Reina Kamisu ~ Français : Volume 2 Yukimi Mitsui

From Baka-Tsuki
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1[edit]

Les voix existant dans ce monde sont toutes des lances, qui m'attaquent.

Nous demeurons seuls de notre naissance à notre mort, incapables de comprendre autrui. Nous devons pourtant être en contacte avec d'autres Hommes, et ce de manière permanente. Pour fuir cela, nous n'avons d'autres choix que la mort biologique, ou sociale.

J'ai beau vouloir fuir, ce monde est rempli d'Hommes, qui m'observent.

C'est ainsi qu'aujourd'hui encore, je me vois forcée ma vie en collectivité.

Dans cette boîte bien trop étroite plus communément appelée salle de classe, emprisonnée avec tout type d'Homme continuant de m’attaquer, je suffoque.

C'est la pause déjeuné.

Même dans une école pour jeunes filles de bonne famille, les lycéennes restent des créatures tout aussi bruyantes, des voix perçantes s'élèvent de tous les côtés. Perçantes, sûrement parce que les voix des lycéennes sont plus aiguës que celles des lycéens. Perçantes, telles des lances.

Des rires.

Ils ne me sont sûrement pas adressés.

Mais je les entends. J'entends des railleries qui me sont adressées.

"Son maquillage, il est étrange aujourd’hui, non ?" "Il est jamais réussit, c'est nous qui somme mal à l'aise en le voyant, pas vrai ?" "Quand on y regarde de plus près, ses cuisses auraient pas grossis ?" "Aujourd'hui en cours elle a pas mal répondu à une question ? De toute façon son accent anglais est bizarre" "Elle est vraiment nulle" "C'est sûrement une traînée" "Elle me dégoûte" "Elle me dégoûte" "Elle me dégoûte"

Elles ne parlent pas de moi. Elles ne parlent pas comme ça de moi. Je ne suis pas différente des gens normaux au point que l'on dise de moi ce genre de choses.

Néanmoins, mon imagination m'oblige à penser que ces critiques me sont dirigées.

Arrêtez ! Ne parlez plus quand je suis là !

- Taisez-vous !

Ma voix résonne dans la classe.

La classe retrouve sa tranquillité

...grâce à ma voix.

Elles eurent tout d'abord l'air perplexes, puis elles se mirent à beugler de manière irréelle, voulant exprimer leur mécontentement. Comme attendue de la part des élèves de l'école Junseiwa, personne ne voulant se mettre explicitement en colère, elles parlent déjà bien plus silencieusement.

Mais, il est invraisemblable qu'elles ne soient pas mécontentes.

Elles me maudissent sûrement dans leur fort intérieur. Elles pensent à m'attaquer.

Ainsi, je me mets dos au mur par moi-même. Je m'isole telle une personne étrangère, ne m'approche de personne, et agit de sorte à ne pas être blessée. Mais avec cette attitude, il n'y a aucune chance que je rencontre un jour quelqu'un qui me comprendrait, et qui serait là pour me soutenir, mon anxiété ne fait qu'augmenter.

"Ça m'énerve vraiment"

Quelqu'un élève la voix ainsi, les gens aux alentours gloussent.

Mon corps se redît.

C'est faux. Ils ne me le disent pas à moi. Je vous en prie, soyez plus clair ! De mon point de vue, c'est comme si tu disais "Mitsui m'énerve vraiment". Je convertit les mots ainsi.

Ce n'est pas comme si quelqu'un me regardait, pourtant je me bouche les oreilles en faisant attention à ce que personne ne s'en aperçoive. Ahh, pourquoi est-ce que je suis si facilement blessée ? Pourquoi personne ne se comporte gentiment avec moi ? J'aimerais que quelqu'un me le dise. Me dise "Je comprends parfaitement à quel point tu es facilement blessée". Mais une telle personne n'existe pas. Les gens me prennent pour une fille forte et mauvaise langue, mais personne je vois celle que je suis derrière ce masque, et ils me blessent. Qu'ils en aient conscience ou non.

C'est pourquoi, je regarde Kamisu Reina.

Aujourd'hui Kamisu-san, mélangée au groupe de Hashigami-san et de ses amies, parle avec elles. Elle n’appartient à aucun des groupes que forment les filles, pourtant elle s'entend même avec les gens exclus comme moi, c'est une personne extraordinaire. Non, qualifier cette personne comme "extraordinaire" ne suffit pas.

Je le sais. Non, tout le monde le sait. Elle ne blesse personne. De ce fait, elle ne me blesse pas non plus.

Parfaite, tel un condensé de pur idéal, Kamisu Reina.

Cet "idéal" qui est le nôtre ne se mélangera jamais avec le groupe de quelqu'un. Elle ne mettra jamais personne de coté. Kamisu Reina se tient d'ors et déjà telle qu'elle est, d'égal à égal en face de nous. C'est pourquoi personne n'est blessé.

Si je tendais ma main vers Kamisu Reina, elle ne me sauverait pas Pourtant, elle ne se débarrasserait jamais de cette même main.

C'est pourquoi rassurée, je contemple Kamisu-san.

Comme je l'avais déjà remarqué, Kamisu-san me regarde. S'il avait agi d'une autre personne j'aurai détourné le regard, mais c'était elle qui ne me blesse pas, ainsi je laissais nos regards se croiser le temps d'un court instant.

Après quoi Kamisu-san rit avec élégance.

Ahh, elle est magnifique.

Cela suffit à me donner l'impression d’être comme réaffirmée.


Mais soudainement-

A l’intérieur de cette tête qui est la mienne, s'infiltra un corps étranger de la taille d'une pierre.

C'est une pierre. Elle s'agite dans ma tête, roule doucement, blessant mon cerveau. Je dois l'expulser. Expulser quoi ? L'humain qui a mis cette pierre dans ma tête.

C'est, cette personne est-

...hein ? Pourquoi ? Je veux dire, cette personne constitue la seule existence qui ne doit pas devenir mon ennemie-

Non, c'est justement ça, la preuve qui la différencie le plus des autres personnes.

Mais ça n'a rien à voir. Je me fiche d'une éventuelle différence. Le problème est que, tout comme la pierre à l'intérieur de ma tête, c'est en train de devenir un "malheur".


Pourquoi ?

Je continue de regarder Kamisu-san.

Elle-rie-avec-élégance,-comme-à-son-habitude.


2[edit]

"Dis, tu te prends pour qui en fait ?"

Alors que je marchais dans un couloir durant la pause déjeuner, tout en me souvenant du mauvais pressentiment que Kamisu Reina m'avait donné quelques jours auparavant, on me lança ces mots.

Le responsable, qui sans aucune considération à mon égard, m'exposait son irritation de tout son être, se tenait juste en face de moi. C'est un attaquant, c'est certain.

Pourtant cet attaquant, qui se rapprochait de moi, n'était pas une camarade de classe qui aurait pu avoir accumulé de la rancœur envers moi depuis longtemps, mais ma cadette, Kawai Sakura.

"Quoi ? Qu'est-ce qui te prends ?"

Puisque je n'exagère rien et que la personne en face de moi m'attaque ouvertement, je réponds fermement. Je peux résister de sorte à ne plus me faire attaquer de nouveau.

Je peux me battre. En subissant bien sur un important contrecoup.

Néanmoins, Kawai Sakura ne recule pas.

"Je suis au courant. Je sais que tu portes sur Reina-san un regard sale."

"Un regard sale ? Dans quel sens ?"

"Au sens propre. Je ne sais pas si tu es jalouse ou quelque chose dans ce style, mais est-ce que tu pourrais arrêter de regarder Reina-san avec ces yeux là ?"

"Jalouse ?"

Certes, je regarde souvent Kamisu-san.

Ayant pris la place de mon envie de m'affirmer à travers elle, découvrir l'explication de mon mauvais pressentiment est aujourd’hui plus que jamais ma priorité lorsque je l'observe.

Néanmoins qualifier cela de jalousie reste un terrible malentendu.

"Reste à ta place. Même si tu es la présidente du conseil des élèves, tu es plus jeune que moi non ? Tu ne penses pas que tu vas trop loin ?"

"Moi aussi je préférerais ne pas être impolie envers mes aînées. Mais, je n'y peux rien s'il y a des choses qu'il m'est impossible de tolérer !"

"Impossible de tolérer ? Tu veux parler de moi ?"

"Évidemment ! Essaye d'y réfléchir. Reina-san est une personne magnifique. Je la respecte, et je voue ma vie à poursuivre le dos de cette personne, si loin devant moi."

Ahh, comme je m'en doutais, Kawai Sakura est vraiment comme ça.

Il suffit de prêter attention aux alentours de Kamisu-san pour s'en rendre compte, Kawai Sakura est une de ses "croyantes" les plus ardentes.

Néanmoins dans cette école, les élèves que l'on peut qualifier de "croyants" de Kamisu Reina ne sont vraiment pas rares. On peut même dire que plus de la majorité d'entre eux en sont.

La nature charismatique de Kamisu Reina, sera en tant qu'exemple piètrement symbolisée par un gaz toxique. Son gaz toxique une fois absorbé à hauteur de 0.1mg a alors 99.999% de chance de pouvoir massacrer l'humanité, il est très puissant. S'il était libéré en ville il l'exterminerait toute entière. En plus de par sa nature particulièrement contagieuse, lorsque les Hommes contaminés en toucheraient d'autres, ces derniers mourraient également à leur tour.

J'exagère ? Peut être. Mais les personnes de son entourage elles seront sûrement d'accord avec moi.

Quoi qu'il en soit, l’existence même Kamisu Reina est actuellement dans la chambre secrète que constitue l’académie Junseiwa. Kamisu Reina occupe et érode cette académie sans y laisser le moindre échappatoire.

Cela étant dit, que va-t-il donc s'y passer ?

Au milieu de l'étroite communauté de l'académie Junseiwa, Kamisu Reina va devenir absolue.

Puis dans les faits, pour toute l’académie Junseiwa Kamisu Reina était d'ors et déjà une guide absolue, la loi elle-même.

"Je ... non, nous ne pouvons pas te pardonner ! Mépriser ainsi Reina-san.... Ahh, rien que d'y penser j'en ai les larmes aux yeux. Quoi qu'il en soit nous ne pouvons pas te pardonner d'avoir regardé Kamisu-san avec de tels yeux. Personne n'a le droit de renier Reina-san. Et toi tu penses pouvoir le faire malgré un tel comportement !"

"...C'est quoi, cette façon de parler ! C'est un malentendu en plus. Je n'ai jamais regardé Kamisu-san de haut."

"Tu penses vraiment qu'on va te croire avec ça !"

"Mais c'est vraiment un malentendu !"

"Ne mens pas !"

Ca n'avance pas. Peu importe ce que je peux dire, elle ne me croira pas. Elle est déjà persuadée que j'ai regardé avec mépris Kamisu-san.

Ce n'est pourtant pas vrai. Moi aussi je respecte Kamisu-san. Après tout, ma solitaire vie scolaire se déroule aussi au milieu de la même étroite communauté au sein de l'académie Junseiwa.

Donc il n'y a aucune chance que j'ai pu regarder Kamisu-san de haut.

—tant que mon sentiments étrange n'est pas négatif.

"Regarde, tu as l'air de te souvenir de quelque chose."

Soit mon anxiété s'est vue sur mon visage, soit Kawai Sakura s'est déjà auto-persuadée.

"C'est faux !"

"La ferme ! La ferme ! La ferme ! Excuse toi sincèrement et jure de ne plus jamais regarder Reina-san !"

Dis comme ça c'est quand même assez blessant. Puis elle se prend pour qui en fait elle ? Elle ne fait pas partie de la famille de Reina-san, et encore moins de ses amis."

"Hmpt ! Puis qu'est-ce que ça ferait si j'avais mal regardé Kamisu-san ! C'est pas non plus comme si je lui avais fait gâcher son temps !"

"Qu'est-ce que tu viens juste de dire ?"

"On peut même dire qu'au final, ce n'est pas les filles inactives qui ne font que regarder comme moi qui cause des problèmes à Reina-san, mais plutôt celles qui la collent comme des sangsues, exactement comme toi !

"Qu'est-ce que je viens d'entendre !"

Le visage de Kawai Sakura devint tout rouge.

—j'ai fini par le faire.

Cet attaquant n'est pas du type de ceux qui pourraient arrêter leur attaque parce que le conflit dégénère. Je le sais très bien, donc j'aurais du stopper ma propre offensive, pourtant je viens de faire l'opposé sur un coup de tête.

Je viens donc à l'instant d'adopter la pire attitude possible face à cette personne.

C'est fichu. Cette fille va continuer de m'attaquer. De me blesser.

Et puis, et puis—

Cet attaquant va me poignarder, je l'avais oublié tellement j'étais excitée.

"Je suis allée trop loin."

Mais maintenant, mes mots n'atteignent plus Kawai Sakura. Peut importe les mots d'excuse que je présenterai, elle ne les acceptera pas.

"Tu nous as insulté n'est-ce pas"

Au pluriel.

Ahh, c'est vrai, cet attaquant est... la présidente du conseil des élèves.

"Je ne te pardonnerai jamais..."

Ses cris de tout à l'heure étaient encore préférables. La faible voix qu'elle a maintenant, telle une malédiction, affirme indéniablement sa haine, et en fait la manifestation immuable.

Ahh, c'est terminé.

Jusqu’à présent ma réaction était surdimensionnée, j'ai passé mon temps à interpréter le comportement ambiguë de mon adversaire comme des attaques contre moi. Bien sur puisque je suis du type à me faire des ennemis, et il y a sûrement eu de vrais attaques de sa part. Mais dans la majorité des cas, j'ai juste sur-réagi et blessé l'autre partie.

Mais à partir de maintenant c'est différent.

Je vais sûrement me faire réellement attaquer.

"Tu m’énerves", "Insolente", "Dégage de l’académie", "T'es chiante", "Meurs", "Meurs", "Meurs"

Elle va finir par me parler comme ça.

Après tout, l'attaquant que j'ai en face de moi est la présidente du conseil des élèves. C'est la personne la plus influente derrière Kamisu-san. Si Kawai Sakura disais publiquement que j'étais"Impardonnable", le nombre de mes attaquants se multiplierait. Kawai Sakura est une personne possédant un rang et une popularité assez importante pour provoquer ça.

D'autant plus que les "croyants" de Kamisu Rena partagent tous les mêmes valeurs. Si le centre de toute cela, Kawai Sakura, me qualifiait comme "impardonnable", il est évident que les autres "croyants" seraient du même avis.

Dans la communauté fermée de l'académie Junseiwa, il ne faut en aucun cas se mettre à dos Kawai Sakura.

Kamisu Reina place tout le monde sur un pied d'égalité. Mais rien ne garantit que c'est le cas de ses suiveurs. Le Christ a dit『Si quelqu'un te frappe sur une joue, présente-lui aussi l'autre』et pourtant, ses croyants provoquent des guerres. C'est la même chose ici. En utilisant l’existence même de Kamisu Reina comme prétexte, Kawai Sakura justifie ses attaques à mon égard, on ne peut donc qu'être d'accord avec elle.

Kawai Sakura en a également conscience, c'est pour ça qu'elle s'adresse à moi de manière aussi impolie alors que je suis plus âgée qu'elle.

".... Je suis désolée"

Malheureusement, il est évident que mes mots d'excuses ne peuvent que rajouter de l'huile sur le feu.

"Prépare toi. Parce que je vais te faire comprendre que ta place ne se trouve plus dans cette académie."

Ça y est, Kawai Sakura a rendu son verdict.

Ce ne sont pas des menaces, c'est sûrement son jugement final.

Ma place, dans quelques jours, ne sera sûrement plus— nulle part.


A peine arrivée à la maison, je m'enferme dans ma chambre, et je me couche sur mon lit semi-double, en cachant mon visage dans mes cousins.

"Ahh..."

Que faire... je n'en peux plus.

Déjà que j'étais comme enfermée dans une horrible boite sans aucune sortie, j'y suis maintenant prise pour cible par tout le monde, je me fais broyer.

Je veux simplement ne pas me faire attaquer, je veux juste ne pas être blessée.

C'est pour me protéger que j'attaque les personnes en face de moi, mais à cause de ça elles s’énervent, et tout les autres finissent aussi par s'en prendre à moi.

...c'est horrible. Puisque c'est comme ça, qu'est-ce que j'aurais du faire moi ?

Il n'y a aucune réponse. Mais je savais bien qu'un jour ça se finirait comme ça. Je sentais que quelqu'un finirait fatalement par me détester, et m'attaquerait le plus sérieusement possible. Ça avait encore plus de chance d'arriver qu'une attaque de la Corée du nord sur le Japon.

...j'avais l'impression que ça finirait par arriver ?

Mais alors, ça signifie que la personne que je suis actuellement est déjà out depuis longtemps en fait.

Merde ! Merde ! C'est quoi ça ! Pourquoi personne n'est jamais gentil avec moi ! Personne ne me comprend jamais !

C'est faux. C'est faux... Tout est de ma faute... Je le sais. Je le sais !

En répétant ainsi ces mêmes pensées inutiles et sans fin, je serre mon coussin au point d'en faire échapper des plumes blanches.

Fait chier ! Fait chier !

—toc toc.

J'entends le son d'une porte à laquelle on toque. A l'écoute des sons, ça doit être ma petite sœur.

"Quoi ?"

Alors que je répondais irritée par le bruit, la porte s'ouvrit.

"Heu..."

Ma petite sœur qui essaye de parler, Yoshino, devient muette lorsque je la fusille du regard du haut de mon lit.

"Si tu as quelque chose à me dire fais-le rapidement, mocheté !"

Donc je suis d'humeur morbide, et je tourne mon irritation vers une personne faible, ma petite sœur de 3 ans plus jeune que moi. C'est toujours comme ça.

"D- désolée..."

Yoshino n'a rien fait de mal, mais elle s'excuse.

Quand je vois Yoshino regarder le sol et se faire toute petite, voilà ce qui me vient à l'esprit : cette fille va sûrement par la faute de mes insultes à répétition perdre confiance en elle, jusqu’à finalement ressentir d'elle-même un besoin de servitude.

Je me sens mal pour elle. Mais je n'ai pas encore le luxe de pouvoir avoir plus de considération pour Yoshino donc on ne peut rien y faire n'est-ce pas ?

"Donc, qu'est-ce que tu as ?"

"Heu... il y a un invité pour toi, grande sœur..."

"... un invité ?"

Une image de kawai Sakura me traversa l'esprit.

Comme si seulement à l'école ne suffisait pas, tu es allée jusqu'à venir chez moi m'attaquer ? Quand même pas.... Mais je n'ai aucun ami assez dévoué pour venir me rendre visite. Donc... il est possible que Kawai Sakura ait déjà terminé les préparatifs dans le but de m'attaquer, et soit donc venue ici.

Je ne veux pas... Je t'en pris arrête ! Ne me fais pas encore plus souffrir que maintenant !

"... Grande sœur, tu devrais te dépêcher..."

"Je le sais ! Arrête de crier !"

Le corps de Yoshino se rétrécit une nouvelle fois à l'écoute de mes injures.

Ahh, j'ai compris. C'est justement ça qui ne va pas avec Yoshino. Comme elle ne fait toujours que regarder le sol, je ne trouve aucune résistance face à mes injures, et la situation actuelle s'installe.

Alors que, de la pire manière qui soit, je me décharge mentalement de toute responsabilité, j'écarte violemment Yoshino avec ma main droite, et me dirige vers l'entrée.

Que faire ? Comme faire face ? A partir de maintenant, même si elle attaque, je ne pourrai pas me protéger. Mais je ne connais aucune autre manière de procéder. Je me suis pas assez habile pour réussir à parer les attaques de l'adversaire. Lorsque j'esquive la première des balles tirées par mon adversaire, j'ai alors peur d’être touchée par la seconde, et me fais donc inévitablement toucher, je suis ce genre de personne. Par conséquent, je n'ai pas d'autre possibilité que de vaincre mon adversaire avant même qu'il ait lancé sa première attaque.

C'est donc complètement désespérée que je regarde la personne qui se tient dans l'entrée.


Puis à ce moment là, j'ai freezé.


"...Hein ?"

Je me frotte les yeux, imitant sans m'en rendre compte les clichés des vieux livres , je regarde une nouvelle fois la jeune fille en face de moi.

"Bonjour."

Dit-elle en souriant. Avec un visage d'une beauté absurde.

"— Kamisu, san ?"

"Désolée de venir à l'improviste, Mitsui-san. Je t'ai surprise ?"

"Ce ne me dérange pas vraiment mais... pourquoi ?"

J'essaye de comprendre pour quelle raison Kamisu-san est venue jusque chez moi. ... mais aucune explication convenable de me vient a l'esprit.

Kamisu Reina place tout le monde sur un pied d'égalité.

De plus, je fais, bien sur, moi même partie de ce "tout le monde", je ne suis pas une exception pour Kamisu-san. Donc elle n'avait aucune raison de venir chez moi.

Mais elle est, réellement, en train de sourire juste devant mes yeux.

"Est-ce qu'on pourrait plutôt parler de ça une fois montées dans ta chambre ? Personnellement ça ne me dérangerait pas d'en discuter même ici, néanmoins tu risques de te fatiguer à rester debout, et enfin, si nous parlons dans l'entrée, notre conversation sera audible de toute la maison n'est-ce pas ?"

"Oui, c'est vrai...."

Je ne peux qu'acquiescer. Kamisu-san parle sur un ton très doux, mais je ne peux pas répliquer.

"..."

Qu'est-ce qui est donc si dur à endurer ? Si on y réfléchit calmement, elle est peut être juste passée à l'improviste chez tous mes camarades de classe.

Mais—

— n'importe qui connaissant Kamisu Reina, non, n'importe qui ayant déjà vu Kamisu Reina, penserait comme ça.

Seule une raison de la plus haute importance pourrait justifier que Kamisu Reina soit venue jusque chez moi. Une raison sûrement plus importante que celle qui a entraîné la construction du temple Yasukuni.

Je guide Kamisu-san jusqu’à ma chambre. Il se dégage une certaine harmonie de chacun de ses mouvements, lorsque je la regarde de cette distance, mon rythme cardiaque monte en flèche et devient complètement random. Si jamais elle vendait ses longs et magnifiques cheveux noirs, elle devrait pouvoir en tirer environ 200 millions de Yen par mèche, tout en pensant à ce genre de choses ridicules, j'ouvre la porte de ma chambre.

"C'est une chambre adorable" dit alors Kamisu-san en souriant sur un ton dépourvu de tout ressentiment, pour être franche je suis plutôt fière de l'arrangement de ma chambre, alors cette remarque me fait vraiment plaisir.

Que ce passe-t-il ? Rien qu'avec cette flatterie, elle fait violemment vaciller mon cœur.

J'ai alors suggéré, à Kamisu-san, de s’asseoir sur le sofa rouge qui lui plaisait. Cette attitude aussi est magnifique en un sens. Nous parlions de ma chambre depuis quelques instants lorsque Yoshino vient apporter du thé, remplaçant mes parents toujours absents. Alors surprise par la beauté de Kamisu-san quand elle la regarda, Yoshino rougit au premier de ses sourires.

Elle sort finalement de la chambre, et après avoir bu une gorgée de thé, Kamisu-san dit ceci en riant :


"Mitsui-san, ces derniers temps tu portes sur moi un regard particulier n'est-ce pas ?"


Bang ! Essayant de contenir mon cœur qui venait de sursauter d'un grand bruit, je regarde fixement Kamisu-san. Mais je suis incapable de déchiffrer ce que cache la douce expression de Kamisu-san.

『Je suis au courant. Je sais que tu portes sur Reina-san un regard sale. 』

Je réfléchis.

Et si l'avis de Kawai Sakura ne venait pas simplement de son complexe de persécution, mais bien d'une impression que tout le monde partageait ?

Dans ce cas la, alors il est certain que même Kamisu-san doit ressentir du mépris envers moi, exactement comme Kawai Sakura.

Et si, sous le masque souriant décoré à la perfection que porte Kamisu-san, se trouvaient des envies d'agression a mon égard ?

Ahh, non, c'est sûrement ça.

Kamisu-san est venue, jusque chez moi.

Pourquoi ? C'est bien simple.

Pour m'attaquer.

"Ah, désolée, je ne suis pas en train de te le reprocher."

Dit Kamisu-san, comme si mon attitude avait transmis une partie de mes réflexions.

Ce ne sont peut être que des paroles en l'air. C'est ce que je pense, mais le fait que la personne qui vienne de dire cela soit "Kamisu Reina" me rassure.

"Seulement, la raison pour laquelle tu me regardes avec de tels yeux m’intéresse un peu"

"... pour savoir ça tu serais venue juste chez moi ?"

"Ça y a contribué."

"Mais en parler au lycée aurait été tout aussi... "

En entendant le début de ma question, Kamisu-san sourit amèrement.

"Tu connais Sakura-san n'est-ce pas ? Si elle nous avait vu parler ensemble, elle aurait sûrement était prise à de mauvais sentiments."

Je vois, c'est évident. Puisque Kawai Sakura suit en permanence Kamisu-san, Kamisu-san est forcement au courant des événements qui se sont déroulés aujourd’hui.

"Kamisu-san, j'ai compris ce que tu essayais de dire mais... Mais je ne devrais pas être la seule à te regarder d'une manière particulière. Ça t’intéresse tant que ça ?"

"Il y a beaucoup de gens qui me regardent avec un regard particulier. Mais bien que ce soit ressenti comme étant "particulier" par les autres, il s'agit pour moi d'un "particulier" que je côtoie quotidiennement. Par exemple, même l'attitude qu'a eu ta petite sœur tout à l'heure est pour moi quelque chose de quotidien."

C'est peut être le cas. Par exemple, même le regard que porte Kawai Sakura sur Kamisu Reina, pour les autres personnes reste anormal. Mais si même ce regard est accepté tel quel, prenant alors part à son quotidien, il perd toute anormalité.

"... en bref, le regard que je te porte, est encore plus étrange que ça"

"Et bien, c'est la conclusion logique oui."

"Pour parler franchement, est-ce que tu éprouves du dégoût face à mon regard ?"

Kamisu-san, avec sa douceur habituelle, secoua sa tête horizontalement.

"Comme je le disais, ce n'est pas ça du tout. La raison qui m'a poussée à venir aujourd'hui est pratiquement l'inverse de ce à quoi tu penses."

"... ce à quoi je pense ?"

"Mitsui-san, je ne vais pas « t'attaquer »."

"Hein —?"

— « m'attaquer » ?

Quelqu'un ressent que je subis des attaques quotidiennes. Mais, pour la majorité d'entre elles, il ne s'agit que de paroles que j’interprète seule comme étant des attaques.

C'est pour ça qu'il est impossible que quelqu'un s'en soit rendue compte .

C'est impossible mais—

— Kamisu-san a clairement utilité le terme « attaque » comme si de rien n'était.

"Je sais que Sakura-san a essayé de t'attaquer. Ce que je redoute, c'est que à cause de cela, tu te mettes également à voir toutes les autres personnes comme des attaquants potentiels."

... ah, je vois.

Comment j'ai pu me tromper à ce point ? Je comprends, je me persuadais à tord que l'on "m'attaquait", mais jusqu’à hier seulement, à partir de maintenant, il ne serait pas étrange de parler de réelles "attaques".

Il faut en déduire que mon intuition selon laquelle depuis longtemps deja, Kamisu-san s'etait rendue compte que je me faisais blesser, n'est sûrement que dû à mon imagination.

.... juste, mon imagination.

"Je pense que ne voir les autres que de cette manière est non seulement triste, mais également douloureux pour toi. Puis quand bien même il existerait des personnes qui, obéissant aux ordres de Sakura-san, seraient amenées à t'attaquer, ils demeureraient une minorité. De même, ça ne durera pas éternellement, ça ne devrait pas autant t’inquiéter. C'est ce que je suis venue te dire."

"Mais... dans les faits si tout le monde me reniait, même en sachant ça je serais blessée"

"Alors, je te le promets."

"... promets quoi ?"

"Je serai ton unique alliée."

Hein —?

Je suis affreusement confuse.

Je veux dire, la personne qui me parle est Kamisu Reina. Celle qui place tout le monde sur un pied d'égalité, Kamisu Reina.

Et elle va, malgré tout, devenir mon alliée— ?

"Bien que je ne puisse sûrement pas faire grand chose seule, peu importe mes paroles."

"Non, je suis vraiment contente que tu aies dis ça—"

— mais, pourquoi, m'avoir choisie moi ?

Je ne peux rien ajouter d'autre

"J'en suis ravie. ... ah, je sais, il y a une question que je ne t'ai pas encore posé."

"Heu, qu'est-ce c'est ?"

"La signification de ton regard particulier."

"Ri, rien de vraiment..."

Je marmonne en réfléchissant.

Ce mauvais pressentiment que je possède. Il n'est pas dû à sa beauté absurde, sa sagesse, ou à une quelconque qualité qu'elle possède. Si c'était un regard d'admiration, Kamisu-san ne serait normalement pas aussi perturbée. Donc s'il s'agissait d'admiration, Kamisu-san ne devrait pas le trouver "étrange".

C'est pour ça que très probablement, à l’intérieur de mon regard, se cachent de très mauvaises intentions.

Kawai Sakura s'en ai rendue compte, et c'est pour ça qu'elle s'en prend à moi.

"Ce n'est pas quelque chose, de vraiment très important je pense. Je ne sais pas vraiment de toute façon."

Ainsi, que mes propos soit véridiques ou non, au final Kamisu-san ne peut rien y répondre.

"Tu ne sais pas.... je vois."

Tout en disant ça, Kamisu-san sourit. Comme si elle ne m'avait jamais posé de question.

"Sur ce, il est temps pour moi de repartir j'imagine."

"Oui...."

Nous nous sommes levées, puis sommes allées jusqu'à l'entrée. Même une action aussi banale que de mettre ses chaussures, pour une certaine raison une fois exécuté par Kamisu-san, devient alors raffiné et magnifique.

Et puis, peu importe à quel point on peut parler, mon mauvais pressentiment ne disparaît pas.

"Sur ce, Mitsui-san"

"Oui, à demain à l'école."

Kamisu-san agita sa main avec légèreté, et disparut de l'autre coté de la porte d'entrée.

"......"

De l'autre coté. C'est ça, Kamisu-san et moi nous tenons chacune sur un coté opposé. Ca ne s'ouvre pas. C'est l'impression que j'ai.

Je pense.

Partons du principe qu'il y ait vraiment dans le regard que je porte sur Kamisu-san de mauvaises intentions, et que Kawai Sakura l'ait remarqué, y aurait-il tout de même un moyen que la personne directement concernée, la sage Kamisu-san, ne le remarque pas elle-même ?

Puis même en incluant ça, qu'a-t-elle voulu exprimer en me disant『Je serai ton unique alliée』?

En ayant remarqué que j'étais une attaquante, et sans même contre attaquer, comment peut elle déclarer qu'elle restera mon alliée ?

En tout cas moi, je ne le peux pas. Ou plutôt... nous ne le pouvons pas.

"Dis, Yoshino"

J'interpelle ma petite sœur, qui observait secrètement mais avec attention l'attitude de Kamisu-san.

"Qu, quoi, grande soeur ?"

Pensant que je cherche à lui reprocher son comportement, c'est tout en se recourbant qu'elle répond.

"Ce n'est pas comme si j'étais en colère. Je pensais juste à te demander quelle impression t'a laissée la personne qui vient tout juste de partir."

"Ah, oui..."

"Yoshino, à quoi tu as pensé lorsque tu la regardais ?"

Yoshino, ne sachant pas quelle réponse j'attends, bredouille simplement quelques "heu....".

"Parle franchement."

"O, Oui... .... J'ai pensé que c'était une belle femme."

"Hmm, c'est vrai"

C'est un avis correct.

Trop effrayée pour exprimer un avis plus personnel, Yoshino ne peut sûrement rien dire de plus.

Pourtant, déviant de mes prévisions, Yoshino continue de parler.


"Comment dire, elle était trop belle pour pouvoir être une humaine comme moi."


A ces mots, je—

—Tel le sentiment de dégoût que provoquerait la mastication d'aluminium, je compris la véritable nature de mon mauvais pressentiment.