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Amaryllis au Pays de Glace : Chapitre 6
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==Chapitre 6 : FunĂ©railles== ===Partie 1=== Les funĂ©railles ont lieu trois jours plus tard. Il y a six robots aux circuits mentaux irrĂ©parables â autrement dit, ils ne sont plus. Trente-huit sont dans un Ă©tat grave ayant entraĂźnĂ© une perte de membres, et plus de quatre-vingt sont lĂ©gĂšrement blessĂ©s. C'est la pire tragĂ©die jamais connue au village. Les funĂ©railles se tiennent dans le théùtre au centre du village, et parmi les personnes prĂ©sentes, une grande partie a perdu un bras ou une jambe. â Prions pour l'Ăąme de nos six amis qui ont dĂ©vouĂ© leur vie au village. La cĂ©rĂ©monie va dĂ©sormais commencer. Cattleya est Ă la baguette, tandis que Götz s'occupe de la foule. C'est exactement la mĂȘme organisation que pour la fĂȘte de la priĂšre il y a un mois, mais l'ambiance est d'un silence religieux, rien Ă voir avec les vivats de la derniĂšre fois. Sur l'autel sur la scĂšne sont disposĂ©s les cadavres des dĂ©funts. Les prĂ©sents vont prendre un morceau de leur corps et les transporter jusqu'aux cercueils. C'est l'Ă©quivalent de la « cendre d'os » pour les humains, et c'est une coutume du village depuis prĂšs de cent ans. Je dĂ©pose la mĂ©daille de fleur que Gappy m'a donnĂ©e avant de mourir dans la cinĂ©raire, avec ses restes. â Il en manque un, non...? On ne s'en rend compte qu'une fois les funĂ©railles terminĂ©es et la foule dispersĂ©e. â L'heure de sa disparition demeure une grande inconnue, rapporte d'un air sĂ©vĂšre Götz, qui s'occupait de la scĂšne. D'aprĂšs lui, il devait y avoir six urnes Ă composants, mais une d'entre elles manque Ă l'appel. â Quelqu'un a vraiment volĂ© une urne... â Ceci est le plus grand Ă©chec de toute ma vie... Le masque argentĂ© de Götz se crispe, arborant un visage peinĂ©. â Non, c'est pas de ta faute. Personne ne s'attendait Ă ce qu'on vole une urne. Jusqu'Ă ce jour, le village n'a jamais eu affaire au moindre vol ou cambriolage, encore moins d'urne Ă composants. â Du coup, c'est lequel celui qui manque ? â Eh bien... Il grimace encore plus. â Celui de sieur Gappy. (Peut-ĂȘtre que ?) Je contiens mon choc Ă l'intĂ©rieur de mon cĆur pour garder mon calme. â Je m'en charge. Toi, Götz, occupe-toi du théùtre. Et n'en parle Ă personne, c'est compris ? ===Partie 2=== J'ai ma petite idĂ©e. Pour que quelqu'un vole l'urne de Gappy, c'est qu'il devait beaucoup lui en vouloir, ou alors... (Comme prĂ©vu...) Ă quelques encablures du hall de la mairie, il y a une fille Ă la chevelure noisette. Elle est assise sur la balançoire, toute seule, tenant entre ses mains une urne. â Ah, te voilĂ . Je m'approche d'elle et m'assois sur la balançoire voisine. C'est lĂ que Gappy Ă©tait restĂ© toute la nuit dans l'espoir de trouver Daisy. La fille baisse la tĂȘte avant de me rĂ©pondre faiblement : â Hm... On reste silencieuses pendant un certain temps. Daisy a le regard vide, se contentant de cligner des yeux de temps Ă autre. J'observe son visage blanc de profil. Ăa continue ainsi une demi-douzaine de minutes. â ... Gappy. Daisy fait bouger ses lĂšvres tout en se tournant Ă moitiĂ© dans ma direction. â Il voulait me voir depuis notre dispute. Il me cherchait jour et nuit, pour qu'on se rĂ©concilie. Elle s'est enfin mise Ă parler, comme si une barriĂšre Ă©tait tombĂ©e. Je l'Ă©coute sans rien dire. â Mais j'ai fui. Je l'ai Ă©vitĂ©. Je n'ai pas pu me rĂ©soudre Ă le voir en face, alors je me suis enfui. Et puis, et puis... Sa voix se met Ă trembler. â Gappy... Il est mort... Je reste toujours silencieuse, me contentant d'observer son visage triste dans l'attente de ses prochains mots. Le cylindre argentĂ© brille entre les mains de la fille. Il contient les composants restants de Gappy. Son corps s'est dĂ©sagrĂ©gĂ© Ă cause des gelures au point de rĂ©trĂ©cir de façon alarmante, comme s'il avait Ă©tĂ© incinĂ©rĂ©. Il peut dĂ©sormais tenir entre les mains d'une petite fille. â Je sais bien. Je sais bien que c'est ma faute, mais je me suis pas excusĂ©e. Alors Gappy est mort. G-Gappy, mort, p-par ma faute... Une larme monte aux yeux de la fille. â Daisy. Je me lĂšve de la balançoire et m'agenouille devant elle. Nos regards se croisent par-delĂ l'urne. Les grands yeux de Daisy sont emplis d'une moiteur luisante. â Gappy a accompli sa mission. Par et de sa volontĂ©, il a sauvĂ© nos maĂźtres. Ce n'est pas ta faute. Gappy a choisi de son propre chef. â ... Daisy reste silencieuse. Mais une larme coule le long de sa joue. Quelle quantitĂ© de tristesse est contenue dans cette larme ? Combien de peine ? Mon cĆur se serre alors que j'observe cette fille maladroite pleurer. Et alors que la troisiĂšme larme tombe sur l'urne... â Amaryllis, raconte-moi... comment Gappy est mort. â ... D'accord. Je lui raconte tout ce qui s'est passĂ© le jour de sa mort. Pourquoi il s'est rendu Ă la ForĂȘt Paradoxale pour fabriquer une mĂ©daille de fleur, comment il s'est retrouvĂ© enseveli, et comment il est mort en protĂ©geant un berceau. â Du coup... Je sors un petit fragment de glace de ma poche et le montre Ă Daisy. â C'est de la part de Gappy. â Ce... C'est la mĂ©daille de fleur ? â Oui. [[Image:Amaryllis171.jpg|thumb]] Je pose doucement la mĂ©daille sur l'urne. Daisy fixe le fragment du regard. â Gappy... La fille tend sa main vers la mĂ©daille, ses doigts caressant sa surface. La fleur rose est incrustĂ©e dans la glace, les pĂ©tales Ă©cartĂ©s comme une vie agonisante.<!-- The pink flower is encased in ice, the petal scattering listlessly like a faded life. --> â Gappy est trop fort... Il a tout donnĂ© pour les maĂźtres, jusqu'Ă son dernier souffle... Ă nouveau, les larmes s'amoncĂšlent dans les yeux de la fille, avant de s'Ă©couler sur la mĂ©daille et sur les restes de Gappy. â Le corps... de Gappy... Tout en serrant le cylindre contre elle, Daisy me regarde. â Est-ce que je peux... l'enterrer moi-mĂȘme ? J'acquiesce fermement. â Bien entendu, rĂ©ponds-je. Rien n'aurait pu faire plus plaisir Ă Gappy. â Merci... La fille lĂšve la tĂȘte pour s'assurer que les larmes s'arrĂȘtent de tomber. La septiĂšme larme est sĂ©chĂ©e par son doigt avant de couler. ===Partie 3=== Le lendemain. Je pose mes coudes sur la table glaciale tout en me remĂ©morant d'un air rĂ©signĂ© les jours passĂ©s. Un, deux, trois, quatre, cinq... six. Six morts. Je ne peux pas les compter avec une main, alors je plie le pouce pour indiquer le sixiĂšme. Ce ne sont pas les premiers dĂ©cĂšs que connait le village. Dans ce cruel monde souterrain scellĂ© par la glace, les robots se dĂ©tĂ©riorent rapidement, et il faut ajouter une terrible pĂ©nurie de piĂšces de rechange. Depuis qu'on a dĂ©couvert que Blanche Neige commençait Ă se dĂ©grader, nous avons dĂ» faire face Ă un ou deux morts par an depuis le dĂ©but de « l'extraction ». (Mais six...) Jamais depuis la « fin des temps » il y a cent ans de cela on avait connu autant de morts Ă la fois. Tous les villageois s'entendent bien, alors le village tout entier est en deuil. Et ce n'est pas la seule raison pour laquelle j'ai le cĆur aussi lourd. « Gappy est trop fort... Il a tout donnĂ© pour les maĂźtres, jusqu'Ă son dernier souffle... » Les mots de Daisy rĂ©sonnent en chĆur en moi avec ceux de Gappy. « Est-ce que... j'ai Ă©tĂ©... utile Ă nos maĂźtres...? » Vivre et mourir pour nos maĂźtres. Tel est le rĂŽle des villageois, leur raison d'ĂȘtre. Gappy est mort en accomplissant sa mission. Il n'y a pas matiĂšre Ă rougir. C'est peut-ĂȘtre mĂȘme le plus grand honneur, celui de mourir pour cette cause. (Mais...) Je ne peux m'empĂȘcher de ressentir comme un doute en moi. Les images de nos chers maĂźtres, et celles de la vidĂ©o sont diamĂ©tralement opposĂ©es. â -llys ! Alors que je suis toujours en train de ruminer Ă ce sujet... â AllĂŽ, Amaryllis ! Ici la Terre... Je lĂšve la tĂȘte, et devant moi apparaĂźt le blondin. Il hausse les Ă©paules avec un regard abasourdi. â Ah... Je me rĂ©veille enfin. â Ah, dĂ©solĂ©e. J'Ă©tais perdue dans mes pensĂ©es. â Ăa va aller ? Vite, fais-moi un petit bisou, ça te rĂ©veille-... Ouch ! Je l'assĂšne d'un bon vieux coup de poing en pleine face pour lui remettre les idĂ©es en place, et me tourne vers les autres. Viscaria, qui Ă©tait en retard, est arrivĂ©e pendant que j'Ă©tais perdue dans mes pensĂ©es, et les autres sĂ©nateurs sont lĂ . â DĂ©solĂ©e. On peut commencer. Je m'assois Ă nouveau sur la chaise, m'Ă©claircis la gorge et dis : â C'est l'heure de la rĂ©union d'urgence. Le maire n'est pas lĂ , alors c'est moi qui vais prĂ©sider le conseil... Tout d'abord, jetez un Ćil à ça. ''Tac.'' Avec mes doigts je tapote la table, et un hologramme apparaĂźt sans un bruit. C'est une image combinant le Pilier et les alentours. â Il y a quatre jours, nous avons fait face Ă un sĂ©isme qui a ravagĂ© le village. Encore une fois, je tiens Ă honorer la mĂ©moire de nos six compatriotes qui ont pĂ©ri... Cela dit, voici le problĂšme. Je fais briller le plan. â Du fait des rĂ©cents sĂ©ismes et gelures, les dĂ©gĂąts ne font qu'empirer. En consĂ©quence, nos rĂ©serves de composants sont au plus bas. Il y a seize piĂšces qui ne peuvent plus ĂȘtre changĂ©es. Il nous reste quelques de rechange, mais ça ne durera pas Ă©ternellement. â Ăa va sĂ»rement encore tomber comme des mouches la semaine prochaine, fanfaronne Eisbahn. â Quel manque de tact, le rĂ©primande Götz. â Bon, pour ce qui est des mesures possibles... J'affiche les solutions sur l'Ă©cran. € RĂ©soudre la pĂ©nurie de piĂšces dĂ©tachĂ©es 1. RĂ©duire la consommation. 2. Allonger la durĂ©e de la « nuit ». 3. Organiser une nouvelle extraction. â ... Ce sont juste des Ă©bauches d'idĂ©es. AprĂšs avoir terminĂ© mon explication, Götz lĂšve la main : â Puis-je me permettre une question ? â Bien entendu. â En ce qui me concerne, je n'y vois aucune objection particuliĂšre... mais cela ne demanderait-il pas l'aval du maire ? â Hmm. Prise au dĂ©pourvu, j'acquiesce. â Pas faux... on ne peut pas prendre ces dĂ©cisions sans lui... Je jette un Ćil Ă la table. En temps normal, la tĂȘte du maire serait en train de rouler dessus devant moi, mais cette fois-ci, il n'y a que les documents pour la rĂ©union. â C'est inquiĂ©tant... On a complĂštement perdu contact avec le maire plusieurs jours avant le gros tremblement de terre. Il ne rĂ©pond pas, mĂȘme en l'appelant Ă travers le canal d'urgence. C'est la premiĂšre fois que ça arrive. â Il s'est sĂ»rement retrouvĂ© piĂ©gĂ© sous des gravas quelque part, commente nonchalamment Eisbahn. â Mais dans ce cas, on pourrait au moins le localiser avec sa balise, non ? â Alors ça veut dire que sa balise est endommagĂ©e. â Mais comment un truc aussi solide pourrait se casser si facilement...? La balise est un appareil pour faciliter la localisation des personnes en danger, alors Ă©videmment, elle est trĂšs rĂ©sistante. â Qu'est-ce que t'en penses, Viscaria ? â Ben... Le robot le plus compĂ©tent en matiĂšre technologique incline la tĂȘte tout en dĂ©gainant ses antennes. â Je pense Ă une autre possibilitĂ©. Un endroit que les ondes Ă©lectromagnĂ©tiques ne peuvent pas atteindre. â Un endroit hermĂ©tique aux ondes ? Mais le village tout entier est couvert, non ? â Ouais, mais ça reste possible. (Hein, mais...?) Un souvenir refait surface dans mon esprit. Un endroit que les ondes Ă©lectromagnĂ©tique ne peuvent pas atteindre. Un endroit oĂč une balise ne pourrait pas rĂ©pondre. â Ah ! Je me lĂšve et m'exclame : â La piĂšce secrĂšte ! ===Partie 4=== AprĂšs une heure sur la Glacemobile, on se retrouve Ă nouveau dans « cette piĂšce ». Le haut plafond, la disposition Ă perte de vue. La premiĂšre fois, on peut dire qu'on Ă©tait restĂ©s bouche bĂ©e, et un mois plus tard, la scĂšne Ă©tait toujours aussi incroyable. On se tient devant les Ă©tagĂšres, les yeux rivĂ©s sur les objets soigneusement rangĂ©s. Les dĂ©corations d'intĂ©rieur sont toutes resplendissantes, et la piĂšce dĂ©gage le charme de la plus luxuriante des bibliothĂšques, du plus Ă©lĂ©gant des musĂ©es. Mais d'un autre cĂŽtĂ©, cet endroit nous rappelle le mauvais souvenir de « cette vidĂ©o ». Ce doute ne disparaĂźtra jamais, sauf Ă ce que la donnĂ©e soit effacĂ©e de nos circuits. (C'est...) Sur le sol recouvert par un tapis raffinĂ©, se trouvent des traces d'eau. On se fait mutuellement un signe de la tĂȘte avant de suivre les traces. Tout au bout, on arrive Ă un endroit avec un grand Ă©cran. Il y a le cadavre d'un robot assis sur une chaise, ainsi qu'une chaise visiblement trĂšs confortable, sĂ»rement de trĂšs bonne facture. Le siĂšge vacille et tourne dans notre direction. â Ah, vous voilĂ . Un visage barbu familier est assis sur la chaise... â Monsieur le maire... ===Partie O=== â Oh, ça faisait un bail ! Le maire se tourne vers nous pour nous saluer d'un air enjouĂ©. â Dieu merci, monsieur... vous ĂȘtes toujours vivant. â Eh oui, plus vivant que jamais ! En voyant le maire aussi enthousiaste, je me sens soulagĂ©e. â Ma foi, vous aussi vous dĂ©bordez toujours autant de vie. Hahahaha ! â ... Et aprĂšs le soulagement, vient la colĂšre. â Non, dĂ©solĂ©, dĂ©solĂ©. Hahahahaha ! â On s'est fait un sang d'encre pour vous, et ça vous fait rire ! Je ramasse la tĂȘte du maire et tire sur sa barbe. â Ouch ! â Vous disparaissez sans rien dire et c'est tout ce que vous trouvez Ă dire ?! EspĂšce d'idiot ! â Pas la peine d'en faire tout un- AĂEEEUH, je suis sincĂšrement dĂ©solĂ©, dit le maire, les larmes aux yeux. Il a mĂ©ritĂ© sa punition vu comment on s'est inquiĂ©tĂ©s pour lui. â Bon, et sinon... Je tire les joues du maire et le fusille du regard d'un air menaçant. â OĂč Ă©tiez-vous, et que faisiez-vous ?! â Eh bien... AĂŻeaĂŻeaĂŻe ! rĂ©pond le maire en grimaçant. J'Ă©tais ici pendant tout ce temps. â Vous voulez dire... la « piĂšce secrĂšte » ? â Oui. Je jetais un Ćil aux vidĂ©os du passĂ©, tout en rĂ©flĂ©chissant Ă l'avenir du village. â Dans ce cas, pourquoi ne pas en avoir discutĂ© avec tout le monde ? Ma colĂšre refuse de s'en aller. â Bien entendu, j'ai l'intention d'en discuter avec tout le monde tĂŽt ou tard... NĂ©anmoins, je voulais d'abord faire le tri dans mes pensĂ©es. Sa rĂ©ponse reste tout aussi vague qu'auparavant, mais son visage est bien plus sĂ©rieux que jamais. â Et de quelles pensĂ©es s'agit-il ? â Nous allons y venir. Avant cela, j'aimerais connaĂźtre votre avis. â Hein ? Eh bien, si vous voulez... Je veux insister sur la raison de sa disparition (?), mais chaque chose en son temps. â Au sujet des solutions proposĂ©es lors de la rĂ©union... commencĂ©-je Ă expliquer tout en posant le maire sur le canapĂ©. Il y en a plusieurs, et... Je propose plusieurs idĂ©es pour rĂ©soudre le problĂšme de pĂ©nurie, auxquelles le maire semble adhĂ©rer. â Alors j'aimerais obtenir votre permission. â Je vois. Puis, le maire change subitement de sujet. â ... Et sinon, Amaryllis. â Oui ? â Tu as subi combien d'extractions ? â ... Hein ? Je suis prise au dĂ©pourvu par cette soudaine question. Le maire rĂ©pĂšte sa question. â Autrement dit, combien de fois as-tu fait don de tes composants Ă Blanche Neige ? â Ah... Je dirais, environ dix-sept. â Dix-sept.... SĂ»rement plus que n'importe qui au village. Et toi, Viscaria...? â Moi ? La mĂ©cano semble perturbĂ©e par la question. â Seize, rĂ©pond-elle. â Götz ? â Seize Ă©galement. â Et toi, Eisbahn ? â Pareil qu'Amaryllis. â Dix-sept alors, hein ? Le maire fait un signe d'approbation de la tĂȘte avant de continuer. â AprĂšs ĂȘtre arrivĂ©s dans ce monde souterrain, nous avons tous maintenu en vie Blanche Neige. Jour et nuit, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. Le maire plisse les yeux avec un air nostalgique. â Nous avons promis Ă nos maĂźtres que quoi qu'il arrive, nous nous limiterons, Ă©conomiserons les ressources, et offrirons nos corps pour eux. â Hmm, oui... Je suis sceptique. On devrait discuter des mesures d'urgence, et pourtant, le maire Ă©vite le sujet, ce qui me laisse perplexe. â MalgrĂ© tout, Amaryllis, tu entends continuer Ă aimer nos maĂźtres, les servir, et te sacrifier pour Blanche Neige, c'est ça ? â Oui. Mais, monsieur... â Qu'y a-t-il ? â Pourquoi est-ce qu'on parle de ça ? Sans vouloir vous offenser, je dois dire que tout ça coule de source. Et... â Dans ce cas, laisse-moi te faire part de ma conclusion. Le maire se tourne dans ma direction. Avec son regard perçant, il semble diffĂ©rent de d'habitude. â Je... Ce qu'il dira juste aprĂšs va changer complĂštement le cours de l'histoire du village, vieille de plus de cent ans. â Pense que les humains mĂ©ritent d'ĂȘtre exterminĂ©s. ===Partie 5=== â Hein...? Au dĂ©but, on se retrouve incapables de comprendre ce qu'il veut dire. â Exterminer... les humains ? â Oui. Le maire acquiesce Ă nouveau. â Je rĂ©pĂšte. Je pense que les humains mĂ©ritent d'ĂȘtre exterminĂ©s. â Euh, monsieur. â Oui ? â C'est pas vraiment le moment de plaisanter. Par « humains », vous entendez les « maĂźtres », pas vrai ? C'est vraiment pas drĂŽle, le rĂ©primandĂ©-je. â Ouais, pas drĂŽle du tout, abonde Viscaria. Götz hoche la tĂȘte pour montrer son approbation. Seul Eisbahn ne dit rien, tout se contentant de regarder le maire. â Je suis sĂ©rieux... Voici la preuve. Le maire ouvre la bouche, et crache quelque chose. L'objet est de la taille d'une petite pierre prĂ©cieuse, avec un bouton rond au-dessus. â Si on appuie sur ce bouton, Blanche Neige sera dĂ©truite â et les humains avec. â ... Hein ? On fixe tous ensemble le bouton du regard. Il y a un boitier transparent qui le protĂšge. â Cet interrupteur coupe le gĂ©nĂ©rateur alimentant Blanche Neige. Douze heures aprĂšs, ce sera irrĂ©versible. â Monsieur ! criĂ©-je. Mais qu'est-ce que vous racontez ?! Exterminer les humains ? DĂ©truire Blanche Neige ? N'importe quoi ! Notre mission, c'est de les protĂ©ger, non ? Et vous, vous voulez les anĂ©antir ?! Vous avez perdu la tĂȘte ou quoi ?! â Non. Ces cent derniĂšres annĂ©es, je n'ai eu de cesse de rĂ©flĂ©chir, de cogiter sur la question. Les maintenir en vie en vaut-il vraiment la chandelle ? Ă quoi bon sacrifier d'innocents et honnĂȘtes villageois pour les protĂ©ger ? â M-Mais qu'est-ce que vous racontez ? Je suis sous le choc. J'ai l'impression que mon existence toute entiĂšre est complĂštement remise en cause. Je n'en reviens vraiment pas que la personne la plus ĂągĂ©e du village, le maire en personne, puisse tenir des propos pareils. â L-Les robots... travaillent au service de nos maĂźtres. C'est notre raison d'ĂȘtre, non ? â Ăa a Ă©tĂ© le cas jusqu'ici. Mais dĂ©sormais, ce n'est plus nĂ©cessaire. â Pourquoi... â Vous l'avez vue, non ? La « vidĂ©o » des humains qui s'entretuent. â C-C'est... Pendant un moment, j'en perds mon latin. L'affreux souvenir refait surface dans mon esprit. Les deux groupes d'humains grognant, hurlant, l'un face Ă l'autre, des tirs, des torrents de sangs ; un massacre ; Blanche Neige en toile de fond ; les gens livrĂ©s Ă leur sort ; la vague de froid qui s'abat sur le monde. â Une seconde, monsieur, interrompt Viscaria. Pouvez-vous vous expliquer votre point de vue point par point ? C'est un sujet bien trop sĂ©rieux pour ĂȘtre pris Ă la lĂ©gĂšre. â Hm, mais certainement... Bien. Et ainsi, le maire se remet sur le canapĂ©, visiblement prĂȘt Ă s'expliquer. â Laissez-moi vous raconter la ''vĂ©ritĂ© sur ce monde''. ===Partie 6=== <!-- Cette partie est parfois assez confuse dans la VA, j'ai fait au mieux --> Il y avait une rumeur au sujet de « la fin des temps ». C'Ă©tait juste avant que l'Ăge de Glace ne s'abatte sur ce monde. Ă l'Ă©poque, les humains luttaient contre une pĂ©nurie globale des ressources naturelles. PĂ©trole, charbon, gaz naturel, uranium, tout cela avait Ă©tĂ© extrait jusqu'Ă la derniĂšre goutte, laissant place Ă une terre aride et stĂ©rile. HĂ©las, la sociĂ©tĂ© Ă©tait profondĂ©ment ancrĂ©e dans les concepts de production, consommation et gĂąchis de masse, induisant une course perpĂ©tuelle Ă l'Ă©nergie. Tout comme leur Ă©norme bedaine rĂ©clamait toujours plus de nourriture, les humains s'Ă©taient transformĂ©s en monstre assoiffĂ©s d'Ă©nergie. Tous les jours, de nouveaux conflits et guerres Ă©clataient pour prendre le contrĂŽle de ressources toujours plus limitĂ©es. NĂ©anmoins, la lutte finit par toucher Ă sa fin un jour. Ce ne fut pas dĂ» Ă l'Ă©crasante puissance militaire d'un grand pays, ni moins Ă la naissance d'un compromis Ă travers un accord Ă©conomique, mais plutĂŽt Ă l'invention d'une nouvelle technologie. La plante de cristal. Cette invention Ă©tait le fruit du hasard. Depuis le dĂ©but du siĂšcle prĂ©cĂ©dent, il y avait une concurrence fĂ©roce sur les installations mobiles, et quelques annĂ©es plus tard, c'Ă©tait devenu une course Ă la batterie la plus endurante. Ainsi naquit la batterie haute capacitĂ© dĂ©nommĂ©e « Quartz RecyclĂ© ». Cette plante de cristal Ă©tait d'une immense puretĂ© et contenait de faibles quantitĂ©s de germanium et de carbone. Comme l'indique son nom, c'Ă©tait un mĂ©tal unique qui pouvait ĂȘtre semĂ© comme une tige de fleur. En les baignant Ă trĂšs basse tempĂ©rature dans des bassins de carbone fondu â plus communĂ©ment appelĂ© « fermes » â il poussait comme des « plantes », et en l'espace d'une semaine, on pouvait obtenir un champ tout entier. Les plantes de cristal contenaient d'immenses quantitĂ©s d'Ă©nergie. Leur efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique Ă©tait comparable Ă celle de l'uranium, sans le problĂšme de la gestion des dĂ©chets radioactifs. Qui plus est, les plantes de cristal pouvaient Ă©galement ĂȘtre produites Ă l'infini par « greffe », ce qui signifiait qu'il n'y avait aucun risque de pĂ©nurie comme pour le pĂ©trole ou le charbon. C'Ă©tait tout bonnement une Ă©nergie miraculeuse. Tel un marchĂ© boursier en plein essor, les plantes de cristal phagocytĂšrent petit Ă petit tout autre moyen de gĂ©nĂ©ration d'Ă©lectricitĂ© tel que l'eau, le feu, le vent ou le nuclĂ©aire. En un rien de temps, le monde se chauffait essentiellement grĂące aux plantes de cristal. Leur production Ă©tait si simple : une tige suffisait. Ainsi, les technologies pour gĂ©nĂ©rer de l'Ă©lectricitĂ© avec elles devenaient la norme autant dans les pays dĂ©veloppĂ©s que dans les pays en voie de dĂ©veloppement. Ces derniers en particulier connurent une croissance considĂ©rable Ă une industrialisation de masse, ce qui marqua Ă©galement le dĂ©but d'une nouvelle Ăšre appelĂ©e la RĂ©volution de Cristal, une rĂ©volution technologique Ă graver dans l'histoire du monde. HĂ©las, ce matĂ©riau miraculeux qui gĂ©nĂ©rait une quantitĂ© phĂ©nomĂ©nale de chaleur juste en le combinant avec lui-mĂȘme devint l'objet du dĂ©mon. Plus d'un demi-siĂšcle aprĂšs la crĂ©ation des rĂ©acteurs Ă plantes de cristal, dans un pays d'ExtrĂȘme Orient dĂ©nommĂ© Robium<ref>RĂ©fĂ©rence Ă une variĂ©tĂ© d'orchidĂ©es appelĂ©e Dendrobium.</ref>, la tempĂ©rature se mit Ă chuter drastiquement dans un noyau du tout premier gĂ©nĂ©rateur. Les raisons demeurent toujours inconnues Ă ce jour. Le systĂšme de suretĂ© avait ordonnĂ© l'arrĂȘt brutal du noyau, mais malgrĂ© tout, la tempĂ©rature ne cessait de chuter. Puis, le rĂ©acteur fut complĂštement gelĂ©, au point de contaminer les bĂątiments autour, jusqu'Ă ce que la zone alentour se transforme en terre gelĂ©e. Le phĂ©nomĂšne ne s'arrĂȘta pas lĂ , et s'ensuivit une grande vague de froid s'abattant sur le monde â surnommĂ©e par la suite « Ăge de Glace ». Tel un feu de camp, les flammes gelĂ©es dĂ©vorĂšrent le petit pays d'ExtrĂȘme Orient. Comme une Ă©ponge sĂšche aspirant l'eau, les plantes de cristal absorbĂšrent toute once de chaleur en Robium. La vague de froid submergeait tout sur son chemin, alors que toute forme de chaleur semblait ĂȘtre comme aspirĂ©e. MalgrĂ© la petite taille du pays, le fait que Robium avait Ă©tĂ© plongĂ© dans la glace en Ă peine trois mois avait mis en Ă©moi le monde entier. Certains Ă©taient parvenus Ă fuir le pays, mais la majoritĂ© n'avait pas eu cette chance et avait Ă©tĂ© transformĂ©e en statue de glace, Ă cause de l'augmentation brutale du prix des billets d'avion. Face Ă une telle situation, des pays tout autour du globe cessĂšrent toute activitĂ© liĂ©e aux rĂ©acteurs Ă plante de cristal. HĂ©las, malgrĂ© la tragĂ©die, il y avait des pays qui s'entĂȘtaient Ă les utiliser. En particulier, de grandes nations balayĂšrent les doutes naissant sur la technologie en arguant que Robium Ă©tait un pays en voie de dĂ©veloppement avec une population peu qualifiĂ©e. Qui plus est, alors que la vague de froid en provenance de Robium semblait se calmer, les dĂ©bats entre les deux parties n'en finissaient plus. Bon nombre de citoyens plaidaient pour l'arrĂȘt des centrales Ă plantes de cristal, pendant que des scientifiques ne cessaient de mettre en garde contre les dangers potentiels, mais ils avaient tous Ă©tĂ© ignorĂ©s en faveur des Ă©normes profits gĂ©nĂ©rĂ©s par les centrales Ă plantes de cristal. Et ainsi, une deuxiĂšme tragĂ©die arriva, irrĂ©versible cette fois-ci. Les pays dĂ©veloppĂ©s furent les premiers Ă admettre que les rĂ©acteurs Ă plantes de cristal montraient des signes de gel â un « Ăge de Glace ». L'ampleur du phĂ©nomĂšne Ă©tait sans prĂ©cĂ©dent, et tous les pays concernĂ©s Ă©taient engloutis par la glace, la vague de froid s'Ă©tendant par-delĂ les ocĂ©ans tout autour du globe. Puis, le monde entra dans une pĂ©riode glaciaire. Face Ă une telle catastrophe, l'humanitĂ© n'avait plus d'autre choix que de fuir vers les zones plus chaudes. Les hommes mobilisĂšrent tous les robots du monde et construisirent des abris de secours. Seuls les plus riches pouvaient s'offrir ce luxe, autant dire une trĂšs grande minoritĂ©. AprĂšs leur construction, les robots ouvriers ont Ă©tĂ© dĂ©montĂ©s sans pitiĂ© sauf une petite partie conservĂ©e pour la maintenance des bĂątiments. Les hordes de rebelles avaient Ă©tĂ© massacrĂ©es par les robots soldats. Ces abris de secours Ă©taient le fruit d'un Ă©goĂŻsme Ă l'Ă©tat pur, enterrĂ©s six pieds sous terre en attendant le jour oĂč la glace fondra. Ainsi, un siĂšcle s'Ă©tait Ă©coulĂ© depuis. ===Partie O=== â Grosso modo, c'est le secret derriĂšre la « fin des temps ». Blanche Neige est un de ces abris. La duretĂ© de ces mots flotte dans l'air. Je sens mes jambes faillir, j'ai peur de m'effondrer Ă tout moment. â Les humains sont horribles. Ils sont stupides. Ils sont cruels. Ils... Le maire jette un regard vers le bouton. â Devraient ĂȘtre exterminĂ©s. â M-M-Mais ! J'attrape l'interrupteur et le tiens fermement entre mes doigts. â N-Nous avons Ă©tĂ© t-tous Ă©tĂ© conçus pour les servir. Notre mission est de les protĂ©ger... â Ceux qui dorment dans Blanche Neige ont massacrĂ© nos vĂ©ritables maĂźtres. â Mais... â Ceux qui dorment confortablement lĂ ne sont pas nos maĂźtres, mais des monstres qui ont exterminĂ© les nĂŽtres sans la moindre pitiĂ©. Oublie le passĂ©. DĂ©sormais, il n'est plus nĂ©cessaire pour le village de se sacrifier. AprĂšs s'ĂȘtre arrĂȘtĂ© lĂ , le maire jauge nos rĂ©actions une Ă une. Alors qu'on est encore sous le choc et incapables de dire quoi que ce soit, il marmonne : â La semaine prochaine, nous allons tenir un conseil du village. Je rĂ©vĂšlerai la vĂ©ritĂ© Ă tout le monde, et tout un chacun pourra dĂ©cider si l'on doit presser sur ce bouton ou non. Profitez-en pour y rĂ©flĂ©chir. La conversation prend fin. Le maire s'en va en roulant, en laissant derriĂšre lui le bouton qui Ă©met une lĂ©gĂšre lueur rouge. <noinclude> {| border="1" cellpadding="5" cellspacing="0" style="margin: 1em 1em 1em 0; background: #f9f9f9; border: 1px #aaaaaa solid; padding: 0.2em; border-collapse: collapse;" |- | [[Amaryllis au Pays de Glace : Chapitre 5|Chapitre 5]] | [[Amaryllis au Pays de Glace|Page principale]] | [[Amaryllis au Pays de Glace : Chapitre 7|Chapitre 7]] |- |} </noinclude>
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