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Golden Time:Tome 1 Chapitre 2
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==Chapitre 2== [[Image:Golden Time vol01 057.jpg|thumb]] Banri Tada mangeait un Ćuf dur. Jeudi, premier cours. En y assistant un certain nombre de fois, il Ă©tait assez simple dâobtenir une note "excellente", de ce fait, la science du sport Ă©tait une matiĂšre populaire. La leçon allait commencer dans cinq minutes. PlutĂŽt que de sauter le petit dĂ©jeuner parce quâil sâĂ©tait rĂ©veillĂ© en retard, il avait amenĂ©, dans un sac en plastique, les deux Ćufs restants quâil avait cuit la nuit derniĂšre et, au cinquiĂšme rang en partant du fond, il les grignotait discrĂštement. JâĂ©tais assis sur un siĂšge situĂ© diagonalement derriĂšre lui, contemplant la scĂšne, mais câĂ©tait un spectacle vraiment ennuyeux. Banri avait carrĂ©ment apportĂ© une bouteille Ajishio<ref>[http://www.asianfoodmarket.com.au/ajishio110g-p-686.html Ajishio] : Marque de sel.</ref> capuchonnĂ©e de bleu posĂ©e Ă cĂŽtĂ© de sa main droite. Dans sa main gauche, un Ćuf. Tout en Ă©crivant de sa main droite, il mangeait avec la gauche. Ecrire. Manger. Ecrire. Manger. âŠVraiment, mais vraiment, câĂ©tait un spectacle sans intĂ©rĂȘt⊠En parlant de temps fort, il se souvint de la contrariĂ©tĂ© Ă©prouvĂ©e la nuit derniĂšre, lorsquâil sâĂ©tait blessĂ© lui-mĂȘme en essayant de casser les Ćufs avec son front, ne rĂ©ussissant finalement quâĂ se faire mal. Se changeant les idĂ©es, il fendit lâĆuf contre le coin du bureau. Crack. Le gars assis prĂšs de lui sursauta. Tu as apportĂ© des Ćufs durs ? Yep. Tu as amenĂ© du sel aussi ? Yep. Et ainsi de suite. Une conversation presque Ă©panouie, mais peu de temps aprĂšs, un ami du gars arriva alors Barni retourna tranquillement Ă ses Ćufs durs. Les filles justes derriĂšre Banri sâĂ©changeaient des messages sur les Ă©crans de leur tĂ©lĂ©phone portable pour ne pas ĂȘtre entendu de celui-ci. "Ce mec devant nous a pĂ©trifiĂ© ses Ćufs, nâest-ce pas ? Ils sont trop cuits. Les jaunes ont virĂ© au noir. Il boit beaucoup de thĂ© oolong. Tu peux voir ses lĂšvres se rider. Il a lâair dâavoir apportĂ© du sel dans une bouteille. LOL." Et ainsi de suite. Banri ne se rendit pas compte quâil Ă©tait lâobjet de commĂ©rages. Il ne me remarqua pas non plus, moi qui nâavait pas de corps et qui lâobservait en permanence. Au cours de la semaine et des quelques jours qui ont suivis la cĂ©rĂ©monie dâentrĂ©e, sâĂ©tait dĂ©roulĂ© la pĂ©riode dâinscription et le campus avait Ă©tĂ© submergĂ© par les Ă©tudiants. Depuis les premiĂšres annĂ©es tels que Banri qui recevaient des informations sur les cours par leurs ainĂ©es lors des Ă©vĂšnements de recrutement des clubs, jusquâaux seniors vĂȘtus de leurs costumes. Avec dans les mains, leurs Ă©normes emplois du temps de la taille dâun tatami, sur le point de se dĂ©chirer au niveau des plis Ă force dâĂȘtre ouverts et refermĂ©s, ils arpentaient les couloirs, allant de classe en classe, occupant les bancs ou encore, sâenvoyant des messages par tĂ©lĂ©phone. ''Le printemps est le seul moment oĂč autant dâĂ©tudiants viennent Ă lâuniversitĂ©'', ai-je pensĂ©. Une fois les longues vacances dâĂ©tĂ© terminĂ©es, la moitiĂ© de la population du campus disparaitra naturellement. Une ou deux personnes parmi eux, peut-ĂȘtre un peu plus, pourrait mĂȘme perdre leur corps comme moi. Ce qui signifierait quâils Ă©taient morts. Je nâattendais pas vraiment cela avec impatience, pour sĂ»r, mais ce genre de chose ne pouvait ĂȘtre Ă©vitĂ©. Banri ferait mieux dây faire attention lui aussi. Peu habituĂ© Ă boire, peu habituĂ© Ă rester dehors tard la nuit, vivant seul, loin de la surveillance de ses parents, avec son permis de conduire tout frais, ses nouveaux amis, son excĂšs dâĂ©nergie, un temps libre important Ă gaspillerâ le monde des jeunes hommes Ă©tait plein de dangers. La Science du Sport Ă©tait le cours le plus populaire pour gagner des crĂ©dits facilement, et tous les Ă©tudiants Ă©taient en train de remplir la salle. Les siĂšges se remplissaient Ă rythme rĂ©gulier depuis le fond. Dans tous les cas, personne ne pouvait me voir et, puisque dans mon Ă©tat, je ne pouvais pas affecter qui que ce soit, lâendroit oĂč je me trouvais nâĂ©tait pas un problĂšme, mais pour une raison quelconque, jâai eu le sentiment que je devrais renoncer Ă mon siĂšge. Le claquement des talons rĂ©sonna, et depuis le bas de lâallĂ©e, une fille vint sâasseoir Ă cette place mĂȘme. La bouche encore pleine dâĆuf, il se tourna en sentant la prĂ©sence de la fille. Le cours Ă©tait sur le point de commencer, une derniĂšre Ă©tudiante entra en courant dans la salle, ses Nike rĂ©sonnant sur le sol. CâĂ©tait Linda. Linda, encore debout dans lâallĂ©e, remarqua Banri et regarda son profil. Banri ne remarqua rien. Il ne se rendit pas compte de mon existence non plus. <center><span style="font-size: 250%;">* * *</span></center> « Aujourdâhui, Kaga-san mâa parlĂ©. » « Vraiment ? Quâest-ce quâelle a dit. » « Elle a dit "Takada-kuuun". » « Il y a une syllabe en trop », Yanagisawa rit aux Ă©clats tandis quâil faisait glisser un cutter le long du couvercle dâune boite en carton. Tournant le dos de son tee-shirt vers Banri, il Ă©tait assis comme sâil Ă©tait au-dessus dâanciennes toilettes de style japonais, coupant minutieusement le ruban adhĂ©sif collĂ© sur les quatre cĂŽtĂ©s de la boite. Cet endroit Ă©tait le chĂąteau de Banri. Son nom Ă©tait NĂ©o-PhĂ©nix. Cet appartement, il pourrait brĂ»ler de nombreuses fois, il renaitrait toujours de ses cendres⊠ou du moins, câĂ©tait tout comme. NumĂ©ro dâappartement : 204. Un petit 1K<ref>[http://www.jafnet.co.jp/manual/e_chintai/migigawa/eapart.htm 1K, 1DK] : Un "1K" dĂ©signe un appartement une piĂšce avec une cuisine sĂ©parĂ©e. Un "1DK" est un logement plus grand avec une chambre et une seconde piĂšce faisant office de salle Ă manger/cuisine.</ref> de vingt mĂštres carrĂ©s, mais avec un plancher en bois. Ce nâĂ©tait pas une construction rĂ©cente, mais elle Ă©tait relativement neuve. Aucun besoin de changer de ligne pour se rendre Ă lâĂ©cole, le trajet Ă©tait direct. Il Ă©tait orientĂ© Nord-Est, mais au moins, il faisait lâangle. La chambre que sa mĂšre avait prĂ©fĂ©rĂ©e Ă©tait un 1DK plus grand, avec un loyer identique mais en style japonais, avec une exposition sud lumineuse mais bĂąti il y a quatre-vingt ans. Son grand placard semblait pratique et la chambre nâĂ©tait pas du tout dĂ©labrĂ©e, mais quâil fĂ»t plus vieux que lui lâavait mis mal Ă lâaise, alors il avait optĂ© pour cette chambre Ă la place. Elle nâĂ©tait pas encore remplie par les meubles et les autres choses mais, peut-ĂȘtre Ă cause de cela, il Ă©tait confortable. Recherchant inconsciemment les zones dĂ©garnies sur le crĂąne de Yanagisawa, Banri Ă©tait assis sur un tabouret haut dans la cuisine qui faisait office de hall dâentrĂ©e, ses pieds se balançant paresseusement. MĂȘme sâil venait dâun magasin dâoccasion et nâavait coutĂ© que 400 yens, il Ă©tait stable et confortable lorsquâon sâasseyait dessus. Il y avait dâĂ©tranges tĂąches Ă©parpillĂ©es sur le dessus, câĂ©tait un peu dĂ©rangeant, mais il sâen fichait. Yanagisawa ramassa une nouvelle fois le cutter Ă lâendroit oĂč il lâavait posĂ© sur le sol et coupa proprement la bande de ruban adhĂ©sif. La mĂšre de Banri, inquiĂšte Ă propos de son fils irrĂ©cupĂ©rable, lui avait envoyĂ© un colis de provisions depuis Shizuoka sans tarder. « Du coup, quand je lui ai dit que ce nâĂ©tait pas Takada, elle a rĂ©pondu "Oh, pardonne-moi Ta⊠Tanaka-kun". » « Elle nâa que le "ta" de bon. Tu vois le genre de personne quâest Kouko. Elle ne prĂȘte aucune attention aux autres et ne se souvient mĂȘme pas de leurs noms. Elle ne sâintĂ©resse quâaux choses en lien avec elle. Voyons, câest ouvert maintenant. Quel genre de trĂ©sor a envoyĂ© ta mĂšre ? » « Je lui ai dit que ce nâĂ©tait pas Tanaka non plus, mais je lui ai donnĂ© un indice, que mon nom Ă©tait composĂ© de deux caractĂšres. Elle mâa dit "Deux caractĂšres⊠? Kaga-kun... ?" Je lui ai fait remarquer que câĂ©tait son nom de famille Ă elle. » « Tu plaisantes⊠? Oh ! Regarde, Banri ! » Tournant son visage avec une expression ravie, Yanagisawa souleva la boite ouverte avec une certaine difficultĂ© et lâinclina pour la montrer Ă Banri. « Incroyable, Mieko Tada-chan, tu sais vraiment bien choisir ! Nice choice ! » « Quâest-ce que câest ? Et dâailleurs, comment sais-tu que ma mĂšre sâappelle Mieko ? » « Jâai regardĂ© lâadresse de lâexpĂ©diteur bien sĂ»r ! Je tâaime, Mieko ! Regarde ces ramen ! Ces bols de yakisoba ! Câest suffisant pour faire pleurer un homme⊠ah ! Des pĂątes ! De la sauce pour pĂątes aussi ! Des biscuits Calories Mate<ref>[http://www.dernier-exile.com/mmmm/culture-japon-caloriemate Calorie Mate] : marque de complĂ©ments alimentaires.</ref>, du thon en conserves, du maquereau en conserve, des bonbons, et aussi⊠quâest-ce que câest ? Une boite de film ? Ah il y en a trois autres. » Se levant du tabouret, Banri jeta un Ćil sur les mains de Yanagisawa. « Ah, ça. Il y a du thĂ© en poudre dedans. On le moud Ă la maison alors lâemballe juste dans des objets quelconques. Tu verse la valeur dâune demi-cuillĂšre Ă cafĂ© dans la tasse avec de lâeau bouillante et tu le bois comme ça, pas besoin de thĂ©iĂšre ni de passoire. Tu en veux un ? Câest super simple, et tu peux boire les feuilles de thĂ© entiĂšrement, on raconte que câest bon pour le corps en plus. » « Jâen veux, jâen veux, jâen veux ! Jâaimerais faire du bien Ă mon corps ! Oh, il y a une lettre coincĂ© lĂ -dedans. » Sur le devant de lâenveloppe, il y avait juste Ă©crit "De Maman". Des lettres semblables Ă des feuilles de saules mouillĂ©es par la pluie pouvaient ĂȘtre observĂ©es. Les cours terminĂ©s depuis longtemps, il Ă©tait vingt-et-une heures. Lâappartement de Yanagisawa se trouvait Ă environ trois stations de trains dâici et, lorsquâil avait entendu que Banri avait reçu un colis de provisions venant de chez lui, il avait dĂ©clarĂ© « On se voit dans cinq minutes », et il avait accouru, de nuit, Ă vĂ©lo. Il cherchait Ă obtenir quelque chose gratuitement, ce vaurien tapeur. Quâil se soit vraiment montrĂ© en cinq minute Ă©tait effrayant⊠câest une blague bien sĂ»r. Pour Banri, Yanagisawa semblait avoir Ă©tĂ© Ă©levĂ© dans un environnement riche ; il avait certainement vĂ©cu avec un certain raffinement. Mais selon lui, les choses sâĂ©taient apparemment un peu corsĂ©es dans la maison de ses parents aprĂšs quâil leur ait tenu tĂȘte en passant des examens extĂ©rieurs. En tout cas, il nâavait pas le moindre espoir dâobtenir une allocation pour les frais de scolaritĂ© et, en dĂ©pit dâune longue pĂ©riode Ă enchainer les entretiens dâembauche et Ă chercher du travail nâimporte oĂč, il nâavait toujours rien trouvĂ©. Il ne savait pas vraiment comment il allait rĂ©gler ses frais de scolaritĂ©. (Il pensait : ''Câest la faute de mes parents ou de Kouko !'' mais la vĂ©ritable raison Ă©tait inconnue.) Pour lâinstant, comme il nâavait pas dâautre choix que de composer avec un job Ă temps partiel, il avait reçu une leçon douloureuse sur son avenir. « De quoi parle la lettre ? Ils te disent de tout partager avec tes amis, pas vrai ? » ''La lettre ne mentionne rien de ce genre'', pensa Banri qui comptait bien partager ce quâil avait reçu. « Prend soin de toi. Ne sĂšche pas les cours. Ne passe pas trop de temps sur internet. Fais suffisamment dâexercice. Garde Ă lâesprit tes responsabilitĂ©s en tant quâadulte. ⊠Des trucs comme ça. » Il montra mĂȘme les cinq lignes de texte Ă©crites sur le papier avant de le remettre dans son enveloppe et la coincer dans le tiroir de la cuisine. Tandis quâil ne regardait pas, Yanagisawa attrapa quelques paquets de plats cuisinĂ©s Ă rĂ©chauffer au four Ă micro-ondes et les sorti de la boite. « Ah ! Attends une seconde Yanassan, ça te dĂ©rangerais de ne pas y toucher ? » Il prĂ©voyait de tout partager, mais ça, câĂ©tait un problĂšme diffĂ©rent. «En ce qui me concerne, Satou-san<ref>Satou Food Co est une entreprise spĂ©cialisĂ© dans le riz cuisinĂ©. Un de leurs produits, appelĂ© "Repas de Satou" (ă”ăăŠăźăăŻă) a gagnĂ© en popularitĂ© principalement parmi les personnes vivant seules ou sans enfants en raison de sa facilitĂ© et de sa rapiditĂ© de prĂ©paration.</ref> est quelque chose de spĂ©cial. Je ne peux pas partager ça, mĂȘme avec toi, Yanassan. » Yanagisawa lĂącha docilement un « Je vois⊠», et il hocha la tĂȘte, revenant silencieusement sur les plats cuisinĂ©s restants dans la boite. « Bien alors, et les pour les ramen ? Pourrais-je avoir quelques ramen ? Combien je pourrais en prendre ? Il y a quatre sacs avec cinq paquets dans chacun dâeux. Un total de vingt. » ''Cinq maximum'', a-t-il pensĂ©, mais Ă la place : « Tu peux avoir la moitiĂ© de ce que jâai eu⊠» Il avait parlĂ© par gentillesse. Dâun simple regard, il pouvait voir les trois ou quatre piqĂ»res de moustiques sur la peau du bras de son ami laissĂ©e Ă nu par son tee-shirt. « Aussi, si tu aimes les choses sucrĂ©es, tu peux prendre tous les biscuits⊠» « SĂ©rieux ? Tu me les donnes ! Pourquoi ?! » « Parce que tu as un air si pitoyable, dĂ©vorĂ© par les moustiques⊠alors quâon est seulement en avril⊠» « Ouais, ça me dĂ©mangeait tellement il y a quelques instants. « Dâailleurs, quand jâai dĂ©mĂ©nagĂ©, jâen ai apportĂ© pas mal avec moi. Il y a une usine dans mon quartier qui les fabrique et un membre de ma famille y travaille, faisant des produits qui sont soi-disant de seconde zone. Je peux obtenir une tonne de sucreries de leur part. Du coup, Ă la maison de mes parents, câest la seule chose quâon peut manger sans limite. Je ne pense pas quâon ait dĂ©jĂ eu Ă en acheter de toute ma vie. » « Vraiment ?! Et ces produits de "seconde zone" sont aussi bons que les vrais ! Câest comme ça depuis que tu es enfant ? Si jâĂ©tais petit, je serais en train de te danser autour pour les avoir ! » « Lâenfance, âŠeh bien⊠câĂ©tait comment ? » « Allons, tu as eu la tienne. » « Alors je lâai eu, mais⊠Alors jâen ai eu une, mais ouais, je crois que je lâai eu. » Le rire de Yanagisawa fut dissipĂ© par la rĂ©ponse vague de Banri. Il a dĂ©ployĂ© un sac plastique jaune venant de Matsukiyo<ref>Grande surface japonaise.</ref> qui Ă©tait pliĂ© en pentagone dâune maniĂšre dĂ©modĂ©e, et aussitĂŽt, riant pour lui-mĂȘme, il commença Ă le remplir de biscuits. Tandis que Banri lâobservait du coin de lâĆil, sa bouche sâouvrit un peu. Il prit une grande inspiration et, comme un enfant regardant une corde Ă sauter en tentant en savoir Ă quel moment il devait sauter, sa tĂȘte sâĂ©branla lĂ©gĂšrement. « Au fait⊠», essaya-t-il de commencer. Mais. HĂ©sitant juste un peu, devenant Ă©trangement rĂ©ticent, le regard de Banri sâassombrit. ''âImpossible. Stop. Mettons ça de cĂŽtĂ© pour aujourdâhui. Ce nâest pas le moment⊠pas encore.'' Sa poitrine remplie dâair, il fut forcĂ© de le laisser sortir peu Ă peu pour quâil ne fĂ»t pas remarquĂ©. Il ne pouvait pas le dire aujourdâhui non plus mais câĂ©tait OK. La prochaine fois, la prochaine fois. Dâune voix haut-perchĂ©e, il appela joyeusement « Yanassan ! ». Son nouvel ami rĂ©pondit « DĂ©goutant » avec la mĂȘme voix de fausset sans tourner la tĂȘte. « Quoi quâil en soit, peut-on revenir sur notre conversation prĂ©cĂ©dente ? Ce que jâai dit Ă propos de Kaga-san. Je lâai rencontrĂ© au premier cours de la journĂ©e. » « Ah, science du sport ? JâĂ©tais perplexe Ă ce sujet mais je suis content de ne pas y ĂȘtre allĂ©. » « Kaga-san mâa demandĂ© de lui dĂ©crire entiĂšrement ton emploi du temps. » Yanagisawa sâemparait de diverses saveurs de nouilles ramen, une par une, les regardant comme sâil les lĂ©chait de ses yeux affamĂ©s tandis quâil choisissait celles quâil prendrait avec lui, mais il sâarrĂȘta subitement de bouger. AussitĂŽt, toujours accroupi, il se tourna lentement pour regarder Banri qui Ă©tait assis sur son tabouret balançant ses pieds. Le visage de Mitsuo devint grave. Avec ses traits quelque peu raffinĂ©s, cette absence soudaine dâexpression Ă©tait plutĂŽt effrayante. « ⊠Est-ce que, tu⊠» « Non non non ! Je ne lui dirais rien, puisque je sais que tu essayes de lâĂ©viter. » Murmurant quelque chose comme « Bien », Yanagisawa hocha la tĂȘte en gardant son air sĂ©rieux. A cause de la maniĂšre dont il sâĂ©tait rassis aprĂšs sâĂȘtre retournĂ©, avec un genou Ă terre, il ressemblait Ă un dresseur de chiens. Ensuite, comme pour dire "approche !", il a pointĂ© un doigt vers Banri et lâa pliĂ© Ă plusieurs reprises pour lui indiquer de continuer Ă parler. « ⊠Mais, mĂȘme Kaga-san semble avoir rĂ©alisĂ© que tu cherches Ă lâĂ©viter. Elle a soupirĂ© "A chaque fois quâil me voit, il sâenfuit, il Ă©vite mĂȘme de venir aux mĂȘmes cours que moi. Venir dans cette universitĂ© juste pour ĂȘtre avec Mitsuo nâaura servi Ă rien si câest comme çaâŠ" » « Ăa ne lui ressemble pas alors arrĂȘte. Mais bon, câest comme ça de toute façon. MĂȘme elle comprend en quelque sorte. » « Elle mâa demandĂ© : "Comme il est hors de question de le kidnapper, pourrais-tu sâil te plait me donner les cours auxquels Yanassan sâest inscrit ?" Elle repousse son inscription en attendant que tu fasses la tienne, il semble quâelle veuille copier ton emploi du temps. » Yanagisawa fronça les sourcils. « Jâai refusĂ© de le faire bien sĂ»r, dĂšs le dĂ©but. Ensuite, elle mâa dit quelque chose du genre "Je ne te le demanderais pas gratuitement." » « ⊠Elle est ce genre de fille, alors elle⊠» Tsk, Yanagisawa claqua sa langue, sa bouche se tordit dans une expression dâirritation et il tourna la tĂȘte. Retentit alors un grand bruit de craquement, rĂ©sonnant comme sâil Ă©manait des profondeurs de lâenfer. Etait-ce une menace ? Mais envers qui ? « Quand jâai entendu ça, comme tu peux tây attendre, jâai pris une expression signifiant "Quâest-ce que tu veux dire par lĂ ?" Puis Kaga-san a semblĂ© se rendre compte de mon refus et elle a cessĂ© de me harceler. MĂȘme si elle Ă©tait assise en diagonale derriĂšre moi, elle a dĂ» se sentir mal Ă lâaise. Elle mâa lĂąchĂ© un "A la prochaine" avant de rejoindre le premier rang. Avec personne dâautre au premier rang, elle Ă©tait assise seule, et il semblait quâelle nâavait personne dâautre Ă qui parler⊠» « Enfin, ce nâest pas comme si jâavais quelquâun avec qui parler non plus, puisque Yanassan ne viens pas. » poursuivit Banri tandis que la scĂšne de ce matin lui revenait Ă lâesprit. Parmi les autres Ă©tudiants vĂȘtus de jeans dĂ©colorĂ©s et de sweats Ă capuche, Kouko se dĂ©marquait vraiment de la foule avec sa robe de soie dâun rose Ă©clatant, trĂšs certainement de marque et dâun ou deux ordres de grandeur plus chĂšre que les autres. Ses cheveux bruns foncĂ©s tombant en cascade sur ses Ă©paules, ses oreilles ornĂ©es de diamants enchĂąssĂ©s dans des boucles dâoreilles en forme de fleur. Ses bras si blanc, ses poignets si dĂ©licats, son cou si lisse quâil en Ă©tait effrayant, elle pouvait difficilement ĂȘtre plus diffĂ©rente que le reste de la classe. Par ailleurs, vue de cĂŽtĂ©, elle apparaissait ennuyĂ©e en Ă©coutant le cours. Son profil Ă©tait sans aucun doute beau. MĂȘme Banri en tant que garçon le comprenait, quâelle passait son temps Ă se maquiller soigneusement. Ce nâĂ©tait pas seulement Banri qui avait contemplĂ© son profil pendant une heure et demie. Mais tout le monde dans la classeâ les garçons et les filles, mĂȘme le professeur, Ă©taient en train de regarder Kouko au parfum de rose, câĂ©tait ce quâil avait remarquĂ©. Il nây avait pas une seule personne, Banri y compris, pour lui adresser la parole. « En voyant Kaga-san comme ça, jâai en quelque sorte⊠» Lorsque le cours sâĂ©tait terminĂ©, Kouko avait rapidement quittĂ© la salle de classe afin de se mettre Ă couvert des nombreuses paires dâyeux qui sâĂ©taient collĂ©es Ă elle. AprĂšs ĂȘtre rentrĂ©e dans un autre Ă©lĂšve Ă la porte, elle avait dĂ©cochĂ© son sourire parfait de princesse et lui avait fait signe de passer. Face Ă cette scĂšne, certains Ă©tudiants prĂšs de Banri avaient commentĂ© : « Câest tellement forcĂ©e. », « Elle est toujours habillĂ©e avec des vĂȘtements de marque uniquement. », « Parce que ses parents ont de lâargent Ă©videmment ! », « Câest ça, Ă moins quâelle nâuse de certaines combines ? », « Un gars a dĂ» les lui acheter, jâen suis sĂ»r. », et ainsi de suite, jetant des paroles cinglantes Ă tout va. La sociĂ©tĂ© est toujours intolĂ©rante envers tout ce qui est diffĂ©rent. « Eh bien, elle mâa semblĂ© assez⊠pitoyable. » Aux mots de Banri, les yeux de Yanagisawa sâĂ©carquillĂšrent et son visage tressaillit. « Hein ? » ; il fit un geste exagĂ©rĂ© et, avec une expression qui aurait pu ĂȘtre confondue avec sourire confus, il demanda : « Quoi ? Se pourrait-il que tu ais sympathisĂ© avec Kouko ? » « Un peu, oui. Vraiment, juste un peu. Toi aussi, si tu voyais ça, tu serais⊠» « Non. » AprĂšs cette contestation instantanĂ©e, il essaya de rĂ©torquer « Mais, regarde⊠» « Mais sééérieusemeeent ! La vie est tellement facile pour les belles filles ! » DĂ©passĂ© par la soudaine puissance de cette rĂ©plique, mĂȘme Banri se tut. « Elle peut faire ce quâelle veut et tout rattraper en montrant un visage qui fera que les autres penseront "la pauvre", "la pauvre" ! Tu es pareil, tu Ă©tais lĂ avec moi quand elle nous a attaquĂ©s avec des roses, et dĂ©jĂ , parce quâelle Ă©tait mignonne, tu ne tâes pas mis en colĂšre, pas vrai ? A la place tu tâes dit quelque chose comme "la pauvre", hein ? Elle ne mâa pas blessĂ©, mĂȘme si ça fait mal, mais par-dessus tout, elle mâa humiliĂ© ! Que se passerait-il si une fille moche faisait la mĂȘme chose ? Que ferais-tu si une vraiment laide te giflait avec un bouquet de rose ? Tu aurais Ă©tĂ© du genre "dĂ©gage, casse-toi de lĂ ", ai-je tort ? Et si une fille avec une tĂȘte de merde me tournait autour, pourrais-tu dire la mĂȘme chose ? Pourrais-tu dire quâelle est pitoyable et dĂ©laissĂ©e ? Tu ne pourrais pas, hein ? Quoi quâil en soit⊠» vocifĂ©ra-t-il, pointant un doigt vers le nez de Banri. Mais mĂȘme avec ça, Yanagisawa nâavait toujours pas rĂ©ussi Ă Ă©vacuer toute sa frustration. Des rides se creusĂšrent autour de son nez tandis quâil tentait de dâĂ©carter les mĂšches sur son visage. « ⊠Ils disent tous la mĂȘme chose, aprĂšs tout, ce nâest pas leur problĂšme. "Elle est belle alors ça ne me dĂ©range pas", "Je tâenvie", "Je voudrais ĂȘtre Ă ta place", "Quel est ton problĂšme ?", "Ne sois pas Ă©goĂŻste"⊠Si tu es beau, alors tu es automatiquement aimĂ© ? Câest absurde. SĂ©rieusement, met toi Ă ma place. Tout le monde se laisse duper trop facilement. » Il ouvrit brutalement un autre sac Matsukiyo en tournant son dos, mais Banri avait quelque chose Ă dire aussi. « Quâest-ce qui ne va pas avec toi ? Je nâai jamais rien dit de tout ça ! Jâai refusĂ© de lui dire ton emploi du temps mĂȘme aprĂšs quâelle mâait demandĂ©, non ? » Il ne mĂ©ritait pas de recevoir un sermon. Pour ce problĂšme, que ce soit tout le monde ou nâimporte qui, il nây avait aucune raison de lâinclure dans le mĂȘme lot. « Câest peut-ĂȘtre vrai que jâai sympathisĂ© avec elle parce quâelle est jolie, mais câest dans mes droits. Mais je ne pense pas non plus que tu doives aller parler Ă Kaga-san ! Si tu veux ignorer quelquâun, câest ton droit. Mais tu nâas pas le droit de forcer quelquâun Ă le faire. En ce qui me concerne, quand jâai vu Kaga-san seule, jâai senti de la compassion envers elle. A cause de ça, je pense que la prochaine fois que je la verrai, je lui parlerai. » « ⊠Câest vrai ? » Il Ă©tait sĂ©rieux, il hocha la tĂȘte. La rencontre de Kouko dâaujourdâhui sâĂ©tait interrompue lorsquâil lui avait adressĂ©e un regard perçant marquant son refus. Cette conclusion ambiguĂ« le faisait se sentir terriblement mal. Elle lui avait laissĂ© un arriĂšre-gout dĂ©sagrĂ©able. Il nâavait aucunement lâintention de transmettre les informations sur les cours de Yanagisawa Ă Kouko comme le souhaitait celle-ci, mais câĂ©tait parce quâil voulait donner la prioritĂ© Ă la volontĂ© de Yanassan. Dâun autre cĂŽtĂ©, Banri nâavait rien contre Kouko et il voulait en quelque sorte sâassurer quâelle sache cela. MĂȘme sâil avait Ă©tĂ© impliquĂ© dans le conflit, mĂȘme si son ami la haĂŻssait, mĂȘme si elle ne se souvenait pas de son nom, mĂȘme si elle ne lâavait mĂȘme pas remarquĂ© au dĂ©but, Banri ne la dĂ©testait pas pour de telles raisons. Il ne pouvait pas la rejeter. Comme Yanagisawa lâavait dĂ©crit, câĂ©tait peut-ĂȘtre simplement parce que Kouko Ă©tait jolie. Il Ă©tait possible que la sympathie quâil ressentait pour elle ne fĂ»t due quâĂ sa beautĂ©. Mais, supposonsâ Si le physique de Kouko nâĂ©tait pas si beau, par exemple, si elle ressemblait Ă un laideron, mĂȘme si elle faisait la mĂȘme chose, Banri nâimaginait pas ĂȘtre amenĂ© Ă la dĂ©tester. Ou on pourrait considĂ©rer quâil ne voulait pas ĂȘtre comme ça. Yanagisawa cessa de rĂ©pliquer. Il Ă©tait plongĂ© dans un silence renfrognĂ©, fronçant les sourcils en regardant vers le sac rempli de sucreries et de ramen. En disant « Je nâen ai pas besoin », il pourrait sâen aller, mettant ainsi fin Ă lâamitiĂ© quâils venaient de bĂątir. Si cela arrivait, que ferait-il ? Devrait-il sâexcuser ? Quoi dâautre ? Banri regarda dâun air gĂȘnĂ© la pointe de ses pieds. Vraiment, il nâavait aucune idĂ©e de ce quâil devait faire. Il nâavait pas lâexpĂ©rience pour ce genre de situation. Cependant, « Eh bien, ⊠tu marques un point. Ce nâest pas parce que jâĂ©vite Kouko que jâai le droit de te forcer Ă le faire. » Son irritation et sa faim Ă©taient en train de le tirer dans des directions opposĂ©es mais apparemment, sa faim avait le dessus. Ou peut-ĂȘtre quâil voulait sincĂšrement conserver son amitiĂ© avec Banri. Yanagisawa haussa les Ă©paules et dĂ©clara : « ArrĂȘtons-nous lĂ . Kouko nâest pas un sujet dont nous devrions dĂ©battre. » Etait-ce la nourriture gratuite ou plutĂŽt leur amitiĂ© ? Peu importe ce quâil ressentait Ă ce sujet, il nây avait aucune raison de se disputer, Banri Ă©tait dâaccord. « Ouais » acquiesça-t-il avant de descendre de son rabouret. « Câest ce que veut dire ĂȘtre amis. » Il mit une boite de plat cuisinĂ© Ă rĂ©chauffer au four Ă micro-ondes dans le sac en vinyle, puis un second. <center><span style="font-size: 250%;">* * *</span></center> Banri aperçut Kouko Kaga devant un stand de recrutement dans le hall du rez-de-chaussĂ©e. On Ă©tait aprĂšs la quatriĂšme heure de cours, qui plus est un vendredi, et plusieurs grands groupes de personnes affluaient vers les fĂȘtes de bienvenue pour les nouveaux membres. Tous les stands, qui nâĂ©taient rien de plus que de longues tables alignĂ©es, attiraient une frĂ©quentation importante. Il Ă©tait dĂ©jĂ presque impossible de voir oĂč est-ce quâun club commençait et oĂč est-ce quâun autre finissait. Le hall Ă©tait bondĂ© dâĂ©tudiants de toutes les annĂ©es mĂȘlĂ©s ensemble dans cette grande agitation. Tandis quâils marchaient distraitement et quâils bavardaient, quelques gars marchĂšrent sur les pieds de Banri. Il cria automatiquement, mais lorsquâil se retourna, ils nâĂ©taient plus lĂ . Le raffut Ă©tait tellement assourdissant que la voix de Banri sâĂ©vanouit sans laisser de trace. Au milieu de tous ces Ă©tudiants, Kouko Ă©tait seule aujourdâhui aussi. Une poche dâair de deux mĂštres de diamĂštre environ lâisolait de la foule du vendredi, la laissant seule. Sa tĂȘte sâinclina, la nuque blanche de son cou sâexposa, elle Ă©tait en train de lire les brochures entre ses mains. Pour Banri, elle ressemblait Ă une fleur Ă©panouie. Personne ne sâapprochait dâelle. Sous les vieux Ă©clairages fluorescents, comme sâils arboraient des tĂ©nĂšbres troubles, tout le monde Ă©tait englouti dans lâombre, mais Kouko semblait en quelque sorte rĂ©pandre une douce lumiĂšre blanche. Cependant, cette apparence crĂ©ait une atmosphĂšre qui rendait difficile de lui adresser la parole. MĂȘme les gangs de recruteurs fanatiques semblaient garder leurs distances avec elle. Il y avait des hommes qui lui jetaient un coup dâĆil tout en passant dans la zone de trois mĂštres de large autour de la poche dâair, pointant discrĂštement un doigt vers elle et murmurant. Que ce soit la retenue ou la paralysie, il paraissait Ă Banri que tout le monde cherchait Ă Ă©viter "dâĂȘtre le premier gars Ă lui parler". Peut-ĂȘtre quâelle Ă©tait simplement trop irrĂ©sistible. Quoi quâil en soit, ils devaient tous penser quâelle ne leur rĂ©pondrait pas, ou quâelle devait ĂȘtre diffĂ©rent dâeux, ou que de parler avec elle serait inutile. Quâils ne seraient pas en mesure de se comprendre. Pour dire la vĂ©ritĂ©, mĂȘme Banri pensait un peu la mĂȘme chose. Aujourdâhui aussi, lâapparence de Kouko Ă©tait juste parfaite. Ses doux cheveux bouclĂ©s Ă©taient attachĂ©s par un bandeau de satin noir du genre de ceux quâune dame riche pourrait porter. Un chemisier ample jaune clair avec une jupe Ă©vasĂ©e assortie, des sandales Ă laniĂšres avec des talons hauts. Son sac en cuir souple Ă©tait noir bien quâil nâeĂ»t aucun signe dâune marque. Beau visage. Belle silhouette. En comparaison avec la minirobe rose de la veille, elle avait lâair de vouloir baisser un peu le ton. Mais, comme dâhabitude, par rapport aux autres Ă©tudiantes, elle pouvait difficilement ĂȘtre plus diffĂ©rente. Se sentant dĂ©solĂ© pour elle, se tordant le cou Ă lâombre dâun pilier, Banri regardait la taille svelte et bien proportionnĂ©e de Kouko. On ne pouvait pas le dire, mais avec les autres personnes passant derriĂšre elle, elle ressemblait Ă une grue dans une dĂ©chargeâ presque aussi diffĂ©rente quâune perle lâest dâun groupe de crabes<ref>Lâauteur fait ici rĂ©fĂ©rence aux Atergatis floridus, une espĂšce de crabes trĂšs venimeux prĂ©sent au Japon. Aucun antidote nâest connu Ă ce jour.</ref> . Presque aussi diffĂ©rente que "La Naissance de VĂ©nus<ref>[http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Naissance_de_V%C3%A9nus_%28Botticelli%29 La Naissance de VĂ©nus] : Tableau peint en 1485 par lâartiste italien Sandro Botticelli</ref>", recevant le sacre des anges et brillant parmi les vagues, lâest dâune grappe de raisins de mer<ref>[http://fr.wikipedia.org/wiki/Caulerpa_lentillifera Raisins de mer] : Algues en forme de grappes de raisins miniatures utilisĂ©es dans la cuisine japonaise.</ref> arrangĂ©e dans une coquille dâhuĂźtre et servie par quelquâun portant des geta<ref>[http://fr.wikipedia.org/wiki/Geta_%28chausses%29 Geta] : Chaussures traditionnelles japonaises.</ref>. Oui, Ă peu prĂšs autant. Cela dit, Banri ne se cachait pas afin de lâobserver aussi longtemps quâil le voulait mais plutĂŽt Ă cause des filles plus ĂągĂ©es du Club de CĂ©rĂ©monie du ThĂ© juste Ă cĂŽtĂ© dâelle. Cette semaine, lui et Yanagisawa avaient fait le tour de tous les clubs qui essayaient de recruter des nouveaux membres, obtenant ainsi toutes sortes de nourriture et de boisson gratuitement. Ils avaient visitĂ© le club de tennis, le club gastronomique et le club de publicitĂ© ; par curiositĂ©, ils avaient mĂȘme Ă©tĂ© jeter un Ćil Ă lâimmense fĂȘte organisĂ©e par les clubs dâune autre université⊠puis ils Ă©taient allĂ©s au Club de CĂ©rĂ©monie du ThĂ©. La fĂȘte du Club de CĂ©rĂ©monie du ThĂ© Ă©tait tout aussi amusante. Mais, avec seulement des femmes, lâambiance Ă©tait formidable (Des filles criant « Nee-saan<ref>Nee-san/Nee-chan : littĂ©ralement, grande sĆur.</ref>, tu sens tellement bon ! » en sâinclinant si bas quâelles enfonçaient presque leur visage dans lâaine de leurs senpai<ref>Senpai est le terme japonais utilisĂ© pour dĂ©signer un ainĂ© au sein dâune hiĂ©rarchie (dans le cas prĂ©sent, senpai rĂ©fĂšre Ă un Ă©tudiant plus ĂągĂ©). Lâinverse, Kouhai, dĂ©signe un cadet.</ref>. Ce nâĂ©tait pas quelque chose que lâon voyait trĂšs souventâŠ) et, voir les quelques participants mĂąles rĂ©duit Ă lâesclavage Ă©tait quelque chose de terrifiant. « Toi lĂ ! AmĂšne le pichet ! » « Toi ! Sers-moi ! » « Hey toi ! Choisis le lâendroit pour lâafter-party ! » « Toi ! Coupe le poisson ! » « Hey hey ! Le Club de CĂ©rĂ©monie du ThĂ© nâest pas si ennuyeux ?! » « Gulp⊠Nee-chan, câest dĂ©licieux ! » CâĂ©tait ainsi que cela se passait. "Lâaide des garçons est accueillie chaleureusement !" "Venez rejoindre le club !" "Travaillons ensemble !" De tels e-mails dâinvitation constellĂ©s dâĂ©moticĂŽnes brillant, pour la plupart envoyĂ© par des ainĂ©s de sexe masculin, Ă©taient encore plus effrayants. Pour cette raison, ne voulant en aucun cas ĂȘtre vu par les filles, Banri se cachait derriĂšre la grande enseigne dâun stand qui Ă©tait transportĂ© par un groupe qui fort heureusement passait par lĂ . CourbĂ©, il se plaça derriĂšre le mince contreplaquĂ©, se rapprochant de Kouko Ă petits pas. Pour quelque raison, il y avait des grands et des petits trous dans le panneau juste aux bons endroits. « Kaga-san, Quâest-ce que tu fais ? » « ⊠W, wha⊠» Masquant sa nervositĂ©, il fit jaillir son visage de lâun des trous juste assez large pour celui-ci et il passa sa main droite dans un autre trou juste assez large pour sa main. Lâavant du panneau affichant un portrait en pied de RyĂŽma Sakamoto<ref>[http://fr.wikipedia.org/wiki/Sakamoto_Ry%C5%8Dma RyĂŽma Sakamoto]</ref> dont le visage et la main avaient Ă©tĂ© retirĂ©s afin de permettre aux gens de poser pour des photos lĂ . CâĂ©tait toutefois un peu surrĂ©aliste de voir RyĂŽma, transportĂ© dans un angle, sâadresser soudainement Ă Kouko. « Aah ! Ouch ! » Il eut lâimpression que sa tĂȘte allait sâarracher lorsque le panneau fut dĂ©placĂ© latĂ©ralement. Remarquant sa prĂ©sence, les gars transportant lâobjet le rĂ©primandĂšrent. Ils Ă©taient probablement tous membres du club dâhistoire. DĂ©gageant sa tĂȘte et sa main, Banri sortit de derriĂšre lâenseigne. Kouko resta un moment Ă le fixer du regard, perplexe. « ⊠Um. » Mais rapidement, son sourire charmant lui revint. MalgrĂ© la brĂšve conversation dâhier qui sâĂ©tait terminĂ© dĂ©sagrĂ©ablement et sa solitude Ă lâinstant, elle sourit gentiment comme pour prĂ©tendre que rien de tout cela ne sâĂ©tait passĂ©. « Takada-kun. Câest bon si je tâappelle comme ça ? Bonjour ! » Encore ratĂ©. « Tada, Banri Tada. Comme jâai vu que tu Ă©tais seule, je me demandais ce que tu faisais ici. » « Oui, oui. Tada-kun. Bonjour ! » Tandis quâelle sourirait magnifiquement avec ses lĂšvres dâun rouge profond, Kouko ne regardait pas du tout le visage de Banri. Elle semblait observer les alentour, cherchant quelquâun dâautre. Banri supposa quâelle Ă©tait probablement en train chercher Yanagisawa. Ce-dernier lui avait dit quâaujourdâhui, il se rendait Ă la fĂȘte de bienvenue du Club de Recherche VidĂ©o. Banri Ă©tait aussi invitĂ©, mais tous ces senpai passionnĂ©s de films lui laissaient un sentiment oppressant et il avait dĂ©cidĂ© de faire quelque chose dâautre Ă la place. « Si tu cherches Yanassan, il a une rĂ©union aujourdâhui. » Kouko cligna des yeux et, bougeant seulement ses pupilles, elle regarda finalement le visage de Banri. « OĂč ça ? ⊠MĂȘme si je demande, tu ne me le diras pas, non ? Tada-kun ? » Tout en glissant un doigt dans ses cheveux brillants, elle leva un peu son menton. Ses dents blanches scintillaient Ă travers son sourire figĂ©. Elle passa lentement son regard sur Banri, du haut de sa tĂȘte jusquâĂ la pointe de ses chaussures avant de remonter. Croisant les bras, elle donnait une impression inhabituelle tandis quâelle penchait lĂ©gĂšrement la tĂȘte sur le cĂŽtĂ©. « Ou peut-ĂȘtre que tu as changĂ© dâavis ? » Prenant dĂ©libĂ©rĂ©ment beaucoup de temps, elle cligna des yeux encore une fois. Elle regarda Banri avec un sourire parfait, les yeux fixĂ©s sur lui sans bouger. Mais pas assez pour quâil ne ressentĂźt de lâhostilitĂ©. « Non, ⊠ça nâa pas changĂ©. » « Evidemment. » Par habitude, peut-ĂȘtre, elle repassa ses doigts dans ses cheveux. Suites Ă ces gestes uniquement, des pensĂ©es comme ''Elle peut ĂȘtre assez effrayanteâŠ'' venait Ă lâesprit. Probablement Ă cause de son expression qui, avec les coins de sa bouche joliment tournĂ© vers le haut, ne dĂ©gageait pas la moindre tempĂ©rature. Ce nâĂ©tait ni trop chaud ni trop froid, ni trop sec ni trop humide. Il nây avait pas non plus la moindre trace de quelque chose dâartificiel dans ses traits. Simplement ce sourire empli du sentiment oppressant dâindiffĂ©rence qui brillait face Ă Banri. Sous la force de ces yeux noirs luisants, Banri ne pouvait subitement plus comprendre pourquoi il avait ressenti de la pitiĂ© pour elle la veille. Tandis quâelle se tenait lĂ , avec sa silhouette se courbant souplement Ă la taille avec grĂące, son sourire et sa tenue chic, nâĂ©tait-elle pas parfaite ? Il ne pouvait voir ni faiblesse ni dĂ©faut. Il avait lâimpression que personne en ce monde ne pourrait Ă©clipser Kouko Kaga. Il avait dĂ©jĂ oubliĂ© pourquoi il voulait lui parler et, en dĂ©clarant « Bon, je te prie de mâexcuser⊠», il essaya de sâĂ©chapper comme une Ă©crevisse maladroite grĂące Ă un pas de cĂŽtĂ©, mais⊠« Ah, Banri Tada ! » Il fut soudainement pris au dĂ©pourvu. « Quâest-ce que câest, Ă quel nouveau club te rends-tu maintenant ? Se pourrait-il que tu nous trompes ?! » « On boit encore aujourdâhui ! Tu vas venir, bien sĂ»r, non ? » Quelquâun lui avait saisi fermement ses deux Ă©paules et les secouait. Il venait dâĂȘtre dĂ©couvert. CâĂ©tait lâĂ©pouvantable duo de filles du Club de CĂ©rĂ©monie du ThĂ©. Leur nom : Sao-chan et Shii-chan. Sao-chan Ă©tait agressive et Shii-chan relativement distraite en comparaison. Ces filles un peu plus ĂągĂ©es se collaient comme de la glue Ă Banri au visage dâenfant, qui Ă©tait facile Ă vivre et Ă qui il manquait en apparence bon nombre de qualitĂ©s masculines secondaires. A vrai dire, ce nâĂ©tait pas si mal, mais comme on pouvait sây attendre, ce nâĂ©tait pas si bien non plus. « Ah⊠uwaa⊠mesdemoiselles⊠Mes salutations⊠» « Il nây a pas de "salutations" qui tiennent ! EspĂšce dâenfant gĂątĂ© ! » En tout cas, câĂ©tait assez effrayant. Tandis quâelle tapotait les cĂŽtes de Banri, Sao-chan lui demanda : « Alors, pourquoi nâas-tu toujours pas dĂ©cidĂ© de tâinscrire dans notre club ? Et aussi, ne vas-tu pas rĂ©pondre aux e-mails de nos garçons ? Ils pleuraient de nâobtenir aucune nouvelle ! Hmm ? » « Oha ! » Shii-chan insĂ©ra lentement le bout dâun stylo dans lâorifice de son oreille. Le dos de Banri Ă©tait sur le point de rompre, ''Aah, sâil vous plait, arrĂȘtezâŠ'' Il Ă©tait sur le point de rejoindre le Club de CĂ©rĂ©monie du ThĂ© lorsque : « Ah, dĂ©solĂ©. Tu as de la compagnie. » Apparemment, Sao-chan et Shii-chan venaient tout juste de remarquer la prĂ©sence de Kouko qui les observait avec la tĂȘte lĂ©gĂšrement inclinĂ©e. LibĂ©rant Banri, elles Ă©changĂšrent un coup dâĆil avant de se tourner une nouvelle fois vers Kouko. Avec son Ă©ternel sourire sans dĂ©faut, Kouko attendait les prĂ©sentations en gardant sa bouche close comme un chien bien dressĂ©. Les deux autres filles Ă©changĂšrent un autre regard et annoncĂšrent, « Bon, alors, envoie un message si tu en as envie », « A plus tard, Banri Tadaa ». Elles lui firent lentement signe de la main puis elles partirent. Banri, qui nâavait aucunement lâintention de rejoindre le Club de CĂ©rĂ©monie du ThĂ©, avait Ă©tĂ© sauvĂ© par Kouko. « ⊠Quâest-ce que câĂ©tait Ă lâinstant ? Je me le demande⊠» Le ton de son murmure ne ressemblait pas Ă un monologue. Kouko plaça son doigt mince sur le cĂŽtĂ© de son menton, prenant un air interrogateur tandis quâelle se tournait lĂ©gĂšrement vers Banri. « Hey Tada-kun, quâest-ce que tu en penses ? A propos de ça. » « Hein ? CâĂ©tait⊠» Juste en face de lui, Kouko le regardait Ă bout portant et, encore une fois, il dĂ©glutit en pensant ''Câest sĂ»r, elle Ă un beau visage !'' Malheureusement, son regard en lui-mĂȘme ne paraissait pas avoir changĂ©. « Euh, câĂ©tait deux filles du Club de CĂ©rĂ©monie du ThĂ©, je crois. » « Je ne parlais pas de ça. » « Elles sâappellent Sao-chan et Shii-chan. » « Je ne veux pas non plus connaitre leur nom de scĂšne. » Kouko secoua lentement la tĂȘte en se rapprochant encore plus. Puis, pour une raison quelconque, elle baissa dâun ton. « ⊠Pourrais-tu me rĂ©pondre honnĂȘtement ? Mettons Mitsuo de cĂŽtĂ© pour lâinstant, je voudrais vraiment savoir⊠» ''Hein ? Hein ?'' Une fois de plus, le nez de Banri tressaillit, chatouillĂ© par lâĂ©touffant parfum sucrĂ©. « Tada-kun, depuis la cĂ©rĂ©monie dâentrĂ©e jusquâĂ maintenant, combien de clubs tâont invitĂ© Ă les rejoindre ? » Elle portait un parfum de rose encore aujourdâhuiâ retrouvant sa raison, son cerveau sur le point de fondre quitta la zone rouge. Kouko attendait sa rĂ©ponse. « Sâil te plait, rĂ©ponds. Combien ? » « "Combien", Ă vrai dire⊠euh, bah⊠je suis allĂ© Ă cinq ou six rĂ©unions de recrutement⊠si lâon compte aussi les fois oĂč jâai refusĂ© et quand je me suis incrustĂ© dans les afters, humm humm, mais⊠» Banri essayait de dissimuler la vĂ©ritĂ©, bien quâil ne fĂ»t plus un enfant, il Ă©tait tellement nerveux dans les situations de ce genre, Ă chercher dĂ©sespĂ©rĂ©ment dans sa mĂ©moire, mais⊠« Le nombre dâinvitations, prĂ©cisĂ©ment, eh bien⊠impossible de tous me les rappeler, et ce câest dur de dire quâest-ce qui compte en tant quâinvitation, Ă de nombreuses reprises, ils mâont juste appelĂ©. » Depuis la cĂ©rĂ©monie dâentrĂ©e, les assemblĂ©es de recrutement chaotiques nâavaient pas cessĂ©. DĂšs que les nouveaux Ă©tudiants passaient devant les stands des clubs, les senpai leur sautaient dessus comme des hyĂšnes. A eux deux, Banri et Yanagisawa avaient Ă©tĂ© attrapĂ©s Ă maintes reprises, se retrouvant avec des tracts enfoncĂ©s dans leurs poches et invitĂ©s Ă tout va dans des fĂȘtes de bienvenue. Ils se devaient au moins dâaller dĂ©couvrir les endroits qui leur faisaient envie. Toutefois, câĂ©tait les clubs provenant dâĂ©coles affiliĂ©es ayant dĂ©jĂ des relations avĂ©rĂ©es qui Ă©taient probablement engagĂ©s dans les activitĂ©s les plus intelligentes et les plus prometteuses. « ⊠Dâinnombrables⊠» Conservant habilement son sourire, Kouko poursuivit : « Câest⊠vraiment "many, many many manyyy" pas vrai⊠? » « Kaga-san⊠es-tu Ooshiba Ruu<ref>Ooshiba Ruu (ă«ăŒć€§æŽ) est un acteur et comĂ©dien japonais cĂ©lĂšbre pour utiliser "many, many many manyyy" dans ses rĂ©pliques. Many signifiant beaucoup en anglais.</ref>⊠? » « Je suis⊠» Regardant rapidement de chaque cĂŽtĂ©, vĂ©rifiant que la voie Ă©tait libre, elle roula les prospectus quâelle avait dans la main avant dâappuyer le cylindre ainsi formĂ© contre lâoreille droite de Banri. Puis, dâune voix Ă©trangement basse, elle murmura comme si elle confessait quelque chose de honteux : « Pas un seul. » CâĂ©tait comme si son souffle brulait son oreille droite. Sans montrer la moindre gĂȘne face Ă lâexpression surprise de Banri, Kouko recula, une main sur la hanche. Ses dents blanches Ă©tincelaient travers le sourire dessinĂ© par sa jolie bouche. MĂȘme si la pose allait avec, son sourire Ă©tait dĂ©cidĂ©ment celui dâune actrice. « ⊠Je me demande pourquoi ? Pourquoi, pourquoi personne nâose mâadresser la parole ? » ''Ah la la'', pensa-t-il. Elle ne pouvait pas cacher le lĂ©ger tremblement de sa voix venant de sa tĂȘte penchĂ©e sur le cĂŽtĂ©, rĂ©vĂ©lant son incapacitĂ© Ă supporter lâisolement. Du moins, câĂ©tait ainsi que le ressentait Banri. LâĂ©tat de Kouko irradiait de solitude et la rĂ©alitĂ© et il prit une fois de plus conscience de la rĂ©alitĂ©. ''La vie est trop facile pour les jolies filles !'', il se souvint du cri de Yanagisawa. ''Tout le monde se fait trop facilement duper ! â Vraiment ?'' ''Etais-je en train de me faire duper actuellement ?'' Mais, pour lâinstant, la vue de cette femme qui Ă©tait devant lui en chair et en os blessait le cĆur de Banri. Cela Ă©tait sĂ»r et certain. « Non pas que je sois intĂ©ressĂ©e par les clubs ! Je ne veux pas ĂȘtre invitĂ©. Je nâimagine mĂȘme pas en rejoindre un si je ne peux pas ĂȘtre avec Mitsuo. Mais, dâune maniĂšre ou dâune autre, je suis tellement⊠Je ne sais pas comment le formuler⊠En tout cas, depuis que je suis arrivĂ© ici, je suis complĂštement⊠» Si seule, si pathĂ©tique. Si, « ⊠devenue invisible, jâai lâimpression. Comme si jâĂ©tais ignorĂ©, câest ce que je ressens. Et pas seulement par Mitsuo. ⊠Par tout le monde autour de moi. » ''Message reçut haut et clair ! Laisse-moi faire ! Les cours de Yanassan, les clubs quâil va voir, je vais tout te dire, alors vas-y et immisce auprĂšs de lui ! Je te soutiens !â Câest bien comme ça ?'' En sympathisant avec la personne devant ses yeux, avait-il simplement Ă©tĂ© dupĂ© et envoutĂ© par son joli visage ? En gros, nâĂ©tait-il pas juste utilisĂ© comme un moyen pour obtenir Yanassan ? OĂč est-ce que Kouko Kaga Ă©tait rĂ©ellement abattue par ces jours de solitude ? Mais mĂȘme en Ă©tant trompĂ© et manipulĂ©, y avait-il un mal à ça ? Quoi quâil en soit, si sa sympathie envers elle lui faisait rĂ©vĂ©ler des informations sur Yanagisawa, câest ce dernier qui aurait des soucis. ⊠''Je vois, alors câest pourquoi il est si alerte lorsque Kouko suscite la sympathie dâautrui ?'' Quant Ă lui, ⊠que devait-il faire ? Quant Ă lui, que voulait-il faire ? ''Est-ce mal de montrer de la sympathie ? Est-ce que je ne veux pas ĂȘtre dupĂ© ? Et pourquoi ? Pour le bien de Yanagisawa ?'' Sans rien comprendre, il Ă©tait perdu dans la façon dâexprimer ses sentiments. Banri perdit son regard au loin, la tĂȘte vide. La rĂ©vĂ©lation divine, lâinspiration dâun ange gardien, peu importe dâoĂč il venait, mais un message lui indiquant ce quâil devait faire serait la bienvenueâ il avait mĂȘme de telles pensĂ©es irrationnelles. Mais bien sĂ»r, une telle chose ne pouvait pas arriver. Il se devait de rĂ©flĂ©chir avec sa propre tĂȘte et son propre cĆur. Kouko sâinterrogea : « Suis-je si Ă©trange, je me le demande⊠» Elle cacha son visage en se tapant le front avec les brochures dans ses mains. Seule la forme de sa bouche forcĂ©e en un sourire Ă©tait encore visible. « Je me demande si câest pour cette raison que mĂȘme Mitsuo ne veut pas mâaccompagner. » « ⊠Kaga-san, est-ce que⊠» Etait-ce une mĂ©thode pour lui soutirer des informations sur Yanassan ? Ou Ă©tait-ce pour de vrai. « âŠcela te brise le cĆur. » « Non. » Ses lĂšvres se figĂšrent en un large sourire, elle nâavait prononcĂ© quâun seul mot, sans hĂ©sitation. Son intonation croissante montrant son indiffĂ©rence rĂ©sonna fermement. Il resta Ă regarder sa bouche sans rĂ©flĂ©chir jusquâĂ ce que, « Ah, tu es intĂ©ressĂ© par notre club ? DĂ©solĂ©, dĂ©solĂ©, le stand est restĂ© sans surveillance pendant un moment ! » Quelquâun souleva les tracts utilisĂ©s par Kouko pour se cacher le visage, câĂ©tait une femme qui leur adressa un sourire. Kouko la regarda, surprise, avec des grands yeux. A quoi pouvait bien ressembler son visage derriĂšre ces prospectus, personne ne le saura jamais. « Vous deux, vous ĂȘtes en premiĂšre annĂ©e, nâest-ce pas ? Merci pour votre intĂ©rĂȘt. Nous sommes un "tout en un", ou pour faire plus simple, le club "des fĂȘtes Hanami<ref>[http://fr.wikipedia.org/wiki/Hanami Hanami]</ref> pendant le printemps, des fĂȘtes barbecues au bord de la mer pendant lâĂ©tĂ©, des fĂȘtes dans les feuilles mortes en automne, des fĂȘtes aux sports dâhiver", tout ça sans se prendre la tĂȘte. Nous avons des Ă©tudiants de plusieurs universitĂ©s, vous allez vous faire beaucoup dâamis. Je ne suis pas rĂ©ellement une Ă©tudiante dâici ; je suis une troisiĂšme annĂ©e de lâuniversitĂ© pour fille ****. » Se matĂ©rialisant brusquement, la nouvelle arrivante Ă©tait plus grande que Kouko et Banri. Elle portait un jean mince avec un pull au col en V et, autour de son cou, un collier en argent en forme de flocon de neige. Les cheveux coupĂ©s au carrĂ© couvrant ses oreilles, une expression joviale, un air pur et rafraichissant, elle ressemblait dâune certaine maniĂšre Ă une animatrice de tĂ©lĂ©vision. « Vous avez lâair un peu abattu par contre. Quâest-ce quâil y a ? Vous ĂȘtes OK ? Ah, peut-ĂȘtre que quelque chose est arrivĂ© pendant les recrutements ? » Elle se tourna anxieusement vers le visage de Kouko. AussitĂŽt, celle-ci restaura son sourire habituel. « Loin de lĂ . Je vais bien. Merci beaucoup. » Avec son attitude princiĂšre, elle inclina calmement la tĂȘte. Par rĂ©flexe, Banri inclina la sienne en mĂȘme temps. « SĂ»re ? Dans ce cas, câest bon. Si jamais quelquâun est trop insistant ou vous pose des problĂšmes, nâhĂ©sitez-pas Ă me le dire, OK ? Il y a apparemment quelques types importuns, le club de tennis Ă vraiment une mauvaise rĂ©putation. Jâai entendu dire quâils sont super insistant dans leur recrutement. Quoi quâil en soit, vous deux, comment vous vous appelez ? » « Ah, euh, Tada. Banri Tada. » « Mon nom est Kaga. » « Je vois, je vois. Tada-kun et Kaga-san, nâest-ce pas ? Ătes-vous allĂ©s aux fĂȘtes de bienvenues de certains clubs ? » « Hein ? Eh bien, euh, oui. » En voyant Banri hocher la tĂȘte, elle poursuivit : « Ah, je vois ! OĂč ça, oĂč ça ? OĂč es-tu allĂ© ? » La senpai du "club tout en un" le bombardait de questions. Banri voulut lui donner une rĂ©ponse honnĂȘte en les Ă©numĂ©rant tous, mais, « Ah, jâai une idĂ©e ! » Avec un sourire chaleureux, elle frappa dans ses mains et dit en lâinterrompant : « Si vous ĂȘtes dâaccord, on pourrait peut-ĂȘtre en discuter autour dâun thĂ© ? Je veux dire, câest juste que jâai soif maintenant, Ă force de passer ma journĂ©e dans ce stand Ă demander "Ătes-vous en premiĂšre annĂ©e ?", je suis crevĂ©e ! Je ne serais pas rĂ©primandĂ©e si je sĂšche tant que je sors avec des premiĂšres annĂ©es, pas vrai ? Haha, les endroits prĂšs de la gare comme le Doutor<ref>Doutor Coffee : franchise japonaise de cafĂ©s.</ref> sont toujours horriblement bondĂ©s, mais est-ce que vous saviez quâil y a aussi un petit cafĂ© agrĂ©able et peu connu ? Non, hein ? Et que leur cafĂ© au lait est servi dans un bol Ă cafĂ© au lait ? Dâailleurs Tada-kun, tu sais ce que câest ? Un bol Ă cafĂ© au lait ? » « ⊠Hein ? Eh bien, non⊠je ne sais pas. » « Vraimentâ tu loupes quelque chose, mais moi, jâaime vraiment le cafĂ© etâ bah, la plupart des filles sont pareil, jâimagine. » Elle lui donna une petite tape sur lâĂ©paule puis elle tourna gaiement son sourire vers Kouko. « Les filles comprennent, pas vrai ? » « Hein ? » « Un bol Ă cafĂ© au lait ! Tu vois ce que je veux dire, pas vrai Kaga-san ? » « E⊠eh, oui⊠» « Bien alors, câest dĂ©cidĂ© ! Câest parti ! » Soudainement, comme si elles Ă©taient de vieilles amies, elle attrapa intimement la main de Kouko. Visiblement un peu surprise, Kouko baissa les yeux vers sa main, mais avant quâelle nâeut pu ouvrir ses lĂšvres bien formĂ©es pour dire un mot, « Tiffany ?! » La senpai poussa un cri perçant. La soudaine Ă©lĂ©vation de sa voix avait dĂ» ĂȘtre accablante : les longs cils de Kouko battirent et son menton rentra un peu. « Impossible, impossible, ehhh, câest une bague sublime ! Câest un diamant, nâest-ce pas ?! Ăa vient de chez Tiffany<ref>Tiffany & Co : entreprise amĂ©ricaine de joaillerie.</Ref> ?! » « ⊠Euh, eh bien, mais⊠En quelque sorte, je pensais que câĂ©tait un peu flashy de la porter Ă lâĂ©cole, mais, euh, mais main⊠» « Hein, et pourquoi ? Câest complĂštement OK, ce nâest pas du tout excessif ! Câest OK OK OK ! Je veux dire, ça te va incroyablement bien, et quand je lâai vue il y a pas longtemps, jâen voulais une aussi ! Je veux dire, si jâen avais une, je la porterai Ă lâĂ©cole quoi quâil arrive, et mĂȘme au travail aprĂšs les cours. Quel est lâintĂ©rĂȘt dâen avoir une si tu ne la portes pas ! Câest OK, laisse-moi la voir de plus prĂšs ! Ah, elle est aussi belle que je lâimaginais ! » Dans la position oĂč elles se trouvaient, câĂ©tait presque avec une force brute quâelle tira Kouko Ă sa suite et quâelles partirent. « Et si cette senpai veut me prendre la main avec autant de force⊠», mais les inquiĂ©tudes de Banri se rĂ©vĂ©lĂšrent sans fondement. Elle se contenta de lui crier : « Sors par lâentrĂ©e lĂ -bas ! » « Oh, ne vous inquiĂ©tez pas, câest moi qui rĂ©gale ! Câest normal puisque je suis celle qui vous invite ! Entre autre, je peux aussi vous dire tout ce que je sais Ă propos des cours ! » ''⊠Se pourrait-il que les dĂ©tails sur nos cours se soient rĂ©pandus jusquâaux Ă©tudiants des autres universitĂ©s ?'' Banri Ă©tait abasourdie, mais malheureusement, en tant que nouvel Ă©tudiant plein dâentrain, il se devait de lâaccepter. « Je mâen souviens encore, quand nous Ă©tions en premiĂšre annĂ©e, nos ainĂ©s nous ont appris de cette façon aussi. Ah, jâai en quelque sorte loupĂ© lâatmosphĂšre dynamique du printemps ! Lâambiance de la saison, il y a quelque chose de spĂ©cial dans lâair ! Ne le sentez-vous pas tremblant dâexcitation ? » ''Oui, lâair tremble dâexcitation'', il devait juste sourire et hocher la tĂȘte dans cet Ă©tat dâespritâ câĂ©tait lâimpression quâil avait alors il le fit. Tandis que lâĂ©tudiante plus ĂągĂ©e la tirait par la main comme si elle Ă©tait une petite fille, Kouko se retourna pour regarder Banri qui suivait derriĂšre. Avec ce seul regard, mĂȘme Banri comprit que Kouko Ă©tait confuse. Banri Ă©tait lui aussi troublĂ©, vraiment troublĂ©. Cette senpai, aprĂšs sa soudaine apparition, lui donnait un sentiment Ă©trangement dĂ©plaisant. Elle Ă©tait agrĂ©ablement enjouĂ©e, bavardant de ci et ça, mais aprĂšs tout, il ne pouvait pas rĂ©ellement comprendre ses intentions. Il nâavait aucune idĂ©e dâoĂč et de pourquoi elle les entrainait avec elle. « Eh bienâ peu importe. Allons voir », articula Banri tout en hochant un peu la tĂȘte en rĂ©ponse au coup dâĆil de Kouko. AccompagnĂ© de Kouko Kaga, dans un cafĂ©, Ă©coutant ce que dirait leur senpai. Il avait le sentiment quâil ne rencontrerait plus jamais de situation aussi curieuse. Rare, câĂ©tait rare. Il nâaurait jamais pu lâinviter naturellement Ă prendre un thĂ© de lui-mĂȘme. De plus, cette mystĂ©rieuse senpai Ă©tait plutĂŽt jolie. En outre, et plus important dâailleurs, câĂ©tait la premiĂšre invitation de Kouko dans un club. ''Câest lâopportunitĂ© longuement attendue, alors tu devrais ĂȘtre ouverte pour ça'', pensa Banri. Bien sĂ»r, Banri ne connaissait pas les vĂ©ritables pensĂ©es de Kouko. Elle se sentait probablement seule, cette situation oĂč personne ne lui adressait la parole Ă©tait probablement une Ă©preuve douloureuse pour elle. Mais câĂ©tait peut-ĂȘtre un mensonge, peut-ĂȘtre quâelle nâĂ©tait pas rĂ©ellement seule et quâelle arborait ce visage, quâelle utilisait cette voix, uniquement dans le cadre de sa stratĂ©gie visant Ă soutirer lâemploi du temps de Yanagisawa Ă Banri. Tant que Yanagisawa nâĂ©tait pas dans lâun dâeux, ĂȘtre invitĂ© ou non par des clubs nâĂ©taient pas un problĂšme pour elle. Ătre ignorĂ© par quelquâun dâautre que Yanagisawa ne la dĂ©rangeait probablement pas. ''Quoi quâil en soit, si jamais elle me trompe, il en sera ainsi'', pensa Banri. DĂ©testĂ©e et Ă©vitĂ©e par Yanagisawa, et avec tout le monde gardant ses distances, la Kouko solitaire avec son regard abattu inspirait la compassion. Que ce soit un mensonge ou la vĂ©ritĂ©, aussi longtemps que Banri verrait Kouko comme ça, sa poitrine continuerait Ă le faire souffrir. Il pouvait vivre en Ă©tant dupĂ©. Dâune maniĂšre ou dâune autre, Banri voulait faire quelque chose au sujet de la solitude de Kouko. Mais cĂ©der des informations privĂ©es sur Yanagisawa Ă©tait hors de question. Si cela pouvait aider, alors il irait jusquâau bout de cette Ă©trange ballade. Tirant Kouko par la main tout en jetant des coups dâĆil en arriĂšre pour vĂ©rifier si Banri suivait, la senpai les entraina hors du bĂątiment universitaire. CâĂ©tait ainsi, en Ă©tant invitĂ© dans un club, en Ă©coutant les ainĂ©s, ou mĂȘme en se rendant aux fĂȘtes des clubs, quâils pouvaient se faire de nouveaux amis, en mettant de cĂŽtĂ© sâils voulaient ou non rejoindre le club de maniĂšre officielle. MĂȘme pour Kouko, un coup dâĆil dans ce nouveau monde pourrait sâavĂ©rer bĂ©nĂ©fique. On pouvait appeler ça une intervention Ă©goĂŻste, et câen Ă©tait trĂšs certainement une. ''Mais, mĂȘme si pour Kouko, tout ça nâest rien de plus quâune intervention Ă©goĂŻste indĂ©sirable, câest de sa faute dâavoir suscitĂ© la sympathie dâun simple idiot comme moi.'' Quoi quâil en soit, pour le moment, Banri comptait tout donner pour sauver Kouko de sa solitude. <noinclude> === Notes de traduction === <references/> </noinclude> <noinclude> {| border="1" cellpadding="5" cellspacing="0" style="margin: 1em 1em 1em 0; background: #f9f9f9; border: 1px #aaaaaa solid; padding: 0.2em; border-collapse: collapse;" |- | Revenir au [[Golden_Time:Tome_1_Chapitre_1|Chapitre 1]] | Retourner au [[Golden Time - Français#Tome 1 - Un Blackout en Printemps|Sommaire]] | Passer au [[Golden_Time:Tome_1_Chapitre_3|Chapitre 3]] |- |} </noinclude>
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