Difference between revisions of "Hentai Ouji to Warawanai Neko. : Tome 1 Chapitre 1"

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Y a-t-il une personne sur cette Terre qui ne se soit jamais posée cette question existentielle ? C'est une chose à laquelle je réfléchis tous les jours vous savez.
 
Y a-t-il une personne sur cette Terre qui ne se soit jamais posée cette question existentielle ? C'est une chose à laquelle je réfléchis tous les jours vous savez.
 
Beaucoup de personnes révèlent le fond de leurs pensées en déclarant que les bikinis sont ce qu'il y a de mieux en ce monde car ils ne couvrent que très peu de la surface totale du corps d'une fille (si peu qu'on peut voir ses seins). Il y a également les maillots de bain une pièce qui font fureur auprès de ceux qui fantasment sur les filles pures.
 
Beaucoup de personnes révèlent le fond de leurs pensées en déclarant que les bikinis sont ce qu'il y a de mieux en ce monde car ils ne couvrent que très peu de la surface totale du corps d'une fille (si peu qu'on peut voir ses seins). Il y a également les maillots de bain une pièce qui font fureur auprès de ceux qui fantasment sur les filles pures.
Mais mon esprit est soudain occupé par une pensée plus grave ; il existe une troisième grande puissance. Les maillots de bain sportifs.
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Mais mon esprit est soudain occupé par une pensée plus grave ; il existe une troisième grande puissance. Les maillots de bain scolairs.
   
Avant que vous ne vous moquiez de moi, je vous conseille d'aller observer les activités du club de natation féminine fissa. C'est loin d'être aussi ennuyeux que vous pourriez le croire. Vous comprendriez alors sans aucun doute que les maillots de bain sportifs sont des choses magiques.
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Avant que vous ne vous moquiez de moi, je vous conseille d'aller observer les activités du club de natation féminine fissa. C'est loin d'être aussi ennuyeux que vous pourriez le croire. Vous comprendriez alors sans aucun doute que les maillots de bain scolaire sont des choses magiques.
 
(Avertissement : je décline toute responsabilité des énormes difficultés auxquelles vous devrez faire face dans votre vie future si on vous attrape à la piscine, vous qui y seriez entré en douce au nom d'une quelconque recherche sur cette magie.)
 
(Avertissement : je décline toute responsabilité des énormes difficultés auxquelles vous devrez faire face dans votre vie future si on vous attrape à la piscine, vous qui y seriez entré en douce au nom d'une quelconque recherche sur cette magie.)
   
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... Et puis merde. On s'en fout de La Reine d'Acier, je veux parler de maillots de bain moi ! Je veux parler de maillots de bain avec tous les hommes de la planète. Tant que l'eau et les maillots de bain existent, je peux continuer à vivre.
 
... Et puis merde. On s'en fout de La Reine d'Acier, je veux parler de maillots de bain moi ! Je veux parler de maillots de bain avec tous les hommes de la planète. Tant que l'eau et les maillots de bain existent, je peux continuer à vivre.
   
Donc comme je le disais, les maillots de bain sportifs sont magiques. J'en suis arrivé à cette conclusion l'été de ma deuxième année de lycée. Après une longue année, je m'étais enfin habitué à l'entraînement journalier du club d'athlétisme.
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Donc comme je le disais, les maillots de bain scolaires sont magiques. J'en suis arrivé à cette conclusion l'été de ma deuxième année de lycée. Après une longue année, je m'étais enfin habitué à l'entraînement journalier du club d'athlétisme.
 
Malheureusement, au moment où j'ai tiré cette conclusion, ma vie était sur le point de basculer.
 
Malheureusement, au moment où j'ai tiré cette conclusion, ma vie était sur le point de basculer.
   
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L'insoutenable soleil de juillet cognait. Sans la moindre petite brise, le soleil était haut dans le ciel du sud. L'été s'était levé sur les terrains de sport ; le genre de temps qui vous crame de la tête jusqu'aux pieds.
 
L'insoutenable soleil de juillet cognait. Sans la moindre petite brise, le soleil était haut dans le ciel du sud. L'été s'était levé sur les terrains de sport ; le genre de temps qui vous crame de la tête jusqu'aux pieds.
   
Le côté de la piscine était légèrement surélevé par rapport aux terrains de sport. Je pouvais voir un grand nombre de corps, vêtus d'audacieux et révélateurs maillots de bain sportifs bleus marine, ruisselants d'eau brillante. À chacun de leurs étirements, je voyais moins de ce qu'ils portaient et plus de leurs magnifiques membres.
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Le côté de la piscine était légèrement surélevé par rapport aux terrains de sport. Je pouvais voir un grand nombre de corps, vêtus d'audacieux et révélateurs maillots de bain sscolaires bleus marines, ruisselants d'eau brillante. À chacun de leurs étirements, je voyais moins de ce qu'ils portaient et plus de leurs magnifiques membres.
   
C'était là, en admiration face à ces maillots de bain, que j'ai compris. Le pouvoir du maillot de bain sportif est sa manière d'envoûter les personnes qui le voient. C'est un genre de fétiche qui laisserait là un jeune homme pendant des heures. Vous êtes ici, debout, appréciant le spectacle de la magnifique rencontre des atouts féminins et de la façon dont ils sont moulés par la ten-
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C'était là, en admiration face à ces maillots de bain, que j'ai compris. Le pouvoir du maillot de bain scolaire est sa manière d'envoûter les personnes qui le voient. C'est un genre de fétiche qui laisserait là un jeune homme pendant des heures. Vous êtes ici, debout, appréciant le spectacle de la magnifique rencontre des atouts féminins et de la façon dont ils sont moulés par la ten-
   
 
« Dis-moi Yokodera, qu'est-ce que tu fais ? »
 
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== Notes de traduction ==
 
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Revision as of 21:19, 9 June 2014

Chapitre 1 : Le pervers et la statue

Partie 1

"S'il y avait un concours de popularité pour décider de quel sorte de maillot de bain est la meilleure, laquelle serait la mieux placée ?"

Y a-t-il une personne sur cette Terre qui ne se soit jamais posée cette question existentielle ? C'est une chose à laquelle je réfléchis tous les jours vous savez. Beaucoup de personnes révèlent le fond de leurs pensées en déclarant que les bikinis sont ce qu'il y a de mieux en ce monde car ils ne couvrent que très peu de la surface totale du corps d'une fille (si peu qu'on peut voir ses seins). Il y a également les maillots de bain une pièce qui font fureur auprès de ceux qui fantasment sur les filles pures. Mais mon esprit est soudain occupé par une pensée plus grave ; il existe une troisième grande puissance. Les maillots de bain scolairs.

Avant que vous ne vous moquiez de moi, je vous conseille d'aller observer les activités du club de natation féminine fissa. C'est loin d'être aussi ennuyeux que vous pourriez le croire. Vous comprendriez alors sans aucun doute que les maillots de bain scolaire sont des choses magiques. (Avertissement : je décline toute responsabilité des énormes difficultés auxquelles vous devrez faire face dans votre vie future si on vous attrape à la piscine, vous qui y seriez entré en douce au nom d'une quelconque recherche sur cette magie.)

Dans ce cas comment faire pour observer les activités du club de natation féminine, me demandez-vous ? C'est simple. Dans mon lycée, les terrains de sport sont directement à côté de la piscine. Malheureusement, ils sont séparés par un épais mur en béton armé, cependant, lors de mon troisième jour de lycée, j'ai découvert une fine ouverture dans le coin du mur. On peut y apercevoir le paradis depuis l'extérieur sans que personne ne se rende compte de rien. Une véritable oasis de plaisir. Bien sûr, y jeter un coup d’œil est un crime. Un crime odieux. Mais hé ! Un homme doit faire ce qu'un homme a à faire !

J'ai rejoint le club d'athlétisme, où les activités ont lieu sur les pistes situées au fond des terrains de sport. C'était le club situé le plus près de l'oasis. Si, épuisé par mon entraînement, je jetais accidentellement un coup d’œil à l'intérieur de la piscine alors que je parlais aux autres membres du club, je n'y pouvais rien. Oui, personne n'y pouvait rien. Pour citer ce qu'a dit mon écrivain favori Oscar Wilde, un irlandais pervers, alors qu'il était en prison : « Je n'ai jamais regretté d'avoir vécu pour le plaisir. » C'est exactement ça. Comment pourrais-je laisser un tel paradis me filer entre les doigts ?

Si j'avais mal calculé une chose, c'est le club lui-même. J'aurais dû enquêter sérieusement tant que je pouvais toujours faire marche arrière. Vous voyez, il s'agit d'un club mixte donc je pensais pouvoir être entouré de filles en sueur dans leur maillot. Si on ne parle que d'être entouré de filles avec peu de vêtements, alors le club d'athlétisme fait d'une pierre deux coups. Mais en y repensant, c'était penser de façon un peu trop optimiste. Mes chances de me retrouver au cœur d'une romance étaient déjà nulles avant même que j'intègre le club.

L'été de ma première année, je n'ai pas vu un seul maillot de bain. Ce fut un enfer. Chaque jour, je fus secoué et jeté comme un torchon sale ad nauseam[1] , et chaque soir, j'allai me coucher immédiatement après être rentré chez moi. Et comme j'étais trop fatigué pour regarder ne serait-ce qu'une des émissions qui passaient tard dans la nuit et que j'enregistrais, les épisodes non vus de la compétition des idols en maillots de bain s'empilaient.

Mais il n'était pas question que je quitte le club. Après tout, il est dirigé par La Reine d'Acier. J'imagine qu'une personne normale ne voit pas de qui je parle... Elle dirait sûrement quelque chose comme « La Reine d'Acier ? Un parent du Roi de la Distorsion[2] ? Ou peut-être un collègue d'Andrew Carnegie[3] ? » En fait, pas du tout. Imaginez plutôt l'un de ces commandants d'armées de démons qu'on peut voir dans les films de science-fiction. Il fuirait, pleurant sa mère, devant elle ; c'est dire à quel point La Reine d'Acier est intimidante. Quand les grosses racailles de la ville mettaient le bazar dans les salles d'arcade du centre-ville, criant des choses comme « Heein ? Kes'tu r'gardes ? J'vais t'étriper ! » et rentraient accidentellement dans La Reine d'Acier, elles recevaient une telle correction qu'elles s'agenouillaient, n'ouvrant plus la bouche que pour dire des choses comme « Je ne vis que pour vous servir. Vos souhaits sont des ordres, maîtresse. » Assez brusque comme changement, hein ? J'ai perdu le compte du nombre de fois que c'est arrivé.

... Et puis merde. On s'en fout de La Reine d'Acier, je veux parler de maillots de bain moi ! Je veux parler de maillots de bain avec tous les hommes de la planète. Tant que l'eau et les maillots de bain existent, je peux continuer à vivre.

Donc comme je le disais, les maillots de bain scolaires sont magiques. J'en suis arrivé à cette conclusion l'été de ma deuxième année de lycée. Après une longue année, je m'étais enfin habitué à l'entraînement journalier du club d'athlétisme. Malheureusement, au moment où j'ai tiré cette conclusion, ma vie était sur le point de basculer.


Partie 2

Ce jour-là je m'étirais avec précaution en prévision d'une course de cinq kilomètres. J'étirais donc un muscle du mollet, vous voyez, tandis que, par chance, le trou dans le mur était juste en face de moi, et je pouvais donc voir l'intérieur de la piscine. (C'était une coïncidence. Personne n'y pouvait rien.)

L'insoutenable soleil de juillet cognait. Sans la moindre petite brise, le soleil était haut dans le ciel du sud. L'été s'était levé sur les terrains de sport ; le genre de temps qui vous crame de la tête jusqu'aux pieds.

Le côté de la piscine était légèrement surélevé par rapport aux terrains de sport. Je pouvais voir un grand nombre de corps, vêtus d'audacieux et révélateurs maillots de bain sscolaires bleus marines, ruisselants d'eau brillante. À chacun de leurs étirements, je voyais moins de ce qu'ils portaient et plus de leurs magnifiques membres.

C'était là, en admiration face à ces maillots de bain, que j'ai compris. Le pouvoir du maillot de bain scolaire est sa manière d'envoûter les personnes qui le voient. C'est un genre de fétiche qui laisserait là un jeune homme pendant des heures. Vous êtes ici, debout, appréciant le spectacle de la magnifique rencontre des atouts féminins et de la façon dont ils sont moulés par la ten-

« Dis-moi Yokodera, qu'est-ce que tu fais ? »

J'ai cru que mon cœur allait s'arrêter. Mon rythme cardiaque s'emballa sauvagement, tandis que tout mon sang me montait à la tête.

J'étais dans le club d'athlétisme depuis un an et quatre mois. Hm, est-ce que mon petit coin de paradis avait été découvert ?

L'estomac noué, je me retournai lentement pour réaliser qu'en fin de compte, mon cœur aurait mieux fait de lâcher. De longs cheveux noirs attachés en une queue de cheval... La personne qui se tenait derrière moi était...

« L-La R-Reine d- ! »

« Reine ? Je ne comprends pas. Exprime-toi clairement. »

« R-Reine... c'est euh... Vous savez, aux échecs, la reine est la pièce la plus dangereuse donc il faut l'éliminer au plus vite, mais on n'est pas obligé de le faire pour gagner une partie. C'est comme dans la vie : on peut réussir sa vie sans nécessairement avoir à faire des compromis... n'est-ce pas ? »

La Reine d'Acier me fixa intensément. « Qu'est-ce que tu racontes ? T'as du sable dans les oreilles ou quoi ? Écoute Yokodera. Ce que je déteste par dessus tout, ce sont les faibles. Est-ce que tu sais ce qui vient ensuite ? »

Tout le monde vénère le monarque absolu, la présidente du club d'athlétisme. Elle est maligne, intelligente, et est reconnaissable par son longue queue de cheval noire. Ses manières lui donnent l'aura d'un homme. Grâce à l'alliance de sa large poitrine et des ses membres souples, il ne serait pas étonnant de la voir en couverture d'un magazine de d'athlétisme.

... Et tant qu'elle a ce regard cinglant, presque démoniaque, pointé sur vous, vous ne pouvez dire le contraire.

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La présidente du club ne change jamais d'expression. Un regard froid et perçant. Des membres fins mais bien dessinés. Peu importe où vous la regardiez, il n'y a aucune trace de rire ou de tristesse sur son visage. La seule émotion qui pouvait apparemment se refléter sur ce visage d'acier était l'exaspération. Sa fierté hautaine était aussi inébranlable que du métal, et c'est pourquoi on l'appelle La Reine d'Acier. Selon moi, ses parents,qui qu'ils soient, ont fait un travail impeccable.

Je serrai les dents, la bouche fermée.

« Tu ne sais pas Yokodera ? Alors je vais te le dire. » avait tranquillement repris la présidente. On eut dit que sa voix rauque venait des Enfers. « Ce que je hais le plus après les faibles, c'est de voir ma confiance trahie. »

« Ah euuuuh, a-attends, je crois qu'il y a un léger malentendu... »

« Il n'y a aucun malentendu. Si tu trahis ma confiance, je t'envoie rôtir en enfer. »

La rumeur que la présidente du club d’athlétisme est ceinture noire de karate, de judo et d’aikido me revint à l'esprit. En plus de ça, elle est maître de kendo et de kung fu, elle sait compter avec un boulier et est une experte en calligraphie. Le plus effrayant là-dedans, c'est qu'elle a atteint un niveau extraordinaire dans chacun de ces domaines. Bien que le comptage et la calligraphie ne soient pas des choses qu'un expert en arts martiaux irait étudier en temps normal, elle s'est perfectionnée aux maniements du boulier et du pinceau au point de pouvoir se servir de ça comme d'armes de destruction massive.

Dans ma situation, si je venais à révéler un seul moment de faiblesse, signe que j'ai trahi sa confiance en espionnant les filles du club de natation féminine - que ce soit un cadeau de la providence, une simple coïncidence ou pas - je n'ai aucune idée de ce qui m'arriverait. En dépit de la noblesse de son âme, La Reine m'a dit elle-même ce qu'elle détestait. Au vu de ce qu'il s'est passé, j'ai oublié de prendre en compte un détail. Mes points de vie sont en grand danger.

J'étais dans une impasse.

« Ah ! Regardez là-bas, Présidente ! »

« Quoi ? »

« Le ciel est rose et il y a une baleine de l'espace ! Ahhh, c'est la fin du monde ! Je dois rentrer tout de suite ! »

« Calme-toi, tu veux ? On n'a pas fini de parler. Une baleine tu dis, hein ? Où ça ? À l'est ? Ou au sud peut-être ? Hm ? Peu importe. On va laisser le monde se défendre tout seul. »

Juste quand je m'apprêtais à m'enfuir vers la sortie, elle m'attrapa par le col. Comme on pouvait s'y attendre de La Reine d'Acier, elle a des yeux derrière la tête.


Je suis mort. Ça y est, c'en est fini de moi.


« Mais je suis un homme après tout. » ai-je dit à haute voix. « Puisqu'on en est arrivé là, sachez que je ne m'excuserai pas. Je l'ai fait sur un coup de tête. Non, c'était une regrettable coïncidence. Non non, laissez-moi me corriger, ce sont des organisations secrètes qui complotent contre moi. J'ai été piégé ! »

« Mais de quoi tu parles depuis tout à l'heure ? La fin du monde, des organisations secrètes... Que... Peu importe. Epargne-moi tes fantaisies. Je t'ai dit que je déteste qu'on trahisse ma confiance parce que je veux que tu sois le prochain président du club. »

« Je le jure ! Je n'ai jamais eu l'intention d'espionner qui que... Vous venez de dire que je vais être le prochain président du club ? »

« Espionner ? Qu'est-ce que tu racontes encore ? »

Un vrai quiproquo. Notre conversation était comme les lames émoussées d'une paire de ciseaux, incapables de se rencontrer l'une l'autre.

« Donc euh... quand vous dites président du club, vous voulez dire quoi exactement ? »

« Pourquoi cette question, ça veut dire ce que ça veut dire. Dis-moi plutôt, c'est quoi cette histoire d'espionnage ? »

« Je me suis dit qu'on pouvait être les sujets d'expérimentation d'un organisme secret qui étudie le genre humain. Nous sommes observés ! »

« Un organisme secret... ? Je ne comprends pas vraiment... Dis-le avec des termes d'athlétisme. »

« C'est comme si Carl Lewis faisait la course avec un TGV, tandis que son conducteur le regardait et se moquait de lui. »

« J'ai rien compris. »

« Moi non plus, je ne comprends pas. Quelle joie de rencontrer un camarade ignorant ! D'ailleurs Présidente, vous êtes la présidente du club. Vous ne pouvez être que vous, autrement dit, vous êtes la présidente du club. »

La présidente ouvrit légèrement ses lèvres et laissa s'échapper un soupir de frustration. Avec de grands efforts, elle plaça une main sur une de mes épaules. Je choisis de ne pas opposer de résistance, comme si j'étais Gandhi lui-même.

Lorsqu'ils réalisèrent ce qu'il se passait, les membres du club d'athlétisme qui étaient au bord des pistes se mirent à murmurer avec intérêt. On eut dit que la présidente du club se préparait à faire un discours. Moi qui n'avais rien demandé, et qui m'occupais de mes propres affaires - le mur en béton - j'étais devenu le centre d'attention.

« Je ne devrais pas avoir à le faire, mais je vais le dire une seconde fois. » La présidente adressa son discours aux membres alignés derrière moi. Je pensais enfin être libéré quand elle me cloua au sol avec son seul regard. Le club d'athlétisme était en un instant devenu un spectacle. Sans l'autorisation de la présidente, je ne pouvais m'échapper. « Yokodera, je ne te l'ai jamais dit avant, mais tu es un type talentueux. »

« ... Serait-ce un sarcasme ? Une question piège ? À moins que vous ne vouliez me prendre sur le fait depuis tout ce temps ? Enfin, c'est pas comme si je pouvais être pris sur le fait de quoi que ce soit. Je n'ai rien fait, je le jure ! »

« Pourquoi est-ce que tu trembles ? Sais-tu à quelle période de l'année nous sommes ? »

« Hein ? Eh bien, nous sommes dans la période où les filles s'habillent très légèrement. »

« Exactement. Attends, quoi ? Ahh... La semaine prochaine sera la première de juillet. Ce sera le dernier été des troisième année. Il va y avoir une réunion après que le tournoi inter-scolaire sera terminé, mais je veux m'en débarrasser avant le début du prochain semestre. »

« Oh, ça m'a l'air embêtant. »

« Pourquoi est-ce que tu sembles si peu concerné, futur président du club ? »

Je vis alors un doigt, bruni par le soleil, se pointer sur moi. La présidente... me pointait du doigt ?

« ... Euh, pardon ? »

« Pourquoi regardes-tu derrière toi ? C'est de toi que je parlais. »

Elle semblait aussi énervé qu'à son habitude, mais à moins que j'eus mal entendu, elle venait de me complimenter. C'était à ma connaissance la première fois que La Reine d'Acier félicitait quelqu'un. Ça devait être une première mondiale.

J'étais confus. Aucun membre n'avait préparé de pancarte pour cet heureux événement. En fait, tous se regardaient honteusement.

Dans le club d'athlétisme, les mots de La Reine sont synonymes de loi. Si elle dit que les corbeaux sont blancs, alors ils le sont. Si elle vous dit de courir, alors vous courez, qu'il pleuve, vente ou neige. Elle avait toujours raison, et même quand elle avait tord, elle avait raison.

Et que venait-elle de dire ?

« Alors, euh, c'est une blague c'est ça ? »

« J'ai beaucoup réfléchi à décider de qui serait mon successeur à la tête de ce club. Yokodera, depuis le jour où tu l'as intégré, tu n'as pas raté un seul entraînement. Jamais tu n'as négligé tes exercices. De plus, tu as bien grandi. Oui, tu es le membre le plus précieux de notre club. »

« V-Vous exagérez ! »

« Certes, tu as développé quelques habitudes bizarres depuis quelque temps, et tu as encore du chemin à faire, mais ton cœur est bon. Pas une seule autre personne n'aime le club d'athlétisme autant que toi. Vous devriez prendre exemple sur ce garçon, les autres. Peut-être cela vous permettrez de vous éveiller à l'athlétisme. »

L'apparence aussi imposante que d'habitude, la présidente secoua légèrement sa queue de cheval dans son discours. D'une manière ou d'une autre, il semblerait que le trou dans le mur n'ait pas été découvert.

Mais ma situation était devenue encore plus ridicule.

Les membres du club me regardaient tous avec envie. Leurs pensées étaient si limpides qu'elles étaient blessantes. "Alors comme ça, tu penses pouvoir devenir le second Roi juste parce que La Reine d'Acier ta complimenté ? À d'autres. C'est pas grand chose, arrête de nous regarder de manière aussi suffisante."

Je n'en suis pas particulièrement fier, mais c'est vrai que je suis un membre assidu du club d'athlétisme. De plus, refusant de céder à cet entraînement de Spartiates venu de l'enfer, je me suis pris en mains, et mes résultats en saut s'en sont retrouvés drastiquement améliorés, à l'instar de mes temps au 5000 mètres.

Inutile de préciser que si j'ai fait tout ça, c'est uniquement pour les maillots de bain. Plaisir et souffrance sont deux faces de la même pièce. Quand je m'étire, je le fais de manière à mettre ma main dans le mur, et plus vite j'arrive à la ligne d'arrivée dans une course, plus de temps je pouvais passer près du mur. Si on m'avait dit que ça allait faire de moi le prochain président du club, j'aurais cru que c'était une blague.

"Désolé d'avoir pris l'athlétisme au sérieux." était lisible sur le visage de tous, mais pas sur le mien. « Présidente. M-Merci beaucoup pour cette offre, m-mais... »

« Hm ? »

« C'est pas que j'aime ou pas le club d'athlétisme... »

« Mmh »

« Quand j'ai rejoint le club, j'avais en quelque sorte, euh... un objectif tout autre en tête... »

« Assez de cette fausse modestie. Tu peux t'exprimer librement tu sais ? » s'exclama La Reine d'Acier, en donnant un coup de pied dans le sol avec irritation, chassant par là même toute la générosité et la bienveillance qu'elle avait précédemment.

« C'est ce que je fais, bien qu'après un tel discours, je ne m'en sente pas le droit. » Les mots sortent tout seuls, comme par magie. Une seconde voix, dans ma tête, a pris le dessus. Effrayant.

« Alors, qu'est-ce qu'il y a ? Demande ce que tu veux. »

« Je ne fais que demander. » (<- la deuxième voix)

Je pouvais voir la profondeur de ses intentions meurtrières dans son regard. Sa présence d'acier enveloppait mon corps. Qui pouvait se tenir debout face à La Reine et la défier ? Si elle devenait sérieuse, personne ne serait en mesure de l'arrêter.

... Malgré tout, je devais lui dire la vérité.

Si je ne le faisais pas, je le regretterais sûrement pour le reste de ma vie.

« Je suis vraiment désolé, et c'est incroyablement difficile à faire, mais ce que j'essaye de dire, c'est que... »

« Tu es trop indécis ! Clairement, je veux que tu t’exprimes clairement ! »

« Je suis né pour vous succéder ! Être choisi pour devenir le prochain président du club m'emplit d'une joie extrême ! J'accepte humblement votre offre ! »

« Hm ! Yokodera, t'entendre dire ça me redonne confiance ! Ne me déçois pas. »

« ... Oui. »

J'avais bafouillé il y avait encore peu, mais j'avais repris mes esprits.

Satisfaite, la présidente du club donna un léger coup de tête en arrière. Il ne faisait aucun doute que lorsque la présidente serait partie, elle continuerait de tirer les ficelles depuis les coulisses d'une main de fer, et que je ne serais plus que son toutou.

Dans l’accalmie qui suivit, les autres membres soupirèrent. Ils avaient compris eux aussi. J'espérais seulement qu'ils avaient soupiré par compassion pour moi.

Dans une vision, je me vis suivre un chemin gris jusqu'à sa fin, mes alentours piégés par un mur d'acier. De sombres ténèbres tombèrent jusqu'au sol, et tandis qu'elles s'étendaient, recouvrant une zone de plus en plus large, elles avalèrent le monde entier.


Du plus profond de mon cœur, je me dis : Fait chier !

Partie 3

Partie 4

Partie 5

Partie 6

Partie 7

Notes de traduction

  1. Ad nauseam : Répéter une action jusqu'à en être dégoûté.
  2. "Roi de la Distorsion" : Référence à Boogiepop, l'un des précurseurs du genre light novel.
  3. Andrew Carnegie : Industriel renommé pour avoir considérablement participé au développement de l'industrie de l'acier aux USA au XIXe siècle.


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