Utsuro no Hako:Tome 1 27756th time

From Baka-Tsuki
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27756e fois[edit]


Je dois mettre fin à la Classe Rejetée et retrouver ma vie de tous les jours.

Quelle est la plus grande difficulté à laquelle je pourrais faire face ?

Un genre d’obstacle géant ? Par exemple, être forcé d’utiliser un câble fin pour passer d’un bâtiment à un autre ? En ayant à répéter le même jour un million de fois ?

Je ne pense pas que ce soit cela. Je veux dire, je peux encore imaginer comment surmonter ces obstacles. Aussi difficiles qu’ils puissent être, je peux toujours acquérir le talent suffisant pendant le temps presque infini qui m’est accessible.

Non, je crois que la pire chose à laquelle je pourrais faire face serait de ne pas savoir quel est l’obstacle en question.

Si je ne sais pas ce que je dois faire, je suis plutôt impuissant. Mais comme ici, le temps est figé, mon problème ne se résoudra pas avec.

Et à présent, je fais face au pire des scénarios.

« Un problème, Hoshii ? Tu es plutôt bizarre aujourd’hui. »

Pendant la pause suivant le premier cours, Haruaki me parle tout en riant légèrement.

Le cours vient de se terminer, donc personne n’a encore quitté la salle de classe. Mogi-san est encore assise à sa place. Oui… tous mes 38 camarades de classe sont présents.

J’essaye de comprendre pourquoi les personnes « rejetées » sont de retour, mais pour une raison que j’ignore, j’ai déjà presque tout oublié de la précédente boucle. J’ai l’impression qu’on a découvert quelque chose, mais je ne me souviens plus de rien.

Mais c’est bon. Ce n’est pas encore problématique.

Si nous avons réussi à découvrir quelque chose d’important, nous le redécouvrirons en moins de deux. Le retour de tous mes camarades de classe reste un mystère, mais ça n’affecte pas ma mission.

Ce n’est pas le problème.

« Mais on s’ennuie vraiment aujourd’hui~. Rien ne s’est passé ! »

Rien de particulier n’est arrivé.

La remarque de Kokone me cause une douleur gênante qui parcourt ma poitrine.

Je ne veux pas le croire. Je ne veux pas accepter la situation actuelle.

« Daiya. »

Je m’adresse à Daiya, qui se trouve derrière moi, avec une voix suppliante. Il tourne sa tête vers moi, prêt à écouter ma requête.

« Est-ce que tu as entendu parler d’une élève transférée aujourd’hui ? » lui dis-je, espérant légèrement qu’il acquiescera en réponse. Mais ma question est…

« Hah ? De quoi tu parles ? »

… nié avec un froncement, comme prévu.

Oui… Aya Otonashi n’est plus du tout « transférée ».

Donc, je suis incapable de savoir quoi faire à présent.

Trouver le propriétaire. Et ensuite, quoi ? Retirer sa boîte ? Détruire la boîte ? Comment je fais ça ?

Je comptais trouver une solution avec Maria. Mais j’étais simplement paresseux. J’étais complètement dépendant d’elle, donc je ne savais pas quoi faire maintenant qu’elle n’était plus là.



« Mais écoute, y a pas aucune différence entre vivre notre vie quoditienne et être capturé par cette Classe Rejetée ? » dit Haruaki en réponse à ma question.

J’en ai discuté avec lui parce que je ne savais pas quoi faire d’autre. Je l’ai donc amené derrière le lycée pendant la pause déjeuner ; c’est la réponse qu’il m’a donnée après avoir fini de lui raconter toute l’histoire.

Je connais bien Haruaki. Il ne répond pas ça parce qu’il ne peut pas croire à mon histoire absurde.

« Aucune différence… ? »

« Ah, non. C’est pas que je te crois pas, je te jure. Juste que, comment dire, disons que nous sommes vraiment à l’intérieur de la Classe Rejetée. En quoi c’est différent de la vie de tous les jours à laquelle tu aspires ? »

« Ce qui est différent ? Ils sont complètement… »

« Pareil, pas vrai ? Les gars qui semblent avoir disparu, moi inclus, sont revenus. Aya Otonashi n’était pas un membre de cette classe de toute façon. Tout est revenu à son état d’origine. Ou j’ai tort ? »

Tout est juste revenu à son état d’origine ?

… Peut-être.

Après tout, je n’aurais peut-être jamais rencontré Maria sans la Classe Rejetée.

Personne ne sait qui elle est. C’est parfaitement normal. L’existence d’Aya Otonashi n’a jamais fait partie à proprement parlé de la classe 1-6 pour commencer.

Ce n’était peut-être juste qu’un rêve ? Peut-être que j’ai juste imaginé toute son existence ?

… Je ne sais pas. Mais nous sommes toujours le « 2 mars » aujourd’hui.

« Mais tu sais, si on est toujours dans la Classe Rejetée, alors le "2 mars" d’aujourd’hui ne se terminera jamais. Alors comment tu peux l’assimiler avec notre vie quotidienne ? »

J’étais sûr qu’Haruaki serait d’accord avec moi. Mais…

« En fait, j’ai déjà réfléchi à ça. »

Contrairement ce que je pensais, il incline sa tête sur le côté et continue.

Je reste bouche bée par sa réponse directe. Haruaki se gratte la tête d’un air gêné quand il voit l’expression sur mon visage.

« Je sais ce que tu veux dire. Mais regarde, ça te dérange que quand t’es conscient d’être pris dans une boucle temporelle, non ? Et si, par exemple, ta vie de tous les jours jusqu’à aujourd’hui a toujours été remplie de jours répétés aussi longuement ? Tu l’aurais pas remarqué, hein ? En fait, je ressens rien de différent là maintenant, moi non plus. Je suis convaincu que je vie ma vie de d’habitude en ce moment même. Même si, purement hypothétiquement, je suis en fait bloqué dans la Classe Rejetée. »

Il… a raison.

Je ne ressens de l’inconfort et du dégoût que parce que je suis conscient de cette récurrence. Si ce n’était pas le cas, je ne serais pas du tout troublé.

Je ne serais pas en train de ressentir ce conflit si je ne savais rien de la Classe Rejetée. Même si les jours se répétaient, je pouvais complètement profiter cette sorte de la vie quotidienne qui m’est présentée. Je pourrais passer mon temps sans être au courant du destin tragique d’une certaine personne. Ma vie serait convenable et pleine de bonheur.

La détruire n’est rien d’autre que du simple égoïsme.

« Je suis sûr que tu comprends maintenant, Hoshii. Tu sais ce que tu devrais faire, pas vrai ? »

« Ouais. Je sais ce que je dois faire. »

« T’as vu ? Alors… »

Haruaki s’arrête soudainement. Je me retourne avec surprise, et je vois Mogi-san debout à côté de moi.

« Qu’y a-t-il ? » je demande.

« J’aimerais parler à Kazuki. D’accord ? »

Haruaki et moi nous échangeons un regard.

« Hmm, Hoshii. Tu y es prêt ? S’il y a quoi que ce soit que tu veux me dire, je serai là pour toi. »

« Ouais… merci, Haruaki. »

Haruaki part en disant « De rien. »

Je me demande ce qu’elle me veut. Elle a pris la peine de me chercher ?

Je me concentre sur son visage. Quel joli visage. Après l’avoir remarqué, je ne peux plus supporter de la regarder et je détourne mes yeux.

« … »

Même si elle est celle qui est venue vers moi, Mogi-san fronce ses sourcils.

« … Je vais te poser une question étrange, mais j’aimerais que tu y répondes sans hésitation. »

« Ah, d’accord… »

Je hoche la tête, mais Mogi-san continue de froncer ses sourcils. Elle a du mal à le faire. Au bout d’un certain temps, elle semble parvenir à une décision et me regarde droit dans les yeux.

« Est-ce que je suis Kasumi Mogi ? »

… Hah ?

Comme cette question est complètement inattendue, je ne peux même pas sembler surpris. Au lieu de cela, je reste sur place avec une expression sérieuse.

« … Euh, Mogi-san ? Est-ce que tu as perdu ta mémoire ou quelque chose dans le genre ? »

« … Je peux comprendre ta confusion. Mais réponds à ma question s’il te plaît. »

« Bien sûr que tu es Kasumi Mogi, Mogi-san… »

Oh wow, je ne dirai jamais quelque chose comme ça dans ma vie de tous les jours.

Pour une raison que j’ignore, elle murmure « Je vois… » Mogi-san semble un petit peu désespérée.

« Eh bien. Ça semble un peu incroyable, mais prépare-toi à m’écouter. Je suis… »

Alors, Kasumi Mogi, la fille que j’aime, dit quelque chose complètement bizarre.

« … Aya Otonashi. »

« … Hein ? Aya Otonashi… ? Mogi-san est Maria ? Qu’est-ce que ça veut dire ? »

Je suis emporté sous le coup de la surprise, mais Mogi-san continue.

« Ouais, je suis Aya Otonashi. J’étais sur le point de perdre confiance en moi parce que, aussi absurde que ça semble, tout le monde s’adresse à moi par Kasumi Mogi. Ils le font malgré mon apparence différente et ma façon de parler, mais je suis véritablement Aya Otonashi. »

Eh bien, la personne qui se tient devant moi est Kasumi Mogi. J’admets que j’ai aussi le sentiment que son apparence et sa façon de parler correspondent parfaitement à la Aya Otonashi dont je me souviens, mais…

« Euh… d’accord, il y a ce dédoublement de personnalité qui arrive tout le temps dans les mangas, pas vrai ? Tu es peut-être confronté à ce genre de problème en ce moment… ? »

C’est tout à fait absurde, mais ça reste dans la limite de la raison.

« J’ai aussi considéré cela. Mais si c’était le cas, tu devrais être déconcerté par mon nouveau comportement, et tu ne devrais pas connaître le nom "Aya Otonashi". Pas vrai ? »

Oui, je n’ai jamais prononcé le nom « Aya Otonashi » en sa présence.

« Attends, pourquoi tu t’es soudainement transformée en Mogi-san ? »

« … ne dis pas ça de façon aussi ambigüe. On m’a simplement échangé de place avec "Kasumi Mogi". C’est pas comme si je m’étais transformée en elle. Enfin… quoi qu’il en soit, comment je pourrais expliquer cette situation… Bon, tu as compris qu’il ne peut pas y avoir de "Kasumi Mogi" dans cette 27756e itération si je suis "Aya Otonashi", pas vrai ? »

J’acquiesce.

« "Kasumi Mogi" a disparu. Sa position est devenue vide. Tu te souviens encore de ce que je t’ai dit : Je ne suis pas devenue une élève transférée de mon propre choix ? Peut-être que j’ai été placée dans cette position vide cette fois à la place d’être une élève transférée. »

C’est beaucoup trop… farfelu.

« Il n’y a aucune chance que je, non, que toute la classe te confonde avec Mogi-san ! »

« En effet, je trouve aussi ça problématique. Mais tout en me confrontant à ce problème, j’ai trouvé simultanément une conclusion à un autre problème. Le propriétaire de la Classe Rejetée a vécu toutes les 27755 boucles. Du coup, sa personnalité a dû changer aussi. Pourtant, personne ne l’a remarqué. »

C’était probablement vrai.

« On peut supposer qu’il existe une règle dans la Classe Rejetée qui empêche les autres de remarquer les changements du propriétaire. En plus, le changement du propriétaire n’est pas affecté par ses relations. Kasumi Mogi était le propriétaire, mais elle a disparu pour une raison quelconque. Et je l’ai remplacée. La règle intervient, donc personne ne remarque quoi que ce soit, bien que mon apparence et ma personnalité, celles d’"Aya Otonashi" sont complètement différentes. »

Les explications de Mogi-san semblent plausibles pour le moment.

Si elle est vraiment Maria, ce serait une raison de se réjouir. Ce devrait l’être. Je veux dire, tout seul, je suis un incapable. Mais Maria sera sûrement en mesure de me guider.

Cependant…

« Je ne crois pas cela. »

— Je ne peux pas l’accepter.

Mogi-san semble surprise par ma résistance vigoureuse et écarquille les yeux.

« … Je sais que ça semble incroyable, mais ce n’est pas une raison pour m’opposer. »

Je me mords la lèvre.

« Ah, je vois. Tu ne veux simplement pas accepter les faits. Les accepter reviendrait à accepter que Mogi est la propriétaire. Et tu ne veux pas l’admettre, ce qui est tout à fait normal. Après tout tu aimes M… »

« Arrête !! » je crie par réflexe.

Tu as complètement raison ! Je ne veux absolument pas accepter ça. Mais je ne parle pas de l’affirmation comme quoi elle est la propriétaire. Ce que je ne peux pas accepter est que…

« … j’aime Mogi-san, » étouffai-je.

« Je sais. »

Mogi-san lève un sourcil, comme pour indiquer que je n’ai pas besoin de le dire maintenant.

« Donc… tu ne peux pas être Maria… !! »

Je serre les poings. En les voyant trembler, elle devrait comprendre ce que j’essaye de dire. Elle ouvre ses yeux en grand et ferme sa bouche.

J’aime Mogi-san.

Ce sentiment n’a pas changé, même maintenant.

Ce sentiment n’a pas changé… même si Mogi-san agit maintenant exactement comme « Aya Otonashi ».

Tout ce que dit Mogi-san est vrai, donc je suis un imbécile désespéré. Ne pas avoir remarqué que la personne que j’aime a changé. Ne pas avoir remarqué que la personne que j’aime a été remplacée par Maria. Je n’ai pas de problème avec elle, c’est juste que je n’arrive pas à faire face à mes propres sentiments.

L’amour rend aveugle, comme on dit. Mais cette expression prend un tout autre niveau.

Une imitation.

L’amour que j’ai ressenti pendant un temps aussi incroyablement long se révèle être un mensonge.

Donc, je ne peux pas l’accepter. Je ne peux pas accepter qu’elle soit « Aya Otonashi ». Au moment où je l’accepte, cet amour prendra fin.

« J’aime Mogi-san ! », je crache comme si je lui déclarai la guerre.

Elle baisse la tête sans dire un mot.

J’ai fait la pire déclaration d’amour possible. Je n’ai même pas pensé à mon interlocuteur lorsque je me déclare. Je ne l’ai fait que pour nier la réalité.

Je serre mes poings encore plus fermement. Mais tout de même, je dois le dire.

« Si tu insistes que tu es Maria, alors prouve-le-moi ! »

Elle continue de regarder le sol pendant quelques instants.

Mais elle ouvre rapidement ses yeux et parle avec détermination.

« Kazuki. Même si tu abandonnes la Classe Rejetée, ma mission ne changera pas. Donc d’abord, j’ai envisagé de te laisser seul. Cependant, j’ai décidé de ne pas le faire. Je ne veux pas que tu ‘effondres juste à cause de quelque chose de ce genre. »

Elle agrippe ma main droite. Mon regard se reporte vers son visage. Elle regarde droit dans mes yeux.

« Je veux m’assurer que tu comprennes que je suis véritablement "Aya Otonashi". »

Elle porte ma main vers sa poitrine.

« Q-Quoi ? »

« Je suis une boîte, » dit-elle avec dédain. « Donc je ne suis pas l’humaine "Kasumi Mogi". »

« Mais ton vœu n’est qu’à peine réalisé, non ? Il en va de même pour Mogi-san ! Me montrer ta boîte ne me prouvera pas que tu es "Aya Otonashi" ! »

Elle secoue sa tête.

« Dans les contes de fées, il y a des fées qui n’accordent qu’un seul vœu, pas vrai ? Quand tu entends parler d’une telle histoire, tu n’as jamais pensé :"Pourquoi ne pas simplement demander une infinité de vœux" ? »

J’acquiesce. En faisant cela, on obtiendrait un nombre infini de vœux. J’ai déjà songé à cela.

« C’est un peu embarrassant, mais mon vœu était quelque chose de similaire, » dit-elle avec un ton moqueur. « Mon vœu était… d’exaucer les vœux des autres. Je suis devenue un être qui exauce des souhaits. »

« C’est… »

Tout comme la boîte.

Mais cela semble être un vœu très beau et honorable, alors pourquoi sourit-elle avec autant de mépris envers elle-même ?

« Mais je ne pouvais pas pleinement croire en sa faisabilité. La boîte n’a pas pu complètement réaliser mon vœu. Chaque personne qui m’a utilisée en tant que boîte a disparu, parce la boîte a incorporé mes doutes selon lesquels "il est impossible que des vœux soient exaucés aussi commodément dans le monde réel". »

Je reste sans voix. Y a-t-il un nombre limite de fois où les boîtes ont besoin de s’amuser avec nos vies avant qu’elles ne soient satisfaites ?

« Kazuki, je vais te laisser toucher ma boîte. Après cela, tu ne seras plus du tout capable de poser une question stupide comme "qui es-tu ?". »

Elle étend ma main et la pousse contre sa poitrine.

Je ressens son rythme cardiaque.

À ce moment…

« Ah… »

Je coule au fond de la mer. Bien que je sois au fond de la mer, il fait jour, presque comme si le soleil se trouvait avec moi. C’est magnifique. Je suis fasciné par l’eau. Mais il fait froid. Je ne peux pas respirer.

Tout le monde semble heureux. Tout le monde semble heureux. Tout le monde semble heureux. Au fond de la mer. Les personnes gambadent avec les poissons des profondeurs, suffoquent, gonflent, s’immobilisent, se font écraser par la pression de l’eau, sourient. Il n’y a pas de signification. Il n’y a pas d’interaction. Les gens jouent leurs propres spectacles de marionnettes, leurs propres spectacles d’images, leurs propres comédies. Une tragédie où tout le monde est heureux.

Quelqu’un est en train de pleurer.

Seule une personne pleure, entourée de personnes en train de HAHAHAHAHAHAHAHA rire joyeusement.

Je secoue ma tête. C’est mon imagination. Juste mon imagination. Je ne vois rien ici !

Mais j’ai déjà compris une chose. J’ai saisi le sentiment d’une certaine personne, et il est peu probable que ce sentiment ne me laisse tranquille.

Une solitude absolue.


Je me glisse vers le fond de la mer et retourne à l’endroit où je me trouvais avant.

Elle a relâché ma main.

Je retire lentement ma main de sa poitrine et tombe à genoux, épuisé.

Au même moment, je remarque aussi que mes joues sont humides de larmes.

Je ne peux plus le nier. Après m’avoir montré cela, je ne peux plus le nier.

« C’est ma boîte… Le Bonheur Défectueux. »

C’est "Aya Otonashi".

Mogi-san détient aussi une boîte ? Ça n’a pas d’importance. Ce n’est pas un argument qui peut être utilisé pour nier Maria. Il n’y a pas besoin de logique. Je m’en suis rendu compte en la touchant. J’ai compris qu’elle est Maria.

Je ne suis pas sûr qu’elle souhaite que quiconque voie cela. Néanmoins, elle me l’a montré.

De sorte que je ne perde pas face à la Classe Rejetée.

« Maria, je suis désolé… »

Maria secoue sa tête avec un sourire.

« … »

Je ne supporte pas mes sentiments.

J’ai compris… J’ai compris qu’elle est « Aya Otonashi » et non « Kasumi Mogi ». Pourtant, mes sentiments pour elle n’ont pas changé. Son sourire me semble terriblement mignon. Les restes de mon amour continuent de m’embrouiller au lieu de disparaître.

Je me sens mortifié par la force de mon attachement à cet amour que mes larmes ne s’arrêtent simplement pas de couler.

« Kazuki. »

Maria prononce mon nom.

« Eh ? »

Elle fait alors quelque chose d’incroyable.

Elle m’enlace.

Je sais ce qu’elle fait, mais je ne comprends pas pourquoi.

Son étreinte est timide, c’était tout à fait inattendu de la part de Maria.

« Tu étais le seul qui s’est souvenu de mon prénom. »

Maria parle mystérieusement.

« Sans toi, j’aurais été seule. Je n’aime pas l’admettre, mais tu m’as soutenue, même quand je pensais que tu étais le propriétaire. Donc… »

Je reconnais enfin ce qu’elle fait.

« … laisse-moi te soutenir cette fois. »

Elle m’enlace de près. Contrairement à ses paroles, son étreinte est faible. Elle est plus en train de m’envelopper que de me soutenir.

« Je suis heureuse de t’offrir de la gentillesse, au moins tant que tu sembles encore m’aimer. »

Je ne sais pas.

Je ne sais pas si cette émotion est dirigée vers « Kasumi Mogi », « Aya Otonashi » ou les deux.

La seule chose que je sais est que je suis incroyablement heureux.

« Ah. »

Peut-être…

Peut-être que Maria ne m’a pas laissé toucher sa boîte pour mon bien. Après tout, Maria ne voulait pas que je l’appelle « Kasumi Mogi ». Cela veut dire qu’elle voulait que je reconnaisse son existence.

Après avoir considéré cette hypothèse pendant un bref instant, j’admets que je réfléchis trop et je ris involontairement.



« Hoshii, de quoi t’as parlé avec Kasumi quand je suis parti ? »

Les cours sont finis. Haruaki me frappe la poitrine avec un gros sourire sur son visage.

« Je sais. Elle t’a fait une déclaration, c’est ça ? »

« Ah… non… »

Enfin, elle m’a déclaré qu’elle est « Aya Otonashi », donc en quelque sorte, il a raison.

« Oh ? Tu essayes d’esquiver ma question ! Il y a anguille sous roche ! Me dis pas que j’ai touché dans le mille !? Merde, je suis jaloux ! Kasumi est devenue vraiment jolie, pas vrai ? »

Ah, je vois.

En écoutant les propos enjoués d’Haruaki, je comprends enfin ce que je dois faire.

Bien que la réunification avec Maria fût très rassurante, j’étais incapable de savoir quoi faire par la suite parce que « Kasumi Mogi », la propriétaire, avait disparu.

"Si tu fais de Kazuki Hoshino ton ennemi, tu te confronteras aussi à un immortel !"

Je me souviens de ces mots qu’Haruaki avait une fois prononcés à Maria. Cela s’était produit il y a bien longtemps, donc je ne suis pas sûr que ce soit vraiment ses mots exacts.

Oui. Je dois obtenir son soutien, quoi qu’il arrive.

« Haruaki. Est-ce qu’on peut reprendre la discussion qu’on avait tout à l’heure ? »

Il est surpris pendant un instant quand je lui demande ça d’un coup, mais il sourit et hoche la tête.

« Je t’ai dit tout à l’heure que j’ai compris ce que je devais faire, pas vrai ? Laisse-moi te faire part de ma conclusion. »

Je regarde dans les yeux d’Haruaki et déclare la guerre.

« Je vais me battre contre la Classe Rejetée. »

Il écarquille les yeux quand il entend ma vive déclaration.

« Euh, écoute… Je te l’ai pas expliqué clairement ? Même si on est dans la Classe Rejetée, ça devrait pas avoir d’importance tant que t’es pas au courant. »

« Ouais, mais je ne peux simplement pas l’accepter ! Je ne peux pas accepter une vie quotidienne où je peux rien faire progresser parce que tout se répète ! »

« Pourquoi ? »

« Parce que… je le sais, là, maintenant. »

Peut-être que ma vie continuera sans incident si j’oublie simplement que je suis dans la Classe Rejetée.

Cependant, j’en suis conscient. Je sais que ce monde n’est rien d’autre qu’une fausse vie quotidienne.

Par conséquent, je ne peux l’ignorer.

Peut-être est-ce de l’autosatisfaction. Néanmoins, je suis convaincu que j’ai raison et je ne peux pas agir différemment.

« … Bah, ça dépend que de toi, mais il y a une raison qui t’as décidé à devenir aussi obstiné ? » me demande Haruaki avec curiosité.

Une raison… ? La raison pour laquelle j’insiste aussi fortement pour mener une véritable vie quotidienne ? … En effet, mon attachement à ma vie de tous les jours n’est peut-être pas normal.

« Tu donnes l’impression que ta vie en dépend, » murmure Haruaki.

Ah, c’est vrai. C’est ça. La raison est tellement évidente.

« C’est… le sens de la vie. »

Haruaki ouvre grand les yeux sous le coup de la surprise.

« Le sens de la vie ? C’est quoi ça ? Tu veux dire quoi par ça ? »

« Je ne peux pas l’exprimer exactement, mais… par exemple, obtenir 100 points à un test auquel t’as pas étudié du tout ne te rendra pas heureux, pas vrai ? Mais quand tu obtiens 100 points après avoir bossé très dur pour essayer d’avoir une bonne note, tu deviens très heureux, non ? »

« Tu marques un point là : J’apprécie beaucoup plus les choses quand je travaille dur pour, même si le résultat reste le même ! »

« À mon avis, poursuivre quelque chose est la raison de la vie. Je ne pense pas que ce soit une exagération. Je veux dire, tout le monde meurt un jour ou l’autre. La conséquence de la vie est la mort ! Ne se soucier que du résultat final me fait peur. »

« Tout le monde meurt un jour ou l’autre… C’est vrai. »

« Si c’est la Classe Rejetée où tout devient invalide, alors je ne peux pas l’accepter. Je dois m’engager dans ma véritable vie de tous les jours dans le but de protéger le sens de ma vie. Donc, je nie la boîte qui nie la véritable vie quotidienne. »

Haruaki écoute ma déclaration avec grand intérêt.

… Peut-être que je n’avais pas besoin de lui dire tout ça. Haruaki m’aurait probablement aidé de toute façon.

« Haruaki, comptes-tu m’aider ? »

Sans perdre un instant, Haruaki me lève son pouce.



Comme Haruaki l’avait suggéré, nous décidâmes d’impliquer aussi Kokone et Daiya. Nous nous rassemblâmes tous les cinq autour du lit de l’hôtel haut de gamme que j’avais précédemment visité avec Maria.

J’explique toute l’histoire à Kokone et Daiya.

En fait, je m’attendais à ce que Maria se plaigne en disant que ce serait une perte de temps, mais elle resta principalement silencieuse et ajouta quelques commentaires de temps en temps. Peut-être qu’elle souhaitait entendre d’autres opinions sur le sujet.

« Hmm… Donc tu nous dis que Kasumi est en fait Aya Otonashi-san et non Kasumi, que la véritable Kasumi est la propriétaire qui a créé la Classe Rejetée et qu’on ne sait pas où elle se trouve… Et maintenant tu veux une solution, hein… ? … Je ne comprends rien de ce que tu diiiiiis ! Tu m’as perdue ! » Kokone se laisse tomber sur le lit. « Oh, ce lit est génial. »

« Je ne t’ai pas demandé tes impressions sur le lit, par contre. »

« Je sais ! » crie-t-elle en réponse à ma plaisanterie. Kokone est probablement en train de réfléchir sérieusement sur le sujet malgré son comportement.

« Laisse-moi poser une question, » déclare Daiya. « Si on est à l’intérieur de la Classe Rejetée, cet accident supposément inévitable va se reproduire, pas vrai ? »

« Il devrait, ouais, » répond Maria.

Hein… ? Daiya prend ça au sérieux ?

« C’est quoi ce regard stupide, Kazu ? À ouvrir et fermer ta bouche comme ça… T’es une carpe devant un hameçon ? »

« Ah, non… J’étais juste surpris que tu croies aussi facilement ce qu’on a dit au sujet de la Classe Rejetée. »

« Ha ! C’est ça, » crache Daiya.

« Euh, hein… ? »

« Je m’en ficherais si c’était juste vous deux qui étiez timbrés, mais même Mogi dit des choses bizarres en ce moment. Il doit y avoir d’autres explications sur ce qu’il se passe, mais c’est trop fatigant de le théoriser. Donc j’ai décidé d’arrêter d’être sceptique et d’accepter momentanément la Classe Rejetée par commodité. »

En gros, il va nous aider ?

« Et alors, Daiyan ? L’accident pourrait se reproduire. Et donc ? » Haruaki le presse de continuer.

« Ouais. Qui sera la victime si l’accident se produit comme d’habitude ? Mogi n’est plus là, non ? »

« Ça va être moi, j’imagine… Ce serait normal que je prenne aussi ce rôle, vu que sa position m’a été forcée. »

« La victime a toujours été Kasumi ? » demande Haruaki.

« Non, d’autres personnes se font parfois écraser en essayant de la sauver. Il y a eu Kazuki, Mogi, moi et même toi parce que tu as essayé de me sauver pendant que j’essayais de sauver Mogi. En vrai, tu as même fait ça plusieurs centaines de fois. »

« Ouah ! Tu déconnes ? Attends, plusieurs centaines de fois, c’est pas un peu impossible ? … Ah, non, pas nécessairement, hein. C’est plutôt plausible que la même personne agisse de la même façon dans la même situation. »

« Encore pire, dans la plupart des cas, tu me fais une déclaration au préalable, » soupire Maria.

« Un homme qui se sacrifie pour sauver la femme qu’il aime… Génial ! J’suis pas trop cool !? »

« Pour être honnête, tu aurais mieux fait de te mêler de tes affaires. »

« T’es cruelle. »

« Bah, essaye d’imaginer ce que j’ai ressenti. Tu n’as aucune idée d’à quel point c’est insoutenable de regarder quelqu’un se sacrifier pour toi parce qu’il t’aime… Ce que tu as fait était de mettre l’accent sur l’arrogance de ma poursuite de la boîte. C’était de loin la méthode la plus douloureuse pour briser ma volonté, haut la main. »

« Hmm… » Haruaki grimace.

Mais j’imagine qu’il n’a pas de regret, puisque ses actions en elles-mêmes n’étaient pas méchantes.

« Tant qu’on y est, combien de fois je me suis déclaré, Aya-chan ? »

« Exactement 3000 fois. »

« Ouah, je suis dévoué… »

« Donc tu t’es fait rejeter 3000 fois ! Ce doit être un tout nouveau record ! T’es si mauvais que c’en est presque adorable, Haru ! »

« Ta gueule, Kiri ! »

Ces deux-là ne cessent jamais de m’amuser.

« Mogi… Ah, non, je vais t’appeler Otonashi pour le moment. Otonashi, pourquoi est-ce que Mogi se dirige vers la scène de l’accident à chaque fois alors qu’elle sait ce qu’il va s’y produire ? »

Maria hausse un sourcil devant la question de Daiya et répond :

« Parce que ça fait partie des règles de la Classe Rejetée. Oomine, il n’est sûrement pas nécessaire de te le dire, mais j’ai essayé de prévenir l’accident à de nombreuses reprises. »

« Oui, évidemment que tu te sacrifierais pas directement. C’est bien plus normal de penser que t’es arrivée à ce mode de conduite après un certain temps. Moi, par exemple, je choisirai jamais de me faire renverser. »

« Hé, pourquoi vous parlez de l’accident ? Rien ne sera résolu si on ne trouve pas Kasumi, non ? »

Kokone incline sa tête sur le côté en les interrompant. Daiya détourne le regard avec mécontentement.

« Ce générateur de bruit humanoïde me tape sur les nerfs. »

« Hahaha. Si seulement tu te faisais renverser 20000 fois par un camion, hein ? ☆ »

« Juste pour savoir, Kiri, mais comment comptes-tu trouver Mogi pour nous ? »

« Bah… j’en sais rien. Pourquoi ? T’as une meilleure idée !? »

« Aucune. »

« Hoho… je suis étonnée que tu puisses jouer les innocents en me traitant de générateur de bruit. Pourquoi tu ne laisserais pas tomber ton nom "Oomine" pour t’appeler "M. Innocent" à la place ? Daiya Innocent. Ouah, ça colle parfaitement ! »

« Je ne suis pas le seul sans idée. Personne d’autre n’en a. Pas vrai ? »

Haruaki et moi nous échangeons des regards. Bah, Daiya a raison. Si on le savait, on aurait proposé quelque chose directement.

« Donc, on doit chercher une autre solution. Du coup, j’ai abordé l’accident de camion, qui est évidemment un événement particulier dans cette récurrence. C’est raisonnement tout ce qu’il y a de plus logique. Mademoiselle l’humanoïde génératrice de conneries, est-ce que mes explications vous sont parvenues ? »

« Argh… »

Kokone claque des dents avec contrariété, vaincue par ses explications.

« En tout cas, on pourrait progresser en empêchant l’accident, donc ça vaut le coup d’essayer. C’est ton point de vue, c’est ça, Daiyan ? »

Daiya hoche la tête en réponse au résumé d’Haruaki.

« Exactement. Mais il n’y a aucun intérêt si on peut pas l’empêcher. »

« Non… » Maria conteste sa remarque. « Ça peut valoir le coup d’essayer. Mes actions étaient limitées quand j’étais seule, mais avec autant de monde, le résultat pourrait être différent. »

« Le nombre de personnes est vraiment important ? Zéro reste toujours zéro, peu importe par quoi on le multiplie. C’est pas la même chose pour le genre d’impossibilité à laquelle on est confrontés ? » objecte Daiya.

« Je comprends où tu veux en venir, mais je pense qu’il y a encore une possibilité. Les conditions ont changé après tout ; Je ne suis pas Mogi, mais "Aya Otonashi", donc la probabilité n’est peut-être plus du tout zéro. Il n’y a aucune raison de ne pas améliorer ses chances en augmentant le nombre de personnes impliquées, tu ne trouves pas ? »

Daiya croise ses bras et réfléchit un moment. Il finit par hocher la tête en répondant « Tu as raison. »

« Très bien ! C’est décidé, on fait ça ! On va empêcher l’accident d’une façon ou d’une autre ! Des objections ? »

Personne ne conteste l’exclamation d’Haruaki.

Ouais. Ça devrait probablement fonctionner.



Il est tôt dans la matinée, une heure avant l’heure habituelle de l’accident.

Nous nous trouvons avec des parapluies à la scène de l’accident, au carrefour.

Haruaki et moi sommes supposés sauver Maria si nécessaire. Ce sera dangereux si l’accident se produit encore, mais nous avons tous les deux choisi nos rôles de nous-mêmes.

Maria était supposée trouver et entrer par effraction dans le camion en question. Elle avait conclu que ses chances de se faire renverser par le camion seraient minimisées si elle s’asseyait simplement sur le siège du conducteur.

Je suis nerveux. On ne doit pas échouer. Je n’ai pas fermé un œil hier. Pour calmer mon anxiété et avec le désir de confirmer quelque chose, j’ai parlé avec Maria par téléphone pendant plusieurs heures.

Je regarde le visage d’Haruaki.

Contrairement à moi, il ne semble pas nerveux. Son expression est complètement normale. C’est le visage que j’ai toujours vu dans la Classe Rejetée.

Cette fois, on arrivera peut-être à détruire la « Classe ».

Que l’accident se produise ou non.

« Haruaki, j’aimerais te parler un peu pendant qu’on attend, OK ? »

« Pourquoi tu es si formel ? Bien sûr que c’est OK ! »

Je regarde instinctivement le ciel quand j’entends le bruit des gouttes de pluie tomber sur mon parapluie.

« C’est au sujet de Mogi-san. »

« Kasumi ? Hmm, pas Otonashi-san, mais l’originale ? »

Je hoche la tête.

« Je ne t’ai pas dit qu’elle… nous a tués, pas vrai ? »

« … Oula ça semble plutôt violent, eh ? » Haruaki lève un sourcil.

Je n’avais pas spécialement essayé de l’empêcher de le découvrir. Je ne pouvais simplement pas m’en souvenir jusqu’au au moment où je me suis rendu compte que Mogi-san est la propriétaire.

Et comme si mes menottes s’étaient brisées au moment où je me suis rappelé de l’identité du propriétaire, j’ai regagné tous mes souvenirs de l’itération précédente.

« Elle m’a tué moi, Maria, Kokone et même probablement toi. »

« … On s’est fait tuer ? Par Kasumi ? Pourquoi ? Dans quel but ? »

« Elle l’a fait dans le but de "rejeter" les autres ! À la base, tout est rendu invalide et vide au sein de la Classe Rejetée. Donc même si tu tues quelqu’un, cette action reste réversible. Mais on dirait que Mogi-san est capable de "rejeter" les autres en les tuant de ses propres mains. Je pense qu’elle le fait parce qu’elle peut alors souhaiter de ne jamais revoir cette personne du plus profond de son cœur. »

Haruaki hoche la tête avec une expression sérieuse. Je lui ai déjà expliqué le phénomène de « rejet », et qu’une fois qu’il se produit, plus personne ne peut se souvenir dela personne « rejetée ».

« Notre Kasumi a fait ça, euh… c’est plutôt incroyable. Mais… bon, c’est pas surprenant que même Kasumi soit devenue comme ça après avoir expérimenté presque 30000 itérations, j’imagine. Normal. »

« Tu le penses vraiment ? » je demande.

« Hmm ? Je veux dire, c’est peut-être difficile à imaginer, mais n’importe qui deviendrait fou dans une telle situation, non ? »

« C’est vrai. Mais tu sais ? Même si tu devenais fou, tu ne commettrais toujours pas de meurtre. C’est normal de penser de cette façon ! »

« Tu crois ? T’es pas trop fixé sur ton propre point de vue ? »

Peut-être. Mais je ne peux pas le croire. Je veux dire, commettre un meurtre ne pouvait devenir qu’une méthode efficace pour « rejeter » parce que ça la faisait culpabiliser. Je ne peux pas croire qu’une telle personne puisse penser à un acte aussi inhumain d’elle-même.

« … tu t’es déclarée à Maria 3000 fois et t’es fait renverser des centaines de fois à sa place, pas vrai ? »

« J’imagine. Même si dans mon état actuel, je ne peux pas m’en souvenir. »

« Ouais, mais au bout du compte : tes actions l’ont tourmentée, pas vrai ? »

« Ah… pas volontairement, par contre, » dit Haruaki avec un sourire amer.

« Elle s’est sentie tourmentée parce que le moindre message, aussi absurde qu’il soit, gagne du poids une fois répété autant de fois. Par exemple : peu importe à quel point tu as confiance en ta beauté, si quelqu’un te dit que tu es hideux un millier de fois, tu perdras cette confiance en toi… même si la remarque n’était qu’une plaisanterie. »

« Ouais, j’imagine. »

« Donc, Maria n’a pas pu s’empêcher d’être consciente de toi quand tu t’es déclaré à elle 3000 fois. Et on parle de Maria. Crois-moi, elle n’était pas insensible quand tu t’es opposée à elle. »

"Si tu fais de Kazuki Hoshino ton ennemi, tu te confronteras aussi à un immortel !"

Je me rappelle ses mots une fois de plus.

« … Oh ? J’ai déclenché le flag pour la route d’Aya-chan ? »

Je souris légèrement et ignore sa blague.

« Du coup, et si quelqu’un suggérait le meurtre comme solution à Mogi-san un millier de fois ? Est-ce que ça ne ferait pas croire à Mogi-san qu’il n’y a aucune autre alternative ? Après tout, elle ne pouvait même pas compter sur quelqu’un et était sur le point de devenir folle. »

Haruaki hoche la tête.

« … J’admets que ce serait dur. C’est même tout à fait probable. Après tout, la personne qui lui parle resterait neutre. Ses actions et ses valeurs ne changeraient pas. Ce serait tout à fait normal qu’il dise la même chose encore et encore. S’il dit quelque chose une fois, il dira probablement la même chose des milliers de fois. »

« Tu as raison. Mais je ne suis pas inquiet par ce scénario. Ce serait une sorte d’accident, où personne n’est en tort. Mais… »

Je détourne enfin le regard du ciel menaçant.

« … et si quelqu’un avait choisi ses mots et agit uniquement dans le but de l’acculer ? »

Puis… je me concentre sur Haruaki.

Haruaki ne montre pas le moindre signe de gêne même si je l’observe.

« Hmm ? Mais c’est impossible, non ? »

L’expression sur le visage d’Haruaki est parfaitement normale.

« Au contraire ! Par exemple, Maria et moi aurions pu le faire, si on le voulait. Si quelqu’un avait continué de prétendre avoir perdu ses souvenirs quand il interagissait avec Mogi-san, c’est possible ! »

Haruaki écoute silencieusement mes paroles sans soulever d’objection.

« J’ai d’abord pensé qu’être capable de conserver ses souvenirs serait un avantage. Après tout, plus on a d’information, mieux c’est, pas vrai ? Mais ce n’est pas toujours vrai. Conserver ses souvenirs signifie aussi que tu te feras attaquer continuellement par ceux qui ont perdu leurs souvenirs, et par ceux qui prétendent les avoir perdus. Les personnes qui ont perdu leurs souvenirs se trouvent en lieu sûr. Ils peuvent attaquer ceux d’entre nous qui se tiennent en première ligne depuis leur position. »

J’ai fait l’expérience d’une telle attaque quand la fille que j’aime m’a répondu avec un "Attends jusqu’à demain s’il te plaît" à ma déclaration. Même si pour être honnête, elle ne se trouvait pas en lieu sûr.

« Et si quelqu’un avait délibérément attaqué Mogi-san depuis ce lieu sûr ? Quelqu’un qui était au courant de sa douleur, qui s’est arrangé qu’elle ne s’échappera pas et qui lui a présenté l’option "meurtre". Dans ce cas… »

« Dans ce cas, ce gars a manipulé Kasumi et a délibérément contribué aux meurtres, » dit Haruaki avec désinvolture.

Il ne dément pas mes propos.

« On ne peut pas être sûrs que Mogi-san est la seule cible. »

« … mais ? »

« Je veux dire, elle n’était pas la seule personne à se tenir en première ligne. Maria et moi y étions aussi. Selon les objectifs de cette personne, il pourrait aussi essayer de nous manipuler, moi et Maria. Non… on est déjà plus ou moins sous son contrôle. »

"…tu veux essayer de me tuer ?"

Je me rappelle d’une personne m’ayant dit cela à un moment.

En fait, j’entends ces mots plus d’une fois. Cette personne répète cette phrase sans fin. Ces mots restent bloqués dans ma tête telle une malédiction.

De surcroît, j’ai l’impression qu’une pile de cadavres s’expose devant moi.

Maria, à qui quelqu’un s’était déclaré, avait dû voir cette même personne se sacrifier pour son bien, et s’était également attirée son hostilité.

Ce sont toutes les informations pertinentes que j’ai réussi à extraire de ma mémoire fragmentée. Il pouvait y avoir quelques petits pièges que je n’ai pas relevés.

Attaquant continuellement depuis un lieu sûr sans inconvénient. Même si ses plans ne se sont pas déroulés comme prévu, il pouvait répéter cette attaque autant de fois qu’il le souhaite.

« Si on suppose que nos actions ont été contrôlées par cette personne jusqu’à un certain degré… »

Je déglutis.

« … il a aussi prévu qu’on se retrouve dans notre situation actuelle. »

Haruaki reste silencieux. Son visage est caché par son parapluie, donc je ne peux pas voir son expression.

Le silence demeure. Le bruit de la pluie semble étrangement lourd. J’entends un léger son. Au début, je ne sais pas ce que c’est, mais quand je tends l’oreille, je comprends que c’est un rire étouffé.

Haruaki déplace son parapluie sur le côté de sorte que je vois son visage.

Il me regarde et rit d’un ton amusé.

« D’accord, hmm, Hoshii. C’est quoi le but de cette blague, ou plutôt, de cette grande hypothèse ? D’abord, c’est complètement impossible. C’est pas simple de contrôler les autres, hein ? Bien sûr, c’est une drôle d’histoire, mais pour être honnête, je ne sais pas si c’est acceptable de rire ou non parce que tu sembles si sérieux… Non, oublie ça ; je veux dire, j’ai déjà commencé à rigoler. »

« Oh, j’ai été un peu trop indirect ? »

« … Indirect ? En tout cas, je comprends même pas le but de ce gars. Mais quel qu’il soit, il devrait y avoir une approche plus directe. »

Haruaki parle encore d’une voix claire.

« Ouais. Je ne connais pas non plus son motif. Donc je songeais à te le demander. »

« Me le demander… ? »

Une fois que j’ai dit ça, je serai irrévocablement impliqué.

« Haruaki… »

Mais j’ai perdu toute ma volonté de me retirer il y a longtemps.


« … Pourquoi tu nous as acculés comme ça ? »


Il ne répond pas.

Il cache une fois de plus son visage derrière son parapluie.

Il ne dit rien. Il ne compte probablement pas me dire quelque chose.

« Je ne me souviens pas exactement de comment ça s’est passé, mais nous sommes devenus amis juste après que l’école commence. Et grâce à toi, je suis aussi devenu ami avec Kokone et Daiya. Ma vie scolaire aurait probablement été un peu plus ennuyeuse sans toi. Toutes ses bonnes choses sont arrivées grâce à toi. »

Dans ce cas, je dois parler à sa place.

« Nous n’avons même pas été ami pendant une année complète, mais… »

« Tu ne peux donc pas juger si je ferais quelque chose comme ça ? »

Je secoue ma tête, bien qu’Haruaki ne puisse probablement pas me voir.

« Il y a beaucoup de choses que je ne sais pas à ton su jet. Mais il y a une chose dont je suis sûr. Je peux le dire avec assurance. »

Je déclare.

« Haruaki Usui ne nous acculerait jamais comme ça. »

Je peux enfin voir son expression.

Haruaki me regarde les yeux écarquillés.

« Alors… »

J’en viens enfin au point.


« Alors… qui es-tu ? »


"Oh ? Tu essayes d’esquiver ma question ! Il y a anguille sous roche ! Ne me dis pas que j’ai touché dans le mille !? Merde, je suis jaloux ! Kasumi est devenue vraiment jolie, pas vrai ?"

Haruaki ne faisait que me taquiner à ce moment-là.

Mais quelque chose clochait.

Il y a une règle que la Classe Rejetée impose. Les autres personnes ne remarquent jamais le moindre changement de Mogi-san… pas même lorsqu’elle a été remplacée par « Aya Otonashi ». Alors comment ? Comment ?

… comment a-t-il pu dire que Kasumi est devenue vraiment jolie ?

Ce n’est pas la seule raison pour le suspecter.

Haruaki a été « rejeté ».

Je l’ai moi-même oublié. Mais j’ai d’une certaine façon réussi à me souvenir de lui.

"Je me rappelle de lui parce que c’est un ami cher." C’est comme ça que je l’ai justifié. Mais pourquoi je me souviendrais de lui quand je ne pouvais pas me souvenir de la moindre autre personne qui avait été « rejetée » ?

C’est juste une hypothèse, mais je pense que je ne l’ai pas complètement oublié parce que quelqu’un d’autre a été mélangé à Haruaki.

Ces deux arguments ne servent pas à prouver quoi que ce soit. Je remarque qu’ils ont bien des défauts.

Mais ça n’a plus d’importance.

Parce que je me suis souvenu.

Parce que je me suis souvenu de quelque chose dont je n’aurais pas dû être capable de me rappeler.

"As-tu un souhait ?"

"Ceci est une boîte pouvant accorder n'importe quel souhait."

Les paroles d’une personne qui pouvait prendre l’identité de n’importe qui, mais qui, en même temps, ne ressemblait à personne.

« Dis-moi ce que tu essayes de faire ! »

Et ainsi je prononce son nom.

Je prononce le nom de l’être qui a distribué cette boîte, l’être que j’avais oublié jusqu’à maintenant.

Son nom est…

« … O. »

Et au moment où je prononce son nom…

« Fufu… »

… Haruaki disparaît de son propre visage.

Ce n’est pas comme si son visage avait changé de forme. Haruaki n’est juste plus présent dans le sourire de son visage ; c’est une imitation qui s’est déguisée en utilisant la peau d’Haruaki.

Au moins, la menace qui nous a poursuivis prend forme.

— O.

« Incroyable, personne ne devrait réellement connaître mon nom à l’exception du propriétaire actuel de cette boîte, tu sais ? C’est bizarre. »

« Tu as été négligent avec tes mots. »

« Négligent ? »

O rigole. Il semble véritablement amusé.

« Je n’ai pas du tout été négligent ; pour commencer, il n’y avait aucune raison pour que je sois prudent. Tu es anormal parce que tu es devenu conscient da présence à travers ces indices ! »

« Tu le penses vraiment ? »

« Alors dis-moi, quand tu vois quelqu’un agir un peu étrangement, suspectes-tu directement que quelqu’un l’a remplacé ? »

Je dois admettre qu’il a raison. Peu importe à quel point une personne agit suspicieusement, il est déraisonnable de penser qu’une personne ait pu voler son identité.

« Et pourtant, tu m’as découvert. Ce qui signifie que tu étais au courant de ma présence, une cause possible d’une telle occurrence, même si personne ne devrait être capable de se souvenir de mon existence. »

« Si c’est vrai, comment je me suis souvenu de toi ? »

« Qui sait ? C’est vraiment mystérieux, mais peut-être que l’existence d’Aya Otonashi t’a influencé ? Quand bien même, tu ne devrais toujours pas être capable de me remarquer juste parce que quelqu’un t’a appris quelque chose. »

O parle agréablement et ouvertement. Mais en ce moment, je me fichais de ce dont il parlait.

« … Aah, tu veux comprendre mes intentions ? D’accord ! Il n’y a rien à cacher. Je veux juste t’observer de près. »

En l’entendant dire cela, je commence à la ressentir.

Aah, encore.

Cette sensation étrange et inconfortable que j’ai ressentie quand je l’ai rencontré pour la première fois. Je la ressens à nouveau.

Qu’est-ce que c’est ? Quel est ce sentiment déjà ?

« … Je ne comprends pas ! Pourquoi ça t’as donné envie d’acculer Mogi-san ? »

« Pourquoi ai-je acculé le propriétaire ? Comme je l’ai dit, je voulais t’observer. Bon, laisse-moi être un peu plus clair, » commence à dire O avec amusement. « Je voulais voir comment tu réagirais face à la boîte de quelqu’un d’autre. Quand le vœu impur de Kasumi Mogi consistant à altérer son passé a été accordé, je me suis d’abord inconsciemment réjoui. J’étais heureux parce que j’étais capable d’observer ton implication avec une boîte sur un bon laps de temps… Mais ça ne m’a pas pris longtemps pour comprendre que c’était imparfait. Je préfèrerais t’observer dans autant de situations différentes que possible, mais je ne peux pas faire ça dans la boîte que vous autres appelez Classe Rejetée. Tout le monde agit de la même façon à chaque fois, y compris toi. Peu importe à quel point Kasumi Mogi et Aya Otonashi stabilisent leurs souvenirs, ce n’est pas du tout intéressant si la personne principale – c’est-à-dire toi – ne conserve pas ses souvenirs. »

Je me prends dans mes bras en réponse au malaise que je ressens.

« J’ai donc décidé d’interférer avec vous autres. J’ai pris le contrôle d’Haruaki Usui parce que sa position centrale me permettait facilement de vous influencer tous les trois. Enfin, j’ai construit un joli petit coin pour moi en utilisant Haruaki Usui, Aya Otonashi et Kasumi Mogi, et je me suis assuré que tu conserves ta mémoire. Grâce à ça, j’ai pu t’observer bien comme il faut ! »

« Donc, tu veux dire que tu as manipulé Mogi-san pour qu’elle me tue parce que tu le voulais… ? »

« Oui, je voulais voir comment tu réagirais face à une attaque mortelle de la part de la fille que tu aimes. »

… Pour cette simple raison, Mogi-san a été forcée de souffrir continuellement.

« Ah, c’est aussi pourquoi je t’ai induit à l’aimer, bien sûr. »

« Que… »

Mes sentiments ont été induits ?

« Oh ? J’étais sûr que tu l’avais remarqué. Ah, je vois. Alors tu ne voulais pas le remarquer. Eh… C’est pour ces moments-là que cela vaut le coup d’être proche de toi. Pour dire la vérité, je n’ai pas besoin d’être dans cette boîte pour t’observer. Mais alors je négligerais probablement des moments comme celui-là. Regarder depuis l’extérieur de la boîte est très ennuyeux ; c’est presque comme observer à travers les lentilles d’un télescope super efficace de très loin depuis l’espace. Tu peux voir ce que tu veux, mais il est pour ainsi dire impossible de rester concentré. C’était donc vraiment une chance que je puisse t’observer de près en tant qu’Haruaki Usui ! »

Je comprends enfin ce sentiment inconfortable.

Oui. C’est de… l’effroi.

Ce n’est pas comme si je n’avais jamais été effrayé jusqu’à maintenant, mais cette frayeur est si différente de la normale que je n’ai pas pu la reconnaître au début.

« Eh bien, Kazuki Hoshino-kun. Que vas-tu faire ? »

Je ne peux pas formuler de mot.

Comme je suis devenu conscient de cette terrible frayeur, je ne peux même pas ouvrir la bouche.

« Croyais-tu que tout serait résolu une fois que tu aurais démontré que "je suis à l’intérieur d’Haruaki Usui" ? J’ai une apparence totalement humaine actuellement, et comme je suis aussi un meurtrier, tu pourrais juste me remettre à la police et t’arrêter là pour aujourd’hui. Mais ce n’est pas ça, pas vrai ? Ton but est de regagner ta vie quotidienne, n’est-ce pas ? Me parler ne résout rien ! »

Il est dangereux. Bien plus dangereux que tout ce que j’ai pu rencontrer.

« C’est aussi pourquoi je n’ai pas pris la peine de camoufler ma transformation en Haruaki Usui. En effet, la boîte est en ma possession en ce moment parce que je l’ai volée à son propriétaire. Je pourrais te la montrer tout de suite, mais il est inutile de le faire. Je n’ai pas à te la remettre juste parce que tu t’es souvenu de moi. Et tu n’as pas non plus la force de m’y contraindre. »

Il s’intéresse à moi. Mais seulement en tant que cobaye. Ni plus ni moins. Et bien évidemment je n’ai aucune idée de comment m’occuper de quelqu’un qui me traite de cette façon.

Donc…

« Eh bien, tu as tout à fait raison. »

… la personne qui lui répond comme ça n’était clairement pas moi.

« Kazuki seul n’a pas ce pouvoir. »

O me regarde, essayant de comprendre d’où provient cette voix.

Elle vient de mon sac.

Le klaxon d’un camion résonne lourdement. Avec son moteur rugissant, un grand camion accélère vers nous. O regarde dans sa direction et fronce légèrement ses sourcils. Le camion qui fonce vers nous me semble terriblement familier.

Assise sur le siège du conducteur… se trouve Maria.

« Tu m’as manquée, O ! »

La voix résonne depuis mon sac. Elle provient du portable avec lequel j’ai appelé pendant toute notre conversation.

Le camion tourne dans notre direction, mais nous restons sur place. J’entends le son d’un freinage d’urgence retentir, mais la pluie empêche les freins de fonctionner correctement. Le camion se rapproche de plus en plus près, mais O ne bouge pas d’un pouce. Quand je le vois rester immobile, j’en fais autant, mais je ferme instinctivement les yeux.

Le son du freinage d’urgence disparaît.

J’ouvre mes yeux. Le camion s’est littéralement arrêté devant mes yeux.

« Qu’est-ce que cela était supposé accomplir ? » O sourit légèrement en posant cette question à la personne sur le siège conducteur.

« C’est juste un petit bonjour. Quelle chance que tu ne te sois pas fait écraser comme substitut pour Kasumi, hein ? »

J’entends sa voix en stéréo, de devant moi et depuis mon sac. Après m’être écarté du camion, Maria retire enfin ses écouteurs Bluetooth et met fin à notre appel.

O regarde Maria. Elle se trouve devant nous sans parapluie.

« Alors tu as écouté toute notre conversation ? En d’autres mots, cette stratégie ridicule était une diversion depuis le début ? Quel dommage… J’aurais adoré voir Kazuki-kun être découragé par son échec. »

« Je prenais cette stratégie au sérieux au moment où tu l’as proposée. Mais finalement, on dirait que Kazuki était au courant de ta véritable forme et m’a laissée dans le noir. »

Ce n’était pas mon intention, cela dit. Je ne savais juste pas quand lui annoncer que j’avais fait cette découverte.

Cependant, je m’étais assuré de pouvoir avoir une discussion en privé avec Haruaki en obtenant sa coopération.

« Mais c’était la bonne décision finalement. Si j’avais été auprès de Kazuki, tu aurais pu continuer de jouer les ignorants. »

« As-tu volé le camion juste pour apparaître comme si tu venais de loin ? Eh bien, j’apprécie tes efforts, mais pourquoi devrais-je jouer l’ignorant si tu étais présente ? Tu es peut-être une boîte, mais cela ne veut pas dire que tu es capable de faire quoi que ce soit pour m’opposer. »

« Oh, alors tu ne l’as pas remarqué ? On dirait que mes efforts ont été complètement inutiles ! Eh bien, laisse-moi te demander : Tu es au courant de mon Bonheur Défectueux, pas vrai ? »

« Oui, je suis au courant. Et je sais aussi qu’il ne t’aidera pas contre moi. »

Maria se moque de O.

« Ha, tu ne comprendras vraiment jamais les humains. Peut-être que tu pigeras si je le formule ainsi : "Je me suis préparée à t’effacer". »

O réagit à ses mots avec un sourire en coin.

« Tout ce que tu peux faire est d’entasser les autres dans ta propre boîte, non ? Alors comment seras-tu capable de faire cela ? »

« On dirait que tu ne sais toujours pas pourquoi j’étais obsédée par Kazuki. »

Elle prononce soudainement mon nom. O me regarde. Bien que ses yeux soient bienveillants, ils m’effrayent. Ce sont les yeux de quelqu’un regardant un morceau de porc et réfléchissant à comment le cuisiner.

« … Je vois. »

O sourit.

« Alors tu l’as enfin compris. Kazuki a un don pour utiliser les boîtes. Il pourrait même être capable de maîtriser mon Bonheur Défectueux. Et il souhaiterait certainement que sa vie de tous les jours continue. Que sa vie de tous les jours soit débarrassée des êtres qui la menacent. Comme les boîtes. Comme toi. »

Maria jette un regard noir à O en déclarant cela.

O n’est pas submergé par ses mots. Il n’est ni surpris ni étonné. Il baisse juste douloureusement les yeux.

« Je vois. Alors tu n’as pas du tout changé, » dit O.

À la fille qui est devenue plus qu’une humaine après avoir vécu 27755 boucles.

« Mais une boîte inférieure comme toi disparaîtrait aussi, n’est-ce pas ? »

Maria ne tressaillit même pas.

« J’en suis consciente. »

« J’imagine. »

O, cependant, semble toujours attristé. Il ne semble même pas s’inquiéter de la possibilité de se faire effacer.

« Ne peux-tu toujours pas vivre pour ton bien ? Ne peux-tu vivre que pour le bien des autres ? Je te plains du fond de mon cœur pour vivre aussi misérablement ! »

« Va en enfer avec ta pitié. »

« Au début, j’étais intéressé par tes traits de personnalité insolites, mais c’est inutile. Un humain qui n’a pas le moindre désir personnel n’est pas différent d’un robot. Je pourrais tout aussi bien observer un aspirateur. Tu es l’existence la plus ennuyeuse au possible ! »

Maria serre ses dents, vexée après avoir entendu sa critique. Rien de plus normal. Au lieu d’être perçue comme un adversaire, l’ennemi la prend en pitié.

« D’accord. Je ne veux pas être effacé, alors faisons un marché. Je vais te remettre la boîte. En échange, je veux que tu me laisses partir. Qu’en penses-tu ? »

« … Hmpf, ces conditions ne sont pas trop en ta faveur vu que tu es sur le point d’être effacé ? »

« Tu devrais être reconnaissante que je prenne même la peine de répondre à ta misérable menace. Il n’y a aucune garantie que Kazuki-kun utilise vraiment ta boîte. Je ne veux même prendre la peine d’estimer à quel point la probabilité que je disparaisse serait faible, si jamais il utilisait ta boîte. Je fais ce geste de conciliation inutile seulement pour exprimer mon respect à Kazuki-kun pour m’avoir découvert, tu sais ? »

« De conciliation ? Ce que tu vas nous remettre est une vieille cage à oiseau dans laquelle tu as emprisonné Kazuki. Tu peux préparer autant de cages à oiseau que tu veux, non ? Tu étais déjà lassé de celle-ci, et tu allais la changer pour une nouvelle bien assez tôt, pas vrai ? »

« Je laisse cela à ton imagination. »

« Hmpf… Kazuki, tu es d’accord avec ce marché ? »

Maria demande mon approbation. Je hoche la tête. Ça me va tant qu’on peut faire quelque chose au sujet de la Classe Rejetée.

« Kazuki Hoshino-kun. Puis-je te donner un conseil ? » me demande O. « Tu es quelqu’un qui ne souhaite pas le changement. Mais la plupart des propriétaires le souhaitent exactement quand ils obtiennent une boîte. Ils veulent peut-être gagner quelque chose, ils veulent peut-être devenir quelque chose, ils veulent peut-être se débarrasser de quelque chose… ils essayent tous de faire de leurs désirs une réalité. Par conséquent, tu te retrouveras automatiquement en conflit avec eux. »

Je fronce les sourcils parce que j’échoue à comprendre l’intention derrière ses mots.

« Kazuki Hoshino-kun. Te considères-tu anormal ? » me demande-t-il.

« … Je suis normal. »

Il sourit à ma réponse.

« Je vois. Mais j’ai bien peur que ce ne soit pas le cas ! Cependant, il n’y a pas besoin de t’inquiéter si tu n’aimes pas être anormal. Tu ne peux pas rester ainsi bien longtemps. Les gens comme toi finissent soit rejetés par la société soit finissent par s’y adapter avant de perdre leur anormalité. Ne t’inquiète pas ! Tu fais définitivement partie de la seconde catégorie. » Il me dit tout cela sans perdre son sourire.

« Et c’est cela… que tu es véritablement infortuné, » dit-il avec régal. « Ce que je veux dire, c’est que tu sais désormais que ces failles existent. À chaque fois que tu feras face à la malchance, tu souhaiteras avoir eu une boîte. Peu importe à quel point tu te débattras dans le but de les oublier, les boîtes existent bien. Les boîtes qui exaucent n’importe quel vœu existent bien. Tu seras incapable d’oublier l’existence de cette faille. Et finalement, quand tu auras vécu en en étant conscient pendant longtemps, le moment viendra où tu auras besoin d’une boîte ! »

Il sourit toujours.

Aah, je vois…

Je lui redonne la boîte. Mais il était futile de faire cela. J’étais déjà prisonnier de la malédiction de O.

« Le moment venu, quand tu auras besoin d’une boîte, tu auras peut-être déjà perdu ton anormalité. Si c’est le cas, tu ne seras plus capable de contrôler la boîte. Cela réduira un peu mon intérêt à ton sujet. Donc, je vais continuer d’interférer avec toi et ton entourage à partir de maintenant… pour susciter ton intérêt envers une boîte. »

Qu’aurais-je dû faire pour éviter d’être maudit ?

— Il n’y avait probablement aucun moyen d’éviter cela.

Je… non, nous avons déjà perdu dès le moment où nous avons rencontré O pour la première fois.

« Naturellement, je te fournirai une boîte même si tu perds ton anormalité. Je m’en fiche, tant que tu me laisses écouter ton son. »

« … Mon son ? »

« Oui, j’aime toute la palette de couleurs que l’humain peut produire, mais il y a un son que je préfère. Si possible, j’aimerais que tu me laisses écouter ce son. … Hmm ? Quel genre de son, tu me demandes ? Mon goût est complètement ordinaire, donc je pense que tu le sais déjà. C’est… »

Il sourit et continue,


« … le son des cœurs qui craquent. »


À ces mots, le O qui ressemble à Haruaki disparaît.

Une petite boîte tombe au sol là où O se tenait. Quand je tends le bras vers elle, elle commence à s’étendre.

Immédiatement après, le paysage entier autour de nous commence à se démonter. Je peux voir les murs de ce monde. Le papier peint blanc commence à tomber en miettes. La douceur qui s’était collée à ma peau disparaît, laissant derrière elle une sensation inconfortable. L’intérieur de mes oreilles commence à s’affoler et tout commence à tourner. Le son de la destruction. Le son de la destruction. Le son de la destruction d’une personne. Cet endroit est rempli de désespoir. D’un indéniable désespoir.

Le faux paysage s’est fait effacer et nous nous trouvons dans une chambre sombre. Une petite, petite chambre qui me rendrait sûrement malade en une demi-journée.

C’est probablement… l’intérieur de la boîte.

Et dans cette sorte de prison, elle est accroupie. Son front pressé contre ses genoux et ses bras entourant ses jambes.

C’est la fille que j’aime.

« … Mogi… san. »

En entendant mes mots, elle lève lentement son visage.

« Ah… »

Ses yeux semblaient presque morts jusqu’à maintenant, mais une faible lueur s’y allume.

« J’y crois pas ! C’est impossible que tout puisse aller aussi bien pour moi ! »

Des larmes coulent le long de ses joues.

Au début, je suis très confus, mais je comprends vite pourquoi.

« Tu es vraiment venu me sauver. »

Je vois.

Elle est enfin capable de pleurer à nouveau.

« Mogi-san, je suis désolé. Mais je compte détruire la Classe Rejetée. »

« … Oui. »

Mogi-san hoche la tête en pleurant.

« Je compte te laisser mourir dans l’accident. »

« … Oui. »

Elle sèche ses larmes.

« Tu peux détruite la boîte. Tu peux aussi mettre fin à ma vie. Mais attends un peu s’il te plaît. Il y a quelque chose que j’aimerais te dire. »

Mogi-san commence à chercher quelque chose dans son sac. Elle le sort et le cache dans son dos.

Maria fronce les sourcils devant le comportement de Mogi-san.

« Mogi… pas encore… »

Mogi-san ignore Maria et s’approche de moi, cachant ses mains derrière son dos.

« … Attends, Mogi ! Arrête ça s’il te… »

« Tu te trompes, Maria, » lui réprimandé-je. Je ne peux pas voir ce que Mogi-san cache. Mais je sais déjà ce que c’est.

Maria réagit à mes mots avec une expression douteuse et marche derrière Mogi. Quand elle reconnaît l’objet dans ses mains, elle sourit ironiquement avec stupéfaction.

« Kazu-kun, penses-tu qu’il y a des sentiments éternels ? » me demande Mogi-san.

Je sais quoi répondre tout de suite, mais ce ne sera pas une réponse plaisante pour elle.

Donc, j’ai du mal à le dire.

J’imagine que ma réponse aurait été différente si je n’avais pas vécu la Classe Rejetée. Mais je l’ai vécue. J’ai fait l’expérience du monde qui ressemble à l’éternité. Je ne peux donc pas m’empêcher de penser autrement. Les sentiments éternels…

« … Je ne pense pas qu’ils existent. »

Mogi-san écoute patiemment ma réponse.

Puis elle sourit.

« Oui, je suis d’accord. »

Je regarde dans ses yeux sans réfléchir. Elle semble avoir déjà prévu cette réaction, donc elle continue de sourire et poursuit.

« Mes sentiments pour toi ne sont pas du tout restés les mêmes. Tu as arrêté de m’être cher. J’ai commencé à ne plus t’aimer, je t’ai détesté, je t’ai considéré comme une nuisance. J’étais même sur le point de te tuer une fois. Mais tu sais quoi ? Ça veut dire que je dépendais de toi tout ce temps. Parce que j’ai toujours cru que me sauverais. Toujours, toujours… Je ne pouvais pas t’ignorer. Je sais que c’est le sentiment le pire et le plus égoïste qui soit. Mais tu sais ? Je ne pouvais pas m’en empêcher. Même si je savais que j’étais égoïste. Je sais comment s’appelle ce sentiment. Même si tu ne crois pas aux sentiments éternels, crois cela s’il te plaît. Pendant tout le temps que j’ai passé dans la Classe Rejetée… »

Mogi-san m’enlace très timidement.

Et me donne l’objet qu’elle cachait.

Ses lèvres tremblent juste à côté de mon oreille.

« Je t’ai aimé, Kazu-kun. »

Ses lèvres s’approchent des miennes. Juste quand elles sont sur le point de se toucher, elle s’arrête. Après avoir gardé cette position un moment, elle se retire calmement sans même avoir touché les miennes.

Je lui demande presque pourquoi elle s’est arrêtée, mais je reconsidère parce qu’elle me tend quelque chose.

« Ah… »

Dans mes mains se trouve la raison pour laquelle elle ne pouvait rien faire.

Je comprends et me ronge la lèvre.

Ce n’est pas ce à quoi je m’attendais.

C’est un Umaibō.

Tout va bien, mais ce n’est pas ma saveur favorite, Corn Potage. C’est au Teriyaki Burger. La saveur que je n’aime pas tant que ça. De plus…

… c’est la saveur que Mogi-san était supposée me donner à l’origine.

Pourquoi Mogi-san m’a prise dans ses bras aussi timidement ? Pourquoi ne m’a-t-elle pas embrassé ?

Ce n’était pas la déclaration de la Kasumi Mogi à qui je m’étais déclaré d’innombrables fois, qui m’avait déjà embrassé et qui avait fait l’expérience de la Classe Rejetée.

C’était la première déclaration de la Kasumi Mogi qui existait avant la Classe Rejetée, qui ne pouvait m’appeler que par « Hoshino-kun ».

Je veux revivre le 2 Mars.

Le plus profond regret auquel elle s’était accrochée ce jour-là.

Elle l’avait fait à ce moment-là.

Donc… dois-je répondre comme si c’était le véritable 2 Mars… ?

Je regarde Mogi-san.

Mogi-san me sourit gentiment. Elle attend avec un doux sourire, bien qu’elle sache déjà ce que je vais répondre.

« C’est… »

C’est juste trop cruel !

Je ne veux pas dire une telle chose.

Je veux dire, j’ai aimé Mogi-san. Même si ces sentiments ont été manipulés par O, mes sentiments eux-mêmes n’étaient pas artificiels.

Pourquoi je n’ai pas le choix que de prononcer les mots qui la blesseront ?

Aah, bien sûr.

J’ai « rejeté » cette boîte. J’ai refusé le vœu de Mogi-san. Je vais la laisser mourir dans un accident. Je n’ai pas le droit de lui dire des mots chaleureux.

J’ouvre ma bouche.

Toujours est-il que, c’est plutôt dur de le dire. J’hésite, j’ouvre et ferme ma bouche à de nombreuses reprises, et je suis surpris par le goût d’un liquide salé dans ma bouche.

Mais je ne peux pas penser à d’autres mots à lui dire.


« Attends jusqu’à demain s’il te plaît. »


Mogi-san baisse tristement ses yeux.

Elle était véritablement blessée par mes paroles. Et pourtant, son expression changea instantanément une fois de plus. Elle me dit,

« Merci. »

… avec un sourire.

Avec un sourire du fond de son cœur.


Aah…

Ce sourire me fait finalement souvenir d’une conversation d’il y a bien longtemps.

La conversation qui m’a fait tomber amoureux d’elle.

La conversation qui était le déclenchement de cet amour éphémère.

Un précieux souvenir.


« Hoshino-kun. Puis-je te demander de m’appeler Kasumi… ? »

« Eh ? P-Pourquoi, tout à coup ? »

« Ça peut te sembler soudain, mais j’ai toujours voulu que tu m’appelles comme ça tout ce temps, tu sais ? »

« Je… vois. »

« Alors… c’est d’accord ? »

« D-D’accord… »

« D-Donc, euh… je peux t’appeler Kazu-kun ? »

« Euh… oui, je t’en prie. »

« D-D’accord, alors vas-y. »

« … Kasumi. »

« … Redis-le une fois s’il te plaît. »

« Kasumi. »

« … Merci. »

« Que… ! P-Pourquoi est-ce que tu pleures… !? »

« Hmm ? Je pleure ? »

« O-Oui… ! »

« Eh bien… c’est parce que je suis très heureuse, Kazu-kun. »

Puis Kasumi se mit à rire, même si des larmes coulaient de ses yeux.

Je n’ai jamais vu un tel sourire auparavant.

C’était un sourire rempli d’un pur bonheur.

C’était la première fois que j’étais capable d’apporter autant de bonheur à quelqu’un. C’était une sensation toute nouvelle, donc je me sentais extrêmement heureux.

Apporter du bonheur est quelqu’un est du bonheur en soi.

J’étais heureux d’avoir découvert cette partie de moi, et la fille qui m’a appris ce sentiment devint une existence spéciale pour moi.

Peut-être que je suis simple d’esprit.

Mais sans l’ombre d’un doute, ce sourire a réussi à me changer.


Mais je suis sur le point d’effacer ce souvenir.

Je suis sur le point d’effacer ce tout nouveau sentiment.


Je pense que c’est trop cruel. Je pense qu’il n’y avait pas besoin de faire face à un tel obstacle au dernier moment. Je pense que c’est impitoyable de me faire détruire une telle chose de mes propres mains.

Mais pourtant, j’ai déjà fait mon choix.

J’ai déjà fait ce choix il y a bien longtemps.

Je veux dire, même ce remord disparaîtra directement avec la Classe Rejetée, pas vrai ?

« Maria, tu peux m’accorder une demande ? »

Donc je veux simplement que quelqu’un me donne un petit coup de pouce pendant que j’hésite.

« Vas-y. »

« Tu devrais savoir ce que je vais faire maintenant. »

« Ouais, parce que je t’ai observé bien plus que quiconque dans le monde. »

« Ce que je vais faire maintenant. Je veux simplement que tu me le dises. »

Maria hoche la tête avec une expression sérieuse. Aucun doute, elle sait exactement pourquoi je lui demande ça.

« Tu vas le piétiner ! »

Mais Maria ne mâche pas ses mots.

« Tu vas piétiner le vœu maladroit de quelqu’un d’autre pour le bien du tien ! C’est la seule chose que tu n’abandonneras pas sous aucune circonstance, Kazuki. »

Ouais. Je crois que j’ai raison.

« Donc, tu vas… détruire la boîte. »

Je hoche la tête aux mots de Maria.

J’utilise tout mon bras gauche pour sécher mes larmes.

« Tu as raison. »

Je me place devant le mur.

Le mur gris nous entourant est fin, comme s’il était fait de papier. La boîte n’a plus de pouvoir. Elle renferme à peine mes souvenirs et les empêche de disparaître un peu plus longtemps.

Je veux me retourner et voir l’expression de Kasumi.

Mais je sens que je ne dois pas le faire.

Je lève ma main droite.

Dans le but de détruire la boîte, le vœu de Kasumi, et mes propres souvenirs.

« Merci. Au bout du compte, c’est vraiment toi qui m’as sauvée, Kazu-kun. »

Arrête s’il te plaît !

Tu n’as aucune raison de me remercier. Je ne suis qu’un destructeur. Je ne fais que piétiner ton vœu erroné.

Désolé.

Pardonne-moi de ne pas avoir pu te sauver.

Alors j’ignore sa voix.

Mais, merci.

Comme tu as souri à la fin, je peux enfin croire en moi.

« UAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! »

Je crie de tous mes poumons et frappe le mur aussi fort que possible.

Dans un bruit lourd, le mur éclate facilement, comme du verre.

Je peux me voir avec Kasumi dans l’un de ses fragments. Nous nous sourions l’un à l’autre.

Ce fragment tombe sur le sol, se casse et s’émiette.

Des lumières blanches commencent à briller de l’extérieur. Plus le mur s’effondre, plus l’obscurité est engouffrée par la lumière. Tout se fait repeindre et disparaît à l’exception de nous.

C’est lumineux ; je ne peux rien voir.

Mais quelle cruauté, Kasumi est présente. La Kasumi originale est clairement présente.

Kasumi est allongée sur la route, les membres de travers. Elle est tachée de sang. Ça semble si douloureux que je veux détourner le regard.

Mais Kasumi sourit. Elle sourit de toutes ses forces pour moi.

Sa bouche s’ouvre.

« Adieu. »


Nous sommes ensuite engouffrés dans un blanc pur et nous disparaissons.

La lumière blanche entre dans mon corps. Elle cherche des ouvertures et les envahit violemment, peignant mes entrailles, mon sang, mon cœur et mon cerveau de blanc. Elle envahit même ma mémoire et la blanchit.

Que ce soit mes faux mais précieux souvenirs, les sentiments dont j’ai fait l’expérience, les mots que nous nous sommes échangés…

Tout s’efface et se fond dans le blanc.

Tout s’efface et se fond dans le blanc.

Tout s’efface et se fond dans le blanc…

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