Mimizuku to Yoru no Ou : Chapitre 3

From Baka-Tsuki
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Si jamais quelqu'un venait à pousser légèrement la porte de cette maison décrépie, celle-ci s'ouvrirait en craquant et ferait alors entrer celui qui avait été convoqué.
C'était une maison incroyablement grande. La lucarne était fermée, laissant le reste de la salle enveloppée par l'obscurité. La pièce avait l'odeur d'un vieil arbre desséché.
Mimizuku tourna sur elle-même, observa les environs, puis elle commença à grimper une volée de marche grinçantes.
Dans l'obscurité, elle promena ses doigts le long de la rambarde, mais elle ne sentit pas la texture légèrement rugueuse de la poussière, même si la balustrade semblait assez vieille pour être déjà entièrement pourrie.
Elle arriva en haut. Au fond d'un long couloir, une porte était légèrement entrouverte. Une lumière vive échappait par l'embrasure de la porte. Comme si elle était aspirée à l’intérieur, Mimizuku s'approcha de la porte et l'ouvrit d'un coup.
« Waaah... »
Ce que vit Mimizuku lui coupa le souffle.
Devant elle s'étendait une immense fenêtre.
La lumière de la pièce était complètement déséquilibrée par rapport au reste de la Forêt de la Nuit.
La lumière éclairait le mur, sur lequel était exposé un énorme tableau. Composé principalement de vert et de bleu, c'était une image de la Forêt de la Nuit. C'était complètement irréaliste, pourtant un seul regard suffisait pour se rendre compte que c'était un chef-d’œuvre. D'une manière ou d'une autre, d'une manière ou d'une autre, cette large image était magnifique.
C'est ça.
Mimizuku comprit tout à coup, comme si elle avait reçu une révélation divine.
C'était aussi loin que Fukurou pouvait voir.
Que c'est beau. Que c'est solennel, quel calme infini. Peut importe où l'on regardait, le monde que pouvait voir Fukurou était magnifique. Ce n'était pas la première fois que Mimizuku avait vu un tel chef-d’œuvre. À l'époque où Mimizuku était encore dans le "village", il y avait un chef-d’œuvre parmi les objets pillés par les villageois. Le "village" était un village de voleurs.
Malgré ça, ce tableau était différent des autres, puisqu'il était infiniment plus beau. Quelles que soient les substances qui avait été utilisé pour le peindre, celles-ci dégageait un éclat étrange. L'image en semblait presque vivante.
Mimizuku tendit distraitement sa main.
Juste avant que ses doigts puissent entrer en contact avec la surface de l'image.
« Ne le touche pas. »
Les mots semblaient couper à travers le corps de Mimizuku comme des épées. Ses épaules tremblèrent et elle se retourna.
Fukurou se tenait derrière elle.
« Ah... »
« Qu'est-ce que tu es en train de faire ? »
Il ne fit aucun effort pour dissimuler sa colère.
Mimizuku eut un frisson involontaire tout le long de sa colonne vertébrale. C'était une peur instinctive, quelque chose qu'elle savait déjà avant sa naissance.
Pourtant, Mimizuku jugeait que c'était insignifiant. Elle n'avait plus peur de rien.
« Ce tableau, il est magnifique, » dit-elle simplement. Même si Fukurou était en colère, cela n'avait aucune importance.
Après tout, s'il venait à la tuer et la manger, ce serait une bonne chose.
Fukurou s'avança vers Mimizuku, ne faisant aucun bruit en bougeant ses pieds. Puis, il étendit son bras comme pour attraper Mimizuku par la tête.
Si je meurs, j’espère qu'il ne restera aucune trace de moi.
Mimizuku ferma les yeux. Comme si les lumières tournoyantes qui filtraient à travers ses paupières s'étaient soudain arrêtées, Mimizuku sombra dans l'obscurité et perdit peu à peu connaissance.

Son corps lui semblant lourd et inconfortable, Mimizuku souleva ses paupières. S’était-elle réveillée parce qu'elle se sentait lourde, ou se sentait-elle lourde parce qu'elle venait juste de se réveiller ? Quand elle ouvrit les yeux, Kuro était en train de la regarder, à cause de sa proximité il semblait très grand. Ses yeux rencontrèrent ceux de Kuro, celui-ci semblait sur le point de l'enlacer. Derrière lui se trouvait toujours la même étendue verte qui composait la forêt. La maison de Fukurou n'était plus ici.
« Es-tu réveillée, Mimizuku ? »
« Kuro ? »
Mimizuku tendit ses bras, caressant la peau lisse de Kuro.
« Mimizuku est... encore en vie ? »
« C'est vrai, n'est-ce pas ? »
« Il n'a toujours pas voulu te manger? »
« ...On dirait bien ? »
Mimizuku se mordit la lèvre. Cela avait encore était inutile. Ses pensées étaient pleines de regret et de désespoir. Pourtant, elle ressentait autre chose. Elle souleva son corps et s'assit.
« Kuro, j'ai vu la peinture de Fukurou. »
« Ah oui ? »
« C'était magnifique. »
« Ah oui ? »
C'est vrai, c'était magnifique. C'était incroyablement magnifique.
« À propos de la peinture du Seigneur... Ce qu'il a fait de plus beau est ce qu'il a peint avec du rouge, » dit Kuro, faisant preuve d'un rare moment d'hésitation.
« Rouge ? Mais il n'y en avait nulle part. Il n'y avait pas de rouge sur sa peinture. »
Mimizuku pouvait encore se rappeler clairement du dessin. Il était rempli de magnifiques bleus et verts. C’était exactement comme cette forêt en perpétuelle transformation. Mais qu'en était-il du coucher de soleil ? Pensa Mimizuku.
Kuro hocha la tête.
« Oui… Le rouge ne peut être obtenu dans cette forêt. Les peintures utilisées par Le Seigneur de la Nuit sont spéciales, remplit de magie. C'est pourquoi elles sont si belles, grâce à ce pouvoir. »
Quand Kuro parla on aurait dit que Kuro était en train de chanter.
« Cependant, pour un Ieri, il est difficile d’obtenir les ingrédients pour le rouge. »
« Difficile ? Pourquoi ? » Demanda Mimizuku, intriguée.
« Mimizuku, connais-tu la fleur appelée “Renka” ? »
« Renka ? »
« Elles sont appelées les fleurs du purgatoire, une espèce qui ne pousse qu'au fin fond de la forêt. Elles ont une couleur rouge sang. Ses racines sont extraordinaires et peuvent être transformées en peinture. »
« si elles sont dans la forêt, pourquoi ne peux-tu pas seulement aller les prendre ? » Demanda Mimizuku, en penchant sa tête sur le côté.
« Parce que leur pollen est un poison pour les Ieri. »
« Un poison ? »
« Oui, un poison. C'est pourquoi les Ieri ne peuvent pas s'approcher de leurs habitat naturel. Les humains de la ville les vendent aux Ieri. Cependant, paradoxalement, les humains ne peuvent entrer dans la forêt à cause des Ieri. »
Mimizuku réfléchit sur ce qu'il venait de dire et après avoir réfléchi pendant un moment, elle se leva et sauta vers Kuro.
« Kuro ! Je vais y aller ! Je vais aller en chercher ! »
Il semblait que Fukurou voulait des fleurs du purgatoire, malgré le fait qu'il soit incapable d'aller les chercher. Mais Mimizuku n'était pas un monstre, donc elle pouvait aller en chercher.
Elle pouvait faire quelque chose. Sachant cela, son cœur se mit à battre plus fort.
« Je vais aller chercher des Renka. »
En entendant cela, Kuro se recula légèrement. C'était une des choses que les humains avaient l'habitude de dire et qui avaient pour conséquence d'ajouter d'autres rides entre ses sourcils.
« Mais Mimizuku. L'endroit où poussent les Renka est difficile à atteindre pour un humain. »
« Oui, c'est bon. Dit moi juste où elles se trouvent. »
Mimizuku était sur le point de partir en courant. Elle donna quelques petits coups de poing à Kuro, comme pour lui soutirer des informations.
Elle pouvait faire quelque chose, quelque chose pour le magnifique Seigneur de la Nuit.
Avant, elle n'avait jamais voulu faire quoique ce soit pour quelqu'un d'autre. Malgré ça, elle se sentait prête à faire n'importe quoi pour Fukurou.

Mimizuku épongea sa sueur avec le dos de sa main.
« Ngh... »
Tendant la main du bout de ses fin bras tremblants, Mimizuku agrippa à un rocher qui se situait au-dessus d'elle. D'après Kuro, les Renka poussaient juste après cette petite falaise. Kuro lui avait dit que ses petits bras fragiles ne suffiraient pas pour gravir les falaises, mais Mimizuku n'avait pas écouté. Elle avait déjà couru loin devant Kuro, et elle arriva seule à l'endroit où les Renka se trouvaient.
Elle mit toute sa force au bout de ses doigts. Son ongle se décolla et le sang commença à suinter.
Malgré ça, son corps mince et gracile se sentait heureux. Voyant ce qui ressemblait à des plantes juste derrière la falaise, elle attrapa un rocher et se hissa dans la grotte.
Au bout de cette dernière était une grande zone dégagée dans laquelle poussaient les fleurs du purgatoire.
La lumière était filtrée par les fissures du plafond de la grotte. Cependant, même dans le noir complet, leur beauté était indiscutable.
Le visage de Mimizuku était rayonnant. Elle s'agenouilla à côté des racines de la fleur.
« Tu es sûre que c'est bon, Mimizuku ? » demanda Kuro réservé, comme s’il empêchait certains mots de sortir de sa bouche.
« Tu es sûre que c'est bon, Mimizuku ? Les fleurs du purgatoire sont les fleurs du sang. Elles fanent facilement et ainsi perdent leurs couleurs. Tu dois d'abord les attraper par leurs racines, ou sinon elles vont immédiatement se faner et pourrir... »
Mimizuku se saisit d'une branche d'arbre et commença à creuser dans la terre.
« Il n'y a pas besoin d'en prendre beaucoup, » dit Kuro. « Un seul morceau permet déjà d'obtenir une forte couleur rouge. »
En creusant dans la terre sèche, les racines de la Renka commencèrent à émerger. Mimizuku arracha une fine et dure feuille d’une des Renka qui qui se trouvait à côté d'elle.
« C'est la partie la plus importante. »
Elle attrapa le bout de la feuille d'une main et la base avec l'autre main.
« …Ngh ! »
Inspirant un grand coup, Mimizuku enleva la feuille de son autre main en tirant dessus.
Elle entendit quelque chose couper la peau de sa main. C'était un léger bruit de frottement, mais elle l'avait probablement imaginé.
La feuille avait coupée directement au travers de la main de Mimizuku. Un sang rouge commença à couler et à goutter sur le sol. Mimizuku planta son ongle dedans, agrandissant la plaie. Elle commença à suer et ce n'était pas de fatigue. Des rides apparurent sur ses tempes.
« C'est la partie la plus importante. Pour que la Renka ne se fane pas en cours de route, tu as besoin de sang bien rouge. Mimizuku, tu dois te couper et permettre à la Renka d'absorber ton sang. Peux tu le faire ? » Demanda Kuro.
« Bien sûr ! » répondit Mimizuku.
« Ehehe! »
suçant le sang de la main de Mimizuku, la fleur semblait devenir plus rouge et plus vigoureuse. Voyant cela, Mimizuku se sentit heureuse et tint précieusement la Renka dans sa main. Kuro avait dit que les racines suffisaient, mais la fleur entière était tellement plus belle.
« Ne vas-tu pas prendre un couteau ?  » Demanda Kuro avant qu'elle s'en aille. Cela aurait sûrement était le meilleur moyen d'accomplir sa tâche. Cependant, Mimizuku hocha la tête.
« Je déteste les couteaux. »
Avec un léger soupir, Mimizuku se leva. Elle chancela un peu, mais elle se dit qu'elle allait bien tant qu'elle avait la Renka. Son esprit plus en paix que ce qu'il était quand elle était partie.
Elle descendit prudemment la falaise. C'était plus difficile cette fois-ci, seule une de ses mains étant libre.
Son attention était complètement tournée vers la Renka et en pleine descente, un rocher céda sous son pied.
« Hyaah! »
Elle tomba par terre. Ou du moins elle pensait qu'elle allait tomber, mais au lieux de ça, elle entendit un bruit sourd et profond.
« Gyah ! »
Sentant une forte douleur aux niveaux de ses épaules et de ses poignets, elle poussa un cri. Elle sentit ses pieds flotter dans l'air. Au lieu de tomber, elle fut amenée vers une branche sur laquelle elle se balança accrochée à la branche par la chaîne autour de ses bras. La douleur semblait trop loin pour qu’elle la remarque.
Cependant, Mimizuku serra les dents et réaffirma sa prise sur son importante cargaison. Le sang coulait de ses mains le long de ses bras sur sa peau couverte de blessures.
Mimizuku continuait à ignorer la douleur. Elle agita ses jambes pour chercher un endroit où poser son pied et ainsi reprendre conscience de son environnement.
Elle trouva une place où se poser et relâcha la tension qu'exerçaient ses chaînes sur la branche. Elle regarda ses poignets, ils étaient entièrement rouge, à cause de la mauvaise circulation du sang.
« … Heheh. »
Elle commença à rire joyeusement. Je suppose que tant que je parviens à descendre de la falaise...
Elle commença à redescendre le long du chemin qu'elle avait pris à l’allée, mais elle fût soudainement envahit par un sentiment mystérieux.
Étrange...
Elle marcha sur l'herbe et quelques branches.
Tout ça pour pouvoir donner la fleur à Fukurou.
On dirait presque... Que je veux vivre...
Elle passa à travers un bosquet que les rayons du soleil ne pouvaient pénétrer, et sortit près d'une petite rivière. Cependant, elle s’arrêtât brusquement de marcher. Huh... ?
Se cachant sous des arbres en bordure de rivière, elle vit une ombre. Pour Mimizuku, ça ne ressemblait pas à un animal ou à un monstre .
Un humain.
Il n'y avait pas d'erreur. Même s'il ne devrait pas y avoir d'autre figure humaine dans la forêt à par le Seigneur de la Nuit, devant Mimizuku indubitablement un être à forme humaine.
Mimizuku se rapprocha. C'était un petit homme rondelet aux cheveux blancs. Il avait un arc accroché dans son dos et il observait une carte avec un regard craintif.
« Hey, qu'est-ce que vous faite ? » appela Mimizuku. L'homme stoppa sa progression vers les arbres.
« U-uwaaaah ! J-Je suis perdu ! Je vous en supplie, croyez moi ! S'il vous plaît, aidez-moi... !! » Dit-il, accroupit et terrifié.
Mimizuku le regarda d'un air absent. Elle l'appela de nouveau.
« Hey ! Est-ce que vous allez bien ? » Dit-elle simplement. L'homme leva timidement la tête.
« Une f-f... une fille... ? »
L'homme cligna plusieurs fois des yeux et regarda Mimizuku. Mimizuku se laissa voir.
« Tu es perdu, grand-père ? Si tu descends jusqu'en bas le long de la rivière, tu ne verras aucun monstre à cette heure du jour. Mais tu veux sortir d'ici, n'est-ce pas ? Hm... donnes moi une seconde, d'accord ? »
Elle réfléchit un moment puis elle retira l'étamine de la Renka. Elle devait garder en main la Renka jusqu’à ce qu'elle l'apporte à Fukurou, mais même si elle lui ramenait la fleur, elle répandrait tout de même son pollen. Elle ne voulait pas rendre Fukurou malade.
« Trés bien, prends ça ! »
Elle se saisit de sa main. Il y avait un petit peu de sang dans sa main libre, mais l'homme la prit gracieusement, malgré qu'il soit évidemment confus de par l'apparence échevelée et ensanglantée de Mimizuku.
« Ceci tiendra les monstres à distance, donc tant que tu la tiendras dans la main, tu t'en sortira. Fais juste attention à sortir avant qu'elle ne sèche et change de couleur ! Bien alors, fais de ton mieux ! » Dit Mimizuku.
« Qu'en est-il de toi ? » demanda le vieil homme, abasourdit.
« Hm ? Je suis Mimizuku ! » Répondit-elle, se méprenant sur le sens de la question du vieil homme.
L'homme secoua la tête.
« Ce n'est pas ce que je veux dire. Ne viens-tu pas avec moi ? Tu ne peux pas rester ici par toi-même, n'est-ce pas ? » L'homme regarda Mimizuku de bas en haut et sembla la prendre en pitié.
Mimizuku ne comprenait pas ce que son regard signifiait.
« Moi ? » Répliquat-elle. Elle cligna plusieurs fois des yeux, puis se mit à rire. « Je ne peux pas m'en aller ! Je dois apporter cette fleur à Fukurou. Bon et bien, au revoir ! »
Dire ces mots eu pour effet de lui rappeler ce pour quoi elle était venue. Mimizuku se retourna, ne faisant plus du tout attention au vieil homme.
Pleine d'énergie, Mimizuku retourna dans la forêt.
Elle finit par n'être plus qu'un petit point à l'horizon. Le vieil homme regarda la fleur ensanglantée dans sa main. Il avait très envie de suivre Mimizuku, mais il abandonna cette idée marcha le long du chemin que Mimizuku lui avait indiqué.
« Je dois lui dire... Je dois en parler au Saint-chevalier, » murmurât-il.

Elle était en train de courir vers la maison quand Mimizuku s’arrêta soudainement. Une silhouette sombre dotée d'ailes d'un noir d'encre se tenait face au lac. Mimizuku secoua plusieurs fois la tête, pour être sûr qu'elle n’imaginait pas des choses.
« Fukurou ! » Appela-t-elle haut et fort. L'ombre aux ailes noires se retourna lentement.
Elle courut vers lui. Cependant, elle ne pouvait pas s'approcher assez de lui pour pouvoir le toucher en étendant la main. L'air autour de Fukurou l'en empêchait.
« Fukurou ! Je te donne ceci ! »
Mimizuku tendit sa main ensanglantée. Elle tendit la Renka à Fukurou.
Fukurou regarda les fleurs pourpres avec ses yeux de lune.
Dans les mains boueuses et tachées de sang de Mimizuku était un pourpre profond.
Il finit par ouvrir sa bouche pour parler.
« Que veux-tu en échange ? » Demandât-il d'une voix basse mais profonde.
Les yeux Sanpaku de Mimizuku se firent large et rond, comme des assiettes. Elle était surprise. Elle n'avait pas pensée à quoi demander en échange.
Une récompense...Quelque chose que je désire...
Que devrais-je faire ?
Elle pouvait de nouveau demander à être mangée. Kuro lui avait dit que c'était sans espoir, mais peut-être pouvait-elle réessayer.
Pourquoi lui ais-je ramené cette fleur ? Pensa Mimizuku.
Elle était d'accord pour faire couler de son propre sang et pour endurer la souffrance qui allait avec. Et elle avait pensé qu'elle ne voulait pas non plus mourir. Si elle voulait livrer la fleur à bon port, elle ne pouvait pas mourir.
Elle n'avait jusqu'alors jamais pensé à faire quelque chose pour le bien d'un autre.
Oh !
Pensant finalement à quelque chose qu'elle pouvait demander, elle sourit.
« complimente moi. »
N'importe quoi conviendrait.
Bon donc, complimente moi, Seigneur de la Nuit !
Avant, elle n'avait jamais rien fait pour quelqu'un. Mais elle avait pensé toute seule à amener la fleur à Fukurou. De toute sa vie, elle n'avait jamais été complimentée pour quoi que ce soit. D'habitude quand elle finissait un travail, elle était battue ou grondée.
Elle n'avait jamais travaillée dans le but d'être complimentée, mais elle pensa que ça aurait été merveilleux si elle l'avait fait. Personne dans le "village" ne lui avait jamais dit un compliment. Elle n'avait jamais considéré vouloir être complimentée quand elle était dans le "village", mais maintenant, Mimizuku voulait être complimentée par Fukurou.
Fukurou ne répondit pas. Il plissa les yeux et lui pris la Renka.
Sans la regarder dans les yeux, il bougea ses lèvres.
En faisant ça, un tremblement pouvait être ressentit dans l'air. Entre Mimizuku et Fukurou, une petite figure apparut. C'était Kuro.
« Mon Seigneur. »

Kuro flotta jusqu'à la tête de Mimizuku et s'agenouilla devant Fukurou. Même au sommet de la tête de Mimizuku, les yeux,de Kuro et de Fukurou ne se rencontraient pas.

« C'est Kuro ! » dit Mimizuku, allégeant l'atmosphère.
Mimizuku sentit Kuro marcher sur sa tête.
« C'est bien que tu sois revenu. Mimizuku, » dit-il d’une voix basse que seule Mimizuku pouvait entendre. À ces mots, Mimizuku se sentit incroyablement heureuse et elle commença à rire légèrement.
Fukurou se tourna vers Kuro.
« Fais la peinture. Prépare le feu, » ordonna-t-il.
Kuro était sur le point de dire quelque chose quand Mimizuku bomba le torse.
« Oui monsieur ! Je vais le faire ! Je peux préparer le feu ! » cria-t-elle, les yeux brillants. Elle fit un pas en avant vers Fukurou, cependant ses forces l'abandonnèrent soudainement et elle tomba sur ses genoux.
« Ah ! »
Sans avoir la chance de reprendre son souffle, elle tomba par terre. Elle fut incapable d'étendre ses bras à temps et tomba à la renverse sur ses épaules, finissant sur le dos et le nez en l’air .
"Uuugh..."
Ses pensées commencèrent à devenir flou et sa vision commença à flancher. La conscience de Mimizuku sombra peu à peu dans les ténèbres.
Kuro, qui avait été sur la tête de Mimizuku pendant la manœuvre, battit des ailes et atterrit aux côtés de Mimizuku.
« L'idiote. Ce n'est que naturel parce qu’elle a perdu beaucoup de sang. »
Kuro commença à retirer la main gauche de Mimizuku qui était coincée sous elle, mais s’arrêta soudainement et regarda son roi.
« Comme voudriez vous votre feu, Votre Majesté ? »
Fukurou fixa son subordonné et soupira lourdement.
« Oubli ça, » cracha-t-il. Il commença à s'éloigner. Kuro continua à plaider.
« Roi ! Je compte vous ramener cet enfant une fois qu'elle se sera réveillée. Ou si vous le souhaitez, je peux lui enlever le souffle et la tuer immédiatement ! » Cria Kuro de sa voix cassée. Fukurou lui jeta un regard.
« Fait comme tu veux. » Avec un seul battement d'aile, il disparut dans les ténèbres.
Kuro se retourna vers Mimizuku et promena sa main au-dessus de sa main ensanglantée.
Il conjura une flamme d'un blanc bleuté.
« Tu devrais faire plus attention, Mimizuku, » soupira-t-il de sa voix cassée vers Mimizuku, qui ne l'entendit pas. « Tu as été épargnée une fois de plus. » Les derniers rayons de lumière avaient finalement disparue et la nuit commença de nouveau à envelopper la forêt.

Une vieille porte de chêne qui donnait une impression de vieillesse s'ouvrit, la cloche attachée à la poignée se mettant alors à sonner.
« Bienvenue ! » Cria la barmaid, plus en réponse à la sonnerie que pour le client. Cependant, quand elle vit qui était entré, elle haussa les sourcils.
« Eh bien, vous revoilà Sir Chevalier ! » appela la barmaid corpulente, ayant pour conséquence que tout le monde dans l'auberge se retourne vers la porte.
« Yo. » Le jeune homme sur le pas de la porte tendit son index droit et sourit, provoquant ainsi une soudaine explosion de l’excitation dans le bar.
Des bruits de plaisanteries circulant dans le bar.
« Cela fait longtemps que vous ne nous avez pas visité, Sir Chevalier ! »
« Hé Andy ! Qu’en est-il du jeu de poker que tu m’avais promis la fois dernière ? »
« Tu laisses encore ta femme seule pour aller faire n'importe quoi pendant la nuit, eh ! »
« Je suis surchargé par la vie civile, tu sais. »
« Hé, hé, laisse ce genre de parlote à la maison ! »
En un clin d’œil le bar fut remplit de rire. L'atmosphère de la pièce s'était renversée avec l'arrivée du jeune homme. Il reçut les sincères salutations une par une et se fit un chemin jusqu’au bar comme à son habitude et pris un siège.
Tout en faisant tourner sur lui-même son corps rondelet, la barmaid sortie une chope.
« Comme d'habitude ? »
Le jeune homme sourit.
« Oui s’il te plaît, » dit-il. Un client régulier s'assit à côté de lui et commença à parler.
« Qu’est-ce que vous avez Monsieur le Saint-Chevalier ? Encore du thé ? Ce n'est pas un endroit où les enfants et les jeunes femmes viennent jouer, tu sais ! »
« Ouais, ouais, je sais. »
Le Saint-Chevalier eut un rire troublé tendit qu’il engageait la conversation avec cet habitué.
« Ma femme dit que je dérange quand elle est en train de faire la cuisine, donc elle me laisse dépenser mes sous ici ! »
« Hahahaha ! Ça lui ressemble tout à fait, à ta femme ! »
L'homme ivre eu un soudain fou rire.
« Et d’ailleurs, ce n’est pas que je n’aime pas l’alcool. C’est juste que les choses sont plus intéressantes quand on n’est pas soul. C'est pourquoi je préfère me tourner vers ce thé à base de plante, plus sage et moins cher. »
« Oh, tu sais, ça me va quand même, » la barmaid claqua la chope remplit de thé sur le contoire, en face de Ann Duke.


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