Editing Maria-sama ga Miteru (Français):Volume1 Chapitre2 (section)

=== Partie 3 ===
  
Sachiko l'emmena jusqu'au second gymnase.
 
Il se trouvait derrière les bâtiments de l'école et était de loin beaucoup moins grand que le gymnase principal, qui pouvait contenir tous les élèves du collège et du lycée à la fois. Il faisait environ la taille d'un terrain de basket en superficie, mais n'avait pas de tribunes. A la place, il y avait un vestiaire, une salle de bain, des toilettes et une petite salle de repos, ce qui le rendait assez populaire parmi les étudiantes. Il était souvent utilisé pour les matchs amicaux entre écoles ou pour les activités sportives des clubs.
 
- Mets ces chaussons et suis-moi.
 
Sachiko désigna du doigt les chaussons destinés aux visiteurs rangés sur une étagère. Il fallait obligatoirement mettre des chaussures de sport dans le gymnase, les chaussures normales étaient interdites.
 
Alors que Yumi retirait ses chaussures d'intérieurs pour mettre les chaussons, Sachiko, elle, se contenta d'entrer sans changer de chaussures.
 
- Ah, Sachiko est là !
 
- Tu es en retard.
 
Yumi rattrapa Sachiko alors que celle-ci rentrait dans le gymnase, d'où s'échappait les voix des Roses. A peine avait-elle fait un peu à l'intérieur qu'elle sentit une multitude de regards se poser sur elle.
 
Les mêmes membres qu'hier étaient présentes - sans Tsutako - accompagnées d'une vingtaine d'autres étudiantes. Parmi elle, Yumi reconnut une élève de sa classe et cela lui fut suffisant pour comprendre qu'elles devaient être des membres du club de danse.
 
Sachiko ordonna à Yumi de regarder la répétition depuis un coin de la salle et rejoignit les jeunes filles.
 
- Je suis désolée d'interrompre la répétition. Continuez.
 
Alors, une musique classique se remit à jouer et Sachiko, au milieu de la salle, joignit les mains de Rei Hasekura. Toutes les autres étudiantes se mirent par deux et commencèrent à danser.
 
C'était une musique à trois temps, une valse.
 
- Bienvenue, Yumi Fukuzawa-chan !
 
En se retournant, Yumi vit Rosa Chinensis qui lui faisait des grands signes de la main.
 
- On voit mieux d'ici.
 
Rosa Gigantea et Rosa Foetida étaient aussi avec elle. Toutes trois étaient appuyées contre le mur et observaient la danse. Yumi se plaça aux côté de Rosa Chinensis, répondant silencieusement à son invitation.
 
Les jeunes filles dansaient avec élégance.
 
Mais, même si toutes portaient le même uniforme, ses yeux ne semblaient être attirés que par Sachiko. Elle virevoltait comme une fleur contrôlée par la musique, réussissant les pas les plus complexes avec la même facilité que si elle était en train de marcher.
 
Ce n'était pas que les autres élèves étaient mauvaises. Non, elles aussi savaient très bien danser, portant fièrement la responsabilité du club de danse de Lillian. Mais pourtant, aucune d'entre elle ne pouvait battre Sachiko quand il s'agissait d'être décrit comme une fleur. Sans aucun costume, il était facile de comprendre que Sachiko tenait le rôle principal.
 
- C'est assez bien, tu ne trouves pas ? demanda Rosa Chinensis à Yumi sans quitter la scène des yeux.
 
- Assez bien... Non, c'est... impressionnant.
 
Elle lui demanda depuis combien de temps elles répétaient et fut très surprise d'apprendre que les répétitions avaient commencé le jour-même.
 
- Trente minutes avant que Sachiko n'arrive, je pense. Le club de danse a appris les pas à Shimako et Rei, et elles essayent maintenant de tout en mettre en place, pour la première fois.
 
- Pour la première fois ?
 
- Elles connaissent déjà les bases de la danse grâce aux cours. Shimako est très expérimentée dans la danse japonaise et elle arrive facilement à retenir des pas nouveaux. Rei retient tout grâce à la concentration qu'elle a acquis dans les arts martiaux, mais elle peine un peu... Regarde, elle vient de lui marcher sur le pied.
 
Rei venait en effet d'écraser le pied de Sachiko, mais toutes deux continuèrent de danser comme si de rien n'était. C'était probablement pour cette raison qu'aucune d'entre elles ne portaient de chaussures : c'était leur première répétition. 
 
- Quand à Sachiko, et bien... C'est une demoiselle parfaite, qui se doit de savoir parfaitement danser dans le monde.
 
Rosa Chinensis parlait de Sachiko avec une certaine fierté. Elle avait commencé la danse à l'âge de cinq ans et avait pris des cours privés dès sa première année au collège. Anglais, piano, cérémonie du thé, art floral,... Chaque jour, elle assistait à un cours différent.
 
- On dirait qu'elle vient d'une autre planète.
 
Yumi soupira. Elle avait quinze ans, mais être en société était une chose encore inimaginable pour elle.
 
- N'est-ce pas ? N'importe qui en suffoquerait. Alors, je lui ai tout fait arrêter. Ou plutôt, je me suis débrouillée pour qu'elle arrête tout. J'ai fais d'elle ma petite Sœur et je lui ai donné beaucoup de boulot pour le Yamayurikai.
 
- ...Ouah.
 
Sachiko était incroyable d'avoir pu suivre tout ces cours au collège, mais Rosa Chinensis était tout aussi incroyable d'avoir, en deuxième année de lycée, réussi à les lui faire arrêter.
 
- Sachiko est vraiment quelqu'un de très appliquée. Si quelqu'un lui demande de faire quelque chose, elle fera exactement ce qu'on lui demande de faire. C'est pourquoi, elle a parfois besoin de respirer. Tu comprends ?
 
- Un peu.
 
- Un peu ? Et bien, c'est déjà ça.
 
La musique s'accélérait. Sachiko transpirait un peu, une mèche de cheveux bruns était collée sur son front blanc.
 
- Même si elle sait danser, est-ce qu'elle aura vraiment l'occasion de le faire comme ça un jour ?
 
Rosa Chinensis répondit par une autre question à l'interrogation de Yumi.
 
- Pourquoi demandes-tu ça ?
 
- Si elle avait l'habitude de danser souvent, je ne pense pas qu'elle refuserait de danser avec un garçon.
 
- Exactement. Nous nous demandons toutes la même chose. Ce n'est qu'une danse. Et pourtant, elle a refusé avec tellement d'insistance. Nous voulions connaitre la raison, alors nous l'avons un peu cherché mais...
 
Mais quelque chose d'encore plus amusant s'est produit. Rosa Chinensis rit avec bonheur.
 
- Une épice du nom de Yumi Fukuzawa a été rajouté à la sauce. Je me demande quel goût aura la préparation, maintenant.
 
(Hiiik)
 
C'est comme si un vent glacé venait de souffler en plein sur Yumi.
 
Elle avait l'impression d'être ce personnage, dans les pièces historiques, qui n'a nul part où aller, que personne ne veut héberger, et qui, alors qu'il est entouré d'auberges, se tient seul sur la route. Le vent sec, chargé de poussière, fouette sa peau, les ennemis sont à gauche, à droite, l'entoure, et personne ne sait quel destin l'attend.
 
En arrière-plan, on entendait une élégante valse. Ah, ça ne correspond pas du tout.
 
- Rosa Gigantea avait raison.
 
- Hein ?
 
- Quand tu réfléchis, tout se lit sur ton visage.
 
Le masque de calme et intelligence de Rosa Chinensis tomba et elle se mit à rire de nouveau.
 
A la fin de la chanson, Rosa Chinensis commença à donner des conseils à toutes les filles, sur leurs positions de départ, sur quelques pas de danse, etc. Même si elle avait parlé avec Yumi, pas une miette de la représentation ne lui avait échappé.
 
- Yumi-chan, tu as déjà dansé ?
 
Rosa Gigantea s'était rapprochée d'elle et s'amusait à jouer avec les deux couettes bouclés de Yumi.
 
- N-Non. Jamais.
 
- Vraimeeent ? Les cours de danse ne commencent qu'en deuxième année ?
 
Elle tourna la tête pour interroger Rosa Foetida.
 
- Oui, je crois, répondit avec indifférence Rosa Foetida en rembobinant la cassette.
 
- Alors, je vais t'apprendre ! Allez, donne-moi tes mains.
 
- Hein ?
 
- Voilà.
 
Rosa Gigantea saisit de force les mains de Yumi et colla son corps contre le sien.
 
- Ah !
 
- Yumi-chan, tu dis bien trop souvent « ah », « hein » et « hé »...
 
Elle pouvait dire ça, mais Yumi ne voyait pas trop comment retenir sa voix. C'était de la faute à la personne qui la surprenait !
 
- C'est une valse, c'est en trois temps. Un, deux, trois. Un, deux, trois.
 
Yumi retira ses chaussons, comprenant qu'elle n'allait pas avoir le choix.
 
Tout d'abord, fais un pas en arrière avec ton pied gauche. Tourne de 3/8 tout en faisant un pas sur le côté avec ton pied droit. Ensuite, rapproche le pied gauche du pied droit. Un pas du pied droit vers l'avant, puis tourne-toi vers la droite. Pied gauche à la diagonal du corps, tourne une nouvelle fois de 3/8 sur la droite, avant de rapprocher les deux pieds. Et un petit pas en avant du pied droit.
 
Elle fit de son mieux pour faire ce qu'elle lui disait, mais elle ne s'en sortait pas très bien.
 
- Tes hanches sont trop proches. Non, ne regarde pas par terre. Tu peux me marcher sur les pieds.
 
Un, deux, trois.
 
Un, deux, trois.
 
Alors qu'elle commençait à s'habituer à ne pas regarder ses pieds, elle remarqua la foule qui les entourait. Les membres du club de danse, qui venaient de finir de répéter, dévisageaient Rosa Gigantea et Yumi avec attention, quand si toutes deux étaient un étrange animal.
 
- Ah, c'est mauvais ! Une deuxième rumeur va circuler sur toi, Yumi-chan !
 
Rosa Gigantea rit et lâcha Yumi. Puis, elle leva le bras et s'exclama avec force en direction de la foule :
 
- Bien ! Je vous présente notre nouvelle amie, Yumi Fukuzawa-san ! Elle rejoint le groupe de danse à partir d'aujourd'hui, traitez-la avec gentillesse !
 
- ...!
 
Elle était sur le point de s'écrier « Hé ! » mais, comme elle venait de se faire taquiner à ce sujet, elle se couvrit la bouche des mains.
 
- C'est ennuyant de ne faire que regarder, non ? Et puis, quand on réfléchit à ce qui ''pourrait'' arriver, il vaudrait mieux que tu saches danser.
 
Après lui avoir murmuré ces dangereuses paroles à l'oreille, Rosa Gigantea poussa Yumi devant elle.
 
Oui, Yumi ''pourrait'' se tenir sur scène à la place de Sachiko.
 
(Rosa Gigantea a parié sur ma réussite, ce n'est pas la peine de donner une image négative à la pièce~ !)
 
Apparemment, peu importait aux Roses de gagner ou de perdre. Elles se contentaient d'observer, amusée du déroulement des évènements.
 
- Que quelqu'un fasse équipe avec elle, demanda Rosa Foetida, lançant un regard à la foule qui les encerclait.
 
- Moi, je peux.
 
La personne qui avait répondu si simplement n'était autre que Rosa Foetida en bouton, Rei Hasekura.
 
- M-mais, Rei-sama danse avec Sachiko-sama.
 
- Je ne suis qu'une remplaçante. Quand le vrai prince arrivera, je pourrais dire adieu à ce rôle. Ça ne me pose aucun problème de m'associer avec toi, Yumi-chan.
 
Oh mon dieu. 
 
Elle était totalement innocente, mais elle sentait des regards inquisiteurs qui la transperçaient de part en part. Non, plutôt qu'inquisiteurs, des regards curieux.
 
Tout d'abord, il y avait eu cette rumeur qu'elle avait rejeté Sachiko, Rosa Chinensis en bouton. Ensuite, après être arrivées dans le gymnase comme deux amies, elle avait paru en bon terme avec Rosa Chinensis. Puis, elle avait appris à danser avec Rosa Gigantea et maintenant, sa partenaire de danse était Rei, Rosa Foetida en bouton.
 
Mais pour qui se prend cette fille ? C'est que tout le monde allait penser...
 
Elle n'avait jamais eu l'intention d'attirer l'attention sur elle ! Ah, pourquoi les choses se déroulaient-elles toujours dans le sens contraire à ses attentes ?
 
Quand la danse commença, elle eut l'impression d'être une pelote de laine.
 
Les boutons ne semblaient pas s'en rendre compte, mais la majorité des regards des danseuses étaient tournés vers elle.
 
Devant, derrière, où qu'elle regarde, à gauche, à droite, elle rencontrait toujours le regard d'une des danseuses. En plus de ça, l'entrainement avec Rosa Gigantea avait été assez court, elle était incapable de suivre le rythme du morceau et n'arrêtait pas de marcher sur les pieds de Rei, et Rei n'arrêtait pas de marcher sur les pieds de Yumi, le tout était un vrai désordre.
 
Malgré tout, Sachiko restait elle toujours aussi élégante. Elle avait refusé la demande de Rosa Gigantea d'être sa partenaire, préférant revoir ses pas seule. Le dos légèrement penché en arrière, les bras courbés, c'était comme si le prince était vraiment là, dansant avec elle.
 
Quel genre de prince Sachiko recherchait-t-elle ? Avec quel genre de prince Sachiko voulait-elle danser ?
 
- Ne regarde pas ailleurs.
 
Rei lui lança un regard faussement courroucé pour qu'elle recentre son attention sur la danse.
 
- On dirait que Sachiko ne peut pas te sortir de la tête.
 
- Non, ce n'est pas ça.
 
Mais malgré cette réponse, c'était peut-être vrai. Immédiatement, ses yeux recherchaient Sachiko.
 
Sachiko dansait aussi légèrement qu'une fée, avec son prince invisible.
 
Si un prince qui correspond aux goûts de Sachiko existe, évidemment...
 
La seule chose qui était certaine était que son prince n'était pas le président du conseil des élèves de Hanadera. Cette pensée lui inspira un peu de tristesse pour le président de Hanadera.
 
Quel pauvre prince.
 
La Cendrillon de l'académie pour filles Lillian était, contrairement à celle du conte de fée, fière et idéaliste.