Bienvenue à la N.H.K ! : Le Humbert Humbert du vingt-et-unième siècle - Partie Trois

From Baka-Tsuki
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Partie Trois[edit]

Quand je suis redescendu sur Terre, une semaine s'était écoulée. Je me séparai de ma souris et de mon clavier pour la première fois depuis une douzaine d'heures, puis j'entrai dans ma salle de bain. Le reflet dans le miroir était celui d'une personne incroyablement dangereuse ― en clair, moi. La barbe de trois jours, les cheveux gras, le regard vide, la mâchoire en compote... bref, un hikikomori marginal et sans emploi que tout le monde éviterait, dont personne ne voudrait s'approcher... un sale, débraillé, puant, cauchemardesque...

Un pédophile se tenait là.

― Arg...

Je glissais doucement sur le sol de la salle de bain.

Comment est-ce que j'en étais arrivé là ?

Ce qui est fait, est fait. J'avais... J'avais téléchargé des images de nymphettes à travers le monde. Et je ne me satisfaisais plus des images. J'avais même commencé à collecter des vidéos, au format MPEG et RealMovie. Mon disque dur de 30 Go était plein à craquer de corps indécents de petites filles pour qui, en vérité, je ressentais de la pitié.

Je ne peux pas continuer comme ça. Non, c'est pas possible. Un hikikomori pédophile, c'est à peu près ce qu'il y a de pire au monde. Je ne suis plus humain. Je suis un monstre. Je ne peux plus continuer à vivre. Je ne pourrais plus jamais marcher à la lumière du soleil.

Certes, j'étais sûrement un hikikomori. Mais j'étais certain de ne pas être un pédophile. Mes goûts étaient assez classiques, et en fait, j'en avais même déjà pincé pour des femmes plus âgées que moi. Et malgré tout cela, maintenant...

« Ahhh... hunh hunh ! » Des sanglots insoutenables jaillirent, et mes larmes perlèrent sur le sol. C'était des larmes de rédemption. Oui, je reconnaissais mes erreurs, et je voulais maintenant me repentir. Je voulais changer. Mais il était déjà trop tard.

À l'instant même où j'avais commencé à murmurer à moi-même des choses du genre, « Trop mignonne, Nozomi », je savais que j'étais bon pour l'enfer. À l'instant même où j'avais commencé à marmonner des pensées comme, « Super, cette Kiyomi. Elle est peut-être qu'en 6ème, mais elle est géniale. », j'étais prêt à tomber en enfer. À l'instant même où j'avais commencé à opiner, « Waouh, elles sont hardcores, ces Russes, et les Américaines te font de ces trucs aussi », le sourire aux lèvres, je savais qu'il y avait cent pourcent de chance que je finisse en enfer.

Je suis désolé, oui, désolé, pardonnez-moi, je ne voulais vraiment pas le faire. Je ne pensais pas à mal. Depuis le début, c'était juste pour rigoler. Mais maintenant...

« Argh ! » Ça faisait mal. Je souffrais. Ma poitrine me faisait mal. Mon cœur cédait sous les remords. Je ne voulais pas être un pédophile ou quoi que ce soit du même genre. Mais maintenant, toutefois, j'étais un hikikomori pédophile de premier ordre, la pire espèce d'être humain qui ait jamais existée.

Non, écoutez-moi : vous faites erreur. Une grosse erreur ! Je ne vais pas m'enfermer avec une fille dans mon studio ! Je ne vais kidnapper personne ! Vous vous trompez. C'est pas moi qui ai commis ce crime ! Je vous en supplie, veuillez me croire ! J'vous le jure ! Me regardez pas comme ça ! Non, me regardez pas !

Mais... des cartables rouges. Et des flûtes à bec. Puis des filles innocentes qui jouent dans le parc. Gah !

« Tu veux jouer avec tonton ? »

« Je te donnerai un bonbon. »

« Soulève juste ta jupe. »

« Jouons au docteur. »

« Voilà ta piqure ! »

Je suis fichu, complètement fichu ! Je ferais mieux de mourir au plus vite. C'est quoi ce bruit ? La ferme...

― Satô ! T'es là, pas vrai ? Ouvre, s'il te plaît !

Quelque part au loin, quelqu'un m'appelait :

― Satô ! T'es vivant ? T'es mort ? Si t'es vivant, ouvre la porte, je t'en supplie !

Quelqu'un était en train de marteler la porte de mon appartement. Mais je n'avais plus la volonté de me montrer en public. Fichez-moi la paix...

― Quoi, t'es vraiment pas là ? Et moi qui voulais te prêter cette merveilleuse vidéo illégale.

Tout en me levant, j'essuyai mes larmes et ouvris la porte.

Après avoir écouté mon histoire, Yamazaki afficha un visage témoignant d'un gros dégoût.

― Tu t'es enfermé une semaine entière juste pour télécharger du porno ? Tu mérites même plus le statut d'être humain, là.

― Tout est de ta faute, d'abord.

― Certes, mais je crois que c'est dans ta nature, après tout. Pas vrai, Satô ?

― T-T-Tu ressens pas de remords pour m'avoir entraîné là-dedans ? Comment tu peux dire une chose pareille ?

― Je t'avais dit que c'était juste des modèles, non ? Écoute, Sato, t'es pas net comme type si t'as vraiment téléchargé trente gigas de porno. Je veux même plus m'approcher de toi. T'approche pas ― tu me fous les jetons !

― G-gr-grrrr !

Du fait d'une colère intense, je voyais littéralement rouge. Mes deux poings tremblaient.

― B-Bon, pour changer de sujet, parlons plus sérieusement de notre plan pour la réalisation du jeu. Je vais te prêter cette cassette, ok ?

Je lui arrachai la cassette des mains et la cassai en deux avec mon genou.

― Qu-qu-qu'est-ce que tu...? bégaya Yamazaki.

À ce moment-là, j'aperçus mon unique échappatoire au monde lolicon.

Je regardai Yamazaki droit dans les yeux.

― Yamazaki.

― Quoi ? Rembourse-moi pour la cassette.

― Les médias lolicons, c'est pas humain ; c'est atroce.

Il était silencieux.

― Échappons-nous, oui, échappons-nous ensemble ! Si on ne s'enfuit pas maintenant, on sera des lolicons jusqu'à la fin de nos jours ! Allez, vite !

Je pris vigoureusement la main de Yamazaki et l'entraînai hors de mon appartement.





Après une halte chez Yamazaki pour récupérer son appareil photo numérique, nous ressortîmes, en marchant rapidement à travers la ville.

C'était un après-midi de début mai. Il faisait chaud en ville, mais il y avait peu de monde dehors.

― Où est-ce qu'on va ?

Sans répondre, je continuai à avancer tout droit.

Sur le chemin, je m'arrêtai dans une supérette pour acheter un appareil photo jetable, que je donnai à Yamazaki. Puis, je continuai à me diriger vers ma destination, tout en traînant Yamazaki derrière moi.

Il était trois heures de l'après-midi. Le meilleur moment possible.

― Un appareil numérique et un jetable ? Qu'est-ce que tu veux que je fasse avec ça ? demanda Yamazaki, essoufflé.

Une fois ma destination atteinte, je lui répondis :

― Prends une photo de moi.

― Pourquoi ?

― Bah, tu sais où on est, non ?

― Hm. On dirait le portail d'une école primaire.

― Exactement, l'école primaire d'Ikuta, une école publique qui accueille près de cinq cents enfants. Et je vais me cacher dans les buissons devant la porte. Yamazaki, cache-toi, toi aussi. Vite !

― Hein ?

― La fin des cours va bientôt être sonnée. Quand ça arrivera, les enfants vont sortir par ce portail.

― Certes, mais encore ?

― Je vais prendre des photos.

― D-de quoi ?

― Des gamines de primaire.

Il se tut.

― Je vais prendre des super photos de jolies petites fifilles, en utilisant ton appareil photo dernier cri.

Silence.

― Tu comprends, Yamazaki ? Je suis sur le point de prendre quelques photos en catimini. Je vais me cacher et prendre en photo des petites filles. Je risque même « d'accidentellement » prendre des photos de leurs culottes. Mais c'est pas grave. Si on reste cachés dans ces buissons, personne ne nous trouvera. Je vais prendre en photo ces primaires. Je prendrai autant de photos que possible ― enfin, seulement de la plus jolie fille, bien sûr.

La sonnerie retentit. En l'espace de quelques minutes, des enfants allaient traverser ce portail.

― Yamazaki, tu vas me prendre en photo avec cet appareil jetable. Prends autant de photos que tu peux de ce sale type que je suis, ce sale pédophile, tandis que je prendrai des photos des petites de primaire ! T'as compris ? C'est par cette seule et unique voie que nous pourrons échapper à notre mal de lolicons ! Tu vois où je veux en venir, pas vrai ? T'as compris ? C'est une image dégoûtante. Et pourtant, dans le même temps, c'est aussi nous qui apparaissons dessus. Il faut que tu graves cette dégoûtante, pathétique et perverse facette de nous sur cette pellicule. On la développera ensemble et on regardera objectivement notre laideur, notre bassesse et notre abjection. Et comme ça, on pourra guérir de notre mal de lolicons et redevenir normaux.

Les voix des petites filles résonnaient depuis l'entrée de la cage d'escalier. J'étais prêt à dégainer mon appareil. Juste encore un peu...

― Prêt, Yamazaki ?! Je vais bientôt prendre des photos. D'un instant à l'autre, les premières petites filles arriveront. Je vais les prendre en photo à leur insu ! Et alors, tu immortaliseras ce moment ! Compris ? Si tu comprends, réponds-moi, Yamazaki.

» Oh, la première est magnifique ! Dans sa robe blanche, ses collants noirs, et ses bottes marron foncé, elle déchire ! Moe, moe ! Tu m'écoutes, Yamazaki ?! Je suis en train de presser le déclencheur ! Maintenant, à ton tour d'en faire de même. Utilise pas le flash par contre ― sinon, ils sauront qu'on est là, et ils appelleront immédiatement la police.

» Ah, quel frisson, j'en ai le sang qui bout et la chair de poule. Que c'est excitant ! Mon cœur bat à tout rompre ! De nos jours, les filles de primaire sont trop mignonnes. Je suis en train de presser le déclencheur là ! Clic ! Clic ! Superbe photo !

» Baptisons cette sublime petite là-bas ― elle a l'air d'être en CM2 ― appelons-la Sakura, pour l'instant. À la seconde où Sakura s'est retournée pour aller à la rencontre de ses amis, je ne pouvais pas laisser ce parfait angle en diagonale à quarante-cinq degrés me filer entre les doigts ! Hé hé hé, tu m'écoutes, Yamazaki ? T'es bien en train de me prendre en photo, Yamazaki ? Capture jusqu'aux moindres détails ma facette hideuse de lolicon, ou je resterai à jamais ce pervers sans nom.

» Waouh ! Encore et toujours plus d'enfants sortent du bâtiment. Regarde-moi ces jolies fillettes qui respirent la joie de vivre. Je vais les prendre en photo, oui, je vais les prendre en photo encore et encore ! Souffle, brise du printemps ! Lève-toi, vent soudain ! Et soulève leurs jupes !

» T'es toujours là, Yamazaki ? Je suis en train de regarder à travers l'objectif de l'appareil photo, alors je peux pas voir si t'es là ou pas. Tu te tiens bien en diagonale derrière moi, pas vrai, Yamazaki ? Fais bien en sorte d'immortaliser ma répugnance. T'as compris, pas vrai ? Allez, quoi, Yamazaki, tu m'écoutes, oui ? Allez, dis quelque chose ! Je suis en train de faire de mon mieux pour prendre des photos des culottes de ces petites. Tu devrais partager mon enthousiasme et faire de ton mieux, toi aussi. Tu m'écoutes ou quoi ? Hé, je t'ai dit de dire quelque chose ! Oh et puis zut. On est en train de commettre un crime, après tout. Si t'as trop peur pour parler, quoi de plus normal ? T'as une petite voix de toute façon.

» Hé, tu sais quoi ? Prendre des photos en cachette, c'est marrant. Et moi, je suis moche là... Hum, ça me rappelle, j'ai jamais voulu devenir ce genre de salopard. Quand j'étais petit, je rêvais d'entrer à l'université de Tokyo et de devenir un grand scientifique. Je voulais inventer quelque chose qui serait utile à l'humanité. Et maintenant, me voilà un hikikomori lolicon ! Tu devrais pleurer. Ouais, c'est vrai. Allez, pleure ! Verse des larmes pour mon apparence répugnante !

» On voulait simplement se marrer tous les jours ; on voulait vivre une vie quotidienne normale, banale et vivifiante. Hélas, les vagues incompréhensiblement violentes du destin ont rendu ça impossible à atteindre ― alors pleure de désespoir ! On voulait vraiment être utiles à tout le monde, être respectés de tous, vivre en harmonie avec la société. Mais maintenant, nous sommes des hikikomoris lolicons ― alors pleure de désespoir ! Tu te dois de pleurer !

» Oh, je suis triste. Infiniment triste. Mais ces gamines de primaire sont trop mignonnes. Ça m'excite.

» Ah… Ooh... Mes larmes ne veulent plus s'arrêter. L'objectif se floute, alors j'ai du mal à voir. Mais je vais continuer à prendre des photos de ces petites ― alors, Yamazaki, il faut que tu continues à en faire de même de ton côté. C'est triste, mais faisons de notre mieux. On ne peut pas s'empêcher de pleurer, mais faisons tout ce qu'on peut. On va se donner du mal pour photographier ces petites de primaire !

» Hein ? Quoi ? Pourquoi tu me tapes sur l'épaule tout à coup ? Un problème ? Hé ho, arrête ça. Ça commence justement à devenir intéressant.

» Qu'est-ce que je disais ! Regarde celle-là, la petite aux cheveux courts qui portent des mi-bas. Elle est trop mimi ; j'ai envie de la ramener chez moi. La prendre sous le bras comme de la nourriture à emporter et la porter jusque chez moi. Hein ? Quel casse-pied. Je suis occupé là ! Allez, c'est quoi ton problème, Yamazaki ? Si tu me tapotes comme ça, l'image va être floue. Hé ho, tu me soûles sérieusement là. Qu'est-ce qui te prend tout à coup ?

― Satô ! Hé ho, Satô !

― Chut ! Moins fort, ou on va se faire choper !

― Qu'est-ce que tu fiches dans un endroit pareil, Satô ?

― Mais ça crève les yeux, non ? Cette fille aux cheveux courts...

― Cette fille ?

― Je prends des photos en ca-

À ce moment précis, mes yeux quittèrent le viseur. La main qui était posée sur mon épaule entra alors dans mon champ de vision. Ces doigts fins et souples ne pouvaient appartenir à un homme...

Je me retournai.

Misaki était là. Mon cœur commença à battre cinquante fois plus vite qu'en temps normal.

Il soufflait une douce brise.

Le temps s'arrêta.





Entretemps, Yamazaki avait quant à lui disparu, remplacé par Misaki.

Pire, Misaki arborait son costume religieux ― robe simple à manches longues et parasol blanc. Vêtue comme ça, elle était accroupie dans les buissons avec moi.

― T-T-T'es là depuis combien de temps ?

― Juste quelques secondes.

J'étais sur le point de lui demander ce qu'elle avait entendu de mes délires à voix haute, avant de me rétracter. Quoi qu'il en soit, c'était une situation de crise.

Un homme louche, appareil photo numérique autour du cou, se cachant dans les buissons près du portail d'une école primaire. N'importe qui l'aurait pris pour un pervers ― et à raison. J'étais à court de solutions. Gah ! Mère, père, je suis désolé. Ça ne m'a pas suffi d'abandonner la fac. Il fallait en plus qu'on me jette en prison pour crimes sexuels en plus de ça. J'ai vraiment échoué dans mon rôle de fils. Comment puis-je expier ce crime ?

J'étais déjà à court de temps. Misaki, qui n'arrêtait pas de me dévisager, allait bientôt commencer à crier. « Il y a un pervers ici ! Appelez la police, vite ! »

Non, non. Ça ne terminerait sans doute pas comme ça. Après tout, elle était habillée en religieuse. Et les religions avaient des règles strictes, du genre « Tu ne commettras point l'adultère. » Bien entendu, désirer sexuellement un enfant serait plus qu'inadmissible ― raison pour laquelle la rage de Dieu s'abat sur les pédophiles.

Exactement. Misaki allait sûrement me menacer de la façon suivante, « Le Seigneur connait tous tes pêchés ! » Elle continuerait par, « Car si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur et sait tout ! » me faisant frissonner de peur. Après m'avoir dit, « Car le salaire du pêché, c'est la mort ! », elle tenterait ensuite de me jeter dans les flammes de la colère divine !

Telle était la fin absolue. En regardant le ciel, je me préparais pour le moment où la punition divine s'abattrait sur moi. Et ainsi, ma vie prendra fin. Mon avenir serait scellé. D'une seconde à l'autre.

Le temps s'écoulait tandis que j'attendais, mais Misaki ne me dénonça pas. En me retournant vers elle, je pus constater qu'elle me fixait toujours du regard. Nos corps étaient cachés dans les buissons, et on se regardait l'un l'autre silencieusement.

Finalement, Misaki expliqua :

― J'ai juste aperçu Yamazaki, qui se cachait le visage derrière ses mains, en train de courir en direction de ton appartement. Je me demandais ce qui se passait ; alors j'ai voulu jeter un coup d'œil ici, et je t'ai vu, Satô, donc...

― Tu connais Yamazaki ?

― L'homme de l'appartement 202, c'est ça ? Il avait l'air vraiment content de recevoir « Éveillez-vous ! ». C'est assez rare.

― Ah bon ? Quel drôle de type.

― Je te dérange ? T'avais l'air très occupé, Satô.

― N-Non ! Pas du tout. Enfin, pas vraiment. Au fait, Misaki, qu'est-ce que tu faisais dans le coin ?

J'essayais de changer de sujet. Je commençais à croire que j'allais peut-être vraiment réussir à m'en sortir indemne.

― J'étais sur le point de rentrer chez moi après notre tournée religieuse. Tata Kazuko et moi étions juste en train de passer par là. J'ai laissé tata rentrer sans m'attendre quand je t'ai trouvé ici.

― Ah ouais ? Au fait, j'aime vraiment bien ton costume de religieuse. Le parasol te donne une aura très spirituelle.

Juste après que j'ai dit ça, Misaki baissa les yeux.

― C'est un déguisement.

Son visage vira au rouge pendant qu'elle disait ça.

― Hein ?

― Je déteste faire cette tournée de sollicitations religieuses, alors je ne sors jamais sans mon parasol. Comme ça, personne ne se souviendra de mon visage.

Sa raison me paraissait étrangement rassurante. Malgré tout, elle demeurait toujours mystérieuse. Je ne savais toujours pas qui elle était vraiment.

Mais c'était une bonne occasion de m'enfuir. Allez, mets les voiles et vite !

― Bon ben, je vais y aller moi.

Je me levai.

Misaki en fit de même, tout en fermant son parasol.

Puis, je commençai maladroitement à m'éloigner. J'avais atteint le trottoir derrière les buissons, je me dirigeai rapidement vers mon appartement.

― Satô ?

― Quoi ? demandai-je sans me retourner ni ralentir.

― Alors comme ça, tu es en fait un pédophile ?

C'était comme si mon cœur s'était arrêté de battre. Faisant mine de n'avoir rien entendu, j'avançai encore plus rapidement.

Misaki enchaîna :

― C'est pas grave si tu es un pédophile. En fait, c'est peut-être même encore mieux pour toi. Si tu dis être un hikikomori pédophile, ce serait le fin du fin. Tu serais tout en bas dans l'échelle de la société humaine après tout.

Je m'arrêtai et me retournai.

Misaki arborait son habituel sourire.

― Ouais. En y réfléchissant bien, c'est encore mieux un pédophile. Comme ça, je pense que tu es encore plus parfait pour mon projet.

Excitée, elle sautilla. Cela semblait, une fois encore, qu'elle en rajoutait.

Avec la voix la plus calme possible, je déclarai :

― Je n'ai pas la moindre idée de quoi tu parles. Quoi qu'il en soit, je ne suis pas un hikikomori pédophile, si tu veux tout savoir. Je suis un créateur ! Je prenais juste des photos pour m'en servir comme modèles.

― Hm…

― C'est la vérité.

― Bah, on se reverra. Et d'ici là, tâche de ne rien faire qui terminerait au 20 heures, d'accord ?

Sur ces mots, Misaki s'éloigna.

C'était un après-midi de mai.


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