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Golden Time:Tome 1 Chapitre 1
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==Chapitre 1== [[Image:Golden Time vol01 015.jpg|thumb]] Banri Tada courait en pleurant Ă moitiĂ©. Les rues de Tokyo Ă une heure du matin, bien que ce soit "LE Tokyo", Ă©taient complĂštement noires, sans aucun signe de vie et pas la moindre lumiĂšre filtrant dâune fenĂȘtre. Au cours de la journĂ©e dâaujourdâhui (ou plutĂŽt celle dâhier dĂ©sormais), malgrĂ© le fait quâon soit seulement en Avril, il avait fait si chaud quâil sâĂ©tait seulement vĂȘtu dâun tee-shirt et il avait bu un cafĂ© glacĂ© en murmurant pour lui-mĂȘme, « Ăa doit ĂȘtre le rĂ©chauffement climatique. » Il Ă©tait maintenant en train de grelotter de froid et dâanxiĂ©tĂ©. Les manches de son sweat Ă capuche en flanelle Ă©taient tirĂ©es sur ses doigts, chacun de ses pas instables de ses pieds nus dans ses sandales rĂ©sonnaient, quoi quâil en soit, sâil arrivait Ă rejoindre la rue principale, tout irait mieux⊠Ăa devait ĂȘtre tout droit. Tout en espĂ©rant avoir raison, il courut de toutes ses forces. ''Un jeune homme ayant dix-neuf ans cette annĂ©e ne devrait pas ĂȘtre en train de courir dans les rues la nuit avec les larmes aux yeuxâŠ'' ai-je pensĂ©, mais je comprenais les sentiments de Banri. Si jâĂ©tais dans la mĂȘme situation, je pourrais me mettre Ă pleurer moi aussi. Il avait rejoint la capitale avec sa mĂšre qui, pour le bien de son fils commençant sa vie indĂ©pendante, sâĂ©tait arrangĂ©e pour les meubles, lâĂ©lectromĂ©nager, le gaz, lâeau, lâĂ©lectricitĂ©, etc⊠Elle avait rĂ©glĂ© diverses formalitĂ©s mineures ici et lĂ puis, cet aprĂšs-midi (dĂ©jĂ , le temps passe si vite !), elle Ă©tait retournĂ©e Ă la maison en Hikari<ref>[http://fr.wikipedia.org/wiki/Hikari_%28Shinkansen%29 Hikari] : Train Ă grande vitesse japonais.</ref>. Câest alors que, finalement, il avait vĂ©ritablement dĂ©butĂ© la premiĂšre nuit de son indĂ©pendance. Il ne restait que cette nuit avant la cĂ©rĂ©monie dâentrĂ©e Ă lâuniversitĂ© de demain matin. Tard dans la nuit, alors que le nouveau jour commençait, incapable de dormir Ă cause de ses inquiĂ©tudes, il avait fait ce quâĂ©tait supposĂ©e faire nâimporte quel rĂ©sident de Tokyo afin de se distraire : il sâĂ©tait rendu dâune supĂ©rette Ă une autre, mais il avait perdu son chemin dans les rues. Pire, il semblait que, quelque part, dâune maniĂšre ou dâune autre, il avait perdu la clĂ© de son nouveau logement. En tout cas, elle nâĂ©tait plus dans sa poche. Les pieds de Banri sâarrĂȘtĂšrent soudainement et ils reculĂšrent de trois pas en arriĂšre. Il vit un plan du quartier rĂ©sidentiel dressĂ© sur le bord du trottoir. « SauvĂ© », se dit-il tandis quâil sâen approchait et cherchait lâimmeuble, "Motomachi", oĂč il habitait dĂ©sormais, traçant un itinĂ©raire avec son doigt depuis le "vous ĂȘtes ici". De toute façon, une fois de retour Ă son appartement, il comptait refaire le chemin jusquâĂ la supĂ©rette Ă la recherche de ses clĂ©. Mais⊠ahh assez ! Si cette voix pouvait atteindre Banri, je lui dirais, « Regarde plus attentivement ce plan. Ce "Motomachi" est le "Motomachi" de lâarrondissement voisin ! » Non, je dirais plutĂŽt, « Tu as quittĂ© ton appartement en oubliant de fermer Ă clĂ© ! Elles sont dans la chambre ! » Malheureusement, je ne pouvais faire cela. Pour le moment, tout ce que je pouvais faire Ă©tait de prier pour lui afin que Banri puisse rentrer simplement Ă son appartement et aller se coucher rapidement et quâalors peut-ĂȘtre, il survivrait Ă la cĂ©rĂ©monie dâentrĂ©e de demain sans problĂšme. Ă combien important pouvait ĂȘtre ce jour dans une vie, celui de la cĂ©rĂ©monie dâentrĂ©e Ă lâuniversitĂ© dâun nouvel Ă©tudiant ? MĂȘme moiâ bien que je sois devenu une Ăąme errante, je pouvais comprendre. Je ne croyais pas en la possibilitĂ© que les esprits des hommes, mĂȘme lorsquâils quittaient leur corps, restaient eux-mĂȘmes et demeuraient dans ce monde pour veiller sur quelquâun. Cet aspect du monde Ă©tait dissimulĂ©, et je ne lâai dĂ©couvert que trĂšs rĂ©cemment. JâĂ©tais, pour ainsi dire, un fantĂŽme. Mon nom Ă©tait auparavant Banri Tada. Plus personne nâentendait ma voix, personne ne remarquait mon existence. Je me contentais de continuer Ă observer ce nouveau Banri Tada qui continuait Ă vivre, mĂȘme si moi, son esprit, Ă©tait tombĂ© hors de lui. « Jeune homme, Ă cette heure, queâ, que vous est-il arrivé⠻ Tout Ă coup, le Banri Tada vivant tourna son visage vers lâavant et une lumiĂšre brilla droit dans ses yeux, le faisant se figer comme un cerf face aux phares dâune voiture. « Ah, qu⊠Je, je me suis perdu⊠» « Avez-vous un permis, un passeport, quelque chose pour prouver votre identitĂ© ? » « Euh, ah, hein⊠» Il fut soumis au premier interrogatoire de police de sa vie. Ăa allait ĂȘtre une longue nuit. Est-ce que cette situation Ă©tait une crise ? Etait-ce un prĂ©sent de Dieu ? Personne ne pourrait jamais savoir en quoi Banri Ă©tait concernĂ©. <span style="font-size: 300%;"><center>* * *</center></span> Un grand mĂ©lange de tout et nâimporte quoi, câĂ©tait en quelque sorte son Ă©tat actuel pouvant ĂȘtre qualifiĂ© de "Grande ApprĂ©hension", pensa Banri tandis quâil contemplait les alentours. Le temps, cependant, Ă©tait vraiment excellent. Un blizzard de pĂ©tale de fleurs de cerisier descendait du ciel clair en dansant frĂ©nĂ©tiquement autour de lui, comme si elles voulaient passer leur vie de la façon la plus spectaculaire qui soit. Lâauditorium, entourĂ© de vieux immeubles de bureaux gris, semblait ĂȘtre le théùtre dâun drame. La scĂšne ressemblait Ă une peinture. Des cerisiers en fleurs contrastant avec le ciel dâAvril. De jeunes gens se rassemblant pour les cĂ©rĂ©monies dâouverture. Hommes et femmes semblables, portant de nouveaux costumes de marque et des chaussures en cuir, des sourires radieux Ă©clatant un peu partout. Banri se sentait comme en train dâessayer de couper le coin sombre passant inaperçu oĂč il se trouvait. Un flux constant de conversations amicales dĂ©fila devant ses yeux. LâentrĂ©e de lâauditorium Ă©tait sous la corniche du bĂątiment. Pour lâinstant, Banri et tous les autres avaient le mĂȘme costume de marque neuf et les mĂȘmes chaussures de cuir neuves, et ils tenaient dans leurs mains des enveloppes avec les noms de leurs facultĂ©s. Avec des cernes noires sous les yeux dues Ă un manque de sommeil, il ne ressemblait pas au premiĂšre annĂ©e typique. La patte droite de ses cheveux Ă©tait courbĂ©e dans un angle bizarre et quelques mĂšches prĂšs de ses oreilles rentraient dedans, le dĂ©mangeant. Il nâavait pas rĂ©ussi Ă dormir avant trois heures du matin. CâĂ©tait une loque depuis la nuit derniĂšre. Il avait eu lâidĂ©e, dans le milieu de la nuit, de sortir et dâacheter quelque chose, sâĂ©tait perdu dans les rues dâun quartier voisin inconnu (une chose plutĂŽt dĂ©bile Ă faire), avait monopolisĂ© le temps de service dâun policier, lui avait expliquĂ© sa situation et avait Ă©tĂ© reconduit jusquâĂ son appartement. Ensuite, il sâĂ©tait endormi avec maintes difficultĂ©s et, Ă cause de ses nerfs, il sâĂ©tait rĂ©veillĂ© Ă six heures du matin. ''Mais câest toujours mieux que de se rĂ©veiller en retard'' avait-il pensĂ© en sâhabillant lentement tandis quâil dĂ©congelait un peu du riz laissĂ© par sa mĂšre, avant de manger son petit dĂ©jeuner. AprĂšs cela, il avait pris une douche et sĂ©chĂ© ses cheveux tout en Ă©tant assis sur le lit. Il nâaurait pas dĂ» faire ça. Son corps rĂ©chauffĂ© par lâeau, les draps encore flambant neuf agrĂ©ablement rafraichissant, il sâĂ©tait allongĂ© sans le vouloir. Il ne se souvenait pas avoir fermĂ© les yeux. « Eh⊠Quâest-ce que je fais maintenant⊠Bon sang⊠» sâĂ©tait-il lamentĂ© lorsquâil avait rĂ©alisĂ© quâil Ă©tait dĂ©jĂ neuf heures passĂ©. La cĂ©rĂ©monie dâouverture allait commencer Ă dix heures dans la matinĂ©e. Se rĂ©veillant en sursaut comme un pantin, il avait basculĂ© dans un Ă©tat de panique en regardant dans le miroir. Ses cheveux fraichement lavĂ©s Ă©taient dĂ©sormais en bataille car il avait dormi dessus, mais il nâavait pas le temps pour les relaver. Il les arrangea du mieux quâil put avec le sĂšche-cheveux, sauta dans son costume et avait dĂ©boulĂ© hors de son appartement en sentant de nouveau les larmes lui monter aux yeux. Il avait deux trains de retard sur celui quâil aurait dĂ» prendre dâaprĂšs son planning, les bonnes chaussures, mais les mauvaises chaussettes. Sans mĂȘme sâen rendre compte, il avait mis ses socquettes habituelles laissant ses chevilles Ă nu. Du coup, avec ses nouvelles chaussures encore rigides, il sentait un Ă©trange frisson sur ses chevilles lorsquâil sâasseyait. Il se sentait minable. Il avait couru depuis la gare, arrivant tout juste Ă temps pour la cĂ©rĂ©monie dâentrĂ©e de lâuniversitĂ©. Prenant son siĂšge, il sâĂ©tait constituĂ© un air de parfait Ă©tudiant en premiĂšre annĂ©e tandis que les visiteurs Ă©taient accueillis, mais il se retrouva exclu de cette grande occasion. Ce nâĂ©tait pas Ă cause de son manque de sommeil, ni Ă sa coiffure hirsute. Il rĂ©alisa que câĂ©tait parce que, il Ă©tait le seul Ă ĂȘtre complĂštement isolĂ©. Il nâessayait mĂȘme pas dâĂȘtre particuliĂšrement observateur : un brouhaha constant emplissait lâendroit avec les gens qui discutaient. CâĂ©tait parce que tout le monde avait quelquâun avec qui parler. Sâils venaient dâun lycĂ©e affiliĂ©, ils avaient dĂ©jĂ formĂ© des groupes dâamis, gars et filles ensembles, et si ce nâĂ©tait pas le cas, ils Ă©taient gĂ©nĂ©ralement assis avec leurs parents. En gĂ©nĂ©ral. « De nos jours, les parents ne vont plus aux cĂ©rĂ©monies dâentrĂ©e de lâuniversitĂ© ! Peut-ĂȘtre Ă TĂŽdai<ref>[http://fr.wikipedia.org/wiki/Universit%C3%A9_de_Tokyo TĂŽdai] : abrĂ©viation de Tokyo Daigaku (UniversitĂ© de Tokyo). TĂŽdai est considĂ©rĂ© comme la plus prestigieuse universitĂ© du Japon.</ref>, mais ici câest exagĂ©rĂ©. Tout le monde penserait que je suis un fils Ă maman ! Câest absolument ridicule ! Les parents ne viennent normalement pas aux cĂ©rĂ©monies dâouverture de lâuniversitĂ© ! » AprĂšs les protestations de Banri, sa mĂšre Ă©tait rentrĂ©e Ă la maison le jour prĂ©cĂ©dent. « Eh bien, jâavais apportĂ© ça juste au cas oĂč⊠», avait-elle dit en rangeant le ticket dâinvitation pour la cĂ©rĂ©monie dâentrĂ©e dans son portefeuille comme si câĂ©tait quelque chose de prĂ©cieux. Il nâavait pas Ă©tĂ© si sĂ©rieux que ça en souhaitant quâelle ne vienne pas. Mais ensuite, il avait gĂ©mis absurdement comme un gamin, « Je ne veux pas que tu viennes », dans ce quâil pensait ĂȘtre une relation normale parent-enfant. Et maintenant quâil Ă©tait arrivĂ© ici, dĂ©jĂ dĂ©couragĂ©, mais par-dessus tout, il se sentait coupable dâavoir Ă©tĂ© dĂ©loyal envers ses parents. Cela pesait lourdement sur lui. Il nâavait mĂȘme pas fait un signe dâau revoir. Le dos de sa mĂšre avait traversĂ© lâentrĂ©e nord de la gare dans le quartier Yaesu<ref>Yaesu : quartier de Tokyo adjacent au cĂŽtĂ© Est de la gare de Tokyo.</ref>, disparaissant pendant quâil la regardait. Sans le rĂ©aliser, il laissa Ă©chapper un soupir pathĂ©tique tandis quâil Ă©tait encore debout dans lâentrĂ©e, observant la couleur des cheveux de personnes descendant les marches et riant ensemble. Depuis lĂ oĂč il se trouvait, il ne pouvait voir personne dâautre de seule. Il frotta ses yeux avec ses doigts. Peut-ĂȘtre Ă©tait-ce le pollen, ou peut-ĂȘtre le manque de sommeil, mais ses yeux le dĂ©mangeaient Ă©trangement. Un gars qui avait oubliĂ© son mouchoir nâaurait certainement pas apportĂ© de collyre avec lui non plus. Les choses nâĂ©taient pas au beau fixeâ ouais, mĂȘme Ă partir de maintenant, il semblait que les choses allaient continuer Ă aller mal « Tu vas prendre le train ? Ou marcher ? » « Pourquoi sâennuyer Ă aller jusquâĂ la station ? Ăa va juste me fatiguer. Je prĂ©fĂšre marcher. » Devant les yeux paralysĂ©s de Banri, deux gars en costumes marchaient, desserrant leur cravate. Depuis lâauditorium, il devait se rendre Ă lâorientation des Ă©tudiants de premiĂšre annĂ©e par lui-mĂȘme, celle-ci avait lieu dans une heure, dans la partie du campus occupĂ©e par son dĂ©partement. Ayant dit cela, dâaprĂšs le plan qui leur avait Ă©tĂ© confiĂ©, il nâĂ©tait quâĂ une station de mĂ©tro. MĂȘme sâil venait dâarriver dans la capitale, cela ne voulait pas dire quâil venait tout juste dâĂ©merger du fin fond du dĂ©sert, ni quâil Ă©tait nerveux sur ce quâil devait faire. Ce qui troublait le point de vue de Banri Ă©tait la foule quittant lâauditorium qui, pour une quelconque raison, se divisait en deux. Peut-ĂȘtre que les gens tournant au nord gagnaient la station et ceux allant au sud marchaient. Avec un temps si beau, il voulait marcher, mais la route Ă pied nâĂ©tait pas indiquĂ©e sur la carte. Le souvenir du dĂ©sastre de la nuit derniĂšre encore frais dans son esprit, il ne voulait pas se retrouver de nouveau perdu dans les rues. « Mais Ă partir de maintenant, je vais bien devoir trouver le chemin de chaque lieu par moi-mĂȘme⊠Mais quand mĂȘme⊠» Banri restait plantĂ© lĂ Ă murmurer, encore hĂ©sitant, puis il finit par prendre sa dĂ©cision et descendit les marches vers la rue. Il dĂ©cida de rester prĂšs de la paire qui prĂ©fĂ©rait marcher. « Dâun certain point de vue, nous sommes un trio ! », a-t-il chuchotĂ© dans le dos des deux qui le prĂ©cĂ©daient. Ils Ă©taient tous les deux vĂȘtu dâun costume gris foncĂ©, comme Banri. Encore en manque de courage pour engager la conversation, Banri les suivit en prenant leur rythme. Bien que les choses soient un peu dĂ©plaisantes en ce moment mĂȘme, il se pourrait que leurs cours et leurs Ă©tudes finissent par les amener Ă devenir amis. Il dirait des choses comme « HonnĂȘtement, Ă la cĂ©rĂ©monie dâouverture, je vous ai dĂ©sespĂ©rĂ©ment suivi », et puis ils seraient capables dâen rire. La poursuite de Banri passait toujours inaperçu, les deux marchaient dâun pas rĂ©gulier. Au fur et Ă mesure que la masse des nouveaux Ă©tudiants se dĂ©versait de lâauditorium dans les rues, elle se mĂȘlait Ă la foule habituelle en ce jour de semaine qui passait par lĂ , tel un affluant se jetant dans un fleuve. Si lâon nây regardait pas de trop prĂšs, on pouvait facilement confondre les Ă©tudiants et les hommes dâaffaire. Câest alors que⊠« Ah, il fait plutĂŽt chaud aujourdâhui, pas vrai ? Allons acheter une glace. » « Tu es sĂ©rieux ? » Le gars Ă droite eut une envie soudaine. Regardant le dos de la tĂȘte de ce dernier, les sourcils de Banri se levĂšrent inconsciemment. « TrĂšs. Pourquoi on ne sâarrĂȘterait pas Ă la prochaine supĂ©rette ? Je pendrai une glace. » ''Veux-tu rĂ©ellement manger une glace tout de suite ? La cĂ©rĂ©monie dâouverture vient tout juste de sâachever et tu veux manger une glace dâune supĂ©rette en plein milieu du chemin pour lâorientation, alors que le temps est comptĂ© ? Il fixa lâarriĂšre du crĂąne du gars Ă gauche. "Oublie cette idĂ©e". Toi sur la gauche, dis-le !'' Quâest-ce quâil allait faire pendant que ces gars mangeaient leur crĂšme glacĂ©e, il nâen avait strictement aucune idĂ©e. « Dans ce cas, jâen prendrai une moi aussi. Il devrait y avoir un 7-Eleven<ref>7-Eleven : enseigne de commerces de proximitĂ© implantĂ©e essentiellement en Asie et en AmĂ©rique du Nord.</ref> dans les parages. » « Ouais, il y avait un 7-Eleven. Mais oĂč est-ce quâil Ă©tait dĂ©jĂ ? » Ils nâentendirent pas le message silencieux de Banri. Quittant le flux lent des passants, les deux ont tournĂ© dans une rue Ă©troite. CâĂ©tait le moment oĂč il aurait dĂ» leur dire adieu pour suivre les autres Ă©tudiants de premiĂšre annĂ©e. Banri aurait dĂ» faire ça, mais il souffrait dâun manque de jugement. En continuant tout droit, il nâĂ©tait pas facile de distinguer du premier coup dâĆil les Ă©tudiants des hommes dâaffaires, alors sans rĂ©flĂ©chir, il tourna dans la rue latĂ©rale Ă leur suite. « Ah ah ah. » Ignorant Banri dont la conscience lâincitait silencieusement Ă se dĂ©pĂȘcher, les deux garçons disaient des choses comme « Hmm, 7-Eleven, 7-Eleven. LĂ -bas ? Par ici ? » Ces deux-lĂ restaient calmes et dĂ©contractĂ©s tandis quâils arpentaient des rues inconnues. Peut-ĂȘtre quâils voulaient se dĂ©barrasser de lui⊠avec de tels doutes, il tourna Ă gauche puis Ă droite pour sâĂ©carter du droit chemin. « Ah, ce nâĂ©tait pas un 7-Eleven aprĂšs tout. » Ils Ă©taient en face dâun FamilyMart<ref>FamilyMart : enseigne de supĂ©rettes au Japon</ref>. Ils entrĂšrent dans le magasin sans la moindre hĂ©sitation, nâayant toujours pas remarquĂ© la prĂ©sence de Banri qui se tenait lĂ , clignant des yeux rapidement avec anxiĂ©tĂ©. Sans savoir que faire dâautre, il entra lui aussi tout en restant un peu en retrait. Il se mit dos Ă eux en prĂ©tendant lire les magazines tandis quâils se servaient dans le congĂ©lateur Ă glace. AprĂšs quelques dizaines de secondes, il prit une dĂ©cision, « Je vais en manger une moi aussi. » Afin de paraitre normal, il avait Ă©tabli quâil devrait juste faire les mĂȘmes choses que ces gars. AprĂšs avoir jetĂ© un regard en coin pour sâassurer que les deux hommes sâĂ©taient rendus Ă la caisse leur glace Ă la main, il prit son expression la plus innocente et plongea Ă son tour ses yeux dans le congĂ©lateur. Pour ne pas perdre de temps, il saisit la premiĂšre qui lui tomba sous la main et, affichant un visage qui disait « Ah⊠Je voudrais bien une glace aprĂšs tout⊠» tandis que les deux autres payaient, il attendit derriĂšre eux Ă la caisse. Toutefois⊠« Mais en fait, Ă partir dâici, on doit aller Ă lâorientation, et on risque de ne pas profiter de cette glace. Il ne nous reste plus beaucoup de temps, on devrait peut-ĂȘtre changer dâavis. » « Eh bien, câest possible. On devrait simplement y aller, non ? Excusez-moi monsieur, cette caisse est votre, nous partons. » « Ehh ?! » Ils laissĂšrent trĂšs poliment leur tour Ă Banri et partirent reposer les glaces en rayon. Le caissier Ă temps partiel nây fit mĂȘme pas attention. « Suivant sâil vous plait » a-t-il dĂ©clarĂ© en faisant signe Ă Banri dâavancer. Ne sachant que faire dâautre, il tendit avec rĂ©signation sa glace, sortit son portefeuille et, comme il manquait de petite monnaie, il sortit un billet de dix mille yens. « Dâabord la grosse monnaie », cinq mille, six mille, sept mille. « Puis la petite », cling cling cling. RĂ©cupĂ©rer sa monnaie lui prit un moment et, pendant ce temps, les deux Ă©tudiants avaient quittĂ© le magasin. â ''Bon sang. Quâest-ce que je suis supposĂ© faire ?'' PĂ©trifiĂ©, refusant le sac avec un « Non merci », il prit sa glace comme elle Ă©tait et, tandis quâil rangeait son portefeuille, Banri quitta le magasin dans un Ă©tat second. « Quel chemin ont-ils pris ? », il ne pouvait pas repĂ©rer la silhouette des deux gars. « Calme toi pour lâinstant, je ne suis pas encore perdu », se rĂ©pĂ©ta-t-il sans cesse. « Nous sommes venus par ici, puis par-lĂ . Je me souviens de tout ça, pas de problĂšme. » Lorsquâil regarda, il rĂ©alisa que ce quâil avait achetĂ© Ă©tait une "Garigari-Kun"<ref>[http://chibadailyphoto.blogspot.fr/2008/07/garigari-kun.html Garigari-Kun] : glace Ă lâeau saveur soda de couleur bleue trĂšs populaire au Japon.</ref>. ''Peu importe, mangeons lĂ . Je pourrai mâinquiĂ©ter aprĂšs.'' Banri secoua sa tĂȘte pour Ă©claircir son esprit paniquĂ©, puis il dĂ©balla la glace. La barre couleur soda Ă©tait dure Ă force dâĂȘtre conservĂ©e Ă trop basse tempĂ©rature, alors aprĂšs avoir mordu dedans, il se dit, « Je vais devoir attendre pour la manger. » Il prit une looongue inspiration. « ⊠Quâest-ce que câest ? ⊠Quâest-ce que je suis en train de faire⊠» Quel idiot. Lorsquâil sâen rendit compte, lâorientation soit disant importante Ă©tait dans trente minutes et quelques. Sans aucune idĂ©e dâoĂč il se trouvait, il Ă©tait en train de manger sa glace seul devant une supĂ©rette. La silhouette dâun idiot tombĂ© dans cette situation dĂ©raisonnable Ă©tait reflĂ©tĂ©e dans le miroir du photomaton en face de la boutique. Il portait un costume gris foncĂ© avec grande enveloppe vert clair. Il tenait sa glace Ă lâeau dans la main. Les cheveux tombant ses joues rougeĂątres Ă©taient plus lĂ©gers quâil pensait. NĂ©anmoins, mordant dans la glace, ses traits eux-mĂȘmes avaient lâair plus dĂ©contractĂ©s que comment il les avait prĂ©cĂ©demment perçus. MĂȘme Ă un moment comme celui-ci, Banri pensa, « Wow, si je me regarde objectivement, je suis assez⊠», en mettant la main sur son menton, mais⊠« ⊠Heiiin ? » Il remarqua que lâimage dans le miroir ne bougeait pas en coordination avec lui. Comme idiot dĂ©couvert, il se retourna. Ce nâĂ©tait pas son reflet dans le photomaton. CâĂ©tait une autre personne vĂȘtu dâun costume de mĂȘme couleur, tenant la mĂȘme enveloppe sous le bras et mangeant la mĂȘme glace. Leurs yeux se rencontrĂšrent puis se dĂ©tournĂšrent momentanĂ©ment. MalgrĂ© tout, Banri releva les yeux et regarda ce gars qui faisait exactement la mĂȘme chose que lui. Il nây avait pas dâautre possibilitĂ©, cet homme Ă©tait un nouvel Ă©tudiant dans la mĂȘme universitĂ©. Lâignorer ne serait pas naturel. Ehh, ne serait-on pas en train de faire la mĂȘme chose ? Ah, quoi, ne serait-on pas dans la mĂȘme universitĂ© ? En disant cela, il voulait dĂ©tendre lâatmosphĂšre. « ⊠Hein ? Ah ? ii es u ? » Sa bouche, refroidie par la glace ne marchait pas trĂšs bien et nâĂ©mit quâun gĂ©missement ambigu. NĂ©anmoins, avec le langage du corps, se pointant lui-mĂȘme puis pointant lâautre gars, il rĂ©ussit Ă faire passer le message. « Ho⊠gu⊠» Le gars aussi, tandis quâil essayait dĂ©sespĂ©rĂ©ment dâavaler une Ă©norme bouchĂ©e de glace, regardait le visage de Banri. Posant le bout de ses doigts sur sa bouche et mĂąchant, il bredouilla : « ⊠Eh bienâŠ, en fait, je⊠le chemin jusquâĂ la fac, je ne le connais pas trĂšs bien⊠» Sa voix Ă©tait plus faible que le prĂ©sageait son apparence. Sans rĂ©flĂ©chir, Banri fixa longuement le visage de lâautre. MĂȘme si ça nâavait Ă©tĂ© que pour un instant, confondre cet homme avec lui Ă©tait complĂštement inexcusable car ses traits Ă©taient beaucoup plus calmes. Il Ă©tait aussi un peu plus grand que Banri, ses cheveux Ă©taient mieux coiffĂ©s, son costume sâadaptait bien Ă ses Ă©paules larges. « Jâai pensĂ© que je devais suivre quelquâun, câest pour ça que jâai marchĂ© sur tes traces⊠Et dans tu es entrĂ©e dans le magasin, je me suis dit, "Quâest-ce que je vais faire maintenant ? ⊠Eh bien, pourquoi pas ? ⊠Pourquoi ne pas simplement rester ensemble ?" » « Et Ă partir de là ⊠», le gars agita son bĂątonnet de glace pour le montrer. Sans rĂ©flĂ©chir, Banri se mit Ă rire. « Quoi ?! » sâesclaffa-t-il dâune voix qui sortit naturellement claire. « Alors en fait, on faisait exactement la mĂȘme chose toi et moi. Je ne connais pas le chemin non plus, et je suivais dâautres gars depuis lâauditorium jusquâĂ ce que jâatterrisse ici ! Mais jâai Ă©tĂ© laissĂ© derriĂšre et je pensais "Quâest-ce que je vais faire ?" » « ⊠Hein ? Vraiment ? » « Vraiment. Je ne connais pas du tout la route. » Toujours leur glace dans la main, ne sachant quoi en faire, ils se regardĂšrent pendant plusieurs secondes. Au final, ils Ă©clatĂšrent de rire encore une fois. NâĂ©taient-ils pas juste une paire dâĂ©nergumĂšnes ? Ils eurent lâimpression que le poids quâils avaient dans lâestomac fut emportĂ© par le rire. « Câest en quelque sorte la rencontre inattendue de deux personnes similaires. Je suis Banri Tada. "Tada" signifie "beaucoup de champs" et mĂȘme si mon nom se compose des kanji "man" et "ri", ce nâest pas "Manri" mais plutĂŽt "Banri"<ref>Banri explique son nom. Tada sâĂ©crit avec 〠= Ta (beaucoup) et ç° = Ta (champs de riz, le t se change en d dans cette combinaison). Banri est composĂ© de äž = Man (dix mille ou myriades) et de é = Ri (ancienne unitĂ© dâaire ou village)</ref>. JâĂ©tudie le droit. Tu peux mâappeler Banri. » « Oh bien, je vais Ă©tudier droit aussi. Je suis Mitsuo Yanagisawa, ce qui signifie "lumiĂšre centrale" et "les saules sont Ă©pais au bord du marais"<ref>Mitsuo sâĂ©crit avec ć = Hikari (lumiĂšre) et 怟 = Hiroshi (centre), ces deux caractĂšres associĂ©s se prononcent "Mitsuo". Yanagisawa est la combinaison de æł = Yanagi (saule) et 柀 = Sawa (marais).</ref>. Tu nâas pas besoin dâĂȘtre formel avec moi, "Yana" suffira. Es-tu venu ici directement aprĂšs le lycĂ©e ? » « Je commence un an en retard. Et toi, Yanassan<ref>Banri rajoute le suffixe -san aprĂšs Yana, ce qui donne "Yana-san", cependant, lâauteur Ă choisit de lâorthographier ă€ăăŁăă(Yana-ssan) et non ă€ăăă(Yana-san).</ref> ? » « Yanassan ? Attendsâ un an plus vieux ?! ⊠Vraiment ? Tu ne le parais pasâ Bon bas câest dâaccord. Je viens dâĂȘtre diplĂŽmĂ© du lycĂ©e⊠mais, quand mĂȘme, ah, câest OK si je parle sans formalitĂ© comme ça ? » « Bien sĂ»r. Je veux dire, tu nâas mĂȘme pas besoin de le demander. â Je viens de Shizuoka<ref>[http://fr.wikipedia.org/wiki/Pr%C3%A9fecture_de_Shizuoka Shizuoka]</ref>. Je vis seul depuis la nuit derniĂšre. Et toi, tu viens dâoĂč ? » « Je vis prĂšs dâici, mais pareil, je suis seul. » « Ouais, libertĂ© ! Nous sommes pareils ! Devenons amis ! » Comme sâil portait un toast, Banri leva sa Garigari-kun Ă moitiĂ© mangĂ©e au niveau de ses yeux. Yanagisawa leva la sienne de la mĂȘme maniĂšre, puis ils terminĂšrent leurs friandises en une bouchĂ©e. Jetant les bĂątonnets, ils se remirent en marche et finalement, ils retrouvĂšrent assez rapidement lâavenue principale. Ils lâavaient fait dâeux mĂȘme aprĂšs tout, ça semblait un voyage ardu, mais ensemble, ils nâĂ©taient pas si inquiets. ComparĂ© aux rues du quartier rĂ©sidentiel sans la moindre Ăąme qui vive en plein milieu de la nuit, cette fois, ils pouvaient juste demander Ă quelquâun. Mais quand il Ă©tait seul, cette idĂ©e ne lui avait mĂȘme pas traversĂ© lâesprit. Ricanant de lui-mĂȘme, il jeta un regard oblique Ă Yanigasawa qui avait dĂ©jĂ lâair trop familier. « Parce que malheureusement, il nây avait personne avec qui parler jusquâĂ maintenant, jâĂ©tais en fait plutĂŽt inquiet. Jâai vu que les autres personnes Ă©taient dĂ©jĂ entre amis et ma solitude nâa fait quâempirer. » « Ah, je pensais aussi à ça. En particulier pour moi, le sentiment dâĂȘtre exclu est quelque chose que je nâai pas ressenti depuis longtemps maintenant : depuis le primaire, je vais dans une Ă©cole fĂ©dĂ©rĂ©e<ref>[https://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A8ge_f%C3%A9d%C3%A9r%C3%A9 Ecole fĂ©dĂ©rĂ©e]</ref>. » « Tu vas dans une Ă©cole fĂ©dĂ©rĂ©e depuis le primaire ? » Hochant la tĂȘte, Yanagisawa chuchota rapidement le nom de son ancienne Ă©cole. MĂȘme si Banri nâĂ©tait pas originaire de Tokyo, il reconnut quand mĂȘme le nom du prestigieux Ă©tablissement privĂ©. Pendant les quatre prochaines annĂ©es, ils allaient tous les deux Ă©tudier dans cette universitĂ© privĂ©e, mais cette autre Ă©cole Ă©tait mieux classĂ©e dans toutes les catĂ©gories possibles. « Quoi ? Sans blague ? Pourquoi nâas-tu pas simplement intĂ©grĂ© leur universitĂ© ? Si tu te contentes de rester sur lâescalateur<ref>Se rĂ©fĂšre au systĂšme "escalateur" ou "ascenseur" qui permet aux diplĂŽmĂ©s dâun lycĂ©e dâintĂ©grer lâuniversitĂ© affiliĂ©e sans examen dâentrĂ©e</ref> tu dĂ©boucheras toujours quelque part⊠Quâest-ce que je raconte ? Est-ce que jâai⊠» Banri se tut par rĂ©flexe, se forçant Ă fermer sa bouche qui dĂ©bitait des paroles Ă flux soutenu. CâĂ©tait faux. Quel idiot il faisait. Il Ă©tait insensible. Peut-ĂȘtre que ce nâĂ©tait pas quâil ne le voulait pas, mais quâil nâavait pas pu avancer. Avoir soudainement Ă©mergĂ© des profondeurs de la solitude lui avait fait perdre le contrĂŽle de son excitation. « Ex, excuse-moi⊠! Ce que jâai dit est faux⊠Je suis vraiment dĂ©solĂ©, on a eu un si bon dĂ©part aujourdâhui⊠Ah, lâambiance devient affreusement Ă©trange⊠» Toutes ces excuses Ă©taient dĂ©primantes. En regardant le visage de Banri qui gardait sa bouche fermĂ©e cette fois, ses yeux divaguĂšrent sans but prĂ©cis, « Aucun soucis, ça ne me dĂ©range pas du tout. Bah, si je tâexplique la raison, ça sera une longue histoire. » Yanagisawa agita une main devant son menton fin. Son geste indiquant "Parlons de ça plus tranquillement Ă un autre moment" atteignit Banri ainsi : "Tranquillement Ă un autre moment." Je te raconterais quand nous auront plus de temps. Quoiquâil arrive tu viendras me rendre une visite, OK ? Tu pourras mĂȘme avoir un bubuzuke<ref>[http://fr.wikipedia.org/wiki/Ochazuke Bubuzuke]</ref>. â Ah ! Il sâĂ©loigna doucement dâun pas de Yanagisawa. « Hein, quoi ? », celui-ci regardait lâĂ©trange sourire figĂ© de Banri qui ressemblait Ă un fou. Banri Ă©tait en train de penser quâil lâavait fait malgrĂ© lui. La nuit derniĂšre, avant de se retrouver perdu dans le quartier, il avait recherchĂ© sur le net. Parmi les astuces pour les Ă©tudiants postĂ©es sur un site, il y avait un conseil pour les relations humaines : "Faites particuliĂšrement attention pour Ă©viter dâĂȘtre trop familier lors de la premiĂšre rencontre ! Il y a toujours des mines Ă©ventuelles !"⊠Quâest-ce quâil devait faire dans une situation oĂč câĂ©tait lui qui nĂ©cessitait une attention particuliĂšre ? Incapable de sâen empĂȘcher, il se frappa une fois la tĂȘte comme un conteur dâhistoires comiques. « Je suis tellement stupide, jâai marchĂ© sur ma propre mine⊠avoir rappelĂ© des souvenirs dĂ©sagrĂ©ables Ă Yanassan aprĂšs quâil ait pris la peine de devenir mon ami⊠» « Hein ? Quâest-ce quâil y a ? Es-tu troublĂ© au sujet de ce qui sâest passĂ© ? Ce nâest pas un problĂšme. Câest nâest pas une histoire qui me gĂȘne, ⊠eh bien, il semble que tu es inquiet pour une quelconque raison inconnue, alors je vais tâexpliquer briĂšvement. Jâavais eu quelques problĂšmes concernant le sexe opposĂ© Ă lâĂ©cole fĂ©dĂ©rĂ©e. Jâen avais marre et jâavais besoin de respirer. Je voulais une nouvelle vie en tant quâĂ©tudiant alors jâai choisis de passer un examen extĂ©rieur de ma propre volontĂ©. « Ce nâest pas si important que ça, vraiment », exprima Yanagisawa en grattant ses sourcils proĂ©minents. En considĂ©rant ça⊠« ⊠Hyuuu⊠! » Banri ne pouvait pas siffler alors il Ă©mit ce son Ă la place. RĂ©duisant prudemment de moitiĂ© la distance dont il sâĂ©tait Ă©loignĂ©, croisant ses bras sur sa poitrine, agitant son doigt tandis que ses Ă©paules tremblaient, il avait lâintention de sâexclamer « Tu es gĂ©nial ! » du mieux quâil pouvait, dans les limites de lâacceptable. « Hein⊠Le sexe opposĂ© ? » ⊠Sâil restreignait son excitation Ă ce niveau, il ne devrait pas y avoir de problĂšmes. Mais en rĂ©alitĂ©, Banri Ă©tait encore plus gonflĂ© Ă bloc. ''Le sexe opposĂ© ?! Tellement cool ! Des ennuis avec des filles câest super cool ! Un triangle amoureux ?! Une aventure ?! Un amour interdit ?! Raconte-moi tout ! Je veux dire, partage ta chance ! Provoque des histoires avec des filles ! Get that power-up ! Super jump !<ref>Lâesprit de Banri dĂ©rive sur la fin. Il pense soudainement avec des expressions dâun jeu vidĂ©o, [http://en.wikipedia.org/wiki/Don_Doko_Don Don Doko Don]. La premiĂšre phrase est en rĂ©alitĂ© un effet sonore qui se rĂ©fĂšre au nom du jeu, le second se rĂ©fĂšre Ă une sorte de saut trĂšs haut.</ref>âŠ'' Autour de son cĆur, la tension montait. « Dooonc, câest aux personnes aussi cool que Yanassan que de telles choses arrivent ?! Alors, tu tâes querellĂ© avec ta petite amie ? Eh, est-ce que je deviens ennuyant ?! » Il sâarrĂȘta net. « ⊠Non, tu ne lâes pas. » « Ne me mens pas ! » Avec un demi-pas, il se plaça juste Ă droite de Yanagisawa. « ⊠Non, mais, ça nâa rien Ă voir avec ça. Et quoi quâil en soit⊠elle nâest pas ma petite amie. » « Pas ta⊠petite amie ? Quâest-ce que tu viens de dire ?! » Elle nâest pas⊠? Et, tandis que Banri se rapprochait, Yangisawa dont lâexpression Ă©tait Ă©trangement sĂ©rieuse hocha la tĂȘte puis ajouta : « Ce nâĂ©tait pas une bonne chose, absolument pas. CâĂ©tait⊠pour ainsi dire⊠» ArrĂȘtĂ© par le feu rouge dâun passage piĂ©ton, il regarda un peu au loin avant de se retourner vers Banri. « ⊠une calamitĂ©âŠ, ça y ressemblait. » « Mais quand mĂȘme, quâest-ce que⊠» il essaya dâen apprendre plus mais, comme par hasard, le feu passa au vert Ă cet instant. » De ce cĂŽtĂ© du passage piĂ©ton, un taxi Ă©tait garĂ©. Banri, avec Yanagisawa Ă cĂŽtĂ© de lui, avait juste commencĂ© Ă traverser en face du feu. Wham ! La portiĂšre du taxi sâouvrit Ă la volĂ©e. Une chaussure Ă talon haut se posa sur lâasphalte, le son sec rĂ©sonna comme un marteau. Ils tournĂšrent la tĂȘte par rĂ©flexe. Banri eut le souffle coupĂ©. En un instant, toutes ses pensĂ©es furent balayĂ©es. La tempĂȘte de pĂ©tales de cerisiers Ă©tait quelque chose Ă voir, mais ça, câĂ©tait extraordinaire. Comme sâil jaillissait du taxi, un Ă©norme bouquet de roses Ă©carlates en sortit. Brillant en contraste du ciel dâun bleu pur, elles Ă©taient dâun rouge trĂšs trĂšs profond. Le regard de Banri fut arrachĂ© en direction du bouquet tandis quâil Ă©tait soulevĂ© au-dessus la tĂȘte de la personne en sa possession. « ⊠Whop ?! » De toutes ses forces, elle frappa Banri Ă la joue. « Ăa fait mal ! » cria-t-il, « Non ! Câest froid ! », il cria encore une fois mais au final, il nâeut plus de souffle. Une pluie froide de gouttelettes dâeau Ă©claboussa les alentours. ComplĂštement abasourdie, Banri tomba au sol. LâarriĂšre de son pantalon tout neuf heurta lâasphalte, avant dâĂȘtre lui-mĂȘme aspergĂ© par les gouttelettes. Il Ă©tait au mauvais endroit au mauvais moment. CâĂ©tait Yanagisawa qui Ă©tait attaquĂ© cette fois. Il fut giflĂ© dans tous les sens trois fois, quatre fois, par un bouquet de roses rouges fraiches. A chaque fois, quelques-unes des pĂ©tales vifs sâenvolaient plus loin, tombant comme des gouttes de sang. Puis vint le coup final ! LevĂ© trĂšs haut, le bouquet fut jetĂ©, sâĂ©crasant contre la poitrine de Yanagisawa effondrĂ© par terre. Banri Ă©tait sans voix. Yanagisawa aussi. Les pĂ©tales de roses voletaient, chargeant lâair de leur parfum sucrĂ© de nectar. Au milieu de ce tourbillon rouge, « ⊠Jâai retirĂ© les Ă©pines. » Une femme arborant un sourire "parfait" et dont mĂȘme la respiration nâavait pas le moindre dĂ©faut. Qui Ă©tait-elle, quâest-ce quâelle Ă©tait, ces questions se dissipĂšrent comme la brume du matin. Elle Ă©tait lĂ , avec son Ă©clatante silhouette blanche comme neige, Ă©tincelante Ă cause des gouttes dâeau â les pĂ©tales de fleur rouge vif formaient comme une aura autour dâelle, lui donnant un air de reine des roses. « FĂ©licitation pour ton admission ! Câest tout ce que je voulais dire. » « Ce nâest pas⊠» gĂ©mit Yanagisawa Ă voix basse, tenant les roses dans ses bras. Comme sâil ne voulait pas accepter la rĂ©alitĂ©, il secoua la tĂȘte de gauche Ă droite. Banri, encore Ă sa place de spectateur abasourdie, leva simplement les yeux vers le sourire de la femme. Sa peau Ă©tait parfaite, luisante comme la plus fine des soies. Ses cheveux aussi Ă©taient parfaits, brun foncĂ©, ondulĂ©s sans la moindre mĂšche de travers. Sa silhouette Ă©tait parfaite, avec sa tĂȘte lĂ©gĂšrement penchĂ©e sur le cĂŽtĂ©. VĂȘtue dâune robe en dentelle blanche comme la neige, le cou et les oreilles mises en valeur par des perles, portant de fines chaussures Ă talon haut et un sac violet Ă son poignet, cette femme Ă©tait parfaite dans tous les sens. Le fait mĂȘme quâune telle personne puisse vivre et respirer Ă©tait un mystĂšre complet, elle Ă©tait tellement parfaite que cela en Ă©tait surnaturel. MĂȘme sa voix Ă©tait aussi claire que du cristal. « CâĂ©tait si stupide de ta part, Mitsuo. » Soudainement passionnĂ©e, elle baissa les yeux sous ses longs cils Ă©pais et fixa longuement Yanagisawa. Ses lĂšvres luisant du mĂȘme rouge profond et brillant que les pĂ©tales de fleur, elle continua Ă sourire parfaitement. « Pensais-tu que tu pourrais me tromper complĂštement en changeant discrĂštement dâuniversitĂ© ? Pensais-tu que tu pourrais mâĂ©chapper ? Câest impossible. Tu ne peux pas me duper avec ce genre dâastuces. Que Mitsuo fuit mon, notre, futur parfait, cela ne se peut. » ''Mitsuo â Elle appelle mon Yanassan, non, il nâest pas mien de quelque façon qui soit, Yanagisawa par son prĂ©nom.'' Tandis quâil Ă©tait encore stupĂ©fait et enracinĂ© au sol, leur conversation de tout Ă lâheure revint Ă lâesprit de Banri. Elle devait ĂȘtre la fille fauteuse de troubles qui nâĂ©tait pas sa petite-amie, câĂ©tait bien possible. « Mitsuo mâappartient pour tou-jouuurs. » « C⊠Câest fauuuux ! » « Tu es Ă moi. Cesse de rĂ©sister en vain. Bon, on se voit plus tard ! » Elle courut Ă moitiĂ© pour retourner au taxi qui Ă©tait encore garĂ© lĂ . Juste avant dâentrer, elle remarqua un pĂ©tale dans ses cheveux. Elle le saisit doucement avec le bout de ses doigts et le dĂ©posa dans la paume de sa main, puis elle souffla dessusâ je veux dire, en direction de Yanagisawa, comme un baiser. Le pĂ©tale voleta dans les airs, atterrissant sur le bout du nez de Banri, mais aussitĂŽt, le vent lâemporta. Abandonnant les deux garçons et les roses sur la route, le taxi sâen alla. « U⊠» Il se tourna vers Yanagisawa. « Uwaaaaaaaaaaaaaa ! » Le bouquet de rose toujours Ă la main, les cheveux Ă©bouriffĂ©, Yanagisawa poussa un long cri. Banri rĂ©ussit Ă se relever le premier et lui tendit une main. « Yanassan, reprends-toi ! Qui Ă©tait-ce ? Ou plutĂŽt, quâest-ce qui vient de se passer ? » Banri rĂ©alisa que de nombreuses personnes les observaient. La plupart avait les yeux rivĂ©s sur Yanagisawa. Il Ă©tait encore assis par terre, tenant un Ă©norme bouquet de roses. Ce qui Ă©tait sĂ»r, câest quâil ne semblait pas vraiment Ă sa place dans le paysage urbain habituel. Il avait juste lâair dâun voyageur temporel tout droit sorti dâun vieux feuilleton Ă la mode Ă lâĂ©poque de la bulle<ref>[http://fr.wikipedia.org/wiki/Bulle_sp%C3%A9culative_japonaise Bulle spĂ©culative japonaise]</ref>. Passant le long de la rue, des groupes dâĂ©tudiants apparemment nouveaux et des hommes dâaffaires regardaient par lĂ . Leurs expressions exprimaient de la surprise mĂȘlĂ©e Ă de lĂ©gers sourires. Quelques-uns les pointaient du doigt en riant. Hey regarde. Wow, incroyable. Quâest-ce quâil arrive Ă cet "Homme Rose" ? Avec cette enveloppe et tout, câest certainement un premiĂšre annĂ©e dans notre Ă©cole. Tellement Ă©trange. Quâest-ce quâil fait ? Nâest-ce pas un peu embarrassant ? Ils murmuraient et chuchotaient Ă tout-va. Un peu dĂ©sorientĂ©, Yanagisawa se leva. AussitĂŽt, comme lors de la derniĂšre attaque, les pĂ©tales empilĂ©s tombĂšrent de sa tĂȘte. En les voyants Ă ses pieds, regardant le bouquet de roses contre sa poitrine, « Fi⊠finie⊠ma vie dâĂ©tudiant⊠a pris fin, dĂšs le premier jour⊠! Hahaha⊠ahahaha ! » Yanagisawa prit un air distrait et enfonça une main dans sa poche. Et puis « Ouaiiis ! », tirant une poignĂ©e de pĂ©tales coincĂ©s dedans, il les jeta au-dessus de sa tĂȘte. ''Ăa ne peut pas continuer'', pensa Banri, les Ă©paules tremblantes. Sâil fallait sâinquiĂ©ter des problĂšmes psychologiques de quelquâun, il avait dĂ©jĂ assez des siens. « Calme-toi, Yanassan, tu dois rĂ©ellement te reprendre ! Par ailleurs, regarde⊠on doit arriver Ă lâorientation Ă temps ! » « Dois-je me rendre Ă lâorientation en transportant ces superbes roses ?! Je serais juste embarrassĂ© de sortir du lot comme ça, et puis, pour les quatre prochaines annĂ©es de ma vie dâĂ©tudiante, quâest-ce que je vais faire ?! Quâest-ce quâils veulent dire par "Homme Rose" de toute façon ! Je suis devenue comme une sorte dâ"Homme Jambon<ref>ăă ăźäșș (Homme Jambon) est une phrase dâaccroche créée par Bessho Tetsuya, lâacteur dâune publicitĂ© pour Marudai Shokuhin, une entreprise vendant principalement du jambon et des saucisses. Le spot montre Tetsuya tenant une Ă©norme boite de jambon, dâoĂč la ressemblance avec Yanagisawa et lâĂ©norme bouquet de roses.</ref>"⊠! » « Bon bon, sâil vous plait, prenez ça : FĂ©licitations pour votre admission Ă lâuniversitĂ©. » Quelques Ă©tudiantes de premiĂšres annĂ©es les regardĂšrent tandis quâelles passaient par lĂ , leurs yeux se rencontrĂšrent. Sous lâimpulsion du moment, Banri tira quelques roses du bouquet et les tendit aux filles. Sur ce, tout en demandant « Eh, câest pour moi ? », elles tendirent leur main plutĂŽt allĂ©grement pour les prendre. En voyant ça, dâautres filles sâenthousiasmĂšrent, « Ces gars sont en train de donner des roses ? », « Tu rigoles ! Jâen veux une ! » puis elles approchĂšrent Ă leur tour. ''Ăa pourrait vraiment marcher'', pensa-t-il. « Câest vrai, je distribue des roses ! FĂ©licitations pour votre admission au collĂšge ! Je suis lâHomme Rose, sâil vous plait, prenez une rose ! » « ⊠Quâest-ce que tu fais Banri ? » « Yanassan, tu devrais en distribuer toi aussi. Ah, tenez. » Les tirant une par une, ils tendirent encore et encore des roses aux gens. « Si tous les autres premiĂšres annĂ©es vont Ă lâorientation en tenant une rose, le seul souvenir quâil va leur rester ne sera pas "Le jour de la cĂ©rĂ©monie dâentrĂ©e, il y avait ce gars Ă©trange portant des roses", mais plutĂŽt "Le jour de la cĂ©rĂ©monie dâentrĂ©e, les premiĂšres annĂ©es ont reçu des roses", ai-je tort ? Câest pour ça, Yanassan, aide moi aussi, allez, nous donnons un million de roses Ă toi et toi et toi et toi ! Oui, oui, voilĂ , il y en a encore ! FĂ©licitations pour votre admission ! » MĂȘme lâescouade de tantes<ref>Lâauteur utilise ăă°ăĄăăè»ćŁ (obachan gundan). Obachan signifie tante, ce terme, au Japon, est aussi utilisĂ© pour rĂ©fĂ©rer aux femmes adultes (sans ĂȘtre pĂ©joratif pour lâĂąge). Gundan dĂ©signe une petite unitĂ© militaire (brigade, patrouille), voire une armĂ©e.</ref>, qui ne ressemblaient pas aux premiĂšres annĂ©es sâĂ©criĂšrent « Elles sont si belles ! », et « Elles sont gratuites ! », avant de se prĂ©cipiter avec entrain. « Pourrions-nous, sâil vous plait ? », avec leurs sourires sâadressant directement Ă eux. « ⊠Je vous en prie ! » MĂȘme Yanagisawa souriait dĂ©sespĂ©rĂ©ment, montrant ses dents dans un grand sourire tout en donnant des roses lâune aprĂšs lâautre. « Tu as raison ! Si jâĂ©tais tombĂ© juste aprĂšs la porte, Kouko aurait certainement eu ce quâelle voulait. MĂȘme si elle mâa trouvĂ©, nous serons sĂ©parĂ©s. Nous vivrons dans nos propres mondes. Câest pour ça, je suis venu dans cette Ă©cole alors je pourrais ĂȘtre acceptĂ© ici. Dans un tel endroit, je ne faillirais pas ! Je ne vais pas devenir ce que Kouko veut que je sois ! Ma vie dâĂ©tudiant nâest pas encore terminĂ©e ! Prenez une rose ! » Ils avaient encore une quinzaine de minutes avant le dĂ©but de lâorientation. <center><span style="font-size: 250%;">* * *</span></center> Kouko Kaga. CâĂ©tait son nom apparemment. Elle avait rencontrĂ© Mitsuo Yanagisawa au cours de sa premiĂšre annĂ©e dâĂ©cole primaire. A cette Ă©poque, Kouko Ă©tait une petite fille dĂ©licate se faisant persĂ©cutĂ©e et il lâavait protĂ©gĂ©e. Depuis, elle sâĂ©tait accrochĂ©e Ă Yanagisawa de toutes ses forces en disant quâil Ă©tait le "prince de ses rĂȘves". « Depuis cet instant, Kouko nâa quâun seul et unique rĂȘve. "Se marier avec Mitsuo !" ⊠effrayant, vraiment. » « Effrayant ? Pourquoi ? Nâest-ce pas un discours terriblement romantique ? Une promesse dâenfance⊠liĂ© par le destin Ă ton amie dâenfance⊠en quelque sorte. Câest totalement gĂ©nial. Je veux dire, elle est vraiment belle, elle dĂ©borde de charme, comme une actrice. » « Tu ne comprends pas. Tu ne sais pas ce que câest ! » Sa voix sâĂ©leva seulement un peu, mais la jeune fille assise devant eux se retourna vers Yanagisawa briĂšvement. Baissant dâun ton, ils murmurĂšrent un « DĂ©solĂ© », et inclinĂšrent un peu la tĂȘte. Ils Ă©taient en train de chuchoter trop fort. Le dĂ©roulement de lâorientation des nouveaux Ă©tudiants Ă©tait assez similaire aux cours de lâuniversitĂ©, dans un amphithéùtre avec les siĂšges disposĂ©s en gradins comme des escaliers. Sur lâestrade, un membre du dĂ©partement des Affaires Etudiantes lisait dans un microphone : « Vous avez le devoir de vous comporter⊠» « Tous les efforts pour prĂ©venir les accidents⊠» etc, tandis quâil lisait plusieurs points importants concernant le tabagisme, lâalcool et autres. Un doux parfum flottait dans la vaste salle, il Ă©manait des roses rouges dans les mains dâun certain pourcentage des Ă©lĂšves. « ⊠Nâas-tu pas compris avec ce quâil sâest passĂ© plus tĂŽt ? Juste parce que je ne suis pas allĂ© dans la mĂȘme universitĂ© quâelle, elle mâa tendu une embuscade le jour de la cĂ©rĂ©monie dâouverture, mâa frappĂ© le visage avec un monstrueux bouquet de roses, et aprĂšs quâelle en eut fini de me harceler, elle mâoffre un grand sourire Ă©clatant et sâen va, câest ce genre de femme. » « Câest une plaie, vraiment une plaie, » rĂ©pĂ©ta-t-il dâune voix faible ressemblant Ă un gĂ©missement. « Tout ce qui prĂ©occupe Kouko, câest son scĂ©nario de vie qui correspond Ă sa prĂ©tendue "perfection". Elle ne se colle Ă moi que dans le cadre de son scĂ©nario de vie parfaite. A chaque fois que jâessaye de faire quelque chose⊠» Yanagisawa tourna son visage vers Banri. Il recoiffa ses mĂšches de chaque cĂŽtĂ©, plissa dĂ©sagrĂ©ablement les yeux, louchant presque, avança son menton, et avec un ton Ă©trange, « "Mitsuo ! Ce nâest pas vrai !" "Mitsuo ! Ce nâĂ©tait pas ce que jâavais prĂ©vu !" "Mitsuo ! Fais ce que je te dis !" "Mitsuo ! Blablablabla !" "Mitsuo ! Blablablablablaa !" ⊠Ăa ressemble à ça. Câest invivable. » CâĂ©tait amusant, mais pas du tout comme elle. « Son visage nâĂ©tait pas comme ça. PlutĂŽt quelque chose du genre, » Banri baissa le menton, battit des cils tout en regardant vers le haut, remua doucement ses Ă©paules dâavant en arriĂšre et peigna sa frange⊠puis dit doucement en se trĂ©moussant : « Jâai⊠retirĂ© les Ă©pines⊠n⊠NâĂ©tait-ce pas comme ça ? » Yanagisawa lui jeta un regard glacial et secoua la tĂȘte. « CâĂ©tait quoi ça ? Non, elle nâest pas comme ça du tout. Evidemment, comment pourrais-tu la connaitre aprĂšs une seule rencontre ? Avec elle, câest : "Blaaa ! Mitsuoo !'Blaaa !" "Câest blabla ! Fais blabla ! Pas blabla ! Mitsuooo ! Blaaaah !" » « Eh, tu nâexagĂšres pas un peu ? Ce que jâai vu Ă©tais : "Oh, comme tu es idiot⊠MitsuoâŠh" » « Non, non, elle nâest pas comme ça du tout ! Elle est plus comme ça ! "Blabbla ! Blaaaaah ! Mitsuooo ! Blaaaah !" » Yanagisawa voulait probablement dĂ©montrer son expressivitĂ© encore plus, les veines de son front ressortant, il se leva un peu de son siĂšge en se tordant dans tous les sens, lorsque finalement, « Vous lĂ -bas ! ArrĂȘtez vos bavardages ! » « ⊠» Depuis lâestrade, un doigt les pointait en avertissement. Yanagisawa tressaillit, se raidit maladroitement et se rassit sur le banc en bois plus quâinconfortable. Ses joues vermeilles, il baissa la tĂȘte tout en marmonnant « Excusez-moi⊠» puis il se recroquevilla sur lui-mĂȘme. MĂȘme Banri se sentit mal Ă lâaise sous les regards perçants qui venaient de tout lâamphithéùtre. Cette situation semblait plus embarrassante que lâattaque avec les roses. Il lança un regard oblique sur le visage rouge de Yanagisawa qui a aussi tournĂ© la tĂȘte vers Banri. « Ne dis rien », indiqua Yanagisawa en mettant simplement un doigt devant sa bouche. Puis, au lieu de causer plus de troubles en continuant Ă chuchoter, il gribouilla quelque chose au crayon dans la marge dâun polycopiĂ©. "Quoi quâil en soit, je suis sĂ»r dâĂȘtre loin de Kouko pendant quatre ans !" "Je ne vais pas abandonner juste Ă cause de cette humiliation ! Je vais profiter de ma vie dâĂ©tudiant !" "Hourra pour une nouvelle vie !" "Libertéééééééééééééééé !!!" Depuis le cĂŽtĂ©, on pouvait le voir sourire. Ses dents blanches et droites formaient une parabole parfaite. ''Yanassan doit venir dâune bonne famille et dâun bon environnement'', pensa Banri. Puis, prenant son crayon, plutĂŽt que dâĂ©crire une rĂ©ponse, il dessina avec un grand sourire, un chat qui criait "YES !!!". Ils Ă©coutĂšrent toutes sortes dâexplications sur les cours et les confĂ©rences obligatoires, les cursus spĂ©ciaux nĂ©cessaires pour ceux qui voulaient rejoindre une Ă©cole de droit, les cursus spĂ©ciaux nĂ©cessaires pour la fonction publique, tous les diffĂ©rents tests de qualification spĂ©ciale, etc... La journĂ©e dâorientation se termina aux alentours de midi. Lorsquâil entendit « Lâinterdiction de recrutement des clubs sera levĂ©e Ă partir de cet aprĂšs-midi, » Banri regarda Yanagisawa et leurs yeux se croisĂšrent. Pour vraiment apprĂ©cier la vie dâĂ©tudiant, il fallait rejoindre des clubs. Du moins, Banri pensait ainsi. ''Choisir un club est absolument, lâexigence la plus importante'' se dit-il. Mais au moment oĂč, accompagnĂ© par Yanagisawa, il Ă©tait sur le point de se lever de son siĂšge, quelque chose dâinattendue arriva. « Mitsuo ! Blaablablabla ! Blahblablaa ! » « ⊠Hein ?! » Tout Ă coup, une voix retentit derriĂšre eux. Banri et Yanagisawa regardĂšrent derriĂšre comme un seul homme. Banri vit des doigts blancs appuyer fermement contre le front de Yanagisawa. âŠCriic⊠uniquement la tĂȘte le Yanagisawa tourna, comme dĂ©vissĂ©e de son corps. « Blablablablablaaaaaa ! ⊠je suis comme ça, je me le demande⊠» Le visage de Yanagisawa vira au blanc, comme si le sang Ă©tait aspirĂ© de sa tĂȘte. Tendant les bras par-dessus le bureau du siĂšge juste derriĂšre eux et un peu plus surĂ©levĂ©, elle tenait sa tĂȘte Ă deux mains. LĂ flottait le sourire parfait de Kouko Kaga. Parmi les teintes sombres de bleu et de gris, elle Ă©tait lĂ , Ă©clatante dans la robe en dentelle blanche. Pendant tout ce tempsâ elle Ă©tait juste derriĂšre eux. Probablement. « P-P-P-P⊠» Les lĂšvres de Yanagisawa tremblĂšrent. « Pourquoi⊠pourquoi es-tu⊠quâest-ce que tu fais lĂ ?! » « Pour lâorientation bien sĂ»r. Câest tout naturel dâĂȘtre ici. » Contemplant le visage livide de Yanagisawa qui tremblait jusquâau bout du nez juste devant elle, Kouko souriait, ses lĂšvres roses sâentrouvrirent lentement. Ses belles dents blanches brillaient entre ses lĂšvres. « Je tâai prĂ©venu plus tĂŽt, non ? Je tâai dit "On se voit plus tard". Tu ne mâas pas entendu ? Ou peut-ĂȘtre⊠Blablablablablaa ! » Avec un geste semblable Ă une caresse, les magnifiques doigts de Kouko passĂšrent doucement dans les cheveux de Yanagisawa. « ⊠câest ce que tu as entendu⊠? » Ses mains se retirĂšrent brusquement, peut-ĂȘtre de frustration, « CâĂ©tait pour quoi ? » Kouko, toujours souriante mais avec une voix aussi tranchante quâun couteau, croisa les bras. Prenant la pose avec son menton levĂ© un peu, elle regarda Yanagisawa de haut. Ses grands yeux scintillaient comme des joyaux noirs, reflĂ©tant ses longs cils. Dans tout ça, elle ne semblait pas avoir remarquĂ© Banri du tout. « Poses-toi la question ! Quâest-ce que tu fous ?! Pourquoi es-tu ici Ă cette orientation ?! » « Jâai cĂ©dĂ© Ă ton dĂ©sir et jâai accordĂ© le mien avec ! Je me suis inscrite ici moi aussi. » « Haa⊠» « Quelle expression heureuse. Pendant encore quatre annĂ©es, nous allons pouvoir Ă©tudier ensemble. » Yanagisawa retint sa respiration, passa trois fois sa main dans ses cheveux et, Ă cause de sa coiffure dĂ©sormais en pĂ©tard, lorsquâil leva la tĂȘte vers Kouko, il ressemblait au fantĂŽme dâun soldat vaincu. « ⊠T, tes plans, quâest-ce quâils deviennent⊠?! Nâavais-tu pas prĂ©vu dâĂ©tudier la littĂ©rature française et de passer trois ans dans une Ă©cole en France ?! Nâavais-tu pas dĂ©cidĂ© de te construire toi-mĂȘme une carriĂšre dans le monde de la mode ? » Laissant Ă©chapper un petit soupir, Kouko glissa ses doigts dans ses cheveux brillants qui tombaient jusquâau bas de sa poitrine. « Un petit changement Ă©tait dĂ©finitivement nĂ©cessaire, mais cela nâa pas Ă©tĂ© difficile. Une vie dâĂ©tudiante sans toi Ă mes cĂŽtĂ© serait insignifiante. Jâai rĂ©flĂ©chi Ă ce que toi et moi prenions des cours de commerces pour que nous puissions reprendre lâentreprise de mon pĂšre. Mais je mâen fiche. Câest pareil pour moi que mon mari possĂšde sa propre entreprise ou quâil soit lâavocat en droit des sociĂ©tĂ©s. Mitsuo, tu mâas trahi, en prĂ©voyant de prendre part Ă un examen extĂ©rieur. Lorsque je lâai dĂ©couvert, jâai Ă©tĂ© surprise, bien sĂ»r⊠mais, au lieu dâen faire toute une histoire pour tâarrĂȘter de force, jâai conclu quâil Ă©tait prĂ©fĂ©rable de te suivre. Alors jâai passĂ© presque tous les examens auxquels tu as participĂ©. » « ⊠Comment as-tu pus savoir pour quelles Ă©coles jâai postulĂ©... Jâai demandĂ© Ă mon professeur principal de les garder secrĂštes, et pourtant⊠Je ne lâai mĂȘme pas dit Ă mes amis, pas la moindre personne ne savait quels examens je prenais⊠» « Cette annĂ©e, ils ont terminĂ© la construction du bĂątiment de la facultĂ© de mĂ©decine. Tu le savais ? Il est baptisĂ© lâEdifice CommĂ©moratif Kaga. » Kouko dĂ©clara , « Ce nâĂ©tait pas un problĂšme de connaitre quelles Ă©coles tu avais choisi, » tout en affichant de nouveau une expression calme, ses lĂšvres se relĂąchant en un large sourire. Horizontalement en travers de sa frange, un bandeau de soie bleu avec des motifs rouge-orange encadrait son front blanc. La ligne de son menton fin continuait le long de son cou svelte. Elle pouvait difficilement ĂȘtre plus diffĂ©rente que les autres Ă©tudiantes passant derriĂšre elle. Elle Ă©tait trop sophistiquĂ©e. Elle avait des traits distincts qui ne pouvaient ĂȘtre qualifiĂ©s autrement que magnifiquement dessinĂ©s. « Nâes-tu pas heureux toi aussi, Mitsuo ? Que je tâoffre tout mon cĆur. » â Banri rĂ©alisa que, plus que nâimporte qui dâautre, son expression rayonnante de confiance en soi la rendait plus belle que nâimporte quâelle autre fille. Cependant, elle nâavait toujours pas remarquĂ© lâexistence de Banri. Yanagisawa, grimaçant comme sâil venait de manger quelque chose dâamer, fixa Kouko de maniĂšre interloquĂ©e. « Pas vrai ? Tu es heureux, nâest-ce pas ? RĂ©ponds-moi, Mitsuo. » « ⊠Malheureux⊠» « Vraiment heureux, hein ? » « ⊠Malheureux Ă jamais⊠» « Dis-moi la vĂ©ritĂ©. Tu es heureux, nâest-ce pas ? » « Malheureux jâai dit ! Tu es une nuisance. MalgrĂ© mes efforts pour passer des examens extĂ©rieurs afin de mâĂ©loigner de toi, tu es venu et tu as tout gĂąchĂ© ! Je ne vois pas ce qui me rendrait heureux dans tout ça ! » Soudain, Kyouko sembla remarquer la prĂ©sence de Banri. Elle adressa subitement un sourire agrĂ©able Ă Banri qui se tenait Ă cĂŽtĂ© de Yanagisawa. « Ne fais pas attention Ă lui. Il nâest pas dans son assiette. Mitsuo est, pour ainsi dire, connu pour ĂȘtre "ça". » Tsu, n, de, re. Hein. Elle tapa doucement prĂšs de sa bouche avec son ongle verni beige puis haussa lĂ©gĂšrement les Ă©paules. Comme une comĂ©dienne sur scĂšne, elle lui adressa un clin dâĆil exagĂ©rĂ©. Banri nâavait aucune idĂ©e de la façon dont il Ă©tait censĂ© rĂ©agir. « Eh bien, hmm⊠Mon nom est Tada. Que dire⊠euh, ravi de te rencontrer⊠hey ! » DĂ©stabilisĂ©, il se pencha en avant. Poussant Banri, Yanagisawa avait choisi le moyen le plus primitif pour sâĂ©chapper : il prit ses jambes Ă son cou. « Oh ! Mitsuo sâenfuit ! » avec ça, Kouko se lança Ă sa poursuite, ses talons hauts rĂ©sonnĂšrent haut et fort tandis quâelle courait dans les escaliers. La sublime silhouette de Kouko se distingua, attirant le regard de nombreux Ă©tudiants qui se tournĂšrent ensuite les uns vers les autres pour bavarder. Un bon nombre dâentre eux savait que les roses magnifiques entre leurs mains Ă©taient Ă lâorigine son cadeau. Ils avaient probablement dĂ» se trouver dans les parages lors de lâattaque sur le passage piĂ©ton. « ⊠Je veux dire⊠» Puis il rĂ©alisa quâau final, il Ă©tait encore tout seul. LaissĂ© pour compte dans lâamphithéùtre, Banri regarda les alentours. La querelle entre Yanagisawa et Kouko avait captĂ© lâattention et quelques regards Ă©taient toujours tournĂ©s vers Banri. Mal Ă lâaise, il a prĂ©cipitamment jetĂ© ses fournitures dispersĂ©es sur leur table dans leurs enveloppes. « Yanassan Ă tout laissĂ© là ⊠» Rassemblant sous son bras les documents importants, lâemploi du temps et les diverses choses appartenant Ă Yanagisawa qui les avait oubliĂ©, Banri quitta lâamphithéùtre en dĂ©valant lâescalier Ă grandes enjambĂ©s. De toute façon, ils avaient Ă©changĂ©s leur numĂ©ro de mobile et leur adresse mail, alors lui rendre ses affaires demain ne poserait pas de problĂšme. Quittant la salle par lâune des nombreuses portes donnant sur le couloir, il rejoignit lâessaim des autres premiĂšres annĂ©es. Les plans de sorties, les prĂ©sentations, les voix et les rires faisaient Ă©cho comme une petite explosion. Le bĂątiment de lâĂ©cole Ă©tait vieux. La lumiĂšre venant des nĂ©ons tournait au jaune, il y avait des renforcements ici et lĂ pour consolider les murs contre les tremblements de terre, et pour une raison quelconque, des barreaux en fer Ă©taient montĂ©s sur les fenĂȘtres. Il Ă©tait dit quâĂ une Ă©poque, cet Ă©tablissement avait Ă©tĂ© le théùtre dâune manifestation Ă©tudiante violente, et ces choses devaient ĂȘtre des vestiges de cette pĂ©riode. Avec deux enveloppes sous le bras, Banri descendit lentement les marches. Dans le coin de lâentrĂ©e destinĂ© aux fumeurs trainaient quelques premiĂšres annĂ©es (dont on pouvait douter quâils aient vraiment vingt ans<ref>La lĂ©gislation japonaise interdit la vente de tabac aux moins de vingt ans.</ref>), toujours vĂȘtus de leurs costumes. Jetant un regard sur le cĂŽtĂ© pour observer le trajet de la fumĂ©e quâils soufflaient, il suivit le gars devant lui et Banri quitta le bĂątiment. A cet instant prĂ©cis. « FĂ©licitations pour votre entrĂ©e Ă lâuniversitĂ© !!! » « ⊠Quo⊠?! » AccompagnĂ© par un grand brouhaha, une tempĂȘte de confettis tourbillonna devant ses yeux. Il y avait une immense foule dâĂ©tudiants qui nâĂ©tait pas composĂ©e uniquement de premiĂšres annĂ©es. « Toi lĂ -bas, le nouveau, fĂ©-li-ci-ta-tions ! Viens par ici ! » « Pas moi, pas moi, impossible ! Excusez-moiii ! » Il croisa le regard dâun homme avec un casque, Banri baissa la tĂȘte face aux invitations et descendit les marches de lâentrĂ©e en toute hĂąte. Devant ses yeux, au-dessus de sa tĂȘte, « Tu es intĂ©ressĂ© par lâhumorisme ? Nous organisons un spectacle live pour les Ă©tudiants ! » « Laa, laa, laa âȘ Rejoignez la Chorale âȘ » « Toi lĂ -bas, tu ressembles Ă quelquâun qui aime le camping ! Le club de recherche de camping est ici ! » « La rĂ©ception de bienvenue du Club de ComĂ©die commencera Ă quatorze heures ! Câest gratuit bien sĂ»r et il y aura Ă boire ! » Entre les tracts quâon lui tendait, les mains lâinvitant et la montagne de sourires Ă©clatant, le chemin de Banri fut bloquĂ© Ă plusieurs reprises. Sur le point dâĂȘtre Ă©crasĂ© par le chaos de la foule, tous les nouveaux Ă©taient amenĂ©s Ă faire la queue devant les stands des clubs, agitant leurs visages idiots comme des pigeons quâon nourrissait. On ne pouvait pas dire que le centre du campus Ă©tait trĂšs grand, mais chaque club avait apparemment commencĂ© leur rĂ©union de recrutement, avec des costumes, de la musique et pleins dâautres choses inimaginables. Il y avait un groupe vĂȘtu de vestes avec le nom de lâuniversitĂ© dessus qui, pour une quelconque raison, portaient des maillots de bain et des bouteilles dâoxygĂšne. Il y avait des lutteurs pro masquĂ©s en collants montant un petit ring temporaire, des filles du club de lacrosse en minijupes avec des polos, chacune dâelle aussi belle quâun mannequin, et dâautres gars non identifiable qui vendaient des boissons rafraichissantes venant dâune Ă©norme glaciĂšre Ă 50 yens unitĂ©s. « Informations sur des confĂ©rences tranquilles ! Tout est imprimĂ© ici ! » criait un gang dâĂ©tudiants aux airs de journalistes, en agitant quelque chose ressemblant Ă un journal avec sociĂ©tĂ© de recherche sur les communications de masse Ă©crit sur leurs Ă©charpes. Dâautres associations en uniformes Ă©taient entassĂ©es ici, tennis, ainsi que judo, qui accompagnĂ© du club de football amĂ©ricain Ă©taient stimulĂ©s par la liesse des cheerleaders. Le kendo et le tir Ă lâarc Ă©taient aussi reprĂ©sentĂ©s. Les personnes en smokings et en robes devaient appartenir au club de danse de salon. Un groupe chaleureux portait des uniformes scolaires noirs, ils Ă©taient cependant difficile Ă approcher. LĂ©gĂšrement voĂ»tĂ© et de petite carrure, au visage en quelque sorte poupin, Banri se tenait lĂ , oisif, sans aucune inspiration. A cause de cela, seuls les clubs avec un aspect culturel lâinterpelĂšrent. « Les trains seront Ă lâheure ! » ⊠Le club de recherche ferroviaire ? « Pourquoi ne pas aller Ă la plage deux fois par ans ?! » ⊠Le club de recherche sur la culture manga ? « Dimanche matin, câest le chaos ! » ⊠Le club de recherche des animĂ©s. Ainsi que dâautres clubs plus Ă©trangers : "club de recherche sur les romans dĂ©tectives mystĂ©rieuses uniquement", "club de recherche sur les labyrinthes", et mĂȘme celui-ci dont le nom sortait un peu de lâordinaire, "club dâexploration de structures gigantesques". Que pouvait bien faire le club "Sur le mont Takao<ref>[http://fr.wikipedia.org/wiki/Mont_Takao Mont Takao]</ref>, mĂȘme toi tu peux secouer la main du prĂȘtre de la montagne" ? Il reprit ses esprits pour dĂ©couvrir quâune montagne de tracts avait Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e dans ses mains. EmportĂ© par la vague dĂ©chainĂ©e des Ă©tudiants de tous les niveaux mixĂ©s ensembles, Banri fut incapable de rester immobile et finit par atterrir au centre de la place. Il comptait choisir le club quâils allaient intĂ©grer avec Yanagisawa, mais dans cette folie, ce vacarme, il ne savait mĂȘme pas sâil pourrait en rĂ©chapper sans encombre. « Tu es un premiĂšre annĂ©e ?! Nous sommes le club de cĂ©rĂ©monie du thĂ©, mais les hommes sont super-bienvenus aussi ! » « Ah, merci⊠» « Alors pour lâinstant, bois bois ! Bois bois boiiis ! Bois boiis ! Bois bois boiiis ! Bois bois-ois-ois bois bois-ois-ois-ois bois bois boiiis ! » « ⊠O, oui madame ! » En se voyant offrir un bol de thĂ© vert de maniĂšre plutĂŽt insistante, il gouta tout en essayant de garder son coude hors de portĂ©e de la foule afin de ne pas tout renverser. « Gah, » il avala la boisson amĂšre et rendit le bol. « Ouais, câest comme ça quâil faut boire ! Bon garçon ! » Applaudissant, le club de thĂ© bougea vers la prochaine cible de lâattaque "Bois boiis !" Le dos de sa main vira probablement au vert lorsquâil sâessuya la bouche. A cet instant, "piiiâââââ", un sifflement sonore Ă©clata ses tympans. Il leva les yeux, surpris. Depuis lâautre bout du campus, jouant de la musique latino au rythme intense et entrainant, un groupe fendait le troupeau dâĂ©tudiants au fur et Ă mesure quâil traversait la foule. Lâapito<ref>[http://fr.wikipedia.org/wiki/Apito#Jeu Apito] : sifflet Ă trois tons utilisĂ© dans le genre musical du samba.</ref> Ă©tait exaspĂ©rant. Ils avaient des cheveux dĂ©sordonnĂ©s, que ce soit les leurs ou une perruque, des perles tape-Ă -lâĆil mĂȘlĂ©es dans des tresses et des trĂšs longues dreadlocks, hommes et femmes Ă©taient habillĂ©s de la mĂȘme façon dans des justaucorps moulants vert vif. Ils avaient tous des instruments de musique dans les mains. Chantant Ă tue-tĂȘte, ils ressemblaient Ă une vĂ©ritable parade. Incroyableâ sa bouche Ă©tait dĂ©jĂ grande ouverte. Avec ses oreilles endolories et son corps tremblant au son du sifflet, les yeux de Banri Ă©taient grands ouvert. ''LâuniversitĂ© est vraiment cool.'' Il nâavait jamais imaginĂ© que cela puisse ĂȘtre aussi cool que ça. A partir dâaujourdâhui, câĂ©tait sĂ»r et certain, sa vie allait devenir vraiment cool. Ce rythme rapide et entrainant jouait avec son corps et le faisait se sentir comme sâil perdait ses instincts. Il Ă©tait convaincu. Dans cet endroit, il pourrait dĂ©finitivement devenir une nouvelle personne. Les jours quâil avait passĂ© Ă poursuivre vainement la vision de son soi perdu Ă©taient complĂštement terminĂ©s. La danse des confettis. Les innombrables tracts flottant dans le vent. La rangĂ©e de tambours. Les cris rauques des hommes. Les voix des femmes avec leurs rires aigus. La glorieuse et Ă©blouissante folie du printemps. Le rythme de la parade le secoua furieusement, palpitant avec violence. Il ferma les yeux, blackout, il ne pouvait plus rien voir. ''Banri Tada.'' ''Quand tu ouvriras, tu pourras voir ton propre toi renaitre. Tu te rĂ©veilleras dans une nouvelle chambre, rencontreras de nouveaux amis et tu tâendormiras dans cette nouvelle chambre.'' Avant de rouvrir ses yeux, il essaya dâenvisager de faire un vĆu. Il verrait certainement un nouveau monde merveilleux avec ses nouveaux yeux. Amusement, chaleur, satisfaction, il avait pris tout cet or Ă©tincelant pour de la solitude et de lâisolementâ comme sâil avait Ă©tĂ© aveuglĂ© tout ce temps. Câest parti pour vivre comme ça chaque jour. Tant de gens Ă rencontrer, tant de gens Ă aimer, tant de gens avec qui vivre dans ce monde. Banri cĂ©lĂ©brait la germe dâune nouvelle vie et souhaitait cela pour la saison appelĂ©e printemps. Sâil pouvait vivre comme ça, alors surement, il tomberait amoureux sous peu. Il voulait aimer. Une seule personne, il voulait admirer quelquâun tellement fort que rien dâautre ne pourrait pĂ©nĂ©trer son cĆur. CâĂ©tait peut-ĂȘtre effectivement un dĂ©sir matĂ©rialiste, mais aprĂšs tout, Banri Ă©tait une personne ordinaire alors il ne pouvait rien y faire. Il voulait rencontrer une fille cĂ©libataire. Il voulait tout parier sur lâamour. Cela ne le dĂ©rangerait pas si elle nâĂ©tait pas une compagne aussi exceptionnelle que celle de Yanassan. Il voulait se jeter dans les courants du destin. Plonger dans les torrents de ce nouveau monde. ''La personne que tu devras rencontrer, celle que tu devras dĂ©couvrir, agrippe lĂ de tes propres mains, Banri Tada !'' Avec ses yeux toujours clos, il poussa un grand soupir. « 3, 2, 1⊠PrĂȘt⊠» ''Câest parti'', pensa-t-il et il ouvrit les yeux. Allons-y, Ă la rencontre du destin ! "Zudadamdamdakazudadamdamdakazuddamzudadamdakadammdakadakadakadam !" Le son des tambours rĂ©sonnait partout autour. « ⊠Eh ?! Whoa ?! » Luisant devant ses yeuxâ il y avait une foule de danseurs en tenues brillantes vert Ă©meraude. Ils Ă©taient tous ordonnĂ©s en rangs autour de Banri, et ils dansaient merveilleusement sur place. Pendant quâil avait les yeux fermĂ©s dâextase, perdu dans sa rĂȘverie, il nâavait pas remarquĂ© que la seconde moitiĂ© du groupe dĂ©filant, lâĂ©clatante Ă©quipe de samba, lâavait encerclĂ©. Ou plutĂŽt, parce que Banri se tenait lĂ , il Ă©tait sur le chemin de tous les danseurs et le dĂ©filĂ© ne pouvait pas le contourner. « Excusez-moi, excusez-moi, » tout en sâexcusant, il essaya de traverser la parade, mais des mains et des pieds bougeant en rythme lâempĂȘchait de sâĂ©chapper. Se penchant dĂ©sespĂ©rĂ©ment dâavant en arriĂšre afin de ne pas gĂȘner leur chorĂ©graphie, les pas des danseurs sâenfonçant entre ses pieds, il nâeut dâautre choix que de se coordonner avec leur rythme pour ne pas les heurter. Il progressa peu Ă peu, sautillants sur ses pieds, balançant ses hanches puis, en dĂ©sespoir de cause, « Heeeeeeeeeeeeyyy ! » Tendant les deux bras, les index pointant vers le ciel, il prit une pose impressionnante et cria de tout son cĆur. A peu prĂšs au mĂȘme moment, quelquâun tourna derriĂšre lui, sa coiffe marqua un coup direct contre lâarriĂšre de la tĂȘte de Banri. Crack ! Une victoire par K-O facile, il Ă©tait sur le point de sâĂ©taler maladroitement Ă plat ventreâ ou du moins, câĂ©tait ce quâil avait pensĂ© pendant un instant. Son bras fut agrippĂ© fermement et il fut tirĂ© vers le haut. Comme si on le trainait avec ses jambes tordues, Banri fut tirĂ© hors de la ligne de danseurs. Chancelant sur quelques pas, il est tombĂ© sur les pieds des autres Ă©lĂšves. « Il nây a pas de "Hey !" qui tienne, amateur. Quâest-ce que tu fais ? » « ⊠Ah⊠» Il vit cette personne. « Le nouveau ? » Il hocha la tĂȘte. Le spectacle Ă©tait carrĂ©ment surrĂ©aliste. La femme qui avait aidĂ© Banri portait un kimono<ref>[http://fr.wikipedia.org/wiki/Kimono Kimono] : vĂȘtement traditionnel japonais.</ref>, blanc avec des motifs de fleurs., un obi<ref>[http://fr.wikipedia.org/wiki/Obi Obi] : ceinture servant Ă fermer le kimono.</ref> Ă©carlate brillant, ainsi quâun amigasa<ref>[http://bartman905.wordpress.com/2010/12/04/amigasa/ Amigasa] : couvre-chef en forme de croissant de lune.</ref>. Avec le chapeau attachĂ© sous le menton grĂące Ă un cordon rouge, son visage Ă©tait presque Ă moitiĂ© cachĂ©. Parmi ce quâil pouvait voir, ses yeux furent attirĂ©s par ses lĂšvres pulpeuses teintĂ©es dâun rouge intense. Comme une scĂšne dâun drama dĂ©modĂ©, Banri, dans le rĂŽle dâun voyageur effondrĂ© et presque mort dans la rue, avait Ă©tĂ© secouru par une dĂ©esse qui semblait venir tout droit de lâĂ©poque dâEdo<ref>[http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89poque_d%27Edo Epoque dâEdo] : pĂ©riode de lâhistoire du Japon sâĂ©talant de 1603 Ă 1868.</ref>. « Tu viens de quel dĂ©partement ? » « L... le dĂ©partement de droit. Je suis Banri Tada. » « Je suis Linda. » Linda. La rĂ©alitĂ© de Banri Ă©tait encore une fois chamboulĂ©e. Il avait pensĂ© ĂȘtre secouru de la samba par lâĂ©poque dâEdo, mais cette personne se rĂ©vĂ©lait ĂȘtre une Ă©trangĂšre. « Mon nom est Hayashida, câest pourquoi Linda<ref>Le kanji æ (forĂȘt) dans æç° (forĂȘt riziĂšre) peut ĂȘtre lu de deux façons diffĂ©rents : Hayashi ([http://fr.wikipedia.org/wiki/Kun%E2%80%99yomi kunâyomi]) ou Rin ([http://fr.wikipedia.org/wiki/On%27yomi onâyomi]). Son nom peut donc se lire soit Hayashida, soit Rinda (Linda) qui est pour les japonais, un nom Ă©tranger.</ref>. Je suis en deuxiĂšme annĂ©e. On se voit plus tard. » âAh, japonaise. « Euuuh⊠! » Une fois debout, il interpela involontairement Linda. Lorsquâelle se retourna, une petite parcelle de son visage blanc sous son chapeau fut visible pendant un bref moment. Contrairement Ă ce quâil sâimaginait aprĂšs ses paroles brusques, elle semblait ĂȘtre une bonne personne. « ⊠Hum, ton rouge Ă lĂšvre⊠Il est vraiment charmant⊠» Il parla avant de sâen rendre compte. Il venait de lĂącher quelque chose dâĂ©trange. Il lâavait dit involontairement. CâĂ©tait ce qui lui Ă©tait venu Ă lâesprit avec lâinspiration du moment. « DĂ©goĂ»tant ! » Elle allait certainement le quitter avec ce simple mot, mais Linda lui adressa un sourire Ă©clatant depuis le dessous de son couvre-chef. Puis, balançant sa taille fine et souple en suivant le rythme endiablĂ©, elle laissa Banri et se tourna vers les rangs richement colorĂ©s de la parade. Alors que sa silhouette Ă©tait sur le point de disparaitre dans la foule, elle se retourna au dernier moment. Il put apercevoir la manche de son kimono se balancer tandis quâelle lui envoyait un baiser. Celui-ci frappa Banri par surprise et ce dernier frappa inconsciemment une main contre son cĆur touchĂ©. En une seule journĂ©e, il avait reçu par deux fois un baiser du sexe opposé⊠Lâun des deux ne lui Ă©tait pas destinĂ©, mais⊠« ⊠Wow⊠! » Il avait totalement oubliĂ© son avenir solitaire pour lâinstant, le printemps commençait tout juste et avait dĂ©jĂ lâair excitant. <noinclude> === Notes de traduction === <references/> </noinclude> <noinclude> {| border="1" cellpadding="5" cellspacing="0" style="margin: 1em 1em 1em 0; background: #f9f9f9; border: 1px #aaaaaa solid; padding: 0.2em; border-collapse: collapse;" |- | Revenir au [[Golden_Time:Tome_1_Prologue|Prologue]] | Retourner au [[Golden Time - Français#Tome 1 - Un Blackout en Printemps|Sommaire]] | Passer au [[Golden_Time:Tome_1_Chapitre_2|Chapitre 2]] |- |} </noinclude>
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