Phenomeno (Français):Tome 1 Chapitre 1

From Baka-Tsuki
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Dis, mère.

Si les êtres appelés fantômes existent dans ce monde—

Est-ce qu'il serait possible pour quelqu'un de prouver leur existence d'une façon que personne ne puisse dire le contraire ?

Je crois que c'est impossible, peu importe à quel point l'humanité évolue. D'un autre côté, ça vaut aussi dire que personne ne serait en mesure de prouver irréfutablement qu'ils n'existent pas.

De ce point de vue la, discuter de si les fantômes existent ou non est une complète perte de temps. C'est pour ça que les gens qui peuvent sortir vainqueurs d'une telle discussion sont ceux qui apprécient purement les fantômes comme source de divertissement. Oui, j'appartiens a cette catégorie, et il n'est pas exagéré que de m’appeler un maniaque de l'occulte.

Mère ne connaît peut-être pas l’existence de tels groupes — d'avoir l'age que j'ai et d'aller fantômer ceci, UMA-check cela ; je sais que les gens rient des gens comme moi. Mais tu sais, il y a beaucoup de choses dans ce monde qui ne sont pas explicables."

Oui—

Par exemple, la maison dans laquelle je vis.

Ce vieux bâtiment de presque trente ans, proche du fleuve Tamagawa, et partiellement parce qu'elle est située dans un endroit aussi étrange, a un loyer extrêmement bas. Quand je suis venu à Tokyo ce printemps, j'ai cherché pour un appartement pas cher, et ai trouvé cet endroit.

Il faut dix minutes en vélo pour atteindre une supérette. Elle est entourée par les ténèbres et couverte d'épais taillis, et parce qu'il n'y a pas d'éclairage publique dans les environs, il fait complètement noir le soir. Cependant, j'apprécie ce vieux bâtiment. Il a été construit comme un chalet de montagne, puisque le rez de chaussée est un garage et que le premier et second étages sont habitables, c'était plus que luxueux d'y habiter seul. La cuisine était aussi restreinte qu'une kitchenette, mais j'avais un salon, une pièce de type japonais, un bain, et même un atelier. D’après ce que j'ai entendu, c'est un architecte qui a désigné cet endroit comme lieu de travail personnel. Je l'ai aimée au premier regard. En plus, un endroit avec un bain ne coûtant que 30.000 yen a Tokyo Musashino est incroyablement rare, et venait même avec une histoire qui vaut le détour

"C'est une maison qui accomplit les souhaits."

C'est ce qu'a dit l'agent immobilier souriant qui m'a présenté cet endroit.

"L'architecte qui l'a construit est devenu célèbre, l'illustrateur qui y a habité s'est retrouvé avec tellement de travail qu'il a du se rapprocher de la ville, et le jeune couple qui vivait la jusqu'au mois dernier a donné naissance a un bébé, ce qui rend l'habitation disponible. Vous êtes bien chanceux."

Après avoir entendu ça, qui ne conclurait pas immédiatement la vente ?

Donc, j'ai sauté sur l'opportunité. C'est sûrement grâce au sentiment de supériorité aussi, vu que mes collègues à l'université paient plus du double de loyer et vivent dans des placard. Dans tous les cas, j'ai été agréablement surpris de cette première fois ou je venais à vivre seul.

Pourtant — dans le mois j'en suis venu a réaliser a quel point mon erreur était grande.

Je peux entendre des bruits quelque part quand je dors la nuit. Le grincement de quelque chose persistant a essayer d'essayer une vieille porte. Je me suis dit que ça devait être un défaut de construction de quelque part, mais je me suis aussi rendu compte qu'il était étrange que ça n'arrive qu'à partir de deux heures du matin. J'ai essayé d'aller au salon depuis ma chambre qui est a l'autre bout du second étage, et le son s'est arrêté. Je me suis dit que ça venait peut-être du dessus, et ai été à l'atelier du troisième étage. Mais il n'y avait rien qui puisse être la source des bruits. J'avais prévu de le réorganiser pour qu'il soit plus à mon goût, mais à ce moment il n'y avait rien de plus que mon bureau et une armoire. J'ai regardé autour de moi mais toutes les fenêtres étaient fermées, alors il n'y avait rien qui puisse produit de bruit. Après ça j'ai été aux toilettes et prendre un bain. Cela dit, je n'ai pas réussi à trouver d’où pouvait venir ces bruits. Alors j'ai pensé que peut-etre j'imaginais juste des choses et ai été me coucher. Mais les bruits ont recommencé. Grinçant, le son du vieux bois gémissant. Je pouvais aussi entendre le bruit de quelque chose gratter. Ce n'était pas une souris ou un chat. C'était un son irréel, comme quelque chose essayant de ramper en dehors d'un endroit reclus après avoir été tourmenté pendant longtemps.

Finalement le bruit a arrêté de résonner dans la maison et a donné l'impression de s'évaporer dans l’atmosphère près de mon oreille. Suite a ça, j'ai commencé a garder les lumières allumées dans la maison et a utiliser des boules quies en allant dormir. Cependant, le problème ne s'est pas limité qu'au bruit.

C'était il y a à peu prés deux semaines.

J'ai trouvé un signe majeur.

J'ai trouvé "七" (sept) gravé avec quelque chose de pointu sur le mur de l'escalier.

J'ai immédiatement vérifié portes et fenêtres dans la maison. Mais il n'y avait avait aucun signe d'intrusion. J'étais probablement terrifié. C'était une assez grande gravure, mais je me suis forcé a penser que je ne l'avais juste jamais remarqué auparavant. Cela dit, quelques jours plus tard, j'ai trouvé "六" (six) près de la baignoire. Quelque chose de pointu l'avais inscrit dans le contour de la fenêtre. Et puis il y a une semaine, j'ai trouvé "五" près des toilettes, et même une personne sceptique se devait d'y croire.

Il y avait quelque chose dans cette maison.

Et ça comptait a rebours.

Je me suis immédiatement précipité hors de la maison. Je ne pouvais plus vivre ici. Je ne m'étais pas fait d'amis proches a l'université, alors j'ai vécu dans des karaoke box et net café pendant quelques jours. Je ne pouvais en parler à personne. Je ne connais pas de moines, ou de médiums. Puis j'ai réalisé que oui, peut-être que les gens de "Ikaigabuchi" (Frontière de l’Au-Delà) seraient ceux avec qui en parler ! Mes collègues qui étaient également dans l'occulte pourraient me croire aussi.

Et donc—

En fait, ce ne sont pas des gens si bizarre que ça.


"Si, on est tout a fait bizarre."

"...Hein ?"

J'ai reculé devant la voix apparaissant soudainement devant moi.

Quand j'ai levé la tête, j'ai vu le visage blanc de Karasu, et elle me faisait un geste de la main.

"Salut, Nagi."

"K- Karasu. Tu es la depuis quand ?"

J'ai regardé l'heure sur mon portable.

Il étais deux heures et demi. Il restait encore trente minutes avant que la réunion IRL ne prenne place.

"A peu près quand tu as commencé a expliquer 'la maison qui exauce les souhaits' à ta mère."

"...Depuis le début quoi.

Je me suis plaint, et j'ai ramassé mon sac en grognant.

"Désolée, désolée. Mais tu sais, épier est un peu notre caractéristique, tu sais ?"

Dit Karasu avec son joyeux sourire.

Il y avait un restaurant familial près de la route Itsukai Ichikai,

On allait avoir une réunion IRL d'urgence avec les membres du site d'occulte que je fréquente. Et bien sur, Karasu n'était pas son vrai nom. C'était un pseudo qu'il utilisait en ligne. Tout comme moi, Yamada Nagito qui utilisait le nom "Nagi", elle utilisait "Karasu". C'était la troisième fois que nous nous rencontrions, mais je ne connaissais toujours pas son vrai nom. Cependant, c'était une ancienne du site "Ikaigabuchi" et donc bien plus reconnue que moi qui venait de rejoindre le site ce printemps.

Son apparence était la même que d'habitude. Une robe violette en velours qui descendait aux chevilles, et en dessous n'apparaissait d'un débardeur noir, ou plutôt, sa poitrine était complètement exposée. Sa poitrine donnait l'impression d’être sur le point de s’échapper à n'importe quel moment, ce qui faisait que je lui portais un drôle de regard — bref, c'était un peu son uniforme a elle.

"Tu es bien en avance, tu as fermé le magasin plus tôt aujourd'hui ?"

J'ai demandé.

"On va dire ça. Les diseurs de bonne aventure n'ont pas grand chose a faire quand il n'y a pas de clients."

Elle retira l'écharpe qu'elle portait et s'assit en face de moi.

"Mais tu sais, pour être honnête."

Elle jouait avec le collier en forme de crane qui pendait à sa poitrine tout en me regardant.

"Ta maison n'a probablement rien a voir avec ça."

"Quoi ?"

"Comment c'était déjà — mmh, ah oui, schéma."

"Schéma ?"

"Un mot utilisé dans la science cognitive. Si tu pense constamment que tu as peur, alors tu vas commencer à voir des visages au plafond, ce genre de choses. Parce que tu entendais grincer tous les jours, tu as commencé à voir des nombres gravé alors qu'ils étaient depuis toujours dans ta maison."

"...V- vraiment ?"

"Totalement. Je veux dire, tu es venu a Tokyo depuis une ville super rurale à Shizuoka, et c'est la première fois que tu vis seul, hein ? Et puis tu vis dans une vieille maison en bois, tout seul, alors c'est pas trop surprenant. Je visais dans une maison qui grognait et grinçait beaucoup avant, alors je sais ce que tu vis. C'est comme le bruit d'un film plastique qu'on frotte alors ça rend assez mal a l'aise."

Elle a dit ça, tout en levant un main pour commander des bières a la serveuse.

Mais, si c'était juste moi qui faisait un foin pour rien, alors qu'est-ce que je devrais dire aux autres vétérans de l'occulte qui viennent à la réunion ce soir ? Je vais me faire bannir de ce fantastique site pour avoir été idiot juste un soir ?

"Ah, ne t’inquiète pas pour ça."

Elle a ri.

"On est juste une bande de gens qui aiment se rencontrer et échanger des histoires effrayantes.

"Mais, ça ne doit pas être que ça, non ? Il y avait presque dix personnes qui prévoyaient de venir a l'IRL."

Et puis Karasu leva un sourcil avant de me regarder.

"Tu n'as pas vu ?"

"Quoi donc ?"

"A l'IRL, je crois qu'il y a plus de trente personnes qui viennent."

...Quoi ?

Je me suis dépêché d’accéder a la partie réunion IRL du forum Ikaigabuchi sur mon portable.

Et ai ouvert le topic "La maison qui exauce les souhaits / investigation" et fus surpris.

"Tu as raison. Pourquoi est-ce que ça a triplé en si peu de temps ? Il y a tant de gens que ça qui sont intéressés par la 'maison qui exauce les souhaits' ?"

"Malheureusement, pas du tout. Tu vois, même les réguliers 'Suu' et 'Zippo' viennent a la réunion, hein ? Ils ne se déplaceraient pas pour une simple histoire d'horreur."

...Simple histoire d'horreur.

Elle a ri a l'expression que j'ai faite et à pris le telephone de ma main et a joué avec. Puis elle a tourné l'écran vers moi.

"La. Le quatrieme posteur, utilisant le nom 'Yoishi'. Je crois qu'il y a autant de gens qui viennent juste parce qu'il a annoncé sa participation."

"Qui est 'Yoishi' ?"

"Aucune idée."

Dit Karasu avec un sourire alors qu'elle sortait une cigarette. Elle l'allume en utilisant un briquet fin et usé, et après avoir pris une bouffée, chuchote ces quelques mots.

"Ceux qui rencontrent Yoishi meurent sept jours plus tard."

"Quoi ?"

"Il y a plus. Yoishi n'est pas une personne vivante. Les réunions IRL dans lesquelles Yoishi sont présentes finissent dans la terreur complète. Qu'est-ce qu'il y avait d'autre ?"

"C- C'est quoi ça ?"

"Une légende urbaine qui a commencé a circuler a Ikaigabuchi. Et pourtant personne n'a jamais vraiment rencontré Yoishi. Personne ne sait si Yoishi est un vieux bizarre, ou même s'il est un homme. Cependant, tous ceux qui ont déjà été à une réunion ou allait Yoishi n'en parlent pas. Les topics disparaissent. Les participants arrêtent de venir sur Ikaigabuchi ou—"

"Ou quoi ?"

"Ils meurent."

Son murmure a eu le même effet sur moi que de l'eau glacée me coulant dans le dos. Quand à elle, Karasu descend joyeusement sa pinte de bière et s'exclame :

"Uwaah, délicieux !"

Elle est vraiment apathique.

"Mais ce sont... juste des rumeurs, hein ?"

J'ai demandé et elle a ri, bien sur que c'est une rumeur.

"Donc en gros, même si 'la maison qui exauce les voeux' fait un flop, il y a 'Yoishi' alors tous le monde se rassemble pour s'amuser. Tu n'as pas a te tracasser pour ça."

C'est ce qu'elle a dit, mais je ressentais des sentiments contradictoires.

Jusqu’à maintenant, jusqu’à aujourd'hui, je tremblais de peur, seul, incapable de rentrer chez moi. Et puis j'ai suggéré une réunion IRL dans l'espoir d'avoir les opinions des vétérans de "Ikaigabuchi". Avoir mon histoire immédiatement démontée en tant que mauvaise interprétation n'a pas été suffisant pour combler mes peurs.

"Cependant — si Yoishi est intéressé, se pourrait-il que ce soit parce que la 'maison qui exauce les vœux' est réelle ?"

"Qui sait-. Je suis juste intéressée de voir comment la présence de Yoishi-kun pourrait changer une histoire d’épouvante qui ne m’intéresse pas en quelque chose de plus intense."

...Interesse pas.

"Si ça te trouble toujours, 'Ikaigabuchi' a une page pour enquêter les endroits hantés. Tu peux demander une analyse. Bien que je pense toujours qu'ils se moqueront juste de toi."

Elle a rit, tout en finissant rapidement sa biere.

En effet, le site "Ikaigabuchi" faisait fréquemment des analyses des lieux hantés dans le pays sans prendre compte de leur popularité.

"Après enquête, les lieux hantés étaient classifiés de A à D, A correspondant aux lieux les plus dangereux. Cette note était des plus uniques, et des lieux fameux tels que Masakado Kubiduka et Iwainari se voyaient décernés un D par Ikaigabuchi —- en d'autres mots, ils étaient notés comme le niveau le plus bas de danger. Apparemment c'est parce que ce sont devenus des lieux "partagés équitablement", ou les humains et fantômes se traitaient mutuellement avec respect.

D'un autre coté, les lieux écopant le rang A sont généralement des lieux inconnus du grand public. Des endroits ou des crimes ont étés commis, comme des meurtres alimentés par des émotions collantes tels que l'engouement et la jalousie, des morts locales de personnes âgés qui ont maintenues jusqu’à la fin leur fanatisme, et ainsi de suite. Il est dit que ces endroits sont les lieux de prédilection des âmes qui détestent le monde actuel, celles qui ont perdues leurs personnalités et sont devenues des concentrés d'intention malicieuse, bien au delà du point de non retour.

Alors que je pensais a ces choses, Karasu a commencé a me fixer intensément.

"Hé, Nagi-kun."

"Oui ?"

"Je peux voir que tu vas faire une rencontre."

"Hein ?"

"Et c'est— une fille."

...Sérieux ?

Mon expression changea a ses mots.

"Tu peux m'en dire plus ?"

"Hmm."

Elle commença à jouer avec son collier en forme de crane près de sa poitrine et continua.

"Comment dire ça, c'est une rencontre très intense. Comme deux âmes précédément séparées qui se réunissent. Mais-"

Elle dit ça, semblant regarder a travers moi jusque dans un autre monde."

"C'est difficile de dire si rencontrer cette fille sera une bonne ou une mauvaise chose pour toi."

"De quoi ?"

"Et aussi... hein ? Euh, elle est pas morte ?"

..........Hé.

C'est pas genre, une possession ?

Je me suis dit qu'elle devait plaisanter, mais je me suis aussi rappelé qu'elle me prédisait des choses de mauvaise augure à chaque fois qu'on se rencontrait. Une fois elle m'a dit que j'aurais de la chance avec les vélos et puis je me suis fait rentrer dedans par un mama-cycle sur le chemin du retour, et puis elle m'a dit aussi que j'aurais de la chance avec l'or et j'en étais content mais j'ai marché sur une punaise dorée a la maison. En d'autres mots, elle était très douée pour présenter des choses malheureuses d'une façon ou on ne peut pas voir que c'est une mauvaise chose, ce qui est peut-être après tout une certaine qualité pour les diseuses de bonne aventure.

"Tu sais, Karasu, si tu es une diseuse de bonne aventure, tu ne devrais pas aussi dire aux gens comment éviter leurs malheurs ?"

Ai-je demandé.

"Mais c'est a la personne de juger si une chose est malheureuse ou non."

Elle tire la langue d'une façon mignonne, et puis crie en direction de l'employée passant a coté, "Une autre bière s'il vous plaît !"

Alors que je la regarde, vexé, la sonnerie de la porte résonne plusieurs fois, et des gens bizarres entrent les uns après les autres. Voyant comment il s'approchent après avoir vu Karasu, j'en déduis que ce sont les gens que j'attendais pour l'IRL.

"Salut salut Karasu, toujours aussi belle."

"Ça fait longtemps que je ne t'avais pas vu, Maru."

"Je suis tellement excité de vous revoir."

"Nous avons de si bonnes dispositions karmiques."

Alors que les discussions continuent, ma soirée dans le restaurant familial devient de plus en plus active. De temps en temps je vois un visage familier, mais je ne connais pas la plupart des gens. J'ai déjà participé activement à des IRL a Tokyo mais je continue de voir beaucoup de nouveaux visages a chaque fois et je réalise a quel point le monde de l'occulte est grand.

Juste après onze heures, le groupe aux intérêts questionnables qui s'est rassemblé au fond du restaurant familial a dépassé les trente têtes. Ou plutôt, j'ai choisi ce restaurant familial en me disant qu'il n'y en aurais que dix, mais c'était une plutôt grosse erreur. Le regard et sourire forcé que me porte la serveuse en passant me fait mal.

"Il y en a encore qui vont venir ?"

J'ai discrètement posé la question a Karasu qui est engagée dans une discussion avec d'autres présents, et elle était déjà un peu rougie en répondant, il est déjà trop tard maintenant.

"Il y a toujours des gens qui viennent sans jamais rien dire, alors il y en aura probablement quelques uns encore."

"C'est un problème."

"Ça pourrait faire fuir 'Yoishi', aussi."

Elle a dit ça d'un ton léger, mais—

Ça pourrait être un vrai problème.

——

"Donc, lequel d'entre vous est Yoishi ?"

Comme prévu, même pas une heure n'est passée que déjà la discussion est tarie sur "la maison qui exauce les vœux".

Les innombrables vétérans de l'occulte entassés dans le restaurant familial se regardent tous entre eux, cherchant frénétiquement pour ce certain "Yoishi".

"Bien, je propose qu'on se présente !"

Cette proposition vient d'un homme d'age moyen au visage rougi se faisant appeler "Professeur".

Voyant les pintes de bière vides éparpillés sur la table m'a fait prendre conscience d’à quel point il doit être ivre. Et puis en réponse, les autres ont répondu par des "Ouais, bonne idée" remplis d'entrain. Un par un, les gens se sont levés et se sont présentés. Au moins la moitié des participants étaient pas mal imbibés, ce qui donnait de moins en moins l'impression d'une réunion entre maniaques de l'occulte et plus en plus d'une soirée bourrée.

"First ! Je suis Professeur ! Mon domaine préféré de l'occulte sont les histoires de gens post-trauma !"

"Deuxième ! Je suis Rabbit. J'adore le folklore sur Ryoumen Sukuna-sama !"

"Troisième ! Je suis Harley ! Je suis très intéresse par les OOPARTS ! En ce moment je recherche sur les Manuscrits de Voynich !"

Pourquoi est-ce qu'il font premier deuxième troisième ? Et pourquoi est-ce que Rabbit et Harley ont suivi ?

Les maniaques de l'occulte étaient très joueurs, et ainsi ils commencèrent à se présenter un par un. En étant incroyablement bruyant. J'avais l'impression de me prendre des regards de réprimande de tous les autres clients du restaurant.

"Septième, je suis Karasu !"

Quand elle se leva d'un bond, tous se mirent a applaudir, et suite a ça elle commença a discuter avec des voisins, alors j'abandonnai. En y pensant, on pourrait dire que chaque rencontre IRL de "Ikaigabuchi" tourne comme ca, c'est comme une particularité de la communauté.

"Nagi-kun. C'est ton tour apres."

Pressé par Karasu, je me leve maladroitement.

"Mmh, huit. Je suis Nagi. Je suis un étudiant a l'université."

"Tu aimes quoi dans l'occulte ?"

"Euh, tout ce qui est grandiose... mais en ce moment surtout ce qui est lié aux fantômes."

Quand j'ai répondu trop vaguement a la question qui m'avait été envoyée, les gens ont commencés a crier "t'es trop coincé !" "tu dois boire plus !" et quelqu'un a commandé de la bière pour moi. Les gars, je n'ai que 18 ans. Je peux pas boire.

"T’inquiète, t’inquiète. Je la boirais. Agis juste comme si tu avais bu et ça leur ira."

C'est ce qu'a dit Karasu en me donnant une claque sur les fesses.

Bon dans tous les cas, les trente et quelques personnes se sont présentées comme ça—

Et la conclusion.

Il n'y a personne qui s'est présenté en tant que Yoishi.

"Hu, donc il est pas venu."

"Je me suis ramené pour voir Yoishi."

"Est-ce que quelqu'un a donné un faux pseudo ?"

Les gens se sont plains chacun leur tour, mais étant donné qu'il n'était pas rare de rencontrer des gens que nous n'avions jamais vu, c'est difficile de savoir si quelqu'un ment.

"Bon, puisqu'on est tous rassemblés, on peut se demander si 'la maison qui exauce les voeux' est-"

Je commençait a parler, mais "Suu" m'a interrompu.

"Je pense."

Un vétéran de "Ikaigabuchi" qui tenait un magasin d'alcools et aimait collectionner des choses comme des bras de tengu ou coquilles de kappa, si je me rappelle bien."

"Yoishi pourrait être un autre pseudo pour Krishna."

J'étais en train de soupirer, mais le nom a retenu mon attention.

"Mmh, ça tient debout."

"Si on résume les rumeurs a propos de Yoishi — mmh, si tu croises Yoishi tu rencontreras une mort terrifiante. Yoishi n'est pas une personne vivante. Ceux qui ont rencontré Yoishi meurent sept jours après. Des trucs dans le genre ? Mais nous n'avons jamais eu la certitude que qui que ce soit soit mort. Et peut-être que certains topics ont été effacés parce que Krishna s'occupait secrètement d’enquêter le sujet ? C'est ce que je pense, en tout cas."

Même Karasu a hoché la tête, suivant le raisonnement.

"Krishna ne s'est pas montré non plus récemment, alors ça expliquerait des choses."

"A- attendez, s'il vous plaît."

Je me suis imposé. "Krishna, comme l'administrateur d'Ikaigabuchi ? Tous le monde l'a déjà rencontré ?"

"Rencontré, ou plutôt, il venait toujours aux IRLs avant."

"Mais il n'est pas la aujourd'hui ?"

"Tu veux le rencontrer ?"

"Bien sur."

La raison pour laquelle je me suis intéressé au site "Ikaigabuchi" a la base était parce que cette personne nommée Krishna était si fascinante. Bien sur, je suis aussi intéressé par l'occulte a la base, mais c'est autre chose qui m'a fait rejoindre Ikaigabuchi.

Il y avait, par exemple, ces étranges mots en haut de la page, "Les choses qui ennuient les gens ennuient aussi les fantômes.". Dès le début, Ikaigabuchi était un site dont le but était d'adoucir les liens entre les gens et les fantômes. La plupart des gens ne peuvent pas voir les fantômes. C'est pourquoi, sans aucune intention de faire du mal, nous gênons probablement plus les fantômes qu'ils ne nous gênent nous. Et je trouvais cette perspective intéressante et unique. Et alors que je lisais des articles de la rubrique horreur confirmées d'Ikaigabuchi, ma conviction s'est approfondie. Chaque article était empli d'empathie envers les fantômes, prenant soin de montrer du respect aux vivants comme aux morts.

"Je me suis toujours demandé. Pourquoi est-ce que les gens ont peur des fantômes ? Peut-être que certains fantômes jouent des tours aux gens, pendant que d'autres fantômes leur disent que ça suffit et interviennent, et pourtant personne n'envisage cette possibilité. Peut-être qu'un sorte d'ordre est maintenu par les fantômes, et que c'est pour ça que la vaste majorité des gens vivent sans se soucier du surnaturel."

Ce paragraphe en particulier a eu de l'effet sur moi.

Ces mots m'ont touchés. Quand je suis arrivé a Tokyo et qu'il n'y avait encore personne que je pouvais voir comme un ami, j'ai réalisé que plus que jamais les gens étaient liés entre eux par de la sincérité. Ça m'a donné le courage qu'il me fallait pour tenir a Tokyo, la ou il est que les relations entre les gens est souvent faibles et diluées, ou les gens essayant autant que possible d'avoir des interactions inutiles avec d'autres personnes. C'est pour ça que j'ai commencé a participer au site.

Je suis devenu attiré par cette personne nommée Krishna, tant ses nouvelles journalières du fantastique étaient merveilleuses. Sa connaissance profonde et pourtant large de l'occulte. Son style d'écriture clair et accrochant. La vérité pouvait se sentir a chaque mot. Ce sont toutes ces choses qui me manquaient et dont mon âme avait besoin. J'en étais venu au point ou je sentais que Krishna était devenu comme un frère et père a Tokyo.

Et si je pouvais—

Je voulais que ce soit Krishna lui-même qui fasse l’enquête de "la maison qui exauce les vœux".

"Q- q- quel age a Krishna ? De quoi est-ce qu'il a l'air ?"

"Nagi-kun tu bégaie." "Calme-toi." "Tiens, bois un coup."

Malgré les interruptions de Suu et des autres, je reformule ma question.

"Dites-moi s'il vous plaît. Comment est-ce que je pourrais le rencontrer ?"

Cependant, la réponse a ma question fut un silence gêné de trente personnes.

"Je ne crois pas qu'il reviendra à une IRL un jour."

"Pourquoi ?"

"Il s'est passé certaines choses-"

"Certaines choses ?"

"Bah, tu découvriras un jour ou l'autre. Laisse tomber pour l'instant."

Je ne recevais qu'une vague réponse comme ça.

Ce qui brisa le silence dans le restaurant familial fut la voix de Zippo, qui travaillait en tant que programmeur, je crois.

"Mmh... Je ne suis pas d'accord."

"Avec quoi ?"

A demandé Karasu, et Zippo remonta ses épaisses lunettes sur le haut de son nez avant de lentement répondre.

"Que Yoishi et Krishna soient la même personne."

"Pourquoi ça ?"

"En fait, je connais quelqu'un qui a rencontré Yoishi a une IRL."

"Vraiment ?"

La troupe entière se leva l'unisson.

"C'est quel genre de personne ?" "Quel age ?" "Garçon ? Fille ?" "Quelle IRL ?"

Ils ont tous demandés leur propre question et Zippo répondit calmement.

"L'IRL était pour une enquête d'un hôpital abandonné dans la sous-préfecture de Tama, il y a à peu prés six mois."

"Et donc, de quoi Yoishi a l'air ?"

"Mmh, eh bien... Je ne sais pas."

"Tu ne sais pas ?"

Karasu demanda, et Zippo avala une gorgée avant de répondre.

"Parce que cette personne que je connais est hospitalisée."

"Hospitalisé ?"

"Institut psychiatrique."

Et avec ça, l'attroupement excité revint au silence.

Comme si quelque chose de lourd les avaient tous faits se rasseoir.

"Hospitalisé dans un institut psychiatrique, et c'est la faute de Yoishi ?"

Ce que demanda Suu, et Zippo secoua lentement la tête.

"Je ne sais pas. Mais même après avoir regagné conscience, tout ce qu'il a réussi a murmurer fut Yoishi. C'est pour ça que je suis venu a cette IRL, parce que si Yoishi était venu, j'aurais voulu lui demander ce qui s'est passé cette fois la."

Tout le monde se tut quand Zippo arrêta de parler.

Et puis le restaurant familial fut une fois de plus rempli d'histoires de Yoishi. "En y pensant" fut le genre de phrase précédant une conversation sur divers rumeurs concernant Yoishi.

Si je devais résumer les sujets—

Apparemment "Yoishi" apparaissant infréquemment sur le forum d'Ikaigabuchi. Son apparence était peu commune, mais quand il venait, il postait sur presque chaque topic, donnant son opinion sur tout, peu importe a quel point le sujet pouvait être pointu. Vu la durée d’apparence, Yoishi pourrait être imaginé comme un maniaque de l'occulte qui est assis devant son ordinateur pendant presque 24 heures par jour. Les posts sur le forum avaient une connaissance en surnaturel qui pourrait rivaliser avec celle de Krishna, mais ses commentaires ne montraient aucun amour envers les fantômes, chose qui définissait Krishna. Si on devait définir Krishna, ça serait quelque chose de plus étrange — comme si un mort avait malicieusement rejoint l'Internet.

"Peut-être que les rumeurs disant que Yoishi n'était pas une personne vivante sont vraies après tout."

Fut ce que murmura Jersey, qui disait être écrivain pour un magazine."

"Vous vous rappelez ce topic d'il y a un moment ou le sujet était : "Je suis un fantôme, avez-vous des questions ?""

"Aah, celui ou l'IP et traces d’hôtes sont revenues vides, et que donc les gens se sont demandés si c'était vrai ?"

"Je suis de ceux qui pensent que éthérés ont une bonne compatibilité avec les ordinateurs et équipements digitaux. Parce que vous savez, les ondes cognitives ont des signaux électriques, aussi."

"C'est vrai qu'il y a beaucoup d'histoires de fantômes écrivant en ligne."

"Et donc, ce Yoishi—"

Murmurant Suu, d'une manière a résumer."

"Nous ne le voyons pas — mais est-ce qu'il est la ?"

Ses mots envoya un frisson le long de mon dos.

Je tournai la tête dans le restaurant.

Ce n’était pas juste moi - on dirait que tous le monde a ressenti quelque chose de froid.

Après ça, les membres se mirent d'accord d'éviter de parler de fantômes. Peu a peu, les sièges se rejoignirent par sujet alors que les gens se mirent a discuter de leur centre d’intérêt.

En tant qu'organisateur de l'IRL, je voulais recentrer les gens sur le sujet original, mais je suis certain que personne ne se rappelle de ma maison. En plus, Suu racontait des histoires fascinantes de l'étrange, et c'était trop intéressant pour que je puisse laisser passer ça. Une boite achetée dans un magasin d'antiquité qui ne pouvait pas être ouverte, des histoires de fantômes liés a des billets trouvés derrière une peinture d'un hôtel, une fille riant qui parlait souvent a une poupée — chaque histoire était si prenante qu'elle pourrait vous empêcher de dormir le soir."

Tout le monde oublia l'heure et apprécia leurs discussions sans fin sur l'occulte—

Et vers environ une heure du matin, l'IRL fut ajournée et les gens se dispersèrent.