Sword Art Online:Aria dans la Nuit sans Étoiles
Partie 1
Je n’ai vu qu’une fois une vraie étoile filante.
Ce n’était pas pendant des vacances. C’était depuis la fenêtre de chez-moi. Pour les gens qui vivent dans des villes à l’air froid et piquant et aux nuits véritablement noires, les étoiles filantes ne sont pas rares. Mais, malheureusement, Kawagoe, dans la préfecture de Saitama, où j’ai passé toutes les quatorze années de ma vie, n’a aucune de ces qualités. Pendant les nuits sans nuages, même une étoile de magnitude[1] 2 y est à peine visible à l’œil nu.
Mais, un soir, tard, au milieu de l’hiver, j’ai jeté par hasard un coup d’œil par la fenêtre et je l’ai vue. Durant cette nuit noire presque dépourvue d’étoiles, les lumières de la ville formaient une voûte blanchâtre recouvrant le ciel. Mais, en un instant, elle fut coupée par un flash rapide de lumière. L’élève de CM2 que j’allais bientôt devenir eut cette idée enfantine : « Je dois faire un vœu… ». Jusque-là tout allait bien ; mais le vœu qui apparut à mon esprit fut : « Je souhaite que mon prochain monstre drope[2] un objet rare. » C’est le genre de souhait qu’aucune personne raisonnable ne ferait. J’imagine que ça m’est venu à cause d’un MMORPG que j’aimais et auquel je jouais à l’époque. L’étoile filante que j’ai aperçue ce jour-là, je l’ai revue une nouvelle fois, trois (ou peut-être quatre) ans plus tard―luisant de la même couleur, se déplaçant à la même vitesse.
Cependant, cette fois, je ne l’ai pas aperçue à l’œil nu ; et je n’étais pas non plus sous le ciel gris foncé de la nuit.
Je l’ai vue à travers le Nerve Gear―la première interface de réalité virtuelle entièrement sensorielle au monde―, au fond d’un donjon virtuel lugubre.
On pourrait dire de ce combat qu’il était à glacer le sang.
Le monstre humanoïde de niveau 6, « Soldat Kobold[3] des Ruines », donnait des coups avec une hache grossière ; et la personne qui combattait le Kobold arrivait à peine à les éviter. J’ai senti un frisson me parcourir le dos en observant ce combat. Mais, après que le joueur ait évité trois coups consécutifs, le Kobold perdit complètement son équilibre et, au lieu d’utiliser cette occasion pour s’enfuir, la personne lança de toutes ses forces une technique d’attaque pour épée.
Cette technique était la première technique de rapière qu’apprenaient les joueurs : l’attaque en un coup, « Linear[4] ». Cette technique d’épée était activée en tenant une épée devant soi avec sa main dominante, en se concentrant dessus, puis en plongeant l’épée droit devant soi. C’était une technique simple et basique, mais sa rapidité était géniale. Manifestement, la rapidité ne dépendait pas uniquement du système d’assistance aux mouvements, mais était augmentée par les commandes de mouvement du joueur.
Pendant les bêta-tests, j’avais vu de nombreuses fois, de mes propres yeux, beaucoup de coéquipiers et de monstres ennemis utiliser cette même technique d’épée ; mais, cette-fois, je n’arrivais pas à voir la rapière, seulement la trajectoire dessinée par l’effet spécial de lumière de la technique d’épée. Ce flash d’un blanc pur tranchant l’obscurité du donjon faiblement éclairé me rappela l’étoile filante de ce jour-là.
Le rapiériste[5] continua à éviter le combo en trois coups du Kobold puis contrattaqua avec « Linear ». Après s’être servi de ce schéma d’attaque et de défense encore trois fois, le joueur acheva indemne l’un des monstres les plus forts de ce donjon, un homme-bête armé. Malgré ça, le combat n’avait pas eu l’air facile. Le coup fatal traversa sa poitrine en son centre et le monstre s’effondra en arrière puis disparut en particules. Le rapiériste vacilla comme s’il était repoussé par les éclats polygonaux immatériels et se pencha en arrière contre le mur du couloir, se laissant glisser lentement le long du mur pour s’asseoir. Puis il commença à haleter.
La personne ne semblait pas remarquer que je me tenais 15 mètres plus loin, à l’angle d’une intersection.
M’éloigner sans rien dire à la recherche de ma propre proie, était ma façon habituelle de faire les choses. Il y avait un mois de cela, en ce jour marquant, j’avais décidé de vivre égoïstement en tant que joueur solo[6]. Et, après ça, je n’avais jamais approché quelqu’un de seul. Je ne faisais d’exception que quand je voyais un joueur clairement en danger au milieu d’un combat ; pourtant les PV de ce rapiériste étaient encore presque pleins. Tout du moins, la personne ne semblait pas nécessiter l’aide d’un fouineur.
Malgré tout…
Après environ cinq secondes de délibérations, j’ai quitté l’ombre de l’intersection et marché en direction du rapiériste encore assis. Très mince, plutôt élancé. Le torse était équipé d’une tunique en cuir rouge foncé et d’une cuirasse légère en cuivre, tandis que la partie inférieure du corps était vêtue d’un pantalon droit en cuir et de bottes remontant jusqu’aux genoux. Une cape à capuche enveloppait le corps depuis la tête jusqu’aux alentours de la taille, donc le visage n’était pas visible. A part la cape, l’équipement semblait être celui d’un fleurettiste, très semblable à mon équipement de sabreur. Ma chère épée, « Lame Détrempée »―la récompense d’une quête difficile―, étant très lourde, pour bénéficier de la finesse de mes techniques, je portais une très petite armure en métal―une légère protection sur la poitrine et une veste en cuir gris foncé par-dessus uniquement.
En entendant mes pas approchants, les épaules du rapiériste sursautèrent brusquement mais ne bougèrent pas davantage. Le fait que je n’étais pas un monstre était normalement indiqué par un curseur de couleur verte dans la vision de cette personne. Son visage était bien enfoncé derrière ses genoux dressés et il dégageait très fortement le sentiment « Contente-toi de passer et va-t-en »… Je me suis arrêté à environ deux mètres du rapiériste et j’ai ouvert la bouche :
« …C’était un overkill[7] extrême. »
Les petites épaules recouvertes par le tissu épais de la cape bougèrent légèrement à nouveau. La capuche tressauta, remonta d’environ 5cm, dans l’obscurité à l’intérieur, deux pupilles me fusillèrent durement. Je ne pouvais distinguer que les iris marron clair, la forme du visage n’était pas du tout visible.
Le rapiériste continua à me regarder pendant quelques secondes avec le même regard perçant qu’il avait plus tôt dans la bataille ; puis il inclina légèrement sa tête sur la droite―un mouvement de type « je ne vois pas ce que tu veux dire ».
En voyant ça, je me suis dit : « C’était donc ça ».
Il y avait une incohérence énorme dans ce jeu qui avait tout l’air d’un jeu de solo .
Le « Linear » utilisé par le rapiériste était si parfait que je n’avais pas pu m’empêcher de frissonner. Le premier et dernier mouvements étaient courts et, par-dessus tout, la vitesse était telle que je n’avais pas pu les voir. Je n’avais jamais vu une technique d’épée aussi belle et redoutable avant.
Donc, au départ, j’ai cru qu’il s’agissait d’un autre béta-testeur. Avant que ce monde ne se transforme en jeu de mort, il avait fallu acquérir une longue expérience du combat pour atteindre cette rapidité.
Cependant, en voyant « Linear » une seconde fois, j’ai remis ma supposition en cause. La technique était parfaite mais le rythme de combat était dangereux. Il est clair que des « pas de défense très économes » offraient une plus grande rapidité de contrattaque que parer ou bloquer ; et la durabilité des armes/armures ne diminuait pas. En échange, quand la défense échouait, le risque était plus grand. Au pire, des « contre-dommages » étaient infligés en plus d’un état d’hébètement. Dans les combats en solo, un hébètement était fatal.
La technique d’épée parfaite et les tactiques de défense dangereuses s’accordaient mal. Pour une raison que j’ignore, je voulais savoir pourquoi, à tout prix. C’est pourquoi je m’étais rapproché pour demander ; demander si l’utilisation répétée de la tactique était un overkill.
Cependant, la personne ne semblait pas comprendre ce terme extrêmement courant dans les jeux en ligne. Cela voulait dire que le rapiériste devant mes yeux n’était pas un béta-testeur. Non seulement ça, mais il n’avait peut-être même jamais joué à un MMO avant de venir ici.
J’ai inspiré légèrement et repris :
« « Overkill » veut dire…comparé aux PV qui restaient au monstre, les dommages infligés étaient vraiment trop élevés. Le Kobold de tout à l’heure était presque mort après le deuxième « Linear »… Non, il était pratiquement déjà mort. Il ne restait plus que deux ou trois barrettes dans sa jauge de PV. Au lieu de le finir avec une technique d’épée, une attaque légère normale aurait été plus que suffisante. »
Dans ce monde, ça faisait des jours que je n’avais pas autant parlé…des semaines. Tout en pensant à ça, j’ai arrêté de parler.
Après avoir écouté mon discours―le fruit d’un grand effort et de mes pauvres aptitudes conversationnelles―, le rapiériste n’eut aucune réaction pendant plus de dix secondes. Juste au moment où je me suis dit que je n’avais pas réussi à me faire comprendre, une petite voix est finalement sortie de la capuche baissée.
« … « Overkill », ce n’est pas bien ? »
A ce moment, j’ai finalement compris que le rapiériste blotti devant moi, au fond de ce donjon, était l’une des extraordinairement rares « Joueuses » de ce monde.
Partie 2
Un mois avait déjà passé depuis le lancement officiel du premier VRMMORPG au monde, « Sword Art Online ».
Dans un MMO classique, à l’heure actuelle, des joueurs ayant atteint le niveau maximum auraient été sur le point d’apparaître et la carte du monde aurait été explorée d’un bout à l’autre. Mais, dans SAO, le groupe actuel des meilleurs atteignait à peine le niveau 10… Je ne savais pas si c’était le maximum ; mais ça ne pouvait pas être le cas. Le décor du jeu, le château flottant Aincrad, n’avait été conquis que de quelques pourcents au total.
Cela était dû au fait que le SAO actuel était un jeu sans en être un ; dans un sens, c’était devenu une « prison ». La déconnexion manuelle était impossible et la mort de l’avatar résultait en la mort réelle du joueur. Dans ces conditions, peu de gens entraient dans les donjons remplis de monstres et de pièges dangereux.
De plus, depuis que le Maître du Jeu avait changé le sexe des avatars pour qu’il corresponde à celui des joueurs dans ce monde, les filles étaient devenues très rares. Je pense que la plupart d’entre elles vivaient encore dans la « Ville du Début », même après un mois. Dans l’immense premier donjon, « Dédale du Rez-de-chaussée », je n’ai vu des joueuses que deux ou trois fois, et elles faisaient toutes partie de grands groupes.
C’est pourquoi je n’aurais jamais imaginé que le rapiériste solo rencontré dans une zone inexplorée du donjon était une joueuse.
Pendant un instant, j’ai envisagé de marmonner une excuse et de quitter la zone. Je ne dirais pas que j’étais le genre de gars à parler à toutes les joueuses qu’il voyait ; j’aimerais sincèrement éviter d’être vu comme ça.
D’un autre côté, si la personne m’avait dit quelque chose comme : « C’est mon choix » ou « Laisse-moi tranquille », j’aurais dit : « Je vois » et je serais parti aussitôt. Cependant, la courte réponse de la rapiériste était une question ; donc, j’ai à nouveau répondu avec délicatesse et sérieux :
« …L’overkill n’est pas grave et n’entraine aucune pénalité par le système mais…ça réduit l’efficacité. Les techniques d’épées demandent de la concentration ; les utiliser en continu est mentalement fatigant. Il faut aussi rentrer, donc il vaut mieux se battre sans trop se fatiguer. »
« …Rentrer ? »
A nouveau, une voix interrogative sortit du fond de la capuche. La fatigue la rendait très faible et l’intonation était aussi frêle, mais j’ai quand même pensé que sa voix était belle. Bien entendu, je ne l’aurais pas dit à voix haute.
Donc j’ai continué à expliquer :
« Oui. A partir d’ici, il faut environ une heure pour quitter le donjon et, de là, il reste environ 30 minutes jusqu’à la ville la plus proche, même en avançant rapidement. La fatigue augmente les erreurs. Tu as l’air d’une joueuse solo et, étant seule, la moindre erreur pourrait te coûter la vie. »
Tandis que ma bouche bougeait, je me suis demandé : « Pourquoi je lui parle avec autant d’ardeur ? » La personne était une fille…mais ça ne pouvait pas être à cause de ça, vu que j’avais parlé longuement avant de le découvrir.
Si la situation avait été inversée et qu’une personne d’un rang plus élevée m’avait fait la leçon comme ça, j’aurais dit : « C’est mon choix, laisse-moi tranquille » ou quelque chose dans le genre. Ma personnalité étant en désaccord avec mes actions, j’étais sur le point de me mettre à paniquer quand la rapiériste a finalement répondu :
« …Dans ce cas, pas de problème. Je…ne reviendrai pas. »
« Quoi ? …Tu ne reviens pas en ville ? Mais…refaire le plein de potions, réparer son équipement…et dormir…, ai-je demandé, abasourdi. »
La rapiériste a secoué légèrement les épaules.
« Je n’ai pas besoin de remèdes tant que je ne prends pas de dommages ; et j’ai acheté cinq épées identiques. …Et, pour le repos, j’utilise la zone sûre à proximité. »
Le murmure s’est éteint et je suis resté sans voix pendant quelques temps.
Les zones sûres étaient quelques salles dans un donjon où les monstres n’apparaissaient pas. On pouvait les reconnaitre grâce aux torches de couleur particulière placées aux quatre coins des murs. Pour chasser et cartographier, c’était un endroit appréciable ; mais on ne pouvait les utiliser que pour un court repos d’environ une heure. Le sol était fait d’une pierre froide et il n’y avait, bien sûr, pas de lit, et on entendait fréquemment les pas et les grondements des monstres des environs. Peu importait à quel point un joueur était courageux, il était absolument impossible d’atteindre le sommeil profond.
Mais, d’après ce que je venais d’entendre, cette rapiériste avait utilisé les zones sûres comme des auberges, afin de rester dans le donjon… Est-ce que…qu’est-ce que ça voulait dire ?
« …Ça fait combien d’heures ? ai-demandé avec inquiétude. »
La rapiériste a répondu après avoir pris une longue inspiration :
« Trois jours…ou quatre jours… C’est tout ? Les monstres du coin vont bientôt revivre. Je vais y aller. »
En s’appuyant contre le mur avec sa délicate main gauche, enveloppée par un gant en cuir épais, elle se redressa en chancelant.
La fine épée encore dégainée piqua lourdement du nez, comme si elle tenait une épais à deux mains dans une seule, et la rapiériste s’éloigna derrière-moi.
La cape qui s’éloignait en se balançant était en lambeaux, indiquant qu’elle avait perdu une bonne part de sa durabilité. Non, pour un équipement en tissu utilisé pendant une expédition de chasse de quatre jours, le simple fait d’avoir gardé sa forme était un miracle. Son « tant que je ne prends pas de dommages » de tout à l’heure, n’était peut-être pas une exagération…
Après avoir réalisé ça, j’ai lancé des mots impensables dans son dos gracile :
« …Si tu te bats comme ça, tu vas mourir. »
La rapiériste s’est arrêtée, a appuyé son épaule contre le mur de droite et s’est retournée lentement. Du fond de la capuche, ses yeux noisette se sont braqués sur moi avec un léger fond rouge.
« …On mourra tous au bout du compte, de toute façon. »
La voix enrouée et cassée parvint à refroidir l’air déjà frais du donjon.
« En seulement un mois, 2 000 joueurs sont morts. Mais, pourtant, on n’a même pas passé le rez-de-chaussée. Il est impossible de finir ce jeu. Où et comment on meurt, tôt…ou tard, c’est là la seule différence… »
Son plus long et plus émotif discours jusque-là se troubla au milieu avant d’être coupé.
Devant moi, qui avait avancé par réaction, la rapiériste fut frappée par une attaque paralysante invisible et tomba lentement à terre.
Partie 3
Tandis qu’elle s’écroulait sur le sol du donjon, une idée pragmatique lui traversa l'esprit : « Comment peut-on s’évanouir dans un espace virtuel ? »
La perte de conscience signifie que le flux normal de sang dans le cerveau est momentanément interrompu. Ça peut être causé par une défaillance du cœur ou des vaisseaux sanguins, de l’anémie ou une pression basse, de l’hyperventilation et bien d’autres choses… Mais, quand on est dans un monde de réalité virtuelle en FullDive[8], le corps physique se repose sur un lit ou un siège inclinable. Le corps physique des joueurs emprisonnés par ce jeu de mort, « SAO », est probablement dans un hôpital à l’heure qu’il est ; leur santé doit, bien évidemment, être contrôlée et continuellement surveillée. Si nécessaire, des médicaments seront utilisés. Il est difficile de croire que la perte de conscience puisse être liée au corps physique.
Tandis que sa conscience s’éteignait, elle en arriva là de sa réflexion avant de se dire, finalement : Peu importe ce qui arrive, je m’en fiche.
Oui, peu importe ce qui arrive maintenant, je m’en fiche.
Car elle mourrait ici. Après s’être évanouie dans un labyrinthe rempli de monstres violents, il était impossible qu’elle s’en sorte indemne. Il y avait un autre joueur à proximité mais elle ne pensait pas qu’il risquerait sa vie pour aider une personne tombée.
De toute façon, comment pouvait-il l’aider ? Dans ce monde, le poids maximal qu’un joueur seul peut porter est strictement limité par le système. Dans les profondeurs d’un donjon, tout le monde transporte des remèdes et des équipements supplémentaires jusqu’à la limite de poids, en laissant de la place pour les drops des monstres tels que l’or et les objets. Une fois tout ça combiné, il est absolument impossible de porter un corps entier.
…Après s’être dit ça, elle se rendit finalement compte de quelque chose.
Elle était frappée par une violente impression de vertige et ce qu’elle pensa en s'écroulant fut : Je vais enfin avoir droit à un long repos. Sous son corps, elle aurait dû sentir le sol de pierre dur du donjon ; mais, pour une raison ou une autre, la sensation dans son dos était étrangement moelleuse et douce. Son corps était chaud et une légère brise caressait sa joue…
Elle ouvrit les yeux si vite que ça fit un bruit.
Elle n’était plus dans un labyrinthe bordé de murs épais. Il y avait de vieux arbres recouverts de mousse dorée et des broussailles épineuses avec de petites fleurs. C’était une clairière en pleine forêt. Au centre d’un espace rond d’environ 7 ou 8 mètres, sur un tapis d’herbe doux, elle avait perdu conscience…non, elle dormait.
Mais…pourquoi ? Comment l’avait-on déplacée jusqu’à ce champ éloigné après sa chute dans les profondeurs d’un donjon ?
Elle trouva la réponse à cette question lorsqu’elle tourna son regard à 90 degrés à droite.
Au bout de la clairière, collée contre la racine d’un arbre majestueux, se trouvait une ombre grise. Il tenait une épée à une main plutôt large entre ses bras et le fourreau sous sa tête. De longs cheveux bruns couvraient son visage, de telle sorte qu’on ne pouvait pas le voir ; mais, d’après son équipement et son physique, il n’y avait pas d’erreur possible, c’était le joueur qui lui avait parlé avant qu’elle ne s’évanouisse dans le donjon.
Cet homme avait peut-être trouvé une méthode pour la sortir du labyrinthe et l'amener dans cette forêt après sa chute. Elle regarda au-delà de la forêt. A gauche, environ 100 mètres plus loin, une immense tour touchait le ciel… Le labyrinthe du rez-de-chaussée d’Aincrad se dressait là, menaçant.
Elle ramena son regard à droite. Remarquant du mouvement, les épaules de l’homme, couvertes par la veste en cuir gris foncé, se secouèrent et il redressa légèrement la tête. Même dans la forêt lumineuse du midi, les deux yeux de l’homme restaient aussi noirs qu’une nuit sans étoiles.
Au moment où son regard croisa ses yeux bruns, elle sentit un feu d’artifice éclater dans sa tête.
En serrant les dents, Asuna…Asuna Yuuki, s’efforça de dire, d’une voix basse et enrouée :
« Effort…inutile. »
Après avoir été enfermée dans ce monde, Asuna se l’était demandé des centaines de milliers de fois.
Ce jour-là, pourquoi avait-elle touché à cette nouvelle console qui ne lui appartenait même pas ? Pourquoi l’avait-elle mise sur sa tête, s’était-elle couchée sur la chaise en filet à haut dossier et avait-elle dit la commande de démarrage ?
L’extraordinaire interface de réalité virtuelle qu’était cette maudite machine tueuse, le « Nerve Gear », et son immense prison à âme, le disque du jeu « Sword Art Online », n’avaient pas été achetés par Asuna mais par son grand frère, Koichiro. Pourtant, il n’était pas dans les habitudes de son frère de jouer à des MMORPG. Sa vie tournait autour d’autres choses et il n’avait joué à aucun « jeu » depuis son enfance. Fils ainé du PDG de l’immense constructeur d’engins électroniques, « Recto », en tant que successeur de son père, il avait été énormément formé dans les domaines nécessaires et avait été forcé d’abandonner tout le superflu en grandissant. Pourquoi son frère s’intéressait-il au Nerve Gear… non, à SAO, c’était quelque chose qu’encore maintenant elle ne comprenait pas.
Pourtant, ironiquement, Koichiro ne pourrait pas jouer au tout premier jeu qu’il avait acheté de sa vie. Le premier jour de la mise en service officielle du jeu, il avait été envoyé en voyage d’affaires à l’étranger. Le jour d’avant son départ, quand leurs regards s’étaient croisés autour de la table à manger, il s’en était plaint en rigolant ; mais elle avait senti qu’il le regrettait vraiment.
Moins extrême que Koichiro, pour Asuna qui était 3ème, les seuls jeux qu’elle avait expérimentés étaient les jeux gratuits auxquels elle jouait sur son portable de temps en temps. Elle savait qu’il existait des jeux en ligne mais, les examens d’entrée au lycée approchant, elle n’avait ni l’intérêt ni la motivation de jouer à ces jeux…du moins, elle était censée n’en avoir aucun.
Dans ce cas, pourquoi ce jour-là, un mois plus tôt, le 6 novembre 2022, était-elle entrée dans la chambre vide de son frère, avait-elle pris le Nerve Gear entièrement configuré sur son bureau et l’avait-elle mis sur sa tête avant de dire : « Lien Engagé » ? Jusqu’à ce jour, elle ne comprenait toujours pas la raison qui l’avait poussée à faire ça.
Avec ces seuls mots, tout avait changé ce jour-là…non, tout « s’était fini », pourrait-on dire.
Au début, Asuna s’était enfermée dans une chambre d’hôtel de la Ville du Début, attendant que l’incident passe mais, après deux semaines sans message du monde réel, elle avait abandonné l’espoir d’être sauvée par l’extérieur. De plus, à la même époque, plus de mille joueurs étaient morts et elle découvrit qu’on n’avait même pas dépassé le premier labyrinthe. Elle comprit que s’enfermer en attendant que quelqu’un finisse le jeu était inutile.
Le seul choix qu’il lui restait était : « le type de mort », uniquement.
Se contenter de rester dans la seule ville sûre pendant des mois, non, des années, pouvait être une solution. Cependant, personne ne pouvait être certain que la règle « les monstres ne peuvent pas entrer dans les villes » durerait toujours.
Au lieu de se terrer dans une petite chambre obscure en redoutant l’avenir, il valait mieux sortir et utiliser pleinement sa capacité à apprendre, s’entrainer et se battre. Si elle finissait par mourir, à bout de force, elle n’aurait au moins plus à s’inquiéter du passé ni à regretter un futur perdu.
Cours. Fonce tout droit. Puis disparais. Telle une météorite s’embrasant en entrant dans l’atmosphère.
S’accrochant à cette seule pensée, Asuna quitta l’auberge et sortit dans les étendues sauvages du monde des MMORPG, dont elle ne connaissait pas la moindre phrase. Elle choisit son arme et, ne se reposant que sur la seule technique qu’elle avait apprise, elle atteignit le fond du labyrinthe où personne n’avait jamais été.
Puis, aujourd’hui, vendredi 2 décembre, à 4h du matin, probablement épuisée par ses incessants et imprudents combats, elle s’est évanouie à cause de réflexes neuronaux. Et son chemin aurait dû s’arrêter là. Dans le « Palais de Fer Noir » de la Ville du Début, sur le « Monument de la Vie », vers la gauche, une ligne horizontale aurait alors creusé lentement le nom « Asuna » et tout aurait été fini…aurait dû. Et pourtant.
« Inutile… »
Asuna s’efforça à nouveau de dire ce mot. Environ quatre mètres plus loin, le manieur d’épée à une main aux cheveux bruns baissa ses yeux couleur nuit. Elle avait l’impression qu’il était un peu plus âgé qu’elle mais ce mouvement naïf la fit involontairement plisser le front.
Cependant, quelques secondes plus tard, la bouche de l’homme révéla un sourire cynique qui remplaça son impression précédente.
« Je ne t’ai pas sauvée. »
Une voix basse et calme. Elle semblait jeune mais quelque chose en elle camouflait aussi son âge.
« …Alors, pourquoi tu ne m’as pas laissée là-bas ? »
« Ce que j’ai sauvé c’étaient les données cartographiques que tu avais. En restant quatre jours sur les lignes de front, tu as dû cartographier une bonne partie du donjon inexploré. C’est un peu trop important pour disparaitre avec toi. »
Confrontée à la logique et l’efficacité, elle inspira profondément. Jusqu’à maintenant, quand les gens, en ville, lui parlaient de l’importance de la vie et de l’entraide, elle les repoussait tout bonnement―bien entendu, juste verbalement. Elle envisagea de le faire mais ne parvint pas à trouver une réponse convenable.
« …Dans ce cas, tu n’as qu’à les prendre, marmonna-t-elle doucement. »
En même temps, elle ouvrit une fenêtre. Naviguant à travers les onglets, auxquels elle s’était enfin familiarisée récemment, elle accéda à ses données cartographiques et les copia toutes vers une « feuille de peau de mouton ». Elle transforma le rouleau en objet et le jeta à côté des pieds de l’homme.
« Avec ça, ton objectif est atteint, non ? Dans ce cas, je vais y aller. »
Repoussant l’herbe de ses mains, elle se leva en oscillant légèrement. D’après l’horloge de la fenêtre, elle calcula qu’elle avait dormi sept heures depuis sa chute ; mais elle ne s’était pas encore remise de la fatigue. Pourtant, il lui restait encore trois des rapières qu’elle avait préparées. Elle avait décidé plus tôt qu’elle ne quitterait la tour qu’une fois sa dernière rapière arrivée à la moitié de sa durabilité.
Elle avait un tas de questions sans réponse. Le manieur d’épée à une main à la veste grise, quel genre de méthode avait-il utilisé pour l'amener des profondeurs du labyrinthe jusqu’à cette clairière dans la forêt ? Quitte à la déplacer, pourquoi ne l’avait-il pas amenée dans une zone sûre du labyrinthe au lieu de s’embêter à la sortir du donjon ?
Malgré tout, elle ne trouvait pas que ça méritait qu’elle se retourne pour demander. Elle fit un pas à gauche pour retourner au sombre labyrinthe dressé…mais, avant ça.
« Attends, Rapiériste-san. »
« … »
Elle l’ignora et avança de quelques pas ; mais ce qu’il dit ensuite l’a fit involontairement s’arrêter.
« Toi aussi, en gros, tu fais de ton mieux pour finir le jeu, non ? Ce n’est pas juste pour mourir dans le labyrinthe. Dans ce cas, est-ce qu’il ne vaudrait pas mieux venir à la « Réunion » ? »
« …La réunion ? »
Après avoir marmonné ça, le dos toujours tourné, elle entendit l’épéiste, sur un ton changé porté par la brise légère de la forêt :
« Cet après-midi, à « Tolbana », la ville la plus proche du labyrinthe, doit se tenir la première « conférence stratégique contre le boss du rez-de-chaussée ». »
Partie 4
Le château volant, Aincrad, ayant été fait avec un grand sens du détail, le rez-de-chaussée était, bien entendu, l’étage le plus large. Le rez-de-chaussée formait presque un cercle, d’un diamètre de 10 km―c’est-à-dire, une zone d’environ 80 km2. Pour référence, Kawagoe, dans la préfecture de Saitama, occupe une superficie de 110 km2 et compte plus de 300 000 habitants.
Pour son immense taille, le rez-de-chaussée était, en fait, d'une grande variété géographique.
Au bord sud, avec un diamètre de 1 km et entourée par un mur en demi-cercle, se trouvait la « Ville du Début ». Dans les prairies qui entouraient la ville vivaient essentiellement des animaux semblables à des sangliers et à de loups ainsi que des monstres-insectes semblables à des vers, des scarabées ou des guêpes.
Au nord-ouest des prairies se trouvait une large et profonde forêt et, au nord-est, la région des lacs. Après avoir traversé l’une ou l’autre, on tombait sur des montagnes, des vallées et des ruines, où des monstres embusqués attentaient les joueurs ; et, sur le lointain bord nord de l’étage, se trouvait une haute tour ramassée, large de 300 m et haute de 100. Là, se dressait le labyrinthe du rez-de-chaussée.
A part la Ville du Début, il y avait de nombreuses petites et moyennes villes―et villages―en bien des endroits du rez-de-chaussée. La plus large d’entre elles―qui ne faisait malgré tout que 200m d’un bout à l’autre―était la ville située dans la vallée la plus proche du labyrinthe : « Tolbana ».
Des joueurs avaient atteint pour la première fois cette ville, longée d’immenses moulins à vent, trois semaines après la mise en service officielle de SAO.
A ce moment-là, le nombre total de morts s’élevait, exactement, à 1 800.
La mystérieuse rapiériste et moi avons pris la route. Tout en maintenant une certaine distance entre nous, nous avons quitté la forêt et sommes arrivés à la porte nord de Tolbana.
Des lettres violettes [ZONE INTÉRIEURE] ont afflué devant mes yeux, indiquant que j’étais entré dans une zone urbaine sûre. Là, mes épaules se sont détendues et j’ai involontairement soupiré.
Mon départ très matinal, m’avait complètement épuisé. En me retournant, je me suis dit que la rapiériste derrière-moi devait se sentir encore pire ; mais ses jambes, recouvertes par des bottes montant jusqu’aux genoux, ne semblaient pas faiblir. Même avec quelques heures de sommeil, on ne peut pas se remettre complètement de la fatigue accumulée pendant trois jours de chasse continue ; elle ne doit donc tenir que par entêtement. Une fois en ville, le corps et l’esprit―dans le monde virtuel, les deux sont en gros la même chose―devraient se détendre. J’ai envisagé de verbaliser mon opinion mais l’atmosphère semblait trop solennelle pour bavarder.
A la place, je me suis retourné vers la rapiériste et j’ai dit sur un ton professionnel :
« La réunion est censée avoir lieu au centre-ville à 16h. »
« … »
Le visage, caché par la capuche en tissu, bougea légèrement de haut en bas. Cependant, les pieds ne s’arrêtèrent pas et le corps mince me dépassa.
La brise, qui soufflait sur la ville de la vallée, faisait se balancer sa cape tandis qu’elle s’éloignait. J’ai entrouvert la bouche mais, ne sachant pas quoi ajouter, je l’ai refermée. En y repensant, j’avais joué à fond en solo pendant trois semaines. Je n’avais pas le droit de chercher à interagir avec les autres. Jusqu’à maintenant, je n’avais fait que passer les jours à protéger ma propre vie…
« Une fille étrange. »
Tout à coup, j’ai entendu ce murmure derrière-moi. J’ai tourné le dos à la rapiériste qui s’éloignait, en direction de la voix.
« …Je pensais qu’elle allait bientôt mourir, mais non. Peu importe comment on y regarde, elle débute dans les jeux en ligne mais ses talents sont redoutables. Comment on peut être comme ça ? poursuivit la voix aigüe en finissant sa phrase avec une inflexion nasale particulière. »
Cette personne n’avait pas une large carrure. Au contraire, elle faisait une tête ou deux de moins que moi ; mais c’était quand même une incroyable joueuse. L’armure, comme la mienne, était une armure intégrale en tissu et en cuir. L’arme accrochée à son flanc gauche était une petite griffe ; à droite se trouvaient des clous à lancer. Ce n’étaient pas des armes courantes pour un joueur des lignes de front ; mais la meilleure arme de cette personne était autre chose.
« Qu’est-ce que tu sais de cette rapiériste ? ai-je involontairement demandé. »
Mais, sachant ce qu’elle allait me répondre, j’ai fait la grimace. L’utilisatrice de griffe ne trahit pas mes attentes, car elle leva cinq doigts et dit :
« Je te fais un prix. 500 colls. »
Son visage souriant avait un énorme trait distinctif. Sur chacune de ses joues se trouvaient trois moustaches d’animal, dessinées avec un objet de maquillage. Avec, en plus, sa chevelure châtain bouclée, son apparence n’était pas sans rappeler un certain rongeur.
Une fois, par le passé, je lui avais demandé pourquoi elle utilisait ce genre de peintures. Cependant, j’avais seulement eu droit à un « ne demande jamais à une fille pourquoi elle se maquille » en guise de réponse, immédiatement suivi par une explosion de colère : « Je te le dirai pour 100 000 colls ! » Donc, j’avais dû rapidement abandonner.
Un jour, je trouverai un objet ultra rare et je payerai réellement les 100 000 colls―avec ce serment secret toujours en tête, j’ai répondu amèrement :
« Ça me fait bizarre d’acheter des informations sur une fille, donc je vais éviter de le faire. »
« Ni, hi, hi, tu as bon cœur. »
Celle qui me dit ça, à la limite de l’effronterie, était peut-être la première informatrice d’Aincrad ; la personne connue sous le nom d’« Argo la Ratte » rigola.
« …Si tu discutes avec « Ratte » pendant cinq minutes, tu en auras pour 100 colls d’histoires. Fais attention. »
C’était un conseil qu’on m’avait donné. Cependant, Argo elle-même répondait qu’elle n’avait jamais fait payer pour une information libre d'accès. Quand on considérait qu’une histoire avait de la valeur, alors elle avait forcément un prix, vu que c’était une « marchandise » difficile à trouver. En y repensant, si une fausse histoire était vendue, alors l’informateur perdait sa crédibilité. Pour un marchand, rassembler des informations impliquait un genre différent de danger et d’ennuis comparé à rassembler des objets matériels dans les donjons et les vendre à des PNJ en ville.
J’ai envisagé poser une question sexiste : « Qu'est-ce qui peut pousser une joueuse à choisir ce genre de boulot ? »… Mais, après avoir vu le visage d’Argo, j’ai décidé de ne pas poser une telle question. Même si je la posais, elle me demanderait à nouveau 100 000 colls pour la réponse ; donc, à la place, j’ai posé une autre question :
« Donc, aujourd’hui encore ? Tu n’es pas là pour une discussion d’affaire normale ; mais en tant que négociatrice pour cette mystérieuse personne ? »
En entendant ça, Argo a froncé les sourcils et jeté rapidement un coup d’œil à gauche et à droite de la rue. Elle a ensuite désigné du doigt une place derrière-moi et nous avons rejoint la ruelle d’à-côté. Il restait deux heures avant la « conférence stratégique contre le boss », donc il n’y avait pas encore beaucoup de joueurs ici ; mais, juste au cas où. Elle considérait que ce n'était pas une chose à laisser tomber dans une oreille indiscrète. C’était certainement lié à la réputation de la mystérieuse personne.
Une fois bien enfoncés dans la petite ruelle, Argo s’arrêta. Elle appuya son dos contre une maison―habitée uniquement par des NPC, bien entendu―et acquiesça.
« Eh bien, ouais. C’est monté à 29 800 colls. »
« L’offre est de 29 800 colls maintenant, hein… »
J’ai souri sarcastiquement, puis baissé les épaules.
« …Désolé, peu importe combien de colls on m’en offre, ma réponse reste la même. Je ne veux pas la vendre. »
« J’ai déjà dit ça au client la dernière fois. »
Le travail principal d’Argo c’était informatrice ; mais, en utilisant ses stats de dextérité très élevées pour se déplacer, elle assurait aussi un boulot complémentaire de « messagère ». Normalement, il s’agissait uniquement de délivrer des messages oraux ou de courts messages sur rouleaux ; mais, après environ une semaine de négociations avec son client, c’était compliqué… Disons plutôt que c’était un client ennuyeux.
Il―ou elle―voulait acheter mon épée longue à une main, « Lame Détrempée +6 (3T3D) ».
Partie 5
Le système d’amélioration des armes de SAO était simple comparé à ceux des MMORPG récents. Les paramètres améliorables étaient Tranchant, Vitesse, Précision, Masse et Durabilité ; cinq bonus qu’on pouvait attribuer à une arme en demandant à des NPC ou joueurs forgerons de travailler dessus. Les matériaux de paramétrage requis et le taux spécifique d’échec étaient semblables à d’autres MMORPG.
Quel que fût le paramètre apporté par l’amélioration, le nom de l’objet dans la fenêtre d’équipement se voyait ajouter un +1 ou +2. Cependant, le « détail » de ce chiffre ne pouvait être vu que si on sélectionnait l’arme, une fois la fenêtre de propriétés ouverte. Pour les ventes entre joueurs, dire qu’un objet avait « Précision +1, Masse +2 » plus d’autres stats était rapidement devenu fastidieux. A la place, les joueurs utilisaient une abréviation : par exemple, un +4 dont le détail était +1 de Précision, +2 de Masse et +1 de Durabilité, était annoncé par la phrase « 1P2M1D ». Ce style d’abréviation était déjà plutôt répandu.
De la sorte, ma « Lame Détrempée +6 (3T3D) » avait +3 de Tranchant et +3 de Durabilité. Pour obtenir un objet de cette qualité au rez-de-chaussée il fallait vraiment beaucoup de patience et de chance. A cause de la situation, peu de joueurs développaient la compétence « Forge », qui n’était pas directement liée au taux de survie. Et je n’étais pas rassuré par le niveau de compétence des forges de NPC, même si les NPC forgerons avaient vraiment des airs de nains[9].
Avant amélioration, mon arme, la « Lame Détrempée », avait été la récompense d’une quête très difficile. Au vu de ses spécificités actuelles, c'était peut-être bien l’objet le plus recherché du rez-de-chaussée… Ceci étant dit, ce n’était quand même qu’un « équipement de débutant ». Je ne pouvais l’améliorer, au mieux, que quelques fois de plus ; et, de toute façon, vers le 3ème ou 4ème Étage, j'allais devoir en changer pour une nouvelle épée. Donc je n’avais pas besoin de continuer à améliorer celle-ci.
Pour les raisons citées ci-dessus, je me demandais pourquoi le client d’Argo était prêt à payer une aussi grande somme de colls―29 800―pour cette épée. S'il avait s'agit d'une transaction normale en face à face, j’aurais pu demander directement la raison, mais c’était impossible sans même savoir le nom du client.
« …La personne a payé un bakchich de 1 000 colls, n’est-ce pas ? »
A ma question, Argo acquiesça calmement et dit :
« C’est ça. Tu veux proposer mieux ? »
« Hum… 1 000, hein… hum…m ! »
Le bakchich était la somme de colls que Mr.X―qui voulait acheter mon épée―avait payé à Argo pour qu’elle ne me dise pas son nom. Si je décidais de payer les 1 100 colls, Argo enverrait aussitôt un message à son client pour l’informer que le coût du bakchich était monté à 1 200 colls et lui demander s’il voulait monter sa mise. Si la réponse était OUI, alors, cette fois, ce serait à moi de choisir entre payer 1 300 colls ou non. Si je gagnais ces enchères, j’apprendrais alors le nom de l’adversaire ; mais, en conséquence, je perdrais de l’argent dans cette « vente d’épée ». Peu importe comment on y regarde, ça aurait été extrêmement idiot.
« …Bon sang, tu ne te contentes pas juste de vendre de l’information, même ne rien vendre te rapporte… Ton âme de marchand est vraiment remarquable… »
Tandis que je me plaignais, les joues moustachues d’Argo se détendirent et elle eut un rire sarcastique.
« C’est la vraie joie du commerce. Quand je vends de l’information à quelqu’un, au même moment, je donne naissance à l’information « quelqu’un a acheté telle ou telle information ». »
« …Dis-le moi si une joueuse veut mes infos personnelles. J’achèterai ses informations. »
J’ai soupiré en disant ça et Argo a eu à nouveau un rire enjoué avant de changer d’expression.
« Bon, je vais dire au client que l’offre a été à nouveau rejetée. Et puis, que cette négociation est impossible, aussi. A plus alors, Ki-bou. »
Avec un salut de la main, elle s’est retournée et, avec une dextérité digne d’une « Ratte », elle a quitté la ruelle. Tandis que je regardais la chevelure châtain disparaitre dans la foule, je me suis dit en passant : « Cette personne ne mourra sûrement pas. »
Après un mois d’enfermement dans SAO, le jeu de mort, j’avais appris quelques trucs.
Ce qui faisait la différence entre la vie et la mort des joueurs c’étaient certains facteurs clés. Transporter une énorme quantité de potions et savoir quand arrêter son exploration des donjons, étaient des éléments déterminants ; mais, l’un des facteurs clés de vie ou de mort était la croyance inconditionnelle en « sa propre vérité ». Pour le dire autrement, c’était l’« ultime arme » de survie.
Dans le cas d’Argo, c’était probablement l’« information ». La localisation des monstres dangereux ou, à l'inverse, les zones de chasse les plus rentables, cette personne les connaissait toutes. Sa foi en son savoir l’apaisait et accroissait sa capacité à survivre.
De la même façon, pour moi, ma « vérité » était l’épée dans mon dos. Pour être exact, c’était le moment où mon corps et mon épée ne faisaient plus qu’un ; ce moment de sérénité. Je n’étais pas constamment plongé dans cet état mais la seule pensée « je veux que ce monde m’appartienne et je ne mourrai pas avant ça » m’avait gardé en vie jusqu’à présent. J’avais ajouté à ma Lame Détrempée +3 de Tranchant et +3 de Durabilité, sans tenir compte de la Vitesse et de la Précision, parce que les deux premiers augmentaient simplement les chiffres de spécificité, tandis que les deux derniers amélioraient l’assistance-système, laquelle aurait modifié la sensation du coup d’épée.
Cependant, dans ce cas, ça voulait dire…
La rapiériste que j’avais rencontrée aujourd’hui sur les lignes de front du labyrinthe… Quelle était sa « vérité » ? J’avais bien déplacé son corps inconscient hors du labyrinthe (moi-même, je ne peux pas vraiment dire comment j’ai fait). Mais, d’un autre côté, même si je n’avais pas été là, j’étais persuadé qu’à l’apparition du prochain kobold elle se serait involontairement levée et aurait utilisé son « Linear » aussi rapide qu’une étoile filante pour tuer l’ennemi… Je me devais de penser ainsi.
Pourquoi s’était-elle lancée dans une bataille aussi effroyable ? Comment avait-elle réussi à vivre jusqu’à maintenant ? Il s’agissait probablement d’une « force » qui m'était étrangère.
« …J’aurais dû payer les 500 colls à Argo… ai-je murmuré en secouant légèrement la tête. »
La lumière de l’après-midi teignait d’un orange léger les murs extérieurs blancs des moulins à vent qui entouraient Tolbana. Il devait être un peu plus de 15h. Il valait mieux que j’aille me remplir l’estomac quelque part, en prévision de la longue conférence stratégique qui approchait.
La réunion qui commençait à 16h allait être, sans le moindre doute, houleuse.
Parce que, pour la première fois aujourd’hui, un certain type de joueurs—qui restait habituellement caché dans le monde de SAO—allait se montrer devant de nombreux joueurs normaux. En effet…entre le « Nouveau Type de Joueurs » et les « Béta-Testeurs Expérimentés » s’étendait un fossé difficile à combler…
Chez « Argo la Ratte », qui vendait tout ce qui pouvait être vendu, un seul type d’information était absent du stock. C’était l’identité des béta-testeurs. Argo et moi savions avec certitude que nous étions tous deux des béta-testeurs ; mais jamais ce sujet ne serait mis sur la table, peu importait le nombre d’années-lumière que nous avions à parcourir.
La raison était simple. Quand l’identité d’un béta-testeur était découverte, sa vie était possiblement en danger.
Non pas à cause des monstres des donjons. Mais, en marchant hors des zones sûres, tu risquais d’être « exécuté » par des joueurs du « nouveau type ». Parce qu’ils pensaient que la responsabilité des 2 000 morts du premier mois incombait aux bêta-testeurs.
Et, pour ma part, je n’étais pas totalement hors de cause.
Partie 6
Le menu d’Asuna durant les trois―ou était-ce quatre―derniers jours avait été composé du pain noir le moins cher d’un NPC boulanger et d’une bouteille d’eau de l’une des fontaines de la ville.
Elle n’aimait pas manger trop, même dans le monde réel ; et la nourriture du monde virtuel était tellement dénuée de sens qu’elle était au-delà de toute description. Peu importait combien elle mangeait, pas un seul grain de sucre n’atteindrait le vrai corps. Elle aurait préféré que le système de nourriture―de faim et de satiété―n’existe pas du tout. Mais, si le ventre restait vide pendant un moment, le sentiment virtuel de faim ne disparaissait qu’à condition de manger quelque chose.
Dans le donjon, elle avait réussi à faire taire la sensation de vide dans son ventre à la force de sa volonté ; mais, maintenant qu’elle était de retour en ville, il lui fallait manger. Pour compenser son manque de volonté, elle acheta la chose la moins chère du menu : un pain sec, rugueux et noir. En mâchant le pain petit à petit, son goût relativement bon provoqua en elle une étrange frustration.
Au centre-ville de Tolbana, Asuna s’assit sur un simple banc en bois à côté de la fontaine et continua silencieusement à mâcher le morceau de pain qu’elle avait en bouche, sous le couvert de sa capuche. Son pain avait beau être plutôt grand, il ne coûtait qu’un coll.
Elle en avait enfin avalé la moitié quand…
« Ce pain a l’air délicieux. »
La voix familière venait de sa droite. Elle arrêta sa main, sur le point d’arracher un morceau du pain, et lança un coup d’œil acéré.
La personne qui se tenait là était l’homme qu’elle venait de quitter à l’entrée de la ville, il y avait de cela quelques minutes. Le manieur d’épée à une main aux cheveux bruns et à la veste grise. Plus tôt, il avait trouvé le moyen de l’amener à l’extérieur, alors qu’elle s’était évanouie dans les profondeurs du donjon. C’était ce type pénible qui avait interféré avec sa route supposément « prête à s’achever ».
Soudain, elle se rendit compte que ses joues étaient devenues chaudes. Après avoir affirmé qu’elle souhaitait mourir, elle était vue en train de manger ; chose qui permettait de rester en vie. Tout son corps fut assailli par une gêne énorme et elle resta toute bête.
Tandis qu’elle restait figée avec son pain noir en forme de demi-lune dans les mains, l’homme se racla la gorge et dit en chuchotant tout bas :
« Puis-je m’asseoir à côté de toi ? »
Normalement, dans ce genre de situation, elle aurait quitté le banc sans un mot et se serait éloignée sans se retourner. Cependant, dans l’immédiat, elle était assaillie par un trouble qu’elle avait rarement ressenti dans ce monde, elle ne put donc pas réagir. Interprétant l’immobilité d’Asuna comme un signe d’acceptation, l’homme s’assit le plus loin possible à sa droite et commença à fouiller la poche de sa veste. Il en sortit un objet rond de couleur noire―un pain noir d’une valeur de 1 coll.
A cet instant, Asuna oublia temporairement sa gêne et sa confusion et, à la place, regarda l’homme avec stupeur.
Vu qu’il avait la capacité de s’enfoncer aussi profondément dans le labyrinthe et vu le niveau de son armure intégrale et de son équipement, cet épéiste devait avoir assez d’argent pour prendre tranquillement un menu complet dans un restaurant. Si c’était le cas, il était soit super économe, soit…
« …Sérieusement, tu trouves ça délicieux, non ? »
Sans s’en rende compte, elle laissa la question s’échapper à mi-voix. En entendant ça, l’homme leva excessivement les sourcils avant d’acquiescer vivement.
« Bien sûr. Depuis que je viens dans cette ville, je mange ça une fois par jour. …Bon, j’y ajoute un petit truc. »
« Un truc…? »
Ne comprenant pas le sens de ses paroles, elle secoua la tête sous sa capuche. Au lieu de répondre, l’épéiste plongea sa main dans la poche opposée à celle de tout à l’heure et en sortit un petit pot en terre non émaillé. Il le posa au milieu du banc et dit :
« Essaye d’utiliser ça sur le pain. »
La phrase « utilise ça sur le pain » la troubla pendant un instant, mais elle comprit ensuite que c’était une phrase de jeu en ligne, semblable à « utilise la clé sur la porte » ou « utilise la bouteille sur la fontaine ». Elle tendit sa main droite avec hésitation et tapota sur le couvercle du pot avec son doigt. Dans le menu pop-up qui apparut, elle sélectionna « Utiliser » et, là, le bout de son doit se mit à luire légèrement en violet. Cet état était appelé « Mode sélection de cible ». Dans cet état, elle toucha ensuite le pain noir à moitié mangé qui se trouvait dans sa main gauche.
Cette action peignit un côté du pain en blanc, avec un petit effet sonore. Beaucoup de…ou, plutôt, une couche épaisse de…peu importe comment on y regarde…
« …crème ? D’où tu sors ça…? »
« C’est la récompense de la quête « Contrattaque de la Vache » que j’ai acceptée un village en arrière. Même si, vu qu’il faut un certain temps pour la finir, peu de gens la font. »
Après avoir sérieusement donné sa réponse, l’épéiste fit lui aussi le mouvement « Utiliser le pot sur le pain ». Tout le contenu avait peut-être été utilisé, car le pot se dispersa tout à coup avec un léger effet sonore et lumineux. L’épéiste ouvrit grand la bouche et mordit dans le pain qui était maintenant pareillement enseveli sous une tonne de crème. En entendant les effets sonores de mâchage, le ventre d’Asuna, qui avait été désagréablement douloureux pendant un long moment, ressentait maintenant le besoin sain de se remplir.
Elle mordit avec hésitation dans le pain noir recouvert de crème qu’elle tenait toujours dans sa main gauche.
A cet instant, la texture du pain, normalement sèche et rugueuse, changea considérablement. Le goût d’un certain gâteau campagnard se répandit dans sa bouche ; la crème était sucrée et coulante, avec un goût rafraichissant de yaourt amer. L’intérieur de ses joues était frappé par des secousses électriques de satisfaction. Asuna se remplit rêveusement la bouche avec deux, puis trois bouchées.
Quand elle revint à elle, le pain qui se trouvait dans ses mains avait, littéralement, totalement disparu. Elle regarda à côté d’elle. Apparemment, elle avait fini environ deux secondes avant l’épéiste. A nouveau, une gêne énorme monta en elle. Elle voulait fuir de là mais, vu qu’il lui avait offert à manger, ça n’aurait vraiment pas été poli.
Après avoir inspiré et expiré plusieurs fois pour se calmer, Asuna dit d’une voix faible :
« …Merci pour le repas. »
« De rien. »
L’épéiste finit son propre repas puis épousseta les miettes de ses doigts gantés avant de continuer :
« La quête de la vache dont je parlais tout à l’heure, si tu veux la faire je peux t’apprendre quelques trucs. Si tu es efficace, tu peux finir en deux heures. »
« … »
Pour être honnête, elle n’était pas restée indifférente. Avec cette crème au yaourt, même du pain noir à 1 coll pouvait devenir un merveilleux festin. C’était une fausse satisfaction créée par la machine de reproduction du goût ; mais, y goûter encore une fois … Non, si possible, je veux en manger tous les jours, pensa-t-elle.
Cependant…
Asuna baissa les yeux et secoua la tête sous sa capuche.
« …Pas la peine. Je n’ai pas fait tout ce chemin jusqu’à cette ville pour venir me régaler. »
« Hum. Alors c’était pour quoi ? »
On ne pouvait pas dire que l'épéiste avait une belle voix ; mais elle n’avait absolument rien de déplaisant à l’oreille : elle sonnait comme la voix d’un jeune homme. Peut-être à cause de ça, les émotions tapies au fond de son cœur―celles dont elle n’avait jamais parlé à personne depuis son arrivée dans ce monde―s’échappèrent sans qu’elle s’en rende compte.
« Je…veux prouver que j’existe. Au début, je me suis enfermée dans une chambre d’auberge en ville. Mais j’ai décidé que, quitte à pourrir à petit feu, je voulais rester moi-même jusqu’au tout dernier instant. Même si je perds contre un monstre et meurs, ce jeu…ce monde… Moi non plus je ne veux pas perdre. Quoi qu’il m’en coûte. »
Asuna… Les 15 années de vie d’Asuna Yuuki avaient été une bataille continuelle. Ça avait débuté avec l’examen d’entrée en maternelle, puis beaucoup de petits et grands tests avaient suivi ; Asuna les avait tous surmontés. La règle était que le moindre échec ferait d’elle une bonne à rien ; elle avait donc continué à faire face.
Un nouveau défi lui avait été lancé après 15 ans de combat : « Sword Art Online ». Cependant, elle ne pouvait probablement pas réussir ce test. Se battre contre l’inconnu, avec des règles et des cultures différentes, c’était un genre de combat contre lequel la force d’une seule personne ne pouvait rien.
La condition de victoire donnée était la suivante : atteindre le sommet du château flottant de 100 étages et tuer le dernier ennemi. Cependant, un mois après le début du jeu, environ un cinquième des joueurs s’étaient retirés―et la plupart d’entre eux étaient des vétérans expérimentés. La force de combat restante était petite et la route à parcourir longue…
Au bout du compte, le flot de mots qui sortait du cœur d’Asuna s’affaiblissait puis se raffermissait tandis qu’elle parlait par bribes. Les parties décousues formaient des monologues incohérents que l’épéiste aux cheveux brun écoutait en silence… Finalement, la voix d’Asuna fut interrompue par la brise du soir puis il murmura calmement un simple mot :
« …Désolé. »
Après quelques secondes, Asuna se demanda : « Pourquoi il dit ça ? »
Elle avait rencontré cet épéiste pour la première fois aujourd’hui, il ne devait donc avoir aucune raison de s’excuser. Sous sa capuche, elle jeta un coup d’œil à la personne à côté d’elle. L’homme à la veste grise était à peine assis sur le banc, penché en avant, les coudes posés sur ses genoux. Ses lèvres bougèrent légèrement et elle entendit à nouveau sa voix :
« Désolé… La situation actuelle…ou, en d’autres termes, ce qui t’a mise dans cette situation, dans un sens, c’est peut-être ma… »
Mais elle ne put pas entendre le reste. Dressée haut au centre de la ville, sur un immense moulin à vent, une horloge alimentée par le vent résonna haut et fort.
Il était 16h. L’heure à laquelle la « réunion » débutait. Regardant autour d’elle, Asuna vit que des joueurs s’étaient rassemblés devant une fontaine proche, depuis dieu savait quand.
« …Allons-y. C’est la conférence à laquelle tu m’as invitée. »
Asuna fit remarquer ça en se levant et l’épéiste acquiesça puis se leva lentement. Ce qu’il allait dire… Elle ne lui reparlerait probablement jamais, de toute façon ; ça n’avait donc pas d’importance. Mais, dans ce sentiment, il y avait une émotion semblable à la piqûre d’une épine.
Je veux savoir. Je ne veux pas savoir. Quelle était son envie dominante, même Asuna n’en avait aucune idée.
Notes de traduction
- ↑ La magnitude est une échelle de mesure de la luminosité des étoiles. Elle va de 0 à 6. 6 étant la limite de visibilité à l’œil nu.
- ↑ Droper : Terme de jeu désignant le fait qu’un monstre laisse derrière-lui, en mourant, des objets ou de l'or.
- ↑ Le Kobold est un esprit de la mythologie germanique à l’apparence humaine mais à la taille d’un enfant.
- ↑ Linear : Linéaire
- ↑ Rapiériste : Utilisateur de rapière.
- ↑ Joueur solo : Personne jouant sans coéquipier.
- ↑ Overkill : Terme de jeu désignant le fait d’utiliser une puissance de feu exagérée par rapport à la résistance de l'ennemi.
- ↑ FullDive : Immersion Totale
- ↑ Personnages typiquement spécialisés dans la forge dans les récits d'heroic fantasy.
Retourner au Sommaire |