No Game No Life : Tome 5 Prologue

From Baka-Tsuki
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Prologue : Début Ordinaire[edit]

Partie 1[edit]


『Plus de sept milliards de joueurs connectés !

Avancez vers un futur aux possibilités infinies.

Créez une histoire qui sera véritablement la vôtre ! 』


… La réalité.

En prenant du recul, nos précieuses vies ne sont qu’un jeu.

Le simple fait d’entendre ce slogan attractif nous donne envie d’en faire partie.

Exactement comme le titre l’indique, le jeu appelé 『La vie』 est un jeu fantastique qui dure toute une vie.


Le jeu commence.

Tout d’abord, vous coopérez avec vos parents et commencez automatiquement le processus de personnalisation de votre personnage.

Après avoir reçu la bénédiction de votre père, votre mère et d’autres personnes dans une cinématique d’ouverture touchante, vous pouvez enfin commencer à contrôler votre personnage principal.

Même si les contrôles sont difficiles à maîtriser, vous finirez par vous y faire et vous vous retrouverez dans un pôle social où prime la compétition : l’école.


Le monde dans lequel se déroule ce jeu est la Terre.

Nous avons été jetés dans un coin de cette carte gigantesque et confrontés à un immense jeu sandbox[1].

Nous avons vu le slogan et nous avons été immédiatement accrochés, mais nous avons rapidement remarqué que…


— Nous nous sommes fait avoir.

Des possibilités infinies… Eh bien, cette affirmation n’est pas tout à fait fausse.

Mais l’arnaque dans ce jeu, c’est que personne ne nous apprend que nous pouvons faire les choses à notre manière.

Des désavantages naquirent du manque de niveau des personnages, de leurs points d’expérience, de leur richesse et sans mentionner l’endroit où ils apparaissent.

De plus, d’innombrables entraves ruinaient la liberté accordée dans ce jeu.

Cependant, nous avons continué de travailler dur.

Faisant confiance à ce slogan fantaisiste, nous n’arrêtions pas de tomber et de nous relever

Nous avions vraiment cru que nous possédions un potentiel infini.

Du coup, nous faisions tout notre possible pour augmenter nos niveaux, engranger de l’expérience et gagner de l’argent.

Malgré nos plaintes sur les conditions déloyales octroyées par les 『Talents』, les 『Qualités』 et autres compétences que nous pouvons recevoir lors de la personnalisation aléatoire de notre personnage, nous n’avons pas abandonné. Nous avons plutôt compté sur nos 『Efforts』 pour améliorer nos points d’expérience en travaillant sans relâche. Voilà le genre de jeu qu’est 『La vie』.


Il possède vraiment un scénario touchant qui vous motive, n’est-ce pas ?

— Mais il n’a aucun sens.


Peu importe à quel point votre score peut être élevé, vous ne serez jamais capable de gagner.

Parce que même si votre niveau, vos points d’expérience ou votre richesse franchissent un certain palier, vous souffrirez. En l’occurrence, vous serez exclu de la société.

Pourquoi ?

Pour avoir fait "Trop d’efforts".

Parce que même si c’est quelque chose obtenu par l’『Effort』, il y aura toujours quelqu’un pour dire que c’est complètement injuste.

Lorsque vous possédez 『Quelque chose que les autres n’ont pas』, ils vont sans aucun doute prétendre que c’est injuste.

À cause de cela, nous recevions des "Pénalités".

En recevant des pénalités de la part de sept milliards d’autres joueurs, nous étions mis aux fers.

À ce moment, une pensée nous traversa l’esprit…


— Est-ce que la liberté existe réellement dans ce jeu ?


Peu importe les choix que nous faisions, nous recevions toujours des critiques de la part de la société, des autres joueurs ou d’on ne sait où.

Même en acceptant les critiques et en continuant de jouer, pour peu que nous recommencions à vouloir accomplir nos objectifs avec succès, le même sort nous était réservé.

En nous remémorant tout cela, nous avons réalisé ceci :

Nos actions n’étaient pas réalisées grâce à notre libre arbitre.

Le chemin que nous parcourions était seulement un chemin prédéfini, construit d’après une combinaison des souhaits et des commandes des autres.

Quand nous avons réalisé que nous étions simplement "en train de marcher sur un chemin décidé par les autres"…

Nos soupçons n’en furent que confirmés.

Pas d’erreur là-dessus, cette énorme arnaque appelée 『La vie』 était sans aucun doute un jeu qu’on pourrait qualifier de vaste et imposant jeu sandbox.

Seulement, nous ne sommes pas les joueurs de ce jeu.


Nous avons donc baissé inconsciemment nos têtes et regardé nos mains.

— En observant ces mains liées par d’innombrables cordes pourtant infiniment petites, nos doutes se transformèrent en certitudes.

Nous surveillâmes donc inconsciemment notre environnement.

— En observant notre entourage, lié aussi par d’innombrables cordes pourtant infiniment petites, nos certitudes se transformèrent en connaissance.

Pour peu que nous secouions nos têtes, nous entendions des bruits de craquement. Ce fut à ce moment que les frère et sœur joueurs l’ont réalisé.

Tous les joueurs n’étaient en fait que des marionnettes. Tout le monde était en train d’adhérer à l’apparence des autres et de jouer le rôle qu’on leur imposait dans ce jeu appelé 『La vie』. Exactement comme les marionnettes d’un spectacle de marionnettes… Exactement comme des PNJ.


Maintenant que je vous ai dit tout cela, permettez-moi de poser une question.

『Pour quelle raison êtes-vous en vie ? 』

— Est-ce que votre réponse à cette question provient de votre propre volonté ?


————......

Ceci est le monde tel qu’il est vu au travers des yeux d’une 《PNJMarionnette》.

La 《Marionnette》 ne s’était pas posée de question sur cette vérité depuis que le commencement du jeu, il y a 10 ans.

La 《Marionnette》 sans âme ne se sentait ni anxieuse ni inquiète lorsqu’elle faisait face à cette réalité.

Tout comme les 《MarionnettesPrayers》, nous regardions seulement les visages des autres et faisions des requêtes aux 《HumainsPlayers》 même si nous doutions de leur existence.[2]

Tous espéraient que cette arnaque puisse un jour apporter un quelconque bénéfice à l’humanité.


— Jusqu’à ce jour.

Partie 2[edit]


Elven Gard — Comté de Tillnog — Miguel Sud.

C’était un simple quartier appartenant à la faction possédant le plus grand territoire. Elven Gard s’étalait sur trois continents et cinquante-deux états.

Situé au sud de la capitale et près de Dure Chute, le royaume des Nains, il faisait partie de la ville de ceux qui ont reçu la bénédiction de la forêt en y naissant, les Elfes.

L’architecture de ce lieu était complètement différente de celle de l’Imanity — Elchea.

Dans le centre-ville se trouvait un "Arbre du Paradis" dont l’une des branches s’étendait au-dessus des nuages. C’était un arbre incroyablement grand dont les racines emmêlées dans le sol de la forêt faisaient penser à des vaisseaux sanguins et avaient été aménagées par les Elfes afin de former des routes. Les maisons et les lumières se mêlaient aux souches et aux feuillages qui brillaient au sol, et faisaient office de joints entre les pavés.

Ce mode d’architecture était complètement différent de celui consistant à raser et niveler des forêts pour y construire des 『bâtiments』 faits de briques et de pierres.

Cette véritable 『Citée vivante』 pouvait exister uniquement grâce à la maîtrise d’une magie très puissante.

Dans les rues qui ne faisaient qu’une avec la nature se trouvait un manoir particulièrement grand.

C’était la résidence du maire : Ron Barthel.

À ce moment-là, une jeune femme franchissait les portes qui étaient recouvertes de boutons de rose.

Elle avait une chevelure blonde et soyeuse avec quelques boucles.

Sa paire d’oreilles pointues témoignait de son appartenance à la race elfique. Le rubis présent sur son front produisait de faibles rayons lumineux lorsqu’il était exposé aux rayons du soleil.

La personne qui sortit pour l’accueillir était un homme aux oreilles également pointues qui semblait avoir atteint le troisième âge. Il était vêtu d’une tenue clairement destinée au rang de la haute société.

« Bienvenue, Mlle Feel. Ou devrais-je vous appeler Mlle Nilvalen ? »

La jeune fille répondit avec douceur d’une voix diplomatique :

« Appelez-moi comme bon vous semble, Messire Barthel, car je n’ai pas officiellement hérité du titre de chef de famille. »

En entendant sa réponse, l’homme, Barthel, eut un malicieux sourire en coin.

Il recula, tendit ses bras et invita Feel à entrer dans le manoir entièrement végétal.

« Pour avoir demandé à une jeune femme de voyager aussi loin juste pour visiter mon humble demeure, je vous offre mes plus sincères excuses. »

« Fufu, je vois que vous avez toujours autant de talent pour la flatterie. »

« Je n’aurais jamais pensé que vous diriez une chose pareille. Je suis peut-être vieux, mais je crois que ma capacité à apprécier les belles fleurs n’a pas été perdue… Malgré le fait que vous n’êtes rien d’autre qu’une affreuse mauvaise herbe comparée à mon jardin, bien sûr. »

« Une fleur dont on prend soin peut encore fleurir, vous savez. Oh, je devrais aussi mentionner qu’il faut savoir prendre son mal en patience pour qu’elle le fasse, bien sûr~ »

Pendant qu’ils marchaient, leurs sourires ne faiblirent pas, ne serait-ce même qu’un peu, mais ils n’échangèrent aucun regard pour autant.

Barthel conduisit Feel jusqu’au hall principal.

Au milieu de ce hall se trouvait une table décorée de diverses fleurs et plantes, et accompagnée de deux chaises. Comme Feel en choisit une pour s’asseoir et Barthel s’assit sur l’autre.

« Cela risque d’être très ennuyeux pour nous deux donc j’irai droit au but. »

Il posa directement sa question sans tourner autour du pot :

« Pour ce tour des élections sénatoriales, Nilvalen, puis-je demander votre retrait ? »

Barthel s’adressa à Feel avec son nom de famille sans utiliser d’honorifique, comme s’il s’agissait d’un ordre plutôt que d’une demande.

Même si Feel avait dit qu’elle ne se souciait pas de la manière dont il s’adressait à elle, il y avait une règle taboue dans le cercle des nobles d’Elven Gard qui stipulait :

S’adresser à quelqu’un simplement avec son nom de famille revient à l’insulter.

Toutefois, Feel garda son sang-froid et continua de sourire sans même sourciller.

« Est-ce tout ? »

« Bien sûr que non. Je souhaiterais aussi que vous me recommandiez personnellement pour les élections, officiellement en tant que Nilvalen. »

« Ah~, voilà donc où vous voulez en venir. »

« Oui, les versements pour l’élection et les arrhes seront également sous votre responsabilité. Une autre chose. Un ami proche de moi, Messire Castor Lesto, souhaiterait obtenir votre harpe dorée en os de dragon. Si vous la lui donnez, il me recommandera pour cette élection. »

« Hmm… Elle fait partie de mon héritage familial, vous savez ! Dans le passé, une ville entière a été échangée pour l’obtenir. »

« C’est aussi ce que j’ai entendu dire et je suis sûr qu’il appréciera fortement ce cadeau. »

Les coins de sa bouche se tordirent une fois de plus, révélant son sourire malicieux.

Il abaissa son regard de façon à faire rentrer dans son champ de vision la grosse et opulente poitrine de Feel.

« Bien évidemment, je ne veux pas vous forcer à prendre une décision immédiatement, alors pourquoi ne pas rester ici cette nuit ? Nous avons besoin de nous installer confortablement pour discuter 『toute la nuit』 sur la façon dont notre relation devrait évoluer à partir de maintenant ? Hmm ? »

« L’habit ne fait pas le moine, vous savez ? »

Feel répliqua en essayant difficilement de se retenir de rire.

« Vous désirez essentiellement de l’argent, des territoires et des femmes, n’est-ce pas ? À cette époque, j’imagine que même une montagne de bandits aurait des demandes plus raisonnables. »

« C’est parce qu’ils savent qu’ils ne sont que du menu fretin. Ne pensez-vous pas qu’une personne de ma position et de mon envergure puisse se permettre d’exiger de telles demandes ? »

« Je ne partage pas du tout votre point de vue, mais si vous voulez penser de cette façon, c’est votre choix~ »

Feel conserva son sourire puis ajouta :

« Alors vous pensez vraiment que je vais accepter ce genre de demande, vous êtes ivre ou bien ? »

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« Haha, plutôt que d’être ivre, je préférerais être intoxiqué par la beauté des fleurs. Vous deviez savoir que je comptais vous faire ce genre de demande, mais vous êtes quand même venue, n’est-ce pas ? En tout cas… »

Barthel claqua des doigts une fois.

En même temps qu’elle sentit qu’un Corridor d’Esprits avait été utilisé, un service à thé avec une théière encore fumante, accompagnée d’un breuvage bouillonnant, apparut sur la table.

Comme dansant dans les airs, une fine feuille de papier se posa doucement sur la table juste en face de Feel.

« … En tant qu’actuelle vice membre du congrès, vous avez tout essayé pour libérer les esclaves. Si vous ne craignez pas que je vous dénonce, vous pouvez toujours refuser le marché, n’est-ce pas ? Cela vous convient-il ? »

Entendant les mots menaçants de Barthel, Feel continua tout de même de sourire.

Elle se contenta d’inspecter la feuille posée sur la table sans dire un mot.

Ce qui était écrit dessus était simple.

Il s’agissait d’un compte-rendu sur les actes et les preuves d’implication de Feel et de son groupe dans cette affaire.

Si la loi sur l’esclavage était abolie, la société des Elfes se retrouverait sens dessus dessous, c’est pourquoi ses actions pouvaient être jugées comme criminelles.

Si cette liste venait à être rendue publique, ça ne serait pas surprenant que Feel et les autres soient rendus coupables de trahison.

« Puisque vous avez déjà déterré autant d’informations à notre sujet, pourquoi ne pas avoir pris l’initiative et nous dénoncer ? »

« Personnellement, je crois au libre arbitre et je n’agis que pour mon bénéfice personnel. Quel intérêt ai-je à prendre d’initiative et exposer vos petites ruses ? »

« Donc vous préférez vous en servir pour me menacer ? La liberté est ce qu’il y a de mieux, hein ? »

« Vous menacer ? Vous utilisez de nouveau des mots très forts… Je ne fais que des suggestions à une femme stupide. Je vais m’occuper de vous former correctement alors pourquoi ne pas vous agenouiller et me supplier comme un chien qui veut se faire pardonner ? Hmm ? »

« J’apprécie votre offre, mais non merci. Que diriez-vous plutôt d’arrêter de tourner autour du pot ? »

« Ha, vous ne pouvez vraiment pas attendre, n’est-ce pas ? Hmm ? Bien, alors… »

Après avoir dit ces mots, Barthel claqua des doigts une nouvelle fois.

Une rune magique d’apparence complexe surgit de nulle part et un paquet de cartes se matérialisa en son centre.

« Nous allons jouer au jeu des 『Cartes Divinatoires』. Je crois que cela ne nécessite pas d’explication ? »

Les Cartes Divinatoires.

Un jeu populaire chez les Elfes dans lequel vingt-deux cartes magiques sont utilisées dans le but de s’affronter.

— C’est aussi un jeu dangereux, souvent utilisé pour régler les conflits.

Pour quelqu’un avec une faible capacité magique comme Feel, ce serait un duel désavantageux.

D’après les 『Dix Commandements』, la partie défiée, Feel, avait le droit de sélectionner le jeu. Pourtant…

« Alors, décidons maintenant de ce que chacun de nous est prêt à parier. »

Feel répondit prudemment à son opposant en le fixant du regard, son expression restant toujours inchangée.

Les deux se mirent à réfléchir aux demandes qui seraient accomplies sous l’autorité absolue des 『Commandements』.


« Eh bien, je veux tous vos droits personnels et vous m’appartiendrez pour le reste de votre vie, si je gagne, bien sûr. »

« Nous voulons que vous oubliiez tout ce qui concerne nos efforts et que vous nous assistiez inconditionnellement autant que possible. »

— C’était une demande raisonnable.

Si Barthel venait à acquérir Feel, il obtiendrait tout, de son nom de famille jusqu’à sa virginité.

D’un autre côté, la demande de Feel était de lui faire renoncer à toutes les preuves qu’il pourrait utiliser pour les menacer, mais également à ses économies personnelles pour se venger en acquérant ses services.

« Pas de problème. Mais pour un voyou de troisième ordre comme vous, il vaudrait mieux ne pas trop penser à la victoire, vous savez…

Quand l’imagination dépasse la réalité, on appelle ça un fantasme, vous savez ? »

« Vos tentatives évidentes de bluff sont vraiment divertissantes, hmm ? Est-ce que la honte de la famille Nilvalen pense vraiment pouvoir me battre ? »

Après un bref échange de railleries et de regards tendancieux, les deux adversaires jurèrent immédiatement.


« 【Aschente】 »


Comme pour répondre à ces mots, les sorts s’activèrent sur la table et le jeu commença.

Barthel et Feel reçurent vingt-deux cartes chacun.

Leurs cartes planaient automatiquement dans les airs à des positions fixes, se tournant d’elles-mêmes de sorte que l’adversaire ne puisse voir que le dos des cartes.

Ensuite, ils devaient en tirer le même nombre pour les lancer dans un combat en face à face.

— Voici le jeu connu sous le nom de 『Cartes Divinatoires』.

Un simple jeu se jouant avec des cartes de tarot commença alors.

— Lorsque les deux adversaires sont des Elfes, il est presque impossible de tricher avec de la magie.

Comme ils sont capables de détecter les sorts de leur adversaire avec les Corridors d’Esprits, il est impossible pour une partie d’essayer de tricher. De ce fait, les Elfes aiment particulièrement jouer à ce genre de jeu contrôlé automatiquement par la magie.

Parmi ceux-là, le jeu connu sous le nom des Cartes Divinatoires était particulièrement populaire pour son divertissement et ses conditions de victoire.

« Deux cartes. »

Quand Feel déclara cette simple phrase, deux cartes disparurent immédiatement du jeu qui flottait dans les airs.

Au même moment, ces deux cartes se matérialisèrent instantanément sur la table, faces cachées.

Barthel sourit et dit :

« Deux cartes. »

Cette fois, ce sont les cartes de Barthel qui se posèrent faces cachées sur la table.

Ils allaient tous les deux utiliser les deux cartes qu’ils avaient choisies pour décider du vainqueur du tour.

Barthel s’exprima alors avec impatience :

« Que diriez-vous de révéler nos cartes ? »

« Bien~ Alors… »

Les deux concurrents prononcèrent simultanément une simple phrase :


« 【Les jeux sont faits】 »


Immédiatement après cela, leurs cartes se retournèrent simultanément.

En un instant, l’air les entourant sembla imploser, car une quantité importante d’énergie venait d’être tirée des Corridors d’Esprits.

Les cartes que Barthel avait piochées étaient 【La Force】 et 【Le Chariot】.

La combinaison de ces deux cartes était connue comme étant : 【La Réputation est Puissance】.

Les cartes de Feel étaient 【Le Mat】 et 【L’Amoureux】.

【L’Amour est Folie】.

Les cartes appartenant à chacune des parties commencèrent à émettre une lumière éblouissante, et des images à moitié transparentes commencèrent à se matérialiser devant eux.

Barthel avait invoqué un chevalier revêtu d’une armure complète qui dégaina immédiatement son épée et commença son attaque.

L’invocation des cartes de Feel était par contre une jeune fille à moitié nue avec une expression de douleur exquise.

La jeune fille se déplaça gracieusement telle une danseuse, attrapa le cou du chevalier et lui souffla quelques phrases dans son oreille.

Le chevalier leva sa tête comme s’il était très troublé puis tourna son épée dans la direction opposée.

Il fit demi-tour en portant la jeune fille et abattit son épée sur celui qui l’avait invoqué, sur Barthel.

— Créé par la septième race la plus puissante des 【Exceeds】 et la plus habile avec la magie, les Elfes, c’était un jeu de cartes qui ne pouvait être joué que grâce à l’usage de leur magie.

Le sort de 『Retour de flamme』 qui avait été activé par les cartes exploita la violence aveugle émanant du chevalier et la redirigea sur Barthel.

En réponse, ce dernier murmura quelques mots, étira la paume de sa main et invoqua instantanément un bouclier défensif.

Deux formations magiques apparurent de nulle part pour bloquer l’épée du chevalier.

Un lourd bruit résonna dans toute la pièce et de la lumière éblouissante en jaillit.

Une grande quantité d’esprits explosèrent et se consumèrent progressivement à travers toute la cour puis ils disparurent.

Malgré qu’il ait utilisé une contre-attaque aussi puissante, Barthel ne semblait pas en être affecté le moins du monde.

« Pour vouloir vraiment utiliser une combinaison pour renvoyer mon attaque dès le début, il semblerait que même la faible froussarde a peur d’être blessée, hmm ? »

Feel répliqua en gardant son même sourire.

« Éviter les risques dès le premier tour est une stratégie parfaitement raisonnable, vous savez. Et je serais très frustrée si le vainqueur était instantanément désigné de cette manière. »

« Hé hé, c’est exactement la raison pour laquelle les autres ne vous apprécient pas… Pour vouloir utiliser ce genre d’astuce dans les jeux, vous ne comprenez clairement pas la beauté de celui-ci. Et si je vous enseignais une leçon sur les méthodes qui scient vraiment à quelqu’un qui descend de la noblesse, hmm ? »


Essentiellement, c’est un jeu de "Cartes de TarotCartes Divinatoires".

— C’était le jeu de duel ultime joué par les Elfes, la race située à la septième place.

Les deux participants possédaient les mêmes vingt-deux cartes et en tiraient deux à chaque tour pour former une combinaison.

Les combinaisons ne comptaient pas seulement sur la force brute, mais possédaient aussi différentes affinités. Le perdant du tour subissait une 『Attaque』 d’une force correspondant à la capacité de la combinaison utilisée.

Et ces attaques pouvaient seulement être bloquées par la magie des joueurs.

Les cartes utilisées sont envoyées dans le cimetière et après onze tours, donc quand toutes les cartes sont utilisées, les deux joueurs ont le choix d’abandonner ou de continuer le jeu. S’ils décident de continuer, les deux joueurs reçoivent de nouveau vingt-deux cartes chacun et continuent le duel. Au moment où un des participants devient incapable de continuer le jeu, le vainqueur est désigné.

Il y a un total de deux cent trente et une combinaisons possibles.[3] Prédire et contrer chacune d’entre elles était un exploit impossible à réaliser.

Du coup, la clef de la victoire résidait dans le fait d’『Esquiver les attaques』.

— C’était également un test pour jauger le niveau moyen des Elfes magiciens.

Ceux qui étaient capables de 『Lancer quatre sorts en même temps』 étaient considérés comme faisant partie des meilleurs mages. Bien que Barthel soit incapable d’en faire autant, il était déjà un excellent 『Tri-Magicien[4]』.

Par contre, Feel, de son côté…

« Vous n’êtes capable que de 『Lancer deux sorts en même temps』 même après avoir utilisé ce genre de magie runique et en vous servant d’une gemme d’âme utilisée pour aider les débutants. Croyez-vous vraiment qu’avec ce niveau-là, vous, la honte de la famille des Nilvalen puisse triompher contre moi, hmm ? »

— Aucun doute là-dessus, dans ce jeu, l’habileté à la magie détermine qui sera le vainqueur.

Le nombre de sorts qu’une personne peut lancer simultanément représente également la force de sa magie et le temps qu’elle a passé à l’utiliser.

Feel pouvait à peine atteindre le niveau d’un Di-Magicien, alors vouloir vaincre un Tri-Magicien comme Barthel était un exploit irréalisable.

Cependant, Feel se contenta de rire nonchalamment.

« Oui, bien sûr que je le pense ! Vous êtes déjà devenu aussi arrogant en ayant seulement bloqué la première attaque. Que diriez-vous de me toucher une première fois avant d’agir aussi sauvagement, hmm ? »

Puis, elle regarda momentanément au-dessus d’elle.

Le mouvement des esprits ne s’était pas arrêté et le premier étage du manoir était visible depuis la cour centrale où des pétales volaient encore après la secousse de la précédente explosion.

Feel regarda au travers d’une fenêtre du premier étage. Elle pouvait discerner une fille avec des cheveux et des vêtements noirs, l’ombre de sa 『Partenaire』, qui était en train de marcher. Elle eut un léger sourire en coin.

Il était clair ce jeu de magie n’avait aucune place pour l’Imanity qui ne pouvait ni utiliser ni détecter la magie. Si un Imanity venait à prendre le moindre coup, il perdrait à coup sûr donc ce ne serait même pas considéré comme un jeu.

Mais… des images de deux personnes lui traversèrent l’esprit.

Un jeune homme et une petite fille portant des expressions de fierté et de condescendance, mais également une pointe de tristesse…

— Pourquoi insistez-vous pour vous confronter directement à votre adversaire ?

Et puis…

« Le jeu s’est terminé avant même d’avoir commencé, vous savez ? »

Partie 3[edit]


« … Tch, ce bâtard de Barthel. »

Observant le duel qui avait lieu au milieu de la cour depuis le premier étage en ayant pris de la hauteur, le majordome de Barthel, Fritz, jura grossièrement.

— Au vu de la proposition de son maître, ses arrière-pensées étaient évidentes.

Découvrir les faiblesses de son adversaire, la forcer à participer à un jeu auquel elle ne peut pas gagner et en faire son esclave.

S’il gagnait contre cette femme, le vote de la maison des Nilvalen, son pouvoir, ses richesses et bien sûr, la seule chose plus précieuse que l’or, à savoir ses seins, tout cela lui appartiendrait.

Malgré que l’expression de Barthel soit habituellement calme et crapuleuse, il devait sûrement déjà songer à ce qu’il allait faire une fois qu’il allait obtenir la victoire.

Il devait très certainement penser à comment il allait apprécier cette voluptueuse paire de seins au lit cette nuit.

Comment pouvait-il en être aussi certain ? Parce que lui, qui se trouvait dans un angle mort de cette femme pour aider Barthel à bloquer les 『Attaques』 de ses cartes, ne pensait également à rien d’autre que cette gigantesque poitrine.

Ce qu’il y avait de plus important chez une femme était ses seins, son apparence, ses fesses, sa taille et ses jambes, sans mentionner les accessoires qui accompagnaient sa poitrine dont la valeur était identique aux serviettes qu’on recevait lors d’un repas dans un restaurant.

Son intelligence ? Sa maîtrise de la magie ? Ces choses-là n’avaient aucune importance.

— Pour tout vous dire, Feel était exactement le type de femme de Fritz.


« Ah, c’est vraiment une coïncidence de vous rencontrer ici. Vous êtes le majordome de Barthel… Fritz, c’est bien cela ? »

« !? Vous êtes l’esclave de Nil… »

Fritz se retourna désespérément et regarda l’Imanity dont les cheveux et les vêtements étaient noirs… L’esclave de Nilvalen.

Son nom est Kurami je crois, pensa Fritz qui resta sans voix.

« Tch, planche à pain, ne t’approche pas de moi. »

Il trouvait très peu appréciable de se faire approcher par une Imanity dépourvue de poitrine.

Et puis il n’avait pas le temps d’être diverti par ses mots.

Il avait des choses bien plus importantes à faire, à savoir assister Barthel et apprécier la vue de la poitrine de Feel… Mais comme la planche à pain ne pouvait probablement pas lire ses pensées, elle continua de lui parler sur un ton calme :

« Vous rencontrer ici doit être l’œuvre du destin, que diriez-vous de 『m’affronter』 à un jeu ? »

« … Surveille ton langage, servante. Attends au moins que ta poitrine triple de volume avant d’oser me parler, espèce inférieure. »

En entendant ces mots qui portaient un ton condescendant et insultant en plus d’autres sous-entendus, la fille maintint le sourire sur son visage.

« Mon langage… hein ? Et si je disais quelque chose comme… »

Son regard s’aiguisa immédiatement.

« Je vais prouver que Barthel et vous êtes en train de tricher. Que pensez-vous de cela ? »

« … Je ne vois pas de quoi vous voulez parler. »

« Vous pensiez dire qu’un Imanity n’est pas capable de détecter la magie, pas vrai ? »

« … »

Pendant qu’il resta silencieux, la fille sans poitrine secoua sa tête comme si elle jouait une comédie.

« Dans le cas où, par exemple… notez d’ailleurs que ce n’est qu’un simple exemple. Il est bien sûr très difficile mais pas impossible qu’un Di-Magicien puisse battre un Tri-Magicien. Mais si vous aidez Barthel à repousser ses 『Attaques』, alors cela vous assurerait une 『Victoire Garantie』 et moi, qui n’a bien sûr aucune capacité pour détecter la magie sera incapable de le prouver. Ma maîtresse, Feel, serait donc en grand danger. »

« … »

Cependant, la fille à la poitrine plate pouffa tout en couvrant sa bouche et continua :

« En fait, je n’ai pas vraiment besoin d’agir pour vous dénoncer. Parce que vous allez l’admettre de vous-même de toute façon. »

« … Quoi ? »

« Je vous le redis une fois de plus, est-ce que vous souhaitez 『m’affronter』 à un jeu ? Parce que si vous refusez… »

La fille révéla un sourire malicieux et sortit une petite pierre précieuse.

« Vous avez utilisé les fonds de Barthel pour produire une 『Potion de magie hautement concentrée』 que vous avez vendue en secret au pays voisin, c’est-à-dire aux Nains. Je vais en informer la police et ruiner votre réputation, que dites-vous de cette formulation ? »

« Quoi !? »

Fritz poussa un cri qui ressemblait à un gémissement. C’était bien sûr compréhensible.

La pierre précieuse de Kurami tenait dans sa main était bien la potion qu’il vendait, un produit interdit.

« Compresser et liquéfier les esprits puis les absorber pour augmenter la quantité d’esprits du corps d’une personne. C’est une potion créée pour augmenter les pouvoirs magiques, mais qui a aussi des effets secondaires… Non, je devrais mentionner que c’est exactement à cause de ces effets secondaires que de nombreuses personnes ont abusé de cette substance et qu’elle a fini par être interdite. »

Et cet effet secondaire était…

« La poussée d’adrénaline et le fait de se sentir invincible après une overdose sont similaires aux effets des drogues. »

« … ! »

« Vous devriez comprendre la situation à présent, pas vrai ? Affrontez-moi rapidement dans un jeu ou bien vous n’aurez bientôt plus d’autre option. »

Kurami s’exprima avec un sourire incroyablement sinistre et rusé. Fritz qui observait son expression effrayante ne put empêcher les coins de sa bouche de tressaillir légèrement de peur.

C’est impossible.

Arrêtez ça.

« … Argh ! »

Non, je dois l’endurer, je ne peux pas encore le faire, je ne dois pas encore éclater de rire !

Se moquer de cette pitoyable planche à pain qui pense avoir un avantage en ayant seulement quelques informations serait trop honteux !

Fritz se retourna vers cette fille à la poitrine inexistante avec ses épaules qui tremblaient de façon incontrôlable.

N’ai-je vraiment pas l’air d’un homme qui n’a pas d’autre choix et qui a été poussé au bout du rouleau ? C’est stupide, tout cela est incroyablement stupide.

Ce duel a été initié par Barthel pour défier Nilvalen.

Celui-ci avait décidé d’observer de près les plans de Nilvalen pour libérer les esclaves et utilisa cela comme menace pour la forcer à participer à un jeu où les conditions lui seraient défavorables. Et pour s’assurer encore plus la victoire, il comptait aussi sur l’aide secrète de Fritz.

Mais il se souvint de la phrase que Feelcelle à la forte poitrine avait dite précédemment…

— Je serais très frustrée si le vainqueur était instantanément désigné de cette manière.


(Donc en fait, depuis le début, leur cible n’était pas Barthel mais moi.)

Fritz lutta pour s’empêcher d’éclater de rire en réalisant que Feel avait accepté facilement le défi de Barthel car cela faisait partie de son plan.

Dans une situation où il était contraint d’assister Barthel, même une jeune Imanity pouvait le coincer. Ce genre de mauvais coup aurait dû être évident à prévoir.

Lui-même aurait dû prédire qu’une telle chose arriverait.

Sa contrebande de potions magiques et le fait que Feel et Kurami entreraient en contact avec lui pendant ce duel, il avait préparé tout cela en avance avec Barthel lui-même.

Pourquoi ? Parce qu’il en avait déjà discuté avec lui auparavant.

— Votre majordome a commis de tels crimes et vous êtes son maître. Donc, pour ne pas ternir votre réputation, nous comptons secrètement lui faire tout admettre de lui-même, donc nous demandons votre assistance à ce propos.

Ils ont créé cette situation de sorte qu’il tombe dans leur piège.

(… C’est vraiment ce à quoi elles ont pensé… C’est vraiment trop risible !)

Ce qu’elles n’avaient pas réalisé était que Barthel, la personne en qui elle cherche de l’aide, était en fait le cerveau de cette fraude. Barthel n’allait pas le vendre, parce que si jamais Fritz avouait, des informations au sujet du fait que Barthel était le meneur de cette contrebande filtreraient.

Donc il avait prétendu coopéré et prévoyait d’acquérir Feel pour lui-même au passage.

Barthel lui-même avait créé ce plan et choisit son propre manoir comme lieu où se dérouleraient les évènements. Comme leur rencontre était secrète, hormis cette esclave sans poitrine, personne d’autre ne l’avait accompagnée.

— C’était trop facile.

Ainsi, l’Imanity à la pitoyable poitrine et l’Elfe à forte poitrine mais à la cervelle pitoyable… toutes les deux avaient essayé de le piéger, mais s’était fait prendre dans leur toile d’araignée à la place.

« … Vous êtes vraiment plus stupide que je ne le pensais. Je vais vous le redire encore une fois pour que même un idiot puisse le comprendre. »

La voix de la fille sans poitrine était tel un jet d’eau glacée destiné à Fritz qui était encore en train de se retenir de rire.

« Vous n’avez pas d’autre option, alors voulez-vous jouer un jeu ou avoir votre vie ruinée ? Est-ce que vous avez compris ? »

En entendant ce défi hilarant, Fritz serra ses dents pour contrôler son envie irrépressible de rire puis leva la tête.

Il sortit la cour de son champ de vision pour porter son attention sur son adversaire. Fritz fit de son mieux pour agir calmement et s’assit devant la table située à côté de lui.

« … Très bien, mais comme je m’ennuie aussi, faisons ça rapidement. »

« Quelle coïncidence, je ne peux pas laisser ce jeu traîner en longueur à cause de ma partenaire, alors faisons un simple jeu. »

La fille sans poitrine s’assit en face de lui.

« Voici un jeu de cartes tout à fait normal. »

Elle tira trois cartes et les plaça sur la table. Les cartes étaient l’As, la Reine et le Roi de Pique.

« Le Roi bat la Reine, l’As bat le Roi et la Reine bat l’As. »

En disant cela, elle retourna les cartes faces cachées puis les mélangea à plusieurs reprises sur la table.

« Nous allons piocher une carte chacun puis les retourner pour décider du vainqueur. Je suis sure que même un idiot comme vous sera capable de comprendre ceci ? »

« Hmph, et quelle est votre demande ? »

« N’est-ce pas à vous de la formuler ? Ou est-ce que vous me suppliez de me demander grâce ? »

La fille dénuée de poitrine se mit à rire de façon insultante et malgré qu’il se sente irrité par ses actions, Fritz répondit le premier.

« … Alors je demande la destruction et l’oubli des informations que vous avez 『Toutes les deux』 acquises au sujet de la contrebande. »

« Bien, alors je demande à ce que vous 『Confessez』 et 『Témoignez』 sans omettre le moindre détail. »

En entendant sa requête présentée avec un ton chaleureux, Fritz leva légèrement un sourcil.

Son objectif était de lui faire confesser tous les détails liés à la contrebande et à la triche qui interférait le jeu qui se déroulait en ce moment même dans la cour.

Donc, ces deux stupides et pitoyables femmes étaient peut-être folles, mais elles avaient bien réfléchi à leurs propres intérêts avant de venir ici, comme si elles n’étaient pas tombées dans leur piège depuis le début…

« Bien, 【Aschente】. »

« OK, 【Aschente】… »


— Piochez.

Tout en maintenant la carte qu’il avait piochée face cachée, Fritz utilisa un petit peu de magie.

(Alors tu crois que je ne peux pas assister Barthel et utiliser de la magie en même temps ?)

Son adversaire était simplement la honte des Nilvalen.

Feel Nilvalen… L’existence la plus incapable depuis la fondation de la Maison des Nilvalen.

Même réussir à être diplômée de l’école 『La Tour de l’Arbre Blanc』 fut une tâche trop difficile pour elle. Si ce n’était pas pour les marques runiques sur le dos de sa main et sur son front, elle ne serait même pas capable de lancer deux sorts en même temps. Quant à Barthel, il pouvait lancer jusqu’à trois sorts en même temps et son adversaire était une stupide femme à forte poitrine trop confiante, car elle croit que c’est une fausse compétition. Même s’il ne l’aidait pas momentanément, que risquaient-ils ?

— Utilisant le sort connu sous le nom de 『Perspective』, il vit que sa carte était un 『As』.

Malheureusement, il était incapable de voir au travers du piège de son adversaire avant que le jeu ne commence. Cependant, comme ce jeu avait été suggéré par son adversaire, il fallait s’attendre à ce qu’elle triche.

Il confirma qu’il ne sentait pas la présence de magie donc la seule façon de tricher qu’une espèce comme l’Imanity était capable était… Est-ce qu’elle a trafiqué le jeu quand elle l’a mélangé pour contrôler la carte qu’elle piochera ?

Quoi qu’il en soit, la seule carte avec laquelle la planche à pain pouvait le battre était la 『Reine』. Il n’y avait que trois cartes dans ce jeu.

Même s’il transformait son 『As』 en 『Roi』, si la dernière carte était retournée, sa tricherie serait révélée.

Mais si cela arrivait, il n’avait qu’à 『Utiliser la magie pour échanger les images de leurs cartes』.

Cela fonctionnerait même si elle avait trafiqué le jeu pendant qu’elle le mélangeait pour tirer la carte qu’elle voulait, mais cette action même serait de la triche.

Aussi, même si Fritz utilisait de la magie pour échanger leurs cartes, une Imanity comme Kurami qui ne peut détecter la magie serait incapable de le prouver.


— Elle devait penser quelque chose de ce genre-là.

(Toi et Imanityton espèce chétive, ne me sous-estimez pas.)

Il utilisa le minimum de force nécessaire pour appuyer son doigt sur la table de sorte qu’il ne fasse pas le moindre bruit. En un instant, les esprits qui traversaient la table lui indiquèrent que la carte de la planche à pain était un 『Roi』.

En fait, elle avait deviné que sa carte allait être échangée avec la sienne et elle avait choisi intentionnellement une carte qui allait la faire perdre contre lui.

« Après tout, c’est bien la 『Honte des Nilvalen』 et son esclave… Quelle naïveté. »

À présent, Fritz ne prit plus la peine de se retenir et éclata de rire.

« Une femme idiote à forte poitrine est bien meilleure qu’une planche à pain maline. Les vitamines des femmes ont bien plus de valeur lorsqu’elles sont envoyées dans leur poitrine plutôt qu’à leur cerveau. Cependant, si elle est à la fois stupide et dépourvue de poitrine, alors c’est vraiment un cas désespéré. »

« … Il semblerait que la rumeur comme quoi c’est un trait de caractère qui ne peut être développé que si on le possède dès la naissance soit vraie. »

Fritz se racla légèrement la gorge, car il n’avait pas besoin de faire la moindre chose à part laisser son adversaire tomber dans son piège.

« Bien, peut-on retourner nos cartes maintenant ? »

« Bien, alors ce sera votre défaite. »

Ils retournèrent leurs cartes simultanément. Comme prévu, la carte de Fritz était un 『As』.

Et celle de la planche à pain était…

— Une 『Reine』.


« … Comment est-ce !? C’est impossible !? »

Fritz donna un coup de pied dans sa chaise et cria.

Comment cela était-il possible ? Impossible, ça ne devait pas se passer ainsi. En entendant les hurlements de Fritz, un sourire apparut sur le visage de Kurami.

C’était un gentil sourire. Oui, qui s’étendait sur son visage tout comme le soleil.

« … Eh, c’est bien différent de la carte à laquelle vous avez jeté un coup d’œil, vous êtes encore sous le coup de la surprise ? »

Après que le timbre de sa voix changea, le corps de Kurami sembla scintiller.

« La Magie devrait être utilisée seulement après avoir détecté sur qui vous comptez l’utiliser, vous savez ! »

La fille aux cheveux noirs disparut tel un mirage et se transforma en une fille avec une chevelure blonde, ce qui voulait dire…

« Vous… Vous êtes Nilvalen !? »

Feel qui avait emprunté l’apparence de Kurami avait repris sa forme originale.

« Oui, je suis Feel Nilvalen. »

Le sourire indulgent de Feel avait presque la forme d’une demi-lune.

« Vous disiez que mes vitamines étaient toutes allées vers ma poitrine plutôt que mon cerveau, n’est-ce pas ? Alors j’ai une question pour vous. Dans votre cas, où se sont donc échappées les vôtres ? La croissance de votre chose ici-bas ne semble pas non plus si bonne. »

En un instant, des esprits se précipitèrent sur le corps de Fritz pour inspecter la condition de son corps et Feel sourit jusqu’à ce que ses yeux ne deviennent que deux petites fentes.

« Le haut et le bas ne sont pas utilisés convenablement. J’ai de la peine pour les vitamines que vous avez absorbées, vous savez ! »

Mais Fritz ne fit pas attention à ses insultes.

— Il avait perdu ? Perdu contre Nilvalen !?

« Vous n’avez pas besoin de prendre cet air aussi ahuri, non ? Même si votre chose "ici-bas" est courte et petite, il y aura bien quelqu’un qui l’appréciera… Mais comme votre cerveau et votre apparence sont déficients, alors il n’y a vraiment rien à faire, c’est bien cela ? »

— Alors… a-a-alors !?

« … Impossible ! Alors la personne qui est en train d’affronter Barthel, qui est-elle !? »

Partie 4[edit]


« Kurami~ J’ai déjà fini de mon côté~ »

Feel Nilvalen se pencha au-dessus du balcon et fit des gestes en direction de la cour. Instantanément, le corps de Feel Nilvalen qui était en plein duel contre Barthel, non…

Celle qui avait simplement imité son apparence retira son voile et reprit son apparence normale. La fille aux cheveux et aux vêtements noirs, Kurami Zell, apparut à sa place et fit gracieusement une révérence.

« Merci de votre coopération, Messire Barthel. »

« … N-non, mon serviteur a fait des choses illégales derrière mon dos. Je vais devoir prendre la responsabilité pour ne pas l’avoir réalisé plus tôt, hum. »

En voyant l’Imanity faire une ample révérence, Barthel cacha son état de choc et plissa son front en parlant.

« Non, mais ceci est différent de ce sur quoi nous nous étions mis d’accord plus tôt ? Hum ? Nous avons tous les deux accepté que notre rencontre soit secrète… Je n’ai pas entendu dire qu’il y avait un autre complice. »

Quand elle entendit la question de Barthel, la fille prononça un « Hmm ? » et pencha sa tête sur le côté en signe de confusion.

« Si je puis me permettre, s’il y avait eu le moindre intrus dans votre manoir, vous l’auriez immédiatement détecté, n’est-ce pas ? »

« Hum, hum… »

C’était la vérité, et Barthel n’avait rien à dire en retour.

Il n’y avait que lui et Fritz, Feel et Kurami en plus d’autres serviteurs dans le manoir.

C’était son propre manoir donc si jamais quelqu’un d’autre s’infiltrait, il l’aurait détecté vu que sa demeure était sous l’effet de nombreux sortilèges qui lui permettaient d’en être sûr.

Sans mentionner qu’il avait intentionnellement utilisé cet avantage pour mener à bien ce duel lors de cette rencontre, mais…

Alors comment cette Imanity a-t-elle pu mener ce duel contre lui jusqu’à maintenant ? La fille aux cheveux noirs pouffa et dit :

« Comme promis, nous ne sommes venues que toutes les deux. »

« Oui, oui, pardonnez ma grossièreté… Alors, alors ce jeu sera considéré comme nul et non avenu donc finissons-en, hmm ? »

Pourtant, quelque chose clochait.

Barthel se sentit mal à l’aise et se leva de son siège.

Premièrement, annule ce duel et réfléchis rapidement à ce qui doit être fait.

« Hmm ? Sir Barthel, est-ce que vous avez mal compris quelque chose ? »

En entendant cette phrase qui lui fit froid dans le dos, Barthel se retourna subitement.

La fille aux cheveux noirs, Kurami, s’était aussi levée et avait une expression très moqueuse sur son visage.

« Deux cartes. »

Deux des cartes du jeu de la fille disparurent et se matérialisèrent encore sur la table.

« Je n’ai pas accepté de mettre fin à ce jeu, vous savez ? »

« Quoi !? »

Tant qu’une des deux parties n’accepte pas de mettre un terme au jeu, il continuera.

« Toi, tu, qu’est-ce que tu essayes de faire !? »

« Continuer la partie, bien sûr. Retourner vous asseoir je vous en prie. Si vous souhaitez abandonner, alors je n’ai pas d’autre choix que de réclamer la récompense. »

En écoutant les paroles de Kurami, Barthel écarquilla les yeux.

Il avait précédemment pensé qu’il gagnerait à coup sûr donc il n’avait pas vraiment fait attention à ses demandes.

« Nous avons demandé à ce que vous oubliez nos plans et que vous nous assistiez autant que vous le pourrez. »

Même si elle l’avait formulé un peu différemment, c’était aussi sévère que sa requête envers Feel, non, même bien pire.

Il oublierait les moindres détails du jeu et deviendrait leur esclave. En comparaison à cela, la requête de Barthel était…

"Je demande à obtenir votre liberté et à ce que vous m’obéissiez pour le reste de votre vie."

Dans cette situation, la personne qui avait accepté le duel était Kurami et non Feel.

Même si Barthel gagnait, il n’obtiendrait qu’une esclave insignifiante appartenant à la famille des Nilvalen.

Il avait initialement cru que son adversaire avait accepté des conditions qui lui étaient défavorables, mais en fait, c’était lui qui avait accepté des termes désavantageux !?

« Vous, vous deux !? »

« Barthel ! Votre temps est presque écoulé, voulez-vous abandonner ? »

Contrairement à Barthel qui était émotionnellement instable, Kurami lui posa sa question avec nonchalance.

— Si une des parties avait déjà tiré ses cartes et que l’autre ne l’avait pas fait pendant une certaine période de temps, cela serait compter comme un abandon de l’autre partie.

Barthel se souvint de cette règle et cria rapidement :

« … ! Deux cartes !! »

Suivant les ordres de Barthel, deux cartes disparurent de son jeu et se matérialisèrent sur la table. Kurami sourit avec fierté.


『Les jeux sont faits』


Quand la commande fut déclarée, les quatre cartes se révélèrent simultanément.

Les cartes des Barthel étaient 【La Lune】 et 【La Papesse】.

【Au sein de la robe se trouve la Tromperie】.

Les cartes de Kurami étaient 【La Justice】 et 【L’ Empereur】.

【Ma loi est Absolue】.

Comparé à l’effet de la combinaison de Barthel qui dissipait l’attaque de l’ennemi et résistait à son adversaire, la combinaison de Kurami permettait de mener à bien sa volonté sur tout le monde tout en infligeant tous les statuts possibles à son ennemi. L’épée tirée par l’empereur révéla la véritable identité de la papesse et la libéra de sa position.

Retirant le pouvoir et l’influence de son adversaire, la force de l’empereur fut dirigée directement vers Barthel qui semblait être encore sous le choc.

« Argh !? »

Il s’empressa de lancer un sort de défense.

Au moment même où l’épée de l’empereur était sur le point de le toucher, trois sorts s’activèrent en même temps.

Mais le bouclier défensif créé à la va-vite laissa échapper un bruit de craquement et provoqua des dégâts significatifs au Corridor d'Esprits de Barthel au moment où l’épée le traversa.

Après que l’explosion et la lumière éblouissante se dispersent, une voix parla de derrière le Barthel haletant.

« Oh non ! Il semblerait que ce coup a diminué votre endurance de moitié, hmm ! »

Se retournant, il aperçut Feel marcher tranquillement dans sa direction avec son majordome au regard abattu qui traînait derrière elle.

« … ! Fritz, tu as vraiment perdu contre cette faiblarde de Nilvalen !? »

En entendant les reproches de Barthel, l’expression faciale de Fritz tressaillit légèrement, mais il resta silencieux et baissa sa tête.

Feel qui se tenait à côté de lui, lui répondit avec un sourire décontracté :

« C’était inévitable, non ? Il a baissé sa garde parce qu’il pensait que j’étais une Imanity. »

« Fermez-la, Nilvalen ! Espèce de garce, comment avez-vous osé me mentir !? »

« *Soupir*~ que voulez-vous dire par mentir, un aussi vilain mot… Parce que… »

Le champ de vision de Feel se déplaça vers Kurami qui était toujours assise à la table. Kurami hocha simplement la tête une fois et un sourire glacial apparut sur son visage.


« Vous êtes celui qui avait prévu de tricher pour obtenir la victoire, n’est-ce pas ? »

Barthel prit une profonde respiration pendant que Kurami continua :

« Vous êtes celui qui a ordonné à votre majordome de mettre en place votre contrebande et de gagner de l’argent illégalement. Est-ce que vous pensiez vraiment que nous ne le savions pas ? »

« Tant que vous comptiez prétendre coopérer et préparer en piège pour nous, vous pouviez éliminer les évidences et ramasser tous les bénéfices. »

« Quand le plan échoue, vous voulez mettre fin au jeu et refusez d’admettre quoi que ce soit. Vous êtes vraiment une crapule. »

Face aux accusations de Feel et de Kurami, l’expression de Barthel tressaillit violemment.

Le plan était un échec complet depuis le début. Elles avaient clairement lu ses intentions et elles les avaient utilisées contre lui.

… Non !

« Hé, héhé… Vous avez encore un coup de retard, Nilvalen. »

« Oui ? Qu’y a-t-il ? »

Feel ouvrit grand ses yeux et pencha sa tête sur le côté pendant que Barthel déclara avec confiance :

« Maintenant que je sais que celle contre qui je me bats est cette petite catin, alors la preuve que vous avez triché est évidente ! Parce qu’un Imanity normal est incapable de bloquer les 『Attaques』 de ces cartes. C’est donc vous qui l’avez aidée, n’est-ce pas !? »

— Pas d’erreur à ce sujet, depuis que le jeu avait commencé, ils en étaient déjà à la troisième manche avec sept tours joués. En quarante tours, Kurami avait été ciblée par plusieurs 『Attaques』.

Barthel l’avait clairement vue utiliser des boucliers magiques pour bloquer les attaques.

Comme l’Imanity est incapable d’utiliser la magie, il était alors évident que Feel l’aidait, mais…

Feel resta sans voix face à ces accusations et se contenta de se gratter la joue puis elle répondit en pouffant :

« La personne qui a demandé à son majordome de faire la même chose ne devrait pas avoir le droit de s’en plaindre, pas vrai~ »

Kurami continua :

« De toute façon, ce n’était même pas de la triche, abruti. »

Barthel fut momentanément étourdi par cette nouvelle accusation directe.

« Que diriez-vous de prendre un moment pour repenser aux engagements concernant ce jeu ? Quand j’ai confirmé les conditions, j’ai clairement dit 『Nous』. »

— À ce moment-là, Barthel écarquilla ses yeux en grand, incapable de répliquer.

Comme son adversaire avait indiqué 『Nous』, alors le jeu était considéré comme un duel opposant Barthel à une équipe composée de Feel et de Kurami. Les règles ne stipulaient pas que quitter la zone pendant le déroulement du jeu était interdit, donc même si Feel érigeait des barrières défensives à distance, ce ne serait pas considéré comme de la triche.

Non, attends, avant cela.

(Elle a échangé leurs apparences de sorte qu’on ne le découvre pas et elle a joué simultanément un jeu au premier étage tout en créant des barrières défensives ?)

Kurami soupira et fronça légèrement ses sourcils.

« … Feel, il semblerait que cet abruti l’ait enfin réalisé. »

« Comme il possède une large quantité de sang distribué dans la zone de son postérieur au lieu de son cerveau, nous pouvons lui pardonner pour le moment, non ? »

Feel répondit cela en pouffant, mais sa voix semblait suffisamment tranchante pour couper un os.

« Il est tombé dans le piège en utilisant une aussi simple formulation, quelle déception. J’avais même préparé des plans de secours, des stratégies et des pièges bien plus élaborés. Ils se seront avérés inutiles finalement. »

La fille qui ne s’était pas battue aussi sérieusement qu’elle aurait pu se mit à soupirer comme si elle n’en pouvait plus.

« Juste une petite remarque… Vos cartes étaient trop faciles à deviner. Au début, vous alliez à coup sûr prendre l’offensive puis utiliser une combinaison maudite si l’attaque venait à être bloquée. Comme vous n’aimez pas le principe de contrer, vous ne l’utiliseriez pas et la combinaison que vous venez de faire était sous le coup de votre panique. Pour survivre à ce tour, vous avez essayé d’utiliser les cartes pour 『Prévenir une Attaque』. Même un idiot pourrait… pardon, si c’était le cas, ce serait normal que vous ne puissiez deviner cela. »

Les épaules de Barthel tremblaient violemment sous le coup de la colère, de la honte et d’un soupçon de peur qui lui était douloureux d’admettre.

En quarante tours, Kurami n’avait subi que quelques 『Attaques』.

Et ce n’était que dans les premiers tours où la chance avait un plus grand rôle à jouer. Dans les derniers tours, elle avait réussi à prévoir toutes ses cartes.

Ce n’était pas l’accomplissement d’un Elfe, mais celui d’une Imanityespèce chétive

« Ne sous-estimez pas l’Imanity, vieillard inutile. »

Cette fille imprévisible aux cheveux noirs…

« … OK. Continuons le jeu ! »

… Elle prononça cela avec un rire digne d’un dieu de la mort.


————......

Des esprits aiguisés et rapides lièrent les bras de Barthel, perturbant le système nerveux de son Corridor d'Esprits. Une douleur trop exquise pour être décrite fit crier le centenaire comme un bébé.

Une fois que ce coup suffisant pour éparpiller toutes les fleurs poussant dans la cour s’était dispersé, le vieil Elfe était tombé de sa chaise et se tordait de douleur pendant que la jeune Imanity lui murmura gentiment :

« Cela conclut la quatrième manche, que comptez-vous faire maintenant ? Messire Barthel. »

« Eh, eh. »

« Aussi, vous devriez l’avoir remarqué désormais. Feel, Feel Nilvalenma maîtresse est une 『Hexa-Magicienne』. »

Quand il entendit cela, le vieil homme devient plus pâle qu’une feuille de papier.

Il savait que ce n’était pas du bluff.

Si ce n’était pas vrai, il était impossible d’expliquer les différentes choses que Feel avait été capable de faire. Kurami s’accroupit comme si elle voulait consoler le vieil homme pâle et tremblant puis continua :

« Aucun problème, même si vous ne semblez plus avoir suffisamment d’énergie pour ériger des barrières défensives, vous avez toujours de grandes chances de gagner. Il vous suffit simplement de prédire toutes les cartes que je vais jouer et de me finir sans prendre le moindre coup. Vous obtiendrez ainsi le pouvoir d’une Hexa-Magicienne au passage. »

Après avoir mentionné cette probabilité qui n’avait qu’une chance sur un trillion d’arriver, Kurami se mit à rire.

« Il n’y a aucun problème même si vous perdez un tour. Vous souffrirez juste un petit peu et vous ne mourrez que si vous ne faites pas attention. »

Oui, c’était exactement l’exploit que venait d’accomplir Kurami il y a de cela quelques minutes. Si même une espèce chétive pouvait le faire, alors ce ne devrait pas être trop difficile pour un Elfe…


« J’a… J’abandonne ! J’ai perdu ! Alors s’il vous plaît, arrêter le jeu ! »

« OK, alors c’est notre victoire. Cela a dû être dur pour vous, Messire Barthel. »

Kurami ignora le vieil homme pitoyable et se leva de son siège pendant que Feel l’embrassa dans une exclamation.

« Tu es incroyable !! Une Imanity qui bat un Elfe à ce jeu, ce doit être une première, hein !? »

« … Battre ce vieux fou ne mérite pas autant d’éloges. Après tout, c’était le plus faible parmi tous nos récents adversaires. »

« Allons… »

Elle regarda Barthel qui était encore au sol et Fritz qui était toujours debout, immobile avec un air choqué.

« Du coup Messire Barthel, veuillez respecter vos engagements et oublier tout ce qui est lié à nos affaires. »

Puis, Kurami parla avec un large sourire.

« Et continuez votre contrebande et vos ventes illégales comme si rien n'avait changé. »


— Que… Quoi !?

« Ensuite, Fritz-san ! Vous allez 『Tout dévoiler』 dans quinze jours. »

— Que se passe-t-il ?

Pendant que Barthel et Fritz étaient perdus dans le brouillard de leur confusion, Kurami se rapprocha de la table.

« Bien, nous allons prendre congé. Mais, avant cela… »

Elle attrapa le jeu de cartes de tarot utilisé dans leur jeu et le mélangea tout en souriant.

« Je vais vous prédire votre futur en signe de reconnaissance. »

« Eh ? Kurami, tu sais vraiment faire cela ? C’est la première fois que j’en entends parler. »

« Oui, parce que c’est la première fois que je m’y essaye aujourd’hui. En tout cas, ces prédictions se réaliseront. »

Kurami dit cela en riant, mais d’une manière assez sinistre puis elle commença à mélanger les cartes…


« Oh, voici des cartes très intéressantes. Hum, laissez-moi voir ? »

Après avoir dit cela, elle retourna les quatre cartes une à une.

— 【Tempérance】.

« Après ce jour, vous allez continuer avec succès votre contrebande et votre vente de potions avec les Nains. »

— 【La Maison de Dieu】.

« Mais dans une quinzaine de jours… Oh non, c’est terrible, les Nains avec qui vous faisiez affaire vont vous dénoncer "pour certaines raisons". »

— 【La Roue de Fortune】.

« Aussi, par une 『Fortuite coïncidence』, on apprendra que votre majordome a été impliqué dans l’affaire et vos méfaits seront découverts les uns après les autres… Puis… »

— 【Le Jugement】.

« Messire Barthel va être traîné en justice par le gouvernement. Fin de l’histoire, retenez votre chagrin, je vous prie. »

Ignorant les deux hommes aux visages pâles, Kurami s’adressa à Feel comme si elle jouait un rôle.

« Eh, intéressant n’est-ce pas, Feel. Si Messire Barthel est arrêté, je me demande qui va assumer la position de chef de sa compagnie, Will Andomoro, qui se trouve être la plus grande société de commerce de tout Elven Gard ? »

« Oh, par le plus grand des hasards, il se trouve que ce sera le jeune maître de la famille des Enrihi avec lequel nous avons 『Joué』 il y a tout juste trois jours. »

— Tout était sous leur contrôle.

Quand il découvrit leurs sourires sinistres et omniscients, Barthel rugit furieusement :

« Nilvalen, vous… Non, qu’est-ce que vous manigancez, toutes les deux ?

Elles répondirent toutes les deux avec des sourires glacials :

« Eh ? Je pense qu’on peut vous le dire puisque de toute façon~ »

« Vous allez tout oublier, ce qui inclut bien sûr la réunion que nous avions eue. »

Barthel ne put s’empêcher de frissonner en voyant les sourires innocents de ces deux femmes démoniaques.

Quel genre de monstres ai-je donc provoqué ?

« Bien, désormais, comme vous l’avez juré sur les commandements… Au revoir, Messire Barthel. »

« Je vous souhaite le plus grand bien et que vos affaires se déroulent à merveille~ »

Juste comme cela.

En un clin d’œil, en même temps que Kurami et Feel claquèrent leurs doigts…

Tous les souvenirs concernant les évènements qui s’étaient déroulés ce jour-là disparurent sans laisser de trace.

Partie 5[edit]


Kurami et Feel rebaissèrent leurs voiles identiques devant leurs visages. Elles n’étaient pas là et elles n’avaient jamais été là.

C’était comme cela que ça fonctionnait.

Évitant soigneusement de se faire repérer par les yeux et les oreilles des autres, elles sautèrent toutes les deux depuis le toit du manoir de Barthel.

Le sort qu’utilisa Feel les attrapa en plein air avec une force plus grande que celle de la gravité, les soulevant en douceur dans les airs.

— Elles surpassèrent la résistance de l’air et s’envolèrent dans le ciel nocturne.

Elles ne pouvaient désormais plus voir que la lune rouge, les étoiles et les lumières de la ville qui illuminaient le paysage environnant.

C’était une ville située dans une forêt, une métropole verte créée par de la magie maîtrisée à la perfection. C’était une vue que Kurami était habituée à voir, mais même pour ceux qui l’apercevaient pour la première fois et malgré la faible luminosité, on pouvait facilement observer les différentes castes de la civilisation d’Elven Gard. Le duo encapuchonné se déplaçait dans les airs en naviguant dans les cieux situés au-dessus de la ville.

« Kurami était vraiment parfaite~ »

Depuis les arbres… non, d’un bâtiment à un autre, comme si elles sautaient de toit en toit, Feel ajouta :

« Tu as vaincu ce vieillard inutile sans aucune aide de ma part. J’étais vraiment inquiète, tu sais. »

« … Oublie ça, Feel, tu vas bien ? »

« Hé, ce n’est pas une mauvaise chose d’avoir Kurami qui s’inquiète de temps en temps, tu as vraiment grandi~ »

Feel maintint le sort qui leur permettait de flotter dans les airs tout en répondant avec un sourire malicieux.

Mais même avec cette faible luminosité, Kurami pouvait parfaitement voir que la pierre précieuse sur le front de Feel avait perdu son scintillement habituel et était maintenant noire à cause d’une surutilisation de magie.

Messire Barthel et son majordome Fritz…

Ils étaient respectivement un 『Tri-Magicien』 et un 『Di-Magicien』. Même s’ils ne faisaient pas partie de l’élite, ils étaient tout de même des mages exceptionnels.

Mais… Kurami jeta un coup d’œil à la fille qui naviguait dans les cieux avec elle et s’immergea dans ses pensées.


— Feel Nilvalen.

En tant qu’esclave, Kurami servait sa maîtresse qui était à la tête de l’une des quelques familles les plus nobles d’Elven Gard.

À cause de ses résultats médiocres, elle fut expulsée de l’institution de magie la plus prestigieuse : 『La Tour de l’Arbre Blanc』.

Elle avait alors dessiné des marques de runes blanches sur sa peau et porté une pierre précieuse de support utilisée par les débutants. Ceux qui ne la connaissaient pas se moquaient d’elle et la désignaient comme étant l’existence la plus incapable de la fondation de la Maison des Nilvalen. Ces gens-là la traitaient de 『Ferraille』.

Mais Kuramiceux qui la connaissaient mieux se fichaient simplement de ces insultes et pensaient qu’elle était l’existence la plus précieuse depuis la fondation de la Maison des Nilvalen, comme si elle était un précieux lingot d’『Or』.

Feel n’avait jamais intentionnellement révélé sa véritable force à Kurami. Cependant…

Elle avait utilisé sa magie sur Kurami et sur elle-même pour se déguiser et, dans le but d’empêcher Barthel et Fritz de le remarquer, elle avait aussi lancé plusieurs sorts pour les empêcher d’être reconnues. Elle avait même placé des 『Défenses』 sur Kurami depuis une longue distance pendant le jeu des Cartes de Tarot Magiques, tout en affrontant Fritz… Elle avait alors lancé six sorts en même temps.

『Hexa-Magicienne』. Elle était sans aucun doute bien au-delà d’un mage talentueux.

Non, précédemment dans leur jeu contre Sora et les autres, le jeu d’Othello n’avait été rendu possible que grâce à l’usage de la magie de Jibril.

Les Flügels, classés sixièmes, possédaient un pouvoir astronomique et Feel pouvait vraiment mettre en place un sort suffisamment fort pour dévier une de leurs attaques.

D’après ce fait, il était facile de s’imaginer que les mots "incroyablement talentueuse" ne soient pas suffisants pour décrire le talent brut qu’elle possédait.

En considérant qu’elle était d’un tel calibre, même l’école qui l’avait expulsée pourrait la recruter en tant que professeur.

… Elle aurait pu au moins apprécier ce genre de traitement.

« Hmm… ? Quelque chose ne va pas ? Kurami ? »

Sa chevelure blonde flottant dans les airs, sa peau aussi blanche que la neige même dans la plus sombre des nuits et son sourire étaient encore plus lumineux et attractifs que le soleil.

Feel Nilvalen, en plus d’être née dans une famille noble, elle possédait aussi une intelligence et une habilité à la magie anormales. Que pouvait-on attendre d’elle si ce n’était un avenir brillant et plein d’espoir… si elle n’avait pas décidé de l’abandonner d’elle-même.

Oui, elle avait rejeté un avenir fabuleux qui lui était accessible.

Elle avait caché son véritable potentiel et s’était fait passer pour une moins que rien, choisissant même de défier sa ville natale, son pays et même sa race.

Elle avait fait tout cela pour nul autre que le bien d’une personne…

« … Tout va bien. »

Seulement pour sa meilleure amie.

Kurami baissa silencieusement sa tête et expira lourdement.

Choisir Kuramiune simple esclave Imanitienne comme meilleure amie et s’opposer au reste du monde. L’abolition de l’esclavage… Cela sonnait bien en effet.

Cependant, cela équivalait à relâcher les secrets nationaux d’Elven Gard. Si des personnes venaient à tenter de libérer les Fées et autres espèces qui sont mises à profit pour leur magie avancée, cela reviendrait à vendre les armes secrètes de leur pays aux autres pays.

Si les choses arrivaient jusque-là, les Nains… Dure Chute ne manquera pas une telle opportunité. Elven Gard perdrait probablement tout le territoire présent sur un des continents qui avait été contesté pendant près de mille ans à cause d’une dispute.

Pire encore, le pays tomberait en morceaux et le destin inévitable si cela arrivait… serait suffisamment évident pour ne pas avoir besoin de le mentionner.

Tant que c’était pour Kurami, cela n’avait pas d’importance si sa ville natale était détruite.

Elle l’avait juré et elle le pensait véritablement. Pour être honnête, elle avait déjà agi dangereusement à plusieurs reprises.

Pour que Feel soit comme ça, Kurami n’en ressentait que de la gratitude et de la nostalgie qui semblait transcender les races et les âges.

Mais Kurami ne pouvait s’empêcher de se demander, et elle alors ?

Même on ne le voyait pas sur son visage, la pierre précieuse de Feel montrait qu’elle était épuisée.

Elle ne pouvait même pas gagner un jeu sans compter sur une personne aussi remarquable qui porterait un si lourd fardeau. Qu’elle soit digne ou non d’être la 『Meilleure Amie』 d’une personne comme Feel…

Soudainement, elle sentit une douleur lui traverser la tête.

De vieux souvenirs traversèrent son esprit et la fit s’arrêter en plein air tout en se tenant la tête avec une main.

Une promesse[5] entre une jeune fille et une marionnette qui désirait devenir humaine.

Est-ce que la marionnette, Sora, avait déjà pensé qu’il servirait de chaînes qui retiendraient la jeune fille ?

La fille avait la capacité de parcourir les larges cieux d’elle-même, mais à la place, il était devenu un fardeau qui la clouait au sol…


« Eh… Kurami, quelque chose ne va pas ? »

Sa meilleure amie remarqua qu’elle s’était arrêtée et se retourna vers elle. Kurami baissa la tête et répliqua :

« … Feel, je suis désolée. Si j’avais été meilleure… »

« Kurami… ? »

Elven Gard, avec son affinité écrasante pour la magie en tant qu’arme, possédait un super pouvoir qui contrôlait presque 30 % de l’ensemble des terres de la planète.

Elven Gard, le plus grand pays au monde faisait plus du double de la taille de Dure Chute, le pays des Nains qui était le second plus grand pays.

Sa fondation était aussi solide qu’un château, rien que trouver une ouverture dans ses défenses était plus difficile que d’atteindre le paradis…

… Non, c’était simplement une excuse.

Les images de deux personnes lui apparurent encore dans son esprit et Kurami serra encore plus fortement ses poings.

« Cette fois-ci, si cela avait été 『Ces deux-là』, alors la magie n’aurait même pas été nécessaire. »

« Kurami. »

Faire retirer les hauts fonctionnaires qui contrôlent les transports, les échanges et le bien-être du pays petit à petit puis leur retirer secrètement leur pouvoir, cela n’allait seulement créer qu’une toute petite ouverture de la taille d’une épingle.

Mais si cela continuait, combien de temps devront-ils encore attendre avant que…

« Pas seulement ça, ils seraient capables de gagner bien plus que cela ! »

Après un certain nombre de petits jeux comme ceux-là, la faille augmentera progressivement.

Si les instances supérieures venaient à détecter leurs activités, leurs existences seraient anéanties en un instant.

Ce dont elles avaient besoin était un coup comme celui que Sora avait utilisé dans la partie d’échecs : 『Utiliser une stratégie inattendue pour finir le jeu en un seul coup』.

« Mais… je ne fais qu’être un fardeau pour Feel et je ne me suis pas du tout améliorée… »

« Kurami ! »

Les ongles crispés de Kurami étaient sur le point de lui arracher sa peau, mais une calme et puissante voix l’arrêta à temps.

« Kurami ne peut pas devenir comme 『Ces deux-là』. »

« … Ouais, je le sais bien. »

Kurami baissa la tête d’un air abattu. Elle savait que si elle imitait Sora, cela n’aurait aucun sens.

Ce n’était que lorsqu’ils étaient ensembles que Sora et Shiro devenaient 『 』, le joueur le plus fort de l’Imanity. Elle avait besoin de trouver une méthode qui lui convienne…

« Non, tu ne comprends rien du tout, tu sais ! »

Kurami, dont les pensées avaient été interrompues, leva la tête.

« Je ne sais pas quel genre de souvenir Kurami a reçu de la part de Sora-san, mais je pense avoir une petite idée sur le genre de personne qu’il est. »

Dans la lueur hypnotique de la ville forestière, Feel ajouta sérieusement :

« Sora-san a calculé qu’ils ne pouvaient pas le faire eux-mêmes, c’est pourquoi ils t’ont choisi Kurami ! »

« … Oui, mais en considérant que je sois comme ça… »

« Aussi, ils ont prévu que Kurami ne pouvait y arriver toute seule c’est pourquoi ils m’ont aussi envoyée ! »

« ! »

« Nous ne faisons qu’un et ne pense pas à ne pas compter sur mon pouvoir pour gagner les jeux, ce serait essayer de faire seule ce que Sora-san et Shiro-san font ensembles, tu sais ! »

« … Feel. »

« Kurami peut emprunter mon pouvoir tu sais, cela est parfaitement normal. Ils forment une équipe à eux deux et nous aussi. Si le résultat est le même, alors il n’y a aucune raison d’en avoir honte… »

« Mais j’ai toujours été un fardeau pour Feel et non… »

« Ce n’est que parce Kurami est avec moi que je peux faire de mon mieux… et puis… »

Feel attrapa la main de Kurami qui avait encore la tête baissée et ajouta en souriant :

« Je le sais, bien sûr ! Kurami a observé les souvenirs de Sora-san chaque jour pour rechercher toutes les stratégies et les tactiques de Sora-san et Shiro-san pour en faire les tiennes… »

Son expression changea et ses yeux révélèrent son inquiétude.

« À cause de cela, tu n’as pas dormi depuis un long moment, n’est-ce pas ? »

« … ! »

« Si Kurami ne dort pas, alors je ne peux pas dormir moi non plus. Si Kurami fait de son mieux, je ferai de mon mieux. Si tu penses que je suis fatiguée, alors bien sûr Kurami, tu es toi aussi très fatiguée ! »

Feel lui dit cela en la regardant dans les yeux.

— Elle frotta ses lourds cernes qui ne pouvaient être masqués par la nuit tout en lui parlant gentiment comme une mère faisant la leçon à son enfant.

« Kurami, si t’inquiètes que j’en fasse beaucoup trop alors j’aimerais que tu me promettes que cette nuit, tu devras bien dormir… À ce rythme-là, nous allons nous effondrer 『Toutes les deux』, tu sais… »

« … Désolée, je t’ai donc aussi inquiétée… »

« Hmpf, bien sûr que non. »

Feel gonfla intentionnellement ses joues.

« Tu n’as pas quelque chose d’autre à dire à la place ? »

« … Oui, merci beaucoup, Feel. »

Feel se mit à sourire et hocha la tête. Elle prit ensuite Kurami par la main et relança le sort pour les soulever dans les airs.

« Aussi, je pense que la raison pour laquelle Sora-san nous a attribué cette mission dans Elven Gard n’est pas particulièrement sérieuse… J’ai tort de dire cela ? »

Toutes les deux se souvinrent du visage de cet homme avec son expression ennuyée puis s’exclamèrent simultanément :

« La politique, le pouvoir et tout le reste, toute cette merde divisée au sein d’un même pays est trop chiant alors je vous laisse vous en occuper. »

Le duo se mit à rire amèrement puis prit de la hauteur dans le ciel nocturne.

Partie 6[edit]


Dans l’hôtel situé au bord de la route où elles avaient décidé de passer la nuit, deux lits avaient été placés dans une petite chambre. Feel avait retiré sa capuche et s’était mise en pyjama. Elle répéta :

« Bien Kurami, il faut que tu dormes bien cette nuit, d’accord ? »

« … Alors, est-ce que je peux faire une requête ? »

« Quoi donc ? Dis-la-moi, ça ne me gêne pas. »

Kurami serra son oreiller tout en déviant lentement son regard sur le côté.

« Hum… Est-ce… Est-ce que tu pourrais dormir avec moi cette nuit ? »

En voyant le sourire satisfait de Feel, Kurami dont le visage était devenu rouge cria :

« Ce, ce n’est pas ce que je veux dire ! Je ne peux pas dormir parce que je ne fais que rêver des souvenirs de Sora ! Alors, alors ce que je voulais dire c’est que, tout comme Sora tient Shiro, juste tenir la main de Feel me fera me sentir mieux… Tout ceci est la faute de Sora, d’accord !? »

« Oui, oui, c’est bien la faute de Sora, alors ne sois pas timide. Tout comme avant, si tu fais un cauchemar, il n’y a pas besoin de faire de manières, glisse-toi simplement dans mon lit, hmm ? »

« J’ai déjà dit que ce n’était pas ça, d’accord !? Argh, ce n’est que la faute de Sora, pourquoi faut-il que je supporte ce genre de choses… »

En dépit du fait qu’elle exprimait son mécontentement, elle se glissa tout de même dans le lit sous la persuasion constante de Feel.

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Ainsi, Kurami se retrouva couchée dos à Feel pendant que cette dernière se mit à rire et déclara :

« Kurami, y a-t-il quelque chose d’autre que tu voudrais que je fasse ? Comme te chanter une berceuse, par exemple ! »

« J’aimerais que tu arrêtes de me taquiner et que tu me laisses dormir. »

« Vraiment ? Alors tu ne veux pas que je te caresse la tête ou que je te fasse un câlin ? »

« … … Si Feel veut vraiment le faire, alors je n’ai pas d’objection. »

« Yeah~ ! Bien sûr que je veux le faire, alors laisse-moi te caresser la tête un moment, hmm ! »

Le toucher de la main de Feel relaxa graduellement le corps de Kurami.

Elle se rappela qu’avant, lorsque certaines choses arrivaient, quand elle se mettait à pleurer, Feel lui caressait aussi ses cheveux de cette façon.


Elle avait été amenée dans la maison des Nilvalen en tant qu’esclave

Malgré que Feel se soit toujours trouvée à ses côtés, il y eut de nombreux souvenirs douloureux, des souvenirs qui la faisaient pleurer et qui lui donnaient envie de mourir. Mais elle s’était toujours dit qu’elle ne pouvait pas s’apitoyer sur son sort. Kurami résistait frénétiquement à l’envie de pleurer jusqu’à ce qu’elle se retrouve en sécurité dans ses couvertures. Ces temps-là lui semblaient si lointains.

Depuis qu’elle était entrée en contact avec les souvenirs de Sora, elle n’était plus cette personne pleurnicharde.


« Kurami… tu dors ? »

Feel lui posa sa question doucement de sorte qu’elle ne se réveille pas si jamais elle était vraiment en train de dormir.

Ce fut la voix de Feel qui empêcha les souvenirs de Sora de resurgir et qui la garda éveillée.

« … Pas encore, qu’y a-t-il ? »

« Hmm~ si tu ne peux pas dormir, avant que tu ne le fasses, pourrait-on discuter un petit moment ? »

« Bien sûr, de quoi veux-tu parler ? »

Ces simples mots avaient été prononcés avec un ton sérieux et Kurami hocha la tête pour lui signaler de continuer.

« Kurami semble faire totalement confiance en Sora-san. »

Après quoi, Feel ajouta avec inquiétude :

« Honnêtement, cela m’inquiète… »

« … »

« Les souvenirs que Sora t’a transférés, ce sont ses véritables souvenirs ? »

— Sora avait un Flügel à ses côtés donc la modification de sa mémoire pouvait être accomplie grâce au pouvoir des commandements.

Est-ce qu’il irait jusqu’à créer de faux souvenirs et les donner à Kurami simplement pour la manipuler ?

C’est ce que Feel impliquait, mais…

« C’est vrai que j’ai peut-être été trompée, c’est quelque chose que Sora pourrait faire… »

Kurami sourit amèrement et continua :

« Ou plutôt, c’est ce que tout le monde semble penser. »

En voyant Feel pencher sa tête sur le côté sous le choc, Kurami pouffa légèrement.

« Tu devrais te relaxer. Celle qui a une 『Très haute estime』 de Sora n’est pas moi, mais Feel. »

— Un fragment de ses souvenirs traversa l’esprit de Kurami.

Ses souvenirs mettaient généralement les gens mal à l’aise, mais celui-ci…

« Feel… Sais-tu pourquoi le terme 『Génie』 existe ? »

« … Eh ? »

« C’est pour que les personnes admettent qu’ils sont différents des autres humains. Les marionnettes font référence aux personnes que les gens ne considèrent pas comme étant des génies. Ceux dont on loue les mérites sont désignés comme des génies tandis que les autres sont labellisés comme des monstres et pour la plupart d’entre eux, c’est une insulte. »

Comme ils sont une forme de vie différente de la nôtre, ne pas pouvoir se comparer à eux n’est pas non plus surprenant.

La plupart des gens admettraient cela puis abandonneraient… mais cette marionnette était différente.

« Oui, ce n’était vraiment qu’une marionnette. »

Il était simplement un idiotnormal.

« Mais il refusa d’être juste une marionnette. »

Un génie qui aspirait à un génie authentiquece qui se trouvait devant lui.

« Donc… il fit l’expérience de choses qui ferait poser à quiconque la question de comment il parvenait encore à rester debout. »

À moitié endormie, Kurami parcourut les souvenirs de Sora.

Pour inventer quelque chose qui permettait de faire voler quelque chose qui était cloué au sol… comment quelqu’un pouvait-il tester si l’invention fonctionnait ou non ?

La réponse consistait à simplement essayer de voler avec, pour vérifier si oui ou non on s’écraserait avec. Et cela, peu importe le nombre de fois où la personne s’écraserait, même si son corps et son âme étaient réduits en morceaux…

« … Il continuait à se relever joyeusement et prétendait que rien ne s’était passé. »

Souffrant intérieurement, serrant ses dents, il regardait sa sœur puis il se relevait à nouveau.

De toutes les caractéristiques qu’on pouvait attendre d’un génie, il n’en avait aucune.

— C’est vrai, avoir une sœur aussi compétente est compliqué, Onii-chan.

« Sora… est extrêmement borné, alors il est possible de le rattraper, non, même de le surpasser sans problème. Il est juste à un niveau qui est vraiment atteignable pour un 『Humain』. Comme il le prétend, c’est juste un idiot. Mais bien qu’il soit un idiot, il est aussi le plus acharné, poursuivant continuellement ce à quoi il aspire, luttant constamment, un idiot… normal. »

… Pendant qu’elle disait cela, la main de Feel caressait gentiment sa tête.

La conscience de Kurami s’estompa progressivement.

Quand il s’agit de compétition et de combats à mort brutaux, nous sommes des vétérans bien plus expérimentés que vous…

Cette phrase prononcée par Sora sembla se superposer à un de ses souvenirs…


— Fixant avec un regard vide ses deux mains qui étaient couvertes de sang frais…

Voulant seulement être humain…

Les souvenirs d’une marionnette…


« … Vraiment… trop stupide… ne peut même pas… dire un mensonge… »

« Kurami ? »

… Seule la respiration d’une personne profondément endormie lui répondit. Toujours en train de caresser Kurami qui murmurait dans son sommeil, Feel commença à y penser.

En regardant le plafond, elle songea à la phrase que Kurami n’avait pas terminée.

Feel se rappela le visage de cet homme stupide qui, d’après Kurami, était incapable de dire un mensonge.

— Elle se rappela le visage de cet homme dont l’existence elle-même pouvait se substituer au mot "mensonge".

Ce visage qui était toujours arrogant et souriant, qui vous mettait sur vos gardes quand vous le voyiez pour la première fois…

« Ah… »

À ce moment-là, les pensées de Feel arrivèrent à destination.

« Alors c’est donc ça… 『Un menteur qui ne peut pas mentir』… Alors c’est quelque chose comme ça, hmm… »

Les choses que cet homme avait vécues étaient suffisantes pour que Kurami puisse penser qu’il avait vécu une vie tragique. Ce genre de personne…


— Pourquoi voulait-il que les autres soient intimidés face à lui ?


Le malaise que Feel ressentait depuis un long moment disparut soudainement. La réponse se trouvait dans le futur sur lequel Feel, Kurami, Sora et les autres avaient tous fantasmé.

Comme ses pensées avaient atteint un point d’extase, un petit sourire apparut graduellement sur son visage.

Immédiatement, une vague de somnolence qu’elle n’avait pas ressentie depuis longtemps s’empara d’elle et lui fit fermer ses yeux.

— J’ai hâte.

En portant ces sentiments en elle, cela faisait longtemps, vraiment longtemps… depuis même un certain nombre d’années, qu’elle n’était pas tombée dans un sommeil aussi profond.


Références[edit]

  1. Sandbox (« bac à sable » en français) est un terme qui représente la notion de liberté dans un jeu vidéo. Elle s’oppose à la notion de Theme Park, type ou mode de jeu avec des objectifs bien définis et une liberté dans les choix du joueur très limitée.
  2. En japonais, Prayer et Player se prononcent de la même façon.
  3. 2 parmi 22.
  4. Un magicien pouvant lancer jusqu’à trois sorts en même temps.
  5. Plus précisément, une promesse faite en se croisant leurs auriculaires.



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