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Kokoro Connect : Volume 1 Chapitre 8
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==Chapitre 8 : Elle est nĂ©e comme ça== â Salut, Taichi. Au retour du weekend, revoir Nagase Ă©tait inĂ©vitablement un peu gĂȘnant. â ... Salut, Nagase. Un inconfortable silence s'installa. Nagase, comme pour se remonter le moral, se servit de ses deux mains pour tapoter sur ses joues blanches, souples et Ă©lastiques. â « Ne pas changer d'attitude peu importe ce que tu vas entendre ». On s'Ă©tait pas promis ça d'homme Ă homme ?! â Pourquoi tu parles comme ça ? rĂ©pliqua Taichi. â « Ne pas changer d'attitude peu importe ce que tu vas entendre ». On s'Ă©tait pas promis ça d'homme Ă homme ?! â Pourquoi tu rĂ©pĂštes deux fois la mĂȘme chose ? Et puis, t'es pas un homme... En fait, tu voulais juste que je rĂ©agisse comme ça, pas vrai ? Bien que Taichi ignorait si c'Ă©tait le cas, Nagase Ă©clata de rire. â N'empĂȘche, pourquoi est-ce que cette conversation semble ĂȘtre extrĂȘmement passionnĂ©e si je dis que c'Ă©tait d'homme Ă homme ? Si c'Ă©tait entre femmes ou entre un homme et une femme, on ressentirait pas un tel niveau de passion ! â J'en sais rien... Au fait, ça va ? demanda soudain Taichi, passant du coq Ă l'Ăąne. â ... Oh, oui, ça va ! Nagase plissa les yeux et fit le signe de la victoire avec ses doigts. (Est-ce que je devrais prendre ce sourire pour argent comptant ?) â Alors, en gros, si t'as besoin de mon aide, dis-moi. â Ouais, merci. C'est sympa de ta part, murmura Nagase tout en baissant la tĂȘte. Mais ensuite, elle donna l'impression d'avoir rĂ©alisĂ© quelque chose et son regard devint subitement sĂ©rieux. â Mais... c'est pas Ă moi qu'il faut demander si ça va. Taichi suivit le regard mĂ©lancolique de Nagase et aperçut Himeko Inaba, qui venait juste de pĂ©nĂ©trer dans la salle avec les traits tirĂ©s. <center><span style=« font-size: 150%; »>âĄâ âĄâ âĄ</span></center> Bien que c'Ă©tait le dĂ©but de la semaine, l'Ă©tat d'Inaba se n'Ă©tait pas amĂ©liorĂ©, et mĂȘme pire, il s'Ă©tait dĂ©tĂ©riorĂ©. Taichi s'inquiĂ©tait pour Nagase, mais Ă©galement pour Inaba. AprĂšs tout, elle semblait aller de pire en pire jour aprĂšs jour. Il Ă©tait tout Ă fait comprĂ©hensible de s'inquiĂ©ter pour elle. Cela dit, Taichi n'avait absolument rien fait. Les journĂ©es s'Ă©coulĂšrent comme d'habitude. Et le vendredi suivant, lors du cours d'histoire... C'Ă©tait pourtant comme d'habitude, mais au moment oĂč sa vue s'assombrit totalement, il eut soudain une envie extrĂȘme de vomir. â Wuaaah ! Il se couvrit rapidement la bouche avec une de ses mains pour empĂȘcher le contenu de son estomac de sortir. Il n'avait pas eu le temps de confirmer « qui » il Ă©tait devenu, mais il se leva immĂ©diatement et se rua hors de la classe. Il se dirigea en courant vers les toilettes. Il pouvait voir des bas noirs et une jupe Ă ses jambes, alors il dĂ©cida d'entrer dans les toilettes des filles. Taichi se prĂ©cipita dans les toilettes les plus proches pour cracher le vomi accumulĂ© dans sa bouche, puis d'autres choses qui continuer Ă remonter de son estomac. Ă cause de l'acide gastrique, sa gorge le brĂ»lait, et il ressentait un malaise, si intense qu'il avait l'impression qu'on lui arrachait les tripes. MĂȘme sa tĂȘte le faisait souffrir. Il remarqua que quelqu'un Ă©tait entrĂ© en trombe dans les toilettes derriĂšre lui. â Inaban ! Ăa va ? En entendant Nagase, il comprit qu'il Ă©tait devenu « Inaba ». â Quoi, c'est vraiment Taichi qui a pris ma place ? Ah... SĂ©rieux ? T'es pas fichu de supporter ça ? T'as vraiment aucune volontĂ©. Cette fois-ci, c'Ă©tait la voix agacĂ©e de « Taichi ». (80% de chance que ce soit Inaba. Je peux pas me tromper.) â Ouais... c'est moi... Mais... je vois pas comment on peut supporter cette douleur juste avec de la volontĂ©...?! Taichi « Inaba » se rinça la bouche avec l'eau du robinet tout en grognant. Pendant ce temps, Inaba « Taichi » rassura le professeur qui s'Ă©tait accouru : « Elle se sent juste un peu mal, elle se sentait dĂ©jĂ pas trĂšs bien ce matin. Je vais l'emmener Ă l'infirmerie. » Le professeur n'insista pas plus et se dĂ©pĂȘcha de retourner en classe (sĂ»rement parce qu'il voulait continuer son cours dĂšs que possible). â Iori, tu devrais retourner en classe. Je m'en occupe. â Comme je disais... Inaban, tu devrais prendre soin de ton corps... Ăa m'a vraiment fait flipper... Taichi, ça va aller ? demanda Nagase d'un air inquiet. â .. Oh, ça va bien mieux maintenant que j'ai vomi... Peut-ĂȘtre que je peux retourner en cours maintenant. â Taichi, oublie pas que t'es dans le corps « d'Inaban » lĂ , dit-elle en lui faisant la morale. â ... T'as raison, dĂ©solĂ©. AprĂšs tout, je suis dans le « corps » de quelqu'un d'autre, faut que je fasse gaffe... se rendit compte Taichi de façon logique. â Tant que c'est le « corps » de quelqu'un d'autre, hein... Inaba « Taichi » semblait vouloir ajouter quelque chose. â Ăa m'inquiĂšte de vous laisser gĂ©rer ça... Vous vous fichez de vos propres problĂšmes... Tu devrais aller Ă l'infirmerie et te reposer. Si t'en peux plus, ne force pas et rentre chez toi. Compris ? Des remarques ? leur dit Nagase comme pour montrer son exaspĂ©ration, puis elle retourna dans la classe. â Qu'est-ce qui lui prend ? On a l'air de tant manquer de confiance que ça ? Inaba « Taichi » rĂ©pondit au murmure de Taichi « Inaba » : â T'as raison. Alors allons au local du club. â ... J'ai l'impression que tu te contredis avec ce que t'as dit tout Ă l'heure... Bien entendu, il n'y avait pas matiĂšre Ă dĂ©battre â leur destination Ă©tait le local du club. Quand ils furent sur le point de l'atteindre, leur Ă©change de personnalitĂ© prit fin. â ... On est revenus, marmonna Taichi Ă voix basse. â Ouais, rĂ©pondit Inaba. â Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? On devrait pas aller Ă l'infirmerie ? MĂȘme si on n'est pas Ă l'abri d'un autre Ă©change... Inaba craignait que les autres Ă©changent avec elle, alors elle dĂ©cida d'entrer dans le local plutĂŽt que d'aller Ă l'infirmerie. â Dans le local, on aura le contrĂŽle de la situation... Et si c'est juste pour se reposer, le canapĂ© fera l'affaire.<!-- « If we go to the clubroom, there might be situations out of our expectations... Never mind, if we only need to sleep, the sofa in the clubroom is enough. » --> Inaba prit le repose poignet pour s'en servir d'oreiller et s'allongea dans le canapĂ©. MĂȘme si quand elle tendait ses jambes, celles-ci dĂ©passaient du canapĂ©, c'Ă©tait malgrĂ© tout assez confortable. â Haha, je t'ai causĂ© bien des soucis, Taichi. Tu devrais te dĂ©pĂȘcher de retourner en classe. â Oh, t'as raison... Comme si j'allais dire ça ! T'as vraiment pas l'air dans ton assiette â comment est-ce que je pourrais te laisser seule ? Et puis, mĂȘme si j'avais plus cette envie de vomir, mon corps Ă©tait toujours lourd et ma tĂȘte me faisait un mal de chien. â T'as dit Ă Iori que t'allais bien pourtant ! Et arrĂȘte de toujours vouloir avoir le dernier mot â c'est soĂ»lant. â ArrĂȘte de dire que je te soĂ»le ! Et fais en sorte d'aller mieux. Les deux se turent un instant. â Quand je suis dans cet Ă©tat, je cause des problĂšmes inutiles aux autres... pas vrai ? DĂ©solĂ©e... dit Inaba d'une voix fuyante, qui semblait larmoyante, tout en regardant le plafond. â Non, c'est pas des problĂšmes inutiles... mais tu te sens pas bien, non ? Avec le timing des Ă©changes, on n'est pas Ă l'abri que quelqu'un d'autre se retrouve dans ton corps... Enfin, la santĂ© avant tout, ça n'a rien Ă voir avec l'Ă©change de personnalitĂ©. â Mmm... Ouais, rĂ©pondit vaguement Inaba tout en recouvrant ses yeux avec sa main droite. Il Ă©tait rare que Taichi soit furieux. â Dis, Inaba... il faut que tu te reposes. T'es vraiment bizarre ces derniers temps. Tu t'es Ă©vanouie l'autre jour, et aujourd'hui, ça. T'as beau dire que tout va bien et qu'on devrait pas s'inquiĂ©ter, tout le monde sait que c'est faux â on peut vraiment devenir « toi », non ? C'est vraiment inquiĂ©tant de voir que t'allais bien jusqu'ici, et que ton Ă©tat s'est dĂ©tĂ©riorĂ© depuis le dĂ©but de ce phĂ©nomĂšne. S'il y a une raison, dis-nous pour qu'on puisse t'aider... Si ça n'a rien Ă voir avec l'Ă©change de personnalitĂ© et que c'est juste une maladie, dis-le nous au moins, ok ? Si tu veux pas nous dire, t'es pas obligĂ©e de donner le nom de la maladie. (Peut-ĂȘtre que je suis mal placĂ© pour dire ça, mais je peux pas rester les bras croisĂ©s en la voyant dans cet Ă©tat.) â ... ArrĂȘte de gueuler. Ăa me donne encore plus mal au crane. Elle tentait encore d'Ă©luder le problĂšme avec une rĂ©ponse sans rapport. â Inaba, je veux t'aider. Taichi ignorait si sa passion avait atteint Inaba, mais elle se redressa, s'assit â son corps avait beau ĂȘtre dans un sale Ă©tat, sa posture n'en demeurait pas moins Ă©lĂ©gante â et le regarda avant de dire : â Pourquoi tu veux m'aider...? Et je veux pas entendre que c'est parce que tu le veux ou parce qu'on est camarades. â Oh... C'Ă©tait ce qu'il voulait dire Ă la base, mais aprĂšs ce qu'elle venait de lui couper l'herbe sous le pied, il devait se mettre Ă penser rapidement Ă autre chose. â ... C'est parce que tu penses toujours Ă nous et que tu veilles sur nous. MĂȘme si t'as souvent l'air rĂ©ticente Ă le faire, mais dans les moments critiques, tu rĂ©ponds toujours prĂ©sente, alors c'est que le juste retour des choses. (Qu'est-ce que tu dis de ça ?) Taichi baissait les yeux en direction d'Inaba tout en pensant ça. HĂ©las, son discours fut balayĂ© du revers de la main par le rire nasal d'Inaba. â Alors, si je vous avais pas aidĂ©, tu voudrais pas m'aider ? Et si tu pouvais arrĂȘter de dire des choses embarrassantes, espĂšce d'idiot. â Non, je t'aiderais quand mĂȘme... mais ta façon de le dire Ă©tait un peu trop mĂ©chante. â Pas du tout, dit platement Inaba, pour ne pas laisser Ă Taichi l'occasion de pleurer sur son sort. â ... Hein. Rectification : il ne pouvait que pleurer sur son sort. â Mais pourquoi vous ĂȘtes si gentils ? Je comprendrais jamais... Si vous Ă©tiez plus « mĂ©chants », ça pourrait changer bien des choses... Non, c'est plutĂŽt moi qui devrais changer, hein ? Inaba exprima ses Ă©motions comme si de rien n'Ă©tait. Ses sentiments Ă©taient la chose la plus importante aux yeux de Taichi Ă ce moment-lĂ . Puis, il se mit Ă penser Ă quelque chose. (D'ailleurs, Inaba a dĂ©jĂ montrĂ© le vide de son cĆur Ă plusieurs reprises, non ?) Jusqu'ici, elle avait sans cesse mis en garde Taichi, mais... Non, pas que lui, tous les membres du club n'avaient pris cet avertissement que pour eux-mĂȘmes. Comme il venait d'Inaba, comme elle Ă©tait ce genre de personne, comme elle excellait en tout, elle n'avait besoin de personne pour s'inquiĂ©ter pour elle, et parce qu'elle Ă©tait toujours lĂ pour pointer les erreurs de Taichi et les autres... Comment quelqu'un qui Ă©tait capable de tirer les autres vers le haut pouvait avoir une personnalitĂ© aussi stĂ©rĂ©otypĂ©e ? Taichi commença lentement, la voix tremblante : â Inaba... Ăa va... aller ? â ... De quoi ? Si tu parles de mon corps, j'ai juste besoin d'un peu de repos. â Pas ça... Je parle de l'Ă©tat dans lequel on s'est retrouvĂ©s Ă cause de ce phĂ©nomĂšne. (Peut-ĂȘtre que jâai donnĂ© lâimpression de crier mon dĂ©sespoir dâun air grave ?) Pour lui, Inaba dĂ©tendit soudain son visage. C'Ă©tait un sourire extrĂȘmement tendre, gentil, chaleureux, imperturbable, apaisant et gracieux. Bien qu'elle montrait effectivement ses Ă©motions, l'impression habituelle qu'elle dĂ©gageait Ă©tait comme si elle se cachait derriĂšre un masque. En gros, ses changements d'Ă©motion se faisaient sous la surface. Mais, l'Inaba actuelle exposait ses vĂ©ritables sentiments, qui Ă©taient emplis d'insĂ©curitĂ©. Peut-ĂȘtre qu'il y avait encore plein de choses Ă remarquer chez elle. Et c'est alors qu'elle dit : â ... Comment ça pourrait aller ? En effet. Oui, ce qu'Inaba avait dit contenait Ă©galement un conseil Ă l'attention de Taichi et les autres. (Mais peut-ĂȘtre qu'elle voulait montrer son cĂŽtĂ© fragile ? Est-ce qu'elle essaye de dire que c'est Ă cause de sa clairvoyance qu'elle s'est retrouvĂ©e dans cet Ă©tat ?) (Inaba a dit une fois que la situation Ă©tait sans espoir.) (Autrement dit, ça veut dire que c'est ce qu'elle ressentait ?) Mais mĂȘme aprĂšs l'avoir Ă©coutĂ©e, Taichi n'Ă©tait toujours parvenu Ă aucune conclusion. C'Ă©tait seulement maintenant qu'Inaba Ă©tait mal en point que Taichi Ă©tait parvenu Ă voir Ă travers l'illusion de son apparente dĂ©fense impĂ©nĂ©trable. Inaba avait raison. L'idiot qui aimait se sacrifier qu'il Ă©tait Ă©tait trop ignorant. Elle s'Ă©tait retrouvĂ©e dans cet Ă©tat Ă cause de l'Ă©change de personnalitĂ©, mais aussi parce qu'elle n'avait pas reconnu ses camarades de club Ă leur juste valeur. Elle Ă©tait plus intelligente que les autres, mais comme ils en Ă©taient conscients, personne ne lui avait laissĂ© une chance de montrer son cĂŽtĂ© fragile. Ă ce moment-lĂ , le visage d'Inaba montrait de la surprise. â Attends... ce que j'ai dit compte pas... Laisse tomber. (Qu'est-ce qui compte pas ?) â Non... ce... ce que je voulais dire par « comment ça pourrait aller », c'est que cette situation est vraiment problĂ©matique, je parlais pas spĂ©cifiquement de mon cas. En voyant Inaba, qui se cherchait des excuses alambiquĂ©es pour se dĂ©fendre, Taichi comprit Ă quel point il avait Ă©tĂ© cruel avec elle. â C'est parce que c'est toi qui as le plus souffert de ce phĂ©nomĂšne, pas vrai ? (Comment est-ce que je pourrais prĂ©tendre ĂȘtre son ami alors que j'avais mĂȘme pas remarquĂ© ça ?) Les genoux de Taichi se tordirent gauchement et il s'assit faiblement sur le sol. â On dirait... que la situation empire d'heure en heure... Ah. Quel manque de pot ! C'est vraiment pas mon jour... Il a mĂȘme fallu que je dĂ©voile mes points faibles à « l'ennemi ». Inaba se rongeait les ongles nerveusement. â Tu me considĂšres... comme un « ennemi » ? â Non, c'est pas ce que je voulais dire, mais... Inaba s'arrĂȘta et ses yeux bougĂšrent d'avant en arriĂšre, tĂ©moignant une grande hĂ©sitation. Bien qu'elle essayait de dire tout ce qu'elle avait sur le cĆur, elle ne tenait pas Ă exposer ses sentiments si ouvertement. â Vous ĂȘtes les personnes les plus importantes au monde Ă mes yeux. Et c'est pour ça que vous ĂȘtes Ă©galement mes pires « ennemis ». Peut-ĂȘtre que c'Ă©tait la premiĂšre fois qu'elle rĂ©vĂ©lait quelque chose qu'elle ne voulait pas que les autres sachent. La porte menant au cĆur d'Inaba s'ouvrait peu Ă peu. Le sens du mot « ennemi » pour elle Ă©tait... â Qu'est-ce que... â Le sujet est clos, dit explicitement Inaba, claquant la porte menant Ă son cĆur. â T'en as dĂ©jĂ trop dit... Tu devrais pas t'enfuir comme ça, Inaba. Bah, vu que t'as admis qu'on Ă©tait tes amis et que t'es prĂȘte Ă me raconter tout ça, tu pourrais au moins me laisser partager une partie de ta peine. J'ai pas envie de voir une amie souffrir autant ! â Alors ferme les yeux. â Je vois pas ce que ça changerait. (Inaba a vraiment l'intention de continuer Ă endurer la douleur toute seule ?) Taichi ne pouvait cautionner une telle dĂ©cision. Il connaissait dĂ©jĂ la vĂ©ritĂ©. (Fermer les yeux, fuir les problĂšmes ou tenter de les Ă©viter â Ă quoi bon ?) (Vu l'existence du problĂšme, on doit nous-mĂȘmes l'accepter tel qu'il est et y faire face. C'est la seule façon d'aller de l'avant.) (C'est ce qu'on devrait faire.) Taichi posa ses mains sur ses genoux et se leva. â Les gens incapables de comprendre la douleur des autres sont indignes d'ĂȘtre qualifiĂ© d'ami. Le visage d'Inaba se dĂ©forma comme si elle allait fondre en larmes. â Mais si je m'explique... alors tout sera fini et... â Je sais pas ce qui se cache derriĂšre tout ça, mais je suis sĂ»r que ça sera la fin de rien du tout. ArrĂȘte de mĂ©priser les autres, Inaba. Ă ce moment-lĂ , Taichi avait vraiment l'impression d'avoir affaire Ă une fille de son Ăąge. Elle Ă©tait forte, mais avait Ă la fois un cĂŽtĂ© fragile. â Comment tu peux ĂȘtre si sĂ»r de toi... Vous et moi... on est diffĂ©rents, complĂštement diffĂ©rents...! Et puis, c'est... inutile. Inaba, visiblement troublĂ©e, se mit Ă trembler et s'agrippa alors au cuir du canapĂ© si intensĂ©ment qu'il Ă©tait sur le point d'ĂȘtre arrachĂ©. Si elle venait Ă forcer encore plus, ses doigts tendres et blancs risquaient de voler en Ă©clat. (Est-ce qu'on peut vraiment se contenter de ça ?) (Peut-ĂȘtre bien... Mais, il faut qu'on aille de l'avant. Si on trouve pas la raison derriĂšre les agissements d'Inaba, on pourra jamais trouver de solution. MĂȘme si ça signifie ĂȘtre blessĂ©, je suis prĂȘt Ă ĂȘtre le premier sur la ligne de dĂ©part.) Puis, avec un regard littĂ©ralement sans peur, il dit : â Inaba, il n'y aura absolument aucun problĂšme. Laisse-moi te sauver. Pouvait-on ĂȘtre considĂ©rĂ© comme le dernier des imbĂ©ciles parce qu'on disait des choses infaisables ? Mais aprĂšs cet aveu, Taichi savait qu'il Ă©tait un peu plus proche de la vĂ©ritĂ©. Inaba regarda Taichi, avant de serrer ostentatoirement le poing et de taper sur le mur, comme pour essayer de se faire mal. â Comment tu peux dire qu'il y aura aucun problĂšme alors que tu sais pas de quoi il en retourne ? Je comprends pas du tout... Bon, ok, je vais t'expliquer. Les yeux d'Inaba Ă©taient forts et perçants â Ă tel point qu'on pouvait sentir la haine en elle. (Il n'y aura aucun problĂšme, j'en suis convaincu.) â J-Jamais je pourrais vous faire confiance, dit-elle, de façon inattendue. L'Ă©change de personnalitĂ©... autrement dit, cela veut dire que le « corps » et donc son image sont rĂ©cupĂ©rĂ©s par quelqu'un d'autres. Tu comprends ce que ça implique ? Les paroles agressives d'Inaba firent reculer Taichi. â Pendant un Ă©change, que ce soit un crime ou autre, toute la responsabilitĂ© de tout ce qui a Ă©tĂ© accompli est portĂ©e par le propriĂ©taire du corps en question. Tu peux faire ce que tu veux et mettre toute la responsabilitĂ© sur le dos d'un autre. Tu peux tuer, voler ou violer sans avoir Ă en assumer les consĂ©quences. â Mais... si quelqu'un fait ça, ça va causer de gros problĂšmes au propriĂ©taire du corps. â Qui en a quelque chose Ă foutre des autres ? l'interrompt de façon glaciale Inaba. Peut-ĂȘtre que je suis allĂ©e un peu loin sur certains crimes, mais si on Ă©change de corps alors qu'on se trouve chez nous, on pourrait trĂšs bien se mettre Ă fouiller la maison et rĂ©cupĂ©rer des secrets ou voler de l'argent, non ? â Oui... ça pourrait arriver... â Je peux pas m'empĂȘcher de vous imaginer en train de le faire. Qu'est-ce qu'on fait Ă mon corps quand il est possĂ©dĂ© ? Ăa me travaille tellement que j'arrive plus Ă fermer l'Ćil de la nuit. Les cernes sous ses yeux semblaient plus profonds et visibles qu'avant. â Et le pire dans tout ça, c'est que je me dĂ©teste Ă cause de toutes ces pensĂ©es. J'ai l'impression que je ferais mieux de mourir... Je sais que vous ĂȘtes mes amis et que vous feriez jamais ça, mais... vraiment. Peut-ĂȘtre que ça peut paraĂźtre bizarre, mais j'espĂšre que tu me comprends... HĂ©las, penser et croire sont deux choses diffĂ©rentes. MĂȘme si je pense pouvoir comprendre, je peux pas m'empĂȘcher de croire que ça pourrait arriver. Alors Ă chaque fois que je retourne dans mon corps aprĂšs un Ă©change, je vĂ©rifie qu'il ne s'est rien passĂ© de tout ça. J'ai peur... de te montrer cette facette immonde de moi. Le monologue d'Inaba continua comme si elle ne pouvait plus s'arrĂȘter. â Je pensais que les humains avaient tous plus ou moins cette facette. Que mĂȘme si leur expression disait aux autres qu'ils leur faisaient confiance, mais qu'en rĂ©alitĂ©, il y avait une part de scepticisme en eux. Mais, aprĂšs le dĂ©but des Ă©changes de personnalitĂ©s, j'ai compris que vous aviez vraiment confiance aux autres, moi compris. Vous avez pas l'air d'avoir peur du tout... Alors que moi... Ce n'Ă©tait pas qu'elle refusait de croire, mais plutĂŽt qu'elle n'y arrivait pas. Elle voulait qu'on lui fasse confiance autant qu'elle le fasse en retour, mais elle n'y arrivait tout simplement pas. Bien entendu, Taichi ne pouvait qu'imaginer ce qu'elle pensait, mais rien que ça faisait dĂ©jĂ bien assez mal. Cela devait vraiment ĂȘtre une torture pour elle. â Mais, Inaba... malgrĂ© tout, on te dĂ©testera jamais. (Exactement. MĂȘme si elle pense comme ça, ça change pas le fait qu'elle est Inaba...) â MĂȘme si vous n'allez pas me dĂ©tester du jour au lendemain, rien ne sera plus jamais comme avant, non ? â Eh bien... â Du moins, pour moi. Je suis pas assez folle pour dire Ă ceux qui croient en moi, « je ne vous fais pas confiance » et me comporter comme si de rien n'Ă©tait. Peu importe ce que Taichi et les autres pensaient, si Inaba disait que c'Ă©tait ce qu'elle croyait, alors il n'y avait aucun moyen de la sauver. Inaba se mit Ă prendre de profondes inspirations, avant de poser sa main sur sa poitrine, comme si elle avait besoin de se prĂ©parer. â Je ne fais confiance Ă absolument personne, pas mĂȘme Ă ma famille. Alors tout le monde est mon « ennemi ». Et vous ĂȘtes mes pires « ennemis », parce que peut-ĂȘtre... que sans mon tempĂ©rament, vous me feriez confiance plus que n'importe qui d'autre... Si je me mĂ©fie de tout le monde, alors peut-ĂȘtre que tout ira mieux. Et malgrĂ© ma mĂ©fiance, ça ne veut pas dire que je les dĂ©teste non plus. Je pense que si je peux me comporter comme tout le monde et bien m'entendre avec les autres, alors tout ira bien... Mais du fait de mon indĂ©cision, je souffre toujours chaque jour qui passe. â Ah... Ah ! finit par dire Taichi, ce qui fit Ă©clater de rire Inaba. â Alors... Taichi Ă©tait sans voix. Comme si elle s'en Ă©tait rendu compte, elle courba dĂ©libĂ©rĂ©ment le coin de sa bouche vers le haut. C'Ă©tait un sourire qui fut immĂ©diatement empli d'un sentiment de mĂ©lancolie. â En plus de ça, t'auras beau chercher, tu trouveras jamais le moyen de me sauver... Parce que j'ai toujours Ă©tĂ© comme ça. S'engouffrant dans une drĂŽle de direction, Inaba continua Ă parler effrontĂ©ment. â J'ai pas de traumatisme comme Yui ou Iori... Il arrive souvent que les personnages d'une histoire soient pessimistes Ă cause de terribles expĂ©riences par le passĂ©, pas vrai ? Quand on voit ça, on a tendance Ă compatir avec eux. Mais de mon point de vue, ils devraient s'estimer heureux parce qu'au moins, ils ont une bonne raison d'ĂȘtre comme ça. Si c'est Ă cause de leur traumatisme, ils peuvent encore ĂȘtre sauvĂ©s, parce qu'on peut encore trouver un moyen de les guĂ©rir â c'est aussi simple que ça. Par contre, comment est-ce qu'on fait quand il n'y a justement pas de traumatisme ? La raison Ă©tant qu'ils sont nĂ©s comme ça. Du coup, on ne peut rien pour eux. AprĂšs tout, ils sont nĂ©s avec leurs problĂšmes. Le seul moyen de corriger ça, c'est de les transformer en quelqu'un qu'ils ne sont pas... Tu penses pas que ça serait pire que tout ? » Je crois pas ĂȘtre l'hĂ©roĂŻne d'une tragĂ©die, dit Inaba tout en balançant sa main devant son visage. » Ce que je vais dire se base Ă©normĂ©ment sur mon avis personnel. Je pense qu'en rĂ©alitĂ©, la plupart des gens n'ont pas de traumatismes prĂ©cis et dramatiques dignes d'en faire un roman. Bien entendu, je dirais pas qu'il n'y a pas d'influence externe sur moi, mais la majoritĂ© des gens n'ont pas eu tant d'expĂ©riences horribles que ça, c'est juste qu'ils sont nĂ©s comme ça. Si ça avait Ă©tĂ© une histoire, l'auteur aurait fait en sorte de prĂ©parer un moyen d'y remĂ©dier, de montrer les raisons derriĂšre les obstacles et mĂ©langer tout ça pour faire une belle histoire. Mais en fait, je pense que la plupart des traumatismes du monde rĂ©el n'ont pas de remĂšde, et sont des « histoires qui n'ont pas pu en devenir ». Il existe peu de cas de guĂ©rison dans ce monde... Dans un certain sens, peut-ĂȘtre que ton sens du sacrifice est Ă©galement incurable. T'as toujours Ă©tĂ© comme ça ? Selon sa thĂ©orie, les choses deviennent ce qu'elle avait dit. Les choses comme les sauvetages ou les guĂ©risons Ă©taient rares. Et puis, Taichi Ă©tait Ă©galement... â Tu as raison... Il n'y a aucun remĂšde pour ceux qui n'ont pas de traumatismes. [[Image:Kokoro p221.png|thumb]] Taichi ne pensait pas que ce qu'avait dit Inaba Ă©tait fonciĂšrement faux, mais â cela ne voulait pas non plus dire que c'Ă©tait vrai. Non, câĂ©tait plutĂŽt qu'il ne voulait pas croire que c'Ă©tait vrai, parce que si c'Ă©tait le cas, ce monde allait devenir trop superficiel. Puis, Taichi se souvint soudain de quelque chose. (Si je dis ça, elle se mettra peut-ĂȘtre en rogne.) MĂȘme s'il avait ses propres doutes, Taichi dĂ©cida malgrĂ© tout de continuer parce qu'il savait que peu importe l'issue, il se devait d'aller de l'avant. AprĂšs tout, Taichi avait demandĂ© Ă Inaba de parler en toute franchise de tout ce qu'elle tentait dĂ©sespĂ©rĂ©ment de cacher â mĂȘme aprĂšs s'ĂȘtre Ă©vanouie. Par consĂ©quent, il devait assumer ses responsabilitĂ©s. â C'est parce qu'en fait, il n'y a pas besoin d'ĂȘtre sauvĂ©, non ? (Est-ce que je suis trop optimiste ?) â Ah ? Inaba plissa les yeux et regarda Taichi avec un air surpris. â Comme je l'ai dit, je pense que si on est nĂ©s avec ce genre de personnalitĂ©, c'est pas vraiment un problĂšme, si ? En effet, parce que c'Ă©tait une personnalitĂ© que Dieu avait dĂ©cidĂ© de confĂ©rer aux humains depuis leur naissance. Ă ce moment-lĂ , Inaba ne parvint pas Ă comprendre ce qu'il sous-entendait, mais comme Taichi s'y attendait, ce qu'il avait dit sembla immĂ©diatement la mettre en colĂšre. ColĂšre â son corps tout entier semblait empli de cette rage noire Ă cet instant prĂ©cis. â Oh... Donc comme ça, tu dis que c'est pas la peine de se faire du mouron pour ces futilitĂ©s, c'est ça ? Et qu'en plus, les gens qui iraient jusqu'Ă tomber dans les vapes Ă cause de ça ne sont que des idiots. Taichi sentit un miasme d'une puissance qu'il n'avait jamais rencontrĂ©e de toute sa vie. â J-J'ai pas dit un truc « aussi » mĂ©chant, si ? Il avait envie de cĂ©der. Mais il devait y faire face. Ce monde n'Ă©tait pas assez naĂŻf pour qu'on puisse gagner sans risque de se blesser. â Mais, peut-ĂȘtre qu'au final, y'a de ça, oui. â Taichi ! Inaba se leva, fit un grand pas en avant et saisit Taichi par le col. EncerclĂ©s par de longs cils sensuels, ses petits mais longs yeux brĂ»laient d'Ă©motion. Bien que ses lĂšvres Ă©taient pĂąles, ses joues Ă©taient toutes rouges. L'expression de son visage, ne dissimulant aucune de ses Ă©motions, accompagnĂ© de son intrinsĂšque beautĂ©, dĂ©gageait une incroyable Ă©nergie malgrĂ© l'Ă©tat dans lequel elle se trouvait. Jusqu'Ă maintenant, Taichi avait unilatĂ©ralement pensĂ© que la facette cachĂ©e d'Inaba Ă©tait aussi forte que la façade, mais en rĂ©alitĂ©, c'Ă©tait bien diffĂ©rent. Il savait que mĂȘme si c'Ă©tait Inaba, elle avait un cĂŽtĂ© fragile. Son cou Ă©tait serrĂ© si fortement qu'il avait du mal Ă respirer, mais il n'y prĂȘta aucune attention et se remit Ă parler. â Ou plutĂŽt... qu'est-ce que... ça peut faire que tu sois comme ça ? Inaba parut abasourdie. â Non... C'est dĂ©primant que tu veuilles pas nous faire confiance, mais je pense que t'es pas obligĂ©e de te changer juste pour cette raison... Je pense que tout le monde devrait s'accepter tel qu'il est... MĂȘme si ça veut dire que nos relations s'en retrouvent changĂ©es. Le cou de Taichi fut tirĂ© encore plus fermement. â Ce genre de personne... si ça avait Ă©tĂ© moi, je l'aurais pas acceptĂ©...! Inaba arborait un regard tordu de douleur comme si elle s'enfonçait dans le dĂ©sespoir. Alors Taichi lui dit sans dĂ©tour : â Moi, si. Ses mains se dĂ©tendirent. â Que... Qu'est-ce que tu racontes... â Comme je l'ai dit, je t'ai dĂ©jĂ acceptĂ©e telle que tu es ? Alors... Nagase, Kiriyama et Aoki aussi. Tout le monde t'acceptera, il faut juste essayer, ok ? Comme ça, tâarrĂȘteras de souffrir. Et puis, si tu peux changer d'attitude avec une telle dĂ©termination, t'aurais Ă©galement aucun mal Ă trouver un moyen de te dĂ©fendre, non ?<!-- Besides, if you could change your attitude with such determination, you could also adopt self-defense measures, couldn't you?--> Comme ça, tout sera rĂ©glĂ©. â T-T'es dĂ©bile ou quoi ? Comme si c'Ă©tait si facile que ça ! cria Inaba plus surprise qu'Ă©nervĂ©e. â Mais peut-ĂȘtre bien que si. â Que... mais c'est trop risquĂ©... comment est-ce que je pourrais ?! Et si jamais ils me rejetaient, qu'est-ce que je deviendrais ? En vĂ©ritĂ©, la bonne rĂ©ponse serait « il te faudra vivre avec ». Et pourtant, Inaba avait directement demandĂ© son avis et son aide malgrĂ© son habituelle assurance. Taichi croyait qu'il devait trouver un moyen de la sauver. Mais il n'avait rien pu trouver de transcendant. â Il te restera moi, ça te suffit pas ? â Quoi...! Inaba resta sans voix, et dans le mĂȘme temps, elle fit deux pas en arriĂšre. â Tu... tu dis vraiment ces trucs sans rĂ©flĂ©chir...? C'est ton instinct...?! Inaba Ă©carquilla les yeux comme si elle avait vu un extraterrestre. Mais Taichi se disait qu'il n'Ă©tait pas nĂ©cessaire d'ĂȘtre aussi choquĂ©e. â En gros, il faut d'abord que tu commences par t'accepter telle que tu es. Et personne ne pourra t'aider pour ça. (On a beau vouloir changer, le premier pas, c'est de s'accepter soi-mĂȘme.) â ... J'en reviens pas que Taichi me donne des leçons. Inaba refit quelques pas en arriĂšre, et quand ses jambes rencontrĂšrent le canapĂ©, elle s'assit en s'effondrant dessus. Elle s'allongea dans la foulĂ©e et cacha son visage dans ses bras. C'Ă©tait la premiĂšre fois que Taichi la voyait vraiment sans dĂ©fense Ă tous les niveaux. Taichi se dit qu'il devrait la laisser se reposer, et s'assit sur une chaise. Il sentait qu'ils allaient devoir manquer le prochain cours Ă©galement. Il y avait plusieurs centaines d'Ă©lĂšves qui allaient dans ce lycĂ©e. Et dans cette piĂšce, se trouvaient seulement deux personnes, alors c'Ă©tait extrĂȘmement relaxant. Bien que Taichi n'en connaissait pas la raison et ne saurait l'exprimer avec des mots, il aurait aimĂ© qu'Inaba partage le mĂȘme sentiment que lui. Ă ce moment-lĂ , Inaba bondit subitement du canapĂ©. â Oui... mais non, ça marchera pas ! â Pourquoi ? â Je l'ai dĂ©jĂ dit... je peux pas dĂ©voiler ma pire facette aux autres. Quoi que je fasse, je ne vois qu'un Ă©chec au bout. Inaba recouvrit son visage et baissa la tĂȘte. Son habituelle arrogance et confiance avaient disparu. â Mais, ça me dĂ©range pas, moi... â Projeter ce que tu penses sur les autres est bien trop difficile. (... C'est moi ou elle me traite de tarĂ© lĂ ?) (Bon, que faire maintenant...) Ă ce moment-lĂ , Taichi eut une autre idĂ©e. â ... Dis, Inaba, selon moi, si quelqu'un pense que dĂ©voiler son secret est la fin de tout, câest peut-ĂȘtre parce qu'ils ont tendance Ă en faire toute une montagne. â Tu parles d'un rĂ©confort... â Alors j'ai dĂ©cidĂ© de te raconter un secret que je voulais Ă la base emporter avec moi dans ma tombe. â Hein ? Inaba Ă©tait visiblement abasourdie pour la niĂšme fois aujourd'hui. â S'il venait Ă s'Ă©bruiter, ce secret pourrait profondĂ©ment perturber ma vie lycĂ©enne. En fait, cela reviendrait Ă me condamner Ă mort socialement ou Ă perdre mon statut d'ĂȘtre humain. C'est un secret tellement dangereux que j'en tremble rien que d'y penser... (J'ai dit ça sans dĂ©tour, mais j'ai pas pu empĂȘcher ma voix de trembler.) (Est-ce que j'ai bien fait de suivre ce chemin ? Si j'Ă©choue, cela se terminera mal, et ça sera pas drĂŽle Ă voir.) MĂȘme s'il Ă©tait trop tard pour faire marche arriĂšre, Taichi se mit Ă se sentir faillir. â ... Au fait, Ă quoi bon me rĂ©vĂ©ler ton secret... t'as l'intention de me dire « je t'ai dit mon secret, Ă ton tour...? » â Exactement. Inaba se leva, le visage en colĂšre, avant de foncer vers Taichi. â AĂŻeuh ! Elle avait poussĂ© farouchement la table ! â Ouah ! La longue table heurta Taichi Ă l'abdomen ! (Qu'est-ce qui lui prend ?) â Mais qu'est-ce que t'as dans la tĂȘte ?! Ce cri aurait pu paralyser n'importe qui en un instant. â ... Tu cries trop fort, Inaba. Et mĂȘme s'il y a une certaine distance entre ce bĂątiment et le principal, y'a des Ă©lĂšves en cours lĂ ... Inaba tapa sur la table avec son poing. â Ah ! Comment dire, y'a tellement de choses qui me foutent en rogne, alors j'ai accumulĂ© pas mal de stress lĂ . C'est juste que c'Ă©tait la goutte d'eau. Ses yeux sadiques brillaient de mille feux. â Alors vas-y, raconte-moi ton secret...! Un sourire amer se dessina sur son visage. C'Ă©tait donc son vĂ©ritable visage... Peut-ĂȘtre Ă©tait-il prĂ©fĂ©rable qu'elle ne soit pas fidĂšle Ă elle-mĂȘme ? Taichi voulait vraiment croire que son instinct se trompait. â Bon... tu dois me promettre que tu seras Ă©galement honnĂȘte avec les autres... â Accouche, et ensuite je dĂ©ciderai. Et puis, je t'ai dĂ©jĂ dĂ©voilĂ© une partie de mes secrets. Taichi dĂ©glutit nerveusement. Franchement, rĂ©vĂ©ler son secret Ă©tait bien trop dangereux. Parce que c'Ă©tait un sujet tabou Ă ne jamais aborder avec les filles. Taichi voulait s'enfuir Ă grandes enjambĂ©es... Mais, il parvint Ă se convaincre de faire le premier pas. (Commençons par rĂ©soudre le problĂšme qui se prĂ©sente. Je me fiche de ce qui peut se passer aprĂšs.) â Alors... je suis prĂȘt Ă le dire maintenant... (C'est la premiĂšre fois que je suis aussi nerveux de toute ma vie. Mon corps tout entier est engourdi. J'ai l'impression que je vais recracher tout le contenu de mon estomac.) Taichi ignorait si Inaba Ă©tait choquĂ©e par son inhabituelle apparence, mais il vit un visage crispĂ©, prĂȘt au combat. Il se prĂ©para mentalement. â Un jour... je... je me suis masturbĂ© en pensant Ă toi. Le temps s'arrĂȘta. L'air de la piĂšce s'Ă©tait figĂ© comme si la tempĂ©rature avait atteint le zĂ©ro absolu. Le corps de Taichi ne pouvait pas bouger d'un pouce. S'il le faisait, l'air allait fondre et se rĂ©pandre. Il voulait qu'Inaba ne rĂ©agisse pas tout de suite. Mais le temps ne pouvait pas s'arrĂȘter indĂ©finiment. â ... Comment ça... De quoi tu parles exactement ? demanda Inaba. â ... Bah, je me suis branlĂ© quoi... Pas besoin de te faire un dessin, si ? â Oh... Ah bon ? Je vois... alors tu t'es servi de moi comme... alors ça veut dire que Iori et Yui aussi...? ... MĂȘme si ses tripes le brĂ»laient comme si on les lui arrachait, Taichi n'avait pas d'autres choix que d'acquiescer pour l'admettre. â SĂ©rieux ? Alors Taichi se sert des filles de son Ăąge comme ça, hein... Avec un ton calme et l'esprit mĂ©thodique, Inaba Ă©tait l'ĂȘtre vivant le plus effrayant qui n'ait jamais existĂ© sur cette planĂšte. â ... Tu m'as bien eue... Ha ! Hihihi, gahahahaha ! Inaba se tint l'estomac et Ă©clata de rire. Elle riait tellement fort qu'elle avait du mal Ă respirer, tout en Ă©tant assise de travers sur le canapĂ© et en tapant du poing dessus. â Ah... HĂ©... Je le fais rarement ! Et je l'ai quasi jamais fait... Tu m'Ă©coutes ? Bien que Taichi ne s'Ă©tait pas regardĂ© dans le miroir, il savait qu'il Ă©tait rouge comme une tomate. â Ah~hahaha... Ah... J'en ris tellement que j'ai mal aux cĂŽtes... Hihihi. Inaba finit par arrĂȘter de rire. Elle essuya ses larmes et haleta comme si elle sortait d'un marathon. Elle se frotta Ă plusieurs reprises les yeux et respira profondĂ©ment. MalgrĂ© ça, elle ne semblait pas avoir suffisamment ri et avait des rechutes quand elle y repensait. Mais au final, elle se calma tant bien que mal. Puis, elle s'Ă©cria d'un ton rempli de dĂ©goĂ»t, de dĂ©sapprobation et de mĂ©pris : â Per23:57, 11 June 2017 (CEST)~~vers ! Ce mot avait l'effet d'une grande coupure incisive faite Ă la hache. â Sale pervers, cochon, tarĂ©, psychopathe, merde, vermisseau, animal, fumier ! Chacune de ces attaques verbales transperçait littĂ©ralement le cĆur de Taichi. â ... Argaaah... Il ne pouvait mĂȘme plus s'exprimer comme un ĂȘtre humain. (Je suis fichu. Cette mĂ©thode Ă©tait vraiment...) â Mais... Ă ce moment-lĂ , le regard froid d'Inaba se dĂ©tendit comme si elle Ă©tait satisfaite. â ... Qu'est-ce que ça peut faire ? dit-elle en souriant. Non, je devrais plutĂŽt dire que... vu que t'es en pleine pubertĂ©, c'est tout Ă fait normal. Au fait, t'as un sacrĂ© cran pour rĂ©vĂ©ler un truc pareil... Si tu t'y prends mal, ça peut ĂȘtre direction prison... Avec moi, c'est pas grave. Alors Ă©vite de dire ça aux autres filles, pigĂ© l'idiot ? â Comme je l'ai dit... ce secret que je cachais jusqu'ici est maintenant mon plus grand danger ! Et je peux le dire qu'Ă toi. â Qu'Ă moi, hein ? C'est censĂ© me faire plaisir ? Au fait, c'est tellement dĂ©bile ! DĂ©voilĂ© ce secret Ă©tait dĂ©bile. Penser que le dire Ă quelqu'un et que tout ira bien est dĂ©bile. L'entendre et se dire que c'est pas grave est Ă©galement dĂ©bile... et la chose la plus dĂ©bile, c'est que ça m'a touchĂ©e... Inaba leva les yeux au ciel, en essuyant ses larmes comme pour dire « je ne dois pas pleurer ». MalgrĂ© ça, elle s'y Ă©tait prise un peu tard, alors elle ne pouvait que frotter en continu ses yeux avec le col de sa chemise. â C-C'est pas ce que tu crois ! C'est juste parce que j'Ă©tais morte de rire Ă l'instant ! (T'es une gamine ou quoi ?) Mais il rĂ©alisa qu'elle Ă©tait, en fait, une enfant... C'Ă©tait toujours une enfant. (Alors il y a tant de fois oĂč on souffre le martyr. On peut pas toujours parler de nous-mĂȘmes. Des fois, il faut que quelqu'un vienne Ă notre rescousse. Mais, ça ne changera sĂ»rement jamais, mĂȘme quand on sera devenus adultes.) â Bah, je pourrais dire qu'en tant que fille, tu pourrais utiliser un mouchoir. Taichi se mit Ă cĂŽtĂ© d'elle et lui en tendit un. â .... Ă quoi tu joues... Tu fais que des trucs dĂ©biles... T'as l'intention de me faire aussi craquer pour toi, c'est ça...? Ils voulaient le faire dĂšs que possible alors ils appelĂšrent rapidement les autres membres du CRC. Ils avaient dĂ©cidĂ© d'organiser une rĂ©union dans le local pendant la pause dĂ©jeuner. En attendant, Inaba, dont le visage Ă©tait rouge comme une tomate, dit Ă Taichi, « Oublie que j'ai pleurĂ© et toutes les bĂȘtises que j'ai pu dire ! Si tu tiens Ă la vie, bien entendu~ ! » Elle incitait fortement Taichi Ă tout oublier. AprĂšs ça, la sonnerie de l'Ă©cole indiqua la fin du quatriĂšme cours, ce qui marquait Ă©galement le dĂ©but de la pause dĂ©jeuner... â ... VoilĂ toute l'histoire. Inaba avait racontĂ© tous les secrets qu'elle cachait et ses angoisses Ă Nagase, Kiriyama et Aoki. Bien qu'elle s'Ă©tait enfuie jusqu'ici, elle restait toujours Inaba. Quand elle Ă©tait dĂ©terminĂ©e, elle Ă©tait capable de tout sans dĂ©tour. MalgrĂ© tout, elle n'arrivait pas Ă se dĂ©barrasser de sa gĂȘne et de sa peur. Ses jambes tremblaient lĂ©gĂšrement pendant qu'elle parlait. « Je sais que ça va aller. Je l'ai dit aprĂšs tout. MĂȘme si Inaba est ce genre de personne, ces trois-lĂ l'accepteront » croyait dur comme fer Taichi, tout en observant minutieusement leur rĂ©action comme s'il priait. (Si tout se passe pas comme prĂ©vu, et dans le pire des cas, comment est-ce que je vais pouvoir me faire pardonner ? Non, avant ça, qu'est-ce que va devenir le Club de Recherche Culturelle ?) (Mais, si c'est eux, je suis sĂ»r que...) Les trois restaient silencieux (parce qu'Inaba leur avait demandĂ©). La premiĂšre personne Ă se manifester fut Nagase. â Inaban, en gros, tu veux dire que... Elle se tut. Inaba tremblait nerveusement. (Comment Iori va rĂ©agir aprĂšs avoir entendu toute mon histoire ?) â ... t'aimes t'inquiĂ©ter, c'est ça ? Ce fut... impensablement inattendu. â J-J'aime m'inquiĂ©ter...? Iori, t'as Ă©coutĂ© ce que j'ai dit... c'est pas un problĂšme que tu peux rĂ©soudre comme ça... murmura Inaba, abasourdie. Puis, ce fut au tour de Kiriyama de parler. â Je peux comprendre. Je suis pareille. AprĂšs ĂȘtre retournĂ©e dans mon corps suite Ă un Ă©change avec Aoki, la premiĂšre chose que je fais, c'est vĂ©rifier chaque centimĂštre carrĂ© de mon corps et ensuite, je vĂ©rifie que j'ai rien perdu dans mes affaires. â Je suis meurtri ! Ce que tu viens de dire m'a littĂ©ralement crucifiĂ© ! Pourquoi que quand c'est moi ? Et Taichi alors ? Kiriyama rĂ©pondit, « Chut ! Je me base sur le comportement de chacun », et Ă©crasa Aoki avec une puissante voix. â Ce... C'est tout ce que vous avez Ă dire...? â Hmm... ta façon de penser Ă©tait un peu surprenante â genre les crimes et tout. Mais t'en fais pas, j'ai une conscience, une Ă©thique et des valeurs, alors je ferais jamais ça. Je suis le genre de personne Ă jamais traverser au rouge ! Kiriyama bomba le torse de fiertĂ©, tout en faisant une pose en adĂ©quation avec. Bien qu'il y avait des dĂ©saccords entre eux, aprĂšs avoir discutĂ©, ils savaient que Kiriyama avait un problĂšme similaire. Elle n'avait Ă©galement pas reniĂ© la façon de penser d'Inaba et l'avait naturellement acceptĂ©. â Et puis, Inaba fait confiance Ă personne, c'est pas que moi ! dit Aoki. Inaba marmonna comme si elle Ă©tait tombĂ©e dans le dĂ©sespoir : â Est-ce que c'est vraiment important ça...? â C'est le plus important. Le reste, on s'en fiche ! Aoki Ă©tait mĂȘme certain que ce n'Ă©tait vraiment pas important. Telles furent les diverses rĂ©actions des membres du Club de Recherche Culturelle. â Alors, ce que j'ai envie de te dire Inaba, c'est que â le plus important... Nagase utilisait un ton anormalement formel avant, pour attirer l'attention de tout le monde, de dire : â ... de se dĂ©pĂȘcher de retourner en classe chercher son dĂ©jeuner. Elle avait soulevĂ© une boĂźte Ă carreaux rouges et blanc et l'agitait devant son visage, avant d'arborer l'expression la plus sĂ©rieuse de la journĂ©e. Elle, Iori. â Oui, c'est vrai. â Ouais. Kiriyama et Aoki acquiesçaient de concert. â Ok, c'est dĂ©cidĂ© alors. Bon, allez-y ! Taichi, toi aussi ! Je commence Ă crever la dalle ! Nagase donna une pousse dans le dos d'Inaba et Taichi et les força Ă sortir du local. Dans le mĂȘme temps, Nagase avait murmurĂ© quelque chose Ă l'oreille d'Inaba que Taichi ne put entendre. Peut-ĂȘtre Ă©tait-ce parce qu'elle n'Ă©tait pas en pleine possession de ses moyens, mais Inaba sembla perdue pendant qu'elle Ă©tait poussĂ©e hors du local. Puis, elle se remit Ă parler sur le chemin. â ComparĂ© au dĂ©j, mes inquiĂ©tudes, alors qu'elles m'ont presque anĂ©antie, sont moins importantes, c'est ça ? C'est vraiment abusĂ©, non ?! Elle avait raison. NĂ©anmoins, vu leur diffĂ©rence de point de vue, peut-ĂȘtre que ses inquiĂ©tudes n'Ă©taient pas fondĂ©es. AprĂšs tout, quelque chose comme « la vraie personnalitĂ© de quelqu'un » ne mĂ©ritait pas autant d'attention. â Ah, je me sens stupide... Tous ces problĂšmes qui me torturaient l'esprit et toutes ces choses embarrassantes auxquelles j'ai pensĂ©... Si c'Ă©tait comme elle le pensait, les problĂšmes qui la hantaient devaient maintenant lui paraĂźtre futiles. (Tout ira bien...) â ... Enfin, passons. AprĂšs tout, j'ai pu obtenir un secret qui me permettra de te mener par le bout du nez. ... Alors qu'Inaba avait rĂ©ussi Ă passer Ă autre chose, Taichi en Ă©tait incapable. â Dis... Inaba, si possible, j'espĂšre que tu pourras graver ça dans un coin de ta tĂȘte... Non, tu ferais mieux de tout effacer de ta mĂ©moire... â Non. (... On dirait que mes journĂ©es restantes en tant que lycĂ©en ne pourront se passer correctement qu'en lui obĂ©issant au doigt et Ă lâĆil.) Ah... Taichi soupira comme s'il Ă©tait sur le point de s'effondrer. Inaba explosa de rire tout en lui donnant une tape dans le dos. AprĂšs ça, elle s'arrĂȘta et posa lĂ©gĂšrement sa main sur l'Ă©paule de Taichi. â J'oublierai jamais, mais par contre, je vais te raconter un petit secret. Comme ça, on sera quittes. Inaba s'approcha de Taichi et se pencha vers son oreille. Un doux parfum de miel Ă©manait de son corps. â Moi aussi, je me suis dĂ©jĂ masturbĂ©e en pensant Ă toi, dit-elle tout en exhalant un doux et tiĂšde souffle. â Qu'est-ce... que... Du fait de la honte, l'inquiĂ©tude et la peur, Taichi fut pris de panique. (Autrement dit, ça veut dire que... cette chose... deviendra ça... deviendra ça... c'est ce qui s'est passĂ©...) Comme si elle s'amusait de son malaise, Inaba continua Ă glousser. <noinclude> {| border="1" cellpadding="5" cellspacing="0" style="margin: 1em 1em 1em 0; background: #f9f9f9; border: 1px #aaaaaa solid; padding: 0.2em; border-collapse: collapse;" |- | [[Kokoro Connect : Volume 1 Chapitre 7|Chapitre 7]] | [[Kokoro Connect ~ Français|Page principale]] | [[Kokoro Connect : Volume 1 Chapitre 9|Chapitre 9]] |- |} </noinclude>
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