Qui a tué le Héros ? : Tome 1 À une certaine boutique de confiserie

From Baka-Tsuki
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À une certaine boutique de confiserie[edit]



Ces derniers temps, la capitale était un peu agitée.
Le Héros que tout le monde croyait mort était revenu.
Comment ça, et bien, car la princesse s’est rendu compte pendant qu’elle rassemblait des informations sur les exploits du Héros qu’il était peut-être en vie, et l’a retrouvé.
Ces documents furent annoncés à grande échelle, et le passé du Héros, révélé au grand jour.
À en croire ces archives, le Héros n'était à l’origine pas le Héros, mais l’était devenu pour remplacer son meilleur ami décédé qui lui était le Héros. Après avoir surmonté de nombreuses épreuves, il terrassa enfin le Roi Démon.
Ces documents sur le Héros furent publiés sous la forme d'un livre qui provoqua un grand boom à la capitale. On racontait qu'il était impossible de le lire sans pleurer. Ceux qui avaient de l'argent l'achetait, ceux qui n'avaient pas d'argent, mais qui pouvait lire, on leur prêtait, et ceux qui n'avait ni argent ni ne pouvait lire écoutaient attentivement les lectures publiques du livre.
Le Héros gagna énormément en popularité. Le nombre de personnes voulant qu'il devienne le Roi grimpa en flèches. On ne savait pas si le Héros allait se marier à la Princesse et devenir roi, mais j'aimerais que ce soit le cas.
Après le boom du livre, on organisa une immense parade fêtant le retour héroïque du Héros. Tout le monde était présent, le Maitre Épéiste, la Sainte, et le Sage. Ce fut un tel succès que même des personnes d'autres pays étaient venues. J’ai vu la parade aussi, mais de loin, si loin que je n'ai pas pu bien voir leur visage. Selon les rumeurs, le Héros était aussi beau que sur son portrait. J'aimerais bien le voir de près un jour.

※ ※ ※

Mon père était doué en confiserie. C'était son métier. Sa boutique était située dans la ville basse. Petite, mais toujours prospère. Étant dans la ville basse, c’était généralement des personnes du bas peuple qui venaient, mais parfois, on avait aussi des servants de nobles, alors que pourtant, c’était un magasin pour les personnes ordinaires. Que des nobles veuillent aussi manger des sucreries de mon père, c'était un peu la fierté de la boutique.
J'aidais au magasin depuis que j'étais petite, et peu à peu je me mettais à faire mes propres confiseries. Récemment, j’ai eu le droit d’en poser une sur l’étagère pour la vente.
Contrairement à ce qu’on pense, la création de sucreries demande beaucoup d'efforts physiques. Porter des ingrédients lourds, malaxer la pâte en rajoutant de l'eau de temps en temps, et mélanger les ingrédients sans s'arrêter. On se brule, on s’abime les mains. En réalité, c'était un travail d'homme, mais je voulais devenir comme mon père, alors tous les jours l'ouverture du magasin, je persévérais à en créer.
Je m’améliorais petit à petit, mais je n’étais pas au niveau de mon père, que ce soit en présentation ou en gout. Elles avaient du mal à se vendre.
Je regardais toujours les clients en priant
(S’il vous plait, achetez mes confiseries !).

Quand j’ai commencé à pouvoir mettre mes sucreries en rayon, la boutique gagna un nouveau client régulier.
D'après mon père, il était autrefois étudiant à l’Académie Falm. Il y a plus d'une dizaine d'années, il venait souvent au magasin, mais après avoir fini son cursus, il n’était plus revenu.
L'instant où mon père le vit, il sortit de la cuisine en courant et le pris dans ses bras.
- Ça fait un bail !
C'était rare. Mon père avait une fierté et une confiance absolue en ses capacités, alors il ne montrait pas trop ses émotions, mais là il avait l'air très heureux.
Le client lui répondit, ça date oui, puis fit un sourire radieux.
Il devait être proche des vingt-cinq ans. Il avait des cheveux châtains un peu ébouriffés et des yeux marron clair. Il était clairement quelqu'un d'ordinaire, un homme banal.
Après avoir discuté un moment avec lui, mon père lui donna tous les types de sucreries du magasin.
- Prends-les ! Et mange-les toutes !
Le client était un peu gêné, et essaya de payer, mais mon père refusa.
J'étais surprise, jamais il n’avait donné de confiseries gratuitement à un client.
Au final, l’homme dit je reviendrais, et quitta le magasin avec plein de sucreries.

Mon père me raconta qu’apparemment, il avait une dette envers cet homme.
Quand j'étais petite, mon père qui travaillait en tant qu’artisan de confiserie dans une grande boutique décida de prendre son indépendance, et ouvrit un magasin destiné aux plus modestes. Cependant, il parait qu’au début, il n’avait pas de client.
À l’origine, les sucreries étaient des produits de luxe. Tout particulièrement pour les personnes ordinaires, qui ne pouvaient en manger que rarement.
Naturellement, ils voulaient donc que les sucreries qu’ils mangent parfois soient aussi bonnes que possible. Et donc leurs attentes envers les confiseries augmentaient.
Il était très difficile d’avoir des sucreries capables de répondre à ces attentes. Mon père avait apparemment créé plein de sucreries à tâtons, et placé à la vitrine, mais il n’était pas parvenu à créer des confiseries unanimement appréciées.
C’est à cette période qu’est apparu cet homme aux cheveux châtains.
Il était particulier comme client, il fixait toujours les sucreries en marmonnant le nom de Dieu. Il n’achetait toujours qu’une seule confiserie. Il était étudiant, et donc n'avait pas l'argent pour en acheter plus. Il décidait toujours de la sucrerie à acheter après s’être beaucoup remué les méninges.
Toutefois, il ne les achetait pas pour lui. C’était un cadeau pour sa petite amie. Ce n'est pas ma petite amie, réfutait-il, mais mon père était convaincu que si, car il ne serait pas aussi désespéré à lui offrir de bonnes confiseries sinon.
Il parait que sa copine était quelqu'un de terrible. Quand elle n'aimait pas la sucrerie, elle lui en faisait en voir de toutes les couleurs.
Elle l’a suspendu en l'air depuis le toit de l'Académie, s’est servi de l’homme comme cible pour ses sorts, l’a fait tomber d'une falaise en lui donnant un coup de pied, et lui en redonnai un juste après qu’il soit remonté pour qu’il retombe, bref, que des histoires à n’en pas croire ses oreilles.
- Comment ça s'est passé la dernière fois ?
- Pas bien on dirait.
Apparemment ils ont beaucoup échangé cette conversation à l’époque.
Il semblait aller voir d’autres boutiques de confiserie aussi, mais mon père eut de la peine pour ce client, et s’était mis à créer des sucreries qui pourraient plaire à cette petite amie. Mon père faisait gouter à l’homme aussi, étant donné qu’il ne les achetait pas pour lui.
Pourquoi est-ce qu'il sortait avec une copine comme ça ? Elle lui faisait acheter des sucreries, et si ça ne lui plaisait pas, elle lui faisait vivre un cauchemar. Elle devait forcément être moche et avoir un caractère de cochon.
Tandis que mon père fabriquait des confiseries ajustées aux gouts de cette fille, notre magasin gagna petit à petit en popularité.
Le discernement de ce client pour choisir de bonnes sucreries était de plus en plus affiné. Les sucreries qu'il choisissait parmi beaucoup d’autres avaient aussi une bonne réception auprès des autres clients.
Au final, mon père prit la décision de lui montrer plein de prototypes quand il venait, de lui faire gouter, et de lui demander d’en choisir une parmi elles.
Le lendemain, la confiserie choisie se retrouvait présentée au meilleur endroit de notre étagère.
De fil en aiguille, la boutique gagna une grande popularité, et se fit connaitre pour ne mettre en vente que de bonnes sucreries toutes les semaines.
- Si le magasin est ce qu'il est aujourd'hui, c'est grâce à lui et au mauvais caractère de sa copine.
Dit mon père.

※ ※ ※

Environ une semaine plus tard, ce client revint.
Et cette fois-ci, avec une fille.
Une femme aux ravissants cheveux blonds coiffés derrière en chignon, et portant des lunettes. Elle avait l’air de quelqu’un d’efficace dans son travail. À en juger par son apparence, je pense que c'était une officière civile du palais ou la réceptionniste d'un grand magasin. En regardant de plus près, elle était plutôt belle.
- Ce n'est quand même pas ta copine de l'époque ?
Mon père lui demanda discrètement.
Il sourit et répondit, ce n'est pas elle.
- Ouf, content que tu te sois séparé de cette horrible femme.
Mon père pleura.
Gêné, l’homme força un sourire.

Toutefois, quelque chose d'étrange se produisit.
Après sa venue, une nouvelle cliente entra dans notre boutique.
Elle cachait son visage avec un foulard recouvrant jusqu’à ses yeux, alors on ne pouvait pas bien voir sa tête, mais une fois en face pour m’occuper d’elle, je réalisai que c'était une très belle femme. Elle avait une peau blanche comme de la céramique, des yeux noirs mystérieux, et des cheveux noirs comme de la soie dépassaient de son écharpe.
- Il y a un client qui est venu ici un peu avant, non ? Un jeune homme aux cheveux bruns. Je voudrais la même chose. Il est doué pour choisir de bonnes sucreries, vous savez ?
La belle femme sourit gracieusement, et j'emballai des sucreries comme elle me le demanda, sans douter de rien.
- Merci.
Elle paya, pris les sucreries, et s'en alla tout en faisant un peu attention aux personnes dans les alentours.
Je restai un moment la tête dans les nuages.
Quelle belle femme. Et pas seulement son visage, elle devait forcément avoir une belle personnalité aussi.
Elle cachait surement son visage, car elle était trop belle.

Un peu plus tard, un nouveau client entra.
C'était un homme blond au corps robuste. Il était bien habillé, et dégageait un air de chevalier. Il avait aussi le visage ferme. Il était attirant. Il avait un peu de barbe, mais ça lui rajoutait du charme, ça lui allait bien.
- Ici c'est...surement le magasin qu’il fréquente. Za...Al...Je veux dire, un homme plat, aux cheveux châtains un peu ébouriffés. Tu vois de qui je parle ?
Je voyais. L’homme dont il parlait était quelqu'un de banal, mais marquant, en bien des sens, alors je compris tout de suite.
- Oui. Il vient à notre boutique ces derniers temps, non ?
- C'est ça, c'est lui. Je voudrais prendre les confiseries qu’il a achetées. Tout ce qu'il reste.
- Euh...ça va faire beaucoup, ça va aller ?
Ce n'était pas une quantité qu'une seule personne pouvait manger.
- Aucun problème. Je compte les offrir à ma fiancée. Je l'ai fait attendre longtemps. Je veux absolument lui faire manger quelque chose de bon.
L’homme blond fit un grand sourire. Et évidemment c’était un sourire splendide.
- Ah, vous avez une fiancée.
J'étais un tout petit peu déçue.
- Enfin, je dis ma fiancée, mais c'est ma cousine. On s'entend bien. Et c'est aussi la fille de quelqu'un que j’admirais. C'est une femme trop bien pour moi.
L'homme blond sourit, un peu embarrassé. Cet geste était un peu amusant.
C'était quelqu'un de si distingué, et pourtant il avait un côté adorable, ça le rendait encore plus splendide.

Un long moment après que l’homme blond soit parti, à l’heure où on était sur le point de fermer boutique, un nouveau client entra.
Cette fois-ci, c'était quelqu'un vêtue d'une capuche violette. Il ressemblait à un mage. C'était rare qu'un magicien vienne dans un magasin de sucreries. Ne serait-ce pas la première fois que ça nous arrivait chez nous ?
Quand on entend mage, on s'imagine ceux qui boivent des soupes bizarres vertes visqueuses, et qui ne mangent pas de douceur.
Le mage avait clairement l'air d’être quelqu'un de pointilleux. Il faisait une tête difficile. Il fallait faire attention avec ces personnes-là, elles se plaignaient des produits pour des détails.
Je me motivai et décidai de m'en occuper.
- Toi là, il y a pas un homme plat qui est venu acheter des sucreries ici ? Les cheveux châtains, un peu ébouriffés. Tu vois de qui je parle ?
Me demanda brusquement le mage.
(Hé ? Lui aussi ?)
Cela faisait trois maintenant, une belle femme, un chevalier, et un mage. Quel genre de personne pouvait bien être cet homme aux cheveux châtains ?
Il ne ressemblait pourtant qu'à une personne ordinaire. Il était peut-être célèbre pour être un expert pour trouver de bonnes sucreries.
- Il est venu, mais...
- Je vois. Donne-moi la même chose que lui.
Il n'y avait aucune amabilité dans sa façon de parler.
- Je suis désolée, un client est venu et a tout acheté...
Je répondis la plus désolée possible. Je croyais que le mage allait se mettre en colère.
- Ts, ça doit être un coup de Léon. Voilà pourquoi les nobles il faut les...
Le mage fronça les sourcils, mais resta calme, et murmura juste des plaintes comme s'il se parlait à lui-même.
- Si…si vous voulez, on a d'autres confiseries...
Je n’en avais peut-être pas l’air, mais j'étais chargée de ramener des clients à la boutique, alors même face à cette personne désagréable, je recommandai nos produits.
- Pf
Le mage souffla du nez, un peu mécontent.
- Je voulais manger la même chose que lui. Mais bon, c’est pas une raison pour repartir les mains vides. Tant pis, je vais prendre quelques trucs qu’il reste.
C’était quoi cette attitude. Il achetait, alors c’était un client, mais il en rajoutait trop quand il parlait, alors je ne pouvais pas sincèrement me réjouir.
Le mage choisit des sucreries, vraiment au hasard. Parmi elles, il y avait celle que j'avais faite.
(Comment je fais. Si jamais il mange la mienne et ça ne lui plait pas, il va peut-être utiliser sa magie pour mettre le feu à la boutique.)
Dans ma tête, je m’imaginai le mage devant moi en train de rire fort tout en brulant le magasin. Ça lui allait très bien.
- Euh, cet article c'est...
Ça serait un problème s'il arrivait quelque chose au magasin. J’étais sur le point de l'empêcher d'acheter ma sucrerie quand
- Quoi ? Il y a un problème avec celle-là ? Ce magasin met en vitrine de mauvais produits qui ne devraient pas être vendus ?
Dit-il, semblant de très mauvaise humeur.
Aucun employé n'était capable de faire renoncer à un achat en entendant ces mots. Je lui annonçai la somme totale à payer, malgré moi.
Le mage sortit l'argent de sa poche, désintéressé, et je l'acceptai à contrecœur.
- Merci de votre achat. Nous attendons votre prochaine visite.
Je récitai les mots de routine sur un ton monotone, et pria qu'il ne vienne plus.

※ ※ ※

Environ une semaine après, l'expert pour trouver de bonnes sucreries visita une nouvelle fois le magasin. Encore une fois, la femme aux lunettes était là.
Mon père sortit une nouvelle fois en courant de la cuisine, et commença à discuter de confiseries avec lui.
L’homme n'était pas très bon pour expliquer, mais j'appréciais le fait qu’il se donnait du mal pour essayer de transmettre pourquoi les sucreries qu’il a mangées étaient bonnes.
La femme qui l’accompagnait m’adressa la parole.
- Les sucreries étaient délicieuses. Mère aussi les a trouvées bonnes.
- Contente que ça vous ait plu. Vous vous entendez bien avec votre mère, non ?
- Qui sait ? En réalité, je ne l'ai pas vu pendant longtemps. Avant ça, je l'ai revu juste une fois, mais après elle est restée enfermée dans sa pièce et j'étais embêtée, je n’arrivais pas à aller la voir. Mais il est venu voir Mère avec moi, et a ouvert la porte en forçant.
La femme le regarda tendrement. Il ne remarquait pas, il continuait de discuter avec mon père.
- Ça a dû... être compliqué...
On dirait que sa famille avait des circonstances particulières. J'hésitai à lui en demander plus.
- Oui, mais il a proposé des sucreries à Mère, et après les avoir mangées sans rien dire, elle a dit qu'ils étaient délicieux. Après ça, elle s'est mise à nous reparler petit à petit. Aujourd’hui aussi je me suis dit que j’allais lui offrir une sucrerie d’ici.
La femme avait l'air heureuse en racontant. Il était incroyable cet expert en choix de sucrerie. Ce ne n’était pas facile de rendre les gens heureux avec des confiseries.

Aujourd'hui encore, juste après qu'ils soient repartis, la belle femme est venue, et a acheté comme je m'y attendais, la même sucrerie. L'homme blond aussi, il a acheté tout le stock.
Pour finir, le mage était venu. Et une fois de plus, juste avant la fermeture.
- Je vois, il n’y en a plus aujourd’hui non plus.
Le mage était déçu. Comme d'habitude, il avait l'air de mauvaise humeur.
(Vous devriez venir plus tôt alors, si c’est pour dire ça.)
Le mage me jeta un regard noir, comme s'il avait compris ce que je pensais.
- Tant pis. Je vais encore prendre quelques-uns qui reste alors.
Il avait toujours le mot de trop. Toutefois, il ne se plaignait pas des sucreries de la dernière fois, et ne récita pas soudainement une incantation. Aussi étrange que cela puisse être, peut-être qu’il avait aimé.
- Donne-moi celui-là et celui-là. Et celui-là aussi.
Le mage choisit des confiseries sans vraiment faire attention, et une fois de plus la mienne était dedans. Est-ce qu’il l’aimait ?
Toutefois, si je lui demandais quelque chose, il ne me ferait surement qu’une mauvaise remarque, alors je ne pus vraiment pas demander son avis.

※ ※ ※

Pendant un moment, cette même journée se répéta une fois par semaine.
Selon l'expert en recherche de sucrerie, apparemment la belle femme, le blond, et le mage étaient de grands amis à lui.
- Vous devriez venir ensemble alors.
Lui demandai-je.
- On est tous occupés par notre travail, alors on a rarement l'occasion de se rassembler tous ensemble.
Me répondit-il.
Vraiment ? En mettant de côté le blond et le mage, la belle femme venait juste après qu'il parte, comme si elle le prenait en filature.
J’allais lui poser la question, quand soudain je ressentis un frisson dans le dos. J’avais l’impression que quelqu'un me regardait depuis dehors.
Je regardai timidement à la vitre. La belle femme se tenait là. Elle me sourit gentiment.
J'ai peur.
...Je vais m'arrêter là. Il ne faut pas que je me mêle trop de la vie privée des clients. Ça vaut mieux pour moi.

Comme toujours, le mage était le dernier client de la journée.
Après avoir vu, comme d'habitude, que nous n’avions plus ce qu’il voulait en stock, comme d'habitude, il prit plusieurs sucreries qui restaient, dont la mienne.
Les sucreries qu'il choisit étaient éparpillées, mais il prenait toujours la mienne.
Est-ce qu’il aimait ma sucrerie, comme je le pensais ?
- Cette confiserie, vous l'achetez toujours. Elle est bonne ?
Je pris mon courage à deux mains et demandai.
- Non, elle est mauvaise.
...Je n’aurais pas dû lui demander. Vraiment pas quelqu’un de gentil ce mage.
- C'est toi qui l’as faite pas vrai ?
Dit-il en souriant.
Il était désagréable. Il savait que c’était la mienne, et m'a quand même dit qu'elle n'était pas bonne.
- Oui...
- La façon que tu as de la regarder est différente des autres. C'était la seule que tu regardais avec émotions. C'est comme ça que j'ai su.
Comme je m'y attendais du mage. Il était bon observateur.
- Pourquoi vous l'achetez toujours si elle est mauvaise ?
Je lui demandai comme si je faisais la tête.
- Et bien, les autres sucreries sont parfaites, elles sont délicieuses. Mais tu sais, celles qui ne sont pas parfaites ont de la valeur aussi, à leur façon. C'est justement, car elles sont imparfaites, qu’on peut les voir devenir de plus en plus savoureuses. C’est un ami qui m'a appris à apprécier ce processus d’évolution.
Par son ami, parlait-il de l'expert en recherche de sucrerie ?
Le mage me regarda attentivement.
- Évidemment, cette évolution vient de tes efforts. C'est pour ça que je l'achète à chaque fois. Si tu ne faisais pas d'effort, je ne l'achèterais pas. Alors continue d'essayer, sans avoir peur de l'échec. Ne t'en fais pas, moi je te les achèterais.
Dit-il. Le mage paya et repartit.
Il était sournois ce mage. C’était vraiment injuste de me lancer ce genre de magie.
Je sentis que j’avais la tête toute rouge.