Date A Live Encore Chapitre 6

From Baka-Tsuki
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Date A Live Encore Chapter 6: Kurumi StarFestival[edit]

« C’est bien encombré par ici, huh. »

Shidou marchait tranquillement alors qu’il jeta un œil aux rues à sa gauche et à sa droite.

Dans ses yeux se reflétait le quartier commercial qui était plus animé que de coutume.

Il fallait s’y attendre, aujourd’hui on était le septième jour du septième mois. C’est le jour du festival annuel connu sous le nom de Tanabata, les commerçants, qui sont les plus à même d’apprécier ce genre d’évènement, n’ont pas laissé, bien sûr, échapper une telle occasion de faire du business, ils ont cultivé cette excitation dans le quartier depuis bien longtemps.

Des échoppes à ciel ouvert s’étaient installées le long des deux côtés de la rue, il n’y avait pas seulement des takoyaki ou des yakisoba, qui sont les incontournables de ce genre de festival, il y avait également des objets divers en vente qui paraissaient plutôt attractifs. Il n’y avait pas de fin au flot des visiteurs, le quartier entier était, en conséquence, emplit de gens.

Shidou n’était pas le genre de personne à être excité par un festival, même si c’était différent lorsqu’il se trouvait déjà à un endroit avec des échoppes partout. Bien que l’esprit festif ne cause pas la chute des prix, les tenanciers d’échoppes n’en vantent pas moins, dans des campagnes publicitaires inédites, les bénéfices pour ceux qui les visitent.

Depuis l’arrivée de la gourmande Tohka, le coût de la nourriture de la résidence Itsuka était financé par <Ratatoskr> mais la quantité et la qualité de la nourriture mis à part, s’occuper de leur repas quotidiens au prix le plus bas possible —— en tant que seul responsable de la cuisine de la résidence des Itsuka, c’était la tâche principale de Shidou.

En cet instant, Shidou se sentit pitoyable puisqu’il devenait conscient qu’il projetait la même aura qu’un père de famille… Cela dit, c’était inutile pour lui de s’en plaindre maintenant. Shidou mit de côté ses sentiments de déprime avec un profond soupir, après quoi il releva sa tête comme une femme au foyer qui venait tout juste de sortir pour chasser la bonne occasion.

C’était une tâche habituelle, un évènement de tous les jours, pour Shidou.

Après quoi, Shidou devrait juste aller dans les magasins où il se rendait habituellement et, comme d’habitude, discuter avec le vendeur enthousiaste pendant un moment avant de ramener les courses à la maison et de préparer le dîner pour le retour des filles.

—— Du moins, c’était ce qui devait se passer.

Mais, à ce moment.

« Eh ——— ? »

A la frontière de son champ de vue, du côté opposé de la rue, Shidou entrevit quelque chose d’hors du commun.

« Quo… »

Au même moment, avant que son cerveau ne puisse comprendre ce que c’était, le corps de Shidou se raidit, comme s’il avait été gelé sur le coup.

De l’autre côté de ce vaste océan de personnes qui emplissait le quartier commercial.

Une jeune femme portant une robe d’une pièce de couleur noire se tenait là.

Des cheveux longs qui s’écoulaient le long de ses épaules, une silhouette svelte, le côté gauche de son visage couvert par une frange semblable à une cascade, exposant seulement son œil droit, qui semblait insondable tel un trou noir, et ses lèvres qui étaient aussi délicates que des pétales de sakura[1]. Et avec toute cette beauté, elle avait une sorte de charme diabolique capable d’envoûter les hommes qui entraient en contact avec son regard.

Quoi qu’il en soit —— ce n’était pas la question.

La raison pour laquelle Shidou était si choqué, au point d’être incapable de bouger pendant quelques secondes, ce n’était pas à cause de l’apparence de la fille.

« Tokisaki —— Kurumi… ? »

Shidou prononça le nom de la fille sur un ton choqué et avala, en même temps, sa salive afin d’humidifier sa gorge sèche.

—— Tokisaki Kurumi.

La fille qui avait été soudainement transférée dans la classe Shidou il y a un mois de cela, celle qui avait voulu [dévorer] Shidou, l’Esprit qui avait prévu de s’approprier les pouvoirs scellés à l’intérieur du corps de Shidou pour son usage personnel, c’était la fille qui se trouvait sous ses yeux, Tokisaki Kurumi.

Possédant une personnalité brutale et compétitive, elle était très différente de Tohka ou de Yoshino qui causaient, toutes deux, involontairement des déchirures spatiales mettant la vie humaine en danger. Tokisaki Kurumi avait tué un nombre incalculable d’êtres humains de son propre gré… elle était également connue en tant que —— [l’Esprit le plus dangereux].

Il n’y avait pas si longtemps, elle avait perdu sa main gauche et une partie de son Ange suite à une attaque de Kotori, sa localisation était inconnue depuis lors. Quoi qu’il en soit, celle devant ses yeux à l’instant avait un bras gauche intact et n’affichait pas de blessures.

« ……Eh. »

Shidou ne put pas s’empêcher de se frotter les yeux.

C’était simplement pour se rassurer lui-même, il avait peu d’espoir qu’il ait mal vu.

Après cela, Shidou cligna des yeux quelques fois. Lorsqu’il reporta à nouveau son regard sur la rue…

La silhouette de la fille avait déjà disparue.

« Qu, Qu’est-ce que…c’était juste mon imagination, après tout —— »

« Uwah !? »

Avant même que Shidou ne puisse pousser un soupir de soulagement, soudainement, une voix derrière lui l’appela, le faisant sursauter.

Il se retourna prestement, juste en face de lui se tenait la fille qui était de l’autre côté de la rue quelques minutes auparavant.

« Kurumi… !? »

« Oui, cela faisait longtemps, Shidou-san. »

En disant cela, Kurumi arbora un sourire enivrant, en levant légèrement sa jupe et en inclinant ses genoux, elle salua Shidou.

Shidou, de son côté, essayait de calmer les battements irréguliers de son cœur, il fixa fermement le seul œil visible de Kurumi avant de demander.

« Qu, Qu’est-ce que tu fais…dans un lieu comme celui-ci ? »

S’il avait été, comme d’habitude, en communication avec Kotori, il aurait essuyé des reproches pour une question si inutile.

Le coin des lèvres de Kurumi le leva lentement, elle scrutait le visage de Shidou et elle répondit à la question par un murmure.

« N’est-ce pas évident —— Bien sûr, je suis là pour te rencontrer, Shidou-san. »

« …… ! »

Shidou retint immédiatement sa respiration et fit un pas en arrière en même temps.

Kurumi était venue rencontrer Shidou.

Ce qui voulait dire —— son but était de…

Malgré tout, en tant qu’être de chair et de sang, il était tout simplement impossible d’échapper aux griffes de Kurumi, Shidou en était parfaitement conscient.

Même s’il y avait autour d’eux des humains, aussi loin qu’on put voir, pour Kurumi, qui était un Esprit, ce n’était pas important d’être remarquée par témoins oculaires. Non…dans le pire des cas, si elle le voulait, elle engloberait tout le monde, y compris Shidou, dans les ténèbres ; l’enlever après cela, serait une tâche extrêmement simple.

A ce stade de réflexion, Shidou serra les dents alors qu’il reporta son regard sur Kurumi. En raison de cette personne insolite devant ses yeux, une scène de tous les jours, en un clin d’œil, s’était transformée à présent en existence incertaine. Que devait-il faire exactement —

« …… ? »

Mais, à ce moment, Kurumi tendit son bras et attrapa la main de Shidou avec la sienne.

« Fufu…hey, Shidou-san ? »

Le visage de Kurumi affichait un sourire enchanté, ses doigts entourèrent lentement ceux de Shidou. Son expression, c’était comme si elle avait vu à travers les pensées de Shidou, un frisson parcourut d’ailleurs sa colonne vertébrale.

Hélas, il avait tentait tout ce qu’il pouvait, Shidou pensa à lui-même, face à une telle situation, il lui semblait manquer d’options.

Quoi qu’il en soit — Kurumi vint à dire quelque chose qui était totalement hors de toute attente, comme si elle ignorait le désespoir qui envahissait le cœur de Shidou.

« —— Pouvons-nous aller en rendez-vous ? Maintenant ? »

Kurumi avait tiré sur la main de Shidou tout en ayant approché ses lèvres de ses oreilles, elle avait chuchoté ceci.

« Ha… ? »

Face à cette invitation inattendue, Shidou ne put s’empêcher d’écarquiller ses yeux.

« Kurumi, qu, qu’est-ce que tu viens de dire à l’instant… ? »

« Fufu, réellement Shidou-san, demander à une fille de répéter un tel mot une seconde fois… tu es réellement insensible. »

En disant cela, Kurumi pencha malicieusement sa tête de côté.

« Un…rendez-vous ? »

« C’est ça, je veux juste aller jouer avec Shidou-san, ne puis-je pas ? »

« Non, c’est juste que … »

Shidou était sans voix.

Kurumi l’avait dynamiquement invité en rendez-vous.

— D’un point de vue normal, c’était une situation extrêmement dangereuse.

Shidou hésitait également.

Il aurait menti s’il avait dit qu’il n’était pas effrayé par Kurumi. Après tout, elle était un Esprit malicieux qui a tué d’innombrables personnes par le passé, si elle voulait décapiter Shidou, ce ne serait guère qu’une tâche facile à faire.

Malgré tout, au plus profond de son coeur, il avait un profond désir de converser avec Kurumi une fois de plus, un désir qu’elle se confie à lui.

Ce sentiment l’emporta sur sa peur de la mort.

« ……. »

Quoi qu’il en soit, en réponse au silence de Shidou, Kurumi s’être méprise sur quelque chose.

« Ara, ara, il semblerait que Shidou-san doute encore de moi… C’est si regrettable mais on ne peut rien y faire… Peu importe de qui il s’agit, on ne peut vouloir sortir avec quelqu’un qui a tenté de vous tuer auparavant. Quoique —— »

En plein cœur de sa phrase, Kurumi se courba vers l’avant légèrement, regardant Shidou avec une expression humble, elle poursuivit.

« Sois calme, je suis venue ici, aujourd’hui, sans aucune intention hostile envers toi. Si tu ne me fais vraiment pas confiance, quoi que je fasse, je suis d’accord pour que tu me mettes des chaines aux mains ou même une bombe à la gorge, tu sais ? »

« Non, non, non, comment veux-tu que je fasse ça… »

Dès qu’elle vit l’agitation de Shidou, Kurumi écarquilla ses yeux et, comme si elle jouait à un jeu, elle cacha son visage derrière ses mains affichant une posture de désarroi.

« Ça veut dire que tu me détestes et que tu ne veux pas sortir avec moi ? *sniff* *sniff*, je suis si triste, je pense que je vais me mettre à pleurer. »

« Eh…. ! J, J’ai rien dit de la sorte ! »

« Quo—— »

« Hey hey hey… »

Shidou se gratta l’arrière de sa tête avec une expression soucieuse.

C’était évident que Kurumi agissait de manière suspicieuse. Bien sûr, dans le cas de Kurumi, elle pouvait très bien juste vouloir lui jouer une farce…Mais, pour diverses raisons, l’atmosphère que Kurumi dégageait était quelque peu différente de celle du plus dangereux des Esprits qu’il avait rencontré la semaine dernière.

De plus…Kurumi l’avait déjà dit auparavant, elle n’avait aucune intention hostile envers Shidou aujourd’hui.

C’était seulement une promesse orale, elle pouvait très bien revenir sur ses mots à tout instant, il n’y avait aucun moyen de certifier qu’elle tiendrait parole.

Malgré tout, aussi loin que Shidou pût se souvenir, les paroles de Kurumi avait souvent un sens caché, elle avait parfois parlé de manière détournée, mais elle n’était jamais revenue sur sa parole jusqu’à maintenant.

Plus important encore, la situation actuelle restait extrêmement dangereuse pour lui, s’il rejetait son invitation, la rendant malheureuse, il signerait son arrêt de mort. Avant même qu’il ne puisse proférer un « Désolé », il serait attiré dans les ténèbres par plusieurs mains.

« …Très bien, je vais sortir avec toi. »

Une fois que Shidou eut dit cela, l’expression de Kurumi s’illumina d’un coup.

« Vraiment ? »

Les sentiments de jubilation de Kurumi pouvaient être perçus non seulement à son expression mais également à ses mots, un peu de la même manière qu’une fleur en plein essor n’a rien à cacher, Shidou ne put s’empêcher d’en être surpris. Bien qu’il avait déjà pensé à plusieurs contre-mesures pour les situations diverses qui pouvait arriver…il était en échec face à un comportement comme celui-là.

« Fufu, je suis si contente, tu es réellement une gentille personne. »

Kurumi pépiait joyeusement tout en approchant et serrant le bras de Shidou.

« Wah ! Ku, Kurumi !? Qu… »

La soudaine tournure des évènements provoqua ce cri plein de surprise de Shidou, ainsi qu’une rougeur intense digne d’une vierge amourachée. En dépit du fait qu’elle était l’Esprit le plus dangereux, Kurumi avait toujours l’allure d’une fille fragile. Si elle entreprenait une telle action audacieuse, si soudainement, en tant que lycéen en bonne santé, comment pouvait-il résister ?

« Um, je veux dire, ce n’est pas un peu trop intime… ? »

« Ah bon ? »

Même si Kurumi souriait simplement face au trouble de Shidou, elle se colla plus encore à lui.

« Je ne vois aucun problème —— après tout, nous sommes en plein rendez-vous à partir de maintenant. Fufu, pour le moment… seulement pour le moment, Shidou-san est mon homme. Ou es-tu en train de dire…que tu éprouves du dégoût face à moi tenant ton bras de la sorte ? »

Kurumi le demanda d’une voix dépressive, cela provoqua un inexplicable sentiment de culpabilité dans le cœur de Shidou, il ne put s’empêcher de grommeler tout en fronçant des sourcils.

« Ce n’est pas ça, je ne vais pas t’éloigner…. »

« C’est vrai. Fufu, dépêchons-nous et allons-y. »

Tout en disant cela, Kurumi commença à marcher droit devant elle. Sous le commandement de sa silhouette menue, il fut à moitié tiré dans les rues animées.

—— Tanabata[2].

De même que Hikoboshi et Orihime qui furent séparés par la Voie lactée.

Avançant péniblement à travers les larges rues, serpentant à travers l’épaisse foule humaine——

Le jeune homme et la vierge se rencontrèrent à nouveau.

« …Umm, Kurumi. Tu as dit que c’est un rendez-vous mais où diable allons-nous ? »

Après avoir marché pendant une durée indéterminée, Shidou ne put s’empêcher de poser cette question.

« Hm, actuellement, il y a un endroit que j’aimerai visiter. »

« Un endroit où tu voudrais aller ? Où ? »

« Fufu, je garde le secret pour le moment. »

Au même moment, Kurumi n’oublia pas de poser son doigt sur les lèvres de Shidou. Assistant à une telle action adorable, il sentit son cœur s’emballer.

Quoi qu’à cet instant, il se rappela à l’ordre lui-même. Bien que cette chance d’interagir avec Kurumi fût une rare opportunité, son niveau de dangerosité ne diminuait pas pour autant. Etre avec elle impliquait qu’un instant d’inattention pouvait mener à une mort immédiate.

Alors que Shidou songeait à tout cela, Kurumi, qui le tirait, s’arrêta soudainement.

Suite à cela, elle afficha un sourire fourbe, le bout de sa langue passa sur ses lèvres, ses yeux étaient pointés directement sur Shidou.

« —— Aaah, aaah. Ça semble…délicieux. »

« … !! »

Ces mots éveillèrent la méfiance de Shidou.

« Quoi…ne me dis pas que tu as vraiment l’intention de ——»

Sa voix tremblait de peur, Shidou essaya de s’éloigner de Kurumi. Ses bras étaient semblables à des chaînes, refusant de le laisser partir ne serait-ce que d’un millimètre.

« Ah, ah —— »

Kurumi gloussa, ses lèvres formèrent un croissant, puis elle pointa son doigt —— sur un stand à espace ouvert derrière Shidou.

Le stand vendait des snacks nommés [Gâteaux de feuilles de bambou]. A l’intérieur de ces gâteaux fourrés se trouvait de la pâte d’haricot rouge ou de la crème. Cela semblait appétissant.

« Hey, Shidou-san. Tu ne penses pas non plus que cela semble délicieux ? »

« Eh ? Tu parlais donc de …ga, gâteaux… ? »

« —— Oh, de quoi est-ce que tu pensais que je parlais ? »

L’expression de Shidou se calma immédiatement. Assistant à son étrange réaction, elle ne put que rire sottement… haa, il se sentait d’une certaine façon tel un clown dans les mains de Kurumi.

« J, je veux te demander… »

« Fufufu, cela te donne faim, n’est-ce pas ? Regarde, il y a tellement de choses étranges partout. Celui-là semble s’être appelé [Glaces pilées de la Voie Lactée]. »

Shidou regarda dans la direction pointée par Kurumi. Il y avait, en effet, un stand qui vendait des glaces pilées au sirop Bleu Hawaii avec du lait condensé par-dessus.

« Ahh… alors c’est comme ça…leur représentation de la Voie Lactée est plutôt créative. »

« Regarde, la [Barbe à papa d’Orihime]. »

« Le rapprochement entre la barbe à papa et le tissage ? Celui-là me semble un peu forcé… »

« Celui-ci semble être la [Viande Séchée de Hikoboshi]. »

« Ce…un bouvier ne devrait pas manger de bœuf. »

Les marchands étaient vraiment à tous les coins de rue, Shidou fronça des sourcils et de la sueur se forma sur sa joue. Kurumi posa sa main sur sa propre bouche, démontrant un léger sourire.

« Fufu, se retrouver ainsi avec Shidou-san, cela me rend vraiment heureuse. »

« Non, je ne fais pas vraiment… »

Quoi qu’il en soit, sans même attendre qu’il ait fini, Kurumi tira, une fois de plus, Shidou par le coude. « Allons de ce côté-là, Shidou-san. »

« Wah, Kurumi, ne me tire pas ! »

« Fufufu, le temps n’attend personne, tu sais ? Viens, Shidou-san. Profitons du peu de temps que nous avons ensemble. »

Kurumi marchait avec un visage souriant, avec Shidou juste derrière elle, ils serpentaient à travers le quartier marchand.

Après encore une quinzaine de minutes à pied, Kurumi pointa du doigt un immeuble en face d’elle et dit à Shidou.

« C’est cet endroit. »

« Cet endroit c’est…oh, le planétarium ? »

C’était vrai, en face d’eux se trouvait le planétarium qui était situé un peu à l’écart du quartier marchand.

« Oui, depuis un bon moment déjà, j’avais hâte de voir ça. »

« Est-ce vrai…c’est plutôt inattendu. »

« Ara, qu’est-ce que tu veux dire ? »

« Ah, non… »

Shidou était en plein milieu de considérations du genre, de quelle excuse adopter, avant qu’il n’ait une soudaine révélation —— il fut choqué lui-même d’être suffisamment relaxé pour plaisanter avec Kurumi.

Non, il ne baissa probablement pas sa garde du tout. Quoi qu’il en soit, du quartier commercial à ici, il n’avait perçu aucun sentiment d’hostilité ou de violence de la part de Kurumi, ce qui avait eu, d’une certaine façon, pour effet d’amoindrir son sens du danger.

C’était vrai, la Kurumi d’aujourd’hui était simplement une fille normale.

Passant joyeusement son bras sous le sien tout en engageant une conversation, souriant de bonheur…toutes ces activités normales.

Une telle normalité —— être ensemble pour une si courte période de temps, provoqua chez Shidou l’oubli de la bataille sanglante du mois précédent.

« … »

Shidou fixa, sans mot dire, Kurumi.

… Il n’avait aucune idée de ce qui traversait son esprit. Avait-elle prévu de [dévorer] Shidou une fois qu’il aurait baissé sa garde ? Mais si tel était le cas, quelle raison Kurumi avait-elle de le faire d’une façon si détournée ? Elle aurait tout aussi bien pu l’amener dans les ténèbres au moment où leurs regards se sont croisés pour atteindre cet objectif. Si c’était son but, alors pourquoi ? Elle ne pouvait pas simplement vouloir un rendez-vous… ? Non, cette idée était encore plus stupide. Puisqu’elle était entrée en contact avec Shidou, en sachant très bien qu’elle serait découverte par <Ratatoskr>, elle devait avoir un plan en tête ——

« … ? Shidou-san ? Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Ah…c’est rien. Entrons, Kurumi. »

Shidou cacha ses sentiments d’hésitations envers Kurumi et marcha avec elle dans le planétarium.

Après avoir acheté deux tickets, ils cherchèrent leurs places et s’assirent. Peu de temps après, les lumières s’éteignirent dans le planétarium et la voix du guide résonna dans l’obscurité.

« —— Nous vous remercions de votre présence, en ce jour, dans notre planétarium. Notre programme d’aujourd’hui est —— »

Après les remerciements programmés à l’avance, au-dessus, sur le plafond en forme de dôme en demi-cercle, d’innombrables étoiles commencèrent à briller.

« Wow… »

Une voix d’émerveillement se fit entendre à côté de lui, Shidou ne put s’empêcher de détourner son regard du plafond vers la source du bruit.

Près de lui, les yeux de Kurumi brillaient avec un éclat scintillant, elle ne détourna pas son regard, elle continua de regarder les innombrables étoiles éblouissantes au-dessus d’elle avec une grande stupéfaction.

« … »

Assistant à son innocence, Shidou se gratta la joue… laissant s’échapper un petit soupir, avant de reporter son regard au plafond.

… Il pouvait voir les étoiles mais il ne pouvait pas comprendre les vrais sentiments de Kurumi.

En mettant de côté la sensation d’impuissance de Shidou, les innombrables étoiles dans le ciel réunies toutes ensembles, formant une magnifique tapisserie de lumière —— c’était la Voie Lactée. De chaque côté, il y avait deux autres étoiles qui dégageaient une luminosité qui éclipsait les autres.

[—— La fille de l’Empereur Céleste qui vivait sur la berge de l’Amanogawa, Orihime, était une vierge céleste capable de tisser de superbes vêtements.

Cela dit, après son mariage avec Hikoboshi, le Bouvier, Orihime ne tissa plus, elle passait la majeure partie de ses journées à jouer avec lui. L’Empereur Céleste devint furieux lorsqu’il vit cela et sépara les deux en vue qu’ils se concentrent sur leur travail.

Depuis ce jour, les deux amoureux ne sont autorisés à se voir l’un l’autre qu’une fois par an, au cours de la nuit du septième jour du septième mois. Néanmoins, s’il pleut en cette journée, l’Amanogawa déborde et ils sont incapables de la traverser ——]

Il en était ainsi, la voix raconta les origines de Tanabata, cela semblait plutôt approprié à l’ambiance festive.

Shidou jeta un coup d’œil furtif, une fois de plus, bien qu’il fut surpris cette fois par les yeux de Kurumi qui le croisèrent.

« —— ! »

« …Fufu. »

Shidou ne put s’empêcher de sentir son cœur bondir, Kurumi ne sembla pas, néanmoins, y faire attention. Alors qu’elle déployât un sourire radieux, elle posa silencieusement ses mains sur celles de Shidou. Le dos de sa main était enveloppé d’une sensation douce et fraiche, le cœur de Shidou sauta un battement.

« Ku, Kurumi… ? »

Il voulut lui poser une question mais son regard était déjà retourné vers le plafond étoilé.

Kurumi ne prêta pas attention au trouble de Shidou, elle sépara lentement ses douces lèvres.

« Hey —— Shidou-san. »

« Qu, Qu’est-ce qu’il y a… ? »

« Hikoboshi et Orihime sont séparés par la Voie Lactée et ne sont autorisés qu’une fois par an à se rencontrer, pas vrai ? »

« …Ouais, c’est juste. »

« Néanmoins, s’il pleut à la Tanabata, cette opportunité dans l’année est perdue. »

« Ouais…il y a de nombreuses interprétations concernant cela…mais c’est vrai dans la plupart des mythes. »

En entendant les mots de Shidou, Kurumi prit une légère inspiration comme si elle pensait à quelque chose, puis elle poursuivit.

« Si…et seulement si, une année, une autre année et l’année suivante…si la pluie continue de tomber à la Tanabata, l’Amanogawa, qui sépare les deux, continuera de déborder…alors les deux amoureux, seront-ils toujours capables de penser l’un à l’autre ? »

« Eh… ? »

En présence d’une telle question, Shidou ne put s’empêcher de pencher sa tête en guise d’interrogation.

« Pourquoi une telle question ? »

« Le temps est plus gentil que tout. Même si les deux perdent cette occasion unique de se voir dans l’année, la tristesse guérira avec le temps qui passe. D’un autre côté, le temps est également plus cruel que tout, même si les deux amoureux se sont engagés pour l’éternité, cette émotion pure sera réduite en poussière par le passage du temps. Cet instant, où leur existence a été acceptée l’un par l’autre, sera constamment emportée par la destinée. Pendant combien de temps l’amour qui réside dans leur cœur existera-t-il ? »

« C’est vraiment… une question difficile. »

Le visage de Shidou prit une expression confuse alors qu’il avait répondu de la sorte, il n’y avait pas de bonne réponse lorsqu’il s’agissait de ce genre de questions.

Néanmoins, Kurumi ne céda pas puisqu’elle continua de regarder Shidou, c’était comme si elle attendait que celui-ci lui donne une réponse. Son regard sérieux rendit Shidou légèrement effrayé.

« Gah —— … Kurumi ? »

« Oui. »

« Je ne suis ni Hikoboshi ni Orihime. Ce que je vais dire, j’espère que tu le prendras comme mon opinion personnelle. »

« Très bien. »

« Je pense qu’ils ne s’oublieront probablement jamais l’un l’autre. »

En entendant cette phrase, Kurumi pencha sa tête curieuse dans sa direction.

« Qu’est-ce qui te fait penser ça ? »

« Réfléchis à ça, les deux ont oublié leur travail parce que leur relation était trop bonne, ce qui a débouché sur leur séparation, pas vrai ? S’il n’y avait pas eu cet évènement malheureux, comment auraient-ils pu s’oublier eux-mêmes ? »

« …Vraiment. »

La réponse mélancolique de Kurumi était accompagnée d’un soupir. Il semblait que cette réponse ne l’ait pas satisfaite.

Néanmoins, Shidou n’avait pas fini de parler, il agita sa tête et continua.

« Ne sois pas hâtive, je vais prouver ce que je viens juste de dire. »

« Prouver…tu dis ? »

« C’est vrai. Je pense… que les deux se rencontrent constamment en secret. »

« Huh ? »

Kurumi fut prise au dépourvu tandis qu’elle ouvrit grand ses yeux.

« Qu’est-ce que tu veux dire par là ? Ne sont-ils pas séparés par l’Amanogawa ? »

« Non, si tu y penses, Hikoboshi — également connu comme l’autre nom de l’Etoile du Bouvier[3] est l’Aigle — c’est l’étoile alpha de la constellation de l’Aigle. Puisqu’il est un aigle, il peut juste voler par-dessus l’Amanogawa en battant des ailes. Les deux doivent se rencontrer secrètement à l’insu de l’Empereur Céleste. Du coup, comment pourraient-ils s’oublier l’un l’autre. »

« … »

En entendant les mots de Shidou, Kurumi resta sans voix alors qu’elle écarquilla ses yeux pendant un moment ——

« He, hehe….haha, ahahahahaha.»

Pas si longtemps après, elle commença à rire de manière incontrôlable.

Ce n’était pas le gentil et discret gloussement habituel mais un rire bruyant.

De l’irritation commença à poindre autour d’eux sous la forme de toux, des regards de complainte les poignardait comme si c’était des aiguilles. En dépit de tout cela, Kurumi continua de rire.

« Um…Kurumi, je pense qu’il serait mieux que nous sortions, d’accord ?! »

En disant cela, Shidou aida Kurumi à se relever. Bien que cette dernière fût toujours en éclat de rires, elle écouta docilement la suggestion de Shidou.

Alors que celui-ci courbait la tête en guise d’excuse auprès des autres clients autour d’eux, il dirigea Kurumi vers le vestibule obscur.

« Haa — ……Fufu, c’était vraiment drôle. Je comprends maintenant… effectivement, Shidou-san marque un point. »

« …En fait, je n’avais pas l’intention de te faire rire. Puisque tu as fini, devrait-on y retourner ? »

Suite à la question de Shidou, Kurumi pencha sa tête d’un côté à l’autre.

« Ça suffit. De ce côté —— je veux écrire sur le tanzaku[4]. En écrivant mon vœu dessus et en l’accrochant sur une pousse de bambou, il deviendra réel, c’est bien ça ? »

« Même si je ne sais pas à quel point c’est vrai que…Hm, tanzaku huh…Si c’est le cas, alors allons au quartier commercial, il y a beaucoup de bambou plantés là-bas. Les tanzaku sont donnés gratuitement, devons-nous y aller ensemble ? »

« Oui, je ne peux plus attendre. »

Kurumi afficha un sourire adorable, s’accrochant fermement, une fois de plus, au bras de Shidou.

« Hey, hey… »

Shidou voulut résister un instant……néanmoins, il réalisa qu’une telle résistance était futile, aussi il laissa Kurumi suspendue à son bras alors qu’ils quittèrent le planétarium.

Suite à cela, ils rebroussèrent chemin sur la route qu’ils avaient pris précédemment.

Shidou regarda sa montre après avoir quitté le bâtiment, il était à peine plus de six heures du soir. Le ciel avait commencé à prendre une teinte cramoisie, leurs ombres à tous les deux se dessinaient sur le sol.

…… Il va être l’heure du dîner, Tohka, l’affamée, devait déjà être en train de râler dans la résidence des Itsuka. Mais c’était impossible pour lui d’échapper à Kurumi, pour le moment. Plus important —— concernant l’actuelle Kurumi et celle qu’il avait rencontré la dernière fois, Shidou était incapable de la seule.

Alors qu’ils étaient sur le point de tourner vers le quartier commercial, Kurumi s’écria de surprise soudainement, tout en s’arrêtant dans sa marche.

« Gah……qu’est-ce qu’il y a ? »

« Shidou-san, regarde ça. »

Shidou regarda dans la direction indiquée par Kurumi.

Là, il y avait un petit magasin de mariage, son enseigne comportait le slogan suivant [Essayez une robe de mariée gratuitement !].

« J’ai toujours voulu en essayer une. Avant de revenir au quartier commercial, ne devrions-nous pas entrer et y jeter un œil ? »

« C’est… mais je suis toujours un lycéen. En plus, pourquoi es-tu soudainement si intéressée par ce genre de choses… »

« …… »

En entendant Shidou dire cela, Kurumi sembla soudainement démotivée, affichant une expression de solitude.

« ……C’est parce que je veux plus de souvenirs avec Shidou-san. En même temps —— j’espérais que Shidou-san serait également en mesure d’emporter quelques souvenirs du temps passé avec moi. »

« Eh ? »

En écoutant Kurumi prononcer ces mots qui ne lui ressemblaient pas du tout, Shidou ne put s’empêcher de lever ses sourcils.

« …Pouvons-nous y aller, s’il-te-plait ? »

« Guh… »

Remarquant les yeux humides de Kurumi, Shidou ne sut trouver dans son cœur la force de lui dire non.

« J, je pense que ça devrait aller. Alors allons simplement leur demander. S’ils refusent, tu devras abandonner, d’accord ? »

« ! Oui, oui ! Je suis si contente ! »

Le visage de Kurumi s’illumina aussitôt.

Ce regard pur et innocent provoqua chez Shidou la perte de toute résistance, il n’avait pas d’autre choix que d’entrer dans la boutique de mariage avec Kurumi.


« Shidou-san…où es-tu ? »

C’était le soir. Sous la lueur crépusculaire, Yoshino se promenait actuellement à travers le quartier commercial.

Le petit visage de la fille était caché sous un chapeau de paille à large bords. Ses deux yeux de saphirs, ainsi que l’amusante marionnette de lapin sur sa main gauche, [Yoshinon], étaient ses caractéristiques essentielles.

« Ouais, c’est vrai, est-ce que quelque chose lui est arrivé… »

« Hmph, il doit probablement être en train de réfléchir à propos de quoi faire pour le dîner devant les échoppes. Allons le trouver rapidement et rentrons. »

Comme si elles venaient de répondre aux pensées spontanées de Yoshino, les deux filles, qui marchaient devant elle, avaient-elles répondu.

L’une des filles avait des cheveux noirs comme la nuit, une fille aux yeux semblables à des cristaux —— Tohka. L’autre fille avait des cheveux attachés en deux couettes et tenus par deux rubans noirs, elle avait une expression hautaine —— Kotori.

Il était vrai qu’à l’origine le dîner était supposé être à la résidence Itsuka, mais Shidou, qui était parti plus tôt pour acheter des ingrédients, n’était pas encore rentré et était injoignable.

Yoshino, aussi bien que Tohka et Kotori, qui étaient inquiètes, s’étaient rendues ensemble jusqu’au quartier commercial en vue de le retrouver.

« Hm ? »

Soudainement, les sourcils de Tohka se levèrent, elle tapota Kotori sur l’épaule et demanda.

« Kotori, Kotori. »

« Hm ? Qu’est-ce qu’il y a ? Tu as déjà trouvé Shidou ? »

« Non, pas encore…je voulais juste savoir, qu’est-ce que c’est ? »

En disant cela, Tohka pointa du doigt en direction d’une rue.

Là, de nombreux bambous étaient disposés de chaque côté. Pour quelque raison, les branches des bambous avaient d’innombrables morceaux de papiers accrochés dessus.

« Oh……Ceux-là ? Ce sont les tanzaku à souhait. Ce qui veut dire qu’aujourd’hui on est le jour de Tanabata. »

« Tanzaku ? Tanabata ? »

« Ouais. La coutume de Tanabata est d’écrire des souhaits sur des morceaux de papier appelés Tanzaku et de les accrochés sur les bambous, ainsi ton vœu se réalisera. »

« ! Qu, qu’est-ce que tu viens de dire… ! »

En écoutant les explications de Kotori, les yeux de Tohka commencèrent à briller.

« Ko…Kotori ! »

« ……D’accord, d’accord, c’est bon, tu peux aller essayer. »

« Ou, ouais ! »

Kotori exprima son approbation comme si elle avait vu à travers Tohka. D’un autre côté, cette dernière acquiesça de la tête vigoureusement avant de courir vers les bambous.

En regardant le visage de Tohka, Kotori tourna son regard vers Yoshino.

« Si tel est le cas, alors Yoshino, tu devrais aussi y aller. »

« Eh…Je, je peux, y aller aussi… ? »

« Ouais, bien sûr. Même si c’est une toute autre histoire le fait qu’il s’avère ou pas, mais, puisqu’il n’a lieu qu’une fois par an, tu devrais y aller et essayer par toi-même. »

« Tr, Très bien… ! »

Ainsi, Yoshino suivi Kotori dans la rue principale, elle récupéra deux tanzaku gratuitement, pris un stylo d’agenda et elle écrivit son souhait aux côtés de [Yoshinon].

« Oooh, qu’est-ce que tout le monde désire ? »

A ce stade, Tohka, qui avait fini d’écrire, s’avança un pas après l’autre discrètement et jeta un œil au tanzaku de Kotori.

« …Uh ! »

Sur ce, Kotori devint troublée, elle retira hâtivement le vœu à moitié fini.

« Uh ? Qu’est-ce qui ne va pas, Kotori. »

« C’est, c’est rien. Je l’ai mal écrit, juste une erreur. »

Kotori traça une ligne courbe alors qu’elle recommença à écrire son vœu dans l’espace libre.

« Hm ? Oh, ooh…… »

« D, D’accord… »

Tohka et Yoshino hochèrent de la tête précipitamment après avoir succombé à la pression exercée par Kotori.

Après que tout le monde ait écrit ses vœux sur son tanzaku, elles s’engagèrent à travers la foule.

« Phew… Cela va demander pas mal d’efforts pour retrouver Shidou dans cette foule. Il n’y a pas d’autres moyens…divisons-nous et cherchons chacune de son côté. Je vais aller dans la partie nord de la rue, Tohka ira dans la partie sud et Yoshino fera la frontière de la zone de recherche. Si vous ne trouvez rien dans les 30 minutes, revenez ici pour se regrouper, compris ? »

« Ouais, entendu ! »

« D,D’accord…nous avons compris. »

[OK —— Laisse-nous nous en occuper —— !]

Tohka, Yoshino, ainsi que [Yoshinon], acquiescèrent de la tête.

« Bien…commençons les recherches ! »

Au signal de Kotori, les trois filles, plus une lapine, hochèrent de la tête.

« Bien…commençons les recherches. »

Au signal de Kotori, les trois filles plus la lapine s’en allèrent chercher chacune dans leur zone respective.

La zone de Yoshino était le quartier commercial en bordure du district du commerce. Comparativement à la grande rue, il y avait moins de fréquentation, il y avait moins de risque de bousculer un passant ou une personne distribuant des mouchoirs de tissu[5]. Kotori devait y avoir pensé à l’avance pour le bien-être de Yoshino.

Après avoir silencieusement remercié Kotori, elle commença à chercher Shidou.

« …Shidou-san, j’espère qu’il ne t’est rien arrivé. »

Se dit Yoshino à elle-même. A cet instant, [Yoshinon], sur sa main gauche, se mit soudainement à rire « Oo —— hohoho. »

[Bien —— le danger mis à part —— il a très bien pu tomber sur ce que tu sais —— ? ]

« Quoi… ? »

[Je suis en train de parler de femmes —— Femmes. Ah —— Shidou-kun est un maniaque sexuel !]

En disant cela, [Yoshinon] se couvrit le visage avec ses deux mains, tordant son corps de manière timide.

Yoshino afficha un sourire amer mais, avant qu’elle ne put répondre, [Yoshinon] ——

« Eh… ? »

L’instant d’après, elle ouvrit grand ses yeux et resta figée à cet endroit.

La raison en était simple. Elle venait de voir Shidou et une fille, qu’elle n’avait pas reconnue, ensemble dans la rue.

« C, C’était… »

[C’est Shidou-kun —— Uhwoo —— C’est une fille ! Shidou-kun est réellement quelque chose ! ]

« Co, Comment cela peut-il être… »

La voix de Yoshino commença à trembler. Shidou et la fille marchaient droit vers un bâtiment.

—— Cet endroit était un magasin de mariage.

« Eh… !? »

[Hyuuuu——]

Yoshino ne comprenait pas tous les détails mais elle avait précédemment entendu que le mariage était l’acte de deux personnes se promettant de s’aimer l’un l’autre pour toujours et qui vivaient sous le même toit.

—— Ne me dis pas que Shidou-san va réellement… ?

« …Uu. »

Yoshino retint son souffle, elle se faufila discrètement derrière un coin de mur tout en avançant petit à petit vers le magasin où les deux étaient rentrés.

Jetant un œil à l’intérieur depuis l’entrée du magasin, elle vit Shidou négocier avec la réceptionniste à propos de quelque chose. La fille, de son côté, attendait derrière lui.

Cheveux noirs comme la soie, des traits parfaits, cette fille était belle au point de l’effrayer.

« Shi, Shidou-san…Pourquoi es-tu ici ? »

« …Ara ? »

Alors que Yoshino se concentrait sur la fille avec perplexité, la fille remarqua le regard de Yoshino et se dirigea vers elle.

« Bonne soirée, est-ce que tu me voudrais quelque chose ? »

« Hyi… »

Etre soudainement engagé dans une conversation avec une inconnue provoqua un afflux de timidité chez Yoshino.

Quoi qu’il en soit, ce n’était pas le moment d’être effrayée, Yoshino rassembla tout le courage dont elle disposait et ouvrit ses lèvres tremblantes.

« U,um…Est-ce que je peux te demander quel est ta relation avec Shidou-san… »

En entendant Yoshino mentionner le nom de Shidou, la fille ouvrit grand ses yeux sous le coup de la surprise.

« Tu connais Shidou-san ? Ara… ? Une fois encore, est-ce qu’on ne se serait pas déjà rencontrées à quelque part… ? »

La fille marmonna à elle-même, tout en étant perdue dans ses pensées, elle hocha légèrement de la tête plusieurs fois après un petit moment.

« … ? »

« Aaah, ça ne me revient pas. D’ailleurs, tu ne voulais pas savoir quel genre de relation… j’ai avec Shidou-san ? »

« Ou…Oui… »

Yoshino acquiesça lentement alors que la bouche de la fille eut une pointe de sourire maléfique.

« Concernant cela, comment dire… Je suppose qu’on pourrait parler d’une destinée qui ne peut être tranchée, d’une passion qu’on ne peut séparer… En conclusion, c’est une relation spéciale dans laquelle personne ne peut interférer, hm ? »

« Eh ? Eh… ? »

Les mots de la fille mirent Yoshino en état de choc. Néanmoins, elle continua de parler tout en savourant la réaction de cette dernière.

« Je sais tout ce qu’il faut savoir sur Shidou-san, en incluant chaque parcelle de son corps, et cela parce que je l’ai soigneusement inspecté, tout comme je l’ai léché partout. Aaah… Cette fois-là lorsque nous nous sommes rencontrés le mois dernier, quelle nuit passionnée que nous avons eu… Exactement comme je l’ai dit à Shidou, un objet brûlant est entré dans mon corps… Fufufu, je vais lui faire prendre ses responsabilités à ce propos. »

« C, C’est… »

« Aah, c’est vrai... Les sous-vêtements que je porte actuellement ont également été choisis par Shidou-san lui-même. Si tu ne me crois pas, je peux te les montrer ? »

En disant cela, la fille saisit les bords de sa jupe et la souleva lentement vers le haut.

« … !? »

L’esprit de Yoshino fit le vide, le monde commença à tourner, elle n’eut pas le temps de penser, ses jambes l’amenèrent déjà bien loin.

« Fufufu, bonne journée à toi. »

La fille déconcertée appela mais Yoshino n’avait aucune force pour se retourner. Elle n’avait pas le temps d’organiser ses pensées, elle pensa seulement à quitter cet endroit aussi vite que possible.


« D’une certaine façon…cela met mal à l’aise… »

Shidou se dit cela à lui-même tout en ajustant sa cravate dans la cabine d’essayage du magasin de mariage.

C’était inévitable, la plupart des hommes qui portent un smoking blanc pour la première fois de leur vie auraient probablement pensé la même chose.

Il est vrai, finalement, que Shidou et Kurumi ne que sont que des lycéens amoureux mais ils ont tout de même reçu la permission d’essayer les habits de mariage.

Non, pour le dire les choses plus précisément, au début la réceptionniste avait eu une expression confuse sur son visage, bien qu’après que Kurumi lui eut soufflé quelque chose à l’oreille, elle avait immédiatement changé d’attitude et était devenue extrêmement coopérative. En bref…elle lui avait même permis d’essayer un smoking blanc.

« Cette fille, Kurumi, qu’est-ce qu’elle a bien put lui dire… ? »

Shidou émis un long souffle —— il se souvint soudainement de quelque chose.

« Ah…cela veut dire que je peux utiliser mon portable ! »

Ayant été dirigé par Kurumi tout ce temps, les pensées de Shidou s’étaient ralenties. Il sortit son portable de ses vêtements sur le cintre, l’ouvrit et remarqua de nombreux appels manqués affichés sur son écran. Il semblerait qu’il avait provoqué l’inquiétude de sa famille.

« Dans ce cas, je vais appeler d’abord Kotori… »

Quoi qu’il en soit, alors que Shidou allait envoyer un message, la porte de la cabine d’essayage s’ouvrit avec un *bang* et la réceptionniste, qui était assise dans la salle d’attente, entra.

« Allons dépêchez-vous, la mariée a déjà finie de se préparer ! Comment le marié pourrait-il rester ici ! »

En disant cela, elle avait tiré avec enthousiasme la main de Shidou.

« Wah, attendez ! »

Shidou, pris au dépourvu, ne put pas même résister, il fut traîné hors de la cabine sans avoir la possibilité d’effectuer son appel.

C’est ainsi qu’il fut mené à travers les couloirs, pendant tout le chemin jusqu’à une autre cabine d’essayage, la réceptionniste ne lui lâcha pas le bras.

« Venez, entrez… »

« Ah, um… »

Shidou répondit sans énergie tout en levant sa main pour ouvrir la porte.

« ————— »

Kurumi, qui se tenait au centre de la cabine d’essayage, tourna son regard, Shidou se retrouva instantanément sans voix. Contrairement à son image habituelle, une robe d’un blanc pur enveloppait son corps agile, une fine couche de maquillage couvrait son visage —— en présence d’une beauté si époustouflante, Shidou fut incapable de prononcer le moindre mot.

« Fufu…être fixée de la sorte, je vais me sentir gênée. »

« ! Ah, c’est…d, désolé. C’était parce que tu étais… tu es, vraiment trop belle. »

« C’est vrai ? J’apprécie le compliment. »

Aussitôt que Shidou répondit, le visage de Kurumi prit une nuance rose pâle et afficha un sourire gracieux. Pour quelque raison, l’employée derrière lui renifla suite à un débordement d’émotions, en même temps, elle sortit son mouchoir et se tamponna les yeux.

KurumiStarFestival.jpg

« …Hey, Kurumi, qu’est-ce que tu lui as dit ? »

« Aaah, cette dame là-bas ? Pas grand-chose, je lui ai seulement dit : ‘Je n’ai pas longtemps à vivre à cause d’une maladie en stade terminal. J’ai peur de ne pas atteindre l’âge où nous pourrions nous promettre de vivre ensemble. Il est tellement plein de regrets pour cela qu’il veut au moins me laisser la chance de porter une robe de marié.’ Suite à cela, elle est devenue extrêmement attentionnée… »

« …Attends… tout cela n’est qu’un mensonge ? »

« Fufufu, je me demande…»

Shidou avait dirigé des yeux inquisiteurs, alors que Kurumi avait simplement rit.

Sur ce, la réceptionniste, qui sanglotait toujours bruyamment, renifla encore quelques fois, puis elle commença à exhorter Shidou et Kurumi.

« Très bien, très bien, s’il-vous –plait, dirigez-vous vers la salle de mariage, nous allons également procéder aux captures photos.»

« Eh…non, pas besoin, ça nous suffit. »

« Qu’est-ce que vous dites ! Ça pourrait être…ça pourrait être sa dernière chance… ! »

Après s’être écriée de la sorte, cette employée utilisa son mouchoir pour couvrir son visage alors qu’elle pleurait de manière incontrôlable. Il semblait qu’elle était le type de personne qui en venait facilement aux larmes.

« N’est-ce pas bien comme ça, Shidou-san ? De plus, je voudrais…aussi prendre des photos de mariage avec toi. »

« …Uu, um —— »

Etait-ce réellement bien…Même si Shidou était hésitant, il ne pouvait plus dire à ce stade : « Tout cela n’est qu’un mensonge ! ». Plus important, il n’y avait aucune raison de refuser le souhait de Kurumi simplement pour cette simple excuse.

En tant que tel, sous les invitations de la réceptionniste, Shidou et Kurumi s’avancèrent ensemble dans la salle.

Après être sortis du bâtiment par la porte arrière, ils atteignirent une large zone qui semblait être une cour.

C’était un endroit calme qui était loin de l’effervescence de la ville. Et au centre, une église était bâtie. Sous l’illumination du coucher de soleil, l’endroit entier était comme peint d’une lueur vermeille.

Même si elle était petite, il y avait une église qui était soigneusement entretenue. En ouvrant la porte de couleur chocolat, il put voir le tapis cramoisi s’étendant tout le long de l’intérieur de l’église avec des rangées de bancs des deux côtés. Ce qui frappa leurs yeux tout de suite après, ce furent l’autel, qui était placé au fond de l’église, le grand crucifix ainsi que l’éclat des vitraux.

« Venez ! Placez-vous, s’il-vous-plait, en face de l’autel ! Laissez-moi faire les photos ! »

« O, oh, merci. »

« Fufufu, nous vous laissons faire. »

Un appareil photo digital reflex à un objectif était entre ses mains, sous ses instructions, Shidou et Kurumi se tenait côte à côté en face de l’autel.

« Eh bien, mettez-vous face à face juste là. Un peu plus près le marié. Souriez s’il-vous-plait ! »

« Ha, haha… »

Après s’être fait remarqué, Shidou afficha un sourire peu enthousiaste. En même temps, son oreille put entendre le claquement de l’obturateur.


Sans savoir pendant combien de temps elle avait couru après avoir quitté le magasin, Yoshino heurta accidentellement quelque chose de mou.

« Kya…. ! »

« Yoshino ? Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi es-tu aussi nerveuse ? »

Elle avait heurté Tohka. Cette dernière regarda Yoshino tout en penchant la tête de manière interrogatrice.

« To, Tohka…san. Shidou, san…est en train… »

« Uh ? Est-ce que quelque chose est arrivée à Shidou ? »

Regardant Yoshino haletante, la jeune femme —— Tohka fronça légèrement des sourcils.

« Ou, Ouais…actuellement… »

Lorsque Yoshino se calma finalement, elle commença à répéter à Tohka ce qu’elle venait de voir.

« Qu, Quoi… ? Shidou est en train de se marier à une fille qui relève sa jupe… ? »

Tohka sourcilla, pleine de confusion.

C’était inévitable, même Yoshino, qui avait assisté à la scène, avait du mal à la comprendre.

A cet instant.

« Ah…Tohka, Yoshino. Comment était-ce pour vous ? Vous avez trouvé Shidou ? »

Alors que les deux filles se regardaient l’une l’autre désespérément, Kotori tomba justement sur elles.

« Ohhh, Kotori. En fait, Yoshino semble avoir trouvé Shidou… »

« ! Vraiment ? Où est-ce que tu l’as vu ? »

« Hm, en parlant de ça, il semblerait que Shidou ait remonté la jupe d’une fille mignonne, ils ont passés une nuit passionnée ensemble, du coup maintenant on lui demande de prendre ses responsabilités en l’épousant ou quelque chose comme ça. »

« Ah… ? »

En écoutant les paroles de Tohka, Kotori resta immédiatement sans voix. Néanmoins, l’instant d’après, ses joues tournèrent au rouge, la colère était manifeste sur son visage.

« Tu…T’es en train de plaisanter ! S-Shidou en train de se marier !? Qu, qu-qu-qu’est-ce qu’il se passe bon sang !? »

« Je, je ne suis pas sûre non plus… »

« Quel genre de blague est-ce là ! D’où elle sort cette mégère ! Comment se permet-elle de séduire mon onii-chan ! »

Kotori hurlait à haute voix, tout en martelant le sol de son pied. Après cela, elle porta un regard perçant à Yoshino.

Cette expression démoniaque fit crier Yoshino de terreur.

« Où sont-ils, Yoshino !? Montre-moi ! »

« D-D’accord… ! »

Bien que l’explication de Tohka était légèrement différente de ce qu’elle avait dit précédemment… Peu importe, la situation actuelle nécessitait l’assistance des deux.

Yoshino accompagnée de Tohka et Kotori coururent le long de la route qu’elle venait d’emprunter.


Après la séance photo, les deux allèrent se changer et quittèrent le magasin de mariage. Entre temps, les environs avaient totalement adoptés la couleur du crépuscule.

Cela dit, il ne pouvait pas simplement quitter Kurumi comme cela. Le rendez-vous spécial, qu’elle lui avait demandé, n’était pas encore complétement terminé.

C’est vrai, Shidou était actuellement en train de marcher dans la rue sombre du quartier commercial aux côtés de Kurumi, en vue de satisfaire son envie d’écrire un tanzaku.

« …… »

Shidou regarda silencieusement Kurumi.

Kurumi enlaçait délicatement la photo qui leur avait été donnée au magasin de mariage (De plus, elle ressemblait vraiment à une vraie photo de mariage, du papier intercalaire cher avait été utilisé —— et tout cela gratuitement) et elle fredonnait joyeusement une mélodie.

Par la suite, elle ouvrait occasionnellement le papier, jetait un œil à la photo de mariage et affichait un sourire satisfait.

…La Kurumi actuelle rendait Shidou encore plus confus.

Elle était censée être l’Esprit le plus dangereux mais, peu importe la façon de voir les choses, elle paraissait, en ce jour, simplement vouloir un rendez-vous avec Shidou.

« Ah, Shidou-san, regarde ça, s’il-te-plait. »

Comme si elle empêchait Shidou de penser trop, Kurumi lui avait dit cela.

« Hm… ? »

En l’entendant, Shidou leva sa tête. Il vit beaucoup d’épais bambous disposés le long des magasins du quartier commercial, leurs feuilles s’étendaient vers le ciel nocturne. Il y avait déjà d’innombrables tanzaku accrochés sur les branches, créant ainsi un spectacle de couleur.

« Wah, c’est vraiment beau. »

« Ouais…Regarde, ils semblent distribuer des tanzaku là-bas. N’es-tu pas venue ici pour cette raison ? »

« Oui, je me retiendrais alors —— Est-ce que Shidou-san va venir en écrire un également ? »

« Euh, non, je vais juste… »

« C’est une chance rare après tout, l’écriras-tu avec moi ? »

Kurumi sourit gentiment, elle prit la main de Shidou dans la sienne. C’est ainsi qu’il fut entraîné par elle vers les bambous.

La grande quantité de feuilles de bambous formait une sorte de rideau. De longues tables étaient disposées sous ces derniers afin de permettre aux gens d’écrire leurs tanzaku plus aisément.

Shidou et Kurumi prient chacun un tanzaku auprès du personnel, puis ils saisirent un stylo dans le porte-stylo de fortune, fait d’une bouteille de plastique dont la partie supérieure avait été coupée, et ils commencèrent à réfléchir à quoi écrire.

« Un souhait…huh. »

Bien qu’il eût des souhaits…lorsqu’il voulut les écrire sur papier, il trouva difficile de se décider.

Ainsi, Shidou se demanda naturellement ce que les autres avaient écrits, il scruta en même temps.

« Hm… ? »

Parmi les quelques tanzaku qu’il put distinguer, il vit un nom familier.

[Je veux manger du Katsu-kare[6] pour le dîner de ce soir. Yatogami Tohka.]

« C-Cette fille…quand est-elle venu ici ? »

A en juger par cette calligraphie spécifique, c’était effectivement écrit par la main de Tohka elle-même. Shidou se gratta la joue suspicieusement et décida intérieurement —— il devrait se souvenir d’acheter, sur le chemin du retour, les ingrédients pour un Katsu-kare.

En continuant, il en distingua d’autres à côté de celui-ci.

[Je veux pouvoir parler aux gens en les regardant dans les yeux. Yoshino.]

[Je veux que Yoshino soit heureuse. Yoshinon.]

« Haha… »

En lisant de tels souhaits réconfortants, Shidou ne put s’empêcher de sourire. Il s’avérait que Yoshino et [Yoshinon] était venus avec Tohka.

« Alors, probablement… »

Shidou continua de chercher d’autres tanzaku.

[Je veux que Shidou soit plus utile. Itsuka Kotori.]

« C-Cette fille… »

C’était bel et bien le tanzaku de sa sœur, Kotori. Les muscles faciaux de Shidou convulsèrent, ses sourcils commencèrent à se plisser —— Soudainement, il remarqua qu’il y avait des bavures sur le côté droit de son souhait.

« … »

C’était très inhabituel que sa imouto-sama[7] fasse des erreurs d’écriture. Elle avait probablement écrit quelque insulte disgracieuse, elle n’avait pas eu d’autre choix que de réécrire.

Shidou jetait un regard, en même temps qu’il utilisait son doigt pour se gratter le visage, puis il se tourna vers son propre tanzaku, une fois de plus.

Il paraîtrait qu’il n’y ait aucun besoin d’être trop sérieux. Shidou avait l’intention d’écrire [Je veux que tous les Esprits soient heureux.] —— avant de se rappeler que l’existence des [Esprits] était un secret.

Du coup, il changea ses mots et écrivit [Je veux que les déchirures spatiales n’aient plus lieu et que la paix soit sur le monde.] Bien que cela paraissait plus subtile, le sens en était plus ou moins le même.

« Laissons cela comme ça… »

En formulant ces mots, Shidou se tourna pour voir Kurumi.

Pour être honnête, il était impossible de ne pas être intrigué à l’égard de quel souhait elle allait écrire.

« Kurumi, qu’est-ce que tu as écrit ? »

Alors qu’il s’exprima, il porta son regard sur le tanzaku entre les mains de Kurumi. Néanmoins, elle retourna immédiatement ce dernier en vue de l’empêcher de le voir.

« Fufu, c’est un non…non… tu te permets d’espionner les secrets d’une jeune femme, Shidou-san serait ce genre de personne. »

Kurumi afficha un sourire attirant tout en levant son index et en l’appuyant rapidement sur les lèvres de Shidou.

« Tu… ! »

« Fufu, ta réaction est vraiment adorable. »

« N-Ne te moque pas de moi. »

Shidou s’essuya les lèvres avec son bras, Kurumi de son côté commença à rire joyeusement.

« N’y pense plus. En bref, tu as fini le tien aussi, pas vrai ? Alors, allons les suspendre sur les branches. »

En écoutant les mots de Shidou, Kurumi acquiesça docilement de la tête.

« Ouais, où devrions-nous les accrocher ? »

« Eh bien… il y a un dicton qui dit que plus tu l’accroches près des cieux, plus tu as de chances que ton vœu se réalise… »

« Près des cieux…ce qui veut dire, là-bas ? »

Kurumi pointa du doigt le ciel, là, un bambou massif dont la taille était supérieure à celle du toit du bâtiment se balançait aux vents. Une telle hauteur, aucun homme ne pouvait l’atteindre, du coup il n’y avait aucun tanzaku qui y était accroché.

« Um, c’est vraiment haut…mais c’est aussi trop dangereux. Regarde, il y a quelques places sur le bambou là…Attachons-les là-bas ! »

« Mm, très bien. »

Shidou et Kurumi gardèrent leurs tanzaku en main tout en marchant sous le couvert des feuilles.

Proche de la fin de la rue, il y avait encore de la place.

« Ouais, attachons-le ici. »

En disant cela, Shidou tendit sa main et accrocha son tanzaku sur la branche.

Néanmoins, Kurumi garda encore son tanzaku, ne bougeant pas de sa position. Shidou s’en aperçut, il pencha sa tête en signe de confusion.

« Kurumi ? Quelque chose ne va pas ? »

Kurumi sourit faiblement avant de lentement prononcer ces mots.

« Shidou-san…Tu l’as dit auparavant, pas vrai, Hikoboshi et Orihime, peu importe le nombre d’années de pluie, ils ne s’oublieront jamais l’un l’autre. »

« Eh ? Ouais…j’ai dit ça. »

En entendant cette réponse, Kurumi, comme si elle avait voulu se souvenir de ces phrases, baissa sa tête et continua de parler.

« Hey…Shidou-san. Peu importe le nombre d’années de pluie, est-ce que tu ne m’oublierais pas non plus ? »

« Eh ? »

Une telle question si soudaine provoqua de l’hésitation chez Shidou.

Néanmoins, Kurumi ne semblait pas se moquer de lui.

Du coup, après qu’il ait réfléchi quelques secondes, il acquiesça de la tête.

« Oui, je ne t’oublierai pas. De plus…une fille avec une aussi forte présence que la tienne, je ne pourrais l’oublier même si je le voulais. »

Shidou sourit amèrement tout en répondant.

« C’est ainsi. »

En entendant cela, Kurumi laissa échapper un sourire satisfait.

« Qu’est-ce qu’il y a avec toi…quelle étrange personne. Très bien, dépêchons-nous d’accrocher le tanzaku, n’est-ce pas ? Si tu ne veux pas que je voie ce qui est écrit, je peux me reculer pendant un moment ——. »

« Non. »

Kurumi secoua sa tête d’un côté à l’autre.

« Il semblerait que…c’est l’heure. »

« C’est…l’heure ? »

Suite aux mots de Kurumi qui renfermaient un lourd sens, Shidou ne put s’empêcher de sourciller.

Et l’instant d’après ——

« —— Je t’ai enfin trouvé, [Moi]. »


Derrière Kurumi —— depuis la sombre ruelle éloignée de l’animation de la rue principale, il entendit une telle voix.

« Quoi… »

Au moment où il vit la silhouette qui se matérialisa, Shidou resta sans voix.

C’était une belle fille, portant une longue jupe aux couleurs vermeille et noire entrelacées tels du sang et de l’ombre, aux cheveux noirs attachés en deux couettes aux longueurs inégales de chaque côté et aux yeux hétérochromatiques[8]. De plus, ce visage ——

Il n’y avait aucun doute là-dessus, c’était Kurumi elle-même.

La Kurumi qui se tenait dans les ténèbres sépara ses lèvres légèrement.

« Tu es vraiment partie et tu as fait des choses égoïstes… Mais, tout s’arrête ici. Un clone, qui ne m’obéit pas, tu te mettras à coup sûr sur mon chemin si tu continues d’exister. »

« Un clone… !? »

Shidou ouvrit grand ses yeux, regardant la Kurumi qui tenait son tanzaku.

Kurumi était également capable de créer des copies d'elle, venant de son passé, entièrement faites d'ombre, c'était quelque chose qu'il avait compris le mois précédent.

—— Mais, ne me dis pas que la Kurumi qui était avec moi tout au long de la journée était un clone.

La tête de Shidou était en plein chaos. De l’autre côté, se tenant dans les ombres —— le [vrai corps] de Kurumi plia ses genoux légèrement tout en pinçant les bords de sa jupe, elle faisait une courbette à Shidou.

« Cela faisait vraiment longtemps, Shidou-san. Je suis vraiment désolée, mon clone incompétent semble t’avoir causé quelques difficultés. »

« Ce… qu’est-ce qui se passe à la fin ? »

La confusion de Shidou pouvait se voir à son expression. Face à une telle question, la véritable Kurumi regarda son clone du coin de ses yeux, tout en commençant doucement à expliquer.

« Je te l’ai déjà dit auparavant, pas vrai, mes clones sont mon passé, mes expériences. Il en va de même pour la [Tokisaki Kurumi] qui se tient là, elle a été extraite d’un moment aléatoire de mon passé, une autre personnalité. C’est juste que le moment, d’où je l’ai tirée, était vraiment un mauvais moment. »

« Mauvais… ? »

La véritable Kurumi hocha de la tête.

« Cette [Moi] vient du moment où j’ai régénéré mes clones…Je l’ai accidentellement recrée à partir de l’instant où Shidou-san parlait à mon autre moi, sur le toit, le mois précédent… Je ne sais vraiment pas si elle peut être considérée comme une farce de Dieu. »

« Quo— »

Shidou ne trouvait plus ses mots.

Il se souvenait encore clairement.

Le mois précédent, sur le toit du lycée Raizen, Shidou et Kurumi avaient, en effet, parlé l’un avec l’autre.

Non seulement la Kurumi de cette époque avait-elle dressé une barrière autour de l’école, elle avait également essayé de déclencher une déchirure spatiale. Shidou, de son côté, avait réussi à la persuader d’arrêter mais, au moment où Kurumi était sur le point de déclarer ses sentiments ——

A ce moment-là, la Kurumi originale s’était montrée et l’avait tuée.

« Alors cela signifie que tu es la Kurumi de cette époque-là… ?»

« …… »

Kurumi ne répondit pas, elle afficha simplement un sourire triste.

Tout en la regardant, la véritable Kurumi soupira d’impatience.

« Je suis vraiment désolée, un clone qui n’écoute pas mes ordres ne peut pas être laissée seule —— spécialement la [Moi] qui a développé des sentiments pour Shidou-san. »

Tout en disant cela, la véritable Kurumi leva lentement son bras droit et —— rapidement ferma son poing.

Suite à cela, aux pieds de Kurumi, d’innombrables bras blêmes apparurent et, lentement, ils l’entrainèrent dans les ténèbres.

« Ku —— Kurumi… ! »

Shidou tendit hâtivement son bras, espérant par ce biais attraper la main de Kurumi —— Néanmoins, c’était déjà trop tard.

« Shidou-san. Aujourd’hui —— j’ai été heureuse, vraiment … »

Kurumi n’opposa aucune forme de résistance, elle laissa les bras blanchâtres l’envelopper, jusqu’à ce que son visage fût totalement submergé par les ténèbres.

C’était comme si… elle avait su, depuis le début, qu’elle allait subir une telle fin.

« Kurumi… »

« …Tuer la même [Moi] deux fois, que c’est une sensation désagréable. »

La véritable Kurumi avait prononcé ces mots et, en même temps, elle avait pincé sa jupe comme précédemment, avait baissé sa tête et avait fait une révérence.

« J’ai fini ce que j’étais venu faire ici aujourd’hui. Je voulais à l’origine te parler un peu plus longtemps… »

La véritable Kurumi avait formulé ces mots tout en regardant derrière Shidou.

Presque simultanément ——

« Shidou —— ! »

« Recule ! »

Une voix familière s’était élevée et, l’instant d’après, Tohka et Kotori apparurent soudainement, se plaçant juste devant lui.

« T-Tohka —— Kotori ? »

Shidou les appela par leur prénom sous l’effet de la surprise. Il eut à peine fini de parler que Yoshino arriva également à ses côtés. Néanmoins, cette dernière présentait de grands yeux, puisqu’elle ne comprenait pas la situation. Constatant des réactions violentes de Tohka et Kotori, elle prit la main de Shidou dans l’intention de le protéger.

« Kurumi… ! Ne t’avise pas de blesser Shidou ! »

« Tu as le cran d’apparaître sans t’annoncer. Qu’est-ce que tu manigances aujourd’hui ? Si tu as l’intention de te rendre docilement, alors je serais miséricordieuse et écouterais tes excuses. »

En entendant les mots de Tohka et Kotori, Kurumi secoua sa tête d’exaspération, elle se porta son regard sur Shidou une fois de plus.

« —— C’est malheureux que le terrifiant Esprit des flammes soit ici pour nous interrompre, je vais me retirer pour le moment —— Prends soin de toi, Shidou-san. »

En exprimant ces mots, la silhouette de Kurumi disparut dans les ténèbres.

Presque instantanément, toutes les tensions dans l’air s’évaporèrent également.

En même temps, Tohka, qui se tenait devant Shidou, se retourna.

« S-Shidou ! Tu vas bien ? »

« ……Ouais, je vais bien. »

Shidou avait répondu d’une petite voix, avant de grincer des dents et de frapper puissamment le sol de son poing.

« Kurumi… ! »

Le mois précédent, le clone qui avait été tué par la véritable Kurumi.

C’était un mystère sa réapparition face à Shidou.

Ses vraies intentions étaient également inconnues, encore maintenant.

Mais —— la seule chose dont il était sûr…

Même si cette Kurumi savait qu’elle serait tuée une fois de plus par la véritable Kurumi, elle avait tout de même choisi de rencontrer Shidou.

Simplement pour quelques heures de souvenirs, elle avait choisi de défier la volonté absolue [d’Elle-même].

« …… !! »

Un sentiment indescriptible surgit au fond de lui, Shidou, une fois encore, abattit son poing.

« S-Shidou… »

Tohka, soucieuse, l’appela par son nom.

Néanmoins, les pensées de celui-ci étaient encore en désordre. Plusieurs sortes d’émotions se mêlaient dans un tourbillon chaotique, rendant les pensées rationnelles impossibles.

A ce moment-là.

« …Shidou. Qu’est-ce que c’est ? »

La voix de Kotori résonna derrière lui.

Discernant cela, Shidou leva sa tête légèrement —— et, en ouvrant ses yeux…

A l’endroit où le clone de Kurumi fut dévorée par les ténèbres, il y avait le papier intercalaire avec la photo ainsi qu’un petit morceau de papier.

« Tan…zaku… »

En le voyant, Shidou, d’une main tremblante, prit le tanzaku qui était tombé par terre.

Il examina les mots qui étaient écrit dessus.

« …… »

Shidou se mordit violemment la lèvre, comme s’il essayait d’en faire sortir du sang. Il garda le tanzaku en main et, en silence, s’éloigna dans la rue.

« Ah…Shidou ! Qu’est-ce que tu fais ! »

La voix de Tohka s’éleva derrière lui, mais Shidou l’ignora, il continua à marcher tout en creusant un chemin à travers la foule.

Finalement, il arriva en face du plus grand bambou dont Kurumi avait parlé plus tôt et, tout en gardant le tanzaku en bouche, il grimpa sur le poteau du téléphone jusqu’au toit du bâtiment.

Son action rapide attira l’attention des personnes proches qui commencèrent à murmurer au niveau du sol.

Néanmoins, Shidou ne les prit pas à cœur, il s’avança sur le toit et étendit son bras jusqu’à la plus grande branche.

Puis, tout en gardant une position anormale, il accrocha le tanzaku, qui était dans sa bouche, au sommet du bambou.

C’est ainsi que,

« Wah… ! »

Au moment où il l’attacha sur la branche, le pied de Shidou perdit l’équilibre, il tomba du toit. Sa vision commença à tourner violemment, les murmures de la foule se changèrent en cris.

« Shidou —— ! »

Au moment même où il entendit cette voix, une seconde avant que le corps de Shidou ne percute le sol, il fut attrapé fermement. Tohka, qui l’avait rattrapé, lui avait sauvé la vie.

« Tu vas bien, Shidou !? »

« Oh, ouais… je suis sauf, Tohka. »

« Qu’est-ce qui cloche avec toi à courir comme ça. »

« Aaah… Je suis venu là pour accrocher le tanzaku. »

« Hm ? »

Tohka sourcilla, elle leva la tête pour le voir.

Au sommet du plus grand bambou, se trouvait un unique tanzaku se balançant aux vents.

« L’accrocher là-haut ? Uh, c’était vraiment dangereux. »

« Ouais…Je suis désolé. Mais…c’est juste que ce vœu, je voudrais vraiment qu’il se réalise, quoi qu’il arrive. »

Tout en s’expliquant, Shidou suivit l’exemple de Tohka et regarda en l’air —— sur la branche de bambou vacillante, la forme d’un petit tanzaku isolé pouvait être aperçue.

[Je voudrais qu’un jour, je puisse revoir à nouveau Shidou-san. Tokisaki Kurumi.]

« Je ne t’oublierais pas… Comment pourrais-je t’oublier… »

Shidou serra son poing, il scruta le ciel nocturne tout en faisant cette promesse.

Au milieu de l’océan d’astres brillants, une petite étoile filante traversa le ciel, comme si elle traversait la Voie Lactée.


  1. Cerisiers japonais.
  2. Tanabata est une fête japonaise des étoiles. Elle célèbre l’histoire d’amour entre une déesse tisserande, Orihime, et un bouvier, un mortel, Hikoboshi. La déesse quitte le monde céleste pour épouser l’homme et lui donne deux enfants. La déesse retrouve sa fille et la ramène dans le monde des dieux. Pour empêcher le bouvier de retrouver sa femme, les dieux les séparent par une rivière infranchissable, la Voie lactée. Pour plus d’informations : http://fr.wikipedia.org/wiki/Tanabata.
  3. En effet, Hikoboshi (彦星 L’Homme étoile) est le nom japonais de l’étoile Altair, également nommée Natsuhikoboshi (夏彦星 L’Homme étoile d’été) et Kengyūsei (牽牛星 L’Etoile du Bouvier). De son côté, Orihime (織姫L’Etoile de la Tisseuse) est le nom japonais de Vega, l’étoile la plus brillante de la constellation de la Lyre. Pour plus d’informations : http://en.wikipedia.org/wiki/Hikoboshi.
  4. Wikipédia : « Un tanzaku est une petite carte verticale utilisée à l’origine pour écrire des poèmes. De nos jours, il est davantage utilisé pour écrire son vœu le plus cher lors de la fête de Tanabata. »
  5. Au Japon, de nombreuses personnes, principalement des étudiants, sont employées à mi-temps pour distribuer, dans la rue, des paquets de mouchoirs ou de prospectus publicitaires.
  6. Il s’agit d’un plat à base de porc pané frit, de riz et de curry. Pour plus d’informations : http://fr.wikipedia.org/wiki/Curry_japonais.
  7. Imouto-sama signifie petite sœur. Néanmoins, l’usage de –sama est assez particulier ici. Normalement, il aurait dut la désigner par le terme de imouto-chan. En effet,-sama est utilisé pour s’adresser à quelqu’un d’un statut social supérieur. Il fort possible qu'ici son usage relève de l’ironie…
  8. Wikipédia : « L'hétérochromie est une différence de couleur entre l’iris des deux yeux (heterochromia iridis) ou entre des parties d'un même iris (heterochromia iridum). »