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Iris on Rainy Days : Mes Devoirs
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[[Image:Iris_my_homework.jpg|400px]] Voici l'histoire d'une androĂŻde nĂ©e un jour de pluie. Voici l'histoire de jours pluvieux. Voici l'histoire d'une androĂŻde nĂ©e un jour de pluie, au prix de grands efforts.<!--endeavouring--> ==Jour d'activation== ConnectĂ©. ''...'' L'Ă©nergie se diffuse dans mon corps. ''Moi.'' ActivĂ©. â ... Tu me comprends ? Le premier son que j'entends en me rĂ©veillant est... â ... HĂ©, tu me comprends ? J'ouvre lentement les yeux. La premiĂšre chose que je vois est un ĂȘtre humain â ou peut-ĂȘtre un robot ressemblant Ă un humain, non â je peux sentir sa respiration. Elle est vraiment humaine. â Tu m'entends ? C'est une jeune femme avec de longs cheveux noirs, un visage blanc, et un objet artificiel sur son visage â des lunettes. â Oui, je peux vous entendre. C'est la premiĂšre fois que j'entends ma voix, une voix de jeune fille. D'aprĂšs les donnĂ©es contenues dans mes circuits mentaux, j'ai Ă©tĂ© paramĂ©trĂ©e Ă quinze ans. â Comment te sens-tu ? Elle me fixe du regard. â Pour le moment... fonctions et circuits principaux... ne dĂ©tectent aucune anomalie. CouchĂ©e, j'explique ma condition de façon hachĂ©e. Mon systĂšme vocal n'est pas bien rĂ©glĂ©. â Ok, super. Elle acquiesce lĂ©gĂšrement. â V-Vous ĂȘtes... Mes circuits mentaux sont en train de faire le tri dans mes donnĂ©es. La personne devant moi est Wendy von Umbrella, une femme de vingt-trois ans, de cent soixante-cinq centimĂštres de haut, confirmation en cours avec le journal des utilisateurs enregistrĂ©s... Confirmation terminĂ©e. â MaĂźtresse. â Hm ? â Vous ĂȘtes ma maĂźtresse, le premier utilisateur enregistrĂ©. Mon systĂšme vocal est enfin revenu Ă la normale. â MaĂźtresse, tu dis ? Ma maĂźtresse, la joue posĂ©e sur son index, avance sa tĂȘte dans ma direction. â Devrais-je vous appeler Wendy ? SĂ»rement mademoiselle Wendy ? Bien, laissez-moi chercher d'autres combinaisons. J'attends patiemment sa rĂ©ponse. â Oh, je sais, rĂ©pond-elle aprĂšs douze secondes, Ne m'appelle pas maĂźtresse, mais Professeur, d'accord ? â Professeur ? â Oui. C'est comme ça que tout le monde m'appelle sur le champ de bataille. ''Nom d'utilisateur enregistrĂ© modifiĂ© en « Professeur ».'' â Je comprends, Professeur. â TrĂšs bien. Le Professeur acquiesce avec satisfaction et touche ma tĂȘte avec ses doigts. Puis, elle les bouge doucement â c'est ce qu'on appelle « caresser ». â Alors, Iris. Le Professeur m'appelle alors pour la premiĂšre fois par mon nom. ''Iris.'' C'est exact. Je m'appelle Iris. Mon nom enregistrĂ© est Iris Rain Umbrella, il correspond aux donnĂ©es dans mes circuits mentaux. â Essaye de te lever. â D'accord. Je me redresse et me tiens debout devant le lit. AprĂšs avoir baissĂ© les yeux, je vois que je porte une robe occidentale de couleur rose. Une ceinture est attachĂ©e autour de ma hanche, avec un tablier par-dessus. Une lĂ©gĂšre coiffe blanche se trouve Ă©galement sur ma tĂȘte. C'est ce qu'on appelle un costume de femme de chambre. â Il te va bien. â Merci. â Je m'appelle Wendy von Umbrella. EnchantĂ©e de refaire ta connaissance. Le Professeur tient ma main. Sa main est Ă trente-deux degrĂ©s et un dixiĂšme. Un peu froid pour un ĂȘtre humain. ''VĂ©rification du pĂ©rimĂštre alentour.'' Je regarde autour de moi pour examiner les alentours. Les murs et le plafond de la maison sont complĂštement blancs comme neige. Le lit dur semble avoir Ă©tĂ© utilisĂ© pour de la recherche, et... ''VĂ©rification de l'ambiance sonore.'' Je peux entendre un bruit continu de ruissellement â la pluie. Des gouttes de pluie s'abattent continuellement sur la fenĂȘtre, tout en dessinant des courbes transparentes. Les gouttes de pluie ne veulent pas s'arrĂȘter de tomber. La pluie ne s'arrĂȘte jamais. Je suis nĂ©e en ce jour de pluie. ==TroisiĂšme jour aprĂšs activation== â Je sors, Iris. â Ă ce soir, Professeur. Le Professeur fait un signe de la main et marche le long du petit chemin devant la maison. Je me courbe et lui fais des signes d'au-revoir. Quand je me retourne, se trouvent devant moi un grand jardin et un imposant manoir en briques. C'est lĂ que je travaille, au palace royal Umbrella riche de trois siĂšcles d'histoire. Tout en traversant le jardin de devant recouvert de gazon vert, j'arrive Ă la porte. AprĂšs l'avoir ouverte, j'aperçois un grand hall couvert de tapisseries. Le plafond, d'oĂč pendent des chandeliers aveuglants, illumine l'immense peinture sur le mur. Je marche le long du hall Ă une vitesse de 2,2 mĂštres par heure. Tout en contemplant les escaliers en bois clair, je tourne Ă droite dans le couloir. Je pose ma main sur une boĂźte accrochĂ©e au mur. AprĂšs quelques petits cliquetis, le mur coulisse et une machine balai en forme de bĂąton<!--club-like--> fait brusquement son apparition. ''Initialisation du processus de balayage.'' Alors que je me dĂ©place dans le hall, je balaie avec la machine. Cette tĂąche est gĂ©nĂ©ralement effectuĂ©e par un ver nettoyeur, vu qu'il peut se coller au sol et au plafond pour laver, mais ils ne sont visiblement pas au goĂ»t du Professeur, alors il n'y en a aucun dans la rĂ©sidence Umbrella. « Ces vers rampants ont l'air rĂ©pugnant », a-t-elle dit. Temps clair. 19,3 degrĂ©s Celsius. HumiditĂ© : 45,7%. L'environnement intĂ©rieur est trĂšs propice pour les ĂȘtres humains. Je continue Ă balayer en silence. Mais comme le climatiseur uniforme installĂ© sur les murs a absorbĂ© la majoritĂ© de la poussiĂšre, ce n'est pas vraiment sale. AprĂšs douze minutes et quarante-et-une secondes, le processus de balayage du hall est terminĂ©. De façon similaire, je rĂ©pĂšte le processus dans le couloir, dans la cuisine et dans le laboratoire de recherches. Peu aprĂšs, j'ouvre la porte d'une certaine piĂšce. La dĂ©coration Ă l'intĂ©rieur est dĂ©pouillĂ©e, dĂ©pourvue de tout style moderne. C'est la chambre Ă coucher du Professeur. ''Analyse de l'odeur.'' Mon systĂšme olfactif se met Ă rĂ©agir. ''Comparaison des donnĂ©es... confirmation de la composition... cigarette cerclĂ©e de la sociĂ©tĂ© Cloud.'' Il existe diffĂ©rents types d'odeurs associĂ©es aux constituants de l'air de la chambre du Professeur. Elles proviennent des cigarettes qu'elle fume. MĂȘme si on l'appelle comme ça, c'est un substitut au tabac qui aide les fumeurs Ă arrĂȘter de fumer, Ă©manant de fines vapeurs de menthe fraĂźche. AprĂšs avoir ouvert la fenĂȘtre pour aĂ©rer un peu, je me mets alors Ă nettoyer sa chambre. Cet endroit n'est pas vraiment sale non plus, alors je ne passe que huit minutes et vingt-six secondes, en comptant le fait de faire le lit. ''Ok, au suivant.'' Je me tourne vers la zone suivante Ă nettoyer. Soudain quelque chose se met Ă briller Ă cĂŽtĂ© du lit. ''C'est...'' Mon appareil visuel se contracte et dĂ©couvre un cadre photo. Deux filles sourient dans le cadre en bois. La plus grande avec de longs cheveux et des lunettes est le Professeur. Ă ses cĂŽtĂ©s, se trouve une fille plus petite vĂȘtue d'une robe avec une chevelure brune courte et dĂ©gagĂ©e. ''Elle me ressemble vraiment.'' La fille sur la photo me ressemble comme deux gouttes d'eau, mais je n'ai jamais pris de photo avec le Professeur, alors ce n'est pas moi. Il y a six mois, la sĆur du Professeur est dĂ©cĂ©dĂ©e. C'Ă©tait un accident de voiture. Le Professeur et sa sĆur Ă©taient parties en vacances en voiture, et avaient eu un accident. Le Professeur conduisait, et aprĂšs avoir percutĂ© une autre voiture, sa sĆur qui Ă©tait assise sur le siĂšge passager a perdu la vie. Le Professeur a perdu sa seule famille et s'est mise Ă dĂ©primer. Alors elle a créé un robot avec exactement la mĂȘme apparence que sa sĆur. Ce robot, c'est moi. Ces derniĂšres annĂ©es, il n'est pas rare de voir des robots comme moi, conçus pour remplacer des personnes dĂ©cĂ©dĂ©es. De la mĂȘme façon que les robots domestiques et industriels, les robots remplaçant des personnes dĂ©cĂ©dĂ©es sont un bien de consommation inventĂ© par les commerciaux. Les gens qui ont perdu des ĂȘtres chers, ceux qui ont perdu leur mari ou femme avec l'Ăąge â Ils ne manquent pas de consommateurs cherchant un substitut pour leur famille dĂ©cĂ©dĂ©e. Ces robots sont reconnus par les psychologues de tous bords pour leurs effets « rĂ©parateurs ». MĂȘme les Ă©lus locaux subventionnent ces projets. La peau blanche, des cheveux bruns et des yeux ronds bleus ciel. D'une taille 2,67 centimĂštres plus petite par rapport Ă la moyenne des filles de son Ăąge. C'est un robot conçu avec exactement les mĂȘmes caractĂ©ristiques â taille, silhouette, couleur de cheveux â que sa sĆur. Son code d'identification est HRM021-α.. Son nom est Iris Rain Umbrella. Ce robot, c'est moi. Sur la photo, l'autre Iris sourit. Je contemple volontairement le sourire de la fille qui me ressemble comme deux gouttes d'eau. Cette Iris est une humaine qui est morte. Et celle qui la regarde est moi, le robot Iris. ''Sa sĆur sourit.'' L'Iris sur la photo me sourit. Je n'ai jamais souri de ma vie depuis ma naissance. Bien qu'une fonction Ă©motion est installĂ©e en moi, je n'en ai jamais eu l'utilitĂ© vu que le Professeur ne l'a jamais demandĂ©. Debout aux cĂŽtĂ©s de sa sĆur, le Professeur sourit Ă©galement. Le visage dĂ©tendu, elle dĂ©voile ses belles dents blanches. Ce sourire ne s'affiche que quand les humains sont heureux. Et je ne l'ai jamais vue sourire comme ça. ==SeptiĂšme jour aprĂšs activation== Ce soir-lĂ , elle me demande de venir dans sa chambre. Je toque Ă la porte, puis j'entends la voix du Professeur : â Entre. â Si vous me le permettez. En entrant dans la chambre, j'aperçois le Professeur allongĂ©e dans son lit. Ă cĂŽtĂ© de ce dernier, je peux voir le cadre photo aperçu la veille reflĂ©ter la lumiĂšre des lampes d'intĂ©rieur dans la piĂšce. â Y a-t-il quelque chose que je peux faire pour vous, Professeur ? â Oui... AprĂšs avoir donnĂ© une rĂ©ponse vague, le Professeur fait la moue et dit : â Viens par ici. Je m'exĂ©cute alors et m'approche du lit. Minuit. C'est la premiĂšre fois qu'elle m'appelle Ă cette heure. ''Service sexuel.'' Ce mot-clĂ© se diffuse dans mes circuits mentaux. Peu importe le type d'industrie, il existe beaucoup de robots proposant des services sexuels, ce qui reprĂ©sente un nombre considĂ©rable dans l'industrie robotique. MĂȘme des comportements interdits entre humains peuvent ĂȘtre contournĂ© en utilisant des robots, comme ces derniers ne peuvent tomber enceintes. Ainsi, j'ai ce service sexuel installĂ© en moi. Et il n'y a qu'une seule signification. â Professeur. â Oui ? â Veuillez prĂ©ciser votre demande. Sans attendre la rĂ©ponse du Professeur, je dĂ©fais mes boutons un par un avec ma main. Je retire ma chemise, puis ma jupe. â Attends, dit le Professeur, pourquoi tu te dĂ©shabilles ? Ma jupe est dĂ©sormais au niveau de mes genoux. Je rĂ©ponds : â Pour fournir un service sexuel. â Sexuel ? â Je n'ai pas recueilli de donnĂ©es sur vos prĂ©fĂ©rences, mais je peux arriver Ă vous fournir un service satisfaisant une fois les ajustements faits. â Ah, ah, je vois. Le Professeur prononce un son mĂ©langeant accord et impuissance. â Que dois-je faire ? Ma jupe Ă moitiĂ© retirĂ©e, je fais Ă nouveau face au Professeur. â Iris, tu crois que je suis le genre de personne Ă aimer ça ? â Ce n'est pas le cas ? â Non. â Professeur, vous n'ĂȘtes pas mariĂ©e et vous n'avez pas de petit ami. â Ăa ne te regarde pas. â Que faites-vous pour satisfaire vos besoins sexuels ? â Je ne vois pas pourquoi je te dirais ça. Puis, le Professeur s'Ă©claircit la voix et continue : â Quoi qu'il en soit, je ne suis pas de ce bord-lĂ , et je ne souhaite pas que tu me fournisses ce genre de service, Iris. â Alors pourquoi avoir installĂ© le service sexuel en moi ? â C'est juste un paramĂ©trage standard. â Non, ce n'est pas le cas. â Bon, d'accord... Le Professeur tente tant bien que mal de bouger les lĂšvres, puis finit par tendre la main vers mes cĂŽtes. Elle tire ma jupe jusqu'Ă ma hanche. â Assieds-toi. â Oui. Je m'assieds Ă cĂŽtĂ© du Professeur. Elle retire son chemisier, le pose sur mes Ă©paules et continue : â Ce que je veux dire, c'est que les services sexuels ne servent pas qu'Ă satisfaire des besoins.<!--This is my usual proposition: sex service isn't only for dispelling sexual desires--> â Ăa ne sert pas qu'à ça ? Je ne comprends pas ce que le Professeur veut dire. Alors je demande : â Alors vous voulez dire qu'il existe un autre genre de relation sexuelle Ă part devenir enceinte et enfanter ? â Ahah, ouais... Le Professeur tourne lĂ©gĂšrement la tĂȘte. â Comment dire. Le sexe est quelque chose servant Ă confirmer l'amour entre deux personnes. C'est l'acte de laisser nos peaux se toucher, peu importe que l'on soit du mĂȘme sexe ou non. â ... J'Ă©coute avec attention. â Je pense, Iris, que tu auras un jour ou l'autre quelqu'un que tu aimes. Ce pourrait ĂȘtre quelqu'un du mĂȘme sexe ou non. Ou mĂȘme, cela pourrait mĂȘme ne pas ĂȘtre humain. AprĂšs avoir dit ça, le Professeur prend doucement mes Ă©paules. â Comme les poĂštes le disent, « le sexe est une manifestation poĂ©tique de l'amour », le sexe est nĂ©anmoins inĂ©vitable en amour. C'est pour cette raison que j'ai installĂ© le service sexuel en toi. Dans mes circuits mentaux, le processus d'analyse de donnĂ©es tourne Ă plein rĂ©gime. Mon corps, peut-ĂȘtre Ă cause de ça, se met Ă chauffer. â Alors, dans un avenir pas si lointain, quand tu prendras la personne que tu aimes dans tes bras, j'espĂšre, Iris, que ton cĆur battra aussi fort qu'un vrai. â Aussi fort qu'un vrai... Je me contente de dĂ©visager le Professeur car ce qu'elle a dit dĂ©passe ma comprĂ©hension. â C'est important, on en reparlera plus tard. Sur ces paroles, le Professeur embrasse mon front. Ses douces lĂšvres touchent mon front et s'Ă©loignent. ''Ah...'' â Bonne nuit, Iris. Tout en plissant ses yeux ambre, elle me caresse la tĂȘte. â Bonne nuit, Professeur. Je me courbe profondĂ©ment, puis je quitte sa chambre. Sur le chemin menant au laboratoire de recherches, je touche mon front. C'est cet endroit que le Professeur a touchĂ© avec ses lĂšvres. ''Ce baiser n'est-il pas une sorte de service sexuel ?'' Cette idĂ©e a germĂ© dans mon esprit. ==DixiĂšme jour aprĂšs activation== DixiĂšme jour aprĂšs ma naissance. Je fais les tĂąches mĂ©nagĂšres ces derniers jours. J'ai alimentĂ© la base de donnĂ©es des prĂ©fĂ©rences du Professeur pour varier les plats. Au petit dĂ©jeuner, elle mange du pain ; au dĂ©jeuner, elle sort ; au dĂźner, elle prend un repas prĂ©dĂ©fini<!--set dinner-->. La marque des cigarettes cerclĂ©es qu'elle utilise est « BOUBLE CLOUD ». Elle aime les vĂȘtements lĂ©gers. J'ai fini par m'habituer Ă la structure de l'immense palace royal Umbrella. Toutes sortes de donnĂ©es, y compris le nombre de chambres Ă coucher, la longueur du couloir, les circuits Ă©lectriques et la tuyauterie, les peintures, la rĂ©serve pour les objets antiques et le systĂšme de sĂ©curitĂ©, sont stockĂ©es dans mon cerveau. Il n'y a presque rien que je ne connaisse pas dans cette maison. Il reste une piĂšce oĂč je n'ai jamais mis les pieds. C'est la chambre de la dĂ©funte sĆur du Professeur â la chambre que l'humaine Iris Rain Umbrella utilisait. Je crois que le Professeur voulait qu'elle reste en l'Ă©tat, Ă©tant donnĂ© que c'est la seule piĂšce fermĂ©e Ă clĂ©. ''Il ne me reste plus que la petite rĂ©serve.'' Ce jour-lĂ , je suis occupĂ©e Ă nettoyer la rĂ©serve. Je pousse lentement la porte de cette petite bĂątisse en briques. ''Il fait trĂšs sombre.'' Le systĂšme d'Ă©clairage automatique ne semble plus fonctionner, rendant l'intĂ©rieur sombre et terne. Je cherche le bouton manuel sur le mur Ă cĂŽtĂ© de l'entrĂ©e, mais du fait de la faible luminositĂ©, combinĂ©e Ă la prĂ©sence de beaucoup de meubles et objets entassĂ©s les uns sur les autres, je ne parviens pas Ă le trouver. C'est Ă ce moment-lĂ que... ''Ah.'' Un claquement rĂ©sonne derriĂšre moi, et la porte se ferme. L'intĂ©rieur devient noir comme un four aprĂšs que les derniers rayons de lumiĂšre en provenance de l'extĂ©rieur sont coupĂ©s. Je suis enfermĂ©e. ''Noir.'' C'est l'obscuritĂ© dans un espace clos sans la moindre source de lumiĂšre. ''Ah, hein ?'' Ă cet instant, je remarque un soudain changement. ''Je n'arrive pas Ă bouger ?'' Mes mains ne peuvent plus bouger. Mes jambes ne peuvent plus bouger. Je ne peux mĂȘme plus cligner des yeux. ''Une erreur systĂšme ?'' Je vĂ©rifie l'Ă©tat de mes batteries : 97,60%. Elle correspond au niveau standard, alors je devrais en thĂ©orie pouvoir bouger. ''Ătrange.'' Mes circuits de mouvements ont cessĂ© de fonctionner. MalgrĂ© les requĂȘtes de mes circuits mentaux, mes mains et mes jambes refusent de bouger. Comment est-ce possible ? ''Analyse d'urgence. Erreur dĂ©tectĂ©e. Veuillez commencer les rĂ©parations immĂ©diatement.'' La voix Ă©lectronique m'avertit. Je tente de lancer une analyse, mais en vain. Toutes mes fonctions mobiles sont apathiques, et je ne peux pas en trouver la cause. Le monde s'assombrit alors. ''Ah !'' Soudain, mes circuits mentaux s'arrĂȘtent de fonctionner, et je tombe par terre. ''Ga... ga... gahh !'' PrivĂ©e de toutes mes forces, je gis sur le sol. D'un bruit sourd, je tombe sur le sol, et dans le mĂȘme temps, me retrouve empĂȘtrĂ©e dans des cĂąbles Ă©lectriques. Puis, un objet assez large â une armoire ? Non, peut-ĂȘtre une bibliothĂšque â tombe Ă son tour contre le haut de mon corps. J'ai beau le voir venir, je ne peux rien faire d'autre que de constater les dĂ©gĂąts. ''Erreur. Erreur. Erreur. Erreur. Erreur !'' Des sons Ă©lectroniques froids m'envoient des alertes Ă rĂ©pĂ©tition, mais je ne peux ni bouger ni demander Ă l'aide. Ainsi, je sombre dans l'abyssal marĂ©cage Ă©lectrique et perd conscience. <center>â</center> ... Iris ! Quelqu'un. ... Iris ! Quelqu'un m'appelle. Telle une bulle qui remonte Ă la surface d'une mer profonde, mes circuits mentaux retrouvent leur Ă©tat normal. â Iris, tu m'entends ? En ouvrant les yeux, j'aperçois le visage du Professeur. Ses sourcils sont plissĂ©s, tĂ©moignant de son inquiĂ©tude. â Oui, je peux vous entendre, rĂ©ponds-je sans hĂ©sitation. â Super. Le Professeur s'affale sur la chaise. Ses cheveux noirs recouvrent une partie de son visage, une partie s'enroulant autour de ses lunettes. Sur son visage, on peut lire une fatigue apparente. â Cela fait douze heures que tu dors. Je vĂ©rifie mon horloge interne : cela fait douze heures et quarante-six minutes depuis la dĂ©faillance de mon systĂšme dans la petite rĂ©serve. â Comment tu te sens ? Tu as mal quelque part ? â Non. Mes fonctions et circuits principaux ne prĂ©sentent rien d'anormal. â Bien... Le Professeur pousse un ouf de soulagement. â Je suis vraiment dĂ©solĂ©e de vous avoir inquiĂ©tĂ©e. â Ah, pas la peine d'ĂȘtre aussi formelle. Le Professeur hoche la tĂȘte. â ... Puis-je poser une question ? â Qu'y a-t-il ? â Quelle Ă©tait la raison ? Je demande la raison pour laquelle mon systĂšme a failli, Ă©tant donnĂ© que je n'ai pas pu trouver d'anomalies aprĂšs avoir vĂ©rifiĂ© les donnĂ©es de mes circuits mentaux. â Hm... Le Professeur baisse les yeux. â Je n'en suis moi-mĂȘme pas trĂšs sĂ»re. â Pas trĂšs sĂ»re ? â Quand je t'ai trouvĂ©e dans la rĂ©serve, j'ai immĂ©diatement analysĂ© l'ensemble de ton corps, mais il n'y avait rien d'anormal dans tes circuits mentaux ainsi que dans tes autres circuits. C'est vraiment ce qui s'est passĂ© ? â Tes batteries Ă©taient pleines, et ce n'Ă©tait pas un arrĂȘt d'urgence dĂ» Ă une surchauffe... â Alors la raison est inconnue ? â Je le crains. Le Professeur continue de baisser les yeux. C'est une dĂ©faillance que mĂȘme un ingĂ©nieur de renommĂ©e internationale ne peut expliquer, une panne inconnue. â DĂ©solĂ©e, s'excuse le Professeur auprĂšs de moi. â Pourquoi vous excusez-vous ? demandĂ©-je. â Parce que c'est moi Ă qui revient la faute. Est-ce que tu as eu peur ? Je suis dĂ©solĂ©e, Iris. ''Si j'ai eu peur ?'' Les paroles du Professeur ressemblaient Ă des cailloux lancĂ©s dans l'eau, provoquant des ondes dans mes circuits mentaux. ''Peur ?'' Est-ce que j'ai vraiment eu peur Ă ce moment-lĂ ? Est-ce que la soudaine obscuritĂ© m'a effrayĂ©e au moment de tomber par terre ? Est-ce qu'un robot comme moi peut avoir peur du noir ? Je l'ignore. Comme Ă la recherche de la rĂ©ponse, je regarde le Professeur. Ses yeux, tels des vitres mouillĂ©es par la pluie, luisent d'un Ă©clat humide. ==QuinziĂšme jour aprĂšs activation== Ce jour-lĂ , le Professeur et moi sommes sortis faire les courses. â Iris, qu'est-ce que tu veux ? â Non. Il n'y a rien que je veuille. â Ok, alors je vais choisir pour toi. Nous marchons dans le quartier commerçant devant la gare. Le Professeur s'arrĂȘte devant une des boutiques dont l'enseigne est « BOUTIQUE BLUESKY ». C'est une boutique de vĂȘtements pour femmes. â Iris, tes bras et jambes sont longs et fins. Tu dois ĂȘtre jolie en robe. AprĂšs avoir pĂ©nĂ©trĂ© dans la boutique, le Professeur prend une robe dans un rayon rempli de vĂȘtements de toutes les couleurs. Celle-ci est blanche avec des petites dentelles sur les Ă©paules. â Vous aimez la dentelle ? Au moment oĂč je demande ça au Professeur, elle Ă©carquille les yeux de surprise et rĂ©pond : â Bien sĂ»r. J'adore ça. Et toi, Iris ? â Non, pas vraiment. â Tu dĂ©testes ça ? â Non, pas vraiment. â Alors c'est dĂ©cidĂ©. Je retire mon uniforme rose de femme de chambre dans la cabine d'essayage et enfile la robe blanche. Au moment oĂč j'ouvre les rideaux... â Super, elle te va bien. Le Professeur acquiesce, satisfaite. â Tourne-toi sur toi-mĂȘme. â Tourner ? â Oui, comme une danseuse de ballet. Je m'exĂ©cute et tourne sur moi-mĂȘme. La robe se prend un petit courant d'air et se retourne au niveau de mes cuisses. â Rentrons pour aujourd'hui. Sur ces paroles, le Professeur interpelle un employĂ© et paie pour la robe. Pendant qu'elle est toujours en train de payer, je me regarde dans le miroir. LĂ , se trouve une fille de quinze ans portant une robe neuve. Sous les dentelles, je peux lĂ©gĂšrement apercevoir des Ă©paules d'une blancheur laiteuse. ''Elle me va vraiment bien.'' Je me rappelle soudain de la photo que j'ai vue dans la chambre du Professeur. La jeune fille sur la photo y porte Ă©galement une robe blanche. AprĂšs avoir fini de payer, nous rentrons Ă la maison. Le Professeur marche lentement le long de la rue principale du quartier commerçant. Je la suis en maintenant une distance d'un pas avec elle. Une grande fontaine se trouve au centre de la place devant la gare, et au milieu, trĂŽne une immense statue de dĂ©esse. Sur un banc de la place sont assis un enfant qui joue et sa mĂšre souriante le surveillant. Il y a Ă©galement un vieil homme donnant Ă manger aux pigeons â c'est une scĂšne habituelle. â Jadis, cette rue a Ă©tĂ© bombardĂ©e. Le Professeur se met Ă parler tout en continuant Ă marcher. â La ville Ă©tait presque recouverte de flammes. Seule la statue de la dĂ©esse est restĂ©e intacte, comme par miracle. â Est-ce la bombe Auvare ? â Oui. Ă partir de ce jour-lĂ , la statue de la dĂ©esse est devenue le symbole de la ville. â Elle reste toujours l'hĂ©ritage le plus important du pays. â En effet. Je discute avec le Professeur tout en marchant. Le Professeur a l'air de meilleure humeur que d'habitude. â Oh. Le Professeur s'arrĂȘte soudain. â Que se passe-t-il ? â Regarde par lĂ . Elle pointe du doigt un panneau publicitaire du quartier commerçant oĂč l'on peut voir une affiche de film. Des lettres rouges disent « Village de l'horreur ~ Les zombies ne se relĂšveront pas mĂȘme aprĂšs leur mort »<!--Scary Village ~ Zombies won't be healed even when they die --> sur le poster. Sur le cĂŽtĂ©, se trouve un homme zombie soulevant fiĂšrement une tĂȘte humaine. â Woah. C'est assez crĂ». Le Professeur hausse des Ă©paules, surprise, avant d'ajouter : â Ăa a l'air intĂ©ressant. â Vous aimez les films d'horreur ? demandĂ©-je. â Ouais, rĂ©pond-elle. Enfin, pour ĂȘtre prĂ©cise, j'aime les films de zombie. Le Professeur aime les films de zombie â j'ajoute une nouvelle entrĂ©e dans ma base. â Ceux que je prĂ©fĂšre le plus sont... hum... comment dire ? Ceux oĂč les zombies dansent en rythme avec la musique. â Veuillez patienter. Je lance une recherche sur les mots-clĂ©s que m'a donnĂ©s le Professeur. L'antenne de transmission Ă cĂŽtĂ© de mon oreille se met Ă luire. C'est un appareil de haute technologie avec un GPS, une connexion Ă internet, rĂ©cupĂ©ration instantanĂ©e de donnĂ©es et plein d'autres fonctions.<!--La VA mentionne en plus « immediate termination », mais je comprends pas ._.--> Elle ressemble Ă un casque audio. Les robots fabriquĂ©s Ă l'unitĂ© sont essentiellement diffĂ©rentiables avec les humains par cette antenne. Ma recherche se termine en 0,1 secondes. â Danse avec les zombies. Projection nationale il y a six ans. Ce film a fait le pire nombre d'entrĂ©es de l'Ă©poque. â Ah, c'est vrai. Quand je suis allĂ©e le voir, il n'y avait personne dans la salle. J'Ă©tais choquĂ©e. Le Professeur aime les films peu populaires â ajout de donnĂ©e terminĂ©. â Il y avait de la musique funk dans le film, et les zombies dansaient comme ça. C'Ă©tait vraiment amusant. Le Professeur aime la musique funk... â AprĂšs, les zombies ont fusionnĂ© pour en devenir un gigantesque. C'Ă©tait un peu stĂ©rĂ©otypĂ©, mais c'Ă©tait pas si mal. Le Professeur aime les choses qui se combinent pour en former une grosse... Le Professeur continue de parler de films de zombies, visiblement excitĂ©e. Dans ma base de donnĂ©es, le mot-clĂ© zombie est utilisĂ© Ă rĂ©pĂ©tition. AprĂšs avoir parlĂ© de films de zombies devant une affiche de ce genre de film... â Iris, quel genre de films tu aimes ? me demande soudain le Professeur. â Moi...? Je cherche une rĂ©ponse Ă sa question, mais il n'y a aucun film que j'aime. Ă proprement parler, je n'ai mĂȘme rien que j'aime. â Je l'ignore. â Dans ce cas, qu'est-ce que tu veux regarder ? â Je l'ignore. â Hm, ça peut ĂȘtre autre chose qu'un film. Qu'est-ce que tu as envie de faire, un endroit oĂč aller, ou des vĂȘtements que tu veux porter ? J'analyse chaque question qu'elle me pose et recherche une rĂ©ponse dans mes circuits mentaux. â Je ferai n'importe quoi si c'est un ordre. J'irai n'importe oĂč si c'est un ordre. Je porterai n'importe quel vĂȘtement si c'est un ordre. â Iris. â Oui ? â Est-ce que tu te moques de moi ? â Non. â Tu es sĂ©rieuse ? â Oui. â Beuh... Le Professeur pousse un gĂ©missement que je n'ai jamais entendu avant. â Alors j'ai des devoirs pour toi. â Des devoirs ? â Avant la fin de la semaine prochaine, tu vas devoir trouver ce que tu veux faire. Ce que je veux faire â je lance immĂ©diatement une recherche, mais ne peux trouver de rĂ©ponse. â Pas la peine de faire compliquĂ©. Tu veux voyager ? Acheter de nouveaux vĂȘtements ? N'importe quoi fera l'affaire. â Est-ce un ordre ? â Oui. C'est une requĂȘte, une requĂȘte. â Alors ce n'est pas obligatoire ? â Ouais, enfin, on peut dire ça, mais... commence le Professeur en souriant, si tu le fais pas correctement, je te priverai d'Ă©nergie (pas de nourriture). Alors c'est obligatoire. ==Vingt-deuxiĂšme jour aprĂšs activation== Puis arrive la fin de la semaine suivante. â Alors Iris ? Sur le canapĂ©, le Professeur commence, tout en croisant les jambes : â Vas-y, je t'Ă©coute. â D'accord. Le Professeur parle de façon Ă©trange, mais elle me regarde avec l'air malicieux d'une adolescente. â On va commencer par le genre de film que tu aimes. J'acquiesce et je donne la rĂ©ponse que j'ai prĂ©parĂ©e. â Je prĂ©fĂšre les films de zombies, particuliĂšrement Danse avec les zombies. â Tu l'as regardĂ© ? â Oui. â C'Ă©tait comment ? â Il y avait beaucoup de zombies. â C'Ă©tait intĂ©ressant ? â Non. â ... Les sourcils du Professeur se mettent Ă trembler. â Ahem. Bon, question suivante. Quel genre de vĂȘtements veux-tu porter, Iris ? â Je veux porter des vĂȘtements avec de la dentelle, plus particuliĂšrement un uniforme de femme de chambre. â Ok, alors tu aimes les uniformes de femme de chambre. â Non, ça ne m'intĂ©resse pas plus que ça. Les joues du Professeur ont un mouvement convulsif. â ... Alors passons Ă la suivante, dit-elle, mais son intĂ©rĂȘt semble s'ĂȘtre attĂ©nuĂ©. Qu'est-ce que tu veux faire, Iris ? â Du sexe. â Iris. â Quoi ? â Ce ne sont pas des choses que tu veux faire, mais ce que moi, je veux faire, je me trompe ? AprĂšs avoir dit ça, le Professeur tape du poing. â Et arrĂȘte avec cette histoire de sexe. â Y a-t-il un problĂšme avec mes rĂ©ponses ? â Oui, un Ă©norme problĂšme. Le Professeur se frotte les yeux avec ses doigts de bas en haut. â C'est la premiĂšre fois que je vois un robot mentir avec une telle facilitĂ©. â Je n'ai pas menti. Je rĂ©fute l'air de rien. â Je veux faire ce que vous souhaitez faire. Je n'ai pas menti. â Tu mens. Tu mens. â Je ne mens pas. â Je refuse de le reconnaĂźtre ! Le Professeur s'adosse profondĂ©ment sur le siĂšge de sa chaise et lĂšve la tĂȘte de façon exagĂ©rĂ©e. â Hm, Ă©videmment, vingt-trois jours, c'est trop tĂŽt. â De quoi parlez-vous ? â Je veux dire que tu n'as pas remarquĂ© tes sentiments, Iris. ''Sentiments.'' J'y ai rĂ©flĂ©chi toute la semaine. Mes sentiments. Ce que je veux faire. Ce que je... â Voulez-vous parler de la ProcĂ©dure d'Acquisition et de DĂ©veloppement de la Conscience inclue dans mes fonctions Ă©motionnelles ? â Oui. Les sentiments humains se dĂ©veloppent. La personnalitĂ© façonnĂ©e aprĂšs la naissance d'un humain dĂ©cide de ses sentiments. A contrario, les robots sont diffĂ©rents. Ils sont prĂ©ajustĂ©s pour correspondre aux besoins et goĂ»ts de leurs propriĂ©taires. Cela pourrait ĂȘtre qualifiĂ© de « nature » des robots, par opposition Ă la personnalitĂ© dĂ©veloppĂ©e par les humains. â Ok, Iris, rĂ©ponds Ă cette question, tu veux. â Quelle question ? â Qu'est-ce que la ProcĂ©dure d'Acquisition et de DĂ©veloppement de la Conscience au juste ? Essaye de l'expliquer briĂšvement en vingt mots maximum. â C'est la fonction Ă©motionnelle des robots qui façonne, modifie ou ajuste leur personnalitĂ© prĂ©dĂ©finie pour correspondre Ă leurs utilisateurs. â Il y avait combien de mots ? â Vingt. â Beuh. Ătrangement, le Professeur arbore une expression de dĂ©faite. â ...alors comment appelle-t-on habituellement ce processus ? J'obtiens la rĂ©ponse en 0,1 secondes. â Le Processus de Croissance. â Bien. Le Professeur applaudit. â Je t'ai dotĂ©e du processus de croissance. Alors, c'est comme je l'ai dit, j'espĂšre que tu peux « grandir ». â Moi... grandir ? â Oui. Regarder, entendre, sentir et s'inquiĂ©ter pour tout un tas de choses diffĂ©rentes. De cette façon, tu peux grandir. J'espĂšre que tu pourras petit Ă petit devenir adulte. â ... Je sollicite au maximum mes circuits mentaux, tentant de comprendre ce qu'elle a dit. â Quoi ? â Oui ? Je n'arrive pas Ă comprendre peu importe mes tentatives, alors je demande au Professeur plus de dĂ©tails. â Professeur, pourquoi tenez-vous Ă ce que je « grandisse » ? â Ah, ça⊠Le Professeur me dĂ©visage Ă nouveau et frotte doucement ses yeux comme si elle regardait quelque chose d'aveuglant. â C'est pour que tu puisses mener une vie heureuse mĂȘme seule. <center>â</center> La vie suit paisiblement son cours. Le matin, je cuisine. AprĂšs que le Professeur a fini de manger son petit-dĂ©jeuner, elle se rend au centre de recherches oĂč elle travaille. Avant qu'elle ne revienne, je fais la cuisine, la lessive, le mĂ©nage, et autres tĂąches mĂ©nagĂšres. AprĂšs ça, le soir, je sors pour accueillir le Professeur. Chaque jour se rĂ©pĂšte. Je parle de presque tout avec le Professeur. Pendant le dĂźner que nous venons juste de manger, nous avons parlĂ© des acteurs d'une sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e et de comment elle passait ses vacances â c'est, d'un point de vue humain, faire la conversation. Bien entendu, nous avons Ă©galement discutĂ© de « mon devoir ». Ce que je veux faire â pour trouver la rĂ©ponse, je fais tourner mes circuits mentaux Ă plein rĂ©gime. J'assĂšne Ă©galement le Professeur d'un grand nombre de questions, et j'obtiens diffĂ©rentes sortes de rĂ©ponses. â Iris, tu as acquis beaucoup de « sentiments » et tu as dĂ©veloppĂ© une conscience. Si tu es consciente de ça, tu peux devenir plus honnĂȘte. â Plus honnĂȘte... â Oui. â Je ne comprends pas trĂšs bien. Je dis ça Ă chaque fois que je ne trouve pas de rĂ©ponse. â Professeur, vous pouvez prendre les dĂ©cisions. Je les suivrai. â Hors de question, rĂ©pond le Professeur avec un ton malicieux avant de me donner une petite tape sur la tĂȘte. Puis elle dit, comme Ă chaque fois : â C'est Ă toi de dĂ©cider de tes propres sentiments. Ainsi, j'ai beaucoup parlĂ© avec le Professeur. Les jours passent. Les journĂ©es se remplissent. Le dimanche suivant, les jours fĂ©riĂ©s du mois, les jours fĂ©riĂ©s des mois suivants sont planifiĂ©s en fonction de l'emploi du temps du Professeur. Et cette vie paisible va se poursuivre... Je n'en doute pas. ... Jusqu'Ă ce jour. ==TrentiĂšme jour aprĂšs activation== â Bonne nuit, Iris. â Bonne nuit, Professeur. Ce jour-lĂ , aprĂšs avoir quittĂ© le Professeur dans sa chambre, je me trouve dans le couloir. Tout ce qu'il me reste Ă faire est me rendre au laboratoire de recherches, passer en mode nuit et la journĂ©e sera terminĂ©e. ''Trente jours. Sept cents vingt heures. Quarante-trois mille deux cents minutes. Deux millions cinq cents quatre-vingt douze mille secondes.'' Alors que je longe le couloir, je me remĂ©more tout ce qui s'est passĂ©. Cela fait un mois depuis ma naissance. Je me suis habituĂ©e au style de vie de cette maison. Faire la cuisine, la lessive, le mĂ©nage â je suis devenue une experte dans ces tĂąches. Je suis certaine de pouvoir effectuer la majoritĂ© des tĂąches mĂ©nagĂšres pour robots. Tout en savourant toutes ces petites choses passĂ©es du mois dernier⊠''Ah.'' Je remarque qu'il y a de la lumiĂšre dans la troisiĂšme piĂšce en partant du fond. ''C'est la chambre de sa sĆur.'' C'est Ă©trange. J'aurais dĂ» Ă©teindre la lumiĂšre en partant. ''Que se passe-t-il ?'' Pendant un instant, je songe Ă rĂ©veiller le Professeur, mais c'est dĂ©jĂ l'heure de dormir. Si je rĂ©veille ma maĂźtresse dans une situation aussi peu urgente, cela ne pouvait que l'agacer. ''Je vais d'abord aller vĂ©rifier ce qui se passe.'' J'accĂ©lĂšre le pas jusqu'Ă la piĂšce allumĂ©e. AprĂšs onze secondes, j'arrive au niveau de la chambre. La lumiĂšre provient effectivement de la chambre de sa sĆur. ''C'est ouvert...'' Des rayons de lumiĂšre s'Ă©chappent par l'entrebĂąillement de la porte. Je n'avais encore jamais vu cette piĂšce ouverte depuis ma naissance. ''Que faire ?'' Le systĂšme de sĂ©curitĂ© de la maison n'a envoyĂ© aucune alerte, mais si je n'entre pas, je ne peux pas m'assurer qu'il n'y a pas eu intrusion. Je pose ma main sur la poignĂ©e et pousse lĂ©gĂšrement la porte. Je pĂ©nĂštre dans la piĂšce. ''Initialisation de la sonde.'' L'amĂ©nagement et l'agencement de la piĂšce sont similaires aux autres salles, si ce n'est qu'elle est principalement dĂ©corĂ©e en rose. Les rideaux avec des motifs de fleurs discrets laissent entendre qu'il s'agit de la chambre d'une fille. Des ours en peluche sur la table sont posĂ©s sur le cĂŽtĂ©, et une rangĂ©e de poĂšmes et de classiques littĂ©raires est alignĂ©e sur la bibliothĂšque. ''C'est la chambre de sa sĆur.'' Je commence par m'assurer que les fenĂȘtres sont fermĂ©es. Je vois qu'elles le sont bien et que rien ne montre qu'elles ont Ă©tĂ© ouvertes. Puis, j'analyse la piĂšce en suivant le modus operandi des cambrioleurs dans mes circuits mentaux, et je ne trouve rien d'anormal. ''C'est vraisemblablement le Professeur qui est entrĂ© dans cette piĂšce et qui a oubliĂ© d'Ă©teindre la lumiĂšre.'' Une rĂ©ponse plausible Ă©merge. Tout semble concorder. ''Mais pourquoi maintenant ?'' Je n'ai jamais vu le Professeur entrer ici. Sans raison apparente, le Professeur semble toujours Ă©viter cette piĂšce, ce que je peux en dĂ©duire de son comportement habituel. Il y a plusieurs vĂȘtements sur le lit. Ils ne sont pas vraiment posĂ©s, mais ont plutĂŽt Ă©tĂ© mis lĂ en vrac. Cette scĂšne chaotique fait penser Ă quelqu'un qui les aurait essayĂ©s avant de sortir et qui aurait laissĂ© lĂ ceux qu'elle n'aurait pas mis. C'est probablement ce qui Ă©tait arrivĂ© « ce jour-là ». Six mois auparavant, « le jour » oĂč sa sĆur est dĂ©cĂ©dĂ©e. Ce matin-lĂ , le Professeur et sa sĆur Ă©taient sorties en voiture. Sa sĆur avait hĂ©sitĂ© sur les vĂȘtements Ă porter, et Ă©tait partie sans les ranger. Le Professeur avait laissĂ© la chambre telle quelle... C'est probablement ce qui s'est passĂ©. â Ah... Il y a Ă©galement une robe parmi les vĂȘtements Ă©parpillĂ©s. Elle est blanche, adorable et a des dentelles au niveau des Ă©paules. Au moment oĂč je reprends mes esprits, je serre ma poitrine. Mes mains sont fermement pressĂ©es contre elle comme si je souffrais. ''Hein ?'' Je ne comprends pas la raison de mon geste. Pourquoi est-ce que j'ai fait ça ? Pour l'instant, je ne peux m'empĂȘcher de contempler la robe de sa sĆur. ''Cinq minutes Ă©coulĂ©es.'' La voix Ă©lectronique m'indique le temps Ă©coulĂ©, et c'est alors que... La lumiĂšre s'Ă©teint avec un claquement. La piĂšce est plongĂ©e dans l'obscuritĂ© la plus totale. <center>â</center> PlongĂ©e dans l'obscuritĂ©, je tombe Ă nouveau par terre. Je m'arrĂȘte de fonctionner sans raison apparente, exactement comme dans la petite rĂ©serve. ''Les tĂ©nĂšbres.'' AprĂšs ĂȘtre tombĂ©e dans la piĂšce sombre, je fais un rĂȘve Ă©trange. Je suis consciente, mais j'ai des hallucinations â ou ce que les humains appellent des rĂȘves Ă©veillĂ©s. ''Je...'' C'est « ma » mĂ©moire. Datant de quand j'Ă©tais « moi ». C'est ce que j'appelle « mes » souvenirs. Je ferme les yeux dans la pĂ©nombre, en me recroquevillant et en tremblant. L'obscuritĂ©, l'espace restreint, l'odeur fĂ©tide et la scĂšne sombre Ă©crasent mon corps. Je me retrouve piĂ©gĂ©e dans cette piĂšce sombre pendant un long moment. Un jour, deux, peut-ĂȘtre plus ? EnfermĂ©e Ă l'intĂ©rieur, je ne dors pas et ne perds pas connaissance, j'attends simplement. Puis c'est alors que des rayons de lumiĂšre envahissent la salle obscure. Dans la lumiĂšre se trouve une personne imposante grossissant comme si elle Ă©tait sur le point de m'avaler... <center>â</center> â Iris ?! Quand le Professeur ouvre la porte, cela fait dĂ©jĂ cinq minutes et vingt-et-une seconde depuis le dĂ©but de l'anomalie. Elle a immĂ©diatement remarquĂ© les signaux que je lui ai envoyĂ©s. â Q-Qu'est-ce qui t'arrive ?! Le Professeur accoure Ă mes cĂŽtĂ©s. Je suis assise sur le sol en tremblant comme une feuille morte. â Tout va bien, Iris. Calme-toi. Le Professeur touche mon corps. Elle dĂ©fait mes boutons et tend la main vers ma poitrine. Elle va me rĂ©parer. Je le sais, et pourtant... â ArrĂȘtez ! criĂ©-je instinctivement. â Quoi ? Le Professeur me regarde d'un air choquĂ©. ''Qu'est-ce que c'Ă©tait ?'' Je suis moi-mĂȘme choquĂ©e par ce que je viens de dire, mais les mots sont sortis tous seuls. â ArrĂȘtez ! Ne me touchez pas ! Je ne comprends pas. Je... Je... J'ai la tĂȘte qui tourne, comme un humain qui n'arriverait pas Ă se relever aprĂšs avoir vu quelque chose de traumatisant. Je m'Ă©loigne, les fesses glissant contre le sol. â Iris ? Le Professeur me lance des regards abasourdis. MalgrĂ© tout, des propos hystĂ©riques continuent de sortir de ma bouche : â ArrĂȘtez ! N'approchez pas ! Je vous en supplie ! â Du calme. Tout va bien ! Laisse-moi faire... â N'approchez pas ! L'instant d'aprĂšs. Un son assourdissant rĂ©sonne. J'avais soudain levĂ© les Ă©paules et frappĂ© le Professeur au visage. Elle lĂąche un bref gĂ©missement. Sous la faible lumiĂšre, il y a des morceaux brillant s'Ă©parpillant sous mes yeux. Je rĂ©alise alors que les lunettes du Professeur sont cassĂ©es, la monture est tordue et est tombĂ©e sur le sol, et... Le Professeur est Ă©galement tombĂ©e au sol. ''Ah, waah, waaaaah !'' Mes bras toujours tendus, je me fige et tombe dans le chaos. Le Professeur est allongĂ©e sur le sol, sans bouger d'un pouce. Un liquide rouge se met Ă couler sans interruption de son visage (du sang), atteignant petit Ă petit mes pieds. ''Waaaaaah !'' Je... Je viens juste... De frapper le Professeur. De la frapper. De la frapper. De la frapper. â Waaaaah ! Je ne me souviens pas de ce qui s'est passĂ© ensuite. ==Trente-et-uniĂšme jour aprĂšs activation== J'ouvre les yeux. â Iris ? C'est la voix du Professeur. Je vĂ©rifie mon horloge interne : dix-huit heures passĂ©es. â Professeur... Mes yeux sont rivĂ©s sur son visage. Son Ćil droit est cachĂ© par de grands bandages, une lĂ©gĂšre teinte rouge imbibant ces derniers. Ses joues sont mauves, faisant mal rien qu'Ă les regarder. Et elle ne porte pas de lunettes. â Ah, ah... â Super. Tu t'es rĂ©veillĂ©e. Comment tu te sens ? â Professeur, ce n'est pas le moment. V-Vous ĂȘtes blessĂ©e. â Ahah, ça ? Le Professeur touche insouciamment son bandage. â T'en fais pas. Le docteur a un peu exagĂ©rĂ© sur les bandages. â M-Mais... â Parlons de toi d'abord. Comment tu te sens ? Y a-t-il quoi que ce soit d'anormal dans ton corps ? MalgrĂ© ce que je lui avais fait, le Professeur s'inquiĂšte toujours pour moi. J'avais eu recours Ă la violence sur un humain. Je suis un robot dĂ©ficient, une machine ne respectant pas les normes, un tas de ferrailles, et pourtant... â Professeur... â Qu'y a-t-il ? â H-Hum... Je dĂ©tourne le regard et lui pose une question que j'avais dĂ©jĂ posĂ©e l'autre fois. â Quelle est la raison ? â Pardon, s'excuse sincĂšrement le Professeur. J'en ignore une fois de plus la raison, mais... â Mais ? â Peut-ĂȘtre que c'est un traumatisme. â Un traumatisme ? â Ce n'est qu'une supposition, ajoute le Professeur en clignant des yeux. Ce traumatisme peut ĂȘtre liĂ© Ă une blessure mentale du passĂ© ou s'activer automatiquement une fois plongĂ© dans le noir. â Un instant. Vous avez dit une blessure mentale du passĂ©, mais qu'est-ce que mon passĂ© ? â C'est... Le visage du Professeur s'assombrit soudain. Elle mord ses lĂšvres en baissant les yeux. â DĂ©solĂ©e, je n'en ai pas la moindre idĂ©e, dit le Professeur d'une voix faible. Des questions me taraudent toujours, mais j'arrĂȘte de les poser. La tristesse dans ses yeux m'empĂȘche de dire quoi que ce soit. â Oh, au fait. Le Professeur trouve quelque chose Ă dire aprĂšs un long silence. â Tu portes toujours ça. Tu veux te changer ? â D'accord. Je me lĂšve. â D'accord, attends ici. Je vais t'apporter des vĂȘtements. Le Professeur sort de la chambre. Je la suis du regard. ... Un traumatisme. Une cicatrice mentale du passĂ©. Je touche lĂ©gĂšrement ma poitrine. Puis je me mets Ă rĂ©flĂ©chir. Qui suis-je ? <center>â</center> Je fais un rĂȘve. Si vous vous demandez si les robots peuvent Ă©galement rĂȘver, je vous dirais qu'il n'y a pas eu Ă©normĂ©ment de prĂ©cĂ©dents. Cela pourrait ĂȘtre expliquĂ© par les circuits mentaux sophistiquĂ©s en moi, ou peut-ĂȘtre par le dĂ©sordre d'une Ă©norme masse de donnĂ©es. Des bouts d'images me sont envoyĂ©s comme avec un projecteur cassĂ©. ''Bonjour, Iris.'' FatiguĂ©, le Professeur ajuste ses lunettes. ''J'y vais, Iris.'' La chevelure noire du Professeur virevolte alors qu'elle quitte la maison. ''Bonne nuit, Iris.'' Le Professeur me caresse la tĂȘte. Ces morceaux de vidĂ©os sont liĂ©s au Professeur. J'ai envie de les toucher, mais ils s'Ă©vanouissent tel un mirage dans le dĂ©sert. ''Professeur !'' Je tends la main. ''Professeur ! Attendez-moi !!'' ==Trente-deux jours aprĂšs activation== Le lendemain, le Professeur ne se rend pas au travail. AprĂšs le petit-dĂ©jeuner silencieux, le Professeur prend la parole : â Aujourd'hui, j'ai pris un congĂ© payĂ©. J'attendais ça depuis longtemps. Elle contracte son visage contusionnĂ©, esquisse un sourire forcĂ© et titube jusqu'Ă sa chambre. Je sais. La nuit derniĂšre, le Professeur n'a pas arrĂȘtĂ© de gĂ©mir dans son sommeil. J'en suis Ă©videmment la responsable. Elle fait mine de rien devant moi, mais je sais qu'elle souffre beaucoup. Je jette un Ćil Ă ma main droite. Ce bras mĂ©tallique a percutĂ© son visage Ă ce moment-lĂ . Sa puissance est la mĂȘme que celle d'un homme adulte la frappant avec une arme contendante. Ce coup aurait tout aussi bien pu tuer le Professeur. J'aurais pu... la tuer. MĂȘme Ă l'heure du dĂ©jeuner, le Professeur ne sort pas de sa chambre. Quand je lui demande ce qu'elle veut manger pour midi, elle se contente de rĂ©pondre Ă travers la porte : â Je n'ai pas faim. Ce aprĂšs quoi, je me contente de rester debout dans le couloir. Ă six heures, quand je lui demande ce qu'elle veut manger pour le dĂźner, elle ne rĂ©pond pas. Je veux ouvrir la porte pour vĂ©rifier, mais je sens que je n'en ai pas le droit. ''Professeur.'' Je serre le poing devant ma poitrine. Elle a Ă©tĂ© si gentille avec moi, alors que je n'ai fait que lui causer des problĂšmes. Elle ne s'est pas mise en colĂšre, s'est inquiĂ©tĂ©e pour moi et m'a souri. Elle a fait tout ça pour moi â tout ça pour un produit dĂ©faillant. Le visage du Professeur se met Ă nouveau Ă tournoyer dans mes circuits mentaux. Elle apparaĂźt ici et lĂ dans mon esprit, comme le rĂȘve de la veille. Ă ce moment-lĂ ... â ... Oh, oui. J'entends soudain la voix du Professeur. Surprise, je lĂšve la tĂȘte. â Oh... Non. Puisque je te dis que... La voix du Professeur se fait entendre Ă travers la porte. Elle semble parler Ă quelqu'un au tĂ©lĂ©phone. â Non, Iris... J'ai un mauvais pressentiment. Le Professeur a prononcĂ© mon nom. ''Elle parle de moi ?'' J'Ă©coute attentivement, en augmentant la sensibilitĂ© de mon systĂšme auditif. En fait, il est interdit d'espionner, mais j'ai perdu le contrĂŽle de moi-mĂȘme. â Alors mĂȘme si c'est Iris... L'instant d'aprĂšs, je me fige complĂštement. â Il vaut mieux s'en dĂ©barrasser.<!--Il faudra vraisemblablement revenir dessus.--> ==Trente-trois jours aprĂšs activation== Le lendemain, il pleut des cordes. Assailli par la pluie et le vent, un camion inconnu est garĂ© devant le manoir Umbrella. Deux robots travailleurs sorte de l'Ă©norme machine. ''Des invitĂ©s.'' La voix Ă©lectronique rĂ©sonne dans mes circuits mentaux. â Iris ! La voix du Professeur provient du rez-de-chaussĂ©e. â Iris, oĂč es-tu ? Mes jambes tremblent. Je suis un robot que le Professeur a conçu pour lui servir. Maintenant, elle m'appelle. ''Je dois y aller.'' J'essaye de marcher, mais mon corps s'oppose Ă ma volontĂ©. ''Le Professeur m'appelle : je dois y aller.'' J'essaye d'avancer Ă plusieurs reprises, mais en vain. Je me tiens debout pendant un long moment dans les escaliers, sans bouger d'un pouce. Alors que je lutte contre moi-mĂȘme, les robots sont dĂ©jĂ entrĂ©s Ă l'intĂ©rieur. Ce sont de puissants robots avec des ceintures â les plus disposĂ©s Ă s'occuper des robots dĂ©faillants. â Iris ? Le Professeur se trouve dans le salon. AprĂšs m'avoir aperçue debout dans les escaliers, elle sourit et dit : â Oh, te voilĂ . ''Alors on doit se dĂ©barrasser de moi finalement.'' â Wu, ahh... Je recule. â Iris ? ''Qu'est-ce qui m'arrive ?'' Je serre ma poitrine. Une force est en train de comprimer mon cĆur, de plus en plus fort. â Non ! Quand j'ai repris mes esprits, j'avais criĂ© ça. â Je ne veux pas ! Je pleure en dĂ©talant comme un lapin. â HĂ©, attends, Iris ! J'entends la voix surprise du Professeur, et pourtant je cours le long du couloir. Je cours, et le Professeur me poursuit, mais je continue de courir quand mĂȘme. Elle m'appelle, et pourtant, je ne peux pas m'arrĂȘter. ''Non, non, non !'' Mes jambes, en trahissant mes espoirs, continuent de courir. Par rĂ©flexe, je pousse une porte entrouverte et me rue Ă l'intĂ©rieur. â Iris ! Le Professeur m'a rattrapĂ©e. â HĂ©, ouvre la porte ! â Non, non ! â Que t'arrive-t-il ? â Allez-vous-en ! m'exclamĂ©-je, adossĂ©e contre la porte. Mon cĆur pleure, comme s'il Ă©tait comprimĂ© ou pressĂ© : quelque chose de lourd l'Ă©crase. C'est le mĂȘme sentiment que quand j'ai vu la robe blanche dans la chambre de sa sĆur. Tout en relĂąchant tous ces sentiments suffocants de mon cĆur, je me mets Ă pleurer. â Je... Sur le sol sous mes yeux, â ... ne veux pas ĂȘtre abandonnĂ©e ! trĂŽnent les lunettes cassĂ©es du Professeur. â Je veux rester ici ! Je remarque que la piĂšce oĂč je me trouve est la chambre de sa sĆur. â Je veux rester avec le Professeur ! Je pleure et sanglote comme une enfant. Mon systĂšme visuel est cassĂ©, des larmes coulent le long de mes joues. Je comprends. Je suis un produit dĂ©faillant qui ne respecte pas les normes, qui a eu recours Ă la violence contre la douce et gentille Professeur, alors il faut qu'on me jette Ă la casse. Tel est le destin des objets cassĂ©s. Le temps s'Ă©coule silencieusement. Le souffle d'une respiration calme se fait entendre de l'autre cĂŽtĂ© de la porte. Elle attend que j'ouvre. ''Non.'' Je me lĂšve. Je suis un robot conçu par le Professeur pour lui servir. Je n'ai pas le droit de la faire souffrir. Je m'Ă©carte de la porte et dis : â Je suis dĂ©solĂ©e, Professeur. Tout va bien maintenant. J'ouvre alors la porte, puis regarde le Professeur. â Iris, qu'est-ce qui t'a prise tout Ă coup ? Le Professeur me regarde avec un air inquiet. Sa joue gauche est bleue foncĂ©e, c'est visiblement douloureux. Son Ćil droit, avec le bandage retirĂ©, est enflĂ© et rouge. â Hum... ''Il n'y a plus de temps Ă perdre.'' â Pouvez-vous me faire une faveur ? ''C'est la fin.'' â Qu'est-ce que tu veux ? Le Professeur me regarde. Je lui ouvre mon cĆur. â Pouvez-vous me prendre dans vos bras ? â Hein...? â Professeur ! Sans attendre sa rĂ©ponse, je lui saute dans les bras. â I-Iris ? Je la serre contre moi avec mes deux bras, mon visage enfoui dans ses seins opulents. ImbibĂ© d'un doux parfum, un objet doux et chaleureux m'enlace. Tel un enfant refusant de quitter ses parents, je prononce son nom Ă plusieurs reprises, et presse mon visage contre elle. Mon cĆur chauffe, mes systĂšmes internes sont sur le point de fondre. AprĂšs un moment, le Professeur dit Ă elle-mĂȘme : â Quelle enfant gĂątĂ©e. Ses bras caressent doucement mon dos. â Oui, je suis une enfant gĂątĂ©e. En rĂ©ponse, j'enfouis mon visage contre elle. â Ok, alors laisse-moi te dorloter un peu plus. â Oui. Ainsi, je passe un instant court mais qui semble durer une Ă©ternitĂ© avec le Professeur. Puis... â C'est l'heure, hein ? Un bruit Ă©lectronique rĂ©sonne soudain. Je lance un regard, et j'aperçois les deux robots frustes Ă la porte apparaĂźtre gaiement. Je me mords les lĂšvres pour confirmer ma dĂ©termination. â Professeur. Avant de m'en aller, je relĂąche le Professeur et la regarde dans les yeux. â Merci d'avoir pris soin de moi. â ... Hein ? Je m'Ă©loigne silencieusement du Professeur. Eh oui, je suis Iris Rain Umbrella, le robot du cĂ©lĂšbre Professeur Umbrella. Il me faut maintenant marcher par moi-mĂȘme. â Iris ? â Adieu, Professeur. Les deux robots en face de moi s'Ă©tirent les Ă©paules. Je me sens comme un criminel se rendant Ă la police. Quelle image stupide. â Bon, on peut s'y mettre maintenant ? demandent les robots avec leur voix Ă©lectronique. Le Professeur hĂ©site, mais dit ensuite : â ... Bien entendu, faites. Par la suite, les robots... ... ne me font rien. ''Quoi ?'' Les robots rĂ©pondent avec un « D'accord ! » et passent Ă cĂŽtĂ© de moi avant d'entrer dans la piĂšce pour en sortir des objets. ''Que se passe-t-il ?'' Je les regarde, intimidĂ©e. Peu aprĂšs, les vĂȘtements en vrac sur le lit sont rangĂ©s. Les cartons s'empilent haut dans un coin de la chambre. Le Professeur donne des indications aux robots de temps Ă autre, comme dĂ©placer les meubles. Trente minutes plus tard. Une fois leur travail terminĂ©, les robots montent dans leur camion avec tous les cartons chargĂ©s Ă bord et s'en vont. â Pro-Professeur ? â Qu'y a-t-il ? â Quand est-ce que vous allez me jeter Ă la casse ? â Quoi ? demande le Professeur en clignant des yeux. Comment ça ? â Professeur, vous avez dit que vous alliez vous dĂ©barrasser de moi. â Je n'ai jamais dit ça. â Mais vous avez eu un appel tĂ©lĂ©phonique dans votre chambre hier... â Un appel ? Je repasse l'enregistrement dans mes circuits mentaux. « Alors mĂȘme si c'est Iris... Il vaut mieux s'en dĂ©barrasser. » â HĂ©, t'as entendu tout ça, dit le Professeur sans changer de ton. Iris, je voulais dire qu'il Ă©tait temps de devoir jeter les affaires de ma sĆur. â Les a-affaires ? â Mais pas toutes bien sĂ»r... Je dois fixer une limite. â ... â Alors j'ai appelĂ© de vieux amis pour m'envoyer des robots pour s'en occuper. â ... Je reste sans voix. â Qu'est-ce qui t'arrive ? â N-Non... Je contrĂŽle la peau de ma bouche, faisant mine de ne pas avoir Ă©tĂ© prise. â Rien. ==Ăpilogue== Quelque temps aprĂšs cet incident. â Professeur. J'engage une conversation avec le Professeur aprĂšs le petit dĂ©jeuner. â Oui ? Le Professeur se tourne dans ma direction. Les bleus sur son visage ont disparu. â Je connais maintenant la rĂ©ponse Ă cette question. â D'accord. Le Professeur plie le journal qu'elle lisait et se tourne Ă nouveau dans ma direction. â Qu'est-ce que tu veux faire ? rĂ©pĂšte le Professeur d'un air chantant. C'est le devoir que je t'ai donnĂ©. â Oui. â Je t'Ă©coute. â D'accord. Je regarde le Professeur. Je ne peux voir, reflĂ©tĂ©e dans ses magnifiques iris de jade, que ma seule prĂ©sence. â J'Ă©tais intriguĂ©e par ce que sont les sentiments. OĂč se trouvent-ils ? Je ne pouvais pas trouver la rĂ©ponse oĂč que j'aille. â ... Le Professeur m'Ă©coute attentivement. â Mais je comprends maintenant. Les sentiments ne se trouvent pas dans une base de donnĂ©es. Ce n'est pas quelque chose qu'on peut comprendre par raisonnement logique. C'est... Mes propres sentiments se trouvent... Ă ce moment-lĂ , je pose lĂ©gĂšrement ma main contre ma poitrine. â Juste ici. Ă cet endroit, effectivement. â Je peux les sentir. Quand j'ai cru que j'allais ĂȘtre abandonnĂ©e, je pouvais sentir un sentiment fort pousser dans ma poitrine. C'Ă©tait douloureux mais Ă©galement prĂ©cieux. Cette sensation brĂ»lante reprĂ©sente mes sentiments. Le Professeur me regarde. Ses iris d'un jade clair reflĂštent lĂ©gĂšrement mon corps. Plic, ploc. Des gouttes d'eau tombent sur le toit. Il pleut depuis la veille. Quand je reprends subitement mes esprits, la pluie s'est complĂštement arrĂȘtĂ©e. DerriĂšre la fenĂȘtre, un arc-en-ciel se dessine dans le ciel bleu sans fin. Sous cet arc-en-ciel, le Professeur a l'air rayonnante, telle la statue de la dĂ©esse. â Hum... commencĂ©-je nerveusement. â Oui ? demande le Professeur. â Est-ce que j'ai bon ? Le Professeur s'excuse rapidement : â Oh, pardon. J'Ă©tais tellement heureuse. Bien entendu que ta rĂ©ponse est correcte. ''J'ai bien rĂ©pondu !'' Sa confirmation fait bondir mon cĆur. C'est une sorte de sentiment aussi, je pense. Le Professeur me caresse la tĂȘte, et me dit : â Quand tu ressens un tiraillement dans ta poitrine, c'est une dĂ©pression. â Une dĂ©pression... Je presse ma poitrine. C'Ă©tait une dĂ©pression. Le sentiment que son corps est coupĂ© en deux, un sentiment Ă peine plus lĂ©ger que de la douleur physique pure. â Tiens, voici une autre question. Le Professeur lĂšve le doigt. â Iris, peux-tu exprimer oralement tes sentiments actuels ? â Mes sentiments actuels ? â Oui. Ce que tu ressens en ce moment-mĂȘme. D'accord, disons, qu'est-ce que tu as ressenti aprĂšs avoir terminĂ© ton devoir ? Je presse ma poitrine et plus fort encore pour obtenir confirmation. Le Professeur est face Ă moi. Le Professeur Umbrella, le magnifique Professeur, le Professeur qui m'a fabriquĂ©e. Ce Professeur me regarde maintenant, en me caressant et me fĂ©licitant. Et ainsi, je donne un nom Ă cette chaleureuse sensation qui s'empare de moi. â Je suis extrĂȘmement... heureuse ! <noinclude> {| border="1" cellpadding="5" cellspacing="0" style="margin: 1em 1em 1em 0; background: #f9f9f9; border: 1px #aaaaaa solid; padding: 0.2em; border-collapse: collapse;" |- | [[Iris on Rainy Days ~ Français|Page principale]] |- |} </noinclude>
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