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Kokoro Connect : Volume 1 Chapitre 6
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==Chapitre 6 : La thĂ©orie du plus puissant coup bas== Quelques jours aprĂšs l'activitĂ© bĂ©nĂ©vole de nettoyage, nous retrouvons nos hĂ©ros dans le local du Club de Recherche Culturelle. Ă l'intĂ©rieur, il y avait Taichi Yaegashi qui Ă©tait transfĂ©rĂ© dans le corps de « Himeko Inaba » et Yoshifumi Aoki dans celui de « Yui Kiriyama ». Les deux arboraient des sourires machiavĂ©liques alors qu'ils s'amusaient Ă regarder des vidĂ©os qu'ils avaient prises avec leur tĂ©lĂ©phone. Sur l'Ă©cran du tĂ©lĂ©phone... â Je-Je... peux plus continuer comme ça... En fait, je... je suis tombĂ©e follement amoureuse de toi, Aoki... Pardonne-moi... pour cet aveu si soudain... dit « Kiriyama » avec des yeux Ă©tincellants. â J-Je, euh... Je, mon cĆur... Euh, en fait... Je t'aime vraiment... Est-ce... est-ce que tu veux bien... sortir avec moi ? bafouilla « Inaba » tout en baissant la tĂȘte d'embarras. Les filles du Club de Recherche Culturelle semblaient ĂȘtre occupĂ©es ailleurs. (En rĂ©alitĂ©, ceux qui avaient du travail Ă faire Ă©taient Iori Nagase, Taichi et Aoki, mais Kiriyama Ă©tait dans le corps de « Taichi » et Inaba dans celui « d'Aoki ».) AprĂšs avoir Ă©changĂ© avec les « deux filles », les garçons s'Ă©taient mis en tĂȘte de rĂ©vĂ©ler les « vĂ©ritables » sentiments des filles en se servant de leur corps. Ăvidemment, cette idĂ©e stupide Ă©tait venue d'Aoki. â Raaah, c'est terrible ! D'habitude, « Inaba » est sarcastique, garçon manquĂ©, indiffĂ©rente et mĂ©chante avec tout le monde... mais quand elle avoue ses sentiments avec l'embarras d'une jeune fille... Cette diffĂ©rence la rend... trop chou ! MĂȘme si ça avait Ă©tĂ© gĂȘnant pour Taichi de jouer cette scĂšne, Aoki semblait avoir apprĂ©ciĂ© ses talents d'acteur. â Aoki... t'as vraiment transmis tes dĂ©sirs les plus profonds.<!-- »Aoki, you... completely conveyed your innermost wishes. »--> â Pas vrai ? Aah~ Je rĂȘve qu'un jour elle me prononce ces mots d'elle-mĂȘme, soupira Aoki « Kiriyama ». Aux yeux de Taichi, c'Ă©tait dĂ©jĂ un miracle d'entendre ce genre de mots de la bouche de « Kiriyama ». â Au fait, Aoki. T'es vraiment fidĂšle Ă Kiriyama. (Aoki ne perd jamais courage et ne sombre pas dans le dĂ©sespoir malgrĂ© la façon dont elle le traite. Pour ĂȘtre franc, je le respecte vraiment Ă ce niveau-lĂ .) â Ouais, elle m'a complĂštement envoĂ»tĂ© sans que je sache pourquoi... Non, il y a sĂ»rement une raison ! Par exemple, elle est mignonne, vivante, pure et puĂ©rile. Quand elle a une idĂ©e en tĂȘte, elle agit sans se soucier des consĂ©quences. En plus, c'est une tsundere<ref>Tsundere est un terme japonais utilisĂ© pour dĂ©finir une personnalitĂ© qui est au premier abord distante, hautaine, voire pimbĂȘche, et qui devient affectueuse et tendre par la suite. ([https:''fr.wikipedia.org/wiki/Tsundere Wikipedia])</ref>. Le fait qu'elle soit une tsundere Ă©tait plus un vĆu de la part d'Aoki que la rĂ©alitĂ©. â Mais mon instinct est le plus important ! C'est pour ça que je dis que j'ai Ă©tĂ© envoĂ»tĂ©. Aoki « Kiriyama » acquiesça tout en exprimant son amour pour Kiriyama. â Enfin bref, on sâest bien marrĂ©s. Supprimons ces vidĂ©os maintenant. En entendant les paroles de Taichi « Inaba », Aoki « Kiriyama » exprima rapidement son dĂ©saccord, tout en haussant des Ă©paules comme ces acteurs amĂ©ricains dans les films comiques. â Ăa fait que commencer. Aoki « Kiriyama » souriait comme un dĂ©mon. â Mais... â Tu comptes vraiment t'arrĂȘter en si bon chemin ? Aoki avait rĂ©ussi Ă convaincre Taichi de filmer leur premiĂšre vidĂ©o, mais pour une raison ou une autre, Aoki « Kiriyama » avait cessĂ© d'ĂȘtre aussi persuasif qu'auparavant et semblait attendre quelque chose... Non, plutĂŽt, il semblait pousser Taichi Ă se mettre Ă fredonner une chanson. â ... Si tu insistes, alors soit. Cela dit, Taichi avait l'impression de perdre une part d'humanitĂ© en lui. Leurs esprits s'Ă©taient complĂštement emportĂ©s au moment oĂč ils recommencĂšrent Ă se filmer. En thĂ©orie, ils devaient avoir suffisamment de temps pour s'amuser encore avant que les autres ne reviennent. HĂ©las, les deux s'Ă©taient laissĂ© aller. Ils avaient Ă©tĂ© bien trop imprudents. La porte grinça. « Taichi » et « Aoki » Ă©taient revenus plus tĂŽt que prĂ©vu. (S'il n'y avait pas eu de nouvel Ă©change entretemps, Kiriyama et Inaba devaient toujours ĂȘtre « Taichi » et « Aoki » respectivement.) Ă leur arrivĂ©e, Taichi « Inaba » et Aoki « Kiriyama » se crispĂšrent immĂ©diatement. Elles ne devaient pas avoir entendu ce qu'ils avaient dit prĂ©cĂ©demment, alors s'ils se comportaient normalement, ils devaient pouvoir s'en sortir. HĂ©las, ils avaient complĂštement perdu leur calme (parce qu'ils Ă©taient trop nerveux pour s'en rendre compte). Un long silence fut inĂ©vitable. Mais les deux membres du Club de Recherche Culturelle fraĂźchement arrivĂ©es n'Ă©taient pas suffisamment naĂŻves pour gĂącher ces quelques secondes. â Yui ! Attrape ce tĂ©lĂ©phone, ordonna immĂ©diatement Inaba « Aoki ». â Donnez-moi ça ! Il y avait une grande diffĂ©rence de force quand elle changeait de corps â Kiriyama « Taichi » fonça sur Aoki « Kiriyama ». â Aaaah ! Aoki « Kiriyama » poussa un cri perçant tout en se recroquevillant sur lui-mĂȘme. En un clin d'Ćil, Kiriyama « Taichi » avait dĂ©jĂ confisquĂ© son tĂ©lĂ©phone avant de le remettre Ă Inaba « Aoki ». â Voyons voir ce que vous avez fait sur mon tĂ©lĂ©phone... Hein ? Une vidĂ©o, hein... Dans le local plongĂ© dans le silence, les seuls bruits audibles provenaient de la vidĂ©o prise par le tĂ©lĂ©phone. Ils rĂ©sonnaient dans la piĂšce. Des rĂ©pliques cucul la praline se rĂ©pandirent en continu dans la salle silencieuse. Taichi jeta un regard vers Inaba « Aoki », qui ne montrait aucune Ă©motion alors qu'elle se tenait immobile. Il pouvait mĂȘme entendre ses veines se gonfler... enfin, dans son imagination. â HĂ©hĂ©... on dirait que vous vous ĂȘtes bien Ă©clatĂ©s. Tout en parlant, Inaba « Aoki » retira sa veste, dĂ©fit sa cravate et dĂ©boutonna sa chemise. Pendant que tout le monde retenait encore son souffle, elle jeta la chemise en l'air et retira son maillot de corps. Le torse nu, elle se mit Ă retirer la ceinture de son pantalon. â A-Attends. Ă quoi tu joues ? finit par crier Kiriyama « Taichi ». Elle Ă©tait dĂ©jĂ rouge comme une tomate. â Hein ? Je vais juste courir Ă poil dans l'Ă©cole pour me rafraĂźchir les idĂ©es. â T-T'es pas sĂ©rieuse, si ? Inaba ? Taichi « Inaba » Ă©tait complĂštement abasourdi par l'idĂ©e de vengeance d'Inaba. â Qui sait ? P't'ĂȘtre bien que oui, p't'ĂȘtre bien que non... Hihihi. â ArrĂȘte, je t'en supplie, Inaba-chan ! Si tu fais ça, « je » vais mourir pour de bon ! â C'est vrai, Inaba. MĂȘme si t'es en colĂšre, la peine de mort est un peu... MĂȘme si c'Ă©tait Inaba, elle devait lui rester encore un peu de conscience- â CrĂšve. ... Finalement, il ne semblait plus rien rester de sa conscience. â Je t'en supplie, Inaba-chan ! Je pourrais plus vivre avec ce corps si tu fais ça ! Aoki s'Ă©tait agenouillĂ© devant Inaba, mĂȘme si c'Ă©tait Ă©tonnant de voir « Kiriyama » se prosterner devant « Aoki ». â La ferme ! C'est ta punition pour avoir fait ces choses humiliantes avec « mon corps » ! Au final, avec un peu de persuasion, les trois (aprĂšs tout, vu que c'Ă©tait vital, Kiriyama s'Ă©tait rangĂ©e du cĂŽtĂ© de Taichi et Aoki) finirent par arrĂȘter Inaba, qui Ă©tait toujours en colĂšre. Alors que l'ambiance dans le local s'Ă©tait apaisĂ©e, tout le monde retrouva son « corps » (ou plutĂŽt, ils s'Ă©taient calmĂ©s justement parce qu'Inaba Ă©tait retournĂ©e dans son propre « corps »). â Tss... Si jamais vous recommencez, vous savez ce qui vous attend. â Oui, on est sincĂšrement dĂ©solĂ©s, Inaba-san. Taichi et Aoki se confondirent en excuses. â Moi aussi, je suis en colĂšre. Si je vous trouve en train de recommencer, je vais vous donner une violente leçon. Kiriyama souriait (ou du moins, faisait semblant). â Oui, oui... j'ai compris. Taichi Ă©tait effrayĂ©. (Si elle est sĂ©rieuse, je pourrais peut-ĂȘtre mĂȘme finir Ă l'hosto.) â Comme c'est bizarre, j'ai vraiment envie que tu me donnes une leçon ! s'exclama Aoki sans rĂ©flĂ©chir. Ah, au fait. Il y a quelque chose qui me turlupine. Est-ce que, par hasard... Aoki hĂ©sita comme si c'Ă©tait un sujet dĂ©licat, mais il parvint Ă continuer. â Est-ce que par hasard, t'aurais peur de nous, Yui ? Ă chaque fois que je deviens « toi », quand on... enfin, quand des garçons s'approchent de moi, mon « corps » se met Ă trembler. Taichi ne comprenait pas bien de quoi parlait Aoki. Il pencha la tĂȘte de façon dubitative. Cependant... Les paroles d'Aoki semblaient avoir touchĂ© le cĆur du problĂšme. Kiriyama se crispa avec un visage pĂąle. Son regard s'Ă©tait Ă©galement figĂ©. Elle ne clignait mĂȘme pas des yeux. Elle Ă©tait telle une marionnette dont les fils Ă©taient cassĂ©s. Puis, Kiriyama sursauta comme si on venait de la rebrancher. Elle s'efforça de sourire et de prononcer quelques mots comme si elle avait un problĂšme mĂ©canique. â ... Ah... Hein ? Comment ça... Comment je pourrais avoir peur de types comme vous ? N'importe quoi ! Parce que... je suis trĂšs forte ! Je suis plus forte que vous... alors... alors j'ai pas peur des garçons. NĂ©anmoins, peu importe ce qu'elle disait, ils savaient que la vĂ©ritĂ© Ă©tait toute autre. Kiriyama se tint les Ă©paules avec les mains pour attĂ©nuer ses tremblements, on pouvait Ă tort penser que c'Ă©tait Ă cause du froid<!-- « winter's freezing weather » en septembre ou octobre ?-->. Dans le mĂȘme temps, elle s'agrippa Ă ses longs cheveux chĂątain et Ă sa chemise blanche avec la mĂȘme main. Sa chevelure Ă©tait fermement empoignĂ©e. Elle se pencha un peu en avant, ce qui fit tomber ses mĂšches de façon Ă ce qu'on ne puisse plus voir l'expression de son visage. Son corps semblait plus petit que d'habitude. En voyant cette fille vulnĂ©rable et seule, Taichi savait qu'il devait faire quelque chose... N'importe quoi, mais il le devait. Mais jusqu'ici, il ignorait totalement l'existence de cette facette de Kiriyama. (C'est la premiĂšre fois qu'elle est dans cet Ă©tat... Non, peut-ĂȘtre que c'est moi qui l'avais jamais vue comme ça. Peut-ĂȘtre que jâavais jamais fait gaffe.) â Pardon ! Aoki s'Ă©tait soudain levĂ© et s'Ă©tait excusĂ© en courbant son corps. â On se connait depuis un moment maintenant, et je t'ai mĂȘme dit que je t'aimais. Sans cet Ă©trange phĂ©nomĂšne, j'aurais jamais su ce que tu ressentais... Peut-ĂȘtre mĂȘme que je t'ai fait souffrir... Je... je suis vraiment nul de chez nul ! cria-t-il de toutes ses forces. Kiriyama leva soudain la tĂȘte. Ses habituels yeux ambitieux et forts Ă©taient emplis de larmes. Ses sourcils se convulsaient douloureusement. Des mĂšches de cheveux Ă©taient coincĂ©es entre ses lĂšvres couleur cerise. Son regard croisa ceux d'Inaba, d'Aoki puis de Taichi respectivement. AprĂšs avoir confirmĂ© l'expression de leur visage, elle s'enfuit. Elle se tourna subitement, ce qui fit virevolter ses cheveux et sa jupe. Elle se servit de la force Ă©lastique accumulĂ©e dans ses jambes et accourut jusqu'Ă la porte. Personne n'eut le temps de l'arrĂȘter. â Yui ! cria Aoki mĂȘme s'il Ă©tait dĂ©jĂ trop tard, avant de se lancer Ă sa poursuite. Cependant, Inaba interposa son bras devant Aoki pour l'arrĂȘter. â Inaba-chan ? â C'est cool que tu t'en sois rendu compte, mais t'aurais dĂ» rĂ©flĂ©chir au timing avant d'en parler... Enfin, d'aprĂšs ce que j'ai pu voir, ça n'aurait pas changĂ© grand-chose... Ou plutĂŽt, ce genre de sentiment semble gravĂ© dans le « corps ». JâĂ©tais au courant de sa phobie, mais je l'ai jamais ressenti quand j'Ă©tais « Yui ». Alors c'est un problĂšme au niveau corporel ? Aoki, tu rĂ©flĂ©chis peu, mais t'es vraiment sensible Ă tes sentiments, marmonna Inaba tout en se grattant la tĂȘte avec son autre main. â Inaba, t'Ă©tais au courant ? Alors pourquoi Kiriyama... demanda Taichi pour en savoir plus, vu quâil tombait des nues. â C'est normal que vous vous en soyez pas rendu compte... mĂȘme si ça peut vous paraĂźtre cruel. AprĂšs tout, elle a tout fait pour le cacher. C'est pas quelque chose dont on peut se rendre compte juste comme ça... MĂȘme si j'ai fini par le dĂ©couvrir. En fait, son problĂšme est assez grave ! Ah, j'ai pas envie d'entrer dans les dĂ©tails. Si vous voulez en savoir plus, allez lui demander. â Dis... Tu peux me laisser y aller maintenant ? Aoki poussa la main d'Inaba et tenta de passer. â ArrĂȘte. MĂȘme si t'y vas maintenant, je doute que tu puisses faire quoi que ce soit. Yui est du genre stressĂ©e. Il vaut mieux que j'aille essayer de la calmer plutĂŽt que t'ailles empirer la situation. Ils se dĂ©visagĂšrent pendant quelques secondes, puis il finit par cĂ©der. â ... Je comprends... Mes espoirs reposent sur toi, Inaba-chan. â Tout ce que je peux faire pour l'instant, c'est la rĂ©conforter. Il va falloir que tu rĂ©flĂ©chisses Ă la suite... Et toi aussi, Taichi. â J-Je sais. Taichi acquiesça, bien qu'il avait un peu peur du regard froid d'Inaba. Elle le regarda de façon indĂ©cise pendant un instant, prit son tĂ©lĂ©phone puis quitta la piĂšce. Avant de refermer la porte, elle leur dit : â Je savais que quelqu'un souffrirait... Non, en fait, ça dĂ©pend de la personne. Inaba ferma la porte aprĂšs ça. Il ne restait plus que Taichi et Aoki dans le local. â Ah... J'en peux plus de ma dĂ©bilitĂ©... Ăa me fout en rogne d'avoir mis autant de temps Ă m'en rendre compte... Ouaah, je crois que je me dĂ©teste... J'en reviens pas que Yui ressentait ça depuis tout ce temps... Pourquoi je l'ai pas remarquĂ© avant...? Et c'Ă©tait grĂące Ă mon Ă©change de personnalitĂ© avec « Yui »... C'est un peu de la triche. Aoki posa lĂąchement sa tĂȘte sur la table, rongĂ© par les regrets. â Il y a des choses inĂ©vitables. Et puis, Inaba elle-mĂȘme a reconnu quâelle le cachait bien... Et aussi... MĂȘme quand je suis devenu « Kiriyama », j'ai rien remarquĂ©... Comment ça se fait ? â Ah, ça dĂ©pendait des moments et des endroits. Je l'ai juste ressenti vaguement. Ahh... MĂȘme si c'est vrai... Taichi et les autres avaient dĂ©couvert que le secret de Kiriyama pouvait changer beaucoup de choses. (Peut-ĂȘtre que ça aurait Ă©tĂ© mieux si on l'avait jamais appris.) C'Ă©tait ce que pensait Taichi sur le moment, puis dĂ©cida rapidement que c'Ă©tait faux. Vu qu'il Ă©tait ami avec Kiriyama, ce secret serait sorti tĂŽt ou tard d'une façon ou d'une autre. Il Ă©tait impossible de ne pas le dĂ©couvrir. Ce n'Ă©tait qu'une question de temps. Mais dans ce cas, il n'avait pas Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© au moment opportun. â Mais en rĂ©flĂ©chissant bien, c'est vraiment bizarre ! Par exemple, est-ce que t'as dĂ©jĂ touchĂ© Yui ou l'inverse ? Bien sĂ»r, sans compter les Ă©changes de personnalitĂ©. â ... Non... je crois pas. Mais c'est pas Ă©tonnant vu qu'on est lycĂ©ens. â Hm, pas vraiment non. Prends le club par exemple. Inaba-chan s'Ă©nerve facilement et devient violente, il lui arrive de nous toucher de temps en temps. Idem, Iori-chan semble ĂȘtre du genre tactile... Alors ça fait dĂ©jĂ beaucoup de contre-exemples, non ? Effectivement, les membres du Club de Recherche Culturelle Ă©taient trĂšs proches alors il n'y avait pas vraiment de sĂ©paration entre garçons et filles. « Toucher et ĂȘtre touchĂ© » Ă©taient des choses courantes pour eux. â Dans cette ambiance propice au contact physique, Yui, qui est Ă©galement quelqu'un de vivant, n'y a jamais eu recours. C'est bizarre, non ? En plus, Yui est une fille qui reste fidĂšle Ă ses sentiments, elle aurait pu se substituer au rĂŽle violent d'Inaba-chan. Mais elle ne l'a jamais fait. C'est vraiment bizarre, non ? â Yui est quelqu'un qui n'aime pas se battre... Non, c'est pas vrai. AprĂšs tout, elle m'a bien jetĂ© des biscuits Ă la figure l'autre jour. â Sans compter « l'oreiller du nĂ©ant ». C'Ă©tait ce qui s'Ă©tait passĂ© chez Inaba. â Je dis pas qu'il serait normal qu'elle fasse ces choses-lĂ . C'est juste que ça paraĂźt bizarre en y rĂ©flĂ©chissant bien. Il y avait plusieurs exemples pour Ă©tayer son hypothĂšse. Par exemple, la fois oĂč Nagase « Aoki » avait failli toucher Kiriyama... â Aoki... T'es vraiment perspicace. â C'est parce qu'on parle de la fille que j'aime ! s'Ă©cria Aoki avec le regard vif. â T'es toujours fidĂšle Ă toi-mĂȘme en toute situation. Taichi ne put s'empĂȘcher de le dire. â Parce que c'est ma façon de vivre ! Tant que je suis heureux, ça me va. â Je suis jaloux. â Tu m'Ă©tonnes ! Aoki souriait de maniĂšre puĂ©rile. Ce qui fit sourire Taichi Ă son tour. â HĂ©hĂ©, je sais ce que tu vas me dire. AprĂšs tous les Ă©changes de personnalitĂ© et ce type appelĂ© « Pois de cĆur »... on se trouve dans une situation complĂštement imprĂ©visible. Alors t'as envie de me dire « Sois un peu sĂ©rieux », pas vrai ? â C'est plutĂŽt Inaba qui dirait ça. (Je prĂ©fĂšre plutĂŽt rĂ©pondre avec sarcasme d'abord.) â Mais je peux pas ĂȘtre sĂ©rieux, vu que jâaime mon style de vie et quâil est tellement inĂ©branlable qu'il pourrait jamais ĂȘtre affectĂ© par ces choses-lĂ . â T'as pas dit que « ton inĂ©branlable style de vie » allait bien « tant que t'Ă©tais heureux » ? â Oui, parce qu'il reprĂ©sente tout pour moi. Peu importe mon objectif, si j'utilise toutes mes forces, je sais que j'ai dĂ©jĂ gagnĂ©. L'affirmation d'Aoki semblait complĂštement insensible aux critiques de Taichi. â Si je peux vivre une vie oĂč, sur mon lit de mort, je pourrais dire « Ah, je me suis bien amusĂ© », alors je serais heureux et satisfait. Alors, si possible, j'espĂšre que cet Ă©change de personnalitĂ© est quelque chose qui peut ĂȘtre gĂ©rĂ© avec le sourire. C'est peut-ĂȘtre un souhait qui ne se rĂ©alisera jamais... Surtout, j'ai dĂ©jĂ fait souffrir Yui... (Se pourrait-il que la personne la plus proche d'atteindre la vĂ©ritĂ© de la Vie, avec un grand V, dans notre club serait Aoki ?) Bien entendu, Taichi ne connaissait pas cette vĂ©ritĂ©, alors il ne pouvait pas en ĂȘtre certain. Aoki poussa un cri soudain, comme s'il avait eu une rĂ©vĂ©lation. â Waah ! Pourquoi je suis aussi sĂ©rieux comme ça ? Ăa me ressemble pas. â Hein, en fait, t'es un type incroyable, Aoki. Ăa me rend un peu triste... â Ouais... Une seconde, pourquoi triste ? â Non, parce que je me suis Ă©galement dit que t'Ă©tais stupide. â Taichi, sale enfoirĂ©... HĂ© ! Ah, ça serait Ă cause de ce phĂ©nomĂšne d'Ă©change de personnalitĂ©...? Merde, au dĂ©but, y'avait qu'Inaba-chan. Comment ça a pu arriver... â En parlant de ça, moi aussi, j'ai subi les critiques acerbes d'Inaba rĂ©cemment. â Ăa a pas toujours Ă©tĂ© le cas ? C'Ă©tait rare qu'il dise ce genre de choses sans hĂ©siter. â Non... C'Ă©tait pire que d'habitude, elle m'a littĂ©ralement taillĂ© un nouveau costard... â Ah... C'est rare que ça te touche comme ça. T'es pas du genre Ă t'en faire sur des dĂ©tails comme ça. Alors qu'Inaba, elle... On peut en parler si tu veux. AprĂšs une brĂšve hĂ©sitation avant d'accepter sa bonne volontĂ©, Taichi lui raconta comment Inaba l'avait traitĂ© « d'idiot qui adore se sacrifier » (sans mentionner la partie sur Nagase Ă©videmment). â Ha... Je vois... Hmm, ah. Ah bon ? Oh... AprĂšs avoir Ă©coutĂ© Taichi, Aoki arborait un visage qui montrait qu'il avait parfaitement compris la situation tout en hochant la tĂȘte positivement. â Aha, je vois pourquoi Inaba-chan dirait ça ! Franchement, ça colle parfaitement. Quelle fille, cette Inaba-chan. â MĂȘme toi, tu penses la mĂȘme chose... Taichi sentait la dĂ©prime pointer le bout de son nez. â Ouaip. Ăcoute, Taichi. Je pense que y'a pas de problĂšme avec mon style de vie, mĂȘme si certains pensent le contraire et que je devrais me soucier plus des choses importantes. Mais je changerai jamais, peu importe ce qu'ils peuvent dire ! Ou plutĂŽt, pour ĂȘtre franc, j'ai beau m'ĂȘtre vantĂ© que ma façon de vie Ă©tait inĂ©branlable, je devrais dire qu'elle ne peut pas changer plutĂŽt qu'elle ne changera jamais, parce que c'est ce que je suis. Les humains changent constamment en surface. MalgrĂ© tout, notre « nature » ne change pas si facilement mĂȘme avec de la volontĂ©. MĂȘme quand celle-ci semble avoir changĂ©, ce changement n'a en fait lieu qu'en surface. C'est juste que ma nature a ce caractĂšre « trĂšs dur Ă changer mĂȘme en surface ». C'est tout, expliqua Aoki de façon imprĂ©visible, tout en touchant du doigt le nĆud du problĂšme. Effectivement, il semblait ne jamais changer mĂȘme aprĂšs s'ĂȘtre retrouvĂ© dans cette drĂŽle de situation. Mais c'Ă©tait justement parce qu'il n'avait pas trop changĂ© que ça se voyait encore plus qu'avec les autres. â MĂȘme si je me suis mis Ă parler de choses que je dirais normalement jamais, ce que j'essaie de dire, c'est que le problĂšme est de se comprendre soi-mĂȘme et de trouver sa propre façon de vivre. Peut-ĂȘtre qu'il serait prĂ©fĂ©rable de changer ce cĂŽtĂ© « sacrificiel », mais il y a des choses qui ne peuvent ĂȘtre faites qu'avec ce trait de caractĂšre, non ? Et puis, dans la plupart des cas, c'est difficile de changer, mĂȘme avec de la volontĂ©, pas vrai ? (De ce que je comprends, l'idĂ©e est d'abandonner une partie, mais le point central de sa rĂ©flexion n'est pas du tout de baisser les bras.) (Autrement dit, il faut accepter et se confronter Ă la rĂ©alitĂ© pour pouvoir avancer.) â T'es... vraiment pas croyable. C'Ă©tait comme si Aoki avait dĂ©couvert quelque chose qu'il aurait fallu infiniment plus de temps Ă Taichi et bien d'autres pour le dĂ©couvrir. â Sois pas aussi sĂ©rieux, je vais me sentir gĂȘnĂ© ! Ou plutĂŽt, je trouve que t'es encore plus incroyable que moi. En termes de « potentiel », t'es bien devant. â Quel genre de potentiel ? â Ben, c'est parce que t'es trop pur pour t'en rendre compte, mais c'est la vĂ©ritĂ© : t'es vraiment incroyable ! C'est pas pour rien que t'as hĂ©ritĂ© du titre « d'idiot qui adore se sacrifier ». Comment dire... Le truc avec Yui, j'ai le sentiment que tu serais plus Ă mĂȘme de le rĂ©soudre que moi. Quand je m'en suis rendu compte, je savais pas trop comment la regarder en face... Je me sentais impuissant... Qu'allait-il se passer maintenant que Taichi et les autres avaient dĂ©couvert le secret que Kiriyama tentait de dissimuler depuis tout ce temps ? Et puis, comment devaient-ils rĂ©agir ? â Ouais... Qu'est-ce qu'on pourrait faire pour elle ? â Comme je l'ai dit... t'es vraiment le meilleur dans ce genre de situation... C'est trop pour moi ! Tu veux la sauver Ă tout prix, pas vrai ? Moi, j'ai dĂ©jĂ mal Ă la tĂȘte rien que de penser Ă comment gĂ©rer ma relation avec elle. â Non, je pensais pas Ă quelque chose d'aussi incroyable... â C'est parce que tu donnes l'impression que tu vas vraiment le faire que ça fait peur... Mais, au fait, si jamais ça se passe comme ça, est-ce que Yui va tomber amoureuse de toi ? Merde, j'ai vraiment l'impression que ça risque d'arriver ! Aoki se mit Ă agoniser face Ă ses propres dĂ©lires. <center><span style=« font-size: 150%; »>âĄâ âĄâ âĄ</span></center> Un Ă©change de personnalitĂ© frappa soudain Taichi, de la mĂȘme façon que d'habitude. AprĂšs le dĂźner, Taichi regardait gĂ©nĂ©ralement la tĂ©lĂ©vision avec sa sĆur dans le salon, quand ça arriva. Il se redressa alors qu'il Ă©tait allongĂ© dans un lit puis jeta un Ćil autour de la piĂšce. Sa vision Ă©tait floue, comme si elle Ă©tait submergĂ©e d'eau. Il sentait que quelque chose Ă©tait sur le point de couler de son nez, alors il inspira profondĂ©ment pour l'en empĂȘcher. Dans le mĂȘme temps, il se rendit compte que ses joues Ă©taient trempĂ©es. Il essuya ses larmes qui coulaient le long de ses joues avec le col de sa chemise rose. Il ne comprenait pas trop, mais il ressentait une immense douleur dans sa poitrine. Il avait visiblement Ă nouveau Ă©changĂ© de personnalitĂ© avec quelqu'un. Il lui fallut un peu de temps pour s'habituer Ă la diffĂ©rence de hauteur. Il s'extirpa du lit et regarda dans un miroir en forme de cĆur avec des bordures rouges qui se trouvait sur une table voisine. Il jeta un Ćil sur son reflet. Ses yeux et nez Ă©taient rouges. Sa chevelure chĂątain semblait avoir perdu de son lustre et de sa vitalitĂ© habituels. Son visage Ă©tait pĂąle et faisait encore plus immature que d'habitude. C'Ă©tait le genre de visage qui Ă©veillait l'instinct protecteur des gens. « Yui Kiriyama » se trouvait dans le reflet du miroir. « La situation dans laquelle on se trouve est vraiment grave â on est au bord du dĂ©sespoir le plus total ! » « N'importe qui pourrait Ă n'importe quel moment ĂȘtre blessĂ© ou dĂ©vastĂ©, peu importe le lieu et par n'importe quoi. » La voix d'Inaba s'Ă©tait mise Ă rĂ©sonner dans la tĂȘte de Taichi. C'Ă©tait seulement maintenant que Taichi pouvait se rendre compte des effets pervers de l'Ă©change de personnalitĂ©. Est-ce que Kiriyama avait pleurĂ© en continu depuis quâelle Ă©tait rentrĂ©e chez elle ? Avait-elle arrĂȘtĂ© Ă un moment, avant de ne pouvoir s'empĂȘcher de refondre en larmes ? Ou est-ce qu'elle pleurait pour une toute autre raison ? (J'ai beau ĂȘtre dans la peau de « Kiriyama », je sais mĂȘme pas pourquoi je pleure. MalgrĂ© l'Ă©change entre nos corps et nos personnalitĂ©s, ça veut pas dire que nos cĆurs et nos pensĂ©es sont connectĂ©s.) Taichi essuya Ă nouveau ses yeux, s'allongea dans le lit et se mit Ă rĂ©flĂ©chir sur ce qu'il devait faire. La lampe fluorescente Ă©tait trop lumineuse, alors il tendit sa main droite pour bloquer les rayons de lumiĂšre. Bien que blanches et rompues aux arts martiaux, ses mains, savait-il, Ă©taient bien trop petites pour bloquer quoi que ce soit. (Les larmes versĂ©es par Kiriyama n'Ă©taient pas censĂ©es ĂȘtre vues par quelqu'un d'autre, mais je les ai ressenties avec mon propre corps encore plus intensĂ©ment que le plus immergĂ© des espions ne l'aurait jamais pu. Est-ce que c'est pardonnable ?) (Le bon sens me dit que c'est pas le cas, parce que ça n'aurait jamais pu arriver en temps normal.) (Mais...) (Y'a aussi des bons cĂŽtĂ©s, non ?) (Par exemple, je peux au moins subir la douleur ressentie par son corps Ă sa place â sa poitrine, ses yeux, son nez. MĂȘme si c'est rien comparĂ© Ă la douleur de son cĆur, elle devrait en thĂ©orie toujours se sentir mieux que si elle avait Ă tout supporter par elle-mĂȘme.) (Est-ce que je me trompe ?) (Les gens se plaignent tout le temps de leurs problĂšmes.) (Ils se plaignent toujours de quelque chose. Ils dĂ©testent ce qui leur arrive. Ils rĂȘvent d'un monde utopique oĂč les choses seraient diffĂ©rentes de ce qu'elles sont actuellement. S'ils ignorent leurs propres erreurs et se disent que c'est impossible de les rĂ©parer, alors ils pensent pouvoir ĂȘtre pardonnĂ©s.) (Mais, c'est juste une forme de fuite. C'est ce qu'on appelle baisser les bras. Au lieu de faire quelque chose, ils se voilent la face et ne font rien de concret pour rĂ©soudre leurs problĂšmes.) (Cependant, pendant les Ă©preuves, on dĂ©couvre la lumiĂšre en nous : c'est ce qu'on appelle se battre, non ? Et puis, se battre, c'est complĂštement diffĂ©rent d'ĂȘtre simplement libre et optimiste.) (C'est diffĂ©rent de ce mode de pensĂ©e irresponsable et insouciant oĂč l'on croit que les choses vont se rĂ©gler par elles-mĂȘmes.) (Il faut qu'on fasse de notre mieux pour trouver une solution.) (Si je me mets Ă penser comme ça aprĂšs avoir compris et reconnu le dĂ©sespoir, est-ce qu'Inaba me pardonnera ?) Une sonnerie de boĂźte Ă musique retentit du tĂ©lĂ©phone. Taichi se releva pour chercher la source de ce bruit. Il trouva un tĂ©lĂ©phone de couleur rose pĂąle sur le lit et le saisit rapidement pour confirmer l'identitĂ© de l'appelant. Les mots « Taichi Yaegashi » apparaissaient sur l'Ă©cran. Il dĂ©crocha immĂ©diatement. Il s'Ă©tait dĂ©jĂ habituĂ© au son de sa propre voix, mais elle sonnait toujours bizarre. â AllĂŽ, est-ce que c'est toi... Taichi ? C'Ă©tait la voix de « Taichi Yaegashi ». â Oui, c'est moi. â Tu t'en doutes sĂ»rement, mais c'est Kiriyama ! Et... je... mĂȘme si je donnais l'impression de pleurer, j'espĂšre que... tu veux bien... non, merci d'oublier ! La voix de « Taichi », Ă travers ses mots, transmettait la dĂ©termination de Kiriyama. (C'est normal, peut-ĂȘtre mĂȘme prĂ©visible, d'espĂ©rer que quelqu'un oublie quelque chose qu'il n'Ă©tait pas censĂ© voir. Si je ferme les yeux dessus, alors je pourrais faire mine d'oublier. Mais ça ne ferait que crĂ©er une fausse impression de stabilitĂ©.) Taichi n'avait pas l'intention de condamner complĂštement cette recherche de stabilitĂ©, parce que cela pouvait donner un sentiment de sĂ©curitĂ©. En reconnaissant certaines choses, cela pourrait ĂȘtre un fardeau trop lourd Ă supporter pour eux. Il comprenait bien. NĂ©anmoins... â Impossible pour moi d'oublier ça. Taichi savait que la vĂ©ritĂ© devait ĂȘtre acceptĂ©e avant de pouvoir avancer. Il pouvait clairement imaginer dans son esprit Kiriyama « Taichi » retenir son souffle devant le tĂ©lĂ©phone. â Ou plutĂŽt, est-ce qu'il vaudrait pas mieux que t'oublies toi-mĂȘme ces larmes, Kiriyama ? enchaĂźna Taichi, mais il devait rapidement rĂ©flĂ©chir Ă la suite maintenant. MĂȘme s'il n'avait pas encore trouvĂ© comment rĂ©soudre ce problĂšme et qu'il ne s'Ă©tait que contentĂ© de manifester son souhait oralement, c'Ă©tait un bon dĂ©but. â Comment ça ? Qu'est-ce que tu essaies... de me faire comprendre par lĂ ... Le son de la voix de Kiriyama « Taichi » donnait l'impression qu'elle Ă©tait sur le point de fondre en larmes. â Kiriyama, est-ce qu'on peut se voir ? Taichi voulait la voir en personne, parce qu'il savait dĂ©sormais que le problĂšme ne pouvait pas ĂȘtre rĂ©solu qu'avec des mots. (On va y aller pas Ă pas.) (On sait pas ce qui nous attend en bas de cette route sombre. Peut-ĂȘtre qu'on va trĂ©bucher et se faire mal. Ou peut-ĂȘtre qu'on va tomber du haut d'une falaise.) (MalgrĂ© tout, je crois quand mĂȘme que si on avance, on trouvera la lumiĂšre. SĂ»rement que seul un fou pourrait y croire.) (Mais j'ai vraiment envie de « sauver » Kiriyama.) Il Ă©tait maintenant huit heures trente du soir. Le ciel s'Ă©tait dĂ©jĂ complĂštement assombri. Comme Kiriyama avait dit qu'elle prĂ©fĂ©rait un endroit peu frĂ©quentĂ©, ils avaient dĂ©cidĂ© de se rencontrer dans un parc isolĂ© qu'ils connaissaient tous les deux. Le parc se trouvait quelque part entre leurs domiciles respectifs et un peu loin, mais ils pouvaient s'y rendre Ă vĂ©lo. MalgrĂ© le fait qu'ils s'y dirigeaient en partant d'endroits qui ne leur Ă©taient pas familiers, ils n'eurent aucun mal Ă trouver le chemin du parc. Un banc, une balançoire et un bac Ă sable parsemaient le parc. Un lampadaire Ă©clairait vaguement ces installations. Le parc avait Ă©tĂ© construit pour remplir l'espace entre deux quartiers, alors il n'Ă©tait pas suffisamment grand pour que les enfants puissent y jouer au baseball ou Ă cache-cache. Ă cette heure tardive, il n'y avait presque aucun piĂ©ton ni voiture, mais ce n'Ă©tait pas devenu un repaire pour dĂ©linquants juvĂ©niles non plus. Le parc Ă©tait situĂ© juste Ă cet endroit, comme s'il avait Ă©tĂ© oubliĂ© depuis longtemps. Dans ce parc, se trouvaient actuellement deux ombres sur leur vĂ©lo. Elles appartenaient Ă Taichi Yaegashi et Ă Yui Kiriyama, qui avaient Ă©changĂ© leur personnalitĂ©. Bien que Taichi avait un peu peur qu'elle pleure encore, Kiriyama « Taichi » semblait imperturbable. Elle portait les mĂȘmes vĂȘtements qu'il portait habituellement chez lui â un pull ras-du-cou avec une veste Ă capuche fine de couleur bleue et un pantalon de jogging. â DĂ©solĂ©e, Taichi... Ta sĆur risque de penser que c'est bizarre, commença Kiriyama « Taichi ». â Hm, il s'est passĂ© quelque chose ? Ă cette heure de la nuit, il Ă©tait normal d'avoir peur. Surtout que c'Ă©tait arrivĂ© quand elle pleurait. â Comme c'Ă©tait soudain... enfin, c'est toujours comme ça, j'ai eu particuliĂšrement peur cette fois-ci... alors ta sĆur m'a dit « tu te comportes bizarrement ces derniers temps, Taichi. T'es sĂ»r que ça va ? Tu veux qu'on t'emmĂšne Ă l'hĂŽpital ? » â ... Alors c'Ă©tait au point oĂč je devrais aller Ă l'hosto, hein... (Ăa craint, il faut que je trouve le moyen de remĂ©dier à ça plus tard.) â Enfin, passons. On parlera de ça plus tard. Kiriyama... â Tu veux parler de ce qui s'est passĂ© tout Ă l'heure ? interrompt Kiriyama « Taichi ». â Ouais... en effet. â Juste avant notre Ă©change, Aoki m'a tĂ©lĂ©phonĂ©e pour me parler de notre rencontre en dĂ©tails. Mais il avait tellement de choses Ă dire et il s'est mis Ă s'excuser comme un fou... Il s'est excusĂ© un grand nombre de fois. Tandis que Taichi se demandait encore quoi faire, Aoki semblait s'ĂȘtre dĂ©jĂ mis en action. â C'est de ma faute... Maintenant, vous ĂȘtes tous les deux inquiets Ă mon sujet... Quand j'y pense, je me sens tellement inutile... En plus, peut-ĂȘtre que je ne vais plus pouvoir m'amuser avec vous comme avant... Et quand je me suis dit ça, je me suis sentie triste et je me suis mise Ă pleurer. Pardon... Je suis trop faible. MalgrĂ© son apparence de « Taichi », son corps dĂ©gageait un sentiment de fugacitĂ© et de tristesse qui ressemblait Ă Kiriyama. Taichi se disait que c'Ă©tait une aura qu'il Ă©tait incapable de dĂ©gager lui-mĂȘme. â ArrĂȘte de dire que t'es dĂ©solĂ©e. Je pense que t'as aucune raison de le faire... Mais laisse-moi le dire une fois... DĂ©solĂ©. MĂȘme s'il y avait tant de choses Ă dire, Taichi pensait qu'il n'Ă©tait pas nĂ©cessaire de les lister une par une. Taichi ignorait si Kiriyama serait vraiment d'accord avec lui. Elle s'Ă©tait contentĂ©e de simplement acquiescer avec un « Mmm ». â Alors comme ça... tu souffres d'androphobie, c'est bien ça ? AprĂšs avoir prononcĂ© ces mots, Taichi « Kiriyama » se rendit compte qu'ils Ă©taient bien plus lourds qu'il ne s'y attendait. Ils Ă©taient bien trop lourds Ă porter par une personne. â ... Mmm. C'est pas un problĂšme pour discuter tant que ça implique pas de contact physique... Dans ces cas-lĂ , je me sens mal â au point de trembler. ''Hahaha'' â Kiriyama « Taichi » riait lĂ©gĂšrement. Son rire Ă©tait semble-t-il une tentative de se convaincre que ce n'Ă©tait pas si grave, comme pour attĂ©nuer sa peine. â Quand est-ce que ça a commencĂ©...? Il y a sĂ»rement une raison derriĂšre cette phobie, non ? Ăa te dĂ©range pas de m'en parler ? Taichi « Kiriyama » se tenait debout, en regardant Kiriyama « Taichi » droit dans les yeux comme pour tenter de lui transmettre ses pensĂ©es. Elle ria doucement et dĂ©tourna le regard. â Tu te mĂȘles vraiment de mes affaires. â Ăa te dĂ©range ? â Non, mais ça m'inquiĂšte. Kiriyama « Taichi » parlait d'un air vaguement sombre â que Taichi avait du mal Ă interprĂȘter. â Mais... ça te ressemble bien, Taichi... Je suppose que ça ira si c'est toi ! Ă ce sujet, je n'ai jamais racontĂ© cette histoire Ă personne Ă part Inaba, dit-elle avec un ton lĂ©gĂšrement plus clair, avant de se courber tel un clown. <!-- un clown ? -->Enfin, c'est rien de spĂ©cial malgrĂ© tout ce que j'ai dit. En tenant compte de l'incident en lui-mĂȘme, c'est rien â ça arrive assez souvent en fait. AprĂšs cette introduction, Kiriyama « Taichi » entra dans le vif du sujet. â C'est arrivĂ© au collĂšge â j'ai failli ĂȘtre violĂ©e par un garçon â mais c'Ă©tait pas si grave ! AprĂšs tout, il n'a pas rĂ©ussi. Il ne m'a rien fait de spĂ©cial. Et j'Ă©tais parvenue Ă lui rĂ©sister et Ă m'enfuir, continua-t-elle sans regarder Taichi. â Ce qui m'a le plus choquĂ©e dans cette histoire... c'est que j'Ă©tais trĂšs forte en karatĂ©. J'avais confiance en mes capacitĂ©s. Depuis la primaire, j'avais jamais perdu contre un garçon, alors j'Ă©tais persuadĂ©e de pouvoir riposter en cas d'attaque. Mais, quand j'ai Ă©tĂ© confrontĂ©e Ă la situation pour de vrai, ça ne s'est pas passĂ© comme prĂ©vu â je n'ai pu que m'enfuir... Tu le sais dĂ©jĂ , non ? Les hommes sont vraiment forts, bien plus que les filles, la comparaison est mĂȘme dĂ©sespĂ©rante. C'est alors que je me suis dit que je ne pourrais jamais gagner contre un garçon. Kiriyama « Taichi » leva la tĂȘte vers le ciel Ă©toilĂ©. Taichi « Kiriyama » en fit de mĂȘme. Le premier quartier de lune se tenait dans le ciel sombre â c'Ă©tait exactement une demi-lune. â Jusqu'ici, mĂȘme si j'avais dĂ©jĂ perdu contre des garçons plus ĂągĂ©s en match, je ne m'Ă©tais jamais laissĂ©e abattre au point de penser que mĂȘme en m'entraĂźnant jusqu'Ă la fin de mes jours, je n'y arriverais pas. Mais mĂȘme contre des garçons ordinaires, cette pensĂ©e a fini par grandir en moi. C'Ă©tait Ă peu prĂšs Ă cet Ăąge oĂč les garçons prennent petit Ă petit le dessus sur les filles Ă la pubertĂ©. C'est Ă cause de cet amoncellement de choses que j'ai fini par avoir peur des garçons en me disant que je ne pourrais jamais les battre. Puis, j'ai commencĂ© Ă penser que garçons et filles Ă©taient des crĂ©atures diffĂ©rentes et ma peur a empirĂ©. Quand j'ai rĂ©alisĂ© cette diffĂ©rence, j'ai d'abord pensĂ© aux diffĂ©rences en termes physique. Et ça n'a fait qu'empirer les choses... Je suis vraiment bĂȘte. â Non, c'est faux â il n'y a rien d'Ă©trange Ă penser ça. Bien sĂ»r, Taichi, en tant que garçon, n'avait pas l'intention de dire quelque chose de prĂ©somptueux comme « je compatis Ă ton malheur ». MalgrĂ© tout, il pouvait imaginer ce qui s'Ă©tait produit. â ... Bref, c'est Ă cause de cet incident que les garçons sont devenus comme des aliens dans mon cĆur. Ă une Ă©poque, je me sentais mal rien que de m'approcher d'eux. Mais ça n'a pas durĂ©, et je peux parler et interagir normalement avec eux maintenant. Mais, en cas de proximitĂ© extrĂȘme ou de contact physique, j'ai toujours... Pour ĂȘtre prĂ©cise, quand j'ai l'impression qu'un garçon pĂ©nĂštre dans mon espace vital, je le prends pour une attaque et j'ai un fort sentiment de rejet. â Ce qui veut dire... que la distance oĂč tu te tiens habituellement pour communiquer avec nous est suffisante pour que tu puisses riposter en cas d'attaque ? â Du moins, c'est une distance oĂč je peux les contrer. En thĂ©orie, Taichi devait avoir frĂ©quemment Ă©tĂ© Ă une distance normale de conversation avec elle. â Comment ça se fait... MĂȘme si je pense pas que l'incident soit la cause du traumatisme en lui-mĂȘme, c'est sĂ»rement parce qu'au moment oĂč on m'a retenue par les bras et que je ne pouvais plus bouger, mon inconscient s'est mis Ă penser que je pouvais perdre quand un garçon a pris le dessus sur moi... C'est sans aucun doute un problĂšme de mon cĂŽtĂ©, mais je comprends pas du tout. C'est bizarre. C'Ă©tait ce qui s'Ă©tait passĂ© â Kiriyama « Taichi » se courba Ă la fin pour en finir avec son rĂŽle de clown. Son traumatisme semblait ĂȘtre plus profond que prĂ©vu, et Ă©tait difficile Ă observer. Dans son cĆur, elle n'Ă©vitait pas intentionnellement les garçons, c'Ă©tait son instinct qui les considĂ©rait comme des dangers â autrement dit, mĂȘme si elle comprenait que c'Ă©tait faux, son corps ne rĂ©agissait pas comme elle le souhaitait. Ce n'Ă©tait pas une situation idĂ©ale pour surmonter cette Ă©preuve. (Surmonter sa phobie...) Est-ce qu'Aoki et Inaba allait le traiter d'optimiste du fait de ces pensĂ©es ? (Pour commencer, la premiĂšre chose est de se dĂ©tendre.) â Dis, Kiriyama, comment est-ce que tu veux gĂ©rer ça ? Je veux dire... ton androphobie. MĂȘme s'il n'aurait peut-ĂȘtre pas dĂ» poser la question, Taichi dĂ©sirait tout de mĂȘme obtenir clarification. â Eh bien... je ne sais pas vraiment quoi dire. Kiriyama « Taichi » fronça des sourcils et esquissa un sourire vexĂ©. Taichi avait dĂ©jĂ vu ce regard auparavant â il devait dĂ©jĂ avoir vu « Kiriyama » dans cet Ă©tat. â Est-ce que ça te dĂ©range de me dire ce que tu souhaites vraiment ? â Mais... Cette fois-ci, elle semblait vraiment vexĂ©e. Elle voulait parler, mais n'y arrivait pas. â Je veux t'aider, dit Taichi « Kiriyama » d'un air ferme. â ... C'est tout le problĂšme. Kiriyama « Taichi » avait pointĂ© du doigt le problĂšme et poussa un soupir. Ce soupir contenait bien plus que de la surprise ou un refus, c'Ă©tait quelque chose de proche de la gentillesse. â Te le dire reviendrait Ă te demander « Ă l'aide ». (Est-ce que c'est parce qu'elle se trouve dans mon corps que mon cĆur s'est serrĂ© en entendant ces mots ?) (... Ăa serait ma « nature » ?) â Et ça te va ? â Pas vraiment... mais j'aime pas ça. Je me sens mal Ă l'aise parce que ma faiblesse cause des soucis aux autres... Kiriyama « Taichi » souriait ironiquement, comme si elle Ă©tait extrĂȘmement troublĂ©e. En la voyant, Taichi se dit que « les humains Ă©taient des crĂ©atures vraiment frustrantes ». Bien qu'ils pensaient chacun l'un Ă l'autre, ils ne pouvaient pas se comprendre. La gentillesse Ă©tait toujours si facilement balayĂ©e. MĂȘme si l'un pensait que c'Ă©tait de la gentillesse, l'autre pouvait penser que c'Ă©tait tout le contraire. MalgrĂ© leur Ă©change de personnalitĂ©, et mĂȘme s'ils se sentaient proches l'un de l'autre, ça ne changeait rien. Le cĆur humain n'Ă©tait pas visible ni audible â sans parler, personne ne pouvait savoir. (Alors, dis-le !) (Dis-le et va de lâavant !) â De mon point de vue, c'est un problĂšme que tu sois androphobe, Kiriyama. Taichi sentait aussi que ce qu'il avait dit Ă©tait un peu trop dur. Mais c'Ă©tait Ă prĂ©voir vu que la vĂ©ritĂ© devait ĂȘtre mise Ă jour. Alors il l'avait dit. (Peu importe qu'elle soit androphobe. On peut rĂ©soudre ce problĂšme petit Ă petit en la protĂ©geant et en la soutenant. De cette façon, mĂȘme s'il est peut-ĂȘtre insoluble, on pourra maintenir la paix en surface.) Mais Taichi avait dĂ©jĂ dit que c'Ă©tait un problĂšme alors il ne pouvait plus faire marcher arriĂšre. S'il n'y arrivait pas, l'Ă©chec Ă©tait la seule chose qui l'attendait. Comme prĂ©vu, Kiriyama « Taichi » se mit Ă trembler comme une feuille alors que la colĂšre monta en elle. â T'es... allĂ© trop loin, non ? J'ai pas demandĂ© Ă ĂȘtre comme ça ! Je trouve dĂ©jà ça rĂ©pugnant ! Et toi, tu dis que c'est un problĂšme... â Alors laisse-moi t'aider. â Que... â T'as dĂ©jĂ dit que t'aimais pas ça. (On va arrĂȘter de jouer la sĂ©curitĂ© et fonçons tĂȘte la premiĂšre.) (Je nie pas les faits, mais je les ai acceptĂ©s et suis prĂȘt Ă me jeter dans la bataille.) â Co... Comment ça ? Qu'est-ce qui te prend... ArrĂȘte de t'en mĂȘler, s'il te plaĂźt, dit en tremblant Kiriyama « Taichi » qui se tenait immobile. Du point de vue de Taichi, les obstacles qui n'avaient pas Ă©tĂ© surmontĂ©s ne pouvaient pas l'ĂȘtre si on n'y faisait pas face. MĂȘme cela comportait beaucoup de risques â c'Ă©tait sa façon de faire les choses, une façon qu'il ne pouvait et qu'il ne voulait pas changer. Et surtout, Taichi avait eu une idĂ©e. (Si ce sont des choses qui n'arrivent que sous cette condition, alors il devrait Ă©galement y avoir des choses qui ne peuvent ĂȘtre faites que sous cette mĂȘme condition.) â Kiriyama, t'as peur que les garçons prennent le dessus sur toi. Autrement dit, t'as peur d'ĂȘtre maĂźtrisĂ©e et battue face Ă un adversaire qui se sert de la force brute, c'est ça ? â Hein ? O-Ouais. â Alors, Kiriyama, t'arrives pas Ă te comporter comme tu le voudrais malgrĂ© que t'en sois consciente... En gros, t'as dĂ©veloppĂ© une forme de rĂ©action de rejet, mais tu sais pas vraiment si ça vient de ton corps ou de ton subconscient. Je me trompe ? Taichi « Kiriyama » se rapprocha lentement de Kiriyama « Taichi ». â Non... oh, et pourquoi tu te rapproches de moi ? â Autrement dit, si tu fais comprendre Ă ton subconscient que c'est pas la peine de s'en faire pour ça, tu pourras surmonter ta peur... Tu comprends ce que je veux dire ? â ... Plus simplement, c'est... HĂ©, pourquoi tu me regardes comme ça ? Ils Ă©taient tellement proches qu'ils pouvaient entendre le son de leur souffle respectif en tendant l'oreille. MĂȘme si Taichi Ă©tait seulement un peu plus grand que la moyenne comparĂ© aux autres Ă©lĂšves de seconde, du point de vue de « Kiriyama », son corps paraissait assez large. â Maintenant, en me servant de mon corps, je vais te montrer que tu peux pas perdre contre un garçon. C'est ce qu'on appelle une thĂ©rapie de choc, t'es prĂȘte ? â Hmm... T'avais l'air un peu agressif Ă l'instant... et ça fait mĂȘme encore plus peur d'ĂȘtre approchĂ©e par « moi-mĂȘme ». Tout en disant ça, Kiriyama « Taichi » recula, pendant que son visage se liquĂ©fiait. â Fais-moi confiance, Kiriyama. Alors tiens-toi à « mon corps ». â Ok. Kiriyama « Taichi » posa sa main sur l'Ă©paule gauche de Taichi « Kiriyama » tout en tremblant. AprĂšs avoir entendu le passĂ© d'une personne et en ĂȘtre conscient, Taichi « Kiriyama » se sentait mal Ă l'aise d'ĂȘtre touchĂ© par « Taichi », un garçon... C'Ă©tait ce que ressentait Taichi. Kiriyama « Taichi » jeta un coup d'Ćil vers Taichi avec un regard inquiet. Celui-ci lui rĂ©pondit alors par un franc sourire. Il inspira profondĂ©ment pour se prĂ©parer. MĂȘme s'il allait faire mal Ă son « corps », ça lui Ă©tait Ă©gal. (Alors tu vas voir, Kiriyama !) Taichi « Kiriyama » visa les « parties intimes » de Kiriyama « Taichi » et se servit de son genou pour les frapper lourdement. La « partie » molle au bout du genou se transforma et se dĂ©forma. â Ah ! Taichi « Kiriyama » cria sans raison. Bien que c'Ă©tait pas de toutes ses forces (quand il pensa Ă la douleur, il ne put se rĂ©soudre Ă tout donner), la prĂ©cision de l'attaque Ă©tait telle que l'assaillant lui-mĂȘme se sentait mal. â Que...! Kiriyama « Taichi » poussa un cri au fond de sa gorge, mais aucun son n'en sortit. Elle semblait avoir perdu conscience et plia son corps, ne gardant plus sa posture dĂ©fensive et lui jetant un regard vide. (... Est-ce qu'elle est morte ?) pensa sĂ©rieusement Taichi. (Non, c'est bon, elle bouge encore.) Kiriyama « Taichi » grognait des sons que Taichi avait rarement entendu (voire jamais) dans sa vie. Elle Ă©tait agenouillĂ©e par terre, tout en se massant avec la main gauche. Peut-ĂȘtre que c'Ă©tait Ă cause de la nausĂ©e qu'elle se recouvrait la bouche avec l'autre main. Le visage de Taichi « Kiriyama » avait Ă©galement tressailli. AprĂšs tout, c'Ă©tait dur de voir son propre « corps » se tordre de douleur. Bien entendu, ça ne devait ĂȘtre rien comparĂ© Ă celle ressentie par Kiriyama. Kiriyama « Taichi » se calma petit Ă petit. Elle Ă©tait recroquevillĂ©e sur elle-mĂȘme par terre et respirait bruyamment. Taichi « Kiriyama » saisit cette opportunitĂ© pour s'accroupir Ă cĂŽtĂ© d'elle. â Tu vois, Kiriyama, tu peux neutraliser un ennemi en un coup comme ça. Kiriyama « Taichi » leva tant bien que mal la tĂȘte, pour fusiller Taichi « Kiriyama » du regard. Des gouttes de sueur coulaient sur son front et ses yeux Ă©taient remplis de larmes. â Tu... Tu... peu importe les circonstances... y'a des choses... que tu peux faire... et d'autres, non. â Mais grĂące à ça... Au moment oĂč il allait conclure son raisonnement... Au dĂ©but, il pensait que c'Ă©tait une blague. Taichi leva la tĂȘte et aperçut « Kiriyama » devant lui. Jusqu'ici, il Ă©tait dans ce corps, et regardait le corps de « Taichi » qui Ă©tait par terre. (Ce qui veut dire que...) (On est retournĂ©s Ă la normale ?) Au moment mĂȘme oĂč Taichi comprit ça, une puissante douleur se fit ressentir entre ses jambes. â AĂŻeaĂŻeaĂŻeaĂŻeaĂŻeaĂŻeeeeeeeuh ! (Oh, oui, je suis Ă nouveau dans mon corps lĂ .) Il se dĂ©pĂȘcha de presser la zone sensible avec ses mains et secoua son corps d'avant en arriĂšre pour tenter d'attĂ©nuer la douleur. Mais ses efforts Ă©taient vains â c'Ă©tait comme se servir de la vapeur pour Ă©teindre un feu. Des larmes montĂšrent Ă nouveau aux yeux de Taichi. [[Image:Kokoro p169.png|thumb]] â Maintenant, tu comprends. Taichi ne pouvait plus parler normalement. â Comment ça ? Ah ! Pfiou... j'ai jamais eu aussi mal de toute ma vie... J'ai cru que j'allais mourir... Bizarre...? HĂ©, Taichi, quelqu'un vient par ici. MĂȘme s'il avait entendu la voix effrayĂ©e de Kiriyama, Taichi n'Ă©tait pas en Ă©tat de s'en soucier. La seule chose Ă laquelle il pensait, c'Ă©tait Ă rĂ©sister Ă cette intense douleur... â HĂ©, tu m'Ă©coutes ? La personne approche d'ici. Vite, fuyons...! Je sais qu'on a rien fait de mal, mais j'ai pas envie qu'on nous voit dans cette situation. Allez, on y va...! AprĂšs tout, des grognements et des cris avaient rĂ©sonnĂ© Ă cet endroit mĂȘme, donc Kiriyama n'avait pas tort, mais... â Dans ce cas... abandonne-moi ici... Va-t-en... Je crois pas ĂȘtre en Ă©tat de bouger... â Tu te crois dans un film ou quoi ? Ah, debout, vite ! Taichi n'agissait pas comme ça sciemment. â Non, je pense pas pouvoir me lever... Alors je me vois encore moins courir... â Qu'est-ce qui se passe ici ? cria une voix au loin. Cette voix pleine de reproche semblait ĂȘtre fĂ©minine. â Rah ! Oh, allez, debout maintenant ! Kiriyama tira les manches de la veste Ă capuche de Taichi pour essayer de le soulever. Et il finit par se tenir debout â bien que le dos courbĂ©. â AĂŻeaĂŻeaĂŻeaĂŻe... Laisse-moi me reposer, tu veux... â Chut ! Tiens bon et cours ! Kiriyama maintint sa pose et se mit Ă courir en tirant Taichi derriĂšre elle. â Waaah...! C'Ă©tait une choquante dĂ©monstration de puissance â digne d'une prodige du karatĂ©. â Aaaaaah ! Kiriyama cria pour s'encourager et pour augmenter la vitesse de ses jambes et la puissance de ses bras qui tiraient Taichi... Au final, ils coururent pendant une vingtaine de minutes. Avant qu'ils ne s'en rendent compte, ils avaient dĂ©jĂ atteint le fleuve de la ville. â Kiri-Kiriyama...! C'est... bon maintenant... dit Taichi en haletant fortement. Il avait dĂ©jĂ dĂ©passĂ© ses limites. Kiriyma l'avait attrapĂ© et traĂźnĂ© sur une longue distance. La fille qui les avait trouvĂ©s suspects ne semblait pas les avoir pris en chasse (mĂȘme si elle n'en avait sĂ»rement pas eu l'intention depuis le dĂ©but). â Hein ? Ah, oui. Kiriyama finit par s'arrĂȘter de courir et respira profondĂ©ment. Sa modeste poitrine se balançait de haut en bas avec ses profondes inspirations, qui Ă©taient rapides mais rythmĂ©es â elle semblait mĂȘme calme. Taichi inspira, apaisa son cĆur puis son esprit. Il avait qu'il devait absolument dire maintenant. â Kiriyama... regarde ta main gauche, dit-il. â Hein ? Kiriyama dĂ©plaça sa vision lentement en direction de sa main gauche. Celle-ci agrippait fermement la main droite de Taichi. Durant leur fuite, Kiriyama avait semble-t-il inconsciemment lĂąchĂ© ses manches pour tenir sa main. C'Ă©tait sĂ»rement peu pratique de tirer quelqu'un par les manches tout en courant. â Hein... Est-ce que... Kiriyama lĂącha immĂ©diatement prise, serra sa poitrine et fit deux-trois pas en arriĂšre. â Kiriyama... C'est une bonne chose... non ? dit Taichi avec un sourire. â C'est parce que... je courais de toutes mes forces, alors... Mais, vu que c'Ă©tait t-toi... Kiriyama dĂ©tourna le regard et caressa sa main gauche avec sa main droite tout en rougissant. â Mais maintenant, on peut affirmer... que ton androphobie... peut ĂȘtre surmontĂ©e, au moins temporairement. Il savait depuis le tout dĂ©but qu'une bonne prĂ©paration pouvait venir Ă bout de n'importe quel problĂšme. Parce que... Kiriyama et GotĂŽ, qui Ă©tait possĂ©dĂ© par « Pois de cĆur », s'Ă©taient dĂ©jĂ battus l'un contre l'autre. Il avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© prouvĂ© que ce n'Ă©tait pas impossible dans des situations d'urgence. La respiration de Taichi s'Ă©tait enfin calmĂ©e. â Et puis... ce coup bas Ă©tait vraiment efficace, hein ? Le visage et les oreilles de Kiriyama virĂšrent au rouge Ă©carlate. â Exactement ! C'est ce qui s'est passĂ© ! Qu'est-ce qui t'a pris ? T'aurais pu rĂ©flĂ©chir un peu plus ! Et puis, t'aurais pu prĂ©venir avant... â C'est ce que j'ai fait, non ? C'Ă©tait une thĂ©rapie de choc â et ça a marchĂ©, pas vrai ? â Pourquoi est-ce qu'une fille comme moi devrait vivre la douleur d'un garçon ? Arrrg. Ă cause de toi, mĂȘme aprĂšs ĂȘtre retournĂ©e dans mon propre « corps », j'ai encore cette sensation en moi... Je te dĂ©teste ! Comment est-ce que j'ai pu parler de ces choses...! Je... j'ai envie de mourir ! Elle semblait bien s'amuser. â J'ai compris. Calme-toi, Kiriyama. â Ce-C'est Ă cause de toi que ça s'est terminĂ© comme ça ! s'Ă©cria de toutes ses forces Kiriyama. Ses yeux humides et son visage rouge Ă©taient mignons â si mignons qu'en fait, personne n'aurait pu rĂ©sister Ă l'envie de lui caresser la tĂȘte. Taichi avait envie de le dire, mais il sentait qu'elle risquait de se mettre Ă crier encore plus fort. Il dĂ©cida alors de garder ça pour lui. â Haha, haha. Kiriyama respirait de façon agitĂ©e. Puis elle reprit. â Mais ça faisait vraiment mal... Cette attaque... marche sur tous les garçons ? â Ouais, je suis pas une exception. T'en fais pas. â Oh, je comprends... Mmm... Quand un garçon est frappĂ© Ă cet endroit, il est complĂštement neutralisĂ©... MĂȘme si en thĂ©orie, je le savais, je m'attendais pas Ă ce que ça fasse aussi mal... mmm... Je peux gagner en un seul coup... Kiriyama se mit Ă frapper dans le vide (sans raison particuliĂšre). â ... Ăa marche peu importe ta posture, tant qu'on te retient pas par derriĂšre ou qu'on te maintient au sol... Hmm... Au moins, si on te retient par le poignet, tu pourras t'en sortir... Bien entendu, ses coups allaient dĂ©sormais systĂ©matiquement viser le point faible des hommes. â Est-ce que... j'ai créé l'arme la plus dangereuse au monde contre les hommes...? Kiriyama laissa tomber ses bras et se redressa de sa posture de combat. Visiblement, elle Ă©tait satisfaite... â Je vais m'entraĂźner chez moi plus tard. (Quoii ? Elle veut devenir encore plus forte, on dirait... Ăa fait flipper.) â Mais, ce coup fait vraiment mal, alors il est trĂšs dangereux... Hmm... Taichi, pourquoi ĂȘtre allĂ© aussi loin pour m'aider...? Au point de faire mal Ă ton propre « corps »... Kiriyama jouait avec ses longs cheveux chĂątain alors que le vent d'automne soufflait. Elle attendait une rĂ©ponse avec un visage mĂ©lancolique. On dirait que cette expression voulait dire bien plus de chose que Taichi Ă©tait capable de comprendre. Mais mĂȘme aprĂšs avoir Ă©tĂ© questionnĂ© de façon aussi sĂ©rieuse, seuls des mots simples vinrent Ă l'esprit de Taichi. â Parce que je le voulais. Cette rĂ©ponse te convient ? tenta de rĂ©pondre Taichi avec un regard sĂ©rieux. Kiriyama ne put s'empĂȘcher d'Ă©clater de rire. â ... Ăa te ressemble bien, en effet. Kiriyama se rapprocha lentement de Taichi aprĂšs avoir parlĂ©. Puis, elle leva son poing gauche au niveau de son visage et souffla dessus. Elle envoya son poing lentement et celui-ci s'enfonça doucement prĂšs du cĆur de Taichi. ... Son poing tremblait. Mais Kiriyama sourit d'un air joyeux en direction de Taichi. Son sourire Ă©tait si enjouĂ© qu'il aurait pu sauver les personnes qui le voyaient. Puis, elle dit : â Merci, Taichi. (En marche, Kiriyama.) Taichi la soutenait mentalement. '''Notes de traduction''' <references/> <noinclude> {| border="1" cellpadding="5" cellspacing="0" style="margin: 1em 1em 1em 0; background: #f9f9f9; border: 1px #aaaaaa solid; padding: 0.2em; border-collapse: collapse;" |- | [[Kokoro Connect : Volume 1 Chapitre 5|Chapitre 5]] | [[Kokoro Connect ~ Français|Page principale]] | [[Kokoro Connect : Volume 1 Chapitre 7|Chapitre 7]] |- |} </noinclude>
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