Monogatari Series FR:Bakemonogatari Volume1/Hitagi Le crabe 005

From Baka-Tsuki
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005[edit]

Deux heures plus tard.

Après avoir laissé Oshino et Shinobu dans les ruines de l'école, je me suis retrouvé dans l'appartement de Senjôgahara.

La maison de Senjôgahara.

Elle était située à Tamikura-sou.

Un bâtiment en bois construit trente ans plus tôt et composé de deux appartements. La boîte aux lettres était incrustée dans la porte d'entrée. Une douche et des toilettes avec chasse d'eau se trouvaient dans chaque appartement. Ils faisaient six tatamis et avaient un petit évier. À vingt minutes à pied de l'arrêt de bus le plus proche. Le loyer s'élevait entre 30.000 et 40.000 yens, suivant l'appartement (frais d'entretien, charges et frais d'association de quartier inclus).

C'est loin de ce qu'Hanekawa m'a laissé croire.

Ça devait se lire sur mon visage. Sans que je ne pose la question, Senjôgahara me dit faiblement :

« Ma mère avait rejoint une secte. »

Comme si elle s'excusait.

Ça devait l'avoir énormément marquée.

« Non seulement elle leur a donné tout notre argent, mais elle a aussi accumulé de grosses dettes avec ses donations. Jusqu'au jour où nous avons perdu notre maison. »

« Une secte ? »

L'une de ces "religions" d'une nouvelle ère dont il faut se méfier.

Elles aboutissent toutes au même résultat.

« Ils se sont finalement mis d'accord sur le divorce à la fin de l'an dernier. Mon père a eu ma garde et nous vivons ici depuis. Enfin, surtout moi... mais toutes les dettes sont au nom de mon père, donc il doit travailler jour et nuit pour les rembourser, au point de ne quasiment jamais rentrer à la maison. Je vis pratiquement seule ici. Avec toute la liberté que cela implique. »

Ça sonnait bien.

« Mais mon adresse officielle sur les papiers du lycée est encore l'ancienne. Hanekawa-san ne pouvait pas le savoir. »

Hm...

Tu n'aurais pas dû la changer ?

« Je préfère que mes ennemis potentiels ne savent pas où j'habite. »

« Tout le monde est un ennemi pour toi, hein ? »

D'ordinaire, j'aurais pris ça pour de l'exagération. Mais avec le secret qu'elle désirait protéger, ces précautions me semblaient raisonnables.

« Senjôgahara. Est-ce que ta mère a rejoint cette secte... en essayant de t'aider ? »

« Tu es vraiment insensible pour poser une telle question, » me répondit-elle en riant. « Je ne sais pas. Peut-être. »

Une réponse tout aussi insensible.

Sûrement ce que je méritais pour avoir poser cette question.

Car oui, cette question était insensible. Rien que d'y penser, j'en avais l'estomac ballotté. Je n'aurais pas dû demander ; et comme je l'ai fait malgré tout, Senjôgahara était en droit de laisser libre court à sa répartie.

Bien sûr que sa famille avait remarqué son absence de poids. Surtout sa propre mère. Une famille, ce n'est pas comme au lycée, où chacun possède son petit espace personnel délimité par son bureau. Si quelque chose de terrible arrivait à sa fille unique, elle le remarquerait du premier coup. Et si les medecins n'avaient aucun remède pour elle et que les auscultations ne cessaient jamais, personne ne pouvait reprocher à sa mère d'avoir été chercher de l'aide ailleurs.

Non, peut-être qu'on pouvait le lui reprocher.

Ce n'était pas à moi d'en juger.

Je ne devais pas parler comme si je savais tout sur tout.

Dans tous les cas.

Dans tous les cas, me voilà dans l'appartement de Senjôgahara, au 201 Tamikura-sou, assis sur un coussin à regarder l'eau du thé qu'elle versait dans ma tasse.

Avec sa personnalité, je m'étais attendu à ce qu'elle me disent de l'attendre dehors. Pourtant elle m'avait fait signe d'entrer et m'avait même préparé du thé. Autant dire que c'était un choc pour moi.

« Je vais te torturer. »

« Euh... »

« Je veux dire — t'accueillir. »

« Ok... »

« Non, en fait je voulais peut-être bien dire torturer. »

« Je préfèrerais être accueilli ! Aucune autre option ne sera tolérée ! Peu de gens ont le recul nécessaire pour corriger leurs propres erreurs ! Bien joué, Senjôgahara-san ! »

Ce fut notre seule discussion. J'étais nerveux d'être assis là, même s'il était dur pour moi d'admettre être gêné d'entrer dans la maison d'une fille que je venais de rencontrer. Fixer mon thé était la seule chose que je pouvais faire.

Senjôgahara prenait une douche.

Nettoyant son corps, se purifiant.

Oshino lui avait dit de laver son corps à l'eau froide et de changer de vêtements — ils n'avaient pas besoin d'être neufs ou quoique ce soit, juste propres.

Et je l'ai raccompagnée chez elle. Elle était venue à l'école en ruine sur mon vélo après tout, donc on n'avait pas le choix, mais Oshino avait aussi laissé d'autres instructions.

Je jetai un oeil à la pièce. C'était réduit au strict minimum — dur d'imaginer qu'une adolescente vivait ici. Je m'adossai à la commode derrière moi.

Réfléchissant au diagnostic d'Oshino.

Après que Senjôgahara ait raconté son histoire et son état à Oshino, celui-ci avait acquiescé, fixé le plafond un moment puis il avait fini par dire :

« Un crabe à poids. »

« Et c'est quoi ? » l'avait pressé Senjôgahara.

« Une légende des monts de Kyushu. Dans certains lieux, ils sont appelés "crabes à poids", dans d'autres "crabes lourds" ou encore "crabes à poids mort". Certains les considèrent même comme des dieux. "Kami" (dieu) et "kani" (crabe) ne sonnent pas si différemment après tout. Chaque légende varie, mais toutes ont en commun une chose : ils ôtent aux gens leur poids. Ceux qui les rencontrent — qui les rencontrent de la mauvaise manière — on dirait qu'ils n'existent plus de la même façon. »

« Ils changent la façon dont on existe ? »

Tu deviens fragile.

Délicat.

Et plus beau.

« Dans certains cas, la personne cesse complètement d'exister. Si tu remontes plus au nord du pays, il y a ce que l'on appelle la "pierre de poids", mais je ne crois pas qu'ils soient liés. L'une est une pierre, l'autre est un crabe. »

« Alors... c'est vraiment un crabe ? »

« Tu es vraiment bête, Araragi-kun, » me dit Oshino en feintant le dégoût. « On parle de la préfecture de Miyazaki... et peut-être d'Oita aussi. Il n'y a pas de crabes là-bas. Ce n'est qu'une histoire. Et il est plus facile de croire à des fables si elles concernent des choses que l'on ne croise pas souvent. Tout comme il est plus simple d'être touché par des fantasmes et des potins. »

« Est-ce qu'au moins il y a des crabes au Japon ? »

« Tu as dû manger du crabe importé d'Amérique. Mais tu devrais relire tes vieilles fables japonaises, Araragi-kun. Tu n'as jamais entendu parler du crabe et du singe ? La Russie a une fable célèbre sur un crabe et la Chine aussi. Le Japon ne fait pas exception. »

« Oh, c'est vrai. J'ai déjà entendu cette histoire. Ou du moins, je crois. Mais... c'est quoi le rapport avec Miyazaki ? »

« Qui est-ce qui s'est fait attaquer par un vampire dans une ville banale ? Le lieu n'a pas d'importance. Seules les conditions qui lui ont donné naissance en ont. »

Même si Oshino avait reconnu que le climat local avait joué dessus.

« Ça aurait pu être autre chose qu'un crabe. Un lapin, par exemple. Certaines histoires disent même que c'est une femme magnifique — pas comme Shinobu-chan, mais elles existent. »

« Hmm... comme les motifs sur la lune. »

On l'appelle Shinobu-chan maintenant ?

Je me sentis désolé pour elle, tout d'un coup.

Elle qui fut un jour un vampire légendaire...

Maintenant, on utilise "-chan" en parlant d'elle.

« Mais si tu dis que tu as rencontré un crabe, alors disons que c'en est un. C'est le plus fréquent, après tout. »

« Mais qu'est-ce que c'est à la fin ? » ronchonna Senjôgahara. « Je me moque du nom de cette chose. »

« Non, tu ne t'en moques pas. Le nom fait tout. Comme je le disais à Araragi-kun, il n'y a pas de crabes dans les monts de Kyushu. Il y en a dans le nord, mais très peu se retrouvent à Kyushu. »

« Ils ont des crabes d'eau douce. »

« Peut-être, mais ça n'a pas d'importance. »

« Alors qu'est-ce qui est important ? »

« Que ça n'a pas toujours été des crabes. Que c'était des dieux — "kami", et non pas "kani". Le dieu du poids devint un crabe. Bien sûr, ce n'est que ma théorie personnelle. La plupart des gens diront que c'est l'inverse. D'autres diront qu'ils étaient là tous les deux au commencement. »

« Je n'avais entendu parler d'aucun des deux. »

« Bien sûr que si, » dit Oshino. « Tu en as rencontré un. »

Sur ces mots, Senjôgahara se tut.

« Et il est encore près de toi. »

« Vous pouvez... le voir ? »

« Je ne peux rien voir, » répondit Oshino en gloussant gaiement. Un rire inapproprié qui ne plut pas à Senjôgahara.

Il me fit le même effet.

Il était en train de se moquer ouvertement d'elle.

« Ce n'est pas censé être votre travail ? »

« Vraiment ? Le but des chimi-moryos, c'est justement que personne ne puisse les voir. Ni les voir, ni les toucher. C'est tout à fait normal. »

« C'est normal ? Mais... »

« Les fantômes n'ont pas de jambes et les vampires n'ont pas de reflets, mais ça n'a pas d'importance, si ? On ne peut pas les repérer. Et dis-moi, jeune fille — si personne ne peut les voir, ni les toucher... est-ce qu'ils existent ? »

« S'ils existent ? Vous venez juste de dire que oui ! »

« En effet. Mais personne ne peut les voir, ni les toucher. Scientifiquement parlant, ils n'existent pas. Qu'ils soient réels ou pas. »

Voilà ce qu'il voulait dire.

Senjôgahara n'avait pas l'air satisfaite.

Ça semblait logique, mais elle ne pouvait pas l'accepter pour autant.

Pas dans sa position.

« Eh bien, jeune fille, tu n'as peut-être pas de chance, mais tu es du côté chanceux de la malchance. Araragi-kun, ici présent, n'a pas seulement rencontré le sien ; il a été attaqué. Et attaqué par un vampire. Y a-t-il plus honteux pour un jeune homme du vingt-et-unième siècle ? »

Arrête ça.

Arrête ça de suite.

« Tu t'en es mieux sorti que lui. »

« Pourquoi ? »

« Parce que les dieux sont partout. Ils sont partout et nulle part à la fois. Il était avec toi avant de prendre ton poids... mais tu peux aussi dire qu'il n'était pas là. »

« Est-ce que c'est une philosophie Zen ? »

« Shinto. Shugendo, pour être plus précis, » répondit Oshino. « Tu dois comprendre une chose, jeune fille : tu ne t'es pas retrouvée dans cet état à cause de quelque chose, tu as simplement changé de point de vue. »

Elle a toujours été comme ça.

C'est quasiment ce que les medécins lui ont dit en jetant l'éponge.

« Mon point de vue ? Que voulez-vous dire ? »

« Ce que je veux dire, c'est que tu dois arrêter de te prendre pour une victime, jeune fille, » grogna Oshino, une certaine chaleur se dégageant de ses mots.

Il avait été comme ça avec moi.

Et avec Hanekawa aussi.

Je m'inquiétais de la réaction de Senjôgahara, mais elle ne dit pas un mot.

Elle l'accepta, tout simplement.

Ce qui impressionna un peu Oshino, apparemment.

« Très bien. On dirait que tu n'es pas qu'une jeune fille égoïste après tout. »

« Qu'est-ce qui vous a fait croire que je l'étais ? »

« La plupart des gens qui rencontre un crabe à poids le sont. Ce n'est pas le genre de choses que tu peux rencontre rien qu'en le voulant, et pas le genre de dieu nocif non plus. Ils sont différents des vampires. »

Ils ne sont pas nocifs ?

S'ils ne sont pas nocifs... alors ils n'attaquent pas ?

« Ils ne possèdent pas les gens. Ils existent juste. Tant que tu ne voudras pas que ça change, rien ne changera. Bien, je n'ai pas envie de me mêler des affaires des autres. Je n'ai pas envie de t'aider de toute façon. »

Elle doit se sauver toute seule.

Comme Oshino le dit toujours.

« Il y a une vieille fable étrangère — arrête-moi si tu la connais déjà. Il était une fois un jeune homme. Un homme bon. Un jour, cet homme rencontra un étrange vieil homme dans son village. Le vieil homme demanda au jeune homme de lui vendre son ombre. »

« Son ombre ? »

« Oui. L'ombre qui s'étirait de ses pieds quand le soleil brillait au-dessus de lui. Il lui demanda de la lui vendre pour dix pièces. Le jeune homme le fit sans hésiter un seul instant. Il vendit son ombre pour dix pièces. »

« ... et ? »

« Qu'aurais-tu fait à sa place ? »

« Aucune idée. Je ne peux pas savoir tant que ça ne m'arrive pas. Peut-être que je l'aurais vendue, peut-être pas. Ça aurait dépendu du prix. »

« C'est la bonne réponse. Si je te demandais ce qui avait le plus d'importance entre ton argent ou ta vie... bah, cette question n'est pas bonne de base. Le mot "argent" n'a aucune valeur. Il y a une grosse différence entre un yen et un milliard de yens. L'un a plus de valeur que l'autre. La vie a plus de valeur pour certains que pour d'autres. Chaque vie a la même valeur ? Je déteste cette idée. Bref, le jeune homme ne pensait pas que son ombre valait plus de dix pièces. Pourquoi l'aurait-il pensé ? Qu'est-ce que tu perdrais, si tu n'avais pas d'ombre ? Quel problème est-ce que ça pourrait te causer ? »

Oshino frisonna.

« Mais une fois qu'il perdit son ombre, tout le monde au village, même sa famille, se mit à le détester. Il ne pouvait plus s'entendre avec qui que ce soit. Ne pas avoir d'ombre... était effrayant. Bien sûr que ça l'était ! Et pas qu'un peu ! Les ombres elle-mêmes pouvaient être assez effrayantes, mais ne pas en avoir l'était encore plus. L'absence de quelque chose que tu es censé avoir. En d'autres mots, le jeune homme avait vendu quelque chose qu'il était censé avoir... pour dix pièces. »

Il laissa ces mots en suspens un instant.

« Le jeune homme partit à la recherche du vieil homme pour récupérer son ombre, mais peu importe où il allait, peu importe à qui il demandait, il ne retrouva jamais le vieil homme. Fin. »

« Et donc, » commença Senjôgahara sans cligner des yeux. « Quel est le rapport ? »

« Eh bien, il n'y en a pas en fait. Je me disais que cette histoire pourrait toucher une corde sensible chez toi. Le jeune homme a peut-être vendu son ombre, mais toi tu as perdu ton poids. »

« Je ne l'ai pas vendu. »

« Non. Tu ne l'as pas vendu. Tu l'as échangé. Perdre ton poids n'est peut-être pas aussi grave que de perdre ton ombre... mais cela cause tout autant de problèmes en société. C'est tout. »

« Que voulez-vous dire ? »

« Ça veut dire que j'ai fini de parler, » dit-il en tapant une fois des mains. « Bon. Si tu veux récupérer ton poids, alors je vais faire ce que je peux. Araragi-kun t'a amenée jusqu'à moi, après tout. »

« Vous allez m'aider ? »

« Non, je vais juste faire ce que je peux, » répondit Oshino en jetant un oeil à sa montre. Montre qui se trouvait à son poignet gauche. « Il fait encore jour, alors rentre chez toi. Lave ton corps à l'eau froide et enfile des vêtements propres. Je dois me préparer de mon côté. Vu que tu es dans la classe d'Araragi-kun, tu dois sûrement être une élève assez sérieuse, donc je préfère te le demander... tu pourras sortir de chez toi cette nuit ? »

« Oui. Si j'y suis obligée. »

« Alors retrouvons-nous ici à minuit. »

« D'accord. Par vêtements propres, vous voulez dire...? »

« Pas besoin de vêtements neufs. Ni ton uniforme. Des vêtements que tu portes au quotidien. »

« Et combien je vous dois ? »

« Mm ? »

« Ne faites pas l'ignorant. Vous ne faites pas ça par charité. »

« Oh, hmm... » Oshino posa son regard sur moi, comme s'il m'évaluait. « Eh bien, si ça te permet de te sentir mieux, disons 100.000 yens. »

« 100.000 yens, » répéta-t-elle comme pour se le confirmer.

« Travaille dans un fast-food pendant un mois ou deux et tu pourras les gagner facilement. Ça me semble équitable. »

« Vous êtes plus gagnant que moi dans l'affaire. »

« Vraiment ? C'est la même somme que j'ai demandé à miss déléguée. »

« Et moi tu m'as pris cinq millions de yens ! »

« Bah, tu étais un vampire. »

« Tu ne peux pas tout mettre sur le dos des vampires ! Tout le monde se fout qu'ils soient à la mode actuellement ! »

« Tu peux payer ? » lui demanda-t-il, ignorant mes plaintes.

« Bien sûr, » répondit-elle. « Peu importe ce qu'il m'en coûte. »

Et ainsi...

Deux heures plus tard, chez elle.

Dans l'appartement de Senjôgahara.

Je jetai un oeil à droite à gauche.

Cent mille yens n'était pas une si grosse somme en temps normal, mais au vu de l'appartement dans lequel elle vivait, c'était sûrement beaucoup pour elle.

Une commode, une table à thé et une petite bibliothèque. C'est tout. Malgré tous les livres qu'elle lisait quotidiennement, elle en avait très peu chez elle. Elle devait en récupérer la plus grande partie dans des librairies ou à la bibliothèque.

Comme une étudiante appauvrie.

Ce que Senjôgahara était, je suppose.

Elle m'avait dit qu'elle suivait les cours grâce à une bourse d'étude.

Oshino disait que Senjôgahara pouvait s'estimer plus chanceuse que moi. J'en doutais fort.

Bien sûr, sa vie n'était pas autant en danger que la mienne et elle n'était pas une menace pour ses proches comme je l'étais — deux inconvénients propres aux vampires. J'ai arrêté de compter le nombre de fois où j'ai juste souhaité mourir plutôt que de vivre cette vie, mais ces pensées étaient auto-destructrices, même aujourd'hui.

Alors oui.

Senjôgahara était peut-être du côté chanceux de la malchance, mais en repensant à la description qu'Hanekawa m'avait fait de son passé au collège, c'était quand même dur d'y croire.

Nous comparer tous les deux n'était vraiment pas juste.

Hanekawa... comment serait la comparaison avec Tsubasa Hanekawa ?

Elle qui a vécu une expérience terriblement étrange.

J'ai été attaqué par un démon, Senjôgahara a rencontré un crabe et Hanekawa a été possédée par un chat. Pendant la Golden Week. Ce qui est arrivé était tellement bouleversant qu'on aurait dit que ça appartenait à un passé lointain. Mais c'était il y a quelques jours seulement.

Hanekawa n'avait aucun souvenir de la Golden Week. Tout ce qu'elle sait, c'est qu'Oshino a réussi à régler le problème d'une manière ou d'une autre. Elle n'a sûrement aucune idée des horreurs qui se sont produites. Mais moi je m'en souviens parfaitement.

C'était un vrai carnage.

Après avoir survécu à un démon, je n'imaginais pas qu'un chat puisse être encore plus terrifiant.

Là aussi, pour ce qui est des vies mises en danger, l'expérience d'Hanekawa était pire que celle de Senjôgahara. Mais si on regardait le temps qu'avait passé Senjôgahara à souffrir en silence, ça se compliquait.

Tout était important.

Il fallait tout prendre en considération.

À quel point fallait-il que la vie soit dure avec toi pour devoir considérer toute gentillesse comme un acte hostile ?

Le jeune homme qui a vendu son ombre.

La fille qui a perdu son poids.

Je ne le saurai jamais.

Je ne pouvais pas espérer le comprendre.

« C'est bon pour ma douche, » dit Senjôgahara en sortant de la salle de bain.

Nue.

Je ne pus qu'échapper un cri en reculant.

« Bouge. Je dois récupérer des vêtements. »

Senjôgahara pointa la commode derrière moi. Elle avait l'air plus ennuyée par ses cheveux mouillées que par moi qui la voyais nue.

« Habille-toi ! »

« C'est ce que je prévois de faire. »

« Ce que tu prévois !? »

« Tu préfèrerais que je ne le fasse pas ? »

« Pourquoi tu ne l'es pas déjà !? »

« J'ai oublié de prendre des vêtements avec moi. »

« Alors mets une serviette autour de toi au moins ! »

« Hm, ça serait triste sinon. »

J'ignorais pourquoi elle était aussi blasée.

C'était évidemment inutile de débattre avec elle. Je me suis donc ôté du chemin et posé droit devant la bibliothèque. J'essayai de focaliser mon regard et mes pensées sur les tranches de livres que je me mis à compter.

Gloups.

Je n'avais jamais vu de femme nue avant... pas en vrai, du moins.

C'était différent de ce que j'imaginais. Je persiste à penser que j'en avais une bonne idée de base, mais ce que j'avais en tête n'était pas... du pur nudisme, avec cette franche indifférence.

« Des vêtements propres... est-ce que le blanc est mieux ? »

« Aucune idée. »

« Tous mes sous-vêtements ont des motifs. »

« Ça ne me regarde pas ! »

« Je demande juste ton avis, pas besoin d'être si bruyant. Sérieusement, on dirait que tu es en pleine ménopause. »

J'entendis la commode s'ouvrir.

Le froissement des vêtements.

C'est pas bon.

C'est gravé dans mon esprit. Ça ne partira plus.

« Araragi-kun. Serais-tu excité de m'avoir vu nue ? »

« Même si je l'étais, ça ne serait pas de ma faute. »

« Viens et ose poser un seul doigt sur moi. J'ai entendu dire que sectionner une langue avec ses dents était fatal. »

« Mais oui, mais oui. Tu es surprotectrice avec ton corps. »

« Je parlais de sectionner la tienne. »

« Tu es toujours aussi effrayante. »

Tch.

Elle n'avait pas l'air de pouvoir voir les choses de mon point de vue.

Est-ce que c'était impossible pour un être humain d'en comprendre un autre ?

Est-ce que c'était juste une notion que je devais apprendre à accepter ?

« C'est bon, tu peux regarder maintenant. »

« Bien. »

Je me retournai.

Elle était encore en sous-vêtements.

Même pas de chaussettes.

« Qu'est-ce que tu cherches à faire au final !? »

« Que crois-tu ? Je te récompense pour l'aide que tu m'as apporté aujourd'hui. Sois en heureux. »

« ... »

Une récompense ?

J'étais perplexe.

J'aurais préféré des excuses.

« Sois en heureux ! »

« Tu deviens folle maintenant !? »

« Les bonnes manières t'obligent à donner ton opinion ! »

« M-Mon opinion ? »

Les bonnes manières ?

Comment est-ce que je dois répondre à ça ?

Hm...

« T-Tu as un beau corps...? »

« ... pathétique. »

Elle me fit le regard qu'elle réservait d'habitude aux refus acides.

Mais avec une trace de pitié en plus.

« Tu resteras puceau toute ta vie. »

« Toute ma vie...? Tu viens du futur ou quoi !? »

« Évite de postillonner. La virginité est contagieuse. »

« Ce n'est pas une maladie ! »

Une fois entraîné, impossible d'en ressortir.

« Et d'abord, pourquoi est-ce qu'on part du principe que je suis vierge ? »

« Parce que tu l'es. Aucun enfant n'accepterait de dormir avec toi. »

« Deux objections ! D'abord, je ne suis pas pédophile ! Ensuite, je suis sûr que je peux trouver quelqu'un si je cherche assez longtemps ! »

« Si la première est vraie, la seconde est impossible. »

« ............ »

C'est pas faux.

« D'accord, je reconnais que c'était présomptueux de ma part. »

« Content de l'entendre. »

« Si tu payes une professionnelle... »

« Ok, ok, j'avoue ! Je suis puceau ! »

L'aveu le plus humiliant que j'ai jamais dû faire.

Senjôgahara en semblait complètement ravie.

« Tu aurais dû le dire dès le début. Tu as utilisé la moitié de la chance qui t'a été attribuée pour toute ta vie, donc arrête de t'agiter et profite du spectable. »

« Tu es quoi ? Un shinigami ? »

Passer un marché avec un shinigami et voir une fille nue en retour.

Le meilleur de tous les shinigamis.

« Ne t'en fais pas, » dit-elle. Elle prit une chemise blanche de sa commode tout en parlant et l'enfila par-dessus son soutien-gorge bleu ciel. Recompter les livres de sa bibliothèque aurait été stupide, alors je tournai mon regard vers elle. « Je ne le dirai pas à Hanekawa-san. »

« Hanekawa...? »

« Tu es bien amoureux d'elle même si c'est à sens unique, non ? »

« Non. »

« Oh ? Tu parles d'elle si souvent que je l'ai cru. D'où ma question directrice. »

« Est-ce qu'on utilise le terme "question directrice" dans la vie courante ? »

« Chut. Tu veux que je t'efface ? »

« Jusqu'où s'étendent tes pouvoirs ? »

J'étais assez surpris que Senjôgahara ait accordé autant d'attention à nous. Je m'étais même demandé si elle était au courant que j'étais déléguée suppléant. Ou peut-être qu'elle pensait qu'un jour on serait ses ennemis et que donc elle nous avait à l'oeil.

« Disons que plus que de parler ensemble, c'est elle qui continue de me parler. »

« Pour qui te prends-tu ? Est-ce que tu insinues qu'Hanekawa-san a le béguin pour toi ? »

« Aucune chance, » répondis-je. « Hanekawa... prend juste soin de moi. Elle est bien trop fouineuse. Et surprotectrice. Elle a cette idée stupide que les ratés méritent qu'on se sente désolé pour eux. Et elle veut les aider à devenir meilleur. »

« C'est une idée stupide, en effet, » dit Senjôgahara. « Les ratés sont des ratés parce qu'ils sont nés idiots. »

« ... je n'irais pas jusque-là. »

« Mais c'est pourtant écrit sur ton visage. »

« Non ça ne l'est pas ! »

« Je savais que tu dirais ça, alors je l'ai écrit dessus tout à l'heure. »

« Personne n'est aussi prévoyant ! »

Franchement.

Je n'avais pas besoin d'en dire plus, Senjôgahara devait comprendre Hanekawa aussi bien que moi. D'après ce qu'elle m'a dit après les cours, Hanekawa accordait à Senjôgahara une certaine attention.

Mais peut-être que ça expliquait tout.

« Oshino-san a aussi aidé Hanekawa-san ? »

« Mm. Oui. »

Senjôgahara finit de boutonner sa chemise et enfila un cardigan blanc par-dessus. Elle prévoyait apparemment de s'habiller complètement le haut du corps avant de mettre quoique ce soit en bas. J'imagine que tout le monde a sa façon de s'habiller. Senjôgahara ne semblait pas inquiète que je la regarde. Je dirais même qu'elle s'était mise exprès droit devant moi.

« Hmm. »

« Alors... pour ainsi dire, tu peux lui faire confiance. C'est pas le type le plus sérieux au monde — ni le plus jovial ou le plus gentleman, mais il sait ce qu'il fait. Ne t'en fais pas. Tu n'as besoin de me croire moi, dis-toi juste qu'il a fait la même chose pour Hanekawa. »

« C'est ce que tu dis, Araragi-kun, » dit Senjôgahara. « Hélas, je ne lui fais qu'à moitié confiance. J'ai été arnaquée bien trop de fois. »

« ........... »

Cinq personnes ont dit la même chose.

Ils étaient tous des escrocs.

Et...

Ce n'était pas tout apparemment.

« Même l'hôpital — je n'y vais que par habitude. Honnêtement, j'ai quasiment abandonné. »

« Abandonné...? »

Qu'est-ce qu'elle a abandonné ?

De quoi s'est-elle débarrassée ?

« Ce monde est peut-être étrange, mais il n'a ni Mamiya Mugen (de "Mugen Shinshi") ni Kudan Kumiko. »

« ............. »

« Au mieux, il peut avoir Miroku Touge, » dit faiblement Senjôgahara avec dégoût. « Alors Araragi-kun, je ne suis pas assez insouciante pour accepter avec plaisir avoir glissé dans les escaliers et que le camarade de classe qui m'a rattrapée s'avère avoir été mordu par un vampire pendant les vacances de printemps et que la personne qui l'a sauvé s'avère avoir aussi sauvé la déléguée de classe et que maintenant il va essayer de me sauver. »

Sur ces mots, Senjôgahara commença à ôter son cardigan.

« Tu venais enfin de mettre des vêtements — pourquoi est-ce que tu les enlèves ? »

« J'ai oublié de sécher mes cheveux. »

« Tu ne serais pas idiote en fait ? »

« Ne sois pas grossier. Et si tes mots me blessaient ? »

Son sèche-cheveux avait l'air plutôt cher.

Apparemment, elle prenait grand soin de son apparence.

En la regardant à nouveau, même ses sous-vêtements étaient choisis minutieusement. C'est curieux comme ce qui occupait la veille la plupart de mes pensées semblait s'arrêter maintenant à quelques bouts de tissus. Intérieurement, je versai une larme silencieuse.

« Insouciante...? »

« Je ne le suis pas. »

« Peut-être. Mais et si tu l'étais ? » dis-je. « Et si tu étais insouciante ? »

« ............ »

« Ce n'est pas une mauvaise chose. Tu n'as rien à cacher, après tout. Sois juste confiante, comme tu l'es maintenant. »

« Comme je suis maintenant ? » dit Senjôgahara, perplexe.

Elle n'avait pas l'air de se rendre compte à quel point sa performance avait été incroyable.

« Ce n'est pas une mauvaise chose...? »

« Ça l'est ? »

« J'imagine que non, » dit-elle. Puis, "Mais je cache peut-être quelque chose. »

« Mm ? »

« Rien. »

Ses cheveux enfin secs, elle posa le sèche-cheveux et commença à remettre ses vêtements. Comme elle l'avait enfilée avec les cheveux mouillés, sa première tenue était humide, alors elle étendit la chemise et le cardigan sur un séchoir et partit à la recherche d'autre chose à porter dans sa commode.

« Dans ma prochaine vie, » dit Senjôgahara, « je veux être le sergent-major Kururu (de "Keroro"). »

« ............. »

Ça sonnait comme un sophisme, mais ça avait quand même du sens.

« Je sais ce que tu veux dire. Ça sonnait comme un sophisme et tu ne vois pas pourquoi je l'ai cité. »

« Hm, tu as à moitié juste. »

« C'est ce que je me disais. »

« Tu aurais au moins pu dire première classe Dororo (de "Keroro"). »

« Le déclencheur de son traumatisme est bien trop familier. »

« C'est vrai, mais... »

« Pas de mais. Ni de rais. »

« Rais ? »

Je n'arrivais pas à comprendre quel était le mot de base qu'elle avait écorché.

J'avais aussi complètement oublié le sujet d'origine.

Elle devait le penser aussi, car elle se mit à changer de sujet.

« Je peux te poser une question, Araragi-kun ? Rien de bien important. »

« Vas-y. »

« Qu'est-ce que tu voulais dire par "motifs sur la lune" ? »

« Hein ? Quand est-ce que j'ai dit ça ? »

« Tout à l'heure. À Oshino-san. »

« Hm... »

Oh.

Je m'en souvenais.

« Oshino disait que ça pouvait être un crabe, un lapin ou une belle femme. Au Japon, les gens disent d'habitude que les motifs que représentent les cratères sur la lune ressemblent à un lapin qui fait du mochi. Dans d'autres pays, certains disent qu'ils ressemblent à un crabe ou encore à un visage de femme de profil. »

Je ne l'avais jamais vérifié moi-même, mais j'en avais entendu parler. Senjôgahara ne l'avait apparemment jamais entendu dire.

« Je suis impressionnée par ta capacité à retenir des informations inutiles. C'est bien la première fois que tu réussis à m'impressionner. »

Avec des informations inutiles.

Un compliment teinté d'hypocrisie.

Je vais me la jouer un peu.

« Je m'y connais pas mal en astronomie. J'étais passionné à une époque. »

« Pas besoin de te vanter. Je vois clair dans ton jeu. Tu n'as rien d'autre pour toi. »

« Les mots peuvent faire mal, tu sais. »

« Alors appelle la police. »

« ............. »

Même la police ne ferait pas le poids face à elle.

« Je sais pleins de choses ! Comme, euh... par exemple, tu sais pourquoi il y a un lapin sur la lune ? »

« Il n'y a pas de lapin sur la lune, Araragi-kun. Tu es au lycée maintenant, tu devrais savoir ces choses-là. »

« Dis qu'il y en a. »

Attends, qu'est-ce que je dis ?

Dis qu'il y en a ?

Je suis confus.

« Il était une fois un dieu — ou un bouddha, peu importe. Bref, il y avait un dieu, et pour ce dieu un lapin se jeta de lui-même dans les flammes et brûla vif. Il s'était sacrifié pour ce dieu. Le dieu fut touché par cet acte de sacrifice de soi et amena le lapin sur la lune pour que nous ne l'oublions jamais. »

J'avais juste vu cette histoire à la télé quand j'étais gamin et je ne m'en souvenais pas en détail. Donc bon, ce n'était pas très détaillé mais j'en avais retenu l'essentiel.

« Quel dieu acerbe. Il a exhibé ce pauvre lapin pour qu'on se moque de lui. »

« C'est pas vraiment le but. »

« Et le lapin aussi — on l'imagine très bien vouloir s'attirer les faveurs du dieu en se sacrifiant. Petite merde sournoise. »

« C'est vraiment pas ça le but. »

« Eh bien, on dirait que je ne comprends pas alors. » interrompit-elle avant de commencer à enlever une nouvelle fois ses vêtements.

« D'accord. En fait tu aimes juste exhiber ton corps devant moi, c'est ça ? »

« Je n'ai pas un corps qui vaille la peine d'être exhibé. Je l'avais simplement mis à l'envers. »

« C'est un exploit en soi. »

« Je reconnais ne pas être douée pour m'habiller. »

« Comme une enfant. »

« Non. Eux sont lourds. »

« Ah. »

Je n'y avais pas pensé.

Si ses chaussures étaient lourdes, ses vêtements l'étaient aussi.

Quand ils faisaient dix fois leur poids, les vêtements n'étaient pas à prendre à la légère.

J'avais honte.

Ma remarque était irréfléchie et manquait complètement de tact.

« J'ai beau en avoir marre, je ne m'y fais pas pour autant. Mais tu as plus de savoir que je ne le pensais, Araragi-kun. Permets-moi d'exprimer une légère surprise. Il y a peut-être un cerveau dans ce crâne. »

« Bien sûr qu'il y en a un. »

« Bien sûr...? Qu'un cerveau se forme dans le crâne d'un homme de ton genre est un vrai miracle. »

« C'est de la méchanceté gratuite. »

« Ne t'en fais pas, ce n'est qu'un constat. »

« Au moins une des personnes ici présentes mériterait de mourir. »

« ? Hoshina-sensei n'est pas là pourtant. »

« Est-ce que tu viens juste de souhaiter la mort de notre professeur principal adoré ? »

« Est-ce que le crabe l'a aussi fait ? »

« Hein ? »

« Est-ce qu'un crabe s'est jeté dans le feu comme le lapin ? »

« Oh, hmm... non, je ne connais pas l'histoire du crabe. Il doit y en avoir une quelque part. Je n'y avais jamais pensé. Il y a des mers pourtant. »

« Il n'y a pas de mer sur la lune. Dire que tu étais tellement convaincu de dire quelque chose d'intelligent. »

« Hein ? Il n'y en a pas ? Mais — »

« Tes connaissances astronomiques sont effarantes. Il n'y a des mers que de nom. »

« Oh. »

Hmm.

On dirait que je ne peux pas rivaliser avec des gens vraiment intelligents.

« Ta véritable identité est révélée, Araragi-kun. C'était négligeant de ma part d'espérer autre chose de ta part que de l'ignorance. »

« Tu penses vraiment que je suis un idiot, pas vrai ? »

« Comment l'as-tu su !? »

« Tu as l'air vraiment surprise ! »

Elle pensait l'avoir dissimuler ?

Sérieusement ?

« C'est de ma faute. À cause de moi, tu t'es rendu compte de l'état catastrophique de ton cerveau. Je me sens responsable. »

« Attends un instant, je suis vraiment débile à ce point ? »

« Ne t'en fais pas. Je ne juge pas les gens à leurs notes. »

« Tu as déjà jugé les miennes ! »

« Ne postillonne pas. Les mauvaises notes sont contagieuses. »

« Mais enfin, on va au même lycée. »

« Mais aurons-nous tous les deux notre diplôme ? »

« Argh... »

On pouvait sincèrement en douter.

« Je vais aller à l'université. Toi, tu vas être exclu du lycée. »

« Je suis en terminale ! J'ai juste à finir mon année ! »

« Pourtant, tu viendras bientôt me supplier en pleurs de te laisser arrêter. »

« Je n'ai jamais entendu quelqu'un parler comme ça en dehors des mangas ! »

« Comparons nos moyennes. La mienne est de 74/100. »

« Argh. »

Elle a déjà gagné.

« Je n'ai que 46. »

« Ça s'arrondit à zéro. »

« Quoi ? Non, c'est un 6, donc... attends, tu arrondis les dizaines ! Tu fais quoi avec ma moyenne !? »

Elle avait presque 30 points de plus que moi, mais ça ne lui suffisait pas !

« Je n'ai pas l'impression d'avoir gagné tant que la marge n'est pas au moins de 100. »

« Tu arrondis les dizaines pour ta moyenne aussi !? »

Impitoyable.

« Bien, maintenant reste à au moins 2000km de moi. »

« Tu me bannis de la Terre !? »

« Est-ce que le dieu a pensé à manger le lapin ? »

« Hmm ? Oh, tu reviens sur cette histoire. Est-ce qu'il l'a mangé ? Si l'histoire finissait comme ça, ça aurait été plutôt horrible. »

« Ça l'est déjà. »

« Je ne sais pas. Je suis idiot, rappelle-toi. »

« Arrête de faire la tête. Tu vas finir par me rendre moins heureuse. »

« Tu n'as aucune pitié, pas vrai ? »

« Te prendre en pitié n'apportera pas la paix dans le monde. »

« Si tu peux sauver une âme seule, ne commence pas à parler du monde ! Commence plutôt par aider ceux qui sont devant toi ! Je suis sûr que tu peux le faire ! »

« C'est bon, j'ai fini. »

Senjôgahara portait un débardeur blanc, une veste blanche, et une jupe longue blanche.

« Si ça marche, j'irai à Hakkaido pour manger du crabe. »

« On peut manger du crabe même sans aller à Hokkaido. Et puis c'est hors saison, mais si tu tiens tant à y aller, je ne te retiens pas. »

« Tu viens aussi. »

« Pourquoi !? »

« Tu ne le savais pas ? » Senjôgahara sourit. « Le crabe est délicieux. »


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