Hidan no Aria:Tome2 Chapitre3

From Baka-Tsuki
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Troisième Balle : Un Oiseau en Cage[edit]

1.[edit]

Pour un Butei, être garde du corps était le travail le plus commun qui soit.

Les Butei étaient habituellement chargés de protéger des VIP comme des politiciens, des célébrités ou des chefs d'entreprise qui avaient besoin d'une protection pour eux ou pour leurs enfants. Mais parfois, les Butei dont la vie était menacée demandaient aussi la protection d'autres Butei.

Pour ce genre de travail, la norme était habituellement de vivre dans la maison du client mais... suite à la forte demande de ce dernier - c'est à dire de Shirayuki - il fut décidé que ce serait elle qui irait vivre chez moi.

Je n'avais aucune intention de vivre dans un appartement / dortoir rempli de filles prêtes à me faire entrer en Hysteria Mode à chaque instant, mais mes protestations n'y changèrent rien...

Au fait, ça se faisait de déménager le jour suivant la requête de protection ?

- Mutô-kun, tu es sûr de vouloir faire ça gratuitement ? Laisse-moi au moins payer l'essence...

- Noon— Je vous dis que ce n'est pas la peine ! Ce n'est vraiment rien du tout !

Mutô - qui bizarrement vouvoyait Shirayuki alors qu'ils avaient le même âge - descendit du van de Logi avec lequel il l'avait accompagné. Puis, il commença à sortir ses bagages à l'aide de mouvement si rapides qu'ils en donnaient la nausée.

Mutô... était vraiment quelqu'un d'aussi serviable d'habitude ?

- Heu... Mais si je ne me trompe, ce bâtiment est le dortoir des garçons n°3, n'est-ce pas ?

- Ah... Oui.

- Est-ce que... vous comptez utiliser une des chambres libres comme entrepôt ? Si c'est le cas, n'hésitez pas à m'appeler quand vous voudrez retourner au dortoir des filles ! Et... A-Après, on pourrait... prendre un thé ou manger un...

- Ah, Kin-chan !

Le visage de Shirayuki s'éclaircit instantanément quand elle me vit sortir du hall de l'immeuble.

Mutô, interrompu dans sa phrase, regarda Shirayuki, me regarda, regarda de nouveau Shirayuki. Un point d'interrogation s'éleva de son visage mécontent.

- Kin... Tôyama ?

- T-Tu vois, Mutô-kun. Je vais vivre dans l'appartement de Kin... de Tôyama-kun à partir d'aujourd'hui.

- De Kinji——— ?

- Je te préviens, ce n'est que pour le boulot. J'ai été désigné pour être le garde du corps de Shirayuki. C'est à cause d'Aria. Va pas te mettre à raconter n'importe quoi— lui expliquai-je.

Mutô ouvrit la bouche sans rien dire.

... C'était quoi cette réaction ?

Ça serait plutôt à moi d'être incapable de parler.

Moi— qui allait être obligé de vivre avec deux monstres prêts à exploser à chaque instant.


En retournant dans mon appartement - qui ressemblait toujours aux restes d'un champ de bataille - je découvris Aria, près de la fenêtre, qui trafiquait quelque chose.

Fronçant les sourcils, je vis qu'elle installait des détecteurs infrarouges, achetés plus tôt dans la petite boutique de l'école.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Ça se voit, non ? Je transforme ton appartement en forteresse.

- Arrête ça !

- Pourquoi es-tu aussi étonné ? C'est ce que font tous les Butei. C'est la base de la base pour un garde du corps, non ? Je vais installer tout un tas d'alarmes afin de repérer tout suspect qui s'approcherait du client. Par chance, comme tout est cassé, on trouve facilement des endroits où les placer.

- C'est toi qui a tout cassé.

- OK. Maintenant, le haut de la fenêtre.

Ignorant avec splendeur mes protestations, Aria tendit les bras afin d'installer une alarme sur la fenêtre, au-dessus de l'étagère. Mais, elle n'arrivait à l'atteindre du haut de ses 1m42 et se mit à sauter en poussant de petits cris jusqu'à ce qu'un plat en métal qui se trouvait là lui tombe en plein sur la tête. Bien fait pour toi.

Une voix nous parvint depuis l'entrée———

- D-Désolé du d-dérangement... balbutia Shirayuki en pénétrant dans l'appartement.

Elle enleva ses petites chaussures qui faisaient parties de l'uniforme Butei et les aligna avec soin, faisant voleter autour d'elle ses longs cheveux noirs et lisses qui brillaient avec l'éclat d'un diamant.

Puis, elle s'inclina profondément devant moi, dans une courbette d'au moins 90°.

- P-Prends soin de moi à l'avenir. Je m'appelle Shirayuki Hotogi.

Je le sais bien.

- Je suis encore inexpérimentée, pardonne d'avance mes erreurs !

- On se connait depuis longtemps... pourquoi es-tu aussi nerveuse ?

- Ah... C'est l'idée de v-vivre dans l'appartement de Kin-chan qui me fait paniquer...

Shirayuki eut un petit rire stressé.

Paniquer ?

Tu ne te rappelles pas avoir fait irruption ici avec tes sabres la dernière fois ?

- Hum, comme je viens de déménager, je vais faire le ménage. En plus, c'est un peu de ma faute si tout est dans cet état.

Shirayuki s'avança dans l'appartement et... dévisagea d'un regard malsain Aria - qui à présent installait une caméra sur la fenêtre de la cuisine.

- Fufu~ Et puis, je dois aussi m'occuper des gros déchets.

Elle tourna vers moi son habituel visage souriant, mais sa jolie voix résonnait dans ma tête.

... No comment.

Cependant...

Me rappelant le piège mortel qu'elle avait installé dans le casier d'Aria, je préférais l'avertir :

- ... Arrête avec les cordes à piano, c'est compris ?

Shirayuki arrondit ses yeux aux longs cils.

- Les cordes à piano ? Qu'est-ce que tu veux dire ?

... C'est ça, fais semblant.

Baah. Il valait mieux pour moi que j'évite de me mêler de leur conflit à l'avenir.

Après tout, je tenais à la vie.


Contrairement à Aria - jeune fille noble qui n'avait pas effectué une seule tâche ménagère de sa vie - Shirayuki était une vraie déesse du nettoyage.

Je pensais que mon appartement avait atteint un état qu'il était maintenant impossible de régler, mais elle ramassa avec soin tous les déchets, passa l'aspirateur dans de grands gestes, appliqua du mastic sur le sol et les murs afin de combler les trous de balle, changea le tapis... Et en un peu moins de trois heures, l'appartement était à nouveau comme neuf

Elle alla même jusqu'à créer un magnifique bouquet avec des gypsophiles qu'elle avait fait poussé dans la serre.

- ... Impressionnant... murmurai-je.

J'installai près du mur la commode en bois de paulownia que Shirayuki avait laissé dans le hall du dortoir.

Quand j'avais proposé de l'aider à nettoyer, elle m'avait rétorqué « Je ne te laisserai jamais faire une chose pareille ! » avant de se mettre au travail. C'était donc la seule chose que j'avais trouvé à faire pour l'aider.

... Soudain.

Aria, voyant que Shirayuki entrait dans la cuisine, courut jusqu'à moi à petit pas.

- Kinji. Tu as pensé à vérifier la commode ? Elle pourrait contenir des choses dangereuses...

- Comment ça des choses dangereuses ? Ce sont les affaires de Shirayuki.

- Quelqu'un aurait pu mettre quelque chose à l'intérieur pendant le déménagement, tu ne penses pas ?

- Tu sais quoi —— Ça s'appelle de la paranoïa.

- Loi de Butei, article 7 : « Préparez-vous avec pessimisme, agissez avec optimisme. ». Je suis occupée là, je dois installer des lignes de sécurité sur la véranda. Alors dépêche-toi d'inspecter la commode ou ça va être le festival des trous de balle pour toi.

C'était quoi ce festival...

- ... Très bien, très bien.

- Pas la peine de le répéter deux fois !

Avant de sortir sur la véranda, une boite à outil dans les bras, Aria me lança un dernier regard meurtrier...

N'ayant pas vraiment le choix, je décidai de vérifier l'intérieur de la commode.

… À tous les coups, il n'y allait rien avoir de dangereux à l'intérieur.

J'ouvris un des tiroirs et ne vis que du maquillage et autres cosmétiques.

Je tirai vers moi un autre tiroir et———

- …?

Découvris tout un tas de petits sacs bizarres.

Ils étaient gonflés, de couleurs différentes et serrés les uns contre les autres. On sentait qu'ils avaient été rangés avec soin, comme des bonbons. De petits rubans les maintenaient fermés.

- …?

Les sacs étaient séparés en deux compartiments, dont le nom était marqué sur des petites planches en bois : « normal » et « compétition ». Les « normaux » étaient d'un blanc éclatant. Les « compétitions » étaient noirs.

« Compétition » ——— ?

Est-ce que ça avait un rapport avec Butei ?

À cette pensée, je saisis un des sacs suspects.

Vu comme il brillait, il devait être en 100% soie. Au toucher, il semblait aussi fin qu'un fil.

En l'ouvrant, je découvris une pièce de vêtement rectangulaire, recouverte d'une magnifique dentelle.

Par endroit, elle était presque transparente. Des deux mains, je la dépliai...

- …!

Bam !

Je la remis dans le sac noir et refermai le tiroir à toute vitesse.

Il y avait bien ici...

Des choses dangereuses.

Pour être plus précis, des choses dangereuses pour moi.

Dans tous... dans tous les petits sacs de ce tiroir... Il y avait des sous-vêtements !

Plus important——— Mon frère m'avait pas mal appris quand il était encore en vie, je savais donc——— Ces strings, ces culottes taille basse, c'était même de la lingerie fine, destinée aux adultes.

C-Cette Shirayuki.

Cette Yamato Nadeshiko toujours modeste, toujours polie... Portait ce genre de sous-vêtements ?

Maintenant que j'y pensais, le jour où j'avais malencontreusement aperçu ses seins, elle portait un soutien-gorge noir, ce que j'avais trouvé étrange pour la jeune fille parfaite qu'elle était...

B-Bon.

Calme-toi, Kinji.

Si tu rentres en Hysteria Mode dans une telle situation... tu ne seras rien d'autre qu'un pervers !

- Ah, Kin-chan ! Je suis désolée, tu as monté la commode alors que c'était mes affaires...

Entendant une voix dans mon dos, je me retournai d'un bond.

Shirayuki s'était approchée de moi sans que je ne m'en aperçoive. Elle enlevait avec enthousiasme la paire de gant couleur crème qu'elle portait et nouait autour de sa taille un tablier à dentelle, par-dessus son uniforme. Apparemment, la prochaine étape de son grand nettoyage allait être de faire la cuisine.

- Ah, je, non. Ce n'est rien. Je t'aide juste pour les travaux physiques.

- Merci beaucoup, Kin-chan... Comme je le pensais, tu es très fort. Tu es bien un garçon.

Ses yeux se plissèrent de bonheur. Apparemment, elle n'avait pas vu ce que je venais de faire.

Cette jupe, ce tablier———

Je ne pouvais m'empêcher de poser les yeux sur ses splendides courbes, si féminines.

Contrairement à celles de cette pré-pubère d'Aria, les formes de Shirayuki étaient secrètement réputées auprès des étudiants.

D'après les dires des idiots qui l'avaient regardé en cachette lors de ses leçons de natations, Shirayuki en maillot de bain était au même niveau qu'une mannequin.

G-Gloups.

Je tentais de m'imaginer Shirayuki portant les sous-vêtements « compétition » que je venais de voir.

Elle n'était qu'une amie d'enfance, mais si je faisais une telle chose, j'étais fichu.

À cette pensée, instantanément———

- … Ah— … heu, oui. Aria va être ton garde du corps quelques temps. Je dois sortir un peu.

- Ah bon, où ça ?

- Bah... dehors, dehors. N'importe où.

- Ah... Très bien. Je suis vraiment désolé de t'avoir posé cette question. Je suis vraiment désolée.

Je voulais quitter cet endroit le plus rapidement possible. En m'entendant, Shirayuki s'excusa plusieurs fois.

Et à vrai dire, ça m'arrangeait qu'elle soit actuellement si obéissante. Si seulement ça pouvait durer...

N'ayant nul part de précis où aller, je décidai de tuer le temps au seul petit restaurant familial de l'île de l'Académie, le « Roxy ».

J'étais en train d'écouter le morceau que j'allais devoir jouer pour la cérémonie de fermeture du Adseard avec mon téléphone portable quand...

- Dis donc——— !

Pam.

Un petit poing serré me frappa.

Ôtant mes écouteurs, je levai la tête et découvris Aria, debout à mes côtés.

- Pourquoi es-tu en train de sécher tes obligations, Kinji !?

- Et bien... J'ai eu un petit problème. Qu'est-ce que tu fiches ici, toi ?

- Je profite de devoir acheter quelques petits trucs pour attraper en route un déserteur. J'ai une très bonne raison d'être ici.

Cling. Elle tira de sous sa jupe une paire de menottes argentées.

Des inscriptions latines étaient gravées sur celles-ci : c'était des menottes spécialement conçues pour les détenteurs de pouvoirs surnaturels.

Je me rappelai les avoir déjà vu dans un magasin ; leur prix était exorbitant. Et elle avait acheté ça...?

- Comment ça « déserteur » ? C'était à toi d'être la garde du corps.

- Reki s'occupe de la surveillance.

- Reki ?

- Je lui ai demandé. Elle la protège depuis un bâtiment voisin.

Aria s'assit en face de moi.

Reki.

Son véritable nom était inconnu.

C'était une jeune fille extrêmement mystérieuse. Elle était taciturne et son visage était sans expression. Elle semblait n'avoir aucun sentiment, bref, elle ressemblait à un robot——— Mais cette élève de Snipe nous avait aidé lors du détournement du bus.

Au niveau de ses capacités... Elle était de rang S depuis son arrivée au lycée, une vraie génie, mais passait la majeure partie de son temps à s'entrainer sur le toit de l'école tout en écoutant quelque chose avec son énorme casque. Elle était encore plus incompréhensible qu'Aria.

... Alors Reki allait être mêlée à cette histoire ?

Je l'imaginais observer continuellement Shirayuki à travers le viseur de son fusil.

- Mais bon, son aide ne sera que temporaire. Elle est très prise car elle représente le Japon au concours de tir de l'Adseard. Elle n'a que peu de temps à nous consacrer. Et puis, les tireurs d'élite ne sont pas fait pour des boulots de garde du corps. C'est pourquoi à partir de maintenant, nous devons, toi et moi, protéger soigneusement Shirayuki. Hello hello ? Tu m'é—cou—tes— !?

- A-Arrête de me tirer l'oreille ! Je t'écoute, j'étais juste en train de penser à Reki. Quoiqu'il en soit... Personne ne va s'en prendre à Shirayuki. On peut embaucher n'importe qui pour la surveiller.

- Prends ça plus au sérieux, Kinji. C'est une mission officielle.

- Au fait— Qu'est-ce qui t'as pris de vouloir tout à coup devenir la garde du corps de Shirayuki ?

Je posai enfin abruptement la question qui était sur mes lèvres depuis la veille. Aria———

Clic. Clic, clic, clic. Clic, clic.

... Se mit à cligner de l’œil gauche et droit successivement.

———C'était du code Winking.

Un code que les Butei utilisaient entre eux quand ils voulaient se communiquer des informations importantes que les autres ne devaient pas entendre.

Il se déchiffrait de la même façon que le morse...

———D-u-r-a-n-d-a-l-n-o-u-s-é-c-o-u-t-e-a-t-t-e-n-t-i-o-n.

Durandal nous écoute, attention ?

Qu'est-ce que ça voulait dire ?

Aria me fit signe d'approcher. À contrecœur, je me penchai vers elle par-dessus la table et tendis l'oreille——— jusqu'à être assez proche pour sentir son souffle. Elle se mit à parler en chuchotant.

Et merde... Même son souffle sentait bon, une douce odeur sucrée.

- Durandal——— est une des personnes à cause de qui ma mère a été condamné à tort. C'est lui, l'expert en armes blanches dont je t'ai parlé lors de ton entraînement. Si je l'attrape, la peine de ma mère pourra être baissé à 635 ans et peut-être même pourra-elle passer une nouvelle fois devant la Court Suprême.

Aah~

Je comprenais mieux.

C'était donc ça ses raisons.

Maintenant que j'y pensais, elle avait complètement changé dès qu'elle avait entendu le professeur prononcer le nom de Durandal.

Et, alors que tout commençait à devenir clair———

Mon portable se mit à sonner, comme si quelqu'un avait véritablement écouté notre conversation.

- ...?

Je tirai le léopon vers moi pour regarder l'écran du téléphone———

Pfff~ Ce n'était que Shirayuki.

- .... Allô ?

- Kin-chan ? Le repas est bientôt prêt. J'ai fais de la cuisine chinoise.

- Aah. Très bien. Je rentre tout de suite.

- Hum. Mais attends. Si tu es avec un ami ou quelqu'un d'autre, tu n'as pas à te dépêcher.

- Heu...

Elle allait sûrement se mettre encore en colère si elle apprenait que j'étais avec Aria.

- Non, je suis tout seul. Je rentre tout de suite.

- Hé, je suis là moi !

- Ki... Kin-chan ? J'ai cru entendre la voix d'Aria...

Arg.

Cette fille ne comprenait vraiment rien à rien.

- Ah, heu—— Oui, Aria vient d'arriver.

- Qu'est-ce que tu racontes ? Ça fait un moment qu'on parle tous les deux. T'es bête ou quoi ?

- ... Kin-chan———

La voix de Shirayuki était devenue tout d'un coup terrifiante.

Clac.

J'entendis le bruit d'un radis - ou de quelque chose d'autre - tranché avec un couteau.

- ... Pourquoi me mens-tu ?

C-C'était quoi cette voix de film d'horreur !?

- Je— Oui, oui ! Je rentre tout de suite !

Je fermai le téléphone d'un claquement sec et me mit à tirer violemment les deux couettes d'Aria.

Elle poussa un cri aigu, bizarrement féminin, et ma colère se dissipa légèrement.

Jusqu'à ce que, quelques secondes plus tard, elle m'enfonce son pied dans le visage.


À notre retour dans l'appartement, la table à manger était pleine à craquer de plats chinois.

Des crevettes au chili, du riz cantonnais, du porc aigre-doux, des gyôzas, des petits ramens, des abalones avec une sauce à l'huitre, etc... Un vrai festin, d'autant plus qu'il n'y avait que des plats que j'aimais [1].

Shirayuki, toujours en tablier, entra dans la pièce, un plateau avec du thé au jasmin dans les mains. Elle le posa sur la table et resta gentiment debout à mes côtés.

Quand elle me vit me tourner vers elle, elle arrangea sa frange avec soin.

- V-Vas-y, mange. J'ai préparé tous ces plats spécialement pour toi.

Elle avait l'air de m'autoriser à commencer à manger et je décidai donc de m'attaquer en premier au porc aigre-doux...

Hum~ La viande était délicieuse. Parfaitement cuisinée.

Le profond goût aigre-doux semblait envelopper complètement ma langue.

Shirayuki était vraiment divinement douée en cuisine.

Aria - elle - avait essayé de faire des œufs au plat mais n'avait réussi au final qu'à faire cuire une sorte de pâte jaunâtre. La différence de niveau entre elles deux était équivalente à celle qui séparait le ciel de la terre... Non, qui séparait la fosse du Japon [2] de la stratosphère.

- E-Est-ce que... c'est bon ?

- Délicieux.

Shirayuki, visiblement extrêmement heureuse de ma court réponse, dissimula le bas de son visage derrière le plateau à thé.

Apparemment en plein fantasme, je l'entendis murmurer « ... je suis ravie, mon chéri... ». Non mais qu'est-ce qu'elle racontait ?

Quoi qu'il en soit...

Peu importe à quel point la nourriture était bonne, je ne pouvais pas manger à mon aise si quelqu'un me regardait de la sorte pendant tout le repas.

- Allez Shirayuki, mange aussi. Tu n'as pas à t'occuper toujours aussi bien de moi.

- M-Mais c'est... pour toi... Kin-chan...

- Ne me contredis pas.

- ... D-Désolée.

Elle s'assit avec un petit rire embarrassé.

De l'autre côté de la table... Aria grinçait des dents, les bras croisés.

- Et ? Pourquoi est-ce que moi, je n'ai rien à manger ?

- Voilà ta part, Aria.

Pam.

Le ton de Shirayuki ne laissait supposer aucune réplique. Elle posa un bol devant Aria.

Le bol était remplie de riz blanc. Une paire de baguettes étaient posées dessus. Même pas encore séparées.

- C'est quoi ce délire !?

- Si ça te pose un problème, démissionne.

Shirayuki détourna la tête avec un air suffisant et Aria grinça des dents———

Mais cela ne l'empêcha pas au final d'avaler tout le riz par grosses bouchés.

2.[edit]

Dimanche.

Aria et moi étions en train de nous disputer férocement le programme que nous allions regarder à la télévision : je voulais voir une pièce de théâtre occidentale tandis qu'Aria voulait elle regarder un film de deux heures sur des animaux bizarres venus de l'espace. Furieux, nous avions collés nos fronts l'un à l'autre quand...

Shirayuki pénétra dans le salon. Elle avait dans les mains quelque chose qui ressemblait à un paquet de cartes.

- Kin-chan ! Heu, je... Ce sont des cartes de divination miko...

- ... Des cartes de divination... miko ?

- Oui, je peux prédire ton futur si tu veux. Tu voulais connaître ton avenir, non ?

- Huuum... OK, je veux bien.

Les prédictions de Shirayuki se révélaient souvent exactes, je n'avais rien à perdre à l'écouter.

Aria était – du moins biologiquement parlant – une fille. De ce fait, elle était comme chacune d'entre elles très intéressée par toutes ses choses qui touchaient à la « divination ». Curieuse, elle alluma le magnétoscope afin d'enregistrer son film sur les animaux, puis s'approcha de la table.

Dis donc, c'était pas la peine de piquer une crise si tu pouvais l'enregistrer—

- Kin-chan, que veux-tu que je prédise ? Amour ? Argent ? Amour ? Ou alors la santé ? Amour, je peux aussi.

- Et bien... Dis-moi ce que je vais devenir dans quelques années.

Tsss. Shirayuki laissa échapper un petit bruit exaspéré qui se transforma bien vite en une rire angélique. « Très bien », dit-elle.

Elle disposa les cartes sur la table pour qu'elles forment une étoile et en retourna quelques-unes au hasard.

Allais-je... parvenir à commencer une nouvelle vie ?

Allais-je réussir à entrer dans une école normale et à trouver un travail normal dans un bureau ou une entreprise normale ?

Je voulais vraiment connaître mon futur. Et j'étais même prêt à utiliser la divination pour ça.

- Alors ?

En entendant la question d'Aria, je tournai les yeux vers Shirayuki... Celle-ci semblait être en pleine concentration.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Hein, ah... Rien. Ton bonheur... sera total. C'est génial, Kin-chan.

- Quoi, c'est tout ? Tu n'as rien appris d'un peu plus « concret » ?

- Hum, tu... Tu vas épouser une jeune fille aux cheveux noirs. Mais qu'est-ce que...

Je trouvais superficiel le sourire qui étirait les lèvres de Shirayuki.

Quoi ?

Qu'est-ce qu'elle avait venait de découvrir ? Je veux savoir !

- Bon, maintenant, c'est mon tour !

Aria, impatiente, se pencha sur la table et mélangea les cartes, mettant abruptement fin à ma divination.

Puis, elle tendit les cartes à Shirayuki en la pressant de lire son avenir.

- Je n'ai pas besoin de te dire ma date de naissance, pas vrai ? Je suis Vierge.

- Ah bon~ Ça ne te va pas bien.

Aria se leva d'un bond en entendant Shirayuki, mais se rassit bien vite sans rien ajouter d'autre, attendant les résultats des cartes.

À contre cœur, Shirayuki aligna les cartes et en tira une.

- Ton futur... Non, ça ne mérite même pas qu'on en parle.

Débarrassée, elle se mit à rassembler les cartes.

Ce n'était pas une divination, ça. Clairement pas.

- Attends un peu ! Fais ça avec un peu plus de sérieux ! Tu es une miko, non !?

- Tu te plains de mes prédictions... ! C'est impardonnable, vraiment !

- Tu veux te battre !?

Elles se lançaient des regards assassins.

Mon dieu.

- Tu veux te battre avec moi ? J'accepte. Les Hotogi m'ont interdit d'utiliser mon pouvoir, mais il me reste encore une botte secrète.

- Moi aussi j'ai une botte secrète... Heu, non ! J'en ai même deux !

- J'en ai trois !

- Alors j'en ai quatre !

- Cinq !

- J'en ai plus !

- Aah— Ça suffit ! Vous vous disputez même pour de la divination !

Aria s'était levée d'un bond en voyant le regard hautain que lui lançait Shirayuki sous sa frange.

Empêcher la guerre était une attitude adoptée par la communauté internationale, n'est-ce pas ?

Je saisis leurs mains avant qu'elles n'aient eu le temps de s'empoigner.

- Tssss !

Aria... tira la langue et quitta la pièce en pestant, furieuse.

Quelques instant plus tard... Didididi. Elle devait sûrement inspecter la pièce dans laquelle elle se trouvait à présent à l'aide de l'espèce de radio qu'elle était allée emprunter à Connect plus tôt, afin de vérifier que des signaux électriques suspects ne s'y trouvent pas.

Après m'être gratté l'arrière de la tête... je me tournai vers Shirayuki.

Celle-ci laissa échapper un soupir de soulagement.

- Je n'aime pas parler dans le dos des gens, mais...

Elle se mit à ranger les cartes.

- Même si Aria est une jolie fille, elle est vraiment trop aggressive. Et puis, elle ne te comprend pas du tout. Elle est toujours si insolente avec toi. Les garçons disent tous qu'Aria est mignonne mais moi... Je la déteste.

Elle avait tout prononcé d'une traite.

... C'était la première fois de ma vie que j'entendais Shirayuki critiquer quelqu'un.

Elle leva les yeux vers moi.

Je vois... Elle attendait certainement que je critique aussi Aria.

- Aria...

Hum—

Je venais de remarquer quelque chose concernant Shirayuki et Aria.

Mais mieux valait enquêter un peu avant d'en parler.

- Dis-moi... Est-ce que... tu détestes vraiment Aria ?

- ... Quoi ?

- Non, comment dire... Tu viens tout juste de parler plutôt méchamment d'Aria, n'est-ce pas ? Alors que j'étais là. Alors... Peut-être que je me trompe mais... j'ai l'impression que c'est la première fois que je te vois véritablement exprimer tes sentiments.

- ...

- J'ai l'impression que la Shirayuki qui fait face à Aria est davantage la véritable Shirayuki que celle qui s'oppose à moi ou aux autres... Hum... Enfin, je préfèrerai que vous ne n'ayez pas à vous disputer, mais elle te permet d'exprimer un autre côté de ta personnalité, non ?

Shirayuki avait toujours été une fille obéissante.

Ce trait de caractère était plutôt une qualité. Socialement parlant.

Tout le monde avait une haute opinion de Shirayuki. Les professeurs - qui ne l'avaient jamais vu entrer en mode Miko Armée - l'adoraient, naturellement. Et parmi les élèves, c'était la même chose, tout le monde l'appréciait.

Cependant, être toujours obéissante——— avait ses défauts.

Du moins, selon moi.

Car personne ne se souciait de ce que pensait réellement Shirayuki.

Et j'avais l'impression que ce n'était que quand elle s'opposait à Aria qu'elle pouvait exprimer ses véritables sentiments.

Ou peut-être que j'étais juste en train de tout inventer...

- ... Kin-chan...

Après un petit silence, Shirayuki se mit à parler, la tête penchée en avant.

Derrière sa frange, ses yeux aux longs cils étaient baissées.

- Tu me connais... vraiment très bien.

- ... Baaah, c'est parce qu'on se connait depuis tout petit. Enfin, presque.

- Tu me connais... mieux que je ne me connais moi-même.

Sa voix s'était faite légèrement plus douce.

Je crus qu'elle allait s'assoir... mais elle s'approcha de moi, nonchalamment.

- Aria... a pénétré de force dans notre monde à tous les deux. Comme une balle de pistolet.

De quel monde parlait-elle ? Mais je ne dis rien afin de ne pas lui couper la parole.

- Elle m'a affronté avec courage alors que je me battais de toutes mes forces——— Sans reculer d'un pouce. Tu as raison, Kin-chan. Je déteste Aria de tout mon cœur mais d'un côté... je trouve que c'est une fille vraiment extraordinaire.

Et bien...

Comme je le pensai, ce n'était pas qu'une simple haine. Ses sentiments étaient beaucoup plus complexes.

- Et c'est pour ça... même si elle est charmante... je ne la laisserai pas te prendre.

- ... Comment ça me « prendre » ? Je te l'ai déjà dit, tu sais. Aria et moi ne faisons que former une équipe de Butei temporairement. Dès que le boulot sera terminé, je pourrai lui dire « bye bye ». Ce n'est pas une amie d'enfance comme toi.

- Oui—— D'enfance.

Son visage s'éclaira. Sans que je m'en aperçoive - peut-être connaissait-elle des techniques secrètes de déplacement ? - elle se trouvait maintenant assise juste à côté de moi.

H-Hé ! Nos épaules vont se toucher ! Non même pas, elles se touchent !

- Kin-chan, tu me connais depuis tellement longtemps. Et cela me rend si heureuse. Je me souviens de tout - de tout - ce que tu as fait pour moi à l'époque où je n'avais pas le droit de sortir du sanctuaire Hotogi... dit-elle à voix basse.

Elle pencha doucement la tête vers moi.

Ses cheveux, aussi fins que des fils de soie, tombaient sur mon épaule.

Je sentis une douce odeur d'herbes aromatiques.

- Ah—— ... C'est vrai, je me souviens aussi.

J'avais quatre, cinq ans à cette époque. Je vivais à Aomori à cause du travail de mon frère.

Et en bordure de la ville——— Au sanctuaire Hotogi, j'avais fait la rencontre de Shirayuki.

À cette époque, on avait strictement interdit à Shirayuki de quitter le sanctuaire. C'était une enfant très protégée.

Pour cette raison, elle était très timide face aux personnes qu'elles ne connaissaient pas. Elle était complètement terrorisée la première fois qu'elle m'avait rencontré mais, petit à petit, elle s'était ouverte et m'avait laissé jouer avec elle et les autres petites mikos du sanctuaire Hotogi.

- J'étais si heureuse... le jour où nous sommes allé voir ensemble le feu d'artifice...

Doucement, elle avait posé la tête sur mon épaule, perdue dans ses souvenirs.

- Ce jour-là, tu étais si pressé d'aller voir les feux d'artifice en ville... que tu étais venu me chercher pour qu'on y aille ensemble. J'avais quitté le sanctuaire avec toi. C'était la première fois que je faisais une telle chose. De toute ma vie.

- Aah— ... Ça ? Oui, je m'en souviens.

Ce soir-là, j'avais été durement réprimandé par les adultes et Shirayuki n'avait plus eu le droit de quitter la maison.

- Mais même si tu t'étais fait disputé, tu es revenu jouer avec moi.

- C'était à cause du travail de mon frère. Il n'y avait pas d'enfants de mon âge dans le quartier où je vivais.

À quoi jouions-nous déjà à cette époque ? Un jour, j'avais voulu faire une partie de football mais toutes les petites mikos avaient refusé. On ne faisait que faire de l'origami, jouer au papa et à la maman et à « Kagome Kagome » [3].

——— Ka~gome, Ka~gome. L'oi~seau dans sa ca~ge———

Je me souvenais encore de cette chanson.

Et aussi que mon grand frère, prit de pitié pour Shirayuki et ses petites amies, les avaient surnommé « les oiseaux en cage ».

3.[edit]

Assis au dernier rang du « comité d'organisation de l'Adseard », je pensais à Aria.

Ces derniers temps, celle-ci travaillait extrêmement dur afin de récolter des informations sur Durandal et faisait toujours trois choses en même temps. Même la nuit, elle sautait sur ses pieds au moindre petit bruit suspect, ses pistolets dégainés, regardant autour d'elle... mais jusqu'à présent, aucun ennemi n'avait fait son apparition. Et le stress de devoir vivre avec Shirayuki - qui était pire qu'une belle-mère – faisait qu'elle était d'une humeur massacrante la plupart du temps.

- ... Hotogi-san, j'aimerais vraiment te voir participer au Aru=Kata de la cérémonie de fermeture.

- Oui. On t'avait même réservé une place dans le groupe.

Le lycée Butei était un lycée comme les autres. Il avait son conseil des étudiants.

Mais seules les filles avaient le droit d'en devenir membre.

Cette règle avait été créé depuis qu'une bataille avait éclaté entre les garçons et les filles du conseils suite à un conflit au niveau de la répartition du budget. Cette école était vraiment désespérée...

Le « comité d'organisation de l'Adseard »... n'était composé que de membres du conseil des étudiants.

Alors pourquoi étais-je actuellement en train de m'ennuyer dans un endroit aussi dangereux - c'est à dire rempli de filles - que le conseil des étudiants ? Tout simplement parce qu'Aria m'avait ordonné de rester aux côtés de Shirayuki pour la surveiller.

- Tu es super jolie, Shirayuki. Je suis sûre que tu plairais aux médias.

- Je suis entièrement d'accord— Tu vas valoriser tout le lycée Butei, non, tout le système Butei !

- En plus, c'est toi qui a inventé la chorégraphie... Tu n'auras aucun mal à faire le Aru=Kata, pas vrai ?

Je levai la yeux vers Shirayuki - présidente du conseil des étudiants - en entendant les autres filles.

- T-Très bien. Mais, je——— Trouvez-moi une place à l'arrière, s'il vous plait.

Shirayuki croisa mon regard - avec lequel je tentai de l'implorer silencieusement de mettre un terme au plus vite à cette réunion. Tous les sujets importants avaient été évoqué, les autres n'étaient que des formalités.

Et comme par télépathie...

- ... Bien. Comme il est presque l'heure, je pense que nous pouvons nous arrêtez ici pour aujourd'hui.

Elle avait parlé d'une voix claire, comme elle en avait l'habitude.

Dans ces moments-là, elle avait une façon de s'exprimer qui inspirait vraiment la confiance.

Si Aria avait une voix de doubleuse, Shirayuki avait celle d'une journaliste.

Je me levai de ma chaise en baillant bruyamment.

Au même moment, les jeunes filles se rassemblèrent en piaillant. La réunion était pourtant terminée...

- ... Dîtes, ça vous dirait d'aller à Daiba ?

- Oh, bonne idée !

- Je viens avec vous ! Il paraît que le magasin Marui a été rénové.

- Il me faut des minijupes pour l'été— !

- Je viens de me souvenir ! C'est aujourd'hui que les leaf pie (1) au sucre d'Estella sortent en édition limitée !

- Dis donc, tu fais passer ton appétit avant ton sex appeal ! Pas étonnant que tu ne plaises pas aux garçons !

« Ahahah ! Elle t'a eu—— ! »

Oui.

Vous êtes vraiment toutes très mignonnes...

« Ce n'est pas vrai—— ! »

Mais vous ne plaisez pas aux garçons car vous dissimulez des pistolets sous vos jupes. Vous devriez le savoir.

- Tu viens aussi, Hotogi ? On pourrait essayer de trouver des vêtements pour l'été— ?

Shirayuki revint à elle en entendant la question qu'une première année venait de lui poser.

- Ah, je dois rentrer. J'ai encore quelques devoirs à faire en SSR et je dois préparer un guide pour le Adseard...

Elle répondit en baissant les yeux.

- Pas étonnant que tu sois présidente. Tu travailles si dur...

- Hotogi-san ne connait pas le mot « fatigue ».

- Une vraie superwoman... !

Les jeunes filles complimentaient Shirayuki sans aucun sarcasme ; elles la respectaient sincèrement.

Mais———

Je trouvais qu'une sorte... Qu'une sorte de fossé infranchissable les séparaient.


Je marchai aux côtés de Shirayuki, baigné dans la lumière du soleil couchant.

Comme la salle utilisée pour les réunions du comité et le dortoir des garçons n'étaient pas très éloignés, nous pouvions rentrer à pied.

L'idée de devoir rentrer seul avec une fille ne me plaisait pas trop mais... j'étais son garde du corps, je n'avais pas le choix.

Et puis, Aria m'aurait certainement percé de trous si elle m'avait vu rentrer seul.

- J-J'étais vraiment nerveuse aujourd'hui, parce que tu étais là. C-Comment... tu m'as trouvé ?

Shirayuki tenait son cartable à deux mains devant elle. Elle avait parlé d'une voix timide, mais tout dans son visage montrait qu'elle était ravie de pouvoir rentrer de l'école avec moi.

- J'ai vu qu'elles te respectaient toutes. C'est une bonne chose, répondis-je avec franchise.

Shirayuki devint aussi rouge qu'une pivoine et baissa les yeux.

- ... Il... Il m'a... c-complimenté... dit-elle à voix basse.

Hé, regarde devant toi.

Ah— Tu vois ! Tu viens de te prendre un poteau électrique.

- Au fait, est-ce que tu vas participer au Aru=Kata ? Elles t'ont toutes demander de le faire.

- J-Je ne peux pas participer. Pour être pom-pom girl, il faut être jolie et extravertie. L'image du lycée Butei va en prendre un coup si une fille aussi terne que moi y participe.

- Tu sais... Tu devrais arrêter d'être aussi modeste. Il suffit d'être extravertie sur scène pour être une bonne pom-pom girl. Et puis, tu pourrais même le devenir pour de vrai. Tu reprendrais confiance en toi si tu dansais devant autant de monde

- Mais...

- Ne me dis pas que tu flippes——— à cause de cette histoire de Durandal qu'ont raconté les Masters ? Ce gars n'existe pas, il ne va pas te tirer dessus.

- Oui... je sais. Durandal... n'existe pas. Mais je ne peux pas.

- Pourquoi ?

- Les Hotogi... ne seraient pas d'accord.

Les Hotogi.

Elle désignait par là le sanctuaire Hotogi———

C'est à dire, sa famille.

- Pourquoi seraient-ils énervés ?

Comme ce n'était pas la première fois que je l'entendais dire une telle phrase, je soupçonnais la suite...

Les Hotogi avaient laissé Shirayuki entrer dans un lycée à Tôkyô, mais elle devait en échange respecter un certain nombre de règles.

Sous prétexte qu'elle venait d'une bonne famille, c'était toujours « fait pas ci », « fait pas ça »...

- Je n'ai pas le droit——— de me montrer devant autant de personnes, répéta-t-elle.

Elle refusait obstinément, sans me donner d'explication.

La situation semblait bloquée.

- Tu as refusé d'aller à Daiba avec les autres filles du comité tout à l'heure. Ça aussi, c'était à cause des Hotogi ?

Je lui avais posé cette question, certain qu'elle allait me contredire———

- Oui.

- Q-Quoi ?

- Je n'ai pas le droit——— d'aller autre part qu'à l'école ou au sanctuaire.

Je... J'y crois pas.

Même si c'était sa famille, l'interdir de sortir...

C'était trop horrible... Au point d'en être une violation des droits de l'homme, non ?

Alors que j'allais répliquer quelque chose, Shirayuki———

- Les miko Hotogi... sont des Mikos Armées. De leur naissance à leur mort, elles appartiennent corps et âmes au clan Hotogi.

J'avais l'impression qu'elle se parlait à elle-même.

- Depuis des générations... nous sommes des mikos chargées de servir toute notre vie le sanctuaire Hotogi. Il en est ainsi. Bien sûr, nous pouvons nous rendre dans d'autres sanctuaires en cas de besoin et nous faisons notre éducation obligatoire... mais c'est tout. Pour aller au lycée Butei, j'ai dû batailler extrêmement, extrêmement dur...

- Mais tu es parti. Ce n'est plus la peine de suivre sagement toutes leurs règles comme une gentille fille. Tu es une lycéenne maintenant.

- ...

- Ne fais pas la cuisine pour nous ce soir. Va plutôt t'acheter des vêtements avec tes copines.

- Non, ce n'est pas la peine. Je... L'extérieur... Me fait peur.

Shirayuki détourna les yeux.

- Tu as peur de quoi ? De Marui ? Ce n'est qu'un magasin de vêtement.

- Depuis que je suis toute petite, je n'ai jamais quitté l'école des mikos...

L'école des mikos.

Une sorte d'école de théologie. Seules les filles des puissants sanctuaires shinto avaient le droit d'y être pensionnaires.

- J'aimerais... sortir, rien qu'une fois, pour faire des courses ou acheter à manger... Mais je n'ai pas assez confiance en moi pour être avec d'autres personnes à l'extérieur.

- ... Confiance ?

- Tout ce qui leur semble si naturel, je n'y connais rien. Je n'arrive pas à suivre les discussions qui ne sont pas liées à l'école... Je ne sais pas quels vêtements porter... Je ne connais rien aux gâteaux, à la musique, à la télé... aux modes. Nous ne pouvons pas nous comprendre.

- Shirayuki...

- Mais ça ne fait rien. J'ai Kin-chan. Et Kin-chan me comprend. Tu m'as toujours connu telle que je suis vraiment. Alors ça ne fait rien. Je n'ai besoin de personne d'autre.

Shirayuki...

Shirayuki.

Tu...

Tu n'as vraiment... pas changé depuis ton enfance.

Tu as quitté le sanctuaire Hotogi et pourtant... tu restes encore———

Un oiseau en cage.


Ce soir-là, je pris une douche, m’essuyai, enfilai un pantalon et éteignis la lumière de la salle d'eau.

Toujours torse nu... je regardai ma montre.

Il était déjà dix heures.

Maintenant que j'y pensais, Aria n'était toujours pas rentrée...

Elle avait sûrement dû recevoir un mail de Lezzad lui demandant de venir et devait encore être en train de chercher des informations sur Durandal.

Depuis que nous étions devenus les gardes du corps de Shirayuki, nous ne pouvions plus nous entrainer le matin. Afin de combler ce manque, Aria m'avait déclaré « À partir de maintenant, je vais t'attaquer par surprise ! » et c'est vraiment ce qu'elle faisait assez fréquemment.

Évidemment, je ne maitrisais toujours pas le Edge Catching et mes bosses ne faisaient que se multiplier.

J'essuyai mes cheveux avec une serviette, plongé dans mes pensées, quand———

Tap, tap, tap.

J'entendis des bruits de pas dans le couloir.

Ils semblaient... paniqués.

- ...?

Qu'est-ce que c'était ?

Je me tournai vers les rideaux qui séparaient la salle d'eau de la salle de bain———

- ... Kin-chan !? Qu'est-ce qu'il y a !?


Shlaaash !


Et les rideaux——— s'ouvrirent en grand !

La personne qui venait de les ouvrir... était Shirayuki, en tenue de miko.

Bizarrement, elle changea de couleur en me voyant et ouvrit de grands yeux ronds.

- Q-Que...

Je reculai d'un pas, surpris.

... Mais au fait.

Ce genre de situation...

Normalement ——— enfin, je ne sais pas si c'est vraiment normal ou pas, mais ——— les rôles devraient être inversés, non !?

Une seconde, plongé dans cette analyse stupide, je fus sur le point de m'énerver.

- Qu'est-ce qui se passe tout à coup !?

- Heu... J-Je... T-Tu viens... de m'appeler...

- ... De t'appeler ?

- T-Tu me disais... de venir immédiatement... et tu as raccroché...

- Je ne t'ai jamais appelé— !

- Je suis sûre que c'était toi, Kin-chan. Même si c'était un appel masqué——— Tu as même dit « Je suis dans la salle de bain » !

J'y crois pas.

Elle a totalement halluciné.

- Comment aurais-je pu t'appeler alors que je prenais une douche ! C'est quoi ce délire !?

- M-M-Mais... T-T-Tu...

Shirayuki sembla enfin remarqué que j'étais torse nu. Ses yeux glissèrent de mon visage à mon cou, mon torse, mon nombril...

Et plus son regard descendait, plus son visage pâle devenait écarlate.

... Hfff.

Elle se mit à prendre de grandes respirations, comme si elle hyperventilait.

- Je !

Je ?

- Je suis désolée !!

Bam.

Shirayuki fit un bond surréaliste en arrière et s'aplatit dos contre le mur qui me faisait face.

Je pensais qu'elle allait s'assoir, mais elle rejeta en arrière ses manches et son hihakama, se jeta au sol———

Et se prosterna devant moi.

- Je suis désolée, je suis désolée, jesuisdésoléejesuisdésolée !

Recroquevillée sur elle-même, elle était si écarlate que de la vapeur d'eau semblait s'échapper sur le point de lui sortir des oreilles.

Elle leva vivement la tête, les yeux écarquillés comme des billes.

- ... Kin-chan, tu étais dans ton bain ! Alors je t'ai imaginé nu, c'est la vérité ! Je pratiquai le kidōjutsu, mais je n'arrivai pas à me concentrer, c'est la vérité !

- Je ne t'ai rien demandé !

- Et à cause de ces pensées, ma respiration a commencé à s'accélérer ! J-Je te supplie de me pardonner ! Shirayuki... Shirayuki est une mauvaise fille ! Je fais semblant d'être gentille mais——— je pense à des choses auxquelles je ne devrais pas penser, je suis mauvaise ! Je ne suis qu'une menteuse ! Une horrible... #$%& !

C'était mauvais.

- H-Hé...

Si elle continuait comme ça dans son délire, la Shirayuki légèrement bizarre allait devenir vraiment bizarre.

Je m'agenouillai devant elle.

- A-Allez. Ça ne fait rien, ça devait être un faux numéro. Ce n'est pas la peine d'implorer mon pardon de la sorte.

Je la réconfortai calmement...

Tout en me rapprochant d'elle, oubliant que j'étais toujours torse nu. C'était une grave erreur.

Shirayuki——— paf.

... se cacha les yeux derrière les mains.

Mais j’avais l'impression qu'elle observait mon torse à travers ses doigts...

Et...

- Match nul !

Encore une fois, le cri qu’elle venait de laisser échapper n'avait aucun sens.

Elle ôta les deux mains de son visage et je vis que celui-ci était toujours écarlate, comme si elle était fiévreuse.

À vrai dire, moi aussi je commençais à avoir chaud. Cette fille était pire qu’un chauffage.

- Un match nul ? Comment ça un match nul ? demandai-je.

Le résonnement stupide de Shirayuki se devait d’aboutir un résultat stupide.

- Si Kin-chan me voit aussi en train de me changer, nous serons à égalité !

- ... Quoi !?

Flap ! De la main droite, elle saisit le kosode blanc qui lui couvrait la poitrine.

Schalk ! De la main gauche, elle détacha le nœud du hihakama.

Elle commençait à retirer ses vêtements de miko———

Comme si elle ne pouvait pas supporter de rester habiller une seconde de plus !

- A-Attends ! Il n'y a pas à avoir d'égalité ! Ne te déshabille pas !

J'agrippai les vêtements de Shirayuki de toutes mes forces.

- Je vais me déshabillermedéshabillermedéshabiller— ! Tout va bien ! Ça ne me gêne pas que tu me vois, Kin-chan-sama ! Bien sur que tout va bien ! Ne t'inquiète pas— !

C-Comme si j'allais te laisser te déshabiller !

J'étais sûr d'entrer en Hysteria Mode si je la voyais avec ses sous-vêtements « compétition » de la dernière fois !

Je maintenais fermement son col et son hakama en place.

- Kin-chan, arrête ! Lâche-moi ! cria Shirayuki.

- Arrête de te débattre ! criai-je.

- Je suis rentrée ! cria Aria.

...

......


......... Aria ... ?

Oh. Merde.


Un sac en plastique, tombant des mains d’Aria, qui était revenu dans cette horrible situation de désespoir.

Un pain à la pêche Matsumoto vint rouler jusqu’à nous,

et toucha les chaussettes blanches de Shirayuki, alors qu’elle était toujours emmêlée avec moi.

-Venant de voir Aria, Shirayuki a immédiatement criée "Ahhhhh!" et remis le bas de ses vêtements de Miko.

--Ses yeux noirs étaient mouillées, et tout ses vêtements sur son torse étaient en pagaille.

---En plus de ça, j’étais toujours en train de tenir ses vêtements, torse-nu.


Et la touche finale était les mots que nous avions échangés plutôt. "Arrête, Kin-Chan ! Laisse-moi ! "

"Arrête de te débattre ! "

"…Toi… toi toi toi toi…"

  • rumble...rumble rumble rumble rumble*, la voix d’Aria était soudainement devenu celle d’un lion.

Click

Elle plongea ses délicates mains dans les côtés de sa jupe.

"Baka Kinji-------- !! "

Bang Bang !!

Sans aucune sommation, les pistolets noirs et argentés M1911 ont tirés des balles .45ACP!

"Woah ? "

Les balles qui ont été tirées à côté de mes pieds, ont soudainement ricochés dans ma direction.

Attends ! Attends, attends !

Je ne porte pas d’uniforme pare-balle, je suis nu !

"Je te laisse seul pendant un petit moment et qu’est-ce qui se passe ? Toi, toi ! Sale pervers !

Meurt !"

Bang ! Bang ! Bang Bang !Bang !

La voix d’Aria, accompagnée de balles, martela continuellement le sol à mes pieds.

"Attends ! Attends un moment ! Laisse-moi m’expliquer ! "

Je continuais d’esquiver en arrière, vu que les balles d’Aria saccageait le sol en face de moi.

"Espèce de bâtard ! Tu-es-vraiment-une-bête ! Insecte ! Microbe ! "

Bang ! Bang ! Bang Bang !

Les pistolets d’Aria faisaient continuellement feu vers moi, et touchaient le sol sous mes pieds avec un *Thud* !

Au final, j’étais acculé sur le balcon.

J-Je ne peux plus m’échapper plus longtemps !

Derrière moi se trouve la Baie de Tokyo !

"Toi, toi-toi-toi, après m’avoir brutalisée c’est au tour de Shirayuki !? Es-Espè-Espèce de gros pervers ! "

Click Click ! Les pistolets d’Aria sont de nouveaux pointés dans ma direction.

Qu-Qu’est-ce que je fais Kinji ?!

Même si je me cachais dans une de ces armoires, elle me jetteraient à travers la fenêtre !

"C-Ce n’est pas ce que tu crois Aria ! Ne le nie pas plus ! "

Entendant les mots étranges de Shirayuki, Aria fronça les sourcils et tourna la tête.

"Ni-Nié quoi ? "

Dis Aria, montrant ses canines. Shirayuki réponda,

"Kin-Chan ne m’aggressait pas ! Nous étions tous les deux consentant ! "

"Vo-Vous étiez tous les deux quoi ? "

"C’est vrai ! J’étais celle qui voulait se déshabiller ! Alors Kin-Chan n’a rien fait de mal ! "

"T-Tu voulais te déshabiller ! Q-q-q-q-qu’est-ce que vous foutiez !? "

Avec un "Heh ! ", Shirayuki arracha les pistolets de l’étreinte d’une Aria confuse.

Bi-Bien que ce que disait Shirayuki était un peu… Mais qu’importe, bien joué Shirayuki ! Continue comme ça !

"Ma-Mais--mê-mê-même si vous étiez consentant, ce n’est toujours pas OK !! "

Fu Fu Fu* Inspirant et expirant, l’Aria rougissante chargea dans les bras de Shirayuki, *Thud !*

Thud !*

Les deux tombèrent en arrière sur le sol.

"Ah ! "

"Kinji ! Ce-C’est interdit pour un garde du corps ! "

A crié Aria en montrant ses canines et en sautant de Shirayuki sur moi.

"S-si tu étais juste en couple ça serait OK! Ma-mais faire ce genre de truc avec le client... tu échoue entant que Butei! Tu échoue! T-t-tu échoue complètement!

Aria a criée avec une voie asser aigue pour briser la vitre.

"Je vais te faire des trous!"

Bang Bang Bang Bang Bang Bang!

Les pistolets dans ses main crachaient leurs feux vers moi!

"--!"

J'ai sauté en bas du balcon du dortoir des garçons, et utilisé le cable dans ma ceinture pour pendre en l'aire comme une araignée.

Je pendais d'un fil du destin... litéralement.

Je venais juste de pencer ça quand,

"Va te rafraichir! Je ne te lance pas de bouer!"

Bang!Snap!

Le cable qui me retenait fus coupé d'une balle d'Aria toujours entrain de crier, et j'ai tomber directement dans le filet de sécurité.

Splash!

Le temps que je comprenne ce qui se passait j'étais déja tombé dans la baie de Tokyo.

4.[edit]

Les garde du corps--

ne sont pas autorisé d'avoir une relation avec leur client.

C'est la base de la base, écrit noir sur blanc dans les livres d'assault.

La raison de cette règle est que si le garde du corps devient trop confortable avec son/sa cliente, il sera trop relaxé et en cas de situation d'urgence ses réactions seront faussé.

Cependant, ce travail a été offert seulement parce que les maitres sont surprotecteurs, et c'est plus comme jouer au garde du corps qu’un vrais travail.

Mais Aria, qui était devenue extrêmes agités quand elle a entendu le nom de Durandal, me faisais prendre ça très au sérieux et devint même fâché quand je n’ai pas atteint ses attentes. C’était vraiment énervant.

Donc.

Après l’incident avec Shirayuki, moi, qui étais déjà fatigué, avais tombé dans la baie de Tokyo. Et…

J’ai attrapé un rhume.

Ce matin-là, même si Aria a dit "Idiot inutile", quand elle a vue à quel point j’étais malade, avec un thermomètre dans la bouche… elle ne m’a pas attaqué comme d’habitude.

Shirayuki était extrêmement inquiète et voulait s’occuper de moi, même si cela voulait dire manquer l’école. Mais, je pensais qu’une mesure aussi extrême n’était pas nécessaire et je lui ai dit d’aller à l’école, pour le mieux ou le pire.

Après qu’elles soient toute partie, la seule chose que je pouvais faire était de rester au lit.

Ma température avait déjà augmenté à 38 °Celsius.

Bien que plutôt je ne me sentais pas si mal, en ce moment je pouvais difficilement endurer la douleur.

Il semblerait qu’augmenté ma température était la dernière mesure de défense de mon corps contre le rhume et mon esprit a l’entement sombré dans l’inconscience.

Je ne suis pas sûre pendant combien de temps je suis resté étendue là…

Il devait être autour de midi.

Quelqu’un a entré.

Il semblerait qu’il voulait vérifier mon état… donc, ça devait être Shirayuki.


  1. Je ne résiste pas à l'envie de montrer à quoi ressemblent les plats que Kinji va manger : crevettes au chili, riz cantonnais, porc aigre-doux, gyôzas, râmens et abalones à l'huitre. Bon appétit ! :]
  2. Fosse océanique de la croûte terrestre, située à 9.500 mètres de profondeur.
  3. Kagome Kagome est un jeu d'enfants japonais. Un enfant est choisi en tant que oni (« démon » ou « ogre »). Il s'assoit, les yeux fermés, pendant que les autres enfants se prennent par la main et marchent autour de lui en chantant la chanson allant avec le jeu. Quand la chanson est finie, le oni dit le nom de la personne derrière lui ; s'il a le nom correct, cette personne devient le oni à son tour. (Wikipedia).


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