faisait qu'accentuer mon malaise.



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Tome 1

Illus | Prologue | Chapitres 1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6 - 7 | Épilogue | Postface

Tome 2

Illus | Prologue | Chapitres 1 - 2 - 3 - 4 - 5 | Épilogue | Postface

Tome 3

Illus | Prologue | Chapitres 1 - 2 - 3 - 4 | Postface

Tome 4

Illus | Prologue | Chapitres 1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6 | Épilogue | Postface

Tome 5

Illus | Prologues 1 - 2 - 3 | Chapitres 1 - 2 - 3 | Notes de l'auteur