Iris on Rainy Days (FR) : Exécution - batterie=03:45:32

From Baka-Tsuki
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Batterie=03:45:32[edit]

Nous marchons tous les trois le long de la rivière.

À chaque pas de Volkov, les galets au bord de la rivière sont réduits en miette. Les craquements résonnent pas après pas, pendant que dans ses bras, je regarde droit devant avec ma vision se balançant au gré des mouvements du corps de Volkov.

Devant nous s'étale sans fin un chemin sablonneux, avec à notre gauche la longue rivière noire. Il n'y a aucun réverbère, et j'ai vraiment l'impression que l'on marche dans un tunnel sombre.

Qu'est-ce qui nous attend devant nous ? Où allons-nous ? L'obscurité de la nuit s'insinue dans mon corps, me donnant petit à petit la nausée.

Après avoir marché un moment, Lilith se met à fredonner derrière nous. Le rythme relaxant de la chanson me permet de me calmer un peu. Si j'avais été seule, cela ferait longtemps que je serais en train de pleurer.

Puis, elle s'arrête de chantonner.

— Hé, Iris, m'interpelle Lilith en marchant de la même façon que d'habitude, et en tournant la tête pour me regarder, Je peux te demander une faveur ?

— Oui ?

Je la regarde depuis les bras de Volkov.

— Continue l'histoire.

— ... Hein ?

— Celle de Visa Darke, le dieu maléfique du dimanche.

— Mais on n'a pas pris le livre avec nous.

Lilith reste silencieuse un moment, avant de reprendre :

— Mais tu te souviens de la suite, pas vrai ?

— Hein ?

Je la regarde avec surprise.

— Tu as tout mémorisé, non ? Je sais parfaitement que tu as déjà tout lu.

— E-Euh, eh bien... commencé-je à bégayer.

— Ta vue va si mal que ça ?

En entendant sa question, ma gorge se serre. La pluie en face de moi s'arrête l'espace d'un instant.

Lilith arbore une expression complexe sur son visage, en me dévisageant sans cligner des yeux de l'autre côté de la pluie. Elle fronce les sourcils l'air inquiet, alors que sur ses lèvres se dessine un sourire encourageant.

— Avec tout le temps passé ensemble, je m'en suis rendu compte. Tu n'arrêtais pas de faire tomber des déchets ces derniers temps, et tu ne marchais pas droit.

Elle a raison.

Dernièrement, ma vue a rapidement empiré. Je peux voir quand ce n'est que de la « bruine », mais dès que ça tombe littéralement des « cordes » blanches, ma vision est quasi-nulle. Aussi, ce deuxième cas durait de plus en plus longtemps au fur et à mesure que les jours passaient.

C'est pour cette raison que je voulais terminer de lire le livre avant de perdre la vue. Je ne voulais pas que notre sympathique réunion du club de lecture ne tourne court par ma faute.

— Désolée de n'avoir rien dit, m'excusé-je.

La longue chevelure de Lilith se balance pendant qu'elle secoue la tête.

— Pas la peine de t'excuser. ... Alors tu as fini ?

J'acquiesce.

— Alors je me permets de réitérer ma demande. Je veux savoir ce qui arrive à Darke.

Lilith lève la tête pour me regarder. Le ton qu'elle a employé est assez poli venant d'elle.

— ... Ok, je comprends.

Je ne pense pas que sa demande soit complètement anodine au vu de notre situation. Je crois que le silence rend mal à l'aise Lilith. Je ressens la même chose. Et sûrement que Volkov aussi.

Dans cette obscurité, sans destination, ni endroit sûr, ni même sans savoir quand ils retrouveront notre piste.

Nous avons besoin de cette histoire.

L'histoire des joyeux et doux souvenirs d'un dieu maléfique en chemise noire qui passe son temps à tirer au flanc mais qui est en fait très compréhensif, et de l'anneau argenté sérieux mais étourdi.

Ainsi, je me mets à lire.

La « réunion du club de lecture nocturne » commence.

— Sous le choc, le corps de Flo Snow ne pouvait s'empêcher de trembler. C'est exact, Darke avait fabriqué un nouvel anneau rien que pour elle.

Nous en sommes au septième volume de la série, intitulé « Le cadeau du dieu maléfique ».

À mesure que l'histoire avance, Lilith ne peut s'empêcher de prononcer des « Ah ! » ou « Beuh... » et ainsi de suite, à côté de moi. Tout en me tenant dans ses bras, Volkov semble par moment plongé dans ses pensées. Ce sont tous les deux des lecteurs passionnés.

Dans le volume précédent, l'anneau magique Flo Snow avait perdu confiance en elle, et « s'était enfuie » du château du dieu maléfique. Plus tard, Darke se mit à fabriquer un « nouvel anneau » pour la remplacer — c'était la première partie du septième tome.

Dans la dernière partie de celui-ci, on découvre pourquoi Darke a créé cet anneau.

Le nouvel anneau était un « nouveau corps » pour Flo Snow. Flo était à la base une « âme » sommeillant dans le temple du monde des démons qui fut ressuscitée au moyen d'un anneau en guise de réceptacle. Après plusieurs années de bons et loyaux services, l'anneau qui servait de réceptacle avait perdu de sa puissance, et Darke avait fabriqué un nouvel anneau pour transférer Flo dedans après qu'il s'en soit rendu compte. S'il était parti si longtemps, c'était parce qu'il lui fallut du temps pour réunir tout le matériel nécessaire.

— Darke dit d'une douce voix : « Flo Snow, ma bien aimée. Laisse-moi t'offrir un cadeau aujourd'hui. » Après avoir dit ça, il sortit un anneau d'une blancheur pure. Le magnifique anneau était incrusté de cristaux en forme de flocons de neige. « Maintenant, tu n'auras plus de problème. Pour toujours, jusqu'à la fin des temps. » Émue, Flo ne savait pas quoi dire. Hélas, c'est à ce moment-là que-

Après avoir transféré l'âme de Flo dans le nouvel anneau, le corps de Darke commença à se déformer. Pour créer cet anneau, il avait utilisé tous ses pouvoirs magiques.

— Le corps de Darke commença petit à petit à se transformer en fines particules de lumière, avant de fondre dans l'air. Flo regardait désespérément vers sa silhouette, tout en criant : « Ahh, Darke, ne t'en va pas ! Ne m'abandonne pas !! » Darke la prit alors délicatement dans ses bras et dit : « Flo, pardonne-moi. Et merci pour tout ce que tu as fait pour moi. Je- » Darke se changea alors en boule de lumière, tout en esquissant un dernier sourire, « t'ai toujours aimée. » Le corps de Darke se transforma ensuite entièrement en particules de lumières dans un tintement. Puis, les particules s'élevèrent dans le ciel et s'évaporèrent.

Après avoir lu ça, je m'arrête. J'entends des sanglots à côté de moi.

— Lilith ?

— Darke...

Lilith tend sa main gauche jusque dans le coin de ses yeux pour essuyer ses larmes. Ensuite, elle murmure de façon mécontente :

— Moi aussi, j'ai cru que ça allait être une fin heureuse...

Je reprends mon souffle après avoir terminé le volume sept.

Comme si nous nous remémorons les meilleures passages de l'histoire, nous marchons tous les trois sans dire mot pendant quelques temps.

Au bout de cinq minutes, je dis :

— Dans ce cas, passons au volume huit, le dernier-

Lilith tend la main et dit :

— Attends, Iris. On écoutera ça un autre jour. Ça serait vraiment du gâchis de tout entendre d'un coup, et aussi...

Sûrement parce qu'elle vient de se rappeler d'un passage particulier de l'histoire, Lilith fond en larmes. Je réponds alors :

— ... D'accord.

— Volkov, ça va ? demande Lilith.

Volkov acquiesce légèrement.

Après que la réunion du club de lecture ait pris fin, nous continuons tous les trois à avancer silencieusement. Comme si nous sommes dans un tunnel plongé dans le noir, nous nous frayons un passage dans les profondeurs des ténèbres. Pour ce qui est de ce qui nous attend, aucun d'entre nous n'en a la moindre idée.

Seul le son de l'eau qui coule et celui de la pluie résonnent légèrement.


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