Chrome Shelled Regios:Tome 1 Chapitre 1

From Baka-Tsuki
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Chapitre 1 : L'école commence[edit]

Ça fait un mois que nous nous sommes séparés et j’ai enfin atteint Zuellni. Je suis arrivé juste à temps pour la cérémonie d’ouverture. Il y a eu cinq changements de bus avant que je n’arrive ; ayant vécu dans une seule ville jusque là, je n’avais jamais réalisé à quel point voyager pouvait être difficile. Atteindre une autre ville n’est pas facile, puisque elles bougent toutes selon leurs propres désirs. Je n’ai jamais compris pourquoi les anciens alchimistes ont rendu les villes conscientes d’elles-mêmes. Mais maintenant, je vois que ceci a été fait afin qu’elles puissent éviter les Contaminés et nous protéger. Je comprends ça maintenant.

Pendant le trajet, quelques Contaminés ont ignoré mon bus. Leur apparence cruelle et dangereuse était terrifiante. La pensée d’être attaqué dans un bus, sans aucun moyen de s’échapper, était suffisante pour me dresser les cheveux sur ma tête.

Mais ne t’inquiète pas, notre bus n’a pas été attaqué. Je pense que notre chauffeur était un véritable professionnel. Il a arrêté le bus pendant trois jours pour éviter que nous ne soyons découverts. À ce moment-là, mon cœur m’a fait mal. C’est assez effrayant d’être attaqué par les Contaminés. Comparé à ça, tout de même, ça aurait été pire que le bus soit endommagé et coincé sur cette terre desséchée et écarlate. Ça équivalait à une peine de mort. Pourtant, au final, j’ai atteint Zuellni sans encombre.

J’écris cette lettre dans ma chambre du dortoir. C’est une chambre double, mais heureusement, je n’ai pas de colocataire. Je n’ai jamais eu de chambre pour moi tout seul. J’en suis vraiment heureux.

Comment vas-tu là-bas ? Tu t’habitues à ta nouvelle vie ?

Je viens juste de réaliser que je ne connais toujours pas ton adresse. J’enverrai la lettre à ton école. J’espère qu’elle arrivera sans encombre entre tes mains. Ce serait super que tu puisses inclure ta nouvelle adresse à ta réponse. Après tout, le directeur ne voudrait pas voir mes lettres arriver à l’orphelinat maintenant.

Eh bien –

Je te souhaite une paix éternelle pour ta nouvelle vie et la ville sur laquelle tu te tiens.

À ma chère Leerin Marfes,

Layfon Alseif



Les villes mobiles, les Regios, sont réparties à travers le monde sous une myriade de formes. Depuis la forme basique et standard qui fournit tout ce qui est nécessaire à la survie des humains à des formes qui se spécialisent en des domaines spécifiques.

L’une de ces formes est la Ville Académie.

Zuellni – la Ville Académie Zuellni.

Les bâtiments de l’école au centre de la ville offrent des installations pour tous les secteurs d’étude.

De grands groupes d’élèves se dirigeaient vers le grand hall, qui était suffisamment imposant pour recevoir tous les élèves à l’intérieur.

Habillés de façon décontractée, les élèves des Études Générales marchaient tout en discutant avec leurs amis.

Des sourires gênés s’affichaient sur les visages des élèves en Agriculture et en Ingénierie Mécanique, qui n’étaient pas habitués à des uniformes qu’ils n’avaient pas portés depuis longtemps.

Les élèves en Alchimie et en Médecine portaient des blouses blanches et sales par-dessus leurs uniformes.

Les élèves en Arts Militaires, contrairement aux autres, marchaient vers le hall la tête haute.

Des élèves avec des caractéristiques différentes se faisaient tous engloutir par le hall.

Le but de cette ville autonome était d’exister pour ses élèves et d’être utilisée par ses élèves. Aujourd’hui, elle tenait une cérémonie pour accueillir ses nouveaux de première année.

Mais il semblait que la cérémonie allait être retardée.

Une heure plus tard.

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Layfon se tenait debout, une expression perplexe au visage.

"Enfin bref, devrions-nous nous asseoir et parler ?"

"Ou-Oui !"

Après avoir donné une réponse tendue, il ne pouvait toujours pas s’asseoir sur le sofa comme on le lui avait demandé.

L’élève lui faisant face s’assit derrière un grand bureau d’affaires. Contrairement à Layfon, il émanait de lui un air de maturité. Ses cheveux d’un blanc argenté encadraient un visage élégant arborant une douce expression, mais ses calmes yeux d’argent semblaient juger Layfon.

Son regard perçant fit darder le regard de Layfon, paniqué, dans toutes les directions. À travers ses chaussures, il pouvait sentir la douceur du tapis en dessous de lui. Le sofa et la table utilisés pour des réunions se trouvaient devant lui. Des étagères s’alignaient le long d’un des murs, remplies de rouleaux instructifs.

Avant que Layfon n’entre dans cette pièce, il avait vu la plaque sur laquelle étaient gravés les mots "Président des Élèves" à côté des portes.

"Je ne me suis pas encore présenté. Je suis Karian Loss, un élève de sixième année."

Les élèves étaient inscrits pour six ans à Zuellni, alors Loss était dans la classe la plus élevée.

Et il était également le Président des Élèves.

La personne en charge de cette école.

"Je suis Layfon Alseif."

Le dos droit, Layfon annonça clairement son nom. Il sentait une sueur froide perler de son front.

Karian sourit.

Ils étaient seuls dans la pièce.

"Je n’avais pas l’intention de te punir."

La voix teintée d’un sourire amer aida Layfon à se calmer. Il avait été tendu pendant tout ce temps, puisqu’il n’avait aucune idée de pourquoi il avait été convoqué dans cette pièce.

"Tout d’abord, laisse-moi te transmettre ma gratitude. Grâce à ton aide, aucun des nouveaux élèves n’a été blessé."

La cérémonie d’ouverture avait été annulée à cause d’une émeute.

Deux élèves en Arts Militaires, venant de villes ennemies, s’étaient rencontrés par hasard avant la cérémonie, causant le trouble. Ils avaient commencé par se regarder fixement, puis à se quereller et avaient fini par se battre.

Les Arts Militaires – différents pouvoirs spéciaux qui étaient nés pour protéger l’humanité du mal sur cette terre polluée.

Les Arts Militaires étaient le secteur qui accueillait les utilisateurs de tels pouvoirs spéciaux.

Si des personnes se battaient entre elles sérieusement en utilisant de tels pouvoirs, les choses allant de mal en pis, même des élèves normaux pouvaient souffrir de blessures ou être tués. Dans les yeux de Karian se trouvait une gratitude véritable.

"La nouvelle règle qui n’autorise les nouveaux élèves à être armés qu’après une demi-année existe parce que certains d’entre eux ne comprennent pas où ils sont maintenant… C’est insupportable. C’est une grande quantité de travail pour moi de régler les choses tous les ans."

Mais il y avait encore des gens qui utilisaient des armes. Parfois, une simple bagarre pouvait dégénérer en bataille faisant couler le sang.

Layfon ne put répondre que confusément au Président des Élèves qui avait souri amèrement mais parlé de manière directe et franche.

"En parlant de ça, un élève en Études Générales qui réussit à surpasser des élèves en Arts Militaires. Tu dois avoir quelques compétences dans le domaine des Arts, n’est-ce pas ?"

"C’est juste un loisir. Um…"

Le silence du Président des Élèves fit déglutir Layfon.

"Si ton niveau est juste celui d’un amateur, alors nous devrions relever nos normes d’admission pour le cursus des Arts Militaires."

La nouvelle à propos du combat entre des élèves en Arts Militaires à la cérémonie d’ouverture s’était propagée jusqu’aux élèves d’autres cursus. Les Nouveaux Élèves arrivant à Zuellni venaient de milieux divers. En plus des élèves s’étant impliqués dans le combat, il y avait des étrangers que personne n’aimait. L’atmosphère dangereuse se répandant depuis le centre des Arts Militaires influençait les élèves des autres cursus.

L’atmosphère de révolte affectait aussi le secteur des Études Générales. Les Élèves les plus proches du combat se bousculèrent et s’écrasèrent les uns les autres en s’échappant, enflammant la colère d’adolescent dormant dans les étudiants.

Juste au moment où les choses étaient sur le point d’échapper à tout contrôle, un immense bruit se répercuta à travers le hall.

Un silence immédiat suivi, et tous les yeux se tournèrent vers la source du bruit.

Là où les élèves avaient commencé l’émeute, ces derniers étaient étendus immobiles sur le sol, Layfon se tenant entre eux.

"C’était juste de la chance. Ils étaient aveuglés par la colère et ne m’ont même pas remarqué."

"Oui, oui."

Karian acquiesça joyeusement en entendant l’excuse de Layfon. Il souriait avec son visage, mais pas avec ses yeux. Une fois de plus, Layfon sentit que le Président des Élèves l’avait percé à jour.

Honnêtement, ce n’était pas un sentiment confortable.

Tout en supportant la pression qu’il sentait prête à le forcer à entrer dans une zone dangereuse, Layfon tenta de mettre fin à cette conversation.

"Comme je n’ai rien fait de mal, je retourne en classe."

"Tu ne peux pas !"

Karian empêcha Layfon de lui tourner le dos.

Le court démenti arrêta les pas de Layfon.

"Comme je l’ai dit, je n’ai pas l’intention de te punir, Layfon Wolfstein Alseif."

Le titre placé entre son nom et son prénom fit lever les sourcils de Layfon.

"… Qu’est-ce que ça signifie ?"

"Je me fiche que tu continues à jouer à l’idiot. Voici une suggestion. Layfon Alseif, que dirais-tu de passer des Études Générales aux Arts Militaires ?"

"Quoi ?"

"Heureusement, il y a maintenant deux places libres en Arts Militaires grâce à ces deux fauteurs de trouble. Nous avons une règle ici interdisant aux élèves d’amener les problèmes de leurs villes d’origine à l’académie. Ceux qui ont signé le contrat et ne l’ont pas respecté pendant la cérémonie d’ouverture n’ont pas le droit d’être des combattants. Le blâme pour l’émeute leur revient, alors je les ai déjà bannis de leur cursus sous la forme d’un ‘désistement volontaire’."

"Non, s’il vous plaît, attendez."

Les deux élèves n’étaient pas importants pour Layfon.

"Je n’ai pas l’intention de changer de majeure."

Il communiqua clairement son opinion. Changer pour les Arts Militaires… ne le faisait pas rire.

"Je suis venu ici pour suivre des Études Générales."

"Les Arts Militaires sont aussi un secteur d’étude. Non, peu importe le cursus dans lequel tu te trouves, les Études Générales sont obligatoires jusqu’à la troisième année. Même si tu choisis les Études Générales, tu dois quand même te spécialiser dans quelque chose après trois ans, alors tu n’apprendras pas de choses différentes même si tu changes."

"Le problème n’est pas là."

"Alors quel est le problème ?"

Confronté à cette question, son souffle se retrouva coincé dans sa gorge.

"… Les Arts Militaires ne m’intéressent pas."

"Je vois," Karian acquiesça exagérément. C’était clairement de la comédie. L’expression dans ses yeux changea à peine, se courbant juste de joie.

"D’ailleurs, j’ai une bourse. J’ai déjà postulé pour un travail et des études. Je dois travailler pendant mon temps libre. Il ne me restera pas assez d’énergie pour les Arts Militaires."

"Je voix. C’est un bon argument."

Karian ne montrait son accord qu’avec sa bouche. Il ne semblait pas persuadé du tout.

Il sortit un document d’un tiroir.

"Um, Layfon Alseif, bourse de rang D, travail à temps partiel et études. Ton travail est de nettoyer la Chambre du Mécanisme Central… Je vois, c’est un boulot ardu prenant du temps. Sais-tu que le nettoyage à lieu pendant que la ville se repose, depuis le crépuscule jusqu’à minuit passé ? Beaucoup d’élèves qui travaillent détestent nettoyer là-bas. C’est un travail difficile et les heures sont terribles. Est-ce que tu comprends ? Le salaire n’est pas trop mauvais, mais le travail est difficile. Chaque année, de nombreux élèves postulent pour travailler ailleurs, ou quittent l’académie parce qu’ils n’ont pas réussi l’évaluation de bourse. Et la bourse que tu as est de rang D. As-tu déjà pensé au fait que tu dépenseras toute ta paie en frais de scolarité ?"

"Oui, exactement comme vous le dites."

"Franchement, ne sera-t-il pas difficile de passer six ans comme ça ?"

"J’ai confiance en ma force physique."

Le sourire de Karian changea. Ce dernier était plein de sourires aux yeux de Layfon, et quelque chose qui ressemblait à un sentiment favorable envers Layfon sortit de lui.

"Ah, peut-être que tu as raison. Tu devrais avoir confiance en ta force physique. C’est exactement pourquoi je souhaite que tu passes en Arts Militaires."

"Pourquoi faire ?"

"Connais-tu la Compétition d’Arts Militaires entre les villes Académies ?"

"… Non."

Karian parla sans se montrer déçu par le manque de connaissances de Layfon : "Pour faire simple, la Compétition a lieu une fois tous les deux ans."

Layfon pouvait deviner où voulait en venir Karian.

"C’est une habitude des villes. Je n’ai aucune idée de ce à quoi les alchimistes pensaient, mais les villes combattent pour des territoires tous les deux ans. Ce qui est le plus intéressant est qu’elles ne concourent que contre le même type de villes… Je pourrais dire que les villes ont été trop bien faites."

Bien que les villes se battent pour des territoires, c’étaient en fait les personnes habitant dans les villes qui exécutaient les combats.

"Bien sûr, cela s’appelle la Compétition des Arts Militaires, mais en réalité, la compétition est comme… les guerres qui ont lieu entre les villes normales."

La guerre. L’expression de Layfon devint sinistre.

"Bien sûr, notre but est de mener un combat d’élèves universel. L’Alliance des Villes Académie supervise tous les combats. Des armes non létales sont utilisées. Les épées sont engainées. Des balles anesthésiantes sont utilisées. Mais comme c’est une guerre, il n’y a pas tant de différences concernant ce que le gagnant obtient et ce que le perdant perd. Ce n’est pas aussi tragique qu’une véritable guerre, mais la conclusion reste la même."

"Est-ce que c’est la vie… de la ville ?"

"Oui," acquiesça Karian.

Les villes avaient une conscience. Elles étaient vivantes. Elles avaient besoin de nourriture pour continuer à survivre. Même si elles étaient des machines, elles avaient besoin d’énergie pour maintenir leurs fonctions.

La source de la vie d’une ville… est leur nourriture, un type de métal appelé sélénium.

"Le sélénium est un métal né après que la terre soit devenue polluée, et c’est donc facile à obtenir. Pour faire simple, tu peux probablement en trouver en creusant la terre par ici. Mais c’est une action dangereuse avec les monstres sales dans les environs. D’ailleurs, nous ne pouvons obtenir de sélénium pur que dans des mines avec un certain niveau d’énergie."

Alors, le vainqueur prenait possession de la mine et le perdant la perdait. Tout en augmentant la prospérité de leur propre bout de terre, les gens réduisaient l’espérance de vie d’un autre.

"Quand je suis entré pour la première fois à l’Académie, Zuellni avait trois mines. Maintenant, il n’en reste qu’une," soupira Karian.

Ce qui signifiait que Zuellni avait perdu dans les deux dernières compétitions et que son niveau en Arts Militaires était bien plus bas que celui des villes voisines.

"La quantité de sélénium pur que nous pouvons extraire de cette mine restante est incertaine. J’envisage d’envoyer quelques alchimistes là-bas pour enquêter la prochaines fois que notre ville en approche."

"En d’autres termes, si nous perdons la prochaines fois, il n’y a de plan de secours ?"

"Exactement. Les villes déterminent le sujet de la Compétition à venir. Nous ne pouvons pas ne pas participer."

‘Si nous perdons…’ cette simple pensée fit frissonner Layfon.

Même si une ville perdait toutes ses mines, ses fonctions ne s’arrêteraient pas tout de suite grâce à une réserve d’urgence de sélénium.

Mais cela ne pouvait que retarder l’inévitable pour une courte période.

La ville mourrait. Les humains auraient perdu de l’espace pour vivre. Une fois qu’une ville était morte, elle retournait à la terre. Les gens ne pouvaient pas la sauver.

Une ville mourant de faim était la même chose que son peuple mourant de la famine.

En pensant à cela, un frisson soudain secoua le corps froid de Layfon. La ville dans laquelle il venait juste d’arriver allait mourir. Il n’avait pas vraiment de lien avec l’Académie, mais la possibilité que la ville meure était terrifiante.

Quand une personne était jeune, si elle découvrait que la ville dans laquelle elle vivait pouvait mourir, elle était assez effrayée pour trembler de tout son corps. Cette expérience était la même pour tout le monde.

En entendant que la peur qu’il avait ressentit dans son enfance pouvait devenir réalité, Layfon sentit qu’il était vraiment comme lorsqu’il était enfant, tremblant de tout son corps.

Mais, malgré tout…

"Je…"

Combattre… Je ne peux pas faire ça.

Oui, disons cela.

Avec détermination, il leva son regard, se préparant à refuser la proposition du Président des Élèves qui le regardait depuis son bureau.

Mais, les mots ne vinrent pas.

Le Président des Élèves regardait Layfon.

Le sourire sur le visage de Loss avait disparut. L’expression sans émotion semblait être trop calme. Cela contrastait avec son regard glacial épinglant Layfon.

Karian parla à un Layfon à bout de souffle : "Je termine mes études cette année. Tant que c’est une ville académie, personne ne peut rester ici après avoir eu son diplôme. Cela signifie qu’une fois que je l’aurais, je ne serai plus lié à cet endroit. Mais j’aime vraiment l’académie. Ne penses-tu pas qu’il est triste de perdre ta chose préférée même si tu ne peux plus poser le pied sur ce bout de terre ?

Il est naturel de vouloir protéger ce qui est précieux. Pour quelqu’un qui tombe follement amoureux. Ne penses-tu pas que le destin est d’atteindre son but par tous les moyens possibles ?"

Un léger sourire apparut sur le visage du Président des Élèves. Juste cela. C’était sa façon de plaisanter dans une situation solennelle.

"Ta bourse sera élevée au rang A. Tous tes frais de scolarité seront levés. Tu devras seulement gagner de l’argent pour tes frais de la vie quotidienne. Si tu n’es pas désireux d’être à la mode, tu n’auras pas à dépenser beaucoup, alors tu n’as pas à te forcer à nettoyer la Chambre du Mécanisme Central. Est-ce que ça va ?"

La rationalité lui disait de ne pas acquiescer. Mais son instinct lui hurlait de le faire.

Et alors, Layfon quitta la pièce d’un pas titubant, tenant un uniforme des Arts Militaires qui avait d’une certaine façon été placés dans ses mains.



Quelques minutes après que sa porte eût été fermée faiblement, il y eut des frappements impatients.

"Entrez."

C’était une fille en uniforme des Arts Militaires. Une fille avec des cheveux dorés coupés court. Une fille pleine de détermination et de résolution.

"Désolée de vous déranger."

Une paire d’yeux perçants se trouvait sous de nets et épais sourcils. Ces yeux regardaient le Président des Élèves avec défi. Le son du harnais serré autour de sa taille accompagnait ses moindres pas. Ce qui se trouvait à l’intérieur du harnais n’était pas une épée, mais deux choses en forme de tiges. Les fils sur le harnais indiquaient qu’elle était une élève de troisième année.

La fille se tint droite devant le bureau et son regard croisa celui du Président des Élèves.

"Je suis une troisième année en Arts Militaires, Nina Antalk. J’ai entendu dire que vous me cherchiez ?"

"Oui, je te cherchais."

Karian sourit.

"Que vouliez-vous ?"

"As-tu trouvé assez de membres ?"

La question soudaine fit froncer les sourcils de Nina, mais elle prit garde à son attitude et répondit : "Pas encore."

"Oui, c’est ce que je pensais. Tu ne m’as pas encore envoyé le rapport sur les membres de ton équipe depuis le jour où tu as pris le formulaire de demande. La cérémonie d’ouverture est finie. Si tu ne te dépêches pas pour remplir la liste des membres de ton équipe, tu ne pourras pas participer à la prochaine compétition des Villes. Dans ce cas, tu deviendras le soldat de plus bas niveau dans le prochain tour des compétitions de Section."

"Excusez-moi, Président des Élèves. La cérémonie d’ouverture n’a-t-elle pas été retardée ?"

"Elle a été annulée par manque de temps dans le planning. C’est dommage. Je n’appellerai pas tout le monde dans le hall une nouvelle fois. À cause de la compétition des Arts Militaires de cette année, il y a beaucoup de choses à faire."

Le visage de Nina tomba. Elle resta silencieuse.

"Je pense que c’était suffisant pour observer les nouveaux élèves à la cérémonie d’ouverture. Qu’en penses-tu ?"

"Personne ne convient. Tout le monde a trop été affecté par l’atmosphère. On ne peut pas dire ce qui pourrait se produire dans une bataille. Je veux quelqu’un qui puisse observer calmement sans être pris dans la confusion."

Nina avait regardé l’émeute du début à la fin aujourd’hui. Tous les nouveaux élèves en Arts Militaires avaient été affectés par les deux qui avaient tout commencé. Les expressions violentes sur leurs visages disaient qu’ils voulaient se joindre à la bataille et empirer le désordre.

Se faire prendre dans cet état par les ennemis était comme creuser sa propre tombe.

"N’y a-t-il personne qui convienne ?"

Nina ne répondit pas immédiatement. Son regard confus bougeait de haut en bas.

"Non…"

Au cœur de son hésitation flotta l’image du nouvel élève. Celui qui avait réprimé les deux fauteurs de trouble sans que personne ne le sache. Il avait supprimé le centre de l’émeute pour empêcher les émotions violentes de se propager, et en même temps, avait exagéré son action pour menacer les gens qui s’étaient fait prendre dans l’émeute. Elle trouvait que sa réponse était évidente.

Mais…

"Il est en Études Générales."

Le nouvel élève portait l’uniforme des Études Générales. Ainsi, il ne pouvait pas participer à la compétition.

Mais le Président des Élèves sourit joyeusement.

"Oui, c’était vrai, jusqu’à maintenant."

"… Qu’est-ce que ça signifie ?"

"Il vient juste d’être transféré en Arts Militaires."

Une expression de désapprobation apparut sur le visage de Nina.

"Je ne peux pas gâcher un matériau aussi bon."

"Alors vous avez ignoré son souhait ?"

"Je ne l’ai pas ignoré. Je lui ai montré le plus haut niveau de sincérité. Il devrait en être assez satisfait."

"Vraiment ?"

Nina comprenait à quel point l’attitude du Président des Élèves pouvait être dure. La dernière fois, pendant l’élection du Président des Élèves, Karian n’était pas nominé, pourtant, au moment où il était glorieusement devenu candidat, il avait engagé un combat d’une rare intelligence avec ses adversaires, les faisant perdre.

"La vérité n’est pas importante. Que penses-tu maintenant qu’il est en Arts Militaires ? C’est la seule réponse que je veux connaître.

Que va-t-il en être ? À ce train-là, tu n’auras pas assez de membres. As-tu l’intention de vivre la même honte qu’avant, mais maintenant en tant que soldat de bas rang ?"

Nina serra les dents.

"Je n’ai pas une telle intention."

"Alors que devrais-tu faire ? Je pense que la réponse est claire."

Karian glissa à Nina un document sur le bureau. C’était un résumé sur lequel était écrit le nom "Layfon Alseif." Le document avait clairement la structure d’un résumé, ainsi qu’une photo d’identité de Layfon.

"Je vous prie de m’excuser."

Après avoir jeté un coup d’œil au document, Nina tourna le dos à Karian et quitta la pièce. Il sourit au dos de la fille qui ne lui avait pas donné de réponse.

Se retrouvant seul une fois de plus, Karian sortit un nouveau document et le posa à côté du résumé sur Layfon. C’était aussi un résumé, mais sur lequel était marqué le nom de Nina Antalk.

"Si les choses se passent bien, cela deviendra la plus forte des équipes. La question est maintenant comment l’exploiter…" murmura-t-il. Il ne semblait pas du tout joyeux.



Sur le chemin pour retourner dans sa salle de classe, Layfon se changea et revêtit le nouvel uniforme dans une infirmerie qu’il trouva. Le Président des Élèves l’avait menacé en lui disant que s’il continuait à se balader sans uniforme, cela serait considéré comme étant une fraude.

Tenant à la main l’uniforme des Études Générales, il entra dans la salle de classe pour récupérer son sac. D’un uniforme auquel il ne s’était pas encore habitué à un autre… Il n’était pas familier avec cet uniforme, mais ce dernier lui donnait un sentiment intrigant.

Aussi, le nouvel uniforme lui allait à la perfection.

"Bon sang, ça a dû être planifié !"

En marchant dans le couloir, Layfon ne pouvait pas s’empêcher de jurer tout haut. Sa taille et son poids étaient dans la norme pour un garçon de son âge, mais son bras droit était légèrement plus long que le gauche. Son uniforme des Études Générales avait été modifié pour satisfaire à cette différence, mais comment l’uniforme des Arts Militaires lui ayant été donné sur une décision prise sous l’impulsion du moment pouvait-il lui aller parfaitement ?

Ce qui signifiait – la vérité ne pouvait être changée.

"Pourquoi… Comment l’ont-ils découvert ?"

L’anxiété le saisit. Il était venu ici avec une majeure en Études Générales pour chercher un monde qui n’avait rien à voir avec les Arts Militaires, mais le premier jour de son arrivée, il avait une fois de plus marché dans ce monde qu’il voulait laisser derrière.

"Ah ah ! Pourquoi n’ai-je pas refusé ? Je suis vraiment un lâche… un lâche !" cria Layfon.

Seule la cérémonie d’ouverture avait lieu aujourd’hui, alors personne n’était dans le couloir. Sans s’en inquiéter, il cria à nouveau : "Comment aurais-je dû le dire ? Ce Président des Élèves est trop effrayant ! Quel genre de regard était-ce ? Ça me terrifie vraiment. Comment aurais-je pu résister à ce genre de personne ?"

Ayant tout laissé sortir, Layfon arriva à sa salle de classe. Ah, ce qui voulait dire que sa salle de classe serait différente maintenant. Mais le Président des Élèves ne l’avait pas du tout mentionné ? Que devait-il faire ? Layfon ouvrit la porte.

La porte s’ouvrit et la scène à l’intérieur de la pièce entra dans le champ de vision de Layfon.

"Ah !"

Le son l’atteignit.

Il y avait encore des élèves dans la salle de classe.

"Regarde, regarde. Il est vraiment en Arts Militaires. Yeah~~ J’ai gagné. Je suis chanceuse -- !"

L’une des filles sauta d’excitation. Ses cheveux noisette, noués en deux couettes de chaque côté de sa tête se balancèrent avec son mouvement.

Seules trois filles étaient dans la salle.

Leurs regards curieux étaient collés de très près et sans réserve à Layfon. Ce dernier s’immobilisa.

"Pourquoi ! Est-ce qu’il ne portait pas un uniforme des Études Générales ? C’était trompeur," dit une fille rousse. Elle portait le même uniforme que Layfon. Et comme Layfon, un harnais vide se balançait à sa taille.

"Tu n’as pas d’uniforme des Études Générales. Hey, qu’est-ce que ça veut dire, au juste ?" le questionna-t-elle comme si elle lui demandait des comptes.

"Uh, quelque chose s’est passé…"

"Alors ? Veux-tu dire que je n’ai pas cet uniforme parce que je ne suis pas mignonne ? C’est ça ?"

Même si tu me le demandes, je ne peux rien y faire. Quant à la fille, elle était plus belle que mignonne. Comparé à l’uniforme des Études Générales conçu pour la séduction, Layfon pensait que les bords anguleux de l’uniforme des Arts Militaires lui allaient mieux.

Mais la fille n’était pas satisfaite.

"Attends un moment, Nakki, calme-toi. Tu causes des problèmes à Mei-chi," conclut la fille avec les deux couettes. La rousse s’arrêta comme si elle avait pensé à quelque chose, puis elle se déplaça sur le côté pour l’autre fille.

"C’est vrai. Dépêche-toi, Meishen."

Une main dans le dos de la troisième fille, la rousse la poussa pour qu’elle se place devant Layfon.

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La troisième fille avait de long cheveux coulant jusqu’en dessus de ses épaules. Elle semblait timide et douce. Son visage faisant face au sol, elle semblait effrayée. Ses sourcils étaient courbés comme si elle était sur le point de pleurer. Son visage était légèrement rouge.

"Uh, merci… merci beaucoup." Dire juste ceci sembla lui prendre toute son énergie. La fille aux cheveux noirs se cacha derrière la rousse, le visage rouge.

"Désolée, elle a toujours été aussi timide. Pourtant, elle voulait quand même te remercier de l’avoir sauvée à la cérémonie d’ouverture, pas vrai ?" dit la fille avec les deux couettes.

La fille aux cheveux noirs enfouit son visage dans le dos de la rousse.

Layfon n’avait pas le souvenir que cela s’était vraiment passé. Il se souvenait juste avoir poussé ces personnes sur le point d’être pris dans le combat. Il devait l’avoir sauvée à ce moment-là.

La rousse soupira. "Cette enfant… oui, je ne me suis pas encore présentée. Je suis Naruki Gelni en Arts Militaires."

"Je suis Mifi Rotten. Celle qui joue à cache-cache s’appelle Meishen Trinden. Nous sommes toutes les deux en Études Générales. Nous venons toutes les trois de la Ville Transit Joeldem. Est-ce que tu connais ?"

"Oui, c’est le centre où les bus errants se rassemblent. Je l’ai traversée en venant ici. Je suis Layfon Alseif, de la Ville de la Lance Fortifiée, Grendan."

"Oh, c’est là que les Arts Militaires sont nés. Pas étonnant que tu sois si fort."

"Non, ce n’est pas ça…" répondit vaguement Layfon. Juste au moment où il réfléchissait à comment l’expliquer…

"Ah, ne restons pas juste debout ici à parler ! J’ai faim. Trouvons quelque chose de bon à manger."

"Encore ? Dois-tu faire une carte de cette zone aussi ?"

"Bien sûr ! Des cartes pour la nourriture, la mode, le territoire… Tant que ça peut être dessiné, je le ferai. Comme je serai ici pendant six ans, je ne veux pas me perdre parce que je n’ai pas de carte. Ah ! C’est mon loisir de rassembler des informations. Si tu veux savoir quelque chose, demande-moi juste. Même si je ne sais pas, j’enquêterai dessus et le trouverai."

"Ouais, j’ai faim… D’ailleurs, j’ai quelque chose à te demander, comme ce que tu tiens là."

D’une paire d’yeux perçants, Naruki regarda l’uniforme des Études Générales que Layfon tenait.

Il n’eut pas même la possibilité de parler. Elles décidèrent pour lui.

"Uh, eh bien… Écoute. C’est embêtant pour Meishen. Et tu as dit qu’elle était timide."

"… Ça me va," dit Meishen depuis sa cachette derrière le dos de Naruki.

"Ok. C’est décidé."

Et c’était décidé.



Le lieu changea donc pour un café proche. Le café était fait de briques rouges et conçu pour ne pas trop ressortir. Comme l’heure du déjeuner était déjà passée, le café était presque vide. Tous les quatre se débrouillèrent pour rattraper l’heure du déjeuner. Tout en mangeant, Layfon expliqua pourquoi il avait été transféré dans les Arts Militaires – il ne mentionna pas qu’on l’y avait obligé.

Ils mangeaient le dessert.

Seul Layfon ne mangeait pas, buvant un jus de fruit à la place.

"Oh, j’avais peur que la Ville Académie n’ait que de la nourriture saine pour les élèves. C’est super que mon inquiétude soit infondée," dit Mifi avec satisfaction, la bouche pleine de gâteau.

"Ça mérite vraiment le dessin d’une carte."

"Et je me demandais à quoi ressemblait une ville exploitée par des élèves. Qui aurait pensé qu’elle serait assez organisée," dit Naruki avec admiration.

En réalité, de nombreuses boutiques s’alignaient le long des rues menant des dortoirs à l’école, mais comme c’était une Ville Académie, la plupart des boutiques étaient fermées pendant les heures de classe. Une fois les cours terminées, ces dernières étaient pleines de monde. Elles étaient gérées par des élèves plus âgés des Études Générales qui étudiaient les Commerce ou la Gestion. D’autres élèves venaient là pour travailler en tant qu’employés.

La nourriture était faite par des aînés en Gastronomie.

"Il y a un Département de Police et un Tribunal ici aussi. Je vais essayer de postuler pour entrer dans la Police."

"Le rêve de Nakki est d’être policière."

"Oui."

"Quant à moi, le journal. Comme c’est lié à l’édition, je vais essayer de trouver un endroit qui publie les informations. Et toi, Mei-chi ?"

"… Quelque part où on fait des desserts."

"Alors il va falloir que tu trouves un endroit avec de la nourriture délicieuse. Uh, manger tout en marchant… Fais attention à ne pas devenir grosse."

"Tu es assez rouge, en ce moment, non ?"

"Urg, c’est quoi ça ? C’est parce que Nakki est toute transpirante à cause de l’entraînement. Tu empestes~~"

"Psh, c’est l’odeur de la jeunesse."

"Agh, je ne te comprends pas."

La conversation se poursuivit, et Layfon la regarda du début à la fin avec un sentiment lointain. Ces trois là venaient de la même ville. D’après leur conversation, il semblait qu’elles se connaissaient déjà avant de venir ici. Enfermé à l’extérieur de la conversation, Layfon sirotait son jus de fruit.

Mifi lui posa soudainement une question : "C’est vrai. Où vas-tu travailler, Layton ?"

"… Layton ? "

Surpris par le changement inattendu de nom, Layfon ouvrit ses lèvres, du jus de fruit encore dans sa bouche. Il cracha presque tout.

"Ouais, Layton. C’est plus facile à dire, pas vrai ?" dit gaiement Mifi.

"Nakki, Mei-chi, Layton, et je suis Mi-chan. Est-ce que c’est bon ?"

"Tu n’as pas bien réfléchi aux noms. En revenant à ça, mon surnom est le même."

"C’est ennuyeux de réfléchir à un surnom pour moi-même. D’ailleurs, si je dis : "Appelez-moi juste Mi-chi~", est-ce que ça ne paraît pas révoltant ?"

"Révoltant. En tout cas, je ne voudrais pas être amie avec cette personne."

"Exactement. Alors c’est bon. Donc Layfon s’appelle Layton, maintenant !"

"On ne peut rien y faire. Alors nous comptons sur toi dorénavant, Layton."

"Ouais, Layton, Layton~"

"… Layton."

Même Meishen l’appelait par ce nom. Pour une raison quelconque, Layfon avait l’impression de venir d’un endroit vraiment très lointain. Quel était cet endroit ? Dans quelle dimension s’était-il perdu, au juste ?

Jusqu’à présent, aucune de ses amies ne l’avait jamais appelé ainsi. Même son amie la plus proche, Leerin, ne l’appelait que par son prénom. En guise de surnom, elle l’appelait juste "Lay."

Layton… Layfon était abasourdi.

"Alors, où vas-tu travailler, Layton ?"

Il ne pouvait que répondre à la question, même s’il savait qu’il était impossible de résoudre le problème du nom.

À ce moment-là, aucun mot ne lui vint.

En parlant de cela, quelqu’un venait juste de dire que la bourse de Layfon avait été améliorée, alors ça n’avait plus d’importance s’il n’allait pas travailler.

"Ne me dis pas que tu peux te permettre de ne pas travailler ?"

"Non, je dois encore travailler," Layfon secoua la tête. "Je vais travailler dans le département mécanique."

Les trois filles lâchèrent un "Wow" et froncèrent les sourcils.

"Pourquoi un travail aussi ardu ?"

"J’ai entendu dire qu’il fallait beaucoup de force pour les Arts Militaires. Ce genre de style de vie va abimer ton corps. Est-ce que tu es sûr de toi ?"

"… Est-ce que ça ne va pas être très fatigant ?"

Les trois filles exprimèrent leurs inquiétudes. Layfon ne put que sourire amèrement.

Même lui savait que ce serait difficile. Mais il était dangereux de se reposer entièrement sur le Président des Élèves. Si quelque chose se produisait et qu’il devait s’opposer à lui, sa bourse pouvait bien être annulée. Ce serait le pire scénario, laissé sans argent, incapable de poursuivre ses études.

"Ouais, mais je ne peux rien y faire. Je suis orphelin. Je n’ai rien d’autre que la bourse."

Il pensait que la façon dont il l’avait dit était naturelle et passait inaperçue.

Mais le mot "orphelin" fit ouvrir de grands yeux aux filles. Embarrassées, leurs regards mal-à-l’aise évitèrent le sien.

"Ah~~ Je vois. Désolée. Fais de ton mieux."

"Ouais, s’il y a quoique ce soit que je puisse faire, je t’aiderai."

"… Moi aussi."

"C’est bon. Ne pensez pas à ça…"

Leur attitude le troublait.

"Je ne trouve pas ça particulièrement difficile. Ça me dérange qu’on ait pitié de moi."

Malgré tout, Mifi et Meishen échangèrent un regard, leurs visages emplis d’anxiété. D’après ses expériences passées, Layfono savait qu’il était impossible de leur faire comprendre cela immédiatement, alors il n’était pas vraiment gêné par leur réaction.

"Ok, je comprends. Je ne m’inquiète pas à ce propos," Naruki acquiesça immédiatement. Sa réponse rapide était une surprise pour lui.

"Uh ? Quoi ? Est-ce que tu ne viens pas juste de dire de ne pas trop y penser ?"

"Ouais, c’est vrai."

Il était clair que Naruki ne faisait pas que le dire. Elle le pensait. Layfon acquiesça, hésitant, puis il ne put plus se retenir et éclata de rire.

"Quoi ?"

"Rien. C’est juste que tu agis comme une grande sœur."

"Qu’est-ce que tu as dit ?"

Naruki fronça les sourcils, mais Mifi approuva.

"Ah, je comprends. Je comprends. On ressent ça avec Nakki. Elle est cool."

"… Et elle est populaire auprès de beaucoup de filles."

"Ouaip, elle reçoit toujours beaucoup de cadeaux et de lettres d’amour."

"Eh bien, ça me perturbe. Je ne sais jamais quoi en faire."

Bien qu’elle eût dit ça sérieusement, Layfon rit encore.

(L’atmosphère est agréable.) Layfon pensa cela en riant. Même si ce qu’il avait vécu à la cérémonie d’ouverture était une rechute pour lui, d’après sa conversation avec les filles, il semblait qu’il était maintenant de retour à la normale.

"Uh… excusez-moi."

Une voix s’éleva au-dessus du rire.

Alors que leurs yeux se tournaient vers le propriétaire de la voix, ils ne purent s’empêcher de retenir leur souffle.

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Une fille se tenait près de la table. Ses cheveux argentés tombant jusqu’à sa taille brillaient comme s’ils reflétaient la lumière du salon de café. Elle avait une peau aussi blanche que la neige et une mâchoire inférieure en forme de cœur. Un coup d’œil dans son col permettait de voir une petite nuque délicate et une sorte de charme dangereux. De longs cils tremblaient au-dessus du regard légèrement baissé jeté par ces yeux argentés.

Une fille qui était aussi belle et délicate qu’une poupée.

Personne ne remarqua qu’elle portait l’uniforme des Arts Militaires.

La première à s’en apercevoir fut Naruki.

"Est-ce que tu n’es pas une année au-dessus de nous ? Est-ce que tu veux quelque chose ?" demanda Naruki.

Layfon réalisa que la couleur du fil sur son harnais était différente du sien. Quelque chose ressemblant à une longue tige pendait du harnais.

"Es-tu Layfon Alseif ?"

Les yeux d’argent se fixèrent sur Layfon.

"Oui."

"J’ai quelque chose à te dire. Pourrais-tu venir avec moi ?"

"… D’accord."

Layfon se leva naturellement, contraint par la voix à obéir.

La fille tourna les talons pour quitter le salon de café. Layfon l’aurait suivie juste comme ça, mais il retourna à son siège. Il prit son sac et, de son portefeuille, il sortit un peu de monnaie qu’il laissa sur la table pour son jus de fruit.

"Désolé, je dois y aller."

"Bien sûr. Alors vas-y," dit Naruki pour ses deux amies toujours silencieuses.

"Ouais. Mais, qu’est-ce que…"

Sans mot dire, Layfon se lança à la poursuite de la fille argentée.

La cloche accrochée à la porte du café produisit des notes stridentes lorsque Layfon la franchit. Repensant à la confusion que Layfon laissait transparaître, Naruki sourit amèrement.

"Qu… Qu’est-ce qu’il vient de se passer ?" marmonna Mifi.

"C'est évident, il a été ciblé après cette élégante performance à la cérémonie d’ouverture."

Mifi ne comprenait pas ce que Naruki venait de dire. Elle regarda son amie d’un air interrogateur.

"Est-ce qu’il n’y a pas un badge différent sur la poche de poitrine de cette Senpai ?"

"Ouais, vraiment ?" Mifi fronça les sourcils.

"… C’est une chose ronde et argentée ?"

"Oui."

Meishen l’avait bien vu.

"… Il y a le nombre 17 dessus."

"Un badge que seules des personnes appartenant à une section peuvent avoir."

"Une section… Qu’est-ce que c’est ?"

"Pour faire simple, ce sont les candidats officiels dans le cursus des Arts Militaires. Cela signifie aussi qu’il s’agit d’une combattante de haut niveau."

"Um… oui ?"

Naruki expliqua : "Ils forment les équipes principales dans la compétition des Arts Militaires. En dessous du quartier général, il y a les sections… Elles sont appelées les équipes de commandement. En dessous d’elles, il y a les plus grandes équipes, et celles-ci prennent en charge les personnes qui n’appartiennent à aucune équipe, soit les élèves normaux en Arts Militaires, comme moi…"

"Wow, si c’est le cas, alors c’est comme se hisser au sommet," dit Mifi, joignant les mains.

"Mais ce n’est pas si facile que ça."

"Pourquoi ?"

"Est-ce que je ne l’ai pas mentionné ? Ce badge porte la signification d’un combattant de haut niveau. Des élèves appartenant à une section doivent exceller en un certain domaine, depuis les capacités de commandement jusqu’au contrôle de la psychokinésie. La plupart du temps, ils se spécialisent dans une certaine arme. À part les compétences individuelles, la force montrée par la réussite d’une équipe est également évaluée. Le fait qu’une personne puisse travailler en équipe l’est aussi. Ainsi, il y a de la compétition entre les équipes pour le classement. En d’autres termes, c’est un combat entre élèves de l’académie. Pendant ces combats, si une équipe ne s’en sort pas bien, la pire situation est qu’elle soit dissoute. Les candidats officiels redevenant des élèves normaux. Les combattants ont d’ordinaire un fort amour-propre. Si l’un d’eux redevient un élève normal, les autres disent qu’il est tombé des nuages au fond de la vallée… personne ne peut supporter ce genre d’échec. Sa vie à l’Académie deviendrait trop douloureuse à supporter."

Naruki regarda la porte par laquelle Layfon venait juste de partir. Aucun nouveau client n’était entré. La cloche resta silencieuse.

"… Layfon a dit qu’il allait nettoyer dans le département mécanique," dit Meishen.

"Ah, ça va être fatiguant pour lui !"s’exclama Mifi. "Est-ce que ça va aller ?"

"Ouais, ça devrait être assez calme pour lui." Naruki ne put que donner une telle réponse. Elle rinça le dernier morceau de gâteau avec du thé rouge.



Ce qu’avait dit Naruki aux deux autres au café parvint aussi aux oreilles de Layfon, mais de la bouche de la fille terrifiante avec les cheveux dorés.

La belle fille aux cheveux argentés avec conduit Layfon profondément à l’intérieur des dortoirs des premières années, c’était un certain bâtiment dont se dégageait un air de vieux et d’usé.

Layfon avait été emmené dans l’une des salles et avait été salué par une fille terrifiante avec les cheveux dorés.

"Je suis Nina Antalk, le capitaine de la dix-septième section," dit la fille avec fermeté.

La salle dans laquelle était Layfon avait été coupée en deux par un immense mur, alors l’espace n’était que deux fois plus grand qu’une salle de classe normale. Tous types d’armes étaient attachés au mur.

En comptant Layfon, il y avait cinq personnes dans la pièce.

La première était la fille Nina Antalk, se tenant juste devant Layfon. Ensuite, il y avait celle qui avait amené Layfon ici. La belle fille aux cheveux argentés était allée immédiatement dans un coin après être entrée dans la salle.

Le reste était composé de deux étudiants. Le garçon le plus grand était couché paresseusement dans un coin. L’autre portait une tenue de travail vert sombre tachée par de l’huile de moteur et d’autres sortes de liquides liés aux machines.

Nina donna une explication sur les sections à un Layfon désorienté.

Layfon écouta à moitié, l’esprit ailleurs.

"Est-ce que tu comprends ?"

"Ah, oui."

Reportant son regard sur Nina, Layfon lui fournit une réponse rapide sans vraiment penser ce qu’il venait de dire.

"Alors pourquoi ai-je été appelé ici ?"

Layfon comprenait que tout le monde ici était un candidat officiel.

Mais c’était tout ce qu’il savait.

Nina n’avait pas expliqué pourquoi Layfon était ici.

L’un des sourcils de Nina trembla comme sous l’effet d’une crampe.

"Je comprends d’après vos explications que tout le monde ici fait partie de l’élite. Mais, si c’est le cas… à cause de ça, je ne vois pas pourquoi moi, un élève de première année, ai été appelé ici," dit Layfon, essayant de négocier l’atmosphère. Nina ferma sa bouche ouverte, ses épaules bougèrent comme si elle respirait profondément, puis elle ouvrit à nouveau la bouche pour parler.

Mais avant qu’elle ne le puisse—

"Buahahahahahahahahahahahahahahahahahahahaha !"

Le grand étudiant éclata de rire depuis l’endroit où il se tenait.

"Sharnid-senpai !" s’exclama bruyamment Nina, les épaules tremblant de colère.

"Gahaha ! Ha~heehee… Ah, j’ai mal au ventre ! Nina, c’est de ta faute. Tout ça parce que tu as tourné autour du pot et donné au nouvel élève ici présent une opportunité de prétendre qu’il était un idiot."

"Um !"

Nina serra très fort les dents.

"Heh !" Sharnid bondit, regardant Layfon de manière désinvolte.

"Je suis Sharnid Elipton, un quatrième année. Je suis un sniper."

"Ah, ravi de vous rencontrer."

"Eh bien, laisse-moi t’expliquer clairement à la place de notre capitaine. Layfon Alseif, nous t’avons demandé de venir parce que nous avons besoin d’avoir le bon effectif."

"Huh ?"

"Hey, hey, hey. Arrête de faire semblant. Tout le monde a vu ta performance à la cérémonie d’ouverture. L’excuse comme quoi tu es un nouvel élève et que tu n’es pas assez compétent ne marchera pas. Tu as déjà prouvé tes aptitudes. Nous avons pensé que tu étais bon, alors nous te voulons dans notre équipe."

Sharnid adressa à Nina un regard chargé de sens.

Nina s’éclaircit la gorge et se tint à nouveau devant Layfon.

"Layfon Alseif. Je t’ordonne de devenir un membre de la section dix-sept. Aucun refus ne sera accepté. Le Président des Élèves a déjà donné sa permission et a formellement proposé ta candidature. Quoi qu’il en soit, ceux qui sont en Arts Militaires ne sont pas autorisés à faire une action aussi piètre que de refuser d’intégrer une section."

Quel discours résolu. L’attitude inflexible de Nina signifiait que Layfon n’avait aucun moyen de s’enfuir.

"Nous allons maintenant mener un test pour voir quelle position te convient le mieux dans la section."

Nina sortit deux tiges de son harnais. Elle en pointa une sur Layfon, la tige étroitement tenue dans sa main droite.

"Choisis l’arme que tu veux !"

Perturbé par le sérieux dans les yeux de Nina, Layfon se tourna pour examiner les armes sur le mur.

Le prix pour des frais de scolarité gratuits… quelle bourse de rang A.


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