Iris on Rainy Days (FR) : Renaissance - Jour 69

From Baka-Tsuki
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Jour Soixante-Neuf[edit]

Dans ce monde monochrome où ciel et terre sont rebutants, je continue mon travail comme à mon habitude. Des aller-retour sans fin sous la pluie discontinue.

Lilith marche à mes côtés de temps en temps, et nous nous séparons après avoir discuté quelques temps.

Maintenant, Volkov et moi pouvons discuter ensemble. À chaque fois que je tapote son imposant corps en demandant « Y'a quelqu'un ? », il tourne la tête en répondant bizarrement « Oh, oui, je suis là ».

La nuit, nous participons à la tant attendue réunion du club de lecture nocturne. Après avoir commencé à lire il y a deux semaines, nous avons désormais atteint le volume six du « Visa Darke, le dieu maléfique du dimanche». La série compte huit tomes, alors nous sommes déjà vers la fin de l'histoire. Ce qui se passe entre le tome un et le cinq pourrait se résumer en « Le dieu maléfique Darke essaye à chaque fois de s'enfuir de son château, et revient avec un objet magique », puis « Il se fait sermonner par l'anneau magique Flo Snow », et enfin « L'objet magique est en fait super puissant »... Les conversations entre le dieu maléfique habillé en noir et le sérieux anneau en argent sont à chaque fois vraiment amusantes, et pas seulement pour Lilith et Volkov. J'accroche moi-même beaucoup à l'histoire.

Hélas, le style du volume six est radicalement différent des tomes précédents. Darke a abandonné Flo, et est parti seul en voyage, sans donner la moindre nouvelle après un mois. Après tout ce temps, Flo, qui était vraiment fâchée au début, commença à s'inquiéter, et à réaliser ses « véritables sentiments ». Elle, qui réprimandait toujours Darke était en fait... Et ainsi, leur relation avait commencé à s'approfondir.

Le temps passe. Sans m'en rendre compte, cela fait déjà deux mois que je suis là. Cela signifie également que cela fait deux mois que le Professeur est décédé.

À ce sujet, il est préférable que je n'y pense pas trop.

Deux heures du matin.

Dans l'entrepôt plongé dans l'obscurité de la nuit, les témoins de charge des robots brillent comme des lucioles. Un coin de l'entrepôt est éclairé par le clair de lune, et c'est à cet endroit qu'a lieu notre petite réunion.

— Allez, relis ce passage.

Lilith me tapote légèrement le coude avec ses doigts. Quand on atteint un passage qui lui plait beaucoup, elle me demande immédiatement de le relire.

— Flo était plongée dans ses pensées. Jusqu'à maintenant, avait-elle réellement aidé Darke ?

— Hmm....

Tout en serrant ses genoux contre elle, Lilith semble dubitative, il semblerait que ce passage la mette mal à l'aise.

Dans cette partie de l'histoire, l'anneau magique Flo Snow semblait très préoccupé.

Elle était jusqu'ici très confiante en sa capacité à éduquer son jeune maître, étant donné qu'elle servait la famille Darke depuis la génération précédente. Même si Darke était dur avec elle, il finissait toujours par écouter ses conseils, alors cela ne la dérangeait pas. Même moi, qui lis le livre, je peux sentir qu'ils sont vraiment très proches.

Hélas, Darke avait abandonné Flo, sans même donner de ses nouvelles pendant un mois. Ce n'était jamais arrivé auparavant. Flo se sentait mal à l'aise maintenant qu'elle était seule, et était plongée dans ses pensées du matin au soir. Darke avait toujours fait de son mieux en tant que dieu maléfique jusqu'à maintenant, mais était-elle simplement trop exigeante et trop pénible pour lui ? Qui plus est, elle connaissait ses « véritables sentiments » — son amour pour Darke serait sans aucun doute une gêne pour lui, alors cela la préoccupait énormément.

— ...... Flo Snow, dit Lilith calmement, Comment dire, elle s'inquiète trop. Vu que ça fait un long moment qu'elle est avec Darke, elle devrait avoir plus confiance en elle.

Lilith est du côté de l'anneau angoissé. Je ressens la même chose.

Puis, Volkov demande :

— Mais- Darke- pas- revenu. Pourquoi ?

— C'est parce que...

Contrairement à d'habitude, Lilith ne sait pas quoi dire. Même si Darke était imprévisible et puéril, c'était en fait quelqu'un de gentil et d'honnête. Et donc, il devait y avoir une explication au fait qu'il ne soit pas encore revenu.

— Iris, continue à lire.

Lilith tapote mon coude. Je tends le livre devant moi et dis :

— Ok, continuons.

À ce moment-là.

— Ah.......

Le livre est tombé de mes mains comme si c'était une créature vivante.

— Ah, ça va ?

Lilith ramasse le livre.

Tout en m'excusant, je prends le livre. La « pluie » est devenue encore plus forte ces derniers temps, alors j'ai du mal à évaluer les distances.

— Flo était plongée dans ses pensées. Jusqu'à maintenant, avait-elle réellement aidé Darke ? Puis, elle replongea une nouvelle fois dans ses pensées.

Dans la pluie, mon regard passe d'un mot à un autre. Au-dessus des mots, les lignes blanches sont comme des traînées de vapeur à l'arrière d'un avion en plein vol.

— Si elle ne pouvait aider Darke, à quoi bon continuer à vivre ?

Puis, je referme le livre.

— Qu'est-ce qui se passe, Iris ?

Lilith me regarde avec surprise.

J'exprime alors mes sentiments.

— Cette dernière phrase, elle ne vous fait rien ?

— Hein... Quelle phrase ?

— Si elle ne pouvait aider Darke... Celle-là.

Les pensées de Flo Snow sont exactement les mêmes que celles que j'avais quand je suis arrivée au chantier.

Si je ne suis d'aucune aide, à quoi bon continuer à vivre ?

Travailler tous les jours sans relâche, m'éteindre le soir venu, me réveiller le matin. Et ainsi de suite tous les jours. Cette façon de vivre a-t-elle le moindre sens ? Pour moi, qui n'ai pu aider le Professeur, mon existence a-t-elle encore la moindre valeur ?

Mes interrogations fusionnent avec les inquiétudes de Flo Snow sur le fait qu'elle n'a pas pu aider le dieu maléfique.

D'où ma question.

— Eh bien, « vivre »... qu'est-ce que c'est en fait ?

La première personne à répondre est Lilith.

— Hum... Vivre, hein...

Elle semble réfléchir profondément.

— Tant que tu n'es pas mort... tu vis, non ?

— Ah, non, pas dans ce sens-là.

Je reformule alors ma question.

— Ce n'était peut-être pas la meilleure façon de le formuler... Le sens de notre vie. Pour des robots comme nous, qu'est-ce que « vivre », et quel est le « sens de notre existence » — c'est à ça que je réfléchis.

— Désolée, je n'ai rien compris à ce que tu viens de dire.

— Euh, comment dire... Flo Snow ne vit-elle pas uniquement pour Darke ? C'est le but de son existence. Du coup, quel est le nôtre ?

J'essaie d'expliquer, et Lilith dit alors :

— Ah... C'est là où tu voulais en venir.

Elle semble avoir compris le sens de ma question maintenant.

J'attends impatiemment sa réponse.

Elle dit de but en blanc :

— Les choses du genre le sens de la vie sont des questions que se posent les gens qui n'ont rien de mieux à faire.

— ... Hein ? Comment ça ?

— Pour être précis, seuls les robots qui ont la belle vie peuvent penser à ça. ... Pour nous autres pauvres robots, on n'a pas besoin de ça. Tant que nos batteries sont pleines et que nos pièces sont encore en un seul morceau, même si on sait qu'on se transformera un jour en tas de ferraille, n'est-ce pas là le sens de nos vies ?

Elle explique sa logique.

— Euh, désolée. Tu veux dire que...

— Autrement dit, vivre, c'est « se battre jusqu'au bout », dit Lilith sèchement.

Ses mots ont une certaine force en eux.

À ce moment-là, Volkov l'interrompt :

— Je- pense- tu- as- tort.

— Hein ?

Lilith lève un sourcil, et se tourne en direction de Volkov.

— Hé, depuis quand tu te permets de ne pas être du même avis que moi, Lilith Sunlight ?

Lilith est encore en train de taquiner Volkov.

Mais Volkov ne semble pas comprendre l'humour. Il répond alors sérieusement :

— Volkov- a- avis.

Différent- de Lilith. »

Ses yeux rectangulaires me font face.

— Lilith- parle- vie- ou- mort... Iris- parle- pourquoi- vivre.

Après avoir entendu l'explication de Volkov, je me sens heureuse. Parce que Volkov a déchiffré le sens de ma question.

— C'est exactement ça ! Volkov a parfaitement exprimé ma pensée ! Le sens de notre existence serait « pourquoi vit-on ? » !

— Volkov, qu'est-ce que t'en penses ? Du sens de notre existence. Pourquoi est-ce qu'on continue à vivre ? lui demandé-je rapidement, ce à quoi il répond lentement après une longue hésitation :

— Volkov- ne sait- pas.

Puis, il enchaîne contrairement à son habitude :

— Volkov- a fait- guerre. Volkov- a beaucoup- tué. ... Humains- Robots- ont- beaucoup- tué.

En entendant ses mots, mon corps ne peut s'empêcher de se hérisser. Lilith regarde Volkov d'un air sérieux.

— Volkov- connaît- beaucoup- de façons- de tuer.

Je peux lire de la tristesse dans ses yeux.

— Mais- ne- sait pas- comment- vivre.

Puis, il s'arrête.

Le silence tombe dans l'entrepôt.

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Après un long moment, Lilith dit silencieusement :

— ... Je vois.

Ce n'est pas grave si tu ne sais pas. ... Je l'ignore moi aussi. »

Les yeux de Lilith posent un regard tendre sur Volkov. Elle regarde souvent Volkov avec ce regard-là.

— Enfin bon, pour ce qui est de ce genre de questions compliquées...

Elle se met à regarder à travers la fenêtre de l'entrepôt.

— Même les humains auraient du mal à y répondre.


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