Suzumiya Haruhi (fr) : Tome 4 - Prologue

From Baka-Tsuki
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Prologue[edit]

C’était une matinée glaciale, si froide que le globe terrestre tout entier aurait pu se briser en mille morceaux si on l'avait frappé avec un pic à glace. A vrai dire, je serais le premier à frapper pour pulvériser ce monde glacé.

Néanmoins, ce froid était normal ; nous avions atteint l'hiver. Depuis le festival culturel il y a un mois, il avait fait terriblement chaud. Puis, avec l'arrivée de décembre, le temps s'était brusquement rafraîchit, comme si Mère Nature se rappelait finalement de quelque chose, et maintenant je ressentais dans mon propre corps que le Japon n’avait pas eu d’automne cette année. Ne me dites pas que quelqu'un a confondu un vœux de bonne fortune avec un maléfice… Cette masse d'air froid sibérienne a simplement dû changer sa trajectoire. Elle ne doit pas passer par ici chaque année.

Est-ce que la période de rotation de la Terre s'est altérée ? Je poursuivais mon chemin en m'inquiétant pour la santé de Mère Nature, quand j’entendis « Yo, Kyon ! »

Un garçon frivole courait vers moi pour me tapoter l’épaule, la voix aussi légère que l'hydrogène. La pente était trop forte pour s'arrêter, alors je tournais juste ma tête vers lui.

« Yo, Taniguchi, » répondais-je en me retournant vers le sommet de cette colline titanesque. Nous devions nous farcir cette côte tous les jours, alors pourquoi ne pas y aller mollo sur les cours de sports ? Tous les profs de sport, y compris Okabe, celui de notre classe, devraient être plus compatissants avec les élèves qui escaladent cette colline tous les jours. Notons que les professeurs le font en voiture.

« Pourquoi est-ce que tu parles comme un vieux chnoc ? Marche d'un pas vif, c’est un bon exercice et ça te réchauffera. Regarde-moi, je ne porte même pas de sweet. L’été est malsain, mais cette saison me va très bien ! »

C'est bien beau d'être si plein d'entrain, mais d'où le tires-tu ? Donne m'en un peu.

Les lèvres de Taniguchi toujours en mouvement se muèrent en sourire.

« Les exam's de fin de trimestre sont finis ! Heureusement, on en a bien assez appris pour cette année. Et puis, ce qui nous attend maintenant est si excitant !»

Les examens de fin de trimestre frappaient sans discernement tous les élèves du lycée, et se terminaient tout aussi brusquement. De leur point de vue, tout ce qui différenciait les lycéens était sans doute la note inscrite sur leur bulletin de notes.

Cela me rappela l’expression de ma mère lorsqu’elle commença à s’inquiéter de mon orientation scolaire, et mon moral chuta en flèche. Quand on entrera en première l’an prochain, notre classe sera dispersée selon nos préférences. Arts ou sciences ? Publique ou privé? Les choix à faire me donnent la migraine.

« On s’en fout de ça » Taniguchi éclata de rire. « Il y a des choses beaucoup plus importantes dont on doit s’occuper. Tu sais quel jour on est aujourd’hui ? »

« Le 17 Décembre, » Répondis-je. « Et alors ? »

« Quelle réponse débile ! Tu ne vois pas quel jour particulier du week-end prochain va rendre ton cœur plus léger ? »

« Oh je vois. » Je distinguais la bonne réponse maintenant. « La cérémonie de fin des exam's et de fin d’année. Les vacances d’hiver se font attendre. »

Mais Taniguchi me regardait d’un air bizarre, comme un petit animal face à un feu de forêt. « Tu n’es pas sérieux, n’est-ce pas ? La date est dans une semaine ! Réfléchis ! La réponse devrait te sauter aux yeux ! »

"Hum…"

Je grommelais, et une inspiration me fit sortir du brouillard.

Le 24 Décembre.

Je le savais, bien sûr. Je m'attendais à un complot maléfique d'une certaine personne pour la semaine prochaine. Même si personne ne s'en doutait, la vérité ne m’échappait pas. La personne qui repérait ce genre d’évènements plus vite que moi était assise juste là, derrière moi. Elle s’était lamentée d’avoir raté sa chance à Halloween le mois dernier, et il ne faisait aucun doute qu’elle allait frapper cette fois.

A vrai dire, je savais déjà exactement ce qu’elle allait préparer.

Hier dans la salle du club, Haruhi Suzumiya avait fait l’annonce suivante :


« Est-ce que quelqu’un a quelque chose de prévu pour le réveillon de Noël ? »

Haruhi, qui avait jeté son sac juste après avoir fermé la porte, nous lança un regard arrogant, les yeux scintillants comme la ceinture d’Orion.

Le ton de sa phrase laissait entendre : « Vous n’avez rien de prévu. Je le sais ; c’est clair comme de l’eau de roche, pas vrai ? » Elle aurait lâché une tempête de blizzard si quelqu’un avait avoué avoir déjà prévu quelque chose.

A ce moment, Koizumi et moi jouions à un jeu de rôle tactique. Asahina, vêtue de son costume de servante qui était presque devenu sa tenue normale, se tenait devant la cuisinière électrique. Nagato lisait un nouveau livre de science-fiction, ne remuant que les doigts et les yeux.

Haruhi posa sur le sol un grand sac à main qu’elle avait apporté avec son sac de cours, et marcha vers moi. Bombant le torse, elle me dévisagea et proclama :

« Kyon, je sais que tu n’as absolument rien de prévu. Inutile de demander, mais je me sentirais mal si je ne confirmais pas. »

Un sourire félin s’était dessiné sur son visage. Donnant le dé que je m’apprêtais à lancer à Koizumi, qui souriait d’un air de conspirateur, je me retournais vers Haruhi.

« Et qu’est-ce que tu ferais si j’avais des plans ? Commence par répondre à ça. »

« Donc ça veut dire que tu n’en n’as aucun ! »

Acquiescent à son propre raisonnement, Haruhi se détourna. Hé attend une seconde ! Je n’ai pas encore répondu à ta question ! … Bon ce n’est pas comme si c’était la première fois que je n’avais rien de prévu.

« Koizumi, est-ce que tu as un rendez-vous avec ta petite amie ? »

« Comme ce serait agréable si c’était le cas ! »

Remuant le dé dans sa paume, Koizumi poussa un soupir dramatique. Je lis en toi comme dans un livre : tu simules. Quel escroc...

« Prend ça pour de la chance ou non, mon agenda est complètement vide avant et après Noël. Je me suis creusé les méninges et j’ai tourné en rond en me demandant comment j’allais passer le temps. »

Sur son visage souriant était clairement écrit MENTEUR. Pourtant, Haruhi cru son histoire sans l’ombre d’un doute.

« Pas de problème ! C’est la meilleure chose qui puisse t’arriver ! »

Ensuite Haruhi se retourna vers la jeune servante.

« Mikuru-chan, et toi ? Est-ce que quelqu’un t’a invitée à sortir ‘pour voir le moment où la pluie se transforme en neige au milieu de la nuit ?’ Au fait si tu trouves quelqu’un qui te débite sérieusement ce genre d’idioties, massacre-le à coup de massue. »

Regardant Haruhi les yeux grand ouverts, Asahina avait l’air déconcertée par cette question abrupte.

« Et bien, je suppose que non. Pour le moment je n’ai rien de prévu… Hein, au milieu de la nuit…? Ah… quoi qu’il en soit laisse moi te servir du thé… »

« Le Volcan en éruption, s’il te plait ! Cette variété de thé était vraiment fabuleuse » ordonna Haruhi.

« O-Oui ! Ça ne prendra pas longtemps. »

Asahina avait le visage rayonnant en plaçant la bouilloire sur le réchaud à gaz. Est-ce que faire du thé est aussi amusant ?

Satisfaite, Haruhi acquiesça et se tourna finalement vers Nagato.

« Yuki? »

« Rien. »

Nagato donna une réponse courte sans lever le nez du livre.

« Parfait. »

Mettant fin à cette gazouillante conversation, Haruhi me regarda à nouveau avec un sourire arrogant. Je regardais le visage pâle de Nagato, toute son attention était focalisée sur le livre comme si la conversation ne la concernait pas. Je me disais qu’elle ferait aussi bien d'épargner son souffle avec des réparties si spirituelles. Prends un peu ton temps pour faire semblant de te rappeler ton emploi du temps, au moins !

Haruhi leva la main.

« Le projet de fête de Noël de la Brigade SOS est passé à l’unanimité. S’il y a des objections ou d’autres idées, merci de m'en faire part après la fête. Si elles méritent mon attention, je les examinerai. »

En d’autres termes, comme toujours, sa parole avait force de loi gravée dans le marbre. Ce n’était qu’un détail, mais on pouvait considérer qu'elle s'était améliorée depuis six mois, puisqu'elle s'informait de notre emploi du temps. Bon, ce serait encore mieux qu'elle demande l’opinion de tous plutôt que leurs projets.

Le visage rayonnant de la satisfaction que tout se soit passé comme elle l’avait prévu, Haruhi plongea la main dans son sac à main resté au sol.

« Au fait, personne ne peut venir les mains vides pour une telle occasion, n’est-ce pas ? Donc j’ai apporté quelques objets. La première étape de notre parfaite préparation de noël passe par des accessoires de saison ! »

Elle sortit de son sac un spray de neige artificielle, des rubans dorés et argentés, des biscuits salés, un sapin miniature, des rennes en peluche, du coton blanc, des couronnes et des guirlandes lumineuses, des drapeaux rouges et verts, un poster des Alpes, des bonshommes de neige mécanique, de grosses bougies, des chaussettes de Noël extra-larges qui pouvaient contenir un petit enfant, des CD de chants de Noël…

Souriante comme une grande sœur du voisinage offrant des sucreries aux enfants, Haruhi disposa harmonieusement les différents objets de Noël un par un sur la table.

« Je vais injecter une ambiance festive dans cette salle ordinaire. Le premier pour profiter activement de l’ambiance positive de Noël commence à apparaître. Vous ne faisiez pas la même chose quand vous étiez petits ? »

Peu importe que je le fasse ou non, la chambre de ma sœur sera sans aucun doute décorée de font en comble pour Noël dans quelques jours. Maman me forcera probablement à l’aider à décorer cette année encore. Au fait, ma sœur, qui va avoir 11 ans et entrera en 6ème cette année, semble encore croire au père Noël. Elle n’est pas consciente du travail de mystification que mes parents ont entamé il y a longtemps, dès le début de ma vie.

« Apprends du cœur ingénu de ta sœur ! On doit commencer par croire en un rêve. Sinon, même ce qui est accessible sera hors d’atteinte. Personne ne gagne à la loterie sans avoir acheté un ticket, tu sais. Tu peux toujours espérer que quelqu’un te donnes un ticket gagnant valant plus d’un million de Dollars, mais ça n’arrivera pas ! »

Haruhi, poussant un hurlement de joie dont elle seule est capable, s’empara d’un chapeau de fête conique et le mis sur sa tête.

« A Rome, fais comme les romains. Quand tu es dans un pays, suis les lois de ce pays. Noël a aussi des règles à respecter. Personne ne célébrerait un anniversaire en étant de mauvaise humeur. Hé même M. Christ se réjouirait de nous voir nous amuser ! »

Il y a beaucoup de théories sur la naissance du Christ, et même son année de naissance reste entourée de mystère. Mais encore une fois, je ne suis pas assez bête pour réciter toutes les théories en occultant l’ambiance. Et puis, en entendant qu’il y a plusieurs dates possibles pour la naissance du Christ, Haruhi lâcherait certainement un "Alors, fêtons Noël à chacune d’elles!" et nous finirions par sortir le sapin plusieurs fois par an. Ce serait seulement un scandale si nous changions la date du début de l'ère chrétienne ; ce qui ne servirait à rien. Que ce soit selon le calendrier romain ou babylonien, c’est seulement une question de subjectivité humaine. Pour les corps célestes qui tournent silencieusement dans le vaste univers, ces questions n’ont aucune importance, et ils vont continuer comme ça jusqu’à la fin de leur existence. Oh, comme le monde est formidable !

Mon jeune esprit était naturellement intrigué par les secrets du vaste univers, mais Haruhi ne s’intéressait pas une seule seconde à mes rêves. Comme un panda euphorique, Haruhi colorait la salle en lançant des décorations de noël dans tous les coins de la salle. Elle plaça même un chapeau conique sur la tête de Nagato en train de lire, et écrivit les mots "Joyeux Noël !" sur la vitre avec sa bombe de neige artificielle.

C’est bien, mais vu de l’extérieur les mots seront à l’envers, tu sais ?

Pendant qu’Haruhi était concentrée sur ses activités, Asahina-san s’approcha de nous, portant un plateau avec des tasses de thé, comme une poupée enfantine de casse-noisette.

« Suzumiya-saaaan, le thé est prêt. »

L’apparence de Asahina-san, avec son sourire de domestique, était toujours divine aujourd’hui, envoyant des vagues euphorisantes fraîches dans mon cœur, peu importe combien de fois je la regardais. Même après avoir rencontré son tragique destin presque à chaque fois qu’Haruhi disait quelque chose, Asahina-san semblait à l’aise avec la fête de Noël cette fois-ci. Comparé à donner des prospectus dans un costume de lapine, ou apparaître dans des films portant des costumes sexuellement provocateurs, ce doit être bien plus amusant de pouvoir apprécier une fête où tout le monde peut s’embrasser.


Mais, est-ce que ce sera vraiment tout ?

« Merci, Mikuru-chan »

Haruhi prit la tasse d’un air ravie, et engloutit son thé debout. Asahina-san regarda avec un sourire innocent.

Haruhi bu tout le liquide chaud en quelques secondes, et le sourire sur son visage devint deux fois plus large qu’avant.

Un mauvais présage. C’est le sourire qu’elle a quand elle est en train de penser à quelque mauvais coup. Après un long moment passé à ses cotés, même moi je peux le repérer.

Le problème était…

« Ce goût merveilleux, Mikuru-chan. On ne peut pas appeler ça un don ou de la gratitude, mais j’aimerais te donner ton cadeau un peu plus tôt que prévu. »

« Oh, vraiment ? »

La délicate domestique battit des paupières.

« C’est vrai, tellement vrai qu’il n’y a aucune vérité au dessus. C’est aussi vrai que la lune tourne autour de la terre, et la terre autour du soleil. Tu peux ne pas croire Galilée mais crois-moi ! »

« Euh, o-o-oui. »

Haruhi chercha dans son sac encore une fois.

Détectant une sensation, et tournant ma tête, je tombais nez-à-nez avec Koizumi, qui haussa les épaules et fit un petit sourire forcé. J’aimerais le claquer pour être aussi vague, mais d’une certaine façon je l’ai compris. Il n’avait pas rejoint la bande d’Haruhi depuis plus de la moitié d’une année pour rien, et il aurait été étrange s’il n’avait pas pu supposé ce qui allait arriver ensuite.

Oui, je pensais.

Le problème était qu’il n’y avait aucune personne ou aucun remède qui pouvait soigner la folie d’Haruhi. J’accorderais les plus grands honneurs à celui qui inventerait cela, personnellement.

« Ta-daaam ! »

Avec un effet sonore enfantin, Haruhi sorti le dernier objet de Noël du fond de son sac. Et c’était…

« Ce… c’est… »

Asahina-san recula pensivement, et Haruhi proclama avec l’expression d’un mage âgé transmettant son savoir à sa disciple.

« Mère Noël, c’est ça ! Mère Noël ! Ça te va comme un gant ! Cela va sans dire ; tu ne peux pas marquer cette période de l’année sans une garde-robe spécifique ! Allons-y ! Je vais t’aider à te changer. »

Se rapprochant progressivement d’une Asahina-san reculante, Haruhi écarta les mains – un costume de Mère Noël, aucun doute.

Ensuite, Koizumi et moi fûmes expulsés hors de la salle du club, et nous pouvions seulement imaginer la scène d’Haruhi dirigeant le changement de costume d’Asahina-san en vain.

« Eh » « Ah » « Urghh » Les sons des faibles gémissements d’Asahina-san me bombardaient d’images involontaires, et me faisaient imaginer que je pourrais d’une manière ou d’une autre voir à travers la porte. OK, le moment est probablement venu pour moi de devenir cinglé aussi.

Après un bon moment passé à s’immerger dans un conte imaginaire, Koizumi prit la parole, peut-être pour tuer le temps. « Je suis désolé pour Asahina-san. »

Le type avec un physique de tombeur de trop bonnes manières, était adossé au mur avec ses bras croisés.

« Mon cœur est plus léger quand je vois Suzumiya-san s’amuser. Ça me fait encore plus de peine quand je la vois de mauvaise humeur. »

« Parce qu’un espace clos est créé à chaque fois qu’elle est en colère ? »

Repoussant une mèche de cheveux d’un geste de l’index, il répondit,

« Oui à cause de ça aussi. Rien n’effraie plus mes partenaires et moi que l’existence des espaces clos et des avatars. Ça peut paraître facile de s’en charger, mais c’est vraiment un travail difficile. Je remercie ma bonne étoile que depuis ce printemps, la fréquence de leur occurrence ait progressivement diminuée. »

« Ce qui veut dire qu’ils apparaissent toujours de temps en temps ? »

« Rarement. Récemment cela arrive seulement entre minuit et le lever du soleil, quand Suzumiya-san est endormie. Très probablement quand elle fait un mauvais rêve, elle créé un espace clos inconsciemment. »

« Elle pose des problèmes qu’elle soit endormie ou réveillée ! »

« Pas du tout ! »

De la part de Koizumi c’était une réplique très dure, et honnêtement j’étais un petit peu choqué. Koizumi retira son sourire et me regarda durement.

« Je suppose que tu ignores comment était Suzumiya-san avant qu’elle entre au lycée. Depuis trois ans, lorsque nous avons commencé notre observation jusqu’à ce qu’elle entre au lycée, il était inimaginable qu’elle puisse rire si joyeusement chaque jour. Tout a commencé quand elle t’a rencontrée, non pour être exact, quand vous êtes revenus de l’espace clos. La psyché de Suzumiya-san s’est beaucoup stabilisée, c’est incomparable à son état au collège. »

Je retournais son regard à Koizumi sans un mot, comme si j’allais perdre si mes yeux se détournaient.

« Suzumiya-san est évidemment en train de changer, et dans le bon sens, je peux ajouter. Notre désir est de garder la situation telle qu’elle évolue maintenant, et je crois qu’il en va de même pour toi. Pour elle maintenant, la Brigade SOS est un rendez-vous indispensable. Ici elle peut te trouver, elle peut trouver Asahina-san, Nagato-san est essentielle, et pardon si je suis présomptueux, mais je suppose que moi aussi. Nous sommes tous presque devenus un seul cœur et un seul corps. »

Maintenant c’est juste ta logique.

« C’est vrai. Cependant, mais ce n’est pas si mal comme ça, n’est-ce pas ? Tu veux voir Haruhi créer des avatars heure après heures ? Excuses-moi, mais ce n’est certainement pas une bonne idée. »

Ce n’est pas mon idée, et je n’ai pas envie que ça le devienne. Est-ce que c’est clair !

Koizumi changea d’expression, retrouvant son sourire ambigu habituel.

« Je suis soulagé d’entendre ça. En parlant de changements, il n’y a pas que Suzumiya-san, Nous sommes tous en train d’évoluer. Ça inclut toi, Asahina-san et moi. Peut-être Nagato-san aussi. Aux cotés de Suzumiya, tout le monde change plus ou moins sa façon de penser. »

Je ne rétorquais pas. Non pas parce qu’il avait touché un point sensible. Je ne prenais pas ce qu’il disait personnellement, donc je n’étais pas blessé émotionnellement. Mais ce que je trouvais surprenant, c’était que ce type avait aussi remarqué que Nagato changeait petit à petit. La triche au tournoi de baseball, le festival de Tanabata, il y a 3 ans, l’éradication du grillon de caverne, le drame du meurtre sur l’île isolée, la boucle des vacances d’été… Tandis que nous étions occupés à faire ci ou ça, les gestes limités et les attitudes de Nagato ont doucement mais sûrement commencé à changer. Rien à voir avec notre première rencontre au club de littérature, qui fut le commencement de tout. Ce n’était pas une illusion, je l’avais observée au microscope. Maintenant que j’y pense, cette fille avait déjà semblé un petit peu étrange, même sur l’île isolée, à la piscine publique, ou au festival de danse d’Obon. Elle montra aussi un comportement bizarre quand elle fut forcée de jouer le rôle d’une magicienne pour le film, et pendant le duel de jeu vidéo contre le Club d’Informatique

N’est-ce pas une bonne chose, les changements chez Haruhi sont excellents, mais je pense que ceux de Nagato sont plus importants !

« Pour sauver la paix dans le monde », dit Koizumi avec un sourire, « organiser une fête pour Noël est un bien petit prix à payer. De plus, si c’est marrant, je ne vois pas de raison de se plaindre ! »

Juste au moment où j’étais pris au dépourvu, en quelque sorte, car je ne trouvais quoi répondre, la porte s’ouvrit subitement.

« Vous êtes là ! »

La porte s’ouvrait vers l’intérieur, et naturellement, en m’appuyant contre la porte, je tombais maladroitement sur le dos avec fracas.

« Haahh !? »

La voix n’était ni la mienne ni celle de Haruhi, mais celle d’Asahina-san, et la voix venait d’en haut. En d’autre termes, étant donné que j’étais sur le dos quand je regardais vers le haut, ce que je voyais n’était pas le plafond.

« Hé, Kyon, ne mates pas ! » ça c’était Haruhi.

« Wah, aah… » Et ça Asahina-san, qui était complètement prise au dépourvu, alors elle cria et sauta en arrière. Je jure à la myriade de déitées que j’ai seulement vu ses jambes !

« Qu’est ce que tu fous à rester comme ça allongé sur le dos ? Debout tout de suite ! »

Attrapé par le col, j’avais finalement réussi à me relever.

« Tu espionnais Kyon ! Tu essayais de mater les sous-vêtements de Mikuru-chan ? Tu retardes de deux millions cinq mille six cent ans, homme des cavernes ! C’était délibéré, hein ? HEIN !? »

C’est de ta faute, à ouvrir la porte sans prévenir. C’était un accident, un accident Asahina-san ! … Ces mots étaient sur le point de sortir, mais c’est là que mes yeux furent attirés d’eux même. Qui demande quoi encore ?

« Wawa… »

Il n’y avait plus rien dans mon esprit et devant mes yeux, qu’Asahina-san, debout avec les joues rougissantes.

Un costume rouge décoré d’un liseré de fourrure blanche. Un chapeau rouge avec un pompon duveteux au bout… Asahina-san court vêtue, tenait sa minijupe à l’aide de ses deux mains, et ses yeux embarrassés me regardaient intensément avec de curieuses larmes.

Ce devait être la Mère Noël, parfaite sous tous les angles, impeccable et sans le moindre défaut. La véritable identité d’Asahina-san à ce moment-là – La petite fille d’un Père Noël sénile, qui lui a secrètement transmit le don de la famille.

Si on leur disait ça, 80% des personnes le croiraient. Ma sœur ferait partie de ces 80%, aucun doute.

« Absolument fantastique. » C’était Koizumi qui exprimait son opinion. « Toutes mes excuses, si j’utilise une expression aussi banale. Oui vraiment, ça te va à merveille, Magnifique. »

« Je le savais ! »

Haruhi faisait un câlin à Asahina-san, elle la prenait dans ses bras et frottait ses joues contre le visage d’Asahina-san qui roulait des yeux.

« N’est-elle pas hyper adorable et mignonne ? Mikuru-chan, ait plus confiance en toi ! À partir de maintenant et jusqu’à la fête de Noël, tu seras la Mère Noël de la Brigade SOS ! Tu as toutes les qualifications pour ça ! »

Asahina-san haletait piteusement. Cependant cette fois, Haruhi avait raison : personne ne pouvait dire le contraire, je me disais à moi-même. Lorsque je me tournais vers Nagato, sans surprise, la petite silencieuse aux cheveux courts continuait sa lecture.

Elle portait toujours son chapeau triangulaire.


Après ça, Haruhi nous poussa dans l’allée, et se tint devant nous.

« Compris ? À cette période, c’est une mauvaise chose de suivre les Pères Noël que vous voyez dans la rue. Ils sont faux. Le vrai existe dans un endroit vraiment spécial sur terre. Mikuru-chan, tu dois faire très attention ! N’accepte pas des cadeaux des Pères Noël que tu ne connais pas. Et n’accepte pas de faire ce qu’ils te disent. »

Faites ce que je dis pas ce que je fais, hein Haruhi, après avoir forcée Asahina-san à revétir un costume de Mère Noël.

Ne me dites pas que cette fille, malgré son âge et comme ma soeur, croit encore à cette personne agée qui travaille dans le volontariat international. Euh en fait c’est la même fille qui envoie des souhaits à Orihime et Hikoboshi, alors ce n’est pas impossible. Mais je gardais mes doutes pour moi, je veux dire : Asahina-san a révélée sa véritable identité dans cette salle ! Ici il y avait un faux qui surpassait le vrai. Que demander de plus ? Si quelqu’un voulais quelque chose en plus, les plaintes seraient venues des trois pays scandinaves.

J’étais en train de me demander quelles étaient les sources obscures sur ce vieillard léthargique qui ne travaille qu’un jour par an.

« Eh Kyon, l’idée d’avoir une grande fête de Noël est bonne en elle-même. Cette année, on a eu l’idée trop tard, alors on peut seulement célébrer la naissance du Christ. Mais l’année prochaine, on fera aussi des fêtes pour les naissances de Buddha et Mahomet. Ce ne serait pas juste sinon ! »

Pourquoi ne pas fêter aussi les anniversaires des fondateurs du Manichéisme et du zoroastrisme tant qu’on y est ? Voir ce bouquet incroyable d’anniversaire à célébrer, ces personnages qui doivent être depuis longtemps montés au ciel maintenant, ne peut que faire sourire. En fait, Haruhi ne faisait pas cela pour célébrer quoi que ce soit, c’était juste une excuse pour faire la fête, alors je suppose que ça exclu toute réflexion sur l’histoire ou la théologie. Par contre, si quelqu’un doit recevoir une punition divine, s’il vous plait blâmez seulement Haruhi, mon rôle en tant que complice est insignifiant, vous savez.

Dans cette situation, à quelle Déité dois-je faire des excuses ? Je me posais cette question alors qu’Haruhi installée dans le fauteuil de chef de la Brigade me lança un regard dédaigneux.

« Qu’est-ce qui serait bien, une fondue chinoise , un sukiyaki ? Pas de crabe, je ne peux pas le supporter, extraire la chair hors des pattes me rend dingue. Pourquoi les crabes n’ont pas de carapaces comestibles ? Pourquoi n’ont-ils rien fait pour cela au cours de l’évolution, je peux savoir ? »

C’est exactement pour ça qu’ils ont une carapace ! Ils n’ont pas survécu à la sélection naturelle dans les profondeurs de l’océan juste pour le plaisir de ton estomac !

Koizumi leva les bras et pris la parole.

« Alors nous devrions réserver un restaurant à l’avance. Les vacances approchent, et ils seront tous pleins si nous ne nous dépêchons pas. »

À vrai dire, je pense que je n’ai pas envie d’aller dans les restos qu’il recommande. Peut-être que le propriétaire fou du restaurant va surgir au milieu du dîner et nous aurons droit à une autre murder party au-delà de nos plus folles attentes.

« Oh pas besoin de s’embêter avec ça. »

Comme si elle avait la même impression que moi, Haruhi secoua la tête avec un grand sourire. Mais c’était ce qu’elle dit après :

« Nous allons le faire ici. Le matériel nécessaire est déjà là. La seule chose qui manque c’est la nourriture. Voyons voir… Ce serait mieux d’apporter une machine pour faire cuire le riz. Bien sûr l’alcool est interdit, depuis cette cuite j’ai juré dans ma tête que de toute ma vie je ne boirai plus. »

J’aurais préféré que tu jures autre chose... Mais un autre point important ne pouvait être ignoré. « Le faire ici ? » Je regardais dans la salle.

La salle a déjà une casserole et un réchaud à gaz portatif, et il y a même un frigo ici. Haruhi a tout ramené durant les débuts de la Brigade SOS, mais ne me dites pas que c’était uniquement en prévision de ce jour-là ! Jusqu’à présent le réchaud à gaz portatif a été très utile à Asahina-san pour faire du thé délicieux. Mais au lycée, dans le bâtiment vétuste et glauque des clubs, est-ce vraiment une bonne idée de faire de la cuisine ici ? Ce n’est pas très prudent d’ignorer ça : il est interdit de faire du feu dans ce bâtiment !

« Tout ira bien. »

Le regard déterminé d’Haruhi brillait tel celui d’un prodige en art culinaire, qui a en quelque sorte un don sans même avoir besoin d’un diplôme dans l’hôtellerie ou la restauration.

« Dans le cas présent, c’est plus amusant de se cacher. Si le conseil des étudiants ou un des prof entre, JE vais leur faire goûter ma spectaculaire fondue chinoise. C’est le plan : attendre jusqu’à ce qu’ils arrivent, et ensuite ils seront si enthousiasmés par la délicatesse de ce mets qu’ils vont accorder à notre fête une permission spéciale avec les larmes aux yeux ! C’est un plan sans faille ! Parfait !

Bien que ne supportant pas l’ennui ; Haruhi pouvait réussir ce qu’elle voulait du moment qu’elle le décidait. Alors je supposais que sa cuisine serait à la hauteur de sa description. Mais une fondue chinoise ? Quand a-t-elle décidé ça ? La conversation dériva vers les ingrédients : les crabes ne convenaient pas, elle prétendit recueillir nos opinions, mais soudainement elle sauta sur la conclusion – à vrai dire, ce n’est pas comme si c’était la première fois. Pardonnons et oublions cela…-


Ceci s’était passé la veille. J’en faisais un résumé à Taniguchi alors que nous arrivions au lycée.

« Une fête de Noël… »

Quand nous passions les portes du lycée, Taniguchi avait toujours du mal à dissimuler son fou rire.

« C’est définitivement une action signée Haruhi ! Une fondue chinoise dans la salle du club. Assures-toi que les professeurs ne vous découvrent pas ! Ou sinon ça tournera mal pour vous. »

« Est-ce que tu viens, alors ? »

À cause de ce dont nous avions discuté plus tôt, j’essayais de l’inviter. Si c’était Taniguchi, ça ne dérangerait probablement même pas Haruhi. Lui Kunikida et Tsuruya-san étaient devenus le trio de choc de remplaçants au cas où nous aurions un problème à trouver du monde pour les activités de la Brigade.

Mais Taniguchi secoua la tête.

« Je suis vraiment désolé Kyon. Je n’ai pas de temps à perdre à manger une fondue chinoise ! Wouahaha ! »

Qu’est-ce que c’est que ce rire dégoutant ?

« Écoutes : rassembler un groupe d’amis étranges et se servir de la fondue chinoise lors d’une fête de Noël c’est seulement pour les geeks impopulaires. Je suis vraiment désolé, mais j’ai fait mes adieux au groupe. »

Tu plaisantes ?

« Et bien, penses à moi exactement comme quelqu’un au-delà de ton imagination. J’ai déjà fait une marque rouge en forme de cœur pour le 24 dans mon agenda ! Toutes mes excuses. Mon CŒUR te fait ses excuses. Je suis VRAIMENT DESOLE ! »

Qu’est-ce qui se passe ? Comment ce trou du cul de Taniguchi peut se trouver une copine, pendant que je joue à des jeux étranges avec Haruhi et les autres de la Brigade SOS ?

« Qui est-ce ? »

Je posais la question en essayant de mon mieux de ne pas paraître cynique.

« Une élève de seconde de Kouyouen. Un pari sûr si tu veux mon avis. »

Le lycée Kouyouen. Un lycée de filles à coté de la station en bas de la colline. Il est situé exactement au début de notre infernale montée de la colline, c’est un spectacle matinal habituel de voir la la Parade du Daimyo (Cette parade commémore le Daimyo qui est un seigneur féodal Daimyo ) des filles portant un uniforme noir. Ce lycée est célèbre pour ses filles élégantes, mais il est encore plus enviable car ses élèves n’ont pas besoin de monter cette terrible colline. Non, je n’étais pas du tout jaloux de Taniguchi, du tout !

« Quel est le problème ? Tu as déjà Haruhi ! La fondue chinoise… C’est elle qui le prépare, n’est-ce pas ? Fondue chinoise et cuisine maison, ça sonne un peu ridicule et bas de gamme à mes yeux, mais je suis sûre que c’est parfait pour toi. Je suis jaloux Kyon ! »

Cet enflure, il a ramené le sujet du réveillon de Noël juste pour satisfaire son désir de frimer ?

« Hm, je suppose que c’est le moment de dessiner quelques début de plans pour savoir où on ira pour passer le temps. Je suis si troublé ! »

J’en perdais mon esprit et mes mots.


Après l’école, rien de spécial n’arriva. Koizumi et moi furent obligé d’accrocher les décorations de Noël qu’Haruhi avait apporté. Haruhi donnait des ordres et pointait du doigt tous les recoins de la salle. Asahina-san, en costume de Mère Noël, était une jouissive mascotte servant du thé. Et aujourd’hui Nagato était en train de lire un épais livre… en portant encore le chapeau triangulaire sur sa tête.

Ensuite vint la fin de la journée. Le contenu de la fondue chinoise n’était pas encore décidé. La seule décision prise dans l’après-midi, était que je serais en charge du transport, et envoyé dehors pour faire les courses. Qu’est-ce qu’il y allait avoir dans cette fondue chinoise ? Je n’ai vraiment pas de chance, avec cette odeur de plans sinistres.

C’est trop long pour un prologue. Cependant ce qu’il y a au dessus est juste un prologue, rien d’autre. La véritable action qui arrive à partir ce point, commençait le lendemain. Elle aurait pu commencer cette nuit, mais ça n’a vraiment pas d’importance.

Le jour suivant était le 18 Décembre, quand même la brise de la montagne était glaciale. Ce jour-là, j’ai été plongé dans les abysses de la peur.

Laissez-moi vous dire par avance qu’il n’y a pas matière à rire.


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