Stereopticon Rotation Son nom, Yumetarou

From Baka-Tsuki
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Quelque chose de froid tomba sur joue de Takumu.
L'instant suivant, une averse torrentielle de grosses gouttes tomba.

Ils parvinrent à fuir à temps sous le toit d'un centre commercial avant d'être complètement trempés.
Baratatatata.
Le médiateur versa le café obtenu à un distributeur dans sa gorge, tout en écoutant les bruits forts des gouttes d'eau qui tapaient le toit.
- ...J'avais oublié qu'il pleuvait fort à cette heure-ci.
- C'est pourtant la base d'agir intelligemment en ayant les connaissances des boucles précédentes. Tu me déçois.
- Pourquoi je dois être le seul fautif dans l'histoire ?
Le gout amer du café sur sa langue suffisait à diminuer son envie de dormir. Ce n'était pas vraiment les effets de la caféine, mais plutôt, car il avait plutôt conditionné son corps à ça à force de boire du café tous les matins.
- Et donc, on fait quoi maintenant ?
Lui demanda Merinoe après avoir fini de boire sa canette de milkshake qui avait l'air très sucré.
- On est bientôt à la même heure qu'hier.
- C'est vrai.
Il regarda sa montre. Il était déjà 19 heures.
- Tu penses que le rembobinage va avoir lieu à la même heure ?
- Dur à dire pour le moment, mais il y a des chances.
Takumu ne connaissait pas bien les boucles temporelles. Il n'en comprenait que ce qu'il avait entendu dire. Alors si on lui disait qu'elles fonctionnaient comme ça, il n'avait rien pour rétorquer.
- Tu vas l'analyser, non ? T'as pas besoin de te préparer ?
- Je suis déjà prête. Après, il ne reste plus qu'à attendre le moment venu.
- Je vois...
Il se gratta la tête.
- Je me disais, vu que de toute façon, le temps va être rembobiné, ça va peut-être servir à rien.
- OK.
- Je vais faire quelque chose par pure satisfaction personnelle, tu peux m'accompagner ?
- OK.
Merinoe jeta sa canette vide dans une corbeille à la surface rouillée.
- Si tu me demandes, c'est que tu ne te connais pas encore bien, pas vrai ?
- Hein ?
- Tu ne peux pas t'empêcher d'essayer malgré tout de tendre la main à ce passé que tu as raté, alors que tu sais pertinemment que tu n'y parviendras pas. C'est très humain ce que tu fais là, ça te ressemble bien.
Elle rigola.
- Bien sûr que je n'ai rien à redire. Même si tu ne voulais pas de moi, je serais venue à tes côtés pour te soutenir.
- ...C'est vrai que t'es comme ça.
- Tout à fait, je suis comme ça.
Côte à côte, ils commencèrent à marcher.
Les gouttes de pluie qui tapaient le toit du centre commercial faiblissaient. La pluie se levait.

Évidemment, leur destination était ce fameux point d'intersection.
Takumu s'arrêta juste avant. Il se faufila dans les ténèbres d'un angle mort de l'intersection.
- ...Vraiment ?
Lui reprocha Merinoe.
- Quoi ?
Répondit-il à voix basse.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Ça se voit, non ?
Takumu se pencha légèrement, caché derrière un poteau électrique, et bomba le torse fièrement.
- Ça mènera à rien de suivre la même approche qu’hier. Je change de méthode. Si grâce à ça, les évènements changent, ça nous servira peut-être d'indice pour comprendre les règles de cette boucle.
- C'est convaincant ce que tu dis, mais là pour les passants tu as juste l'air d'un dégénéré.
- ...
C’était aussi l'impression qu’il avait de lui.
- Et en plus, tu caches rien là.
Les poteaux électriques étaient beaucoup trop fins en comparaison du physique de Takumu.
Pour obtenir sa licence de médiateur, il avait reçu un entrainement sur les techniques simples d'infiltrations. Sa façon de se pencher n'était pas celle d'un amateur, mais celle-ci le rendait encore plus louche.
- On n’a pas à se sentir coupable, tu peux te montrer ouvertement, tu sais ?
- Nan, mais, c’est-à-dire que…
Ils n'avaient bel et bien pas de raison de se sentir coupables, mais Takumu ne souhaitait pas que l'on voie son visage.
Hier, il avait terriblement échoué quand il s’est montré à la jeune fille, alors il était réticent à l'idée de montrer le visage plus âgé de Takumu Azekura à Yozora Jakuin.
Bien sûr, Yozora ne se souvenait probablement pas d’hier. Même s'ils se revoyaient, elle ne le considérerait pas comme un homme louche qui prétend être son adorable Takumu jeune. Elle ne réagirait que comme si elle le voyait pour la première fois...Mais dans ce cas-là aussi, ça serait tout de même difficile à endurer pour lui.
C’est son cœur compliqué et embêtant d'adulte qui faisait se cacher Takumu derrière ce poteau électrique.
- Tu connais ? Dans ce pays, la loi de régulation des harceleurs a justement été instaurée en 2000. Autrement dit, dans ce monde, prendre en filature est clairement reconnu comme un délit, tu sais ?
- Pourquoi tu t'y connais aussi bien sur ça ? Tu—
Takumu ferma sa bouche.
Une jeune fille aux cheveux noirs passa juste devant lui, et se dirigea vers l'intersection.
Elle s'arrêta devant le feu rouge.
- ...Yozora.
Chuchota-t-il.
Une distance proche de 10 mètres les séparait. Derrière elle, un peu en diagonale, il regarda son visage de profil.
Elle était en vie. Elle bougeait.
Ressenti, il y a à peine une demi-journée qu’il venait de voir sa mort. Même s'il était au courant que le temps avait été rembobiné, la voir saine et sauve le rassura. Et...
- Y a pas à dire, elle est vraiment belle...
Il était peut-être biaisé tant il était raide dingue d'elle, mais il n'en avait que faire. Pour Takumu Azekura, Yozora Jakuin était la fille la plus belle du monde. Même après que beaucoup de temps se soit écoulé, même s'il y avait maintenant une différence d'âge, ce fait n'avait absolument pas changé en lui.
- Je suis en train de me dire qu'il vaudrait peut-être mieux appeler la police.
- Tais…tais-toi. C'est un amour pur.
- Même ton excuse, c'est celle du harceleur typique.
C’est ce que je me dis aussi, mais attends avant d'appeler la police, pensa-t-il.
Le moment venu était imminent.
Un enfant et sa mère qu’il avait déjà vue auparavant se rapprochaient de l'intersection.
La mère était jeune, et l’enfant encore petit. Il tenait une balle. Ils remarquèrent le feu rouge, et s'arrêtèrent.
La mère sortit son portable à clapet, et commença à le manipuler. L'enfant se mit à faire rebondir sa balle contre le sol et utiliser ses jambes pour l'éviter.
- Takumu.
- Je sais.
Le médiateur retendit les muscles complètement relâchés de son visage.
Il regarda sa montre. 20 heures et 9 minutes. 40 secondes. 41 secondes. 42 secondes...

La balle toucha la jambe de l'enfant, et rebondit dans la mauvaise direction.
Surpris, l'enfant s'apprêta à courir après. La mère leva la tête de son portable. La jeune fille aux cheveux noirs commença à agir. Aucun n'allait arriver à temps. La balle roula en direction de la route et...
Takumu l'empêcha d’aller plus loin.
Il se baissa pour se mettre au niveau de l’enfant, et lui dit c'est dangereux, tu sais. Il lui donna la balle. L'enfant la prit, le visage stupéfait. Je suis vraiment désolée, merci beaucoup, allez, dis merci Takashi, non vraiment je suis désolée, répéta la mère, le visage pâle. Non, ce n'est rien, répondit Takumu avec le sourire.
Le bus passa rapidement juste à côté d'eux.
Takumu partit d'ici à la hâte afin d’éviter que quelqu'un d'autre ne vienne lui parler.

Il tourna au coin de la rue, et se tint à un endroit que l'on ne pouvait pas voir depuis l'intersection.
- Mission accomplie.
Il expira profondément.
- Je me sens comme quelqu'un qui a changé l'histoire.
- C'est similaire, mais c'est possible que l'histoire que tu as changée change encore.
- C'est pas faux, ouais.
De toute façon, une boucle allait surement encore avoir lieu. Même si Takumu n'avait pas empêché l'accident, ce drame aurait disparu avec la boucle. Et demain, au même endroit, à la même heure, le même danger viendra. Un enfant va sauter sur la route, Yozora va le sauver, et mourir.
Peu importe ce que faisait Takumu, ça n'avait pas d'influence sur ce qui allait arriver le jour d'après. C'était ça, les boucles temporelles.
Vu comme ça, il sentait effectivement que ce qu'il faisait était vain. Cependant.
- Ça me va.
Takumu haussa les épaules.
- Je voulais le faire, alors je l'ai fait. Je l’ai fait pour moi, alors je suis content, et je me plains pas.
- Splendide.
Acquiésa Merinoe avant de regarder les alentours.
- En parlant de splendide, on dirait bien que j'ai une bonne nouvelle à t'annoncer. Je ne sais pas si c'est grâce à ce que tu as fait, mais on dirait qu'il y ait eu un changement. Aujourd'hui n'est toujours pas terminé.
Takumu regarda sa montre. 20 heures et 10 minutes, 53 secondes. 54 secondes. 55 secondes.
- ...Je vois ça.
Takumu leva la tête vers le ciel. Une gradation de rouge et de bleu. Le monde n'était pas encore couvert de ce gris cendré froid qui donnait des frissons.
- Attends, tu veux dire que la mort de Yozora causait vraiment la boucle ?
À l'extérieur de cette ville isolée, un temps non négligeable s'était écoulé depuis le Jour des Visiteurs.
Si le temps s'écoulait pareillement dans cette ville fermée, et qu'il n'allait simplement pas au jour suivant. Si des dizaines de milliers de rembobinages avaient eu lieu, et que le résultat était que ce monde continuait de s'arrêter au même jour.
Et si le déclencheur de ce rembobinage était la mort de Yozora.
Takumu pâlit en pensant à cette conjecture.
- Je t'ai dit de ne pas être hâtif dans les conclusions.
Répondit Merinoe avec insouciance.
- La différence entre hier et aujourd'hui n'est pas juste l'existence ou non de cet accident. Il reste encore la possibilité que le déclencheur soit à un endroit complètement différent. Il faut réfléchir prudemment, tu sais.
- Tu as...raison.
- Prends pas cette tête grave. La réponse est toute proche. Dès le départ, on comptait sauter la partie enquête…

- Excusez-moi.

Ce fut soudain.
On adressa la parole à Takumu.
C'était la même voix que dans ses souvenirs, une voix inoubliable pour lui.
- Hé ?
Takumu se figea complètement.
- Désolée de vous déranger pendant que vous discutiez.
Une fois de plus, on lui adressa la parole.
Il se retourna, surpris.
Une jeune fille aux cheveux noirs se tenait là. Bien évidemment, c'était Yozora Jakuin. Aucun doute là-dessus. Takumu n'en croyait pas ses yeux. Pourquoi est-elle ici ? Pourquoi me regarde-t-elle ? Pourquoi me parle-t-elle ? On ne s'est pourtant pas vu aujourd'hui. Sa tête se vida.
- Je...
Il avala sa salive.
Il fallait qu’il dise quelque chose.
Je ne veux plus qu'elle me voie comme quelqu'un de louche. Dans ce cas, je dois me comporter en gentleman. Oui, maintenant, je suis un gentleman. C'est quoi un gentleman ? Qu'est-ce que je dois dire dans ces cas-là ? Paniqué, il faisait travailler ses méninges à plein régime.
Il força son meilleur sourire, et pour le moment, sortit les mots qui lui venaient à l'esprit.
- ...Je peux faire quelque chose pour vous, charmante demoiselle ?
Une voix stridente et un ton un peu étrange.
À côté de lui, Merinoe tourna la tête et explosa de rire. Yozora semblait ne pas l’avoir remarqué.
- Euh...
Elle baissa la tête énergétiquement.
- Merci beaucoup !
- ...De quoi vous parlez ?
- À l'instant, vous venez de sauver un enfant, non ? Vous l'avez fait l'air de rien, mais je vous ai bien vu.
- Ah, ça.
Acquiesça-t-il comme s’il venait de le réaliser pour la première fois.
- Je n'ai rien fait de spécial. Et puis, sa mère m'a déjà remercié...Ah, je vois, vous êtes de sa famille aussi ?
- Non, je ne connaissais pas ce garçon.
Après avoir secoué la tête, elle prit un air curieux.
- Mais j'ai le sentiment que...qu'il n'y a pas que cet enfant qui a été sauvé. C'est bizarre, mais j'ai l'impression que je devais absolument vous remercier.
Takumu comprenait ce dont elle parlait.
(Oui, si rien n'avait changé, elle serait morte...)
S’il ouvrait la bouche, il risquait de dire des trucs stupides. Takumu se mordit en silence l'intérieur de la joue.
- Quand j'ai vu la balle rouler, j’ai cru que c'était dangereux. Qu'il fallait que je sauve ce garçon. Et ma tête s'est vidée. Si vous n'aviez pas été là, j'aurais peut-être couru après lui sans réfléchir. Et je me serais peut-être gravement blessée. L'impression que j'avais, elle venait surement de là.
Se convaincu Yozora, avant de continuer.
- Alors je voulais vraiment vous dire merci.
Elle baissa la tête une nouvelle fois.
- ...Pas besoin de me remercier, mais je ne veux pas non plus gâcher le sentiment. J’accepte juste vos remerciements alors. De rien, jeune fille.
En faisant attention à ne pas dire quelque chose d'étrange, et en même temps en prenant soin de ne pas sortir de son personnage, il continua.
- Content que t’ailles bien.
Ces quelques mots sortirent de sa bouche sans hésitation, et calmement.
Merde.
Il voulait parler en se faisant passer pour un gentleman, et voilà qu’il n'arrivait plus à contrôler ses vraies émotions. S’il restait ici plus longtemps, il risquait de faire sauter sa couverture.
- Bon, je vais te…je veux dire, sur ce, je dois partir. Faites attention en rentrant, jeune fille.
- Ah, attendez.
Il s'apprêta à fuir, quand Yozora l'en empêcha.
- Vous…vous avez autre chose à me dire ?
- Non, c'est juste que...moi-même je ne comprends pas bien, mais, euh...
Le visage perplexe, Yozora le regarda de plus près.
Ils se regardaient droit dans les yeux.
- C'est comme si...j'oubliais quelque chose...hmmm ?
Leur distance se réduisait de plus en plus vite.
Leur taille était différente, mais Yozora ne s'en souciait pas. Elle se mit sur la pointe des pieds, et rapprocha son visage de celui de Takumu.
- Je...jeune fille !?
Il ne pouvait pas la repousser fort, alors il leva les bras en guise de capitulation.
- Je ne sais pas ce que vous voulez faire, mais, peu importe l'époque, ce genre de chose, vous savez, ce n'est pas bi…
- Yu...me ?
Un marmonnement.
Elle chuchota avec une voix si basse que d'ordinaire, on ne pourrait pas comprendre ce qu'elle disait, mais Takumu l'entendit.
- Hé ? Pourquoi j'ai sorti son nom ?
À cet instant, Yozora reprit enfin ses esprits. Elle semblait avoir remarqué qu'elle s'était énormément rapprochée d'un homme plus âgé qu'elle.
Elle rougit, et prit ses distances l’air de rien.
- Ha...haha.
Takumu était soulagé. Si elle avait gardé cette courte distance plus longtemps, il y aurait eu des problèmes, et en bien des sens. Depuis tout à l'heure, son cœur battait la chamade à un rythme effréné, et lui cassait les oreilles.
- ...
Il semblerait que ce n'était pas encore fini.
Le regard de la jeune fille avait pris une distance ordinaire, mais il n'avait pas quitté le visage de Takumu pour autant.
- Dites.
Yozora demanda, hésitante.
- C'est peut-être bizarre ce que je vous demande, mais vous ne seriez pas quelqu'un de la famille de Yume, euh, Takumu Azekura ?
Argh.
Elle lança une balle rapide en plein dans le mile.
Toutefois, comment répondre. Il était normal que le visage de Takumu ressemble à celui de Yume (en même temps, c'est la même personne), mais Takumu pouvait prétendre qu'il s'agissait d'une ressemblance fortuite avec un autre. Cependant, il sentait aussi que mentir sans réfléchir était problématique face à cette jeune fille qui avait l'air d'être étrangement convaincue de ce qu'elle racontait.
Takumu réfléchit, perdu qu'il était.
- ...Je suis l'oncle de Takumu, je m'appelle Yumetarou Azekura.
Qu'est-ce que je raconte ? Je n’ai pas de meilleures explications ?
Merinoe se plia de rire, la main sur l'estomac, comme si elle avait mal. Il décida de lui donner un coup une fois qu'il en aura fini avec Yozora.
- Ah ! J'en étais sûre ! Vous avez les mêmes yeux, c'est pour ça !
- Hahaha. Tu connais Takumu ?
- Euh, on va au même lycée. Je suis une bonne amie de Yume...Je veux dire, de Takumu...pour le moment, en tout cas.
- Comment ça, pour le moment ?
- C'est-à-dire que...peut-être que notre relation va...changer, vendredi...je ne sais pas encore...haha, mais qu'est-ce que je raconte ?
Une petite voix. Yozora rougit, et regarda ailleurs.
- Oh oh. Et bien dites-moi, je le sous-estimais ce garçon, et pourtant il a un an de moins que vous.
— Vendredi.
Il se souvint de cette lointaine promesse. Le jeune Takumu d'autrefois avait appelé sa Yozora d’amour pour lui avouer ses sentiments. Il s’agissait du vendredi de cette semaine.
Elle n'avait pas oublié.
Pour elle, ils venaient tout juste de se donner ce rendez-vous hier, alors en y repensant bien, il était normal qu'elle s'en rappelle. Mais en mettant ça de côté, Takumu était quand même heureux. Il ne pouvait pas empêcher ses yeux de se remplir d'émotions.
- Comment dire...c'est étrange. J'ai l'impression qu'on ne s'est pas revu depuis des lustres, et que je ne pourrais jamais le revoir, alors qu'on s'est vu au lycée à peine hier.
- ...Ah oui ?
Oui, acquiesça Yozora.
- Alors vous pourriez lui dire que Jakuin voulait le voir ?
- Hahaha.
Derrière son joyeux éclat de rire, Takumu cacha tous ses sentiments qui s'apprêtaient à déborder d'un moment à l'autre.
- Je te le promets, je lui dirais...Yozora.

Bien, parlons de Yozora Jakuin qui venait tout juste de se séparer de cet homme étrange.

C'était quelqu'un de curieux, pensa-t-elle tandis qu'elle empruntait le chemin pour rentrer chez elle.
Elle venait de le rencontrer pour la première fois, et pourtant elle n'en avait pas l'impression. Il dégageait une aura ressemblant à celle de Yume, mais aussi quelque chose que ce dernier n'avait pas...quelque chose de mystérieux.
Elle aurait voulu lui parler encore un peu. Elle n'avait pas de sujets de conversations particuliers, mais juste comme ça.
- ...Hmm ?
Elle s'arrêta.
Elle sentit quelque chose d'étrange.
Elle réfléchit un peu, et réalisa. Au moment de partir, il m'a appelé Yozora. Mais si je me rappelle bien, je ne lui ai donné que mon nom de famille, Jakuin, et je crois qu’il a dit que j’étais une classe au-dessus de Yume. Il ne devrait pas être au courant pour le nom Yozora Jakuin, ni que Yume a un an de moins que moi.
- Hé ? ...Qu'est-ce que...
Elle se retourna en panique.
Et elle se dit en même temps qu'il n'y avait rien de bizarre.
Peut-être que ce Yumetarou parlait avec son neveu de la vie à l'école. Ils faisaient partie de la même famille, alors ce n'était pas impossible. Peut-être qu'il était aussi au courant que Yozora était l'élue du cœur de Yume, et en discutant tous les deux tout à l'heure, il avait réalisé quel genre de personne elle était. En y réfléchissant normalement, ça ne pouvait être que ça.

Non, c’est pas ça.

Elle avait en elle une conviction incompréhensible.
Elle n'arrivait pas à bien l'expliquer, mais elle sentait que la raison était ailleurs.
Cet homme qui s'appelait soi-disant Yumetarou Azekura, il était autre chose. Elle avait l'impression...qu'il connaissait Yozora Jakuin autrement qu'en l'ayant entendu de son neveu.
Elle ne comprenait pas, et ça la rendait anxieuse.
Elle fit demi-tour en courant.
Elle revint à l'intersection. Néanmoins, l’homme n'était nulle part.
- ...
Elle resta sur place, immobile.
Une agitation nerveuse dont la cause était inconnue grandissait en elle.
Elle ressentait une conviction incompréhensible. Celle qu’elle n’aurait pas dû le laisser partir.

— Dans le ciel lointain, des corbeaux croassaient.
Le soleil se couchait.