Sugar Dark ~ Français : Fosse 3 - Chapitre 1

From Baka-Tsuki
Jump to navigation Jump to search

Fosse 3 : Grave Robber (Pilleur de tombes)[edit]

1[edit]

La taupe avait creusé un trou très profond. Et à l'intérieur, Mole retenait l'étrange Corbeau, qui ressemblait à un enfant. Même si ce dernier lui avait donné le casque, Mole l'avait tout de même fait tomber dans son piège. Il réalisait que cela allait à l'encontre de ses principes, mais il n'avait pas d'autres choix.

Le temps était compté.

Combien de temps restait-il à Meria ?

Et quelle quantité de souffrance son cœur pouvait encore supporter ?

Il n'existait pas le moindre outil au monde qui puisse mesurer ça, et même s'il y en avait un, il eut probablement été préférable de ne pas l'utiliser.

Et ainsi, ce fut la deuxième fois qu'il allait parler de la souffrance que Meria subissait injustement.

— D'accord, et si on parlait ? demanda Corbeau.

Tout en regardant le corbeau captif, Mole ouvrit les hostilités.

— Ok, tout d'abord... J'aimerais que tu me dises ce que t'es vraiment. Le masque que tu m'as montré l'autre jour, c'est un faux ?

— Non, il est authentique, dit Corbeau, tout en regardant Mole avec un visage innocent et en sortant une nouvelle fois le masque de quelque part sous son manteau.

— C'est un vrai. Mes amis « chasseurs » me l'ont donné.

— Quoi ? Alors t'es pas l'un d'entre eux ?

— Ton intuition est plus perçante que n'importe quelle griffe, la taupe.

Corbeau avait déposé le masque et se moquait de Mole de la même façon que d'habitude. Puis, il haussa les épaules.

— Je m'excuse de t'avoir menti. Je pensais que ça faciliterait les choses... mais il est un peu difficile d'expliquer ma position.

— C'est pas un problème. Crache le morceau, ou je t'enterre vivant. Je suis sérieux ! Mole amassa une motte de terre avec la pelle et tendit cette dernière au-dessus du trou.

C'était certes une menace, mais si les réponses de Corbeau ne le satisfaisaient toujours pas, il était prêt à l'enterrer à moitié.

Boudant, comme pour dire « fiche-moi la paix », Corbeau parla avec réticence.

— Bon, ok... On peut dire que je suis un « représentant de l'association des victimes ».

Mole secoua la pelle et des bouts de terre tombèrent au centre du trou.

— Hé ho, arrête ça ! Je te dis la vérité cette fois-ci.

— Bah, j'avais plutôt l'impression que tu te foutais de ma gueule. Mais si c'est pas le cas, dis-moi, de quel type de victimes tu parles ?

— De celles des démons, pardi. De quoi je pourrais parler d'autre ?

— Si t'es vraiment un représentant, il doit bien y en avoir d'autres, dit Mole, considérant les propos de Corbeau comme une autre de ses plaisanteries.

Cependant...

— Oui, il y en a d'autres. Dix pour être précis, répondit rapidement Corbeau avec un léger sourire. Pourquoi tu me demandes ça au juste ? Tu les as déjà rencontrés.

— Tu veux parler de Meria ? demanda de suite Mole.

Il ne pouvait penser à personne d'autre.

— Elle fait aussi partie de cette soi-disant association de victimes ?

— Elle pourrait, répondit Corbeau. Mais elle est différente... Elle n'en est pas encore membre.

— Comment ça se fait ? Meria...

Personne d'autre n'avait autant souffert des mains de ces monstres... et même s'il y en avait d'autres, ils se seraient donné la mort depuis bien longtemps.

— Malheureusement, nous ne pouvons agir que la journée. Comme la fille ne peut sortir que la nuit, nous ne l'avons jamais rencontrée. Mais il est vrai que je sais des choses sur elle...

Corbeau devint vague et parlait de façon détournée.

Mole voulait approfondir un peu plus loin ce sujet, mais avant qu'il ne puisse poser d'autres questions :

— Mais je connaissais bien Maria. Bien plus que n'importe qui aujourd'hui, dit Corbeau.

... La personne qu'il ne connaissait pas, la gardienne de cimetière que Meria considérait comme sa grande sœur.

Pourquoi ce nom sort de la bouche de Corbeau ? Je veux dire, il semble bien connaître ce cimetière, alors il n'y a rien d'étrange à cela, mais n'empêche...

Tentant de masquer sa nervosité, Mole détourna le regard de la personne à la coupe carrée et s'assit.

Puis, alors qu'il s'assit sur le sol en tailleur, il entendit Corbeau dire :

— D'après toi, pourquoi Maria est morte ?

Il se retourna rapidement. L'instant d'avant, Corbeau était encore dans le trou. Mais maintenant, il se tenait debout à ses côtés, et sa voix était même si proche qu'il avait l'impression qu'il pouvait poser son menton sur son épaule.

Comment t'as fait ça ?

— Les gardiens de cimetière ne peuvent pas mourir. Alors comment ça se fait ?

— Sûrement qu'elle a pris feu au soleil.

— Quoi ? Elle t'a dit ça ? dit Corbeau visiblement surpris, clignant des yeux en entendant la réponse sortie de la bouche de Mole. Ouais, c'est comme tu l'as dit. Enfin, c'est pas comme un œuf sur le plat ou quelque chose du genre. C'est un point que je me dois d'éclaircir.

« Il n'existe aucun moyen de tuer l'Obscurité. En fait, depuis le début, le concept de mort n'a pas de sens pour elle. Certes, elle déteste la lumière, mais elle ne fait qu'entraver ses mouvements. Elles ne meurent pas. Et quand la nuit tombe, elle se remet simplement à bouger... et retourne à son massacre d'humains. »

« Mais, malgré le fait que la lumière du soleil est indispensable aux hommes, les gardiens de cimetière qui ont volé le pouvoir de l'Obscurité meurent au contact de celle-ci. Tu trouves pas ça bizarre ? Comment ça se fait d'après toi ? »

— Je m'en fiche pas mal. Ce que je veux savoir, c'est... commença sèchement Mole, mais il se perdit alors en route, incapable d'exprimer ce qu'il voulait dire...

Il était complètement confus, se demandant comment continuer, ou quoi demander.

Corbeau poussa un soupir.

— Les hommes qui ingurgitent une partie de l'Obscurité deviennent des gardiens de cimetière. Alors, même si Meria est toujours humaine, une partie d'elle est dans le même temps « l'Obscurité ». Ces deux facettes d'elle s'entrelacent et ne peuvent être dissociées. Et elles ont tous deux un effet équivalent sur elle. Donc si la lumière la touche, alors son corps de gardien de cimetière s'arrête. Ce qui signifie la mort pour un être humain.

Mole inclina la tête sur le côté.

— S'arrêter signifie la mort ?

Corbeau donna un petit coup d'index sur le torse de Mole.

— Tu peux arrêter ton cœur ?

Mole éclata de rire.

— Idiot, si je fais ça...

J'en mourrais... Ouais, c'est ce que voulait dire Corbeau.

— Exact. Maintenant, ce n'est pas juste ton cœur, mais également ta respiration, ton cerveau, ton système nerveux, et tout le reste... Tu vois, le corps humain est en quelque sorte en perpétuel mouvement à partir du moment où il sort du ventre de sa mère jusqu'à ses derniers instants. Même quand on dort, qu'on s'évanouit ou qu'on est inconscient, notre corps ne s'arrête jamais de fonctionner. Autrement dit, le concept même d'arrêt est précisément la façon dont les humains perçoivent la mort.

Mole saisit sa poitrine.

— Hum, alors si la partie du monstre cesse de fonctionner, alors il en va de même pour le cœur, les poumons et autres du gardien de cimetière. En gros, toutes les fonctions humaines cessent en même temps de fonctionner. Et en conséquence, il meurt... c'est ce que tu veux dire ?

— Exactement, acquiesça Corbeau.

Mole se mordit la lèvre.

Des pensées s'amoncelaient dans son esprit. Mais dans l'ensemble, il se demandait principalement jusqu'où il pouvait croire Corbeau.

Toutes ces belles paroles n'étaient rien de plus que des conjectures. Mais une fois encore, qui n'aurait pas du mal à s'élancer sur un pont en suspension délabré.

... Malgré tout, Corbeau avait une idée derrière la tête ; et c'était sûrement la raison pour laquelle il avait approché Mole.

Oui... il n'y a pas d'autres alternatives... Il faut que je le fasse... pour elle... de mes propres mains...

— La taupe, je veux savoir jusqu'où tu es prêt à aller.

Corbeau regardait Mole droit dans les yeux.

— Tu ne me croiras peut-être pas, mais je t'apprécie beaucoup, Mole. Et j'ai une idée de ce que tu pourrais faire pour Meria, un moyen de l'aider. Alors, dis-moi... Jusqu'où tu es prêt à aller pour elle ?

Mole n'eut absolument aucun mal à répondre.



Fosse 2 - Chapitre 8 Page principale Fosse 3 - Chapitre 2