Fate/Zero:Volume1fr

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PROLOGUE


Prologue

8 ans plus tôt

Laissez-nous vous conter l'histoire d'un homme.

Le conte d'un homme qui, plus que quiconque, crût en son idéal, et fut par lui plongé dans le désespoir.

Le rêve de cet homme était simple.

Il voulait que tout le monde soit heureux, c'était tout ce qu'il avait toujours souhaité.

C'était un rêve puéril auquel tous les jeunes garçons se sont un jour attachés, mais qu'ils doivent abandonner à cause de la dureté de la réalité.

Toute joie a un prix; tous les enfants le comprennent en devenant adultes.

Mais cet homme était différent.

Peut-être était-il simplement le plus simplet d'entre tous. Peut-être était-il mal fichu quelque part. Ou peut-être était-il de cette catégorie que nous appelons des "saints", appréhendant la volonté de Dieu, une volonté que les gens normaux ne peuvent comprendre.

Il savait que pour chaque existence en ce monde, il n'y avait que deux futurs possibles, le sacrifice ou le salut...

Quand il comprit qu'il ne pourrait pas rétablir l'équilibre en vidant les plateaux de la balance...

A partir de ce jour, il décida qu'il serait celui qui définirait les poids.

Pour atténuer les douleurs de ce monde, il n'y avait pas d'autres moyens, pas de plus efficace.

Pour permettre à une vie de continuer, il devait interdire à une autre de faire de même.

Autrement dit, pour laisser une majorité de personnes vivre, il devait en tuer une minorité.

Ainsi, plutôt que de sauver les gens en leur tendant la main, il excellait dans l'art de tuer.

Encore et encore, il trempait ses mains dans le sang, mais pas une fois l'homme ne cilla dans sa résolution.

Ne se posant jamais de questions sur la justice de ses actes, ne doutant jamais de son but, il se faisait un point d'honneur à ne pas faillir à choisir les bons poids à poser sur la balance.

Et à ne jamais se méprendre sur la valeur d'une vie.

Sans considération pour l'humilité d'une existence ou l'âge de l'individu, toutes les vies pesées également. Sans discrimination, l'homme sauvait des vies, et sans discrimination, l'homme tuait.

Mais il réalisa trop tard.

Juger tout le monde dans la plus parfaite justice, cela revient au même que de n'aimer personne.

Aurait-il gravé cette règle inviolable dans son esprit plus tôt, il aurait atteint le salut.

Gelant son coeur jusqu'à la nécrose, se transformant en une machine n'ayant ni sang ni larmes, il se força à vivre sa vie pour trier ceux qui devaient mourir de ceux qui devaient vivre. Et probablement sans en ressentir la moindre souffrance.

Mais cet homme se trompait.

Peu importe de qui, un sourire soulagé emplissait son être de fierté et n'importe quel gémissement lui étreignait le coeur.

La colère fut ajoutée à ses regrets et ses larmes de solitude demandaient désespérément des mains pour les essuyer.

Alors même qu'il poursuivait un idéal au-delà de toute raison humaine - il était trop humain.

Combien de fois fut-il puni pour cette contradiction ?

Il connaissait l'amitié, il savait le sens de l'amour.

Mais même en mettant la vie de l'être aimé d'un côté de la balance et celle d'innombrables inconnus de l'autre -

Il ne fit jamais d'erreur.

Plus important pour lui que l'amour était de juger impartialement chaque vie, et, impartialement, de s'en défaire.

Même lorsqu'il se trouvait avec quelqu'un cher à ses yeux, il semblait être en permanence en deuil.

Et maintenant, l'homme reçoit sa plus grande punition.

A l'extérieur, tout est gelé par une tempête de neige. La nuit du milieu de l'hiver durcit le sol de la forêt.

La pièce est située dans un vieux château construit sur le sol gelé, mais elle est protégée par une douce flamme brûlant dans la cheminée.

Dans la chaleur de cet abri, l'homme tenait dans ses bras une nouvelle existence.

C'en était une vraiment minuscule - un corps si réduit qu'il semblait éphémère, et sans poids pour prouver le contraire.

Le geste le plus délicat peut être dangereux, comme avec la première boule de neige formée de nos mains qui s'écroule au moindre tremblement.

Avec une faible détermination, le nouveau-né conserve sa température en dormant, la respiration faible. C'est tout ce que les modestes mouvements de sa poitrine sont capables de produire pour le moment.

"Ne t'inquiète pas, elle dort."

Alors qu'il berce le bébé dans ses bras, la mère, se reposant sur sa couche, sourit en les regardant.

À voir l'air exténué de l'enfant, elle n'est pas encore à l'aise, et son teint n'est pas parfait, mais la beauté cristalline de son visage n'en pâlit pas pour autant.

Et par-dessus tout, son sourire bienheureux efface la fatigue qui devrait gâcher sa tendre image.

"Elle est toujours difficile et pleure même dans les bras des nourrices auxquelles elle devrait pourtant être habituée. C'est la première fois qu'elle se laisse bercer si silencieusement... Elle comprend. Elle comprend qu'elle ne risque rien car tu es un homme bon."

"..."

Sans répondre, abasourdi, l'homme compare la mère dans le lit avec l'enfant dans ses bras. Le sourire d'Irisviel a toujours été aussi éclatant ?

Elle était pourtant une femme peu joyeuse. Personne n'aurait pensé lui offrir ce sentiment appelé bonheur. Elle n'était pas une création de Dieu, mais de la main de l'homme... En tant qu'homonculus, un tel traitement était normal. Irisviel n'a jamais eu le moindre voeu.

Créée en tant que marionnette, élevée de la même manière, peut-être n'avait-elle à la base jamais compris le sens du bonheur.

Et maintenant - elle rayonne.

"Je suis vraiment heureuse d'avoir eu cet enfant."

Faisant silencieusement transparaître son amour, Irisviel von Einzbern prit la parole, contemplant l'enfant endormi.

"A partir de maintenant, elle sera avant tout une imitation d'être humain. Ce sera sûrement dur, et elle haïra peut-être la mère qui lui a donné une telle vie. Mais malgré ça, je suis heureuse. Cette enfant est superbe ; elle est magnifique."

Son apparence n'a rien d'étrange, et en la regardant elle est un charmant bébé, pourtant -

Dans l'utérus de sa mère furent conduits un nombre impressionnant de traitements magiques, de façon à ce que, encore plus que sa mère, elle diffère des humains. Son corps a été transformé de telle sorte qu'elle soit réduit à un simple amas de circuits magiques. Telle est la vraie nature de la fille chérie par Irisviel.

Malgré une naissance aussi cruelle, Irisviel prononça quand même le mot "Bien". Donnant naissance à une telle chose, étant née en tant que telle, elle aime cet être, ressent de la fierté à son égard, et sourit.

La raison pour une telle force, pour un coeur aussi aimant, était qu'elle était, sans l'ombre d'un doute, 'une mère".

La fille qui aurait simplement pu être une poupée a trouvé l'amour et devint une femme, et possédant une invincible force en tant que mère. Ca devait ressembler au 'bonheur" que nul ne pouvait détruire. À cet instant, la chambre de la mère et de son enfant, protégé par la chaleur de la cheminée, était indifférente à tout désespoir ou peine.

Mais l'homme le savait mieux que quiconque. Il savait que le monde auquel il appartenait ressemblait plus à la tempête faisant rage à l'extérieur.

"Iri, je — "

En prononçant un simple mot, le torse de l'homme fut comme percé par une lame. Cette lame était le paisible visage endormi de l'enfant, et le chaleureux sourire de sa mère.

"Je serai, un jour, celui qui mettra fin à ta vie."

Alors qu'il se sentait comme sur le point de vomir, Irisviel accepta d'un paisible hochement de tête sa déclaration.

"Je comprends. Bien sûr. C'est le souhait des Einzbern. C'est ce pour quoi j'existe."

C'était l'avenir qui avait été décidé.

6 ans plus tard, l'homme emmènera sa femme au lieu de sa mort. En tant que l'unique victime nécessaire pour sauver le monde, Irisviel sera sacrifiée à son idéal.

Ils en avaient déjà discuté maintes fois, et ils étaient arrivés à un accord.

L'homme avait déjà pleuré à son coeur comptant, s'était maudit pour avoir pris cette décision, et à chaque fois, Irisviel lui avait pardonné et l'avait encouragé.

"Je connais ton idéal, et je me suis attachée à tes prières ; c'est pourquoi je suis ici maintenant. Tu m'as guidée. Tu m'as donné une vie qui n'était pas celle d'une marionnette."

Pour le même idéal, elle s'est sacrifiée. Elle est devenue une part de lui-même ainsi. Et ainsi prit forme l'amour de la femme Irisviel. Parce que c'était elle, l'homme était en mesure de l'accepter.

"Tu n'as pas besoin de me plaindre. Je fais déjà partie de toi. Endurer ta propre douleur est déjà suffisant."

"... Et pour elle ?"

Le nouveau-né était aussi léger qu'une plume, mais un poids d'une autre dimension faisait trembler les jambes de l'homme.

Il ne pouvait pas imaginer, pas plus qu'il n'était préparé, à ce qu'il ferait quand cette enfant deviendrait un obstacle à son idéal.

Il ne faut pas juger ou pardonner la résolution d'un tel homme. Il n'existe pas un tel pouvoir.

Mais, même avec une telle pureté de vie, son idéal est cruel.

Sans considération pour l'humilité d'une vie, ou l'âge de l'individu, toute vie jugée également -

"Je ne suis pas ... digne de la porter."

La gorge de l'homme se serra. Il était proche de sombrer dans le désespoir malgré la douceur du moment.

Une larme tomba sur la joue rose et potelée du bébé dans ses bras.

Sanglotant silencieusement, l'homme mit un genou à terre.

Pour vaincre la cruauté du monde, il avait cherché à atteindre une plus grande insensibilité... Et finalement, pour l'homme qui malgré tout ne pouvait s'empêcher d'aimer, était infligé le plus dur des traitements.

L'être qu'il aimait le plus au monde.

Même si cela signifiait la fin du monde, il voulait le protéger.

Mais l'homme savait. Quand le temps serait venu pour la justice en laquelle il croyait de demander le sacrifice d'une telle vie ... quelle décision prendrait alors cet homme appelée Emiya Kiritsugu ?

Kiritsugu pleura, effrayé de la possibilité que ce jour viendrait, effrayé par cette possibilité sur mille autres.

Tenant fermement sa poitrine dans les bras, Irisviel se dressa sur son lit et posa un main réconfortante sur l'épaule de son mari, fondant en larmes.

"N'oublie pas. N'était-ce pas ton rêve ? Un monde où personne n'aurait à pleurer ainsi. Huit années de plus... et ta bataille arrivera à son terme. Nous parviendrons à le rendre réalité. Je suis sûre que le Graal te sauvera."

Sa femme, parfaitement compréhensive de sa douleur, essuya les larmes de Kiritsugu aussi doucement que possible.

"Une fois que ce jour sera passé, tu devras embrasser cette enfant - Ilyasviel une fois de plus. Offre lui tes bras comme un vrai père."

3 ans plus tôt

Quand on commence à parler d'occulte, certaines théories portant sur les dimensions reconnaissent l'existence d'un 'pouvoir' hors de ce monde.

Il est le point de départ de toutes les existences. C'est le but le plus cher à tout magus, la 'racine', Akasha... Le domaine de Dieu, les chroniques d'Akasha, le commencement et la fin de toutes choses, qui en gardent la trace, qui créent tout ce qui existe en ce monde.

200 ans plus tôt, certains menèrent des expériences sur ce lieu 'hors de ce monde'.

Einzbern, Makiri, Tohsaka. Ce sont les 3 familles du commencement, qui créèrent une reproduction du 'Saint Graal', sujet de maintes légendes. Espérant que l'invocation du Graal réaliserait tous leurs voeux, les trois familles échangèrent les secrets de leur art pour finalement obtenir la manifestation de l'artefact omnipotent.

... Cependant, ce Graal ne pouvait remplir le souhait que d'une personne. À l'instant même où ce fait fut connu, les liens formés par la coopération furent noyés dans le sang des conflits.


C'est le début de la 'Guerre du Saint Graal', 'Heaven's feel'.

À partir de cet instant, tous les 60 ans, le Graal est invoqué, loin vers l'Est, sur les terres de 'Fuyuki'.

Alors, le Graal sélectionne 7 magi jugés digne de prendre possession de l'artefact et divise entre eux une quantité phénoménale de Prana, ou force de vie, rendant ainsi possible l'invocation d'esprits héroïques, appelés 'Servants'. À l'issue d'un combat à mort, le survivant est désigné comme étant le plus apte à recevoir le Graal.

- Et c'est ce que Kotomine Kirei était en train d'apprendre.

"La marque qui est apparue sur ton bras droit est appelée les 'Sceaux de Commande'. C'est la preuve que tu as été choisi par le Graal, ainsi que la marque sacrée qui te donne le droit de contrôler un Servant."

L'homme qui expliquait ceci de sa voix entraînante s'appelait Tohsaka Tokiomi.

Dans l'enceinte d'une élégante villa bâtie au sommet d'une petite colline, dans le très recommandable quartier au Sud de Turin, en Italie, trois hommes étaient installés dans des fauteuils. Kirei, Tokiomi, et le prêtre qui les avait présentés et dirigeait la conversation, Kotomine Risei... le père de Kirei.

Pour l'ami d'un prêtre qui atteindrait bientôt 80 ans, Tohsaka passait pour un Japonais excentrique. Il semblait être de l'âge de Kirei et donnait l'image d'un expert. D'une vieille et honorable lignée, même pour les standards Japonais, cette villa était sa résidence secondaire, ainsi qu'il n'avait pas manqué de le faire remarquer. Mais le plus intéressant restait qu'il se définissait lui-même comme un 'magus'.

Être un magus n'est pas aussi étrange qu'on pourrait le croire. Kirei était, comme son père, un homme d'église, néanmoins, leur devoir différait notablement de ce que la majorité des gens attendent d'un prêtre.

La 'Sainte Église' à laquelle les personnes comme Kirei appartenaient, avait une obligation qui dépassait le domaine des miracles et autres mystères divins. Elle devait mener l'extermination des manifestations d'hérésie et la faire tomber dans l'oubli. Cela impliquait aussi de superviser un blasphème comme un rituel magique.

Les magi ne traitent qu'avec d'autres magi et se sont organisés, pour leur survie, en un groupe nommé 'L'Association', qui représentait une menace en tant que rival de l'Eglise. À l'heure actuelle, les deux organisations s'étaient entendues pour préserver une certaine tranquillité ; mais même ainsi, le cas d'un prêtre rencontrant un magus pour une petite discussion était proprement impensable.

Bien qu'à la décharge du père, Risei, les Tohsaka étaient une famille avec laquelle l'Eglise avait déjà de vieilles relations, malgré leur statut de magus.

C'était la nuit dernière que Kirei avait découvert l'émergence des trois marques. Il avait alors consulté son père, et Risei l'avait immédiatement emmené à Turin, au matin, pour rencontrer le jeune magus.

À partir de là, après une rapide présentation, Tokiomi avait donné à Kirei les informations concernant la Guerre, 'Heaven's Feel'. La signification derrière les marques sur la main de Kirei... c'était le privilège d'avoir l'occasion de voir son souhait s'accomplir au dénouement de la quatrième recréation du Graal qui aurait lieu 3 ans plus tard..

Ce n'était pas qu'il refusait le combat. Le devoir de Kirei au sein de l'Église était basiquement l'effacement de l'hérésie, faisant de lui un combattant parfaitement expérimenté. On pouvait donc dire que son travail consistait déjà à mettre sa vie en jeu face à un magus. Ainsi, le problème résidait dans la contradiction qui demandait à Kirei, un membre du clergé, de participer en tant que 'magus' à la Guerre qui était un conflit entre magi.

"Heaven's Feel se trouve être une bataille utilisant les Servants comme des familiers. Autrement dit, la magie permettant l'invocation est requise ... Les sept personnes sélectionnées en tant que Maîtres pour les Servants doivent donc être des magi. Ce doit être exceptionnel pour quelqu'un comme vous, qui ne vit pas de magie, d'être reconnu par le Graal à un stade aussi précoce."

"Est-ce que le Graal a des préférences pour les personnes qu'il sélectionne ?"

Tokiomi acquiesça aux paroles d'un Kirei encore indécis.

"J'ai mentionné les '3 familles du commencement' - Ainsi seront favorisés les magi appartenant aux Makiri, qui sont désormais appelés Matou, aux Einzbern et aux Tohsaka. En d'autres termes..."

Tokiomi leva la main pour révéler les trois marques.

"En tant qu'actuel chef de la famille Tohsaka, je participerai à la prochaine bataille."

Alors cet homme comptait affronter Kirei après l'avoir si bien guidé ? Bien que Kirei ne comprit pas où il voulait en venir, il continua avec ses innombrables questions.

"Je me pose des questions a propos des Servants dont vous avez parlé tout à l'heure. Des héros invoqués en tant que familiers..."

"C'est un peu dur à croire, mais c'est un fait. Cela pourrait être la plus grande merveille de cette Guerre."

Les légendes de grands hommes, des êtres surhumains ayant laissé leur marque dans l'Histoire et dans de nombreux folklores. Ce sont ceux qui ont obtenu une place permanente dans la mémoire des hommes, qui, après leur mort, ont été élevés au-dessus de leur condition d'être humains, supérieurs même dans le royaume spirituel ; ce sont les esprits héroïques. Ils possèdent un statut complètement différent des esprits vengeurs ou malveillant qu'invoquent habituellement les magi en tant que familiers. Plus simplement, ce sont des entités avec le statut de dieux. Ainsi, bien qu'une partie de leur pouvoir puisse être empruntée, il est impensable qu'ils puissent être employés comme familiers dans notre monde actuel.

"Si vous considérez que rendre cette impossibilité possible est le pouvoir du Saint Graal, alors vous comprenez combien il est précieux. Finalement, même l'invocation du Servant n'est qu'un fragment du pouvoir du Graal."

Comme si lui-même ne croyait pas en ce qu'il disait, Tohsaka Tokiomi soupira profondement et remua la tête.

"Les esprits héroïques invoqués peuvent provenir de l'ancien âge des dieux jusqu'à au mieux un siècle de nous. Sept esprit héroïques suivent sept Maîtres, chacun protégeant son propre Maître et exterminant les autres. Des héros de n'importe quelle ère et pays sont invoqués dans notre présent et se battent jusqu'à la mort pour leur suprématie. C'est ce en quoi consiste la Guerre du Saint Graal de Fuyuki, Heaven's Feel."

"... Une telle monstruosité ? Dans un lieu ou vivent des milliers de gens ?"

Tous les magi suivent la règle de la dissimulation. C'est le seul moyen de survivre dans une ère ou l'on croit que la science est la seule et unique vérité. En prenant l'existence de l'Église en prime, révéler leur existence est définitivement impossible.

Mais avec les esprits héroïques, il faut cacher un pouvoir capable de provoquer un désastre sans précédent. Utiliser sept Servants dans un conflit entre simples mortels et les faire s'affronter... Cela revient pratiquement au même que d'ordonner un génocide dans le cadre d'une guerre.

"Bien sûr, il est nécessaire que la confrontation se fasse en secret. Nous avons donc besoin d'une supervision sans défaut pour en être assuré."

Silencieux jusque-là, le père de Kirei, le prêtre Risei, s'avanca et prit la parole.

"Heaven's Feel prend place tous les 60 ans, et ce sera bientôt la quatrième fois. L'urbanisation du Japon avait déjà commencée quand la seconde guerre eut lieu. Même dans les lieux les plus reculés, nous ne pouvons ignorer les témoins de la propagation de tels dommages. Aussi, depuis le troisième Heaven's Feel, un accord a été conclu stipulant que l'Église dépêcherait un superviseur. Pour réduire les dégâts de la Guerre au minimum, nous devons cacher son existence, et forcer les magi à garder le conflit secret.

"Alors l'Église sert d'arbitre dans un combat entre magi ?"

"Justement parce que c'est un combat entre magi. Au sein de l'Association, personne ne ferait un arbitre adapté a cause des implications politiques. Il n'y avait donc pas d'autres moyens que de recourir à une autorité extérieure telle que l'Église.

De plus, il n'était de toute facon pas question de laisser le nom du Saint Graal être utilisé à la légère. Nous ne pouvons d'ailleurs pas repousser l'hypothèse selon laquelle ce serait réellement la coupe qui a recueilli le sang du fils de Dieu."

Kirei comme Risei appartenait au groupe appelé l'Assemblée du Huitième Sacrement. Le travail de cette assemblée est de récupérer les saintes reliques. Le trésor appelé Saint Graal apparaît dans de multiples contes et légendes, et son apparition dans les textes sacrés est particulièrement étendue.

"Sous de telles conditions, la dernière fois, dans le chaos de la Guerre, le troisième Heaven's feel, fut tenu un conseil et je fus alors investi d'une importante tâche. Pour la prochaine bataille, je me rendrais a Fuyuki pour superviser votre combat."

Kirei ne put que hocher la tête aux dires de son père.

"Attends un peu. Le représentant de l'Église n'est-il pas censé être impartial ? Cela risque de poser problème si un membre de sa famille participe..."

"Allons, allons. Tu penses donc qu'il y a un défaut dans le règlement ?"

Le sourire inhabituel qu'affichait l'inflexible prêtre impliquait quelque chose que Kirei ne devinait pas.

"Kotomine-san, vous ne devriez pas taquiner votre fils. Nous devrions rentrer dans le vif du sujet."

Tohsaka Tokiomi pressa le prêtre à dévoiler où il voulait en venir.

"Hm, bien. Tout ce dont nous avons parlé jusqu'à présent ne concerne que les 'aspects extérieurs' de la Guerre du Graal. Il y a une autre raison pour ta présence chez M. Tohsaka aujourd'hui."

"... Qui est?"

"À dire vrai, nous avons depuis longtemps la preuve que le Graal de Fuyuki n'est pas la sainte relique du 'Fils de Dieu'. Finalement, la bataille du Heaven's Feel est simplement un combat pour une pâle imitation de l'artefact omnipotent ouvrant le chemin vers une utopie. Ce n'est en aucune facon en relation avec notre Église."

Evidemment. Sinon l'Église ne se serait pas contentée du simple rôle de spectateur silencieux. Si le Graal s'était révélé être une 'Sainte Relique', alors l'Église aurait immédiatement rompu le cessez-le-feu pour l'arracher des mains des magi.

"Si le calice n'est qu'un moyen d'atteindre les Chroniques d'Akasha, ca ne concerne aucunement l'Église. Apres tout, le but des magi de découvrir Akasha, l'origine, n'entre pas nécessairement en conflit avec notre doctrine. Seulement, pour pouvoir le laisser tranquille, nous devons nous assurer que le Graal revienne à une personne appropriée. Si un indésirable venait à en prendre possession, nous ignorons quel genre de désastre cela pourrait provoquer."

"Et si nous le détruisions en tant que symbole d'une hérésie ? "

"C'est toujours compliqué. Les magi qui se battent pour le Graal ont une ténacité peu commune. Si nous devions les faire passer devant le tribunal, un conflit avec l'Association serait inévitable. Et cela créerait beaucoup trop de victimes.

Ainsi, le meilleur choix serait de trouver un moyen de le confier à une personne 'adaptée'."

"... Je vois."

Kirei commencait à comprendre le véritable but de cette entrevue. Vu que son père trempait avec Tohsaka Tokiomi, un magus...

"Suite à l'oppression qu'ils ont subie à cause des croyances de leur terre natale, les Tohsaka ont décidé de suivre les même préceptes que nous. Connaissant le caractère de Tokiomi-kun, il est lui-même tout à fait qualifié pour être l'utilisateur du Graal."

Tohsaka Tokiomi hocha la tête et reprit la parole.

"Atteindre 'Akasha'. il n'y a pas de plus grand but pour la famille Tohsaka que celui-là. Mais malheureusement, les Einzbern et les Matou, qui partageaient cet idéal autrefois, se sont égarés en accordant leur attention à des préoccupations plus matérielles et ont maintenant complètement perdu de vue leur but initial. Je ne mentionnerai même pas le fait qu'ils aient invité quatre Maîtres venant de l'extérieur de nos familles. Ils veulent le Graal pour assouvir leurs méprisables désirs et rien de plus."

Cela signifierait que l'Église ne pourrait accepter personne d'autre que Tohsaka Tokiomi en tant que possesseur du Graal. Et Kirei comprit une chose de plus à propos de cette rencontre.

"Donc vous voudriez me voir participer dans la prochaine Guerre du Graal pour laisser M. Tohsaka gagner ?"

"C'est ca."

Finalement, Tohsaka Tokiomi laissa échapper son premier sourire.

"Nous joindrons officieusement nos forces contre les cinq autres Maîtres pour les abattre. Une facon comme une autre d'augmenter les chances de victoire."

Aux mots de Tokiomi, Risei répondit par un imperceptible hochement de tête. Ainsi, la neutralité de l'Eglise en tant qu'arbitre tournait déjà à la farce. Cet Heaven's Feel risquait d'être intéressant au vu des attentes de l'Eglise.

Pour autant que ça le concernait, Kirei n'y voyait ni bien ni mal. Si les intentions de l'Eglise étaient claires, alors il n'avait qu'à remplir la tâche qui lui était assignée en tant que serviteur dévoué.

"Kirei-kun, tu vas être transféré de l'Église à l'Association, et tu deviendras mon apprenti."

Sans répit et avec un ton égal, Tohsaka Tokiomi poursuivit son exposé.

"Un transfert ?"

"L'échange a déjà été enregistré, Kirei"

À ces mots, Risei sortit une lettre. Elle était marquée des signatures de l'Église et de l'Association, et elle était adressée à Kotomine Kirei. Kirei était plus qu'impressionné par le travail derrière cette lettre : la situation n'exigeait son existence que depuis la veille. Elle avait dû être produite immédiatement.

Kirei ne voyait pas dans quel but ils avaient agi aussi secrètement, de même qu'il ne voyait pas de raisons de prendre offense de cette discussion. Car Kirei n'avait pas de buts de toute façon.

"Le principal sera de ne rien te faire faire d'autre que t'entraîner à la magie. Le prochain Heaven's Feel est dans 3 ans.D'ici là, tu dois être capable d'avoir un Servant qui t'obéit et devenir un magus qui participera à la bataille en tant que Maître."

"Mais... est-ce que ce sera bon ? Si j'étudie ouvertement sous votre tutelle, ne va-t-on pas comprendre que nous travaillons ensemble ? "

Tokiomi sourit froidement et remua la tête.

"Tu ne connais pas les magi. Si leurs intérêts diffèrent, il n'est pas rare de voir un maître et son élève s'affronter dans un duel à mort dans notre monde ."

"Oh, je vois."

Bien que Kirei ne prétendait pas comprendre les magi, il avait une bonne image de ce qu'il étaient capables de faire. Il avait eu de nombreuses occasions de se frotter à la magie "hérétique" en tant qu'exécuteur. Le nombre de personnes qu'il avait abattues de ses propres mains n'étaient pas de l'ordre de la dizaine, ni même de la vingtaine.

"As-tu d'autres questions ?"

Même si Tokiomi demandait à mettre un terme à la conversation, Kirei posa la question qu'il se posait depuis le début.

"Juste un ? Le Graal qui sélectionne les Maîtres, quel peut bien être son but ?"

Manifestement, ce n'était pas une question que Tokiomi attendait. Les sourcils du magus se rejoignirent un instant, puis il donna une réponse légère.

"La volonté du Graal... Il préférera bien sûr choisir des Maîtres qui ont sincèrement besoin de lui.

Comme je le disais tantôt, nous, les Tohsaka, sommes au sommet de cette liste en tant qu'une des trois familles originales."

"Donc tous les Maîtres ont une raison de vouloir le Graal ? "

"Ce n'est pas tout à fait vrai. Le Graal a besoin de 7 personnes. S'il n'en existe pas suffisamment, des personnes banales peuvent être choisies pour porter les Sceaux de Commande. Le cas peut déjà s'être présenté dans le passé, mais... Ooh. Je vois."

Tandis qu'il parlait, Tokiomi sembla réaliser ce dont Kirei doutait.

"Kirei-kun, Tu penses que tu n'aurais pas dû être sélectionné n'est-ce pas ?"

Kirei acquiesça. Peu importe les conditions, il n'y avait aucune raison pour une machine qui exauce les voeux de le remarquer.

"Hm, c'est en effet étrange. La seule chose qui te relierait au Graal serait ton père, qui a été choisi comme superviseur, mais... Non. On peut penser que c'est la véritable raison."

"... Ce qui signifie ?"

"Le Graal peut déjà avoir anticipé que l'Église supporterait la famille Tohsaka. Ainsi, un exécuteur de cette dernière qui obtiendrait des Sceaux de Commande serait un support pour les Tohsaka."

Après avoir dit ça, Tokiomi, satisfait, ajouta pour mettre un terme à la conversation :

"En d'autres termes, le Graal me procure, à moi, un Tohsaka, deux parts de Sceaux en te choisissant comme Maître.

... Alors ? Cette explication te convient-elle ? "

Il donna sa conclusion avec un ton confiant.

"..."

Cette arrogance convenait bien à l'homme appelé Tohsaka Tokiomi. Il possédait un genre de dignité proche du sarcasme.

En tant que magus, c'était sûrement un homme d'excellence. Et il avait la confiance en soi qui vient avec une telle capacité. C'est pourquoi il ne pouvait pas douter de son propre jugement.

Et ça signifait que l'on ne pouvait désormais plus rien tirer de lui, en conlut Kirei.

"Quand partons-nous pour le Japon ?"

Cachant sa déception, Kirei changea de sujet.

"Je vais d'abord me rendre en Grande-Bretagne pour un temps. J'ai des choses à régler à la Tour de l'Horloge.

Tu te rendras donc au Japon avant moi. Je préviendrai ma famille."

"Très bien."

"Kirei, rentre en premier. Je dois discuter de quelque chose avec M. Tohsaka."

Hochant la tête aux paroles de son père, Kirei se leva et, après s'être incliné silencieusement, sortit de la pièce.

                       X                                       X

Seuls dans la salle, Tohsaka Tokiomi et le Père Risei regardèrent Kirei s'en aller.

"C'est un fils digne de confiance que vous avez là, Kotomine-san."

"Ses compétences en tant qu'exécuteur sont garanties. Personne n'est plus assidu que lui durant l'entraînement. Je suis celui dont vous devriez vous inquiéter."

"Ho... est-ce là l'exemplaire attitude d'un défenseur de la Foi ?"

"Cela me coûte de le dire, mais Kirei est la seule chose dont le vieil homme sénile devant vous peut être fier."

Le vieux prêtre était connu pour sa rigueur, mais, à l'aise en compagnie de Tokiomi, il sourit. Alors que ses yeux se tournaient vers son unique fils, sa confiance et son amour rayonnèrent clairement.

"Alors que je n'avais pas encore de fils à 50 ans passés, j'avais abandonné l'idée d'un héritier. Mais maintenant, je suis impressionné par la distance qu'il a parcouru."

"Pourtant, il a accepté plus facilement que je le pensais."

"Mon fils se jetterait dans le feu si c'était la volonté de l'Église. C'est là l'étendue de sa foi."

Bien que Tokiomi ne comptait pas remettre en question les paroles du vieux prêtre, l'impression qu'il avait eu de son fils n'était pas tant celle d'une 'foi passionée'. L'attitude de l'homme nommé Kirei lui avait paru plutôt auto-destructrice.

"Pour être honnête, c'était assez décevant. Peu importe comment je le considérais, il donnait l'impression d'être impliqué dans quelque chose qui ne le concernait pas."

"Non... Cela pourrait vraiment représenter le salut pour lui."

Risei grommela sombrement quelques mots ambigus.

"C'est sa vie privée, mais sa femme est morte il y a quelques jours. Ils n'étaient même pas mariés depuis deux ans."

"Oh..."

Tokiomi était sans voix face à ces circonstances inattendues.

"Bien qu'il ne le montre pas, il semble que ça l'ait affecté plutôt profondément... Il a trop de souvenirs en Italie. Peut-être que retourner dans sa terre natale pour une nouvelle mission lui permettra de panser ses blessures."

Risei soupira tandis que Tokiomi continuait à le fixer des yeux.

"Tokiomi-kun, n'est-il pas vrai que la véritable valeur d'un homme fait surface lorsque les temps sont les plus durs ?"

Tokiomi s'inclina profondément aux mots du vieux prêtre.

"Je vous suis redevable. Ma dette envers l'Église et les différentes générations de la famille Kotomine sera gravée dans les registres de ma famille."

"Pas du tout. Je remplis simplement mon serment envers les futures générations de Tohsaka. Le reste ne sera que prière à Dieu pour votre protection jusqu'à ce que votre voyage vous mène à la 'Racine'."

"Oui. Les regrets de mon grand-père, le voeu le plus cher des Tohsaka, c'est ce à quoi toute ma vie a été dédiée."

Dissimulant à quel point sa confiance avait été ébranlée par le poids de ses responsabilités, Tokiomi hocha résolument la tête.

"Cette année, j'atteindrai le Graal. Je ferai tout pour qu'il en soit ainsi."

Le Père Risei bénit la mémoire de son ami décédé.

'Mon ami... vous avez vous aussi un bon héritier.'

                       X                                       X

Avec le vent de la Mer Méditerranée soufflant dans ses cheveux, Kotomine Kirei descendit la colline où la villa se dressait, seul et silencieux sur l'étroit et venteux sentier.

Finalement, Kirei mit en ordre les différentes impressions qu'il avait reçues de Tohsaka Tokiomi qu'il venait juste de rencontrer.

Il avait sûrement mené une vie difficile. Comme si la fierté était directement convertie à partir des difficultés qu'il avait rencontré, il était un homme doté d'une noblesse dont il pouvait justement s'enorgueillir.

Il comprenait plutôt bien ce genre de personnalité. Son propre père était du même type que Tohsaka Tokiomi.

Des hommes ayant découvert le but de leur naissance, le sens derrière leur existence, et qui l'ont poursuivi, sans jamais en douter. Ils ne vacillaient jamais, ne doutaient jamais.

S'étant forgé une volonté d'acier en poursuivant un objectif clair, menés simplement par la poursuite de l'achèvement de 'quelque chose' ayant été identifié comme le but but de toute leur vie.

Cette 'conviction' pouvait être, comme dans le cas de son père, la Foi ; ou bien, dans le cas de Tohsaka, peut-être était-ce la confiance de quelqu'un ayant reçu un privilège hors d'atteinte du commun des mortels, ainsi que la conscience d'une lourde responsabilité à endurer. Il était l'un des rares 'vrais nobles' restants de nos jours.

L'existence de Tohsaka Tokiomi aurait sûrement de lourdes conséquences sur Kirei... Mais même ainsi, il restait d'un type incompatible avec celui de Kirei. C'était comme dire que Kirei ressemblait à son père.

Ceux qui ne voyaient que leur idéal ne pouvaient pas comprendre la douleur de ceux incapables d'en posséder un. Les gens comme Tokiomi avaient un 'but à atteindre' à la base de leur conviction, mais c'était une considération complètement absente de l'esprit de Kotomine Kirei. Pas une fois, durant plus de 20 ans, il n'avait ressenti une telle sensation.

Il ne pouvait pas reconnaître même le plus noble des idéal, trouver sa place dans aucune quête ou bien se passionner pour quelque loisir que ce soit. Un tel homme ne pouvait tout simplement pas posséder un tel but.

Il ne pouvait même pas comprendre à quel point il était à l'écart de notre concept de valeur. kirei ne pouvait pas se représenter une passion pour laquelle il s'adonnerait corps et âme.

Il continuait pourtant à croire qu'il existait un Dieu et qu'il ne possédait pas la maturité nécessaire pour le percevoir.

Il vivait en croyant que, un jour, la parole sacrée de Dieu le mènerait à la vérité suprême et le sauverait. Il souhaitait la véracité de cette idée, s'accrochait à cet espoir.

Mais dans les profondeurs de son esprit, il savait déjà. Il savait que le salut ne viendrait pas de l'amour de Dieu pour un homme tel que lui.

Ressentir un tel désespoir l'avait conduit au masochisme. Sous le prétexte de pénitence pour son édification morale, il se blessait continuellement. Mais ces tortures avaient modelé son corps comme de l'acier, et avant qu'il ne le réalise, il s'était hissé au sommet de l'élite de l'Église, en tant qu' 'Exécuteur', où personne n'avait pu le suivre.

Tout le monde le louait pour ça. Le self-contrôle et la dévotion de Kotomine Kirei avaient été pris en exemple par le clergé. Son père Risei ne faisait pas exception.

Kirei comprenait parfaitement pourquoi Kotomine Risei avait une telle confiance et une telle admiration pour son fils, mais c'était une erreur monumentale ; car en réalité, son coeur était rempli de honte. Toute une vie ne serait sûrement pas suffisante pour s'amender de ce malentendu.

Jusqu'à ce jour, personne n'avait compris à quel point il manquait quelque chose à Kirei.

Oui, même la seule femme qu'il lui était venu d'aimer.

"..."

Sentant un vertige, Kirei ralentit le pas et mit la main sur son front.

Quand il essayait de se rappeler la femme qu'il avait perdu, ses pensées échouaient dans un brouillard. Une sensation de vide devant lui. Un instinct de survie lui interdisant de faire ne serait-ce qu'un pas en avant.

Quand il reprit ses esprits, Kirei se rendit compte qu'il était arrivé au bas de la colline. Il s'arrêta et regarda la lointaine villa à son sommet.

Finalement, il n'était pas arrivé à une conclusion satisfaisante de son entrevue avec Tohsaka Tokiomi... C'était le problème qui avait le plus d'importance pour Kirei.

Pourquoi un pouvoir aussi miraculeux que le 'Graal' avait-il choisi Kotomine Kirei ?

L'explication de Tokiomi était désespérée. Si le Graal voulait que Tokiomi ait un support, alors il devait y avoir nombre de personnes capables qui accepteraient de s'allier avec lui ; pas Kirei.

Il devait y avoir une raison pour sa sélection dans la prochaine apparition du Graal.

Alors... Plus il y pensait, plus Kirei trouvait le problème inquiétant.

Il n'avait pas de but à atteindre. Pas plus que d'idéal à accomplir. Peu importe comment vous envisagiez la situation, il n'avait aucune raison d'être l'utilisateur d'un miracle tel qu'une 'machine à voeux omnipotente'.

Kirei regarda sombrement les trois symboles qui étaient apparus sur sa main droite.

Ils disaient que les Sceaux de Commande étaient des symboles sacrés ?

Trouverait-il une tâche à accomplir dans les trois ans à venir ?


1 an plus tôt

Il reconnut immédiatement la femme qu'il cherchait.

Durant l'après-midi, on pouvait voit voir des enfants jouant sur la pelouse, baignés par la claire lumière de ce début d'automne et gardés par leurs parents, souriants. La place autour de la fontaine du parc était remplie des habitants y ayant amené leur famille pour un moment de détente.

Même dans une telle foule, il n'avait pas perdu sa trace.

Peu importe le nombre de personnes, peu importe la distance, il était certain de pouvoir la trouver sans efforts. Même s'il ignorait s'il pouvait la voir une fois par mois ou si elle avait déjà un partenaire.

Elle ne le remarqua seulement que quand il s'avança devant elle.

"—Hé, ça faisait longtemps."

"Oh— Kariya-kun."

Avec un sourire courtois, elle leva les yeux du livre qu'elle lisait.

Exténuée- En la voyant dans cet état, Kariya se sentit pris d'une inévitable angoisse. Quelque chose semblait la tourmenter.

Il voulut immédiatement lui demander la cause de son tourment, se lancer à corps perdu dans la résolution de ce "quelque chose" - mais même si son désir était aussi ardent, il ne put lui en faire part. Il n'était pas assez proche d'elle pour se dévouer à ce point à son bonheur, ce n'était pas son rôle.

"3 mois. Le voyage a été plutôt long cette fois."

"Ah... Eh, oui."

Dans ses rêves, elle sourit. Mais maintenant qu'il est en face d'elle, il n'a pas le courage de lui faire face. Il en a été ainsi pour ces 8 dernières années, et il en sera toujours ainsi. Kariya ne sera probablement jamais capable d'affronter ce sourire.

Comme elle le rend nerveux, il ne sait jamais de quoi parler parler après l'avoir saluée, et un silence s'installe. Cela aussi arrive systématiquement.

Pour briser ce silence gênant, Kariya cherche celle à qui il peut parler sans problèmes.

— Là-bas. Jouant au milieu des autres enfants sur l'herbe, les couettes dansant dans les airs. Bien qu'encore très jeune, la jeune fille montrait déjà des signes de la beauté qu'elle avait héritée de sa mère.

"Rin-chan."

Kariya l'appela et lui fit signe de la main. A peine l'eut-elle aperçu qu'elle courut à sa rencontre avec un large sourire.

"Bon retour, oncle Kariya ! Tu m'as amené un autre cadeau ?"

"Dis donc, Rin, surveille tes manières..."

L'enfant fit mine de ne pas entendre la voix de sa mère embarrassée. Ses yeux brillaient d'excitation, et Kariya, avec le même sourire aux lèvres, sortit l'un des deux cadeaux qu'il cachait derrière son dos.

"Waah, comme c'est beau..."

La délicate broche faite de multiples perles de verre captura le coeur de la jeune fille au premier regard. Même si cela semblait faire un peu trop pour une enfant de cet âge, Kariya savait que Rin avait un sens du goût particulièrement développé.

"Mon oncle, comme toujours, merci. J'en prendrais bien soin."

"Ha ha, si tu l'aimes, j'en suis heureux."

Caressant gentiment la tête de Rin, chercha du regard le destinataire de son second présent.

Etrangement, elle n'était nulle part.

"Dis-moi, où est Sakura-chan?"

A la question de Kariya, le sourire de Rin s'effaça.

Son visage ne montrait aucune émotion, comme celle d'un enfant obligé d'accepter sans raison la réalité.

"Sakura est... déjà partie."

Avec un regard vide, Rin donna sa réponse d'une voix monotone et, comme pour éviter la question, courut retrouver les enfants avec qui elle jouait précédemment.

"..."

Intrigué par les paroles étranges de Rin, Kariya porta un regard interrogateur à sa mère. Elle détourna les yeux, le visage lugubre.

"Qu'est-ce que ça signifie ... ?"

"Sakura n'est plus ni ma fille, ni la soeur de Rin"

Son ton était sec, mais plus courageux que celui de sa fille.

"Cette enfant appartient à la famille Matou."

Matou

Entendre ce nom, familier et terrible, déchira le coeur de Kariya.

"Ca ne peut... Qu'est-ce que ça signifie, Aoi-san!?"

"Tu ne devrais pas avoir à demander, non ? Surtout pas toi, Kariya-kun."

Détruisant un peu plus le coeur de Kariya, la mère de Rin - Tohsaka Aoi - répondit froidement, sans le regarder, comme indifférente.

"Toi plus que tout autre devrait savoir pourquoi les Matou ont besoin d'un enfant avec une ascendance de sorcier pour les succéder, n'est-ce pas ? "

"Comment as-tu pu accepter ça ?"

"C'est ce qu'il a décidé. C'est la décision du chef de la famille Tohsaka, accédant à la requête de nos anciens alliés, les Matou... mon opinion n'intéresse personne."

Pour cette raison, mère et fille, grande soeur et petite furent séparées.

Bien sûr qu'elle ne voulait pas. Mais Aoi et même la jeune Rin savaient qu'elles ne pouvaient rien faire sinon l'accepter. Et ceci parce que c'était ce que signifiait une vie en tant que magus. Kariya le savait trop bien.

"... Et ça te suffit ?"

Aoi répliqua avec un faible et amer sourire à la voix dure de Kariya.

"Quand j'ai décidé de me marier dans la famille Tohsaka, quand j'ai décidé de devenir la femme d'un magus, je m'étais préparée à quelque chose de ce genre. Quand on pénètre dans une famille de magiciens, c'est une erreur de rechercher le bonheur simple d'une famille."

Faisant face à Kariya qui s'apprêtait à reprendre la parole, la femme de magus l'arrêta doucement mais fermement.

"C'est une histoire entre les Tohsaka et les Matou. Rien qui ne concerne quelqu'un qui a tourné le dos au monde des magi."

Elle s'arrêta avec un léger hochement.

Après ça, Kariya ne pouvait plus bouger. Il s'était comme transformé en un des arbres du parc, étouffant sous sa faiblesse et son impuissance.

Depuis bien longtemps, quand elle était enfant, quand elle devint une épouse et même quand elle eût 2 enfants, l'attitude d'Aoi envers Karita n'avait jamais changé. De trois ans son aînée, en tant qu'amie d'enfance, elle avait toujours pris soin de Kariya, gentiment, sans réserve, comme une soeur pour son frère.

C'était la première fois qu'elle lui faisait clairement ressentir leur position respectives.

"Si tu vois jamais Sakura, traite-la bien, je te prie. Elle t'a toujours adoré, Kariya-kun."

Avec Aoi la regardant, Rin jouait joyeusement, de toutes ses forces, comme pour chasser son chagrin.

Considérant le comportement de Rin comme la réponse adaptée, elle poussa un Karita muet de côté et lui montra le profil d'une mère paisible en vacances.

Mais même ainsi, elles n'échappèrent pas à Kariya. Il n'y avait aucune chance pour qu'il les rate.

La ferme et sereine Tohsaka Aoi qui avait accepté son sort.

Et qui ne pouvaient complètement empêcher les larmes de perler.

                      X                                       X

Kariya passa rapidement à travers les scènes de son enfance qu'il ne pensait jamais revoir.

A chaque fois qu'il revenait dans la cité de Fuyuki, il ne traversait jamais le pont menant à Miyama.

Cela devait faire 10 ans. Contrairement au quartier Shinto où tout le monde s'affairait quotidiennement, rien n'avait changé dans ce voisinage où le temps semblait être stoppé.

Des rues silencieuses remplies de souvenirs. Mais pas un de plaisant dont il pourrait se rappeler. Ne prêtant aucune attention à sa nostalgie sans intérêt, Kariya songeait à sa conversation avec Aoi une heure plus tôt.

"... Et ça te suffit ?"

La réplique sans émotion qu'Aoi lui avait lancé, détournant le regard. Il n'avait pas utilisé un ton aussi incisif depuis de nombreuses années.

Ne lève pas les yeux, ne soit pas une gêne... C'est ainsi qu'il avait vécu. Colère, haine, Kariya les avait laissées dans les rues désolées de Miyama. Après avoir abandonnée sa ville natale, Kariya n'avait plus fait d'histoires à propos de quoi que ce soit. Même les plus injustes, les plus horribles choses n'étaient rien comparées à ce qu'il avait haï dans cette ville.

C'est pourquoi - oui. Cela faisait bien 8 ans depuis que sa voix avait véhiculé autant d'émotion.

Cette fois-là, n'était-ce pas avec la même femme que Kariya avait usé du même ton avec exactement les même mots ?

"Et ça te suffit ?" — Il avait posé la même question ce jour. A son amie d'enfance, la nuit avant qu'elle ne reçoive le nom de Tohsaka.

Il n'avait jamais oublié. Son expression ce jour-là.

Elle avait eu un petit hochement de tête, comme si elle était désolée, qu'elle présentait ses excuses, mais tout en rougissant de timidité. Kariya avait abandonné face à ce sourire muet.

"... J'étais préparée... C'est une erreur de rechercher le bonheur simple d'une famille...."

Ces mots étaient un mensonge.

Ce jour, il y a 8 ans, quand elle avait reçue la déclaration du jeune magus, son sourire montrait clairement sa foi dans le bonheur à venir.

Et donc Kariya avait accepté sa défaite parce qu'il avait cru ce sourire.

Peut-être que cet homme qui mariait Aoi était le seul à pouvoir la rendre heureuse.

Mais c'était une erreur.

Plus que quiconque, Kariya aurait dû réaliser que c'était une erreur mortelle.

Parce qu'il s'était déjà rendu compte à quel point la voie de la magie était méprisable. N'avait-il pas refusé son destin et quitté sa famille ?

Pourtant, il avait pu oublier ça.

Même pour lui qui avait tourné le dos à la magie, par peur de son abomination... la personne la plus chère à ses yeux s'était donnée, parmi tous, à celui qui représentait le mieux cette magie.

Ce qui brûle dans la poitrine de Kariya désormais, c'est le regret.

Pas une, mais deux fois, il avait prononcé les mauvaises paroles.

Il n'aurait pas dû demander "Et ça te suffit ?" mais plus avoir affirmer "Tu ne dois pas le faire".

Et 8 ans plus tôt, s'il en avait empêché Aoi, peut-être le futur aurait pu être différent. Si elle ne s'était pas liée à Tohsaka, elle aurait évité le sort maudit des magi et elle aurait pu vivre une vie normale.

Et aujourd'hui, s'il avait réagi différemment à la décision entre les Tohsaka et les Matou, durant ce début d'après-midi dans le parc, alors peut-être cela l'aurait-elle choquée. Elle aurait pu rejeter l'absurdité venant d'un étranger.

Mais même, elle ne devrait pas avoir à porter ce fardeau elle-même. Elle n'avait pas à retenir ses larmes.

Kariya ne pouvait absolument pas se pardonner ceci. Lui qui avait répété la même erreur. Pour sa punition, il retournait sur les lieux de son passé qu'il avait laissé derrière.

Il y avait, là-bas, un moyen de s'amender. Dans le monde auquel il avait tourné le dos. Ce destin qu'il avait évité de peu.

Mais maintenant, il pouvait l'affronter.

S'il pensait à la seule femme au monde qu'il refusait de voir souffrir ...

Sous un ciel où le crépuscule s'approchait, il s'arrêta devant une luxueuse maison de type occidental.

Après une absence de 10 ans, Matou Kariya se tenait de nouveau devant la porte de chez lui.

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Ayant débuté à la porte d'entrée, la dispute fut rapidement déplacée vers l'intérieur de la résidence Matou où Kariya s'installa sur le canapé du salon.

"Je croyais t'avoir dit de ne jamais te représenter devant moi."

Assis en face de Kariya, le vieil homme rabougri qui avait craché ces mots était Matou Zouken, le chef de la famille.Il était tellement ridé que sa tête, chauve, et ses membres semblaient momifiés, pourtant la lumière présente dans les profondeurs de son regard emplissait son esprit. Son apparence et sa personnalité faisait de lui une personne peu commune et mystérieuse.

A vrai dire, même Kariya ne pouvait clairement définir l'âge du vieil homme. Les registres de famille stipulaient qu'il était le frère du père de Kariya. Mais même au niveau de la génération de son arrière-grand-père, on trouvait des archives faisant référence à Zouken dans l'arbre généalogique. Il n'y avait aucun moyen de savoir combien de générations de la famille Matou il avait dirigé.

Pour tout dire, il était un magus immortel, allongeant et rallongeant son espérance de vie par des moyens peu honorables. Une personne à l'origine de la famille Matou sans réelle relation avec Kariya. C'était un véritable spectre hantant l'ère contemporaine.

"J'ai eu vent de quelque chose d'inexcusable. Il semblerait que les actions de la famille soient en train de la faire sombrer dans une outrageuse disgrâce."

Kariya avait, à de multiples reprises, constaté que le magus en face de lui était puissant et possédait une cruauté inégalée. Il était la personnification de tout ce que Kariya avait haï et méprisé au cours de son existence. Même si cet homme finissait par le tuer, Kariya le haïrait jusqu'à la fin. Avec la confrontation d'il y a 10 ans, il avait affronté cet homme d'acier et avait échappé aux Matou, y gagnant sa liberté.

"J'ai entendu dire que tu avais pris la seconde fille des Tohsaka. Tu tiens donc tellement à préserver le statut de Magi des Matou ?"

Zouken se renfrogna au ton provoquant qu'avait emprunté Kariya.

"Tu veux parler de ça ? Rien d'autre ? Et qui crois-tu est responsable de la déchéance des Matou ?

Le fils que Byakuya a finalement eu s'est révélé être vide de tout circuit magique. Le pureté du sang des Matou arrive à son terme avec cette génération. Mais mieux que ton grand frère Byakuya, tu avais saisi la signification d'un magus. Si tu avais sagement accepté ton héritage et appris les secrets des Matou, nous ne serions pas réduits à de telles extrémités. Toute est de ta ..."

Kariya, avec un reniflement, repoussa l'attitude menaçante du vieil homme qui commençait à s'échauffer.

"Cesse de jouer la comédie, vampire. Pourquoi est-il si important que la lignée des Matou persiste ? Ne me fais pas rire. Tout va bien pour toi, même si aucune nouvelle génération n'est produite. Cette conversation n'a pas lieu d'être puisque tu vivras encore 200, voire 1000 ans, hein ?"

Confirmant les dires de Kariya, les lèvres de Zouken s'étirèrent en un mauvais sourire, démontrant que sa colère précédente n'était qu'un mensonge. C'était le sourire d'un monstre qui ne considérait pas les émotions humaines comme étant de la moindre importance.

"Comme à ton habituel, tu es une personne très peu aimable. Tu parles et agis franchement."

"Quoi que tu y reproches, c'est ainsi que tu m'as formé. Je ne suis pas du genre à tourner autour du pot."

Le vieil homme émit son guttural, comme s'il riait intérieurement.

"C'est vrai. Toi, tu pourrais probablement me survivre dans un futur lointain. Disons que tu as plus de chances que le fils de Byakuya au moins.

Mais cela dit, cela dépend uniquement de combien de temps je pourrais préserver ce corps de la décomposition. Même si un héritier Matou est inutile, un magus Matou est nécessaire. Pour obtenir le Graal."

"... Alors finalement, c'est ça ton but ?"

LA supposition de Kariya se révélait être correcte. Il n'y avait que l'immortalité que ce vieux magus poursuivait si ardemment.

L'omnipotent "Graal" pouvait en effet lui apporter, une fois complété... Ce qui empêchait ce monstre de disparaître après ses siècles d'existence, c'était son espoir de voir ce miracle accompli.

"Les 60 ans du cycle seront écoulées l'an prochain. Mais pour la quatrième Guerre du Saint Graal, le quatrième Heaven's Feel, il n'y aura pas de joueur dans le camp des Matou.

Byakuya ne possède pas le niveau de prana nécessaire à l'invocation d'un Servant. Il n'a même pas de Sceaux de Commande.

Mais même si nous devons déclarer forfait pour cette occurrence, mais il y a une chance pour la prochaine. Il n'y pas de doute qu'un excellent participant peut être formé à partir de la fille des Tohsaka. J'ai placé en elle de grands espoirs en tant que vaisseau."

Le visage de Tohsaka Sakura apparut derrière les paupières de Kariya.

Un bourgeon qui tardait à éclore, toujours derrière sa soeur Rin, une frêle petite fille.

Un enfant bien trop jeune pour supporter le poids du cruel destin d'un magus.

Maîtrisant sa rage, Kariya adopta un calme de façade.

Ici et maintenant, il doit négocier avec Zouken. Il n'a rien à gagner à se laisser emporter par ses émotions.

" Si tel est ton but, si tu veux le Graal, alors il Tohsaka Sakura ne t'es pas obligatoirement nécessaire, si ?"

Les yeux de Zouken s'étrécirent, se méfiant du sens caché des paroles de Kariya.

"Toi... quel astuce as-tu en tête ?"

"Un marché, Matou Zouken. Je porterais le nom des Matou au prochain Heaven's Feel. En échange, tu relâcheras Tohsaka Sakura."

Pris par surprise, mais seulement le temps d'un souffle, Zouken se reprit en ricanant avec mépris.

"Bah, ne soit pas stupide. Une erreur qui n'a jamais rien étudié serait en mesure de faire office de Maître pour un Servant dans un an ?"

"Tu possèdes les capacités pour rendre cela possible, non ? Grâce à l'usage des vers dont tu es si fier, vieil homme."

Kariya coupa dans le vif du sujet, les yeux plantés dans ceux du vieillard, sans ciller.

"Place tes "Vers d'Armes" en moi, dans la chair et le sang même des Matous. La compatibilité devrait être bien meilleure que dans la fille d'une autre maison."

Le visage de Zouken se vida de toute expression, devenant le parfait masque d'un magus à défaut de celui d'un humain.

"Kariya — Tu souhaites mourir ?"

"Ne me dis pas que tu t'inquiètes, 'Tonton' ?"

Zouken sembla réaliser que Kariya était sérieux. Froidement, le magus évalua Kariya du regard et pris une profonde inspiration.

"Je dois dire que j'espère plus de toi que de Byakuya. Après avoir amélioré ton Circuit Magique avec les Vers d'Armes, si nous pouvons nous entraîner intensivement durant toute une année, alors peut-être le Graal te sélectionnera.

... Mais mis à part ça, je n'arrive pas à te comprendre. Pourquoi aller aussi loin pour une gamine ?"

"Laisse la perpétuation des Matou aux seules mains des Matou. Ne vas pas impliquer des étrangers."

"Encore ton remarquable dévouement."

Semblant amusé, Zouken afficha un sourire suffisant, faisant preuve de son esprit malsain.

"Mais, Kariya, si tu voulais éviter d'impliquer quiconque, tu ne crois pas que tu es un peu en retard ?

Sais-tu depuis combien de jours la fille des Tohsaka est entrée dans notre famille ?"

Le désespoir vint écraser la poitrine de Kariya.

"Vieil homme, tu veux dire-"

"Il y a eu de terribles pleurs lors des trois premiers jours, mais à partir du quatrième, elle était silencieuse. Aujourd'hui, elle a été jeté dans la pièce aux vers dès l'aube pour tester combien de temps elle pourrait l'endurer, mais, ho ho, elle y est restée pendu toute une demi-journée et elle respire toujours. Que veux-tu que je te dise ? Le matériau Tohsaka est loin d'être défectueux"

Les épaules de Kariya furent parcourues d'un frisson provoqué par une envie de meurtre plus forte que toute haine.

Il voulut la saisir par le cou, l'étrangler de toutes ses forces, lui briser la nuque, là, maintenant-

—Tels étaient les sentiments qui faisaient rage à l'intérieur de Kariya.

Mais Kariya l'endura. Même s'il se flétrissait au point de presque disparaître, Zouken était un magus. Kariya ne pouvait même pas essayer de le tuer pour le moment. Il n'avait pas une fraction de la puissance nécessaire pour ce faire.

Pour sauver Sakura, il n'avait d'autre choix que de négocier.

Bien conscient du conflit qui avait lieu dans Kariya, Zouken laissa échapper un gloussement satisfait, lugubre.

"Que vas-tu faire, alors ? L'enfant est déjà détruite, remplie de vers de la tête aux pieds.

Mais si tu pense toujours vouloir la sauver, je ne vais pas t'en empêcher."

"... Pas d'objections. Faisons-le."

Kariya répondit d'une voix glacée. Bien sûr il n'avait pas d'autre choix.

"Excellent, excellent. Bien, nous pouvons toujours t'entraîner autant que possible. Mais sache que je continuerais l'entraînement de Sakura tant que tu ne montreras pas de résultats satisfaisants."

Le ricanement, l'amusement du vieux magus insultait la rage et le désespoir de Kariya.

"Plutôt que de réinvestir dans un échec qui nous a déjà trahi, le pourcentage de réussite en pariant sur l'enfant est bien plus haut. J'abandonne la bataille pour le Graal cette fois, parce que je la considère comme perdue d'avance.

Mais si dans la chance sur un million où tu arriverais à obtenir le Graal - alors j'accepte. Si cela arrive, évidemment, je n'aurais plus d'utilité pour la fille des Tohsaka. Je mettrais donc un terme aux affaires que je mène avec elle."

"... Tu n'essaies pas de me tromper, Matou Zouken ?"

"Kariya, si tu penses qu'il faut être à ce point retors pour parler avec moi, essaies donc d'abord de supporter les Vers d'Armes.

Essaies d'être leur hôte pour une semaine. Si tu n'a pas succombé à la folie, alors je saurais que tu es en effet sérieux."

S'appuyant sur sa canne, se redressant avec difficulté, Zouken se tourna vers Kariya avec un étrange sourire qui montrait à quel point son âme était corrompue.

"Bien, commençons les préparations sans attendre. Nous allons appliquer le traitement dans l'instant. Si tu veux te rétracer, c'est maintenant."

D'un simple hochement de tête, Kariya rejeta ses derniers doutes.

Une fois que les vers seront en lui, il deviendra la marionnette de Zouken. Il n'y aura aucun moyen pour lui de se rebeller. S'il arrive à se qualifier en tant que magus, Kariya et son sang de Matou recevront forcément les Sceaux de Commande.

Heaven's Feel. La seule chance de salut pour Tohsaka Sakura. Le choix qu'il n'aurait jamais fait pour ce seul individu.

Kariya peut y perdre la vie. Même s'il n'était pas abattu par les autres Maîtres, pour s'accommoder au Vers d'Armes en un temps aussi court qu'une année, sa chair serait consumée par les vers, et son espérance de vie ne dépasserait pas plus de quelques ans.

Mais peu importait.

La décision de Kariya fut trop lente. S'il avait eu la même détermination, 10 ans plus tôt, l'enfant d'Aoi vivrait paisiblement avec sa mère. Le sort qu'il avait refusé avait été transmis, et transmis à une innocente petite fille.

Il n'y avait pas de rédemption possible. S'il y avait une possibilité d'expiation, ce serait de rendre à cette enfant une vie normale.

En plus, s'il devait annihiler les six autres Maîtres pour atteindre le Graal...

Parmi les responsables de la tragédie qu'avait souffert la fille nommée Sakura, il y aurait au moins une personne dont il pourrait jouer le requiem.

"Tohsaka Tokiomi..."

En tant que chef de l'une des 3 familles du commencement, il n'y avait aucun doute qu'il porterait les Sceaux de Commande.

A la différence de sa culpabilité envers Aoi et de sa haine pure envers Zouken, c'était un ressentiment qu'il avait ressassé durant des années.

Un noir sentiment de vengeance avait doucement commencé à brûler dans le coeur de Kariya.




ACTE 1


Partie 1

Act 1

Personne n'avait jamais compris le talent de Waver Velvet.

En tant que magus, il n'était pas né au sein d'une famille renommée, ni n'avait eu la chance de rencontrer un maître compétent. Ce jeune homme avait essentiellement dû faire son apprentissage lui-même et avait finalement eu la bonne fortune de se faire accepter par l'Association, qui contrôlait les magi à travers le monde, et de rentrer dans leur structure d'enseignement à Londres, plus connue en tant que la "Tour de l'Horloge". Waver avait toujours pensé que cela représentait un critère de première qualité. Il y croyait profondément, sans douter, et il était très fier de ses propres dons. Si je prouve être l'élève le plus doué et le plus capable de la Tour depuis sa fondation, tout le monde aura à me respecter. Tout du moins, c'était ainsi que Waver pensait.

En vérité, l'origine magique de la lignée des Velvet ne remontait qu'à trois générations. Comparé aux rejetons des familles de magi bien établies, la concentration de son Sceau et la quantité de ses Circuits Magiques étaient bien pâles. Alors que le temps passait, le nombre de Circuits augmentait et les Sceaux s'amélioraient. Un bon nombre des étudiants de la Tour de l'Horloge venaient de famille possédant au moins six générations de purs magi.

Les merveilles de la thaumaturgie ne peuvent être accomplies en une génération. Les résultats des recherches de toute une vie étaient transmis à la descendance, car c'était le seul moyen pour la thaumaturgie de progresser. Le prana de ceux possédant une plus longue ascendance magique était plus fort, précisément pour cette raison.

En addition, bien que le nombre de Circuits Magiques soit déterminé à la naissance, certaines familles parmi les plus anciennes étaient parvenues à augmenter cette quantité dans leurs héritiers, augmentant d'autant plus le fossé entre eux et les nouvelles familles de magi. En d'autres termes, les atouts dans le monde de la thaumaturgie étaient distribués avant même la naissance... C'était ce qui était communément accepté.

Mais Waver ne le voyait pas de cet oeil.

Les différences dans la généalogie pouvait être rattrapées par une quantité de travail accrue. Même sans Circuits Magiques exceptionnels, on pouvait, par une compréhension profonde et une utilisation appropriée de la thaumaturgie, franchir le gouffre crée à la naissance. Waver y avait toujours profondément cru. Il pensait en être lui-même un excellent exemple, et ainsi, cherchait toujours à démontrer ses capacités.

Malheureusement la réalité est trop cruelle. Ces étudiants, se vantant de leur lignée ancestrale, et ceux qui étaient constamment à leur suite, les abreuvant de flatteries; voilà en quoi consistait le coeur de la Tour de l'Horloge, et ses rouages tournaient pour eux. Même les professeurs ne faisaient pas exception. Plaçant tous leurs espoirs dans les élèves au lignage fameux, alors que pour un "misérable" travailleur comme Waver, ils hésitaient même à le laisser rentrer dans la bibliothèque, et encore plus à lui enseigner la thaumaturgie.

Pourquoi les possibilités de futur d'un magus sont-elles différentes en fonction de son ascendance ?

En quoi la crédibilité d'une théorie est-elle dépendante de l'expérience portée par les ancêtres de son inventeur ?

Personne ne faisait attention aux question de Waver. Les enseignants utilisaient des formules détournées pour tromper Waver quand il présentait ses thèses, agissant ensuite comme s'il avait été convaincu, ou sinon lui riant au nez, l'ignorant.

C'était proprement incroyable. Ses inquiétudes forcèrent Waver à prendre des mesures.

Pour mettre à jour la corruption du système de l'Association, Waver écrit un exposé. Intitulé "Enquête sur l'Aprentissage de la Thaumaturgie Au Siècle Nouveau", c'était le résultat de trois ans de conceptualisation et une année d'écriture. S'attaquant vicieusement aux traditions conservatrices, cet exposé, écrit avec de douloureux efforts, reflétaient clairement et intensément ses pensées, et ce sans aucune faiblesse d'argumentation. Si les Inquisiteurs pouvaient poser leurs yeux dessus, il en résulterait certainement une commotion de grande envergure.

Mais le professeur du département d'Eulyphis le jeta après l'avoir vaguement lu une unique fois.

Son nom était Kayneth El-Melloi Archibald. Il était l'héritier de la famille Archibald, forte de neuf générations de magi, un homme particulièrement populaire que tout le monde appelait Lord El-Melloi. Fiancé à la fille du principal, titulaire d'une chaire à un si jeune âge, il faisait partie de la crème de la crème. Le symbole même de l'autorité que Waver méprisait.

"Une personne avec de telles illusions n'est pas adapté pour faire de la recherche, Waver" énonça-t-il d'un ton condescendant, sans une once de pitié dans la voix. Le regard froid de Kayneth était quelque chose que Waver ne pourrait jamais oublier.

Durant les dix-neuf années de sa vie, Waver n'avait jamais été aussi humilié.

Puisqu'il possède les capacités nécessaire pour être un professeur, il lui était impossible de comprendre en quoi l'exposé de Wacer était exceptionnel. Non, il est jaloux, précisément parce qu'il a compris. Effrayé par le potentiel de Waver, jaloux, il le traitait comme un danger pour son propre poste. C'était sûrement pourquoi il avait fait subir un tel traitement à l'exposé de Waver. Déchirer volontairement un dossier de sagesse concentrée, est-ce là l'attitude qu'un intellectuel devrait adopter ?

Impardonnable. Son talent qui pouvait faire trembler le monde était arbitrairement passé à la trappe par l'autorité. Il n'y avait vraiment pas de justice. Mais personne ne sympathisait avec la frustration de Waver. L'Association - du point de vue de Waver - était véritablement pourrie jusqu'au noyau.

Mais... alors qu'il endurait ces jours d'infinie frustration, Waver entendit une rumeur.

Une rumeur comme quoi le célèbre Lord El-Melloi, pour ajouter un laurier de plus à son palmarès, avait décidé de rejoindre la compétition de thaumaturgie prochaine, dans l'Est.

Waver commença des recherches concernant cet 'Heaven's Feel', et fut fasciné par ses horreurs.

Avec le "Saint Graal" exauçant les voeux, ainsi que le récipient d'une quantité de Prana phénoménale, en jeu, on invoquait des Esprits Héroïques et, en les utilisant comme familiers, un combat à mort était lancé.

Titre, autorité, tout perdait son importance. Seule les compétences importaient.

C'était certes un peu barbare, mais c'était une façon simple et objective de prouver sa supériorité. Pour un génie méconnu, c'était une parfaite opportunité, une scène idéale pour se mettre en avant.

Dame Fortune avait finalement sourit à Waver.

Cela commença avec la négligence du département des Finances. La relique de Macédoine dont le professeur Kayneth avait demandé l'envoi... avait été remis à son élève Waver, parmi d'autres choses usuelles, afin qu'il puisse le faire parvenir à son enseignant, et ouvert malgré l'absence de son destinataire.

Waver réalisa immédiatement qu'il s'agissait d'un catalyseur pour l'invocation d'un Servant dans le Heaven's Feel. Et ainsi, il reçut une occasion unique.

Il n'avait alors plus une once d'amour pour la Tour de l'Horloge corrompue. La gloire d'être diplômé en tant que major n'est rien par rapport au Saint Graal de Fuyuki. Le moment où Waver Velvet sortira vainqueur de cette guerre coïncidera avec le moment où ces insignifiants membres de la Tour e l'Horloge s'aplatiront à ses pieds.

Ce jour-là, Waver quitta l'Angleterre pour la contrée insulaire à l'Est. La Tour de l'Horloge réalisa immédiatement qui avait dérobé le colis de Kayneth, mais ne le pourchassa pas. Personne ne savait que Waver était intéressé par le Heaven's Feel.

Mais c'était quelque chose que Waver ignorait. Tout le monde pensa, pour autant que Waver Velvet était concerné, qu'il avait volé la relique de Kayneth dans un accès de rage. Personne ne pensa qu'il était déjà prêt à risquer volontairement sa vie dans une compétition. A ce niveau, la Tour de l'Horloge avait véritablement sous-estimé Waver.

Dans la ville de l'extrême-orient, au lieu qui décidera de sa destinée - la ville de Fuyuki, Waver est sous sa couette, tentant de réprimer une envie de rire répétée. Non, il est impossible de s'en empêcher. Baigné par la faible lumière filtrant à travers le rideau, il lève la main droite de façon répétée et laisse échapper un pouffement.

Avec la relique entre ses mains, lui-même à Fuyuki et suffisamment qualifié en tant que magus... Comment le Graal pourrait-il ignorer une telle personne ? Et en effet, la forme des trois Sceaux de Commande est clairement apparue sur la main droite de Waver, la nuit dernière, le signe d'un Maître pouvant invoquer un Servant. Même le vacarme provoqué par les coqs à l'aube passa inaperçu.

"Waver, petit-déjeuner."

La voix de la vieille femme qui l'appelle des escaliers sonne différemment ce matin, comme si elle n'était pas si ennuyante.

Afin de convenablement démarrer ce jour mémorable, Waver commença rapidement à se changer.

Bien qu'étant une village retiré dans un pays entouré d'eau, Fuyuki attire un certain nombre de touristes. Et grâce à ça, le physique de Waver, notablement différent de celui d'un Japonais, n'avait pas attiré beaucoup d'attention. Mais même ainsi, Waver resta prudent et jeta un sort sur ce vieux couple vivant sans parents, leur faisant croire qu'il était leur petit-fils, revenu de ses études à l'étranger. Il s'était ainsi forgé une fausse identité lui permettant de vivre confortablement dans cette ville. De plus, il n'avait pas besoin de payer des frais d'hôtel, ce qui faisait d'une pierre, deux coups. Tout se passait parfaitement bien et Waver commençait à admirer de plus en plus ses capacités d'adaptation.

Pour apprécier pleinement ce doux matin, Waver descendit les escaliers jusqu'à la cuisine au rez-de-chaussée en ignorant consciencieusement les caquètements des poules. Comme tous les autres matins, la table décorée de journaux, les informations de la télévision et la nourriture accueillirent le profiteur.

"Bonjour, Waver. As-tu bien dormi ?"

"Oui, grand-père. J'ai profité d'un sommeil profond jusqu'à ce matin."

Waver répondit avec un sourire en étalant une épaisse couche de confiture sur son toast. Ce pain mou qui ne coûtait que cent-quatre-vingts yen par livre n'était pas très plaisant à mâcher. Normalement, c'était loin de le satisfaire aussi se rattrapait-il en mettant plus de confiture qu'à l'ordinaire.

Glen et Martha Mackenzie avaient immigré au Japon en quittant le Canada plus de vingt ans plus tôt. Mais leur fils ne s'était pas adapté au style de vie japonais et était rentré dans leur pays d'origine, y créant une famille. Le petit-fils qui avait été élevé au Japon jusqu'à l'âge de dix ans était aussi rentré. Pas une lettre n'avait été envoyée, sans parler des visites. Dix ans passèrent ainsi - Waver obtenant ces informations par hypnose. C'était le type de famille idéale pour Waver. Grâce à de subtiles remarques, Waver avait transformé la vision du couple de leur petit-fils pour qu'elle corresponde à sa propre image, devenant ainsi leur précieux petit-fils "Waver Mackenzie".

"Mais, Martha, je trouve que les poulets sont très bruyants depuis ce matin. Est-ce que tu sais pourquoi ?"

"On a trois poulets. D'où est-ce qu'ils sortent ... ?"

Inventant une excuse à la hâte, Waver avala rapidement sa bouchée de pain.

"Ah, ça... J'ai un ami qui nous a envoyé ses volailles pour qu'on en prenne soin quelques jours. Il part en voyage et ne sera pas à la maison, donc elles ne sont là que temporairement. Je vais lui rendre ce soir."

"Ah, c'est donc ça."

Il semblerait que cela ne les gênait pas plus que ça, aussi le crurent-ils sans problèmes. La perte d'auditin de ces deux personnes âgées pouvaient être considéré comme bénéfique. Le caquetage incessant des trois oiseaux de basse-cour faillit faire sortir plus d'un voisin de ses gonds, ce jour-là.

Mais le plus énervé était sans conteste Waver. Au moment même où il avait découvert les Sceaux de Commande sur sa main, il avait frénétiquement préparé le sacrifice nécessaire à la cérémonie.

Il n'avait pas pensé que trouver une basse-cour dans les environs serait si difficile. Il en dénicha finalement une petite, mais attraper trois poulets dépensa presque une heure. Il rentra finalement juste alors que le ciel commençait à s'éclaircir, couvert de déjection de volailles et les mains becquetées jusqu'au sang.

A la Tour de l'Horloge, les animaux à utiliser en sacrifice était toujours prêts à l'emploi. Mais ici, comment un magus de génie tel que moi peut-il être en un si piteux état juste pour attraper trois poulets ? En y pensant, Waver avait manqué s'effondrer en larmes de lamentation. Mais fixer les Sceaux de Commande jusqu'à l'aube lui avait rendu sa bonne humeur.

Il avait décidé de tenir la cérémonie ce soir. Ces ennuyeux volatiles pouvait bien vivre jusque là.

Et Waver voulait avoir le plus puissant Servant. La relique cachée dans le placard de la chambre du premier étage... Ce sera le catalyseur pour l'invocation d'un Esprit Héroïque hors norme, Waver était au moins assuré de cela.

La pièce de tissu en lambeaux, à moitié décomposée, venait d'une cape qui avait autrefois était accrochée à l'épaule d'un roi. Le légendaire "Roi des Conquérants" qui détruisit l'empire perse des Achéménides et créa un empire aux dimensions sans précédents qui s'étendait de la Grèce au Nord-Ouest de l'Inde. Cet Esprit Héroïque allait venir à Waver ce soir et le guider vers le glorieux Graal.

"... Grand-père, grand-mère, comme je vais rendre les poulets à mon ami ce soir, je risque de rentrer un peu tard. Ne vous inquiétez pas."

"Très bien. Sois prudent. Fuyuki n'est pas si sûre ces derniers temps."

"Il semblerait que le fameux tueur en série ait réapparu. Ce monde est vraiment trop inquiétant."

Mangeant une tranche de pain de mauvaise qualité à cette longue table, Waver expérimentait le plus grand bonheur de sa vie. Les cris perçants des poules n'était alors que légèrement gênants.