Suzumiya Haruhi (fr) : Tome 1 - chapitre 5

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Chapitre 5

(* = notes à l'éditeur dans la partie discussion)


Une nouvelle semaine commença, et l'humidité de la saison des pluies se faisait de plus en plus ressentir, au point de nous faire suer à grosses gouttes. Si un quelconque politicien avait fait la promesse lors de sa campagne d'installer un escalator sur la colline, il aurait été assuré d'obtenir ma voix une fois que j'aurais le droit de vote.

J'étais assis dans la salle de classe, éventant mon cou à l'aide d'un cahier comme substitut d'éventail, quand la sonnerie retentit et que Haruhi, exceptionnellement, fut la dernière à entrer.

Jetant son sac sur le bureau, elle déclara : « Évente-moi aussi. »

« Fais-le toi-même ! »

Haruhi, que j'avais quittée en face de la station deux jours auparavant, affichait une mine déconfite et faisait la moue. Juste au moment où je trouvais que ses expressions devenaient plus mignonnes ces jours-ci, elle avait retrouvé son tempérament hargneux habituel aujourd'hui.

« Dis, Suzumiya. Tu connais l'histoire de l'"Oiseau bleu" 1 ? »

« C'est quoi ? »

« Non, oublie, c'est rien. »

« Dans ce cas, me demande pas. »

Haruhi me lança un regard menaçant en coin, puis Okabe-sensei arriva et le cours débuta.

En classe ce jour-là, une aura d'amertume émanait dans toutes les directions d'une Haruhi abattue, exerçant une pression inconfortable sur mon dos. Jamais la sonnerie annonçant la fin de la journée ne m'avait paru si réconfortante. Tel un mulot fuyant un violent feu de broussailles, je me réfugiai dans la salle du club.

La silhouette de Nagato en pleine lecture est désormais la scène par défaut de la salle du club, à tel point qu'elle semble faire partie du décor de la pièce.

Ceci dit, je me tournai pour dire à Koizumi Itsuki, qui était déjà arrivé :

« Ne me dis pas que tu as toi aussi quelque chose à me dire à propos de Suzumiya ? »

Il n'y a que nous trois dans la salle. Haruhi est de corvée de nettoyage aujourd'hui, tandis qu'Asahina-san n'est pas encore arrivée.

« Ah, à en juger par ta réaction, je suppose que les deux autres sont déjà venues te parler. »

Koizumi jeta un rapide coup d'œil à Nagato, toujours occupée à lire son livre. Son air de monsieur Je-sais-tout avait franchement tendance à m'agacer.

« Allons discuter ailleurs. Ce serait ennuyeux si Suzumiya-san nous entendait. »

Koizumi et moi nous rendîmes à la cafétéria et nous assîmes à une table. En chemin, Koizumi me paya même une tasse de café. Je sais que ça peut sembler bizarre pour deux mecs de partager la même table à la cafétéria, mais on y peut rien.

« Que sais-tu ? »

« Que Suzumiya n'est pas une personne ordinaire, je présume. »

« Ça me facilite les choses. Tu as raison. »

S'agissait-il d'une sorte de blague ? La totalité des trois autres membres de la Brigade SOS m'avaient dit que Suzumiya n'était pas humaine. Le réchauffement climatique aurait-il chauffé leurs cerveaux au point de les court-circuiter ?

« Commence par me dire qui tu es vraiment. »

Étant donné que l'une m'a avoué être une alien et l'autre une voyageuse temporelle, j'avais déjà ma petite idée, c'est pourquoi je poursuivis :

« Tu ne vas quand même pas me dire que tu es un être psionique, si ? »

« Plus besoin de le soupçonner désormais ! »

Koizumi agita doucement sa tasse.

« Ce n'est pas absolument exact, mais tu as plus ou moins raison – je suis ce que tu appelles un être psionique. C'est vrai, je possède des pouvoirs paranormaux. »

Je bus mon café en silence. Mmm, trop doux, il aurait dû m'en prendre un moins sucré.

« J'aurais préféré ne pas être transféré dans cette école si soudainement, mais il y a eu un changement de circonstances. Je n'aurais jamais pensé que ces deux filles se rapprocheraient de Haruhi Suzumiya si rapidement. Jusqu'à présent, elles s'étaient contentées de l'observer en silence. »

Cesse de considérer Haruhi comme une précieuse espèce en voie de disparition !

Me voyant froncer les sourcils, il poursuivit :

« Calme-toi. Nous faisons également de notre mieux ! Nous n'avons aucune intention de faire du mal à Suzumiya-san, nous voulons plutôt la protéger de tout danger. »

« Tu as dit nous ? Ça veut dire qu'il y a d'autres êtres psioniques comme toi ? »

« Eh bien, il n'y en a pas autant que tu le penses. Comme je fais parti du plus bas rang, je ne suis pas vraiment au courant, je sais seulement qu'il y en a environ dix dans ce monde. Tous sont sous le contrôle de lOrganisation'. »

Formidable, maintenant on a une 'Organisation' !

« Je ne sais pas en quoi consiste l'Organisation, ni combien de membres elle comporte. Tout semble être dirigé par les pontes des hautes instances. »

« ...Alors, cette société secrète, cette 'Organisation', qu'est-ce qu'elle fait en fin de compte ? »

Koizumi mouilla ses lèvres avec le café refroidi.

« Comme tu l'as deviné, l'Organisation a été fondée il y a trois ans, leur priorité étant d'observer Haruhi Suzumiya. À dire vrai, ils existent uniquement dans ce but. Je suis sûr que tu comprends maintenant ? Je ne suis pas le seul membre de l'Organisation dans cette école. Un certain nombre s'est déjà infiltré ici avant moi ; j'ai juste été transféré ici provisoirement pour les assister. »

La figure de Taniguchi me vint soudain à l'esprit. Il a dit qu'il avait été dans la même classe que Haruhi depuis le collège. Se pourrait-il qu'il soit lui aussi un être psionique comme Koizumi ?

« Tu plaisantes, c'est ça ? »

Koizumi ignora ma remarque et continua :

« Toutefois, je ne peux pas garantir qu'ils soient tous du côté de Suzumiya-san. »

Pourquoi tout le monde se passionne-t-il pour Haruhi ? C'est juste une fille excentrique, une dingue qui cause des problèmes aux autres, sans parler du fait qu'elle est extrêmement égocentrique. Mérite-t-elle vraiment qu'une 'Organisation' utilise toutes ses ressources pour la protéger ? Même si je dois bien admettre qu'elle est physiquement plutôt pas mal.

« Je ne sais pas réellement ce qui s'est produit il y a trois ans. Tout ce que je sais, c'est que j'ai subitement découvert un jour que je possédais des pouvoirs paranormaux, il y a trois ans de cela. J'étais vraiment effrayé, je ne savais pas quoi faire. Heureusement pour moi, l'Organisation n'a pas mis longtemps avant de me récupérer, sans quoi je me serais suicidé en pensant que quelque chose ne tournait pas rond dans ma tête. »

Il m'était déjà venu à l'idée que quelque chose ne tournait pas rond dans ta tête depuis le temps.

« Eh bien, ce n'est pas impossible. Bien que nous ayons beaucoup plus peur des terribles possibilités que nous ne parvenons pas à prévoir. »

Souriant face à ses propres défauts, Koizumi sirota sa tasse de café, et prit alors un air sérieux.

« Quand crois-tu que le monde a commencé d'exister ? »

Il posa tout à coup une question vraiment troublante.

« N'a-t-il pas été créé lors du Big Bang ? »

« Actuellement c'est ce qui est dit. Néanmoins, nous pensons à une autre possibilité - ce monde est apparu il y a trois ans. »

J'observai le visage de Koizumi à plusieurs reprises. Ce qu'il racontait était trop absurde pour être vrai.

« Impossible ! Je peux toujours me rappeler clairement ce qui s'est passé il y a trois ans. D'ailleurs, mes parents sont toujours en vie. J'ai encore les trois points de sutures que j'avais eu après être tombé dans les égouts quand j'étais petit. Et comment tu expliques tous ces trucs que j'ai galéré à apprendre par cœur dans les manuels d'Histoire ? »

« D'accord, mais comment peux-tu être sûr que tous les humains, toi y compris, n'ont pas été créés avec tous leurs souvenirs ? Si c'est le cas, alors pas besoin de toujours revenir à il y a trois ans. Il n'existe, dans le monde entier, aucune preuve suffisante pour réfuter le fait que ce monde aurait été créé il y a cinq minutes, et que toute la vie aurait commencé seulement à ce moment-là. »

« ... »

« Pour prendre un exemple, essaie d'imaginer une réalité virtuelle. Ton cerveau a été connecté à des câbles électriques, tout ce que tu vois, sens et même touches est en fait intégralement transmis par des signaux électriques des câbles à ton cerveau, mais pour ta part tu crois que ce que tu éprouves est réel. Ce prétendu "monde réel" est en fait étonnamment fragile. »

« ... Admettons que je sois d'accord avec ce que tu as dit, peu importe que la Terre ait été créée il y a trois ans ou seulement cinq minutes. La question, c'est qu'est-ce que l'existence de ton 'Organisation' a à voir avec Haruhi ? »

« Le directeur de l'Organisation pense que ce monde est en réalité le rêve d'une personne. Nous, non, le monde entier lui-même n'est qu'un rêve. Et parce que ce n'est qu'un rêve, pour cette personne, créer et altérer cette réalité dans laquelle nous sommes est un jeu d'enfant. Et nous savons qui est cette personne. »

Peut-être était-ce dû à son utilisation référentielle des termes, mais le visage de Koizumi paraissait incroyablement mature.

« Les humains ont appelé 'Dieu' celui qui peut créer et détruire le monde à volonté. »

...Hé, Haruhi ! On dirait bien que tu es devenue un dieu, oh mon dieu !

« C'est pourquoi l'Organisation a toujours été très prudente. Si le monde venait à déplaire à Dieu, elle serait capable de le détruire complètement et de le remplacer par un nouveau. Exactement comme un enfant qui n'aime pas son château de sable et qui décide de le démolir pour en construire un autre. Même si j'estime qu'il y a de nombreux conflits irrésolus dans ce monde, il existe toujours de bonnes choses qui font que ça vaut la peine d'y vivre. C'est pour cela que je soutiens l'Organisation dans sa protection de l'humanité. »

« Pourquoi ne pas aller directement demander à Haruhi ? Dites-lui d'arrêter de détruire le monde, il se pourrait même qu'elle vous écoute. »

« Bien sûr, Suzumiya-san ne sait pas tout ça, elle n'a pas conscience de ses propres pouvoirs. Notre travail consiste à ce qu'elle ne le découvre pas, et qu'elle vive sa vie tranquillement. »

Koizumi sourit de nouveau après ça.

« Pour l'instant, elle n'est encore qu'un dieu imparfait, incapable de contrôler entièrement le monde à volonté. Même si elle n'a pas complètement évolué, nous avons déjà été témoins de certains signes. »

« Comment tu le sais ? »

« Réfléchis bien. Pourquoi des êtres psioniques comme moi, ainsi que des gens comme Mikuru Asahina et Yuki Nagato existeraient ? C'est parce que Suzumiya-san l'a souhaité. »

Si quelqu'un ici est un alien, un voyageur temporel ou dimensionnel, ou un être psionique, alors qu'il vienne me voir !

L'introduction de Haruhi au début du semestre me revint instantanément en mémoire.

« Comme elle ne les a pas encore découverts, elle est incapable de faire pleinement usage de ses pouvoirs, elle pourrait uniquement les libérer aléatoirement. Pourtant, ces derniers mois, Suzumiya-san a déployé de façon ininterrompue des facultés bien au-delà de toute perception humaine. Et comme tu le sais, cela a abouti à l'arrivée de Mikuru Asahina, Yuki Nagato et moi-même dans son club. »

Est-ce que ça fait de moi l'unique outsider ?

« Pas tout à fait. Pour nous, ta présence est mystérieuse. J'ai fait de nombreuses recherches sur toi, j'espère que tu ne m'en voudras pas. Et je peux t'assurer que tu es bien un être humain normal sans aucun pouvoir particulier. »

Je devrais prendre ça pour un compliment ou être déçu ?

« Je ne sais pas non plus, mais le sort du monde pourrait bien reposer entre tes mains. Par conséquent, tu dois faire attention à ce que Suzumiya-san ne ressente aucune affliction pour ce monde. »

« Puisque vous croyez que Haruhi est Dieu, lui suggérai-je, pourquoi ne vous contentez-vous pas de l'enlever, de l'autopsier et de regarder de quoi est fait son cerveau ? Il se pourrait même que vous en découvriez les secrets de l'univers ! »

« Il y a effectivement certains extrémistes au sein de l'Organisation qui pensent de la même manière que toi. »

Koizumi hocha la tête tout en ajoutant :

« Cependant la majorité pense toujours qu'il vaut mieux la laisser tranquille. Après tout, si Dieu devenait mécontent à cause de cela, une catastrophe pourrait probablement survenir. Nous souhaitons que le monde reste tel qu'il est, il est donc naturel pour nous d'espérer que Suzumiya-san puisse vivre paisiblement. Nous n'avons rien à y gagner si un désastre survient... »

« ... Alors qu'est-ce qu'on devrait faire ? »

« Ça, je ne sais pas. »

« Oh ouais, et que se passerait-il si Haruhi venait soudainement à mourir ? »

« Le monde serait-il détruit en même temps que sa mort ? Ou bien Dieu cesserait-il simplement d'exister ? Ou un nouveau viendrait tout bonnement la remplacer ? Avant que cela n'arrive, personne ne sait vraiment. »

Le café dans le gobelet en carton était devenu froid. Je l'écartai de la main, ne voulant plus rien boire.

« Tu as dit que tu avais des pouvoirs paranormaux ? »

« Eh bien, ce n'est pas tout à fait exact, mais tu as plus ou moins raison. »

« Alors montre-moi un peu de ton pouvoir, ensuite je te croirai. Par exemple, réchauffe ce gobelet de café. »

Koizumi sourit allègrement. C'était la première fois que je le voyais sourire avec sincérité.

« Je suis désolé, je ne peux pas faire ça. Mes pouvoirs ne sont pas si facilement compréhensibles. En temps normal, je n'ai aucun pouvoir particulier. Je dois satisfaire un certain nombre de conditions avant de pouvoir les utiliser, mais je pense que tu auras l'occasion de le voir un jour. »

« Désolé d'avoir pris de ton temps. Je pense que je vais rentrer maintenant. » Après avoir dit ça, Koizumi s'en alla en souriant.

Je le regardai marcher jusqu'à ce qu'il disparût, puis l'idée me vint de soulever le gobelet en carton.

Comme je le pensais, le café est toujours froid.



Lorsque je retournai dans la salle du club, je tombai par hasard sur une Asahina-san en sous-vêtements.


« ... »

Asahina-san, le costume de soubrette dans les mains, se tenait immobile les yeux grand ouverts, le regard fixé sur moi qui était gelé sur place, la main sur la poignée de la porte. Sa bouche commença lentement à s'ouvrir comme pour se préparer à hurler.

« Désolé. »

Avant qu'elle n'ait la chance de crier, je retirai mon pied qui était dans la pièce et claquai la porte rapidement. Grâce à cela, je fus capable d'éviter son hurlement.

C'est vrai, je devrais frapper en premier lieu. Non attends, elle ferait mieux de fermer la porte à clé si elle veut se changer !

Juste au moment où je me demandais si je devais ranger cette image de la douce blancheur de son corps à moitié nu dans ma mémoire à long terme, un léger coup se fit entendre de l'autre côté de la porte : « Tu peux entrer maintenant... »

« Je suis désolé pour ça. »

« C'est pas grave... »

Je jetai un coup d'œil à la tête baissée d'Asahina-san alors qu'elle ouvrait la porte et présentait ses excuses. Elle rougit et dit :

« Excuse-moi, je montre sans arrêt mon côté embarrassant... »

Ça ne me dérange pas du tout en fait.

C'est vraiment une fille plutôt docile, porter son costume de soubrette comme Haruhi le lui a demandé.

Elle est tout bonnement trop mignonne !

J'avais peur que si je continuais de fixer Asahina-san comme ça, l'image que je venais de recevoir allait commencer à pencher dangereusement du côté malsain. Rassemblant toutes les raisons que j'avais pour assumer ces désirs frustrants, je m'assis promptement à la place du commandant et allumai l'ordinateur.

Remarquant que quelqu'un me regardait, je levai la tête et m'aperçus qu'il s'agissait en réalité de Yuki qui, chose rare, m'observait fixement. Elle repoussa légèrement ses lunettes, puis revint à son livre. Ses mouvements sont tout ce qu'il y a de plus humain.

J'ouvris le navigateur internet et me rendis sur la page d'accueil de notre site, histoire d'essayer de modifier quelque chose sur cette page ô combien immuable, mais je ne savais pas par où commencer.

J'estimais qu'éditer cette page Web était une perte de temps, je fermais alors la fenêtre et soupirais. Je m'ennuyais déjà comme pas possible, j'en avais également assez de jouer à Othello, j'avais besoin de quelque chose pour tuer le temps.

Alors que je marmonnais dans ma barbe les bras croisés, on déposa soudainement une chaude tasse de thé en face de moi. Je levai les yeux et trouvai Asahina-san dans son costume de soubrette le sourire aux lèvres, tenant un plateau dans ses mains. Elle se comporte vraiment comme une véritable domestique.

« Merci. »

Koizumi venait juste de m'offrir un café chaud, mais j'acceptai pourtant volontiers cette tasse de thé.

Asahina-san déposa alors une autre tasse à côté de Nagato, puis s'assit près d'elle pour siroter sa propre tasse en silence.


Au final, Haruhi n'est jamais venue à la salle du club ce jour-là.



« Pourquoi tu n'es pas venue hier ? Tu ne voulais pas tenir un debriefing ? »

Comme d'habitude, je me retournai pour discuter avec Haruhi assise derrière moi avant l'heure de vie de classe. (*)

Étalée de tout son long sur le bureau, le menton appuyé sur la surface, Haruhi répondit d'un air agacé :

« T'es casse-pieds ! J'ai déjà fait le debriefing toute seule hier ! »

Je sus sur-le-champ que Haruhi avait dû retracer le parcours de samedi dernier après les cours.

« J'avais peur d'avoir pu manquer quelque chose, alors j'ai pensé que c'était plus prudent de retourner une nouvelle fois sur les lieux. »

J'avais toujours pensé qu'il n'y avait que les détectives pour croire que les criminels revenaient sur la scène du crime, mais j'avais tort.

« Il fait chaud à en crever ! Quand est-ce qu'on change d'uniforme ? Je veux porter des manches courtes ! »

Ils ne changent pas de saison avant juin, et il ne reste qu'une semaine avant la fin du mois de mai.

« Suzumiya, je te l'ai peut-être déjà dit, mais je pense que tu ferais mieux d'arrêter de rechercher ces choses mystérieuses, et d'essayer de vivre comme une lycéenne normale. »

Elle allait lever la tête et me fusiller du regard... Je m'attendais à ce type de réaction, pourtant la tête de Haruhi resta clouée au bureau. Il semblerait qu'elle soit vraiment épuisée.

« Comme une lycéenne normale ? Qu'est-ce qu'elles font, les lycéennes normales ? »

Elle ne semblait pas intéressée le moins du monde.

« Des trucs comme trouver un petit copain sympa. Tu pourrais peut-être même tomber sur un alien pendant un rendez-vous. Tu ferais d'une pierre deux coups, c'est pas si mal, tu crois pas ? »

Je commençai à me rappeler la conversation avec Asahina-san ce jour-là en faisant une telle suggestion.

« D'ailleurs, il y a un paquet de mecs qui font la queue pour toi. Tout ce que tu as à faire, c'est de contenir tes manières excentriques et tu verras ton petit ami venir à toi. »

« Hmph, peu importe si j'ai un copain ou non. Ce prétendu amour n'est qu'une démence temporaire, une maladie mentale » dit Haruhi exhaustivement, affalée sur son bureau et regardant par la fenêtre.

« En fait, j'ai tendance à penser à ce genre de choses de temps en temps. Je suis une fille en bonne santé après tout, et puis mon corps a ses propres besoins. Mais je ne suis pas assez bête pour m'engager dans un truc aussi pénible juste à cause d'un court moment d'égarement. Et si je suis trop occupée à sortir, qu'est-ce qui arrivera à la Brigade SOS ? Je viens tout juste de la fonder ! »

Techniquement, elle ne l'est pas encore.

« Alors pourquoi ne pas créer un club qui aurait pour but de divertir ? Ça attirerait sûrement plus de monde. »

« Nan. »

Haruhi refusa catégoriquement.

« J'ai créé la Brigade SOS parce que tous les autres clubs normaux étaient trop rasoirs, et j'ai aussi recruté une jolie fille comme Mikuru-chan et un mystérieux étudiant transféré ! Pourquoi rien ne s'est encore passé ? Aaaaah, il serait grand temps qu'un évènement étrange se produise. »

C'est la première fois que je vois Haruhi aussi déprimée, mais même comme ça elle est adorable. Pour une fille séduisante comme elle, elle est plutôt belle même quand elle ne sourit pas ; c'est tellement dommage, maintenant que j'y pense.

Haruhi passa le reste de la journée à dormir sagement. Le plus surprenant, c'est que les professeurs ne s'en sont jamais aperçus... Non, ce doit être une coïncidence.



Pourtant, à ce moment, des choses étranges commençaient lentement à se mettre en place. Comme ce n'était pas grand-chose au départ, personne ne l'avait encore remarqué, mais je n'avais pas cessé d'y penser de toute la journée depuis la première heure de cours.

Pendant que je parlais à Haruhi, mon esprit était occupé à autre chose. Tout avait commencé avec ce mot laissé dans mon casier à chaussures ce matin-là.

Le message disait :

« Après les cours, quand tout le monde sera parti, viens dans la salle de classe 1-5. »

Il s'agissait manifestement de l'écriture d'une fille.



À quoi cela rime-t-il ? Une réunion d'urgence se déroulait dans ma tête entre mes différents points de vue. Le premier disait : « C'est déjà arrivé », mais l'écriture était différente de celle du marque-page. Nagato, qui prétend être une Interface Humanoïde Organique pour les aliens, écrit si bien à la main qu'on croirait que c'est imprimé, cependant ce message donne bien l'impression d'une écriture de lycéenne. De plus, Nagato n'agirait pas de manière aussi directe que glisser un mot dans mon casier à chaussures.

Le deuxième disait : « Pourrait-il s'agir d'Asahina-san ? » Non, si ç'avait été elle, elle ne se serait pas contentée de déchirer un bout de papier au hasard pour y griffonner un message sans y indiquer d'heure exacte. C'est vrai, elle aurait placé sa lettre joliment écrite dans une enveloppe.

En outre, il était étrange que le lieu de rendez-vous soit ma salle de classe. « Ça ne peut pas être Haruhi !? » disait le troisième point de vue. C'est encore plus improbable, si ç'avait été elle, elle m'aurait simplement traîné dans la cage d'escalier et m'aurait tout déballé sur-le-champ si elle voulait que je sois au courant de quelque chose.

En me fondant sur le même raisonnement, j'éliminais également Koizumi de l'équation. Pour finir, un quatrième point de vue disait : « Pourrait-il s'agir de la lettre d'amour d'une inconnue ? » Ne nous préoccupons pas de savoir si c'est bien une lettre d'amour ou non, le fait est que je suis sollicité par quelqu'un, et qu'il ne s'agit pas forcément d'une fille.

« Ne tombe pas dans le panneau ! Il y a de grandes chances que ce soit un coup de Taniguchi et Kunikuda. » Oui, c'est l'opinion la plus probable. Il est possible que cet idiot de Taniguchi me joue un tour aussi stupide, mais il aurait dû écrire davantage.

Je déambulai à travers le lycée en réfléchissant à tout ça. À la fin des cours, Haruhi avait dit qu'elle ne se sentait pas bien et était rentrée chez elle. Quelle chance !

Je décidai de me rendre d'abord à la salle du club. Ça m'aurait rendu fou d'aller trop tôt dans la salle de classe pour attendre quelque inconnu. Et puis, si Taniguchi venait à rentrer tout à coup dans la salle et disait « Yo, toujours en train d'attendre ? J'arrive pas à croire que tu te sois fait avoir par un tout petit message comme ça, qu'est-ce que tu peux être naïf ! », ça m'aurait bien fait chier. D'abord passer un peu le temps, aller vers la salle de classe et y jeter un coup d'œil, et ensuite y entrer après s'être assuré qu'il n'y avait personne alentour. Oui, c'est la stratégie parfaite !

J'arrivai seul à l'entrée de la salle du club. Cette fois-ci je pensai à frapper.

« Entrez. »

Une fois que j'eus confirmé que c'était la voix d'Asahina-san, j'ouvris la porte. Peu importe le nombre de fois que je le vois, Asahina est vraiment trop charmante dans son costume de soubrette !

« Tu as mis assez longtemps pour venir, où est Suzumiya-san ? »

Il semblerait qu'elle soit encore en train de faire du thé.

« Elle est rentrée chez elle, elle avait l'air vraiment fatiguée. Si tu veux prendre ta revanche, c'est l'occasion rêvée, en ce moment elle me semble particulièrement faible. »

« Je n'ai pas l'intention de faire une chose pareille ! »

Nous nous assîmes face à face et bûmes notre thé dans la salle aux côtés de Nagato en pleine lecture. Il semblerait que nous soyons retournés à la même association dénuée de réels objectifs qu'auparavant.

« Koizumi n'est pas encore arrivé ? »

« Koizumi-kun est déjà passé plus tôt, il a dit qu'il avait un travail à temps partiel aujourd'hui, du coup il est parti en premier. »

Quel genre de travail à temps partiel ? Mais dans l'état actuel des choses, je peux d'ores et déjà rayer en toute certitude Koizumi et Haruhi de ma liste de suspects qui auraient pu écrire le message.

Comme nous n'avions rien à faire, je jouai à Othello avec Asahina-san tout en discutant avec elle. Après trois parties remportées, nous arrêtâmes de jouer et allâmes surfer sur le net pour lire les informations, et c'est à ce moment-là que Nagato referma son livre. Récemment, nous avons pris cette action comme signe que les activités du club touchaient à leur fin (même si nous ne savons pas en quoi consistent ces activités), ainsi tout le monde commença à ranger ses affaires et à s'en aller.

« Je dois me changer, alors ne m'attends pas. » En entendant Asahina-san dire cela, je me précipitai hors de la salle du club.

Il était cinq heures et demie, il ne devrait plus y avoir personne dans la salle de classe, j'imagine ? Même s'il s'était agi d'une blague de Taniguchi, il aurait dû rentrer chez lui après en avoir eu assez d'attendre si longtemps. Malgré cela, je grimpai en courant les deux volées de marches menant à l'étage supérieur, juste pour être sûr.

Je respirai profondément dans le couloir silencieux. Comme les vitres de la salle de classe étaient en verre poli, il n'y avait aucune chance que je sois capable de voir ce qui se passait à l'intérieur, seulement que le crépuscule avait plongé la classe dans une teinte rouge-orangée. J'ouvris la porte de la classe 1-5 avec désinvolture et glissai ma tête à l'intérieur.



Je ne fus pas du tout surpris de voir que quelqu'un attendait dans la classe, mais je fus abasourdi quand je découvris de qui il s'agissait. En face du tableau noir se tenait une personne à laquelle je n'avais pas pensé un seul instant.

« Tu es en retard. »

Ryouko Asakura sourit.

Ses longs cheveux soyeux se secouèrent quand elle commença à parcourir l'allée entre les bureaux. Ses douces cuisses sous sa jupe plissée et ses chaussures d'intérieur blanches sont franchement perturbantes.

Elle s'arrêta au milieu de la classe, et me fit signe de la main en souriant.

« Entre ! »

Comme si quelque chose m'aspirait, son geste eut pour effet de me faire lâcher la poignée et je me mis à marcher vers elle.

« Alors c'est toi... »

« Oui. Surpris ? »

Asakura sourit avec entrain, le côté droit de son visage rougi par le crépuscule pénétrant par la fenêtre.

« Tu voulais me voir ? » demandai-je délibérément d'un ton sec.

Asakura ricana et répondit :

« En effet, je voulais te voir, j'ai quelque chose à te demander. »

Le visage clair d'Asakura se tourna alors vers moi.

« As-tu déjà entendu l'expression "Il vaut mieux agir et le regretter ensuite que ne rien faire du tout" ? Penses-tu que ça ait du sens ? »

« Je ne sais plus vraiment qui a dit ça, mais je suppose que ça se tient. »

« S'il existait une situation où maintenir le statu quo signifierait aggraver les choses, et que tu n'avais aucune idée de comment l'améliorer, que ferais-tu ? »

« Améliorer quoi ? L'économie ? »

Ignorant ma question, Asakura sourit et poursuivit :

« Ne dirais-tu pas qu'il vaudrait mieux agir d'abord et faire face aux conséquences par la suite ? Puisque rien ne va changer si les choses continuent comme ça. »

« Hmm, je suppose, oui. »

« C'est ce que je pensais. »

Asakura, qui avait les mains dans le dos, se pencha légèrement en avant.

« Toutefois, comme les supérieurs sont incapables d'user de la pensée latérale, ils ne sont plus en phase avec les changements rapides de cette réalité, je suis obligée d'intervenir afin que les choses se déroulent sans encombres. Voilà pourquoi, étant présente dans cette réalité, j'ai décidé d'agir par moi-même et d'opérer un changement brutal des choses. »

Mais qu'est-ce que tu essaies de dire ? C'est une blague ? Je parcourus la pièce du regard, me demandant si Taniguchi se cachait dans le placard à balais ou sous le bureau du professeur.

« Cela m'a fatiguée de devoir observer un environnement invariable, c'est pourquoi... »

J'étais tellement occupé à regarder autour de moi que je n'entendis pas vraiment ce qu'Asakura était en train de dire.

« Je dois te tuer, et voir comment Haruhi Suzumiya va réagir. »

En un instant, Asakura projeta sa main droite, un éclair blanc métallique passa à l'endroit où mon cou se trouvait quelques secondes auparavant.

Souriant amicalement, la main droite d'Asakura révélait à présent un couteau de style militaire parfaitement aiguisé.

J'avais vraiment eu de le chance d'esquiver le premier coup. Parce qu'à présent je me retrouve assis par terre, le visage blême, fixant Asakura. Si je me fais acculer, je ne vais pas pouvoir m'échapper ! Cette pensée traversa mon esprit, et je me mis à ramper en arrière comme un insecte.

Pourquoi Asakura ne me poursuit pas ?

... Non, attends un peu ! Qu'est-ce qui se passe ici ? Pourquoi Asakura essaie-t-elle de me poignarder avec un couteau ? Une seconde, qu'est-ce qu'elle vient de dire ? Elle veut me tuer ? Me tuer ? Mais pourquoi !?

« Arrête de plaisanter ! »

Tout ce que je parvins à dire fut cette phrase qui m'est si caractéristique.

« C'est vraiment dangereux ! Même si ç'avait été un faux couteau, j'aurais autant eu peur ! Range-moi ça ! »

J'étais vraiment perplexe. Si quelqu'un est au courant de ce qui se passe, merci de se manifester et de m'expliquer tout ça !

« Tu crois que je plaisante ? » dit Asakura d'un ton enjoué, ne semblant pas du tout sérieuse. Maintenant que j'y pense, une lycéenne souriante qui vous menace avec un couteau a quelque chose de franchement flippant. À présent vous comprenez à quel point j'étais effrayé.

« Hmph ! »

Asakura tapota son épaule avec le dos de la lame du couteau.

« Tu n'aimes pas mourir ? Tu ne veux pas mourir ? La mort d'entités organiques ne signifie rien pour moi. »

Je me redressai lentement. C'est forcément une blague, j'ai peur seulement parce que je prends les choses trop au sérieux. Je ne cessais de me le répéter, parce que c'était simplement trop surréaliste. Asakura est la déléguée de classe sérieuse, qui parle seulement quand nécessaire et ne s'énerve pas même quand elle fait face à un problème. Pourquoi est-ce qu'elle aurait un couteau et me dirait qu'elle veut me tuer tout à coup ?

Pourtant ce couteau était bien réel, et si je ne faisais pas attention je risquais de me mettre à déverser mon sang dans toute la pièce.

« Je pige rien à ce que tu racontes. C'est plus drôle, d'accord ? Range-moi ce truc affreux ! »

« Je ne peux pas faire ça, » dit Asakura avec son habituel sourire plein d'innocence, « parce que je veux vraiment que tu meures. »

Elle tint son couteau près de la ceinture et se précipita vers moi. Elle est rapide ! Cette fois-ci j'étais préparé, car bien avant qu'Asakura se mette en mouvement, j'avais prévu de m'échapper par la porte – pour cependant finir par me heurter à un mur.

????

C'est bizarre, où est passée la porte ? Même les fenêtres ont disparues ! Il était supposé y avoir des vitres sur le mur donnant sur le couloir, à présent ce n'est plus qu'un épais mur gris.

Impossible !

« C'est inutile. »

La voix d'Asakura se fit plus proche derrière moi.

« J'ai désormais le contrôle de cet espace, ainsi toutes les sorties ont été bloquées. C'est très simple en réalité, tout ce que j'ai eu à faire, c'est d'altérer la structure moléculaire du bâtiment sur cette planète pour pouvoir modifier sa matière à volonté. Cette salle est maintenant devenue un espace clos (*), on ne peut y entrer ni en sortir. »

Je me retournai et constatai que le crépuscule avait aussi disparu. La pièce toute entière était entourée par des murs de béton, laissant seulement les lampes blanches éclairer froidement les bureaux.

C'est pas possible !

La silhouette d'Asakura se déplaça lentement dans ma direction.

« Je te conseille d'arrêter de résister ; tu vas mourir, de toute façon. »

« ... Qui es-tu exactement ? »

J'avais beau regarder, il n'y avait que des murs autour de moi. Pas même une seule porte, une seule fenêtre, rien ! Je déraille ou quoi ?

Je me frayai un chemin entre les bureaux avec ardeur, essayant de m'éloigner le plus loin possible d'Asakura. Toutefois celle-ci se dirigea vers moi dans une ligne droite, déplaçant à volonté les tables et les chaises sur sa trajectoire.

Comparé à elle, mon parcours était constamment obstrué par les bureaux.

Ce jeu du chat et de la souris ne dura pas longtemps, et je me retrouvai finalement coincé.

Si c'est le cas...

Je décidai de prendre un risque et balançai une chaise sur Asakura, cependant la chaise tournoya dans les airs en face d'elle, et s'envola à l'autre bout de la pièce. Comment c'est possible ?

« Ne t'ai-je pas dit que c'était inutile ? Tout ce qui est présent dans cette pièce bouge dorénavant selon mes désirs. »

Attends... Attends !

Qu'est-ce qui se passe ici ? S'il ne s'agit pas d'une plaisanterie et que ni moi ni Asakura sommes dingues, alors que se passe-t-il ?

Je dois te tuer, et voir comment Haruhi Suzumiya va réagir.

Ryouko : « Je dois te tuer, et voir comment Haruhi Suzumiya va réagir. »

Pourquoi est-il encore une fois question de Haruhi ? Bon sang, Haruhi, tu ne deviendrais pas un brin trop populaire ?

« J'aurais dû faire ça dès le départ. »

Mon corps se figea après qu'Asakura eut dit cela. Tu ne peux pas faire ça ! C'est de la triche !

Mes pieds sont enracinés au sol tel un arbre, incapable de bouger. Mes bras sont figés comme une statue de cire – je ne parviens même pas à bouger mes doigts. Ma tête, coincée en direction du sol, pouvait voir les chaussures d'intérieur d'Asakura entrer lentement dans mon champ de vision.

« Quand tu mourras, Haruhi Suzumiya va certainement réagir d'une façon ou d'une autre. Cela pourrait entraîner une explosion massive de données à partir de laquelle nous pourrions récupérer quelque chose. Ce serait une aubaine pour nous. »

Je m'en fous un peu !

« Maintenant meurs. »

Je pouvais sentir Asakura soulever son couteau. Par où va-t-elle commencer ? La carotide, le cœur ? Si je savais de quelle façon j'allais mourir, j'aurais toujours pu me préparer. Laisse-moi au moins fermer les yeux... Non, je ne peux pas. Que... qu'est-ce que c'est !?

Je sentis tout à coup l'air vibrer. Le couteau commença à fondre sur moi...

À ce moment-là, le plafond émit un craquement fracassant, suivi par la chute de débris. Je m'en pris quelques-uns sur la tête – ça fait mal ! Bordel ! J'étais couvert d'une poussière blanchâtre provenant de la grande quantité de débris qui tombait de façon ininterrompue, aussi je suppose qu'Asakura est également recouverte par une couche de poussière blanche. Je voulais voir à quoi elle ressemblait à présent, mais je ne pouvais faire aucun geste... non, attends ! Je peux bouger !

Je tournai ma tête et découvris... !

Une Asakura en état de choc – juste au moment où elle allait me trancher la gorge. Debout en face d'elle, empoignant la lame de ses mains nues, se tient la fine silhouette de Yuki Nagato.

(Waouh, elle arrive à s'emparer de la lame rien qu'avec ses mains nues.)

« Tes programmes sont trop élémentaires » dit Nagato de son habituel ton dénué d'expressions.

« Les données de verrouillage autour de la zone du plafond étaient incomplètes. Voilà pourquoi j'ai été capable de les découvrir et de m'introduire. »

« Tu veux te mettre sur mon chemin ? » Asakura paraissait calme. « Une fois que j'aurais tué cette personne, Haruhi Suzumiya va sûrement réagir d'une certaine façon. C'est le seul moyen pour nous d'obtenir plus de données. »

« Tu es sensée être ma sauvegarde » dit Nagato comme si elle récitait un mantra 2, « Ce genre d'insubordination n'est pas autorisé ; tu dois obéir à mes ordres. »

« Et si je refuse ? »

« Dans ce cas je déconnecterai ton interface de données. »

« Tu voudrais essayer ? J'ai l'avantage ici, puisque cette classe fait partie d'un espace dont je contrôle les données. »

« Élaboration du programme pour la déconnexion de l'interface de données. »

Au moment où Nagato termina, le couteau se mit à briller avec éclat dans sa main. Puis, tel le morceau de sucre plongé dans une tasse de thé, il se cristallisa lentement et se dissout pour finir par tomber sur le sol sous forme de poudre.

« !! »

Asakura lâcha le manche et fit un bond cinq mètres en arrière. En voyant cette scène, je ne pouvais m'empêcher de penser – eh bien, ces deux-là ne sont vraiment pas humaines.

Couvrant la distance en un instant, Asakura atterrit élégamment et continua de sourire comme toujours.

L'espace qui nous entourait commença à se déformer – je ne peux pas le décrire autrement. Asakura, les tables, le plafond, le sol, tout se mit à trembler fortement ; l'ensemble avait l'apparence de ce qui semblait être du métal liquide, même si je ne pouvais le voir clairement.

Juste au moment où je me demandais pourquoi cet espace se transformait lentement en ce qui paraissait être des lances, une explosion cristallisée se produisit en face des paumes levées de Nagato.

La seconde suivante, il y eut d'incessantes explosions cristallisées autour de Nagato, suivies par un amas de poudre tombant sur le sol. Les objets cristallisés semblables à des lances provenant de toutes les directions volaient vers nous à une vitesse stupéfiante. Ce n'est qu'un instant plus tard que je me rendis compte que Nagato interceptait ces lances avec la même vitesse.

« Ne t'éloigne pas. »

Nagato para les attaques d'Asakura tout en tirant sur ma cravate pour que je m'agenouille et me cache derrière elle.

« Whoa ! »

Un objet non identifié passa en volant au-dessus de ma tête avant de fracasser le tableau noir.

Nagato regarda brièvement vers le haut, et en un instant de nombreux pics de glace se formèrent au plafond avant de s'abattre sur la tête d'Asakura. Celle-ci s'écarta à une vitesse imperceptible à l'œil nu, et une forêt de pics de glace se planta instantanément dans le sol.

« Tu ne peux pas me battre dans cet espace » dit calmement Asakura. Elle et Nagato n'étaient séparées que de quelques mètres, face à face, tandis que je ne pouvais que rester désespérément agenouillé sur le sol, n'osant pas me lever.

Nagato se tenait devant moi les jambes légèrement écartées, et ce ne fut qu'à ce moment-là que je remarquai à quel point elle était soigneuse, jusqu'à écrire son nom sur ses chaussures d'intérieur. Puis, comme si elle récitait une prière, Nagato marmonna doucement :

   SELECT code_de_série
   FROM base_de_données
   WHERE code='données'
   ORDER BY données_de_combat_offensif
   HAVING mode_de_destruction

« Nom de la cible : Asakura Ryouko. Hostilité confirmée. Déconnexion de l'interface des données organiques de la cible. »

Le décor familier a complètement disparu de la salle de classe. Tout n'est plus que formes géométriques, à l'aspect tordu ou coniques. Assister à cette scène surréaliste revient à entrer dans une de ces maisons hantées de parc d'attraction, j'ai déjà le vertige rien que de regarder.

« Tu cesseras de fonctionner avant moi. »

Je n'ai aucune idée d'où peut bien provenir la voix d'Asakura dans toute cette illusion de couleurs vives.

Whoosh, le son du vent fendant l'air.

Nagato me frappa violemment avec le dos de son talon.

« Qu'est-ce que tu... »

Avant que je pusse finir ma phrase, j'eus à peine le temps de voir une lance d'une rapidité ahurissante me frôler le bout du nez avant de tomber sur le sol.

« Nous allons voir pendant combien de temps tu peux le protéger. Prends ça ! »

La seconde suivante, Nagato se tenait devant moi, empalée par environ une douzaine de longues lances brunâtres.

« ... »

En d'autres termes, Asakura avait attaqué Nagato et moi depuis toutes les directions en même temps. Nagato avait réussi à cristalliser la plupart des lances et à les détruire, mais pour m'empêcher d'être frappé par les lances restantes, elle m'avait protégé avec son propre corps. Mais je ne m'en étais alors pas rendu compte, puisque tout était arrivé trop vite.

Les lunettes de Nagato glissèrent de son visage et rebondirent légèrement en touchant le sol.

« NAGATO ! »

« Ne bouge pas » dit calmement Nagato, remarquant les lances plantées dans sa poitrine et son abdomen. Une mare de sang commençait à se former à ses pieds.

« Je vais bien. »

Bon Dieu, comment tu peux dire que ça va bien ?

Nagato retira les lances de son corps sans même ciller une seule fois. Les lances ensanglantées tombèrent sur le sol avec un bruit métallique, et se changèrent instantanément en un bureau. C'est donc de ça que sont formées les lances !

« Avec tous ces dommages subis, je ne crois pas que tu puisses m'arrêter désormais. Voilà le coup final ! »

À l'autre bout de l'espace altéré, la silhouette d'Asakura commença à scintiller.(*) Je pus apercevoir un sourire sur son visage, puis elle leva lentement ses mains – si je ne me trompe pas, ses bras se mirent à rayonner jusqu'au bout des doigts, puis s'allongèrent alors jusqu'au double de leur taille. Non, pas seulement le double...

« Fais-moi le plaisir de mourir ! »

Les bras d'Asakura continuèrent de s'étendre, se tortillant comme une paire de tentacules, et se rapprochèrent alors depuis deux directions différentes. Incapable de faire le moindre mouvement, la petite silhouette de Nagato s'ébranla violemment... L'instant d'après, mon visage était recouvert de sang.

Le bras gauche d'Asakura transperçait le côté droit du ventre de Nagato, tandis que son bras droit traversait son sein gauche, transperçant son dos et s'arrêtant contre le mur de la salle. Du sang jaillit de la bouche de Nagato et s'écoula le long de ses jambes pâles, rendant la mare de sang encore plus étendue.

« C'est terminé » dit doucement Nagato, avant de saisir les tentacules. Rien ne se passa.

« Quoi donc ? » demanda Asakura d'un ton triomphant. « Les trois années de ta vie ? »

« Non » répondit une Nagato gravement blessée, comme si rien ne lui était arrivé. « Initialisation de la déconnexion de l'interface de données. »

Quasiment aussitôt, tout se mit à briller intensément dans la salle de classe, puis tout se cristallisa et se dissout la seconde suivante, le bureau à côté de moi se transforma aussi en sable et disparut.

« Comment est-ce possible... »

Du sable cristallisé tombait continuellement du plafond, et cette fois-ci ce fut au tour d'Asakura d'être pétrifiée.

« Tu es vraiment exceptionnelle. »

Les lances empalées dans le corps de Nagato se métamorphosaient aussi en sable.

« Ça m'a pris un certain temps pour infiltrer ton programme. Mais tout va prendre fin à présent. »

« Tu avais déjà implanté des éléments destructeurs à proximité bien avant de pénétrer dans cet endroit, n'est-ce pas ? Pas étonnant que tu paraisses si faible. C'était parce que tu avais déjà utilisé tes données offensives au préalable... » dit Asakura d'un air abattu alors que ses bras commençaient à se cristalliser.

« C'est tellement dommage, mais après tout je ne suis qu'une sauvegarde. Je pensais que c'était l'occasion de nous sortir de cette impasse. »

Asakura revint à son état normal de camarade de classe et me regarda avec enjouement.

« J'ai perdu. C'est bien que tu puisses survivre. Mais tu ferais mieux de te méfier, l'Entité parapsychique n'est pas aussi unifiée que tu le penses, il en existe un grand nombre comme moi avec des opinions dissidentes. C'est exactement comme avec les humains, d'autres extrémistes comme moi pourraient venir la prochaine fois. Et qui sait, il se pourrait même que ceux qui contrôlent Nagato-san changent d'avis et décident de te tuer. »

Elle est à présent couverte de la poitrine jusqu'aux pieds par cette substance cristallisée et brillante.

« Avant que ça n'arrive, je vous souhaite à toi et à Suzumiya-san bonne chance. Adieu. »

Sur ces mots, Asakura se décomposa sans bruit en petits tas de sable. Puis ces amas de sable cristallisé continuèrent de se désintégrer jusqu'à disparaître totalement.

Sous une pluie de sable cristallisé, la lycéenne connue sous le nom d'Asakura Ryouko disparut complètement de cette école.

Il y eut tout à coup un bruit sourd. Je découvris rapidement Nagato allongée sur le sol, je me redressai alors brutalement.

« Nagato ! Tiens bon ! Je vais appeler une ambulance ! »

« Ce n'est pas nécessaire. »

Nagato fixait le plafond de ses yeux grand ouverts.

« Les dommages corporels ne représentent rien pour moi. Notre priorité est de reconstituer cette zone de l'espace à son état original. »

Le sable cristallisé cessa de tomber autour de nous.

« Élimination des substances impures, restauration de la salle de classe. »

Une fois qu'elle eut terminé, la familière salle de classe 1-5 réapparut devant mes yeux. C'était comme rembobiner une cassette : tout ce que contenait la pièce était retourné à son état initial.

Le tableau noir, le bureau du professeur, les tables et les chaises se reformèrent à partir du sable blanc et reprirent leur forme originale tels que je les avais vus à la fin des cours ce jour-là. Je ne peux décrire ce qui se passait dans ma tête à cet instant. Si je ne l'avais pas vu de mes propres yeux, j'aurais pensé que tout avait été fait avec le nec plus ultra des effets spéciaux en images de synthèse.

Les fenêtres apparurent dans les murs, accompagnées de leurs vitres semi-teintées intactes ; le crépuscule fit de nouveau son apparition à l'extérieur, nous baignant Nagato et moi dans une lueur rouge-orangée. Je jetai un bref coup d'œil dans le tiroir de mon bureau, tout le contenu était bien présent et en parfait état, et tout le sang qui m'avait giclé au visage avait complètement disparu. C'était absolument incroyable. Je ne pouvais que le décrire comme étant de la magie !

« Tu es vraiment sûre que ça va ? »

Je m'agenouillai aux côtés de Nagato toujours allongée sur le sol. Je pensais qu'elle aurait eu de nombreuses blessures et des trous dans son uniforme après avoir été empalée par ces lances, mais ils avaient tous disparu à présent.

« La puissance de traitement a été convertie en processus de données, j'ai juste un peu inversé l'interface de liaison. »

« Tu veux que je t'aide à te relever ? »

Chose étonnante, Nagato n'eut aucune hésitation et prit ma main, et juste au moment où elle s'apprêtait à se lever –

« Oh ! »

Elle laissa tout à coup échapper une exclamation.

« J'ai oublié de reconstituer une nouvelle paire de lunettes. »

« ... En réalité, je te trouve plus jolie sans. Je ne suis pas vraiment un fétichiste des lunettes. »

« Que signifie "fétichiste" ? »

« C'est rien, juste une remarque stupide. »

« Je vois. »

Ce n'est pas le moment de dire des choses aussi futiles. Je regrette d'avoir dit ça. Même si ça signifiait laisser cruellement Nagato toute seule, j'aurais mieux fait de m'enfuir aussitôt de la classe dans ma confusion.

« Yo ! »

La porte de la salle s'ouvrit subitement.

« J'ai~ j'ai~ j'ai~ j'ai oublié mes affaires~ »

Bon sang, celui qui venait de pénétrer dans la pièce, fredonnant une chanson stupide, n'était autre que Taniguchi.

Taniguchi n'avait sûrement pas imaginé qu'il puisse encore y avoir des gens dans la classe. Lorsqu'il nous aperçut, il resta planté là abasourdi, la bouche grande ouverte comme un imbécile.

À ce moment, j'étais en train d'aider Nagato à se relever, mais si vous nous aviez vu uniquement à cet instant, on aurait pu croire que j'essayais lentement de la coucher sur le sol.

« Je suis désolé » dit Taniguchi d'un ton grave que je n'avais jamais entendu chez lui auparavant, puis il fila aussitôt. Je n'eus même pas le temps de lui courir après.

« Quelle personne intéressante » déclara Nagato.

Je soupirai profondément.

« Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? »

« Je m'en charge » dit Nagato tandis qu'elle se reposait contre ma poitrine.

« La manipulation de données est ma spécialité, je vais faire croire à tout le monde qu'Asakura Ryouko a été transférée loin d'ici. »

Alors c'est comme ça qu'elle voit les choses !

Mais ce n'est pas le moment de penser à des choses aussi insignifiantes alors que je viens tout juste de vivre une expérience incroyable. Le problème n'est plus de savoir si oui ou non je dois croire ce que m'a raconté Nagato l'autre jour, je n'osais pas admettre que je n'étais qu'à moitié convaincu. Toutefois ce qui vient de se passer m'a fait réaliser la réelle gravité de la situation. Je pensais vraiment que j'allais mourir ! Si Nagato n'était pas apparue à travers le plafond, j'aurais été tué par Asakura. Les visions la salle de classe altérée, des bras d'Asakura s'allongeant de manière surnaturelle, et de Nagato l'éliminant sans remords se sont toutes gravées dans ma mémoire.

Nagato essayerait-elle de se servir de ça pour me prouver qu'elle est bien une alien ?

D'une certaine façon, cela ne fait-il pas de moi un acteur de tous ces mystérieux évènements ? Comme je l'avais dit au départ, j'avais voulu être un spectateur qui se serait fait happer par les évènements, satisfait de n'être qu'un simple acolyte. Mais à mesure que les choses se mettaient en place, j'étais déjà le protagoniste ! C'est vrai, j'avais vraiment souhaité être un personnage dans une histoire impliquant des aliens, mais maintenant que j'en suis réellement devenu un, tout cela acquiert une nouvelle perspective.

Pour être honnête, ça m'inquiète un peu.

Ce que je souhaite en réalité, c'est d'être un genre de personnage secondaire qui donne avec joie des conseils utiles au bon moment, quand tous les autres font face à une situation difficile. Je n'ai pas envie de voir ma vie prise pour cible par mes propres camarades de classe ! J'ai mes principes quand il en vient à s'agir de ma vie.

Mon esprit erra sans but pendant un certain temps alors que j'étais assis dans la classe orangée. J'avais complètement oublié que Nagato était toujours appuyée contre ma poitrine.

Que... qu'est-ce qui se passe ? À quoi je pensais ? Du fait de mes divagations, je n'avais pas remarqué que Nagato avait terminé sa régénération et me fixait d'un regard inexpressif depuis quelque temps déjà.



Le jour suivant, Asakura disparut de notre classe.

Ce résultat était inévitable, mais j'étais le seul à penser de cette manière.

« Hmm, je suppose que ça a un rapport avec le travail du père d'Asakura-kun, c'est pour ça qu'elle a dû être transférée si soudainement. Honnêtement, les professeurs étaient tout aussi étonnés quand ils ont appris la nouvelle ce matin. Vu qu'ils devaient quitter le pays, ils ont déjà pris l'avion hier. »

Quand Okabe-sensei annonça cette information fabriquée de toutes pièces, la plupart des filles s'écrièrent tout étonnées, "Quoi ?", "Pourquoi ?", tandis que les garçons y allèrent aussi de leurs bavardages entre eux. Même le professeur paraissait perplexe. Sans surprise, la fille derrière moi ne pouvait s'abstenir de commentaire à ce sujet.

Paf ! Elle frappa le dos de ma tête avec son poing.

« Kyon, ça DOIT être un évènement mystérieux ! » Les yeux de Haruhi brillaient intensément maintenant qu'elle avait regagné sa vigueur habituelle.

Qu'est-ce que je devrais faire ? Lui dire la vérité ?

En réalité, Asakura-san a été créée par une entité mystérieuse connue sous le nom d'Entité parapsychique, Nagato-san est aussi sa consœur, mais pour certaines raisons leur collaboration a pris fin, et finalement Asakura-san s'est résolue à me tuer. Et la raison de mon implication dans tout ça, à vrai dire c'est toi. Cependant, Asakura-san a été changée en un tas de sable par Nagato-san et s'est envolée.

Oh par pitié ! Je serais au summum du ridicule si jamais je disais ça, et je n'ai aucune envie de le dire. Je vais me contenter de prétendre que tout ce qui est arrivé hier n'était qu'une illusion et en rester là.

« D'abord un mystérieux élève transféré fait son apparition, et ensuite une fille est transférée de façon tout aussi mystérieuse. Quelque chose de suspect est en train de se tramer ! »

Devrais-je l'applaudir pour son instinct remarquable ?

« Son père a peut-être été muté ? »

« Je ne vais pas avaler une excuse aussi bancale. »

« Crois-le ou non, c'est la raison première pour un transfert d'élève. »

« Mais tu ne trouves pas ça bizarre ? Ça leur a pris seulement un jour pour recevoir la mutation et pour déménager. Quel genre de travail peut bien faire son père ? »

« Il ne lui avait peut-être pas dit jusqu'à maintenant... »

« Impossible. Ça nécessite une enquête plus approfondie. »

J'aurais voulu lui dire que la mutation n'était qu'une excuse, qu'ils avaient dû s'enfuir pendant la nuit pour échapper à leur créancier après avoir laissé derrière eux une montagne de dettes, mais je m'abstins. Sachant que j'étais la personne qui connaissait la véritable raison.

« En tant que membre de la Brigade SOS, je ne peux pas laisser un tel mystère passer inaperçu. »

S'il te plaît, arrête !

Après ce qui s'était passé la veille, j'avais effectué une transition durant la nuit. Après tout, ayant été témoin de tous ces phénomènes surnaturels de prime abord, et essayant de me dire que tout ça n'était jamais arrivé, je devais procéder à un choix parmi les suivants : j'étais en pleine hallucination ; ou quelque chose clochait dans ma tête ; ou bien c'était en réalité le monde qui était bizarre ; ou alors j'avais fait un très long rêve.

Par ailleurs, je ne pouvais admettre que le monde lui-même fût une réalité virtuelle.

Bon sang ! Pour quelqu'un qui vient d'avoir 15 ans, c'est un peu trop tôt pour devoir faire face à un tournant dans sa vie !

Pourquoi un lycéen en seconde comme moi doit avoir affaire à des questions aussi philosophiques que "est-ce que le monde existe ou non" ? Ce ne sont pas des choses auxquelles je devrais penser. S'il vous plaît, ne me causez pas plus d'ennuis que je n'en ai déjà.

Dans l'immédiat j'ai un paquet de problèmes épineux à régler !



(Chapitre 5 - Fin)




== Notes et Références ==


L'Oiseau bleu
L'Oiseau bleu est un pièce de théâtre de 1908 écrite par l'écrivain belge Maurice Polydore Marie Bernard Maeterlinck, lauréat du Prix Nobel de littérature en 1911. Comme Tanigawa Nagaru, Maeterlinck a d'abord commencé par étudier le droit pour se tourner ensuite vers la littérature.

La pièce contient de nombreux éléments qui sont conformes à l'histoire de Haruhi Suzumiya et ses compagnons. Dans la pièce, 2 enfants, un garçon et une fille, sont envoyés par une fée pour chercher l'Oiseau bleu afin de trouver le bonheur. Pendant leur voyage, ils vont arpenter de nombreux mondes symbolisant les pensées et les émotions des hommes, dont le Pays du Souvenir, le Palais de la Nuit et le Royaume de l'Avenir (qui peuvent être rapprochés des membres de la Brigade, respectivement l'alien, l'être psionique et la voyageuse temporelle). Cet oiseau tant recherché n'est qu'un leurre, un animal après lequel courent deux enfants naïfs et volontaires et qui, toujours, leur échappera, avant de découvrir qu'il était auprès d'eux depuis le début. Cet oiseau n'est qu'un prétexte pour faire progresser les enfants sur le chemin de la vie. La morale étant que le bonheur peut se trouver près de soi, et que le voyage est aussi important que la destination.

Faites vous-même le rapprochement avec la série ;)

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Mantra
Dans l'Hindouisme et le Bouddhisme, le mantra est soit une formule très condensée, soit une série de syllabes assemblées en fonction de leur seule efficience magique intrinsèque, répétée de nombreuses fois suivant un certain rythme.

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Tome 1

Illus | Prologue | Chapitres 1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6 - 7 | Épilogue | Postface

Tome 2

Illus | Prologue | Chapitres 1 - 2 - 3 - 4 - 5 | Épilogue | Postface

Tome 3

Illus | Prologue | Chapitres 1 - 2 - 3 - 4 | Postface

Tome 4

Illus | Prologue | Chapitres 1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6 | Épilogue | Postface

Tome 5

Illus | Prologues 1 - 2 - 3 | Chapitres 1 - 2 - 3 | Notes de l'auteur