Goodbye to Multiverse Youth, Connect to the Only You : Tome 1 Chapitre 1 : La vie quotidienne dans un monde lisse

From Baka-Tsuki
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- Je t’aime depuis qu’on est gamin. Est-ce que tu veux bien sortir avec moi ?

Sur le toit du collège, où un vent glacial d'hiver soufflait, je haussai la voix afin de ne pas perdre contre le froid.
Celle qui se tenait devant moi, Asami Tomonaga, ouvrit grand les yeux de surprise. Ils étaient sans aucune impureté, comme des pierres précieuses, et n’avaient jamais cessé de me regarder droit dans les yeux. D’ordinaire, ils renvoyaient une radiance éclatante, mais aujourd’hui, Asami regardait à ses pieds comme si elle était gênée. Elle n'osait pas croiser mon regard.
- Ah...c’est…ça que tu voulais me dire…
Ses lèvres recouvertes par son écharpe laissèrent s’échapper de la confusion.
Elle caressa ses cheveux mi-longs que le vent du Nord décoiffait, pour les remettre en ordre, mais la masse d'air froide de Sibérie qui continuait de souffler sans cesse les mettait encore et encore en bataille. Néanmoins, ce n’était pas suffisant pour empêcher sa main de se porter une fois de plus à ses cheveux. Il était évident que ce qu’elle faisait ne servait à rien, mais elle n’arrêta pas de se recoiffer pour autant.
Se toucher les cheveux était son signe à elle quand elle essayait de cacher ses sentiments. J'étais son ami d'enfance, alors j'étais capable de comprendre le sens derrière ses gestes.
Quelle injustice pour mon cœur ! Même le visage gêné qu'elle prenait en réfléchissant à comment refuser ma déclaration était adorable.
- ...Euh...je suis contente que tu ressentes ça pour moi. Nos familles trainent ensemble, et on se connait bien tous les deux. Je voudrais qu’on s’entende encore plus.
Elle commença gentiment. Elle a toujours été comme ça. Elle compatissait avec ce que les autres ressentaient. Et ce envers tout le monde. Je n'étais pas une exception.
- Mais tu le sais déjà, je veux être une idol plus tard...alors ce genre de trucs...comment dire… j'apprécie le sentiment, mais ça m'embête un peu.
Oui, tout le monde devrait profiter de sa beauté touchante. La loi interdit de garder une belle fille rien que pour soi.
En y repensant, j'avais fait une énorme erreur en lui demandant de venir dehors par ce temps froid de février. C’était affreux les déclarations d'amour dans un lieu comme ça, que ce soit pour celui qui fait la déclaration, ou celui qui la reçoit.
Je ne ressentais plus que de la résignation.
Raah, bon sang, j'en étais sûr que ça n'allait pas marcher.
Évidemment qu'elle allait privilégier son rêve d'enfant plutôt que moi.
Je fermai les yeux, comme si je voulais les détourner de la réalité.
Je ne voyais plus Asami en train de faire de son mieux pour me mettre un râteau sans me blesser.
Maintenant que mon champ de vision était plongé dans l’obscurité, seule mon ouïe m'informait de la présence d'Asami désormais.
- ...Moi aussi, je t'apprécie. Tu comptes beaucoup pour moi. Je n'ai pas d'autres amis que je connais depuis plus longtemps que toi. ...C'est pour ça que...j'aimerais chérir encore un peu la relation qu'on a.…

1 - B

- ...Moi aussi, je ressens la même chose. ...Haha, tu m'as devancée, mais je tiens à te le dire quand même. ...Je t'aime. Est-ce que tu veux bien sortir avec moi ?
J'ouvris doucement les yeux. Asami me regardait la tête toute rouge. Ses yeux semblables à des pierres précieuses étaient mouillés de quelques petites larmes de joies, et ils me reflétaient telle la surface brillante d'un lac.
- ...Tu es sûr ? Tu ne voulais pas être idol... ?
Je me retins de sauter de joie, et je m'approchai d'un pas vers elle.
- Oui, je veux être idol, et je ne compte pas abandonner. Je veux tout avoir, mon rêve d'idol, et toi. Ça va peut-être être compliqué, mais c'est moi qui ai choisi cette voie, alors je ne regretterais rien, quoi qu’il advienne.
Elle prit ma main droite dans ses petites mains afin de chasser mon inquiétude, et la serra fort.
Nos doigts tremblant sous ce ciel hivernal se touchaient, comme s'ils cherchaient la chaleur de l'autre. Les petits doigts fins d'Asami enlacèrent ceux de ma main rugueuse. Elle avait les mains chaudes. Je ne savais pas que la chaleur d'autrui pouvait être aussi agréable. Je ne voulais plus m'en séparer.
- ...Asami, je t'aime.
- ...Moi aussi, Hideto.
Asami ne m’avait pas appelé par mon prénom depuis des années. Elle sourit timidement.
Nous étions main dans la main, et nos corps étaient si chauds qu'ils repoussaient le froid de l'hiver. Notre nervosité, notre joie et plein d'autres émotions servaient de carburants produisant assidument de l'énergie thermique. Si l'on nous regardait au thermographe, on verrait surement une zone rouge et orange s'étendre telle une carte des ouragans.
On se regarda dans les yeux, et sourit ensemble.

2

...Ça fait déjà plusieurs mois depuis que j’ai déclaré ma flamme ?
Des souvenirs tendres et nostalgiques. Un beau rêve.
Tandis que je me remémorais le passé, Asami me réveilla doucement.
- Allo la terre. Réveille-toi, c'est le matin.
Guidé par une douce voix, j'ouvris les yeux. Devant moi, le visage boudeur d'Asami. Les rayons du soleil levant qui passaient à travers les rideaux rendaient son visage bien visible. Il n'y avait rien de plus rafraichissant à voir en premier dans la matinée que les beaux traits de son visage.
- T’es encore venu tôt aujourd’hui.
Dis-je en bâillant.
- C'est pas tôt ! Si on part pas d'ici dans 30 minutes, on va être en retard.
- OK, OK. Je vais me changer, alors sors de ma chambre s'il te plait.
Je me levai dans mon futon. Toutefois, Asami n'avait pas l'air de bouger. Au contraire, elle avait pris une pose imposante et me fixait du regard. Elle fronça ses sourcils fins, et plissa les yeux un peu gros qui se trouvaient en dessous.
- Hors de question. Je monte la garde, on sait jamais, tu risquerais d’en profiter pour te rendormir. En plus, ne t’inquiète pas, j'ai l'habitude de te voir en sous-vêtement.
- Monsieur l’agent, il y a un pervers chez moi !
Blaguai-je en jetant mon pyjama avant de prendre une chemise, un blazer et le reste dans mon armoire et de me changer. Pendant ce temps-là, Asami plia mon pyjama. C'était quelque chose de normal pour nous. Même si maintenant on sortait ensemble, on a longtemps été amis d'enfances, alors c’était devenu naturel pour nous. Ça ne me faisait plus grand-chose qu'elle me voit en sous-vêtement.
- Allez, va prendre le petit-déj. Tu réalises pas à quel point c’est un honneur d’être réveillé par une idol le matin, tu sais !
Je sortis de ma chambre poussée, dans le dos par Asami, avant de descendre les escaliers menant au salon du rez-de-chaussée.
Sur la table, on voyait la vapeur des tartines et d'un œuf au plat.
Mes parents avaient été mutés à New York, donc parfois Asami s'occupait de me faire le petit déjeuner, et ce alors qu’elle-même était très occupée. Je lui en étais reconnaissant.
Après m'être assis à table en frottant mes yeux somnolents, un intrus apparu en vacarme.
- Maman, et toi aussi, Hide. Je vous ai demandé de me réveiller tôt aujourd'hui parce que j'ai un entrainement avant les cours ! Pourquoi vous l’avez pas fait !?
Ma demi-sœur, Jiyuri, arriva en agitant ses couettes. À en voir son ruban mal mis sur son uniforme scolaire de marin, elle semblait assez pressée.
Face à l'objection farouche de Jiyuri, ma mère qui se tenait dans la cuisine pencha la tête, pensive.
- Je t'ai réveillée, tu sais ? C'est toi qui m’as dit donnes-moi juste encore 5 minutes et qui t'es rendormie.
- Ts.
Jiyuri me regarda.
- À toi aussi, je t'ai dit que j’avais un entrainement ce matin, t'aurais dû me réveiller !
- Et maintenant, tu passes ta colère sur moi ? À tous les coups, t'as regardé des clips de Supast jusqu'à 3 heures du matin, non ? Fallait y repenser à deux fois.
Supest était le surnom affectueux donné au groupe d'idol national très populaire en ce moment, les Super Strings. Il était composé de 15 membres. Elles exerçaient dans plusieurs domaines, la musique et la danse, bien sûr, mais apparaissaient également dans des dramas, des émissions de variétés. Il lui arrivait aussi de doubler des personnages d'animés.
Jiyuri était une grande fan du groupe. Elle avait beaucoup de produits dérivés de sa membre favorite dans sa chambre. Cette dernière était aussi l’étoile du groupe.
- C’est un devoir de fan de regarder 100 fois dans la journée chaque nouveau clip qu’elles sortent, tu sais ?
Dit-elle fièrement. Elle n'avait pas du tout l'air de regretter d’avoir dormi aussi tard. Au contraire, elle n'avait pas retenu la leçon. Elle sortit son smartphone, et commença à regarder une fois de plus le clip qu'elle avait surement déjà vu 100 fois.
- Elle est vraiment trop jolie Asami. Qu’est-ce qu’elle fait dans sa vie privée ? Je suis sûr qu'elle est super élégante aussi. Je me demande si elle a un petit copain. Faut trop que je lui pose la question.
- T'es pas déjà allée à une de ses sessions de poignées de mains la dernière fois ? T'aurais dû lui demander.
- C'est malpoli ! Et en plus, on m'a fait partir aussitôt ...Juste au moins une fois dans ma vie, je voudrais qu'on prenne le temps de parler ensemble rien que toutes les deux !
Dit-elle en regardant sur son portable avec un regard de braise sa chouchoute, Asami Tomonaga.
- Même une fois dans une vie c'est déjà un luxe de parler avec une top idol en tête à tête. Retente quand tu te sauras réincarné au moins 5 fois. Au fait, t'es sûr que tu peux te permettre de prendre ton temps, là ?
- Ah ! J'avais oublié ! Je vais me faire tuer si je suis en retard !
Mon idiote de demi-sœur reprit enfin ses esprits.
- Attends. Tu vas pas avoir de force pour ton entrainement si tu manges pas ton petit déjeuner avant.
Mon père l'arrêta calmement en buvant sa soupe miso.
Elle avait beau dire, Jiyuri était une fille obéissante. Elle prit avec deux doigts un mezashi posée sur une des assiettes sur la table, et le jeta dans sa bouche la tête la première.
- J'y vais.
Dit-elle en machant son mezashi avec la queue sortant de sa bouche avant de s’en aller.
- Au fait ! Tiens, voilà l'argent pour l'uniforme du club de volet...ah, elle est déjà partie ?
Ma mère sortie de la cuisine en chausson avec une enveloppe marron à la main, mais Jiyuri n'était déjà plus là.
- Qu'est-ce qu'elle peut être étourdie. Désolée, Hideto, tu pourras lui donner à midi ? Elle m’a dit qu’après les cours ils ramassaient l’argent pour l'uniforme.
Le collège que fréquentait Jiyuri n'était pas très loin de mon lycée. Je devrais pouvoir lui donner pendant ma pause de midi. Elle était idiote, mais ça restait mon adorable demi-sœur. Je pouvais au moins faire le coursier pour elle.
- OK.
Répondis-je. Je me dépêchai de manger ce petit déjeuner bien japonais, à base de mezashi, de riz cuit et de soupe miso.

3

Je forçai pour ouvrir mes yeux aveuglés par les rayons matinaux du soleil, et sortis de la maison. À côté de moi, Asami jeta un coup d'œil sur son téléphone et paniqua.
- Aaaah ! Je suis mal, moi aussi je vais être en retard.
- C'est pas en fin d'aprèm ton concert, aujourd'hui ? T'as largement le temps encore.
Bom. Elle me donna un coup de coude dans les côtes.
- Imbécile ! La réunion et les répétitions, c'est le matin ! Les idols ne se tournent pas les pouces, tu sais ?
Mon amie d'enfance, Asami Tomonaga, était une vraie idol. Elle appartenait au groupe des Super Strings. De plus, elle avait remporté 3 fois de suite la première place à un concours de popularité. Il ne se passait pas un jour sans que l'on voie son visage, que ce soit à la télévision ou sur le Net.
Évidemment, une telle personnalité du spectacle qui venait dans ma piètre maison, et au grand jour, était une proie idéale pour les médias. C’était pourquoi quand elle venait sur son temps libre, elle portait des habits exprès pour l’occasion. Pour cacher son visage, elle avait sur la tête une casquette grise de chasseur, des franges pas coiffées sur le front, ainsi qu'une fausse paire de lunettes. Elle éliminait au maximum son aura d'idol en s'équipant d'un chemisier sans marque particulière et d'une jupe longue ordinaire. Mais malgré ça, elle renvoyait un air un peu particulier, différent des autres.
- Asami, dépêche-toi de monter.
Dit la manager d'Asami depuis le siège conducteur du minivan garé devant chez moi.
Sa manager, et l'agence à laquelle appartenait Asami nous laissaient tranquilles dans notre relation. Bien sûr, on nous avait donné l'ordre strict de respecter une certaine modération et de garder le secret à tout prix.
- Ah, désolée. Il faut que j'y aille. Sois pas en retard en cours, d'accord ?
- T'en fais pas, bosses bien.
Dis-je à Asami tandis qu'elle montait à l'arrière que sa manager avait ouvert. J’écoutai le bruit de moteur du minivan, et les regardai s'en aller. Maintenant qu'Asami n'était plus là pour me guetter, le sommeil attaquait de nouveau mes paupières, mais je le repoussai en clignant des yeux.
Tandis que je marchais sur le chemin du bahut, on me tapa soudainement dans le dos.
- Yo, Hideto. Allez, on fait la course jusqu'au lycée, et celui qui perd paye un truc à boire au vainqueur !
Leona, membre du club d'athlétisme dont je faisais aussi partie, passa à côté de moi en courant.
- T'es sérieuse !? Et en plus, tu prends un faux départ !
Elle était terriblement rapide pour une fille. Je la suivis en panique derrière, mais je me pris de la poussière dans les yeux et m'arrêtai.
- Bon...bonjour...Hideto.
J'entendis une voix adorable et timide. Je levai la tête. Une fille était devant moi. Elle portait le même uniforme que Jiyuri. Surement, une collégienne aussi.
- Je...je suis dans la même classe que Jiyuri, je m'appelle Ma...Masuda ! Je…je voulais te dire que je t’ai toujours aimée ! Est...Est-ce que tu veux bien sortir avec moi !?
- OK. T'es libre après les cours ? Ça te dit d'aller au Café qui a ouvert devant la gare, il y a pas longtemps ?
Je voulais passer pour un lycéen cool, alors je lui donnai un clin d'œil, même si ça ne me ressemblait pas de faire ça.
À l'entrée du lycée, plusieurs professeurs, positionnés en ligne, saluaient les élèves qui entraient. Parmi eux, il y avait Madame Shouko, ma professeure principale, mais aussi celle en charge du club de Basket. Elle se tenait debout l'air fatigué, et suçait une Lollipop comme si c'était une cigarette.
- Bonjour Madame Shouko. Aujourd'hui encore, vous êtes d'une beauté incroyable. Bon sang, si j'étais né plus tôt, je ne vous aurais jamais laissé célibataire...
- Tais-toi gamin, c'est pas parce que t'es le meilleur joueur du club de Basket que tu dois prendre la grosse tête !
Cria cette enseignante trentenaire énervée. Je levai la voix.
- Au secours, Madame Shouko maltraite ses élèves !
Je fermai fort les yeux et fis semblant d'avoir peur.
Ensuite, je me mélangeai aux nombreux autres étudiants et entrai dans le bâtiment. Je m'apprêtai à sortir mes chaussures d'intérieurs de mon casier quand soudain, dans mon dos, quelqu'un me prit dans ses bras.
- Deeeevines qui c'est ?
La voix un peu rauque d'une femme juste derrière moi fit vibrer mes lobes d'oreilles.
La sensation de 2 choses douces qui s'écrasaient contre mon dos ne faisait qu'accélérer les battements de mon cœur.
- ...Je ne connais qu'une seule personne pour faire des tours classiques comme ça. C'est toi Hinano, pas vrai ?
- Oh, bonne réponse.
Elle retira rapidement les bras qu'elle m'avait mis autour de la taille. Je me retournai, et comme je l'avais imaginé, Hinano Minami se tenait devant moi avec un sourire taquin.
Elle était une classe au-dessus de la mienne, donc une ainée. Elle avait la main droite sur ses hanches et prenait une pose de mannequin. Tout en agitant avec envoutement ses longs cheveux noirs, ses yeux en amande affichaient un plaisir sadique. Sa bouche esquissait un sourire nihiliste, et ses dents blanches étincelantes rappelaient le sourire d'un prédateur face à sa proie. Mais plutôt que de ressentir de la peur ou du dégout en la voyant ainsi, on avait plutôt envie qu'elle nous mange. Elle était belle à ce point.
- Tu es sûr que la présidente du conseil des étudiants peut se permettre de faire des choses vulgaires comme ça ?
- Comment ça, vulgaire, tu me vexes là. Je ne faisais que tester la loyauté de mon subordonné.
- Alors t’as bien compris que j'étais fidèle, pas vrai ? Vu que j'ai deviné que c'était ta voix.
- Hm. Tu as raison, mais c'était peut-être un peu trop simple. En plus tu pouvais aussi te servir du sens du toucher et de l'odorat pour deviner.
- De l'odorat ? Tu me prends pour un pervers capable de trouver ton odeur parmi d'autres ?
Même si je devais avouer qu’effectivement, j'avais légèrement senti une bonne odeur quand elle s'est collée à moi.
C'était complètement à cause d'elle si quelqu'un de mou comme moi était entré dans un groupe aussi dévoué à l'éducation que le conseil des étudiants. Pendant que je trainais dans le bahut après les cours sans entrer dans aucun club, elle m’a pris le bras par surprise et emmené à la salle du conseil des étudiants. À partir de là c'était terminé. J'étais devenu membre du conseil des étudiants. Ou plutôt, j'étais devenu le servant personnel d’Hinano.
- Je rigole. Par contre, il va peut-être falloir que j’inspecte ton odeur.
- Je sens mauvais ?
J’étais surpris.
- Non, pas ça. Je me demande si tu n'aurais pas l'odeur d'une autre fille que moi sur toi. Je suis du genre à ne pas aimer que mon toutou joue avec les autres invités, tu sais.
- T'in...t'inquiète pas. La seule fille dont je suis proche, c’est toi.
Ma culpabilité me donna une légère douleur à la poitrine.
- Je m'en doute. Tu étais tout seul en venant au bahut. J'ai fait de mon mieux pour ne pas pleurer quand je t’ai vu de dos, tout triste. On aurait dit un petit chien abandonné.
- Attends, comment tu sais tout ce que j'ai fait depuis que je suis sorti de chez moi !?
Son réseau d'information me faisait vraiment peur parfois.
- Haha, bon, on se revoit après les cours. Je t'attendrais dans la salle.
Après m’avoir bien taquinée, elle partit en prenant une démarche élégante. Détendue, elle s’étirait les bras comme si elle venait de terminer les exercices de gymnastiques qui passaient à la radio le matin généralement.
À chaque fois, elle me mettait sens dessus dessous.
Je fermai les yeux pour me calmer, pris une grande respiration et entrai dans ma salle de classe. Immédiatement, plusieurs de mes camarades m'encerclèrent, et l'un d'entre eux me serra les épaules très familièrement.
- Hello, Hideto. Aujourd'hui aussi, vivons notre adolescence tels les jeunes oiseaux que nous sommes ! Aujourd’hui n’arrive qu’une fois dans la vie, et il faut en faire une journée qui compte.
- Euh...ouais, salut. Qu'est-ce qui t'arrive aujourd'hui ?
Il était de bonne humeur, à se demander s'il n'avait pas de la fièvre. D'ordinaire, c'était quelqu'un d'un peu plus sérieux. Je crois.
- Qu'est-ce qui m'arrive ? Mais rien du tout. Je suis comme d'habitude. S'il doit y avoir quelque chose d’étrange, alors ce doit être Dame Chance qui sourit derrière moi.
-…il s'est passé quelque chose ?
Le concerné était dans la lune, alors je demandai à mes camarades autour.
- T'es au courant qu'il y a un concert de Supest aujourd'hui, non ? Tu te souviens pas ? Il se vantait d'avoir gagné un ticket premium la dernière fois.
- Ah oui, c'est vrai que c'est un fan d'Asami. J'ai hâte de voir le concert, pas toi ?
Lui demandai-je.
Même s'il était un peu spécial, il était fan d’Asami, alors il n'en restait pas moins un important spectateur. Il fallait que je sois gentil avec lui, pour Asami. En plus, ce n'était pas comme si je l'enviais particulièrement.
- Pareil, je suis pressé que les cours soient finis. Écoutez tout le monde, Dame Chance est avec moi aujourd'hui. Je vous autorise à me toucher. J'ai l'impression que je pourrais même arrêter toutes les querelles du monde.
Est-ce qu'il allait vraiment bien ? Je n'étais pas le seul à me demander ça, mes camarades autour aussi le regardaient avec inquiétude, plutôt que par jalousie.
Pendant que l’on faisait du bruit, notre professeur, géant comme un ours, entra dans la salle de classe et nous réprimanda d'une voix grave et forte.
- Le cours va commencer. Dépêchez-vous de retourner à vos places. Et les gus là-bas, pour une fois, j'ai une bonne nouvelle pour vous aujourd'hui, alors tenez-vous tranquille. ...Bien. Tout le monde est assis ? C'est bon, tu peux entrer.
Appelée, une jeune fille blonde ressemblant à une poupée occidentale entra dans la classe. À chacun de ses pas, elle repeignait la classe d’une atmosphère florale venant d’Europe.
Elle se tourna vers ses camarades de classe, puis se présenta avec un sourire embarrassé.
- Je m'appelle Elda Von Neuman. Je suis ori…ginaire d'Allemagne et je viens d’emménager dans le coin. J'adore les animés et…les mangas, j'ai appris le japonais grâce à ça. C'est un…plaisir de vous rencontrer.
Elle n’avait pas trop les bonnes intonations, mais au contraire, sa maladresse était amusante. Ça lui ajoutait le charme d'une jeune enfant.
Elda regarda avec des yeux azures tel le bleu du ciel ses camarades de classe, et son regard s’arrêta sur...
-- OK, je m'arrête là.

4

Je me retournai et observai la porte que je venais de traverser. Elle était toujours ouverte. Derrière elle se trouvait mes camarades de classe et mon professeur, tous figés. Et je ne pouvais pas les voir, mais la rotation des électrons était surement stoppée aussi. Comme si le temps s'était arrêté.
Ce n'était pas la seule porte. Il y avait également d'autres portes ouvertes à côté de celle-ci, et derrière chacune d'elle aussi, je pouvais y trouver d'innombrables scènes différentes.
Il y avait tellement de portes les unes à la suite des autres que je ne pouvais pas toutes les mettre dans mon champ de vision. Ces portes positionnées à intervalles réguliers se prolongeaient en continu à ma droite et à ma gauche. Je n'en voyais pas la fin.
J'appelais cet endroit Le monde des portes.
C'était un monde tout blanc et composé uniquement de porte. L’endroit était si blanc que le comparer à de la neige ne venait même pas à l’esprit. Si l’on devait donner une couleur au néant, c’était peut-être celle-ci que ce monde aurait. Moi qui portais des couleurs, j'avais l'impression d'être un intrus dans ce monde.
D'une autre part, ces portes alignées avaient une couleur. Elles étaient toutes différentes, rouges, bleues, vertes, et la liste continuait. Les portes n’avaient pour décoration qu'une poignée et rien d'autre, alors peu importe la couleur, les portes étaient peu marquantes. Enfin, en soi, je m’en moquais des portes. Ce qui était important, c’était ce qu’il y avait à l’intérieur.
De l'autre côté de ces innombrables portes, il y avait un monde différent.
Un monde où mon amie d'enfance, Asami Tomonaga, était une idol nationale et ma petite amie.
Un monde où j'avais une demi-sœur du nom du Jiyuri.
Un monde où la présidence du conseil des élèves, Hinano Minami, m’appréciait beaucoup.
Ils étaient ce qu'on appelle, des mondes parallèles.
Des univers où toutes sortes de possibilités avaient eu lieu. Des univers où les évènements étaient différents, où l’histoire était différente. Des univers qui avaient l'air de se ressembler, mais étaient totalement différents.
En passant une porte se trouvant dans ce monde des portes, j'étais capable de posséder le moi appartenant au monde en question.
Pourquoi j'en suis capable ? Moi non plus je n'en sais rien, alors ne me demandez pas.
Depuis l’accident que j'ai eu quelques mois auparavant, juste en fermant les yeux et en le souhaitant, j'étais devenu capable d'accéder à ce monde des portes.
Au début, j'ai cru avoir perdu la tête. Et effectivement, il semblerait que je me sois cogné la tête fort, alors il n'y avait rien d’étonnant si mon cerveau en avait gardé des séquelles.
Mais peu importe tous les examens médicaux passés, hormis une grosse bosse, ma tête était normale.
Dans ce cas, plus d'autre choix que d'accepter la réalité.
J'étais devenu capable de me balader dans des univers parallèles.
Quand j’ai pris conscience de ça, c’est là que c'est vraiment devenu intéressant.
Je commençais tous les jours au matin par faire un zapping de monde parallèle. Je traversais au hasard plein de portes, et cherchais un monde où je pensais que des choses amusantes allaient se produire. Après en avoir trouvé un qui m'intéressait, j’y passais quelque temps.
Dès l'instant où je m'ennuyais juste un tout petit peu, par exemple entre les cours, je recommençais mon zapping, et allais voir d’autres mondes ici et là. Pour moi, c'était comme jeter un coup d'œil aux autres chaines durant les pubs.
Cela fait plusieurs mois depuis que j'avais obtenu cette capacité, et j'ai réalisé qu'une infinité d'univers parallèles existaient.
Je n’avais donc pas qu’une seule jeunesse. Je pouvais profiter de multiples possibilités de jeunesses, et toutes à la fois.
Je ne connaissais pas les échecs un peu amers en amour, ou les défaites lors de matchs de club. Si mon amour n'était pas réciproque, alors il me suffisait d'aller dans un monde où il l’était. Si j'avais perdu un match ou perdu à un concours, alors il me suffisait d'aller dans un monde où j'avais gagné. La réussite m'était promise.
Bien, dans quel monde vais-je aller aujourd’hui. ?

5

Durant toute la journée, du début des cours jusqu'à leur fin, j’ai vécu plein de choses.
J'avais envoyé un message de soutien à Asami durant ses répétitions.
Pendant la pause de midi, Hinano était venue me chercher et on a bu du thé ensemble.
J'étais allé donner à ma demi-sœur l'argent pour son uniforme du tournoi de volley.
Depuis que je pouvais aller d'un monde parallèle à un autre, je vivais mes jours tel un maestro dirigeant un orchestre. C'était épuisant mentalement, mais pas une mauvaise vie pour autant.
Avant d'apprendre l'existence des mondes parallèle, j'étais quelqu'un de sarcastique, je jouais le gars posé et ne parlais pas trop à mon entourage. Je ne faisais que de me mépriser moi-même, et le monde.
Je n'avais pas de talent et mes efforts ne menaient à rien, en somme, j'avais une vie banale. Elle était comme un jeu de l’oie, mais où les cases étaient toutes vides. Je me contentais de lancer les dés jusqu'à arriver à la fin. La vie d’Asami, quant à elle, était une succession d'évènement étincelant. On ne jouait pas sur le même plateau de jeu.
Dans mon monde, je n’avais qu’un rôle secondaire. C'était ce que j'avais toujours cru.
Mais en apprenant l'existence de ces mondes parallèles, tout changea.
Quand j’ai compris que le monde, ou peut-être juste moi abritions plein de possibilités, ma façon de voir les choses fut complètement chamboulée. J'eus l'impression que mon champ de vision s'était soudainement agrandi, et qu’en réalité, j’avais d’innombrables possibilités.
Quelle vie formidable.
Si c’était bien Dieu qui m’avait donné un pass gratuit me permettant d'aller dans le monde des portes, alors j’étais prêt à devenir un de ses croyants avec plaisir. S'il me disait de quelle religion il faisait partie, j'avais l'intention d'offrir tous mes biens et de devenir un fervent fidèle, mais Dieu semblait, à ma surprise, d'être quelqu'un de réservé. Pour le moment, il ne semblait pas se montrer à moi. Et donc j'étais toujours sans religion.
Bref, on en était après les cours.
- Merci pour les sous. Je t'achèterais un tirol en rentrant.
J'avais reçu un message de remerciement de la part de Jiyuri au sujet de l'argent que je lui ai donné à midi pour son uniforme.
Je l’appelai immédiatement, et négociai une augmentation de salaire.
- J'ai sacrifié ma précieuse pause de midi pour te l'apporter, tu sais ? C'est pas cher payé ta récompense. T'es en dessous du salaire minimum là.
- Pfff OK OK. Ça sera une barre chocolatée alors. Bon, je te laisse, il faut que j'aille au club.
Me répondit-elle avec insouciance, avant de raccrocher juste après.
Autrefois, elle était polie quand elle me parlait, mais maintenant, plus aucune politesse. Tant mieux, ça montrait à quel point elle s'était habituée à la vie chez moi. Mais j'avais l'impression que ma dignité en tant que frère chutait de plus en plus.
- Yo, Hideto. Ça te dit de venir chez moi ? En plus, mes parents ne sont pas là.
Dit Hinano avec un sourire séducteur.
- Tu dis ça, mais de toute façon tu comptes me donner du travail, pas vrai ?
Néanmoins, j'étais heureux de pouvoir être en tête à tête avec elle.
Dans beaucoup d'autres mondes, j'avais accepté l'invitation de filles ou d’ainés de club, et dans chacun de ces mondes, soit on rentrait du bahut ensemble, soit on s'entrainait au club.
Parfois, je réfléchissais à limiter ma vie dans la journée à un monde en particulier, mais j'avais du mal à choisir, et au final, je me retrouvais à aller et venir partout.
D'ailleurs, le temps ne s'écoulait pas dans le monde des portes, alors je pouvais réfléchir autant que je le voulais, et les mondes parallèles restaient arrêtés. C'était pourquoi, peu importe tous les allers-retours que je faisais entre les mondes, les personnes autour avaient juste l'impression de m'avoir vu cligner des yeux.
Après avoir durement réfléchis à ce que j'allais faire après les cours, je décidai de rentrer chez moi sans aller voir ailleurs et d'attendre la barre chocolatée de Jiyuri, d'aller à un Café chic avec Masuda, et pendant que j'aiderais Hinamo avec le conseil des étudiants, je ferais visiter la ville à Elda, et j’irais courir avec Leona sur la piste du campus, participer au match de basket contre une équipe redoutable en écoutant les insultes encourageantes de Madame Shouko, tout en me rendant au concert d’Asami.
Une fois sur place, la foule remplissait déjà la salle du live des Supest, et tout le monde attendait impatiemment le début du concert.
Je regardai la salle du coin de l'œil et me dirigeai vers l'entrée réservée au personnel qui avait été mise en place derrière le lieu de l'évènement. Je montrai mon laissez-passer à l'agent de sécurité qui me bloquait la route afin de le faire partir, et entrai dans les vestiaires, l'endroit dont tout fan rêverait pénétrer.
J'avais obtenu ce laissez-passer par le biais du manager d'Asami. Elle n'était pas très enjouée à l’idée de me le donner, mais elle reconnaissait ma valeur en tant que booster mental pour Asami avant les représentations.
L'ambiance dans les vestiaires était tendue. Je sentais la nervosité du personnel travaillant derrière la scène principale me piquer la peau. Je marchai lentement afin de ne pas les déranger.
Les salles des Super Strings dépendaient de leur degré de popularité personnel. Une loge individuelle était attribuée à celles qui étaient hautes dans le classement de popularité. Le reste utilisait la grande salle. Et bien sûr, Asami étant la star principale du groupe, elle avait une loge de première classe.
Je toquai à la porte sur laquelle il était écrit « Madame Asami Tomonaga - Super Strings. »
- Entrez, c’est ouvert.
Répondit-elle. J'ouvris la porte.
- Yo, comment tu vas ?
- ...Oh, tu es venu !
Dit Asami avec surprise, assise sur une chaise. Elle portait encore ses vêtements de sport noirs qu’elle mettait pour les répétitions. Pourtant, sa représentation était imminente. Le bas de son pantalon moulant était remonté, et il y avait du bandage sur sa cheville droite. Elle tenait dans sa main droite un pack de glace. Je compris au premier coup d'œil qu'elle était en train de refroidir sa cheville avant que je ne rentre dans la pièce.
- Tu m'as fait peur. Je pensais que c’était ma manager.
Elle cacha discrètement sa main droite dans son dos, et afficha un sourire embarrassé.
- Qu'est-ce qui t'es arrivé à la cheville ?
- Ah, tu as vu. C'était pas à toi que j’allais pouvoir cacher ça.
Pas besoin d’ami d’enfance pour voir que ça ne va pas, tu sais, n’importe qui le verrait.
- Tu t'es tordu la cheville ?
- Oui, on m’a rajouté une nouvelle chorégraphie à faire pour ma dance d’aujourd’hui, et pendant que je m'entrainais sur mon temps libre dessus, j'ai un peu gaffé. Ça me fait juste un petit peu mal, ça devrait aller pendant la représentation. L'équipe médicale m'a examiné, et regarde, ils m'ont mis un bandage.
Dit-elle avant de lever le pied droit, qui avait effectivement un bandage bien serré au niveau de sa cheville.
- Je m’attendais pas à ce que la nouvelle chorégraphie soit aussi dure, haha. Kanna est incroyable, elle y est arrivée sans problème. Ma place d’étoile du groupe est peut-être en danger !
Dit-elle sur un ton blagueur. Mais je voyais sur son visage un peu d'inquiétude. C'était très rare qu'Asami ne soit pas très enthousiaste avant un concert.
En y repensant, même moi qui n'était pas du métier, je trouvais qu'elle travaillait trop ces derniers temps. Elle tournait pour des dramas, des films, elle servait de mannequin pour des magazines de mode, et en plus de ça, le concert d'aujourd'hui. Elle se surmenait beaucoup trop. Ce n'était pas étonnant qu'elle manque de temps pour ses leçons.
Bien, qu'est-ce que je lui dis.
Dans mon champ de vision, une infinité de possibilités s'offrait à moi, telles des boites de dialogues dans un jeu vidéo.
Allez, je pars sur ça d'abord.
- Ne t’en fais pas. Même si tu perds ta place d’étoile chez les Supest, tu auras toujours ta place à mes côtés.
Nan, ça faisait vraiment forcer là. J'en avais des frissons. Bon, c’était clair que cette phrase n'allait surement pas fonctionner.
- Merci. ...Haha, je devrais peut-être arrêter d'être une idol et te laisser t'occuper de moi, qu'est-ce que t'en penses ?
Comme je l'avais imaginé, elle n'affichait qu'un sourire triste. Elle était toujours anxieuse.
Allez, monde suivant.
- Même si tu te rates et que tu perds tous tes fans, moi je n'arrêterais jamais d’être fan de toi.
Dans un monde où je lui ai répondu ainsi, elle me dit.
- ...Il y a d’autres façons de me le dire, tu sais.
Asami était clairement de mauvaise humeur.
Oh, c'était plutôt rare. Je pouvais rajouter ce visage de colère à ma collection. Pourtant, même quand elle faisait de l'egosurfing et lisait des commentaires négatifs, d'ordinaire, elle les passait calmement. Elle était surement pas mal stressée.
Je continuai de faire le tour de quelques portes ratées.
On trainait ensemble depuis longtemps, alors je savais quoi dire pour la rendre heureuse. Je connaissais la bonne réponse, mais je prenais quand même des détours.
C'était une mauvaise habitude que j'avais. C'était la même chose que dans les RPG, où quand la reine demande « Je vous en prie, pourfendez le Roi Démon et sauvez ce monde » et que les choix « D'accord – Non » apparaissent, on prend le « Non » exprès pour voir sa réaction.
Bien sûr, on pouvait faire ça, car il s'agissait d'un jeu. Il n'y avait surement personne dans le monde réel capable de prendre exprès le mauvais choix évident. Ils ne pouvaient pas recommencer ni changer de choix.
Mais j'étais différent. J'étais capable de me déplacer d'un choix à l'autre, et autant que je voulais.
Alors j'avais envie de jeter un coup d'œil aux résultats de plein de choix différents. En général, ils se terminaient sur un développement sans intérêt, mais parfois, je voyais des expressions du visage rare, comme celui en colère d'Asami juste avant. Chercher toutes sortes de possibilités dissimulées dans le monde était un jeu auquel seul moi, dans toute l'humanité, étais capable de jouer.
Dans le monde parallèle suivant que je visitai, je tenais la main d'Asami.
Je la regardai tandis qu'elle était surprise, et
- T'as plus besoin de te forcer comme ça. Viens, on s'enfuit d'ici.
Lui annonçai-je très sérieusement.
Un court silence. Puis.
- Qu'est...ce...que... tu...racooooontes !? Jamais je pourrais faire ça !
Asami devint toute rouge, et haussa la voix.
Toutefois, ses mots ne représentaient pas ses actes. Elle ne me lâchait pas la main.
- Je...Je peux pas trahir mes fans. Et puis...euh, je suis contente que tu t'inquiètes pour moi, et...comment dire, c'est pas une mauvaise idée de fuir ensemble, au contraire, c’est comme dans les dramas, et ça m’intéresse un peu, mais…
Marmonna-t-elle petit à petit, la tête baissée. Même le bout de ses oreilles qui dépassait de ses cheveux était rouge.
Jamais elle ne pourrait faire quelque chose d'irresponsable comme fuir juste avant un concert. Je le savais, j'étais à la fois son ami d'enfance et son fan numéro 1, je me doutais bien qu'elle allait refuser. ...Mais je ne pensais pas qu'elle serait aussi gênée. Bon sang, elle était vraiment adorable.
En voyant cette facette inattendue d'Asami, j'eus l'impression que le message « Vous avez débloqué le haut fait n°545 : « Tentative échouée de fuite avec Asami Tomonaga ».
Bien, j'étais satisfait. Allez, partons pour le monde de la bonne réponse maintenant.
Un monde parallèle où je n'avais encore rien répondu, et continuais d’attendre avant de répondre.
Je me synchronisai au moi de ce monde, et prononça la bonne réponse que je connaissais depuis le début.
- Bah arrêtes d'être idol alors, non ?
Dis-je fort et avec indifférence, comme une provocation.
- ...Hé ?
Asami ouvrit grand les yeux.
- C'est difficile, non ? T'as plein de boulot, et en plus aujourd'hui t'as fait une bourde, je me trompe ? C’est bon, t’as atteint ta limite. Alors redeviens une petite amie ordinaire.
- Ça…ça me fait plaisir que tu me dises ça...mais...
- En plus, tu m’as dit qu’il y a une fille meilleure que toi en dance, c’est ça ? Comment c'est son nom déjà...Kanna, je crois ? Alors rends le costume sans faire d'histoire, et laisse-lui ta place de numéro 1. Comme ça, on pourra faire des sorties en amoureux sans avoir à se cacher. T'es pas d'accord ?
Travailler en tant qu’idol, c’était être une narcissique voulant très fort être sous le feu des projecteurs. C'était le genre d’individu qui adorait sa petite personne, et détestait plus que tout perdre contre les autres. Voilà ce qu'étaient les idols, et voilà qui était Asami Tomonaga. Sans ce genre de mentalité, il était impossible de continuer dans ce métier.
Alors les mots que je devais dire à Asami n'étaient ni du réconfort ni de la compassion, mais de la provocation.
- Je suis contente que tu me proposes ça, mais même si Kanna est douée, c’est juste un tout petit peu. En plus, elle a le trac sur scène. Sans moi pour la guider, ça m’inquiète... Tu vois, le groupe a encore besoin de moi.
Asami était confuse. Le fait qu’elle était perdue dans ce qu’elle disait montrait bien son agitation.
- Moi je me demande quand même si quelqu'un qui a foiré pendant les répétitions peut s'en sortir sur scène...
- Mais oui ! J'ai surmonté des tas de problèmes jusqu’ici ! Je serais impeccable lors du concert. C'est moi qui ai choisi de devenir idol, alors je m'y tiendrais jusqu'au bout !
Asami était surexcitée. Elle se leva énergétiquement de sa chaise.
- Bon, ça va aller alors ?
Asami se calma et ouvrit grand les yeux de surprise. Elle avait surement remarqué que tout ce que j'avais dit jusqu’à maintenant était dans le but d'essayer de lui remonter le moral.
Elle resta pendant un moment la tête toute rouge, avant de se reprendre, plier les bras et tourner la tête, mécontente.
- ...Je te jure. D'accord, je vais me laisser avoir.
Ajouta-t-elle en regardant ailleurs.
- Je suis un peu vexée quand même de pas l'avoir vu venir !
Elle avait le visage rouge de colère.
Mais je n'avais pas manqué de voir le petit sourire qu'elle affichait.

6

Une heure plus tard, j'étais en plein océan de cyalume , sur les sièges premières classes installées pile face à la scène, où acclamations et exaltations du public déferlaient.
Les faisceaux lumineux multi couleurs de la scène tranchaient les légères ténèbres tassées de la salle. Même la mise en scène de ces splendides lumières ne servait ici qu'à montrer les actrices de ce soir sous un jour encore meilleur.
La foule était en ébullition. Les musiques étaient entrainantes et très rythmées. Les voix des chanteuses, amplifiées par la force de l'électronique, résonnaient partout dans la salle, et faisaient vibrer le cœur des spectateurs.
Les Super Strings montraient une dance magnifique depuis la scène illuminée. Le regard des spectateurs était figé sur cette même scène, tels des geôliers regardant une prison surembellie. Les danseuses donnaient tout ce qu’elles avaient.
Au centre, Asami était celle qui attirait le plus le regard.
Elle bombait fièrement le torse et bougeait ses longs bras et jambes habilement. En répétant les tours sur elles même, les froufrous qui décoraient son costume s'agitaient, rendant sa dance encore plus théâtrale. Elle charmait le public.
Les Supest s’étaient entrainées pour ce jour, pour cet instant, pour nous, le public présent ici. Pour les fans, ce sentiment d'être spécial était un cadeau irremplaçable.
C'était ce que souhaitait Asami. Elle comprenait bien ce qu'on attendait d'elle. Et c'est pourquoi elle tenta sa nouvelle chorégraphie. Elle était déterminée à la réussir.
En réalité, elle n'aurait pas eu besoin de mes conseils. Même si elle s'était inquiétée seule, elle aurait surement pu régler le problème par ses propres moyens.
Voilà qui était mon amie d'enfance. Elle brillait plus que n'importe qui dans ce monde coloré.
Personne dans la salle ne doutait de sa perfection, moi inclus. On était certain que le concert serait un succès.

Jusqu’au moment où Asami fit un grand saut en plein centre des autres membres des Super Strings.
Sa jupe flotta doucement dans les airs. Elle atterrit, et l'instant où elle s'apprêta à faire un tour rapide sur elle-même, elle perdit en vitesse et en équilibre, telle une toupie commençant à s'arrêter. Sa cheville droite, qui aurait dû servir de pivot pour faire son tour, se courba comme un marshmallow écrasé.
La raison devait surement être la fatigue accumulée par ce long concert et la cheville qu’elle s’était tordue durant les répétitions. Son atterrissage était devenu instable.
Asami tituba, et emportée par le bras de la gravité, fut forcée de danser une Waltz, avant de tomber au sol.
Tout le monde l’avait vu.
Bom.
L'ambiance dans la salle se gela en un instant, et les vagues de cyalume se figèrent.
Évidemment, Asami était une pro. Elle se releva immédiatement, et garda son calme, comme si ces mouvements faisaient partie de la chorégraphie. Les spectateurs reprirent leur esprit, et envoyèrent une nouvelle fois des acclamations.
Cependant, les mouvements d'Asami après ça étaient devenus lents. Pas besoin de s’y connaitre beaucoup pour le voir. Elle était devenue hésitante dans sa façon d'utiliser ses jambes. Il n'y avait plus aucune trace des mouvements dynamiques qu'elle avait montrés jusqu'à présent.
Malgré ça, elle garda le sourire jusqu'à la fin, et le public lui répondit avec des encouragements.
Le concert continua comme si rien ne s'était passé, et se termina.
Beaucoup de spectateurs venus repartirent en étant satisfaits du concert.
Toutefois, sur le net, on parlait déjà de sa chute.
- Je l'attendais avec impatience ce concert, elle a tout ruiné.
- Vraiment déçu qu'elle ait manqué son saut.
- Faut qu’elle laisse sa place au centre à quelqu’un d’autre.
- Elle va vraiment pouvoir tenir toute la tournée en étant comme ça ?
Les avis négatifs des fans des autres membres du groupe se succédaient les uns après les autres, et la voix des fans d’Asami les réprimandait.
Dans le monde des fans de Supest, ça avait fait un petit incendie.
Je ne pensais pas qu'Asami manquerait son coup à un moment aussi important. C'était très rare, niveau SSR dans les gachas. Bon, quelle tête pouvait bien faire Asami à l’heure qu’il est.
Curieux, j’entrai une nouvelle fois par la porte de derrière.
Je passai à côté du personnel professionnel qui s'occupait de ranger le matériel, et me dirigeai vers la loge d'Asami.
J'arrêtai ma main qui s'apprêtait à toquer à sa porte.
- L’équipe médicale vient de te le dire, non ? C'est une bonne entorse, et peut être aussi une fracture de stress. D'abord, tu dois passer un examen complet. Et peu importe les résultats, reste tranquille pour le moment et récupère des forces. Au cas où, je te retire du concert à Osaka et Kobe pour la tournée. Après, on verra la décision des médecins pour savoir si tu pourras participer aux suivants...
La voix tranchante de sa manager.
- Ne faites pas ça. Je peux encore danser. J’ai juste à faire des efforts et…
La voix larmoyante et tremblante d'Asami, que je n'avais pas entendu depuis longtemps.
- ...On est plus à la vieille époque. Si jamais on apprend qu'on a forcé une idol mineure et blessée à danser, ça aurait des répercussions sur le groupe tout entier.
- Mais...mes fans m’attendent...
- C'est dommage, mais c’est comme ça. Kanna te remplacera. Et ma décision est définitive. Bon, il faut que je me dépêche d'informer que tu ne pourras pas participer, et de faire une lettre d'excuses... Dans le pire des cas, on va peut-être devoir rembourser aussi.
La manager ouvrit la porte et sortit. Pendant un instant, elle sembla surprise de me voir, et immédiatement m'indiqua d'entrer avec son menton. Comme si elle me demandait de m'occuper d'Asami.
Je jetai un coup d'œil à l'intérieur, depuis l'espace entrouvert de la porte.
Il y avait à l'intérieur une Asami terriblement triste. Éphémère, à se demander si elle n'allait pas se fondre dans la pièce. On ne dirait en rien la même personne qui brillait sur scène juste avant et avait une présence encore plus grande que le soleil d'un système solaire.
-...Sniff...
Elle se cachait le visage avec ses deux mains, et pleurait sans voix.
- ...Je suis là.
Asami en larmes leva la tête.
- Tu es...revenu...
- Heu...pour ce qui s'est passé aujourd'hui...
Je ne pensais pas qu'en plus de faire une bourde sur scène, elle pleurerait. Ce monde parallèle était extrêmement rare. Ce n'était même plus un SSR, c'était un bug. Des quartz d'excuses. Des remboursements.
Même moi ce coup-ci, je ne connaissais pas la bonne réponse.
Mais avant que je n’ouvre la bouche, Asami me prit dans ses bras.
Les froufrous de sa tenue d'idol s’agitèrent doucement. Elle cachait son visage en le mettant contre mon torse, alors je ne savais pas quelle tête elle faisait.
- ...Dis, c'est encore valable ce que tu m'as dit tout à l'heure ?
- C'est-à-dire ?
- D'arrêter d'être idol.
Il s'agissait des mots provocateurs que je lui avais dits avant la représentation.
- Tu avais raison. J’aurais dû réaliser bien plus tôt que le moment était venu. Ça me suffit amplement d’avoir pu aller aussi loin. J'ai bien assez rêvé, alors je peux m'arrêter maintenant, pas vrai ?
- Mais...non, attends, j'étais pas sérieux quand je t'ai dit que...

- J'abandonne mon rêve d'idol. Je veux juste être une fille normale.

Asami leva la tête et me sourit tendrement. Elle avait les yeux humides, et les joues un peu rouges. Les traces de larmes sur ses joues étaient bien visibles. Elle montrait une profonde tristesse.
- Ça te va comme ça ?
J'étais incapable de la détacher de moi, et ne faisais que la regarder.
...Qui était-elle ?
La Asami que je connaissais ne dirait pas quelque chose d'aussi irresponsable. Elle ne choisirait jamais d'abandonner ses fans et Supest.
Alors, qui était la jeune fille en face de moi ?
En lui soufflant des choses que je n'aurais pas dues, je l'aurais affaibli ? Donc ce serait de ma faute ?
La vraie Asami n'était pas comme ça. C’était une idol qui brillait, peu importe la situation, et qui réussissait de ses propres forces ce qu’elle entreprenait, comme si elle se moquait des inquiétudes des autres. Et j'étais fier d’une telle amie d'enfance. Ce n’était pas le genre à tomber durant une dance, elle ne faisait pas d'erreur comme ça.
C’était ce monde qui était une erreur. Il n’aura pas dû la rendre comme ça. Ni moi ni Asami n’étions en tort. C’était ce monde.
Cette possibilité était absurde. Elle ne devait pas exister.
Alors je fermai les yeux, et ainsi, la porte de ce monde.
Je sentis la chaleur humaine d'Asami sur mon torse disparaitre. Une nouvelle fois, j'ouvris les yeux.
- À la réussite du concert ! À la tienne !
Dans la loge, Asami tenait sa canette le bras levé, et affichait un sourire radieux.
Je me synchronisai avec ce moi, et les souvenirs de ces dernières heures m'étreignirent.
Asami avait dansé à la perfection, et le concert fut un grand succès. Elle avait fait bien plus que de répondre aux attentes de ses fans, elle les avait charmés avec une performance encore meilleure. Sur le net, il y avait énormément de commentaires admiratifs de fan toujours sous la fièvre du concert. Que ce soit les fans du groupe Supest en général, ou ceux des autres membres, tous étaient satisfaits.
- Content que ça ait marché. Enfin, même si c'est seulement toi qui es fatiguée.
Je n’avais rien fait, mais je cognai ma canette contre celle d'Asami.
On ne célébrait rien que tous les deux.
Asami but toute sa canette d'un coup, la main posée sur sa hanche, et expira.
- Aaah, ça fait du bien par là où ça passe.
- C’est les vieux qui disent ça. Faudrait pas que tes fans t’entendent.
- Toi aussi tu dis la même chose que ma manager ? Oui...je saaaaaais. Mais là on est que tous les deux, alors je fais ce que je veux.
Elle bouda.
-...Je compte aussi dans tes fans, tu sais ?
Grommelai-je d'une voix suffisamment basse pour qu'elle ne m'entende pas.
Je détestais un tout petit peu cette relation très proche qu’on avait, mais j'en étais aussi un peu content.
À partir de là, ce fut comme d'habitude.
Je félicitai Asami, qui était prise d’une agréable fatigue, et d’une certaine satisfaction vis-à-vis de sa représentation. On fêta plein de fois le succès de son concert. Comme pour compenser le fait que l'on allait plus pouvoir se voir pendant un moment une fois qu'elle sera partie pour sa tournée nationale. On enchaina les discussions de tout et de rien, et rigola, jusqu'à ce que son manager vienne nous dire avec une tête sidérée qu'ils devaient partir.
C’était un monde normal. Le vrai monde.
J'adorais parcourir les mondes parallèles. Mais parfois, je tombais sur des mondes tellement horribles que je ne parvenais pas à regarder en face de moi.
Qu'Asami fasse une bourde lors d'un live et déclare arrêter d'être idol, c'était mignon par rapport à certains mondes atroces, qui en plus existaient par centaine.
Par exemple, il y avait un monde où un harceleur l’a pris en filature et tué. Un monde où Asami était morte dans un accident de la route. Un monde où le matériel d’une scène de concert était tombé sur elle et l’avait écrasé. Il s’agissait de mondes où des malheurs possibles avaient eu lieu.
Et ce n’était pas tout, il y en avait aussi où des choses fondamentales avaient changé.
Par exemple, le monde où le Japon continuait encore la Seconde Guerre mondiale était abominable. Dans celui-ci, beaucoup de Japonais continuaient les actes terroristes et de guérillas contre les Alliés qui stationnaient au Japon. Cette guerre embourbée pendant près de 80 ans n’avait cessé d’y mêler alliés et ennemis.
Les souvenirs du moi de ce monde étaient remplis de peur et de haine envers les Alliés. J’ai dû détourner le regard face à ces émotions négatives bouillonnantes en moi. Évidemment, je me suis tout de suite enfui de ce monde.
Il y avait aussi un monde où la guerre froide continuait. Ainsi qu’un monde où la guerre était devenue une guerre nucléaire. Un autre où un virus très mortel s'était répandu. Encore un autre où l'économie mondiale s'était effondrée et une Grande Dépression s'était produite.
Il y avait également des mondes inexplicables, qui dépassaient ma compréhension.
Par exemple, un monde où derrière la porte, tout était noir et on ne pouvait rien voir.
C’était un monde encore plus sombre qu'un trou noir, indescriptible, et où juste ouvrir la porte suffisait à se faire aspirer, et absorber par les ténèbres à l’intérieur. Ça sentait très fort les problèmes, alors j'ai immédiatement fermé cette porte, et depuis, je ne m'étais même plus approché.
Peu importe à quel point un monde parallèle pouvait être effrayant, tant que je fermais la porte et fuyais dans un autre monde, j’étais en sécurité. Toutefois, les souvenirs obtenus en me synchronisant avaient du mal à disparaitre. Ils étaient comme une tâche de curry udon, et je me sentais malade pendant un moment après ce genre d’expérience. Je sais que j’avais l’habitude de vouloir tout collectionner, mais je voulais quand même me passer de ce genre de monde.
Qu'est-ce qu'il y avait d'intéressant à voir tous ces malheurs ? En quoi c'était amusant de connaitre toutes ces possibilités de malchances ?
Dans l’univers, il y avait des possibilités bien plus radieuses et fantastiques, alors c’est surtout celles-là que je devrais regarder.
Voilà pourquoi je m'étais mis à me déplacer dans des mondes où germaient des bonheurs simples.
C'était un privilège qui n'avait été attribué qu'à moi. J’étais le seul à pouvoir me déplacer d'univers parallèle en univers parallèles.
Ça n’aurait dû, être que moi.
À ce moment-là, il ne m’était encore jamais venu à l’esprit.
Il ne m’était encore jamais venu à l’esprit que ce privilège que moi seul avais n'allait plus servir à rien dans la situation difficile qui m’attendait.