Difference between revisions of "No Game No Life : Tome 6 Chapitre 1"

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== Chapitre 1 3-1 = Sans Espoir ==
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== Chapitre 1 3-1 = Sans Espoir ==
   
=== Partie 1 ===
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=== Partie 1 ===
 
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— Il y a fort fort longtemps, quelque chose qu’on appelait le "Soleil" existait.
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— Il était dit qu’à l’époque, quelque chose qu’on appelait le « Soleil » existait.
   
   
Dégageant de rayonnantes flammes blanches, colorant le ciel d’un bleu translucide… oui, c’était ainsi qu’il agissait.
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Dégageant de rayonnantes flammes blanches, éclaircissant et colorant le ciel d’un bleu translucide… telle était la légende.
   
Mais la 『Grande Guerre』 entre les dieux et les créatures avait mis la terre à feu et à sang. Le ciel entier disparut, caché par des nuages de cendres.
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On racontait que la 『Grande Guerre』 entre les dieux et les créations avait mis la terre à feu et à sang et masqué le ciel dans des nuages de cendres.
   
 
Le ciel rempli de cendres et l’afflux de Forces Astronomiques, à savoir les Corridors d’Esprits, entrèrent en conflit, émettant alors de la lumière qui donna au ciel sa couleur rouge.
 
Le ciel rempli de cendres et l’afflux de Forces Astronomiques, à savoir les Corridors d’Esprits, entrèrent en conflit, émettant alors de la lumière qui donna au ciel sa couleur rouge.
   
Cette rougeur enveloppait les tueries continuelles. Ou peut-être que c’était les lamentations de l’étoile elle-même qui répandaient du sang frais…
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Cette rougeur couvrit tous les territoires en même temps que les tueries persistaient. Ou peut-être étaient-ce les lamentations et le sang de la planète elle-même…
   
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Dans tous les cas, la seule chose qui descendait de ce ciel était… d’iridescentes cendres turquoise.
Dans ce ciel taché de sang, seules des cendres turquoise continuaient de tomber.
 
   
 
————......
 
————......
   
   
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Ivan fronça les sourcils et observa l’obscur horizon écarlate.
   
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La 『cendre noire』 qui laissait échapper de la lumière turquoise en même temps qu’elle s’amassait sur le sol.
Ivan regarda le ciel rouge et fronça les sourcils.
 
   
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Ivan se rappela vaguement toutes les connaissances auxquelles les humains pouvaient faire appel.
La 『cendre noire』 qui laissait échapper de la lumière turquoise sur le sol commençait à s’empiler.
 
   
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Il était dit que la lumière turquoise correspondait au scintillement des élémentaires, autrement invisible pour l’œil humain. Il était dit que le ciel semblait rouge à cause de la polarisation de la lumière ou quelque chose dans le genre, et que la véritable couleur des élémentaires était translucide…
Ivan songeait aux limites des connaissances humaines.
 
   
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Quant à pourquoi ce miroitement devait être visible par les humains, qui ne possédaient pas de Corridors d’Esprit… Apparemment, c’était la dernière lumière émise par les élémentaires – lorsqu’ils rentraient en contact avec la poussière – en mourant.
Les Humains étaient incapables de ressentir les particules élémentaires donc ils ne devraient pas être capables de voir la lumière turquoise. La raison pour laquelle le ciel était de rouge était probablement due à la polarisation de la lumière ou quelque chose dans le genre. Pour commencer, les particules étaient bleues à l’origine…
 
 
Quant à savoir comment les humains étaient capables de percevoir et de relier les Corridors d’Esprits… Cela avait sûrement un lien avec la dernière lumière émise à la mort d’Élémentaires après être entré en contact avec la cendre.
 
   
 
— Les 『Cadavres élémentaires』.
 
— Les 『Cadavres élémentaires』.
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Pour la majorité des espèces vivantes, les humains inclus, ils constituaient un poison mortel.
 
Pour la majorité des espèces vivantes, les humains inclus, ils constituaient un poison mortel.
   
Rien que les toucher brûlait la peau. Au contact de l’œil, il entraînait la cécité. En cas de consommation, les entrailles se dissoudraient.
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S’ils se posaient sur votre peau, vous bruleriez à cet endroit. S’ils rentraient en contact de vos yeux, seule la cécité vous attendrait. S’ils parvenaient dans votre bouche, vos entrailles se dissoudraient.
   
Quand bien même ils brillaient d’une lumière turquoise, on les désignait comme étant de la 『Cendre Noire』 car sa nature symbolisait la mort elle-même.
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On les désignait par le terme 『Cendre Noire』 malgré son éclat turquoise, car sa nature symbolisait la mort elle-même.
   
Peut-être que cette chose était clémente en fait…
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''Ou peut-être que cette chose était clémente en fait…''
   
Un masque anti-poussières couvrait sa tête. Il était vêtu d’une armure en fourrure pour résister au froid. Si quelqu’un retirait une partie de son équipement en touchant le sol recouvert de 『{{Furigana|Cendre Noire|Mort}}』, il tomberait dans un sommeil éternel.
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Un masque anti-poussières couvrait sa tête. Il était vêtu d’une armure en fourrure pour résister au froid. Si quelqu’un retirait tout son équipement en touchant le sol recouvert de 『{{Furigana|Cendre Noire|Mort}}』, il tomberait dans un sommeil éternel.
   
(Veux vraiment me reposer. Travaillé non-stop depuis ce matin. Mon corps est engourdi. Je voudrais boire un bol de soupe chaude, me débarrasser de toutes ces cendres, me blottir dans la poitrine de ma femme et dormir… Si je ne peux même pas faire tout cela un de ces jours, alors je devrais juste…)
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Il voulait se reposer. Il avait travaillé non-stop depuis le matin. Son corps était complètement engourdi. Il voulait boire un bol de soupe chaude, se débarrasser des cendres, se blottir dans la poitrine de sa femme et dormir. Mais il ne pouvait le faire, donc à la place, il pourrait simplement…
   
 
Ce genre de tentation fit trembler Ivan, coupant complètement ses pensées. Une personne qui naissait dans ce genre de monde n’avait aucune raison de survivre ou de mourir…
 
Ce genre de tentation fit trembler Ivan, coupant complètement ses pensées. Une personne qui naissait dans ce genre de monde n’avait aucune raison de survivre ou de mourir…
   
   
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« Ivan. La cendre noire te monte à la tête ? »
   
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Stimulé par le murmure de son compagnon, Ivan cligna des yeux à plusieurs reprises, et regarda sur le côté, vers ses deux partenaires.
« Ivan. La cendre noire est entrée dans ton cerveau ? »
 
   
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« … C’était juste une petite pause, Alei. Je commence à me faire vieux. »
En entendant le murmure de son compagnon, Ivan se retourna. Après avoir cligné plusieurs fois des yeux, il vit ses deux partenaires à ses côtés.
 
   
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« Si tu deviens vieux, alors c’est pareil pour nous tous, non ? », gloussa Alei.
« … C’était juste une petite pause, Allei. Je commence à me faire vieux. »
 
 
« Si tu deviens vieux, alors c’est pareil pour nous tous, non ? », répondit amèrement Allei.
 
   
 
Ivan rétorqua ironiquement au jeune garçon qui avait un an de moins que lui.
 
Ivan rétorqua ironiquement au jeune garçon qui avait un an de moins que lui.
   
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« Prépare-toi. Un jour, tu constateras que tu ne pourras pas faire les choses stupides dont tu avais l’habitude… Il en va de même pour toi aussi, Riku. »
« Tu ne t’y es pas encore préparé ? Peut-être qu’un jour, nous ne pourrons plus faire les idiots comme cela… Toi aussi, Riku. »
 
   
En disant cela, Ivan regarda devant lui en direction de Riku, leur chef.
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En disant cela, Ivan fit face à Riku<ref>Riku signifie « Terrain/Terre », opposé à Sora qui signifie « Ciel ».</ref>, leur chef.
   
Avec un visage d’adolescent caché derrière son masque et ses lunettes de protection, c’était le plus jeune des trois.
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Avec un visage d’adolescent caché derrière son masque et ses lunettes, c’était le plus jeune des trois.
   
Derrière ses lunettes de protection… se trouvait une paire de pupilles qui ressemblait à l’abysse elle-même.
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La seule chose qui transperçait ses lunettes de protection était ses yeux noirs… aussi noirs et ternes que l’abysse elle-même.
   
« Merci pour le conseil. Donc, après une courte "Pause" Nous reprendrons. »
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« Merci pour le conseil. Donc, si ta "Pause" est finie… Reprenons. »
   
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— En avançant sous la couverture des rochers, ils se glissèrent sur leurs mains et jambes, protégés par les peaux de bêtes qui les recouvraient.
— Habillé solidement avec des vêtements en cuir qui se glissait jusqu’en haut des jambes.
 
   
Ses membres étaient engourdis et il ne mangeait même pas… Tout cela dans le but de ne pas être découvert par l’『Ennemi』. Dans le but de vivre et de venir ici.
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Leurs membres étaient engourdis et leurs ventres vides… Tout cela dans le but de ne pas être repéré par l’『Ennemi』. Pour survivre. Et, pour parvenir jusqu’ici.
   
Ivan baissa la tête, car il ne s’intéressait pas aux collines.
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Ivan hocha la tête et observa le pied de la colline en silence.
 
Comme prévu, il y avait un énorme fossé… Une montagne d’acier reposait en son centre.
 
   
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Comme prévu, il y avait un énorme cratère… et une montagne d’acier y reposait en son centre.
 
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=== Partie 2 ===
 
=== Partie 2 ===
 
 
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C’était la carcasse d’un dirigeable, un avion fait d’acier construit par les Nains pour voyager dans le ciel.
   
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Un vestige des 『escarmouches』 fracassantes des dernières semaines. Le groupe de Riku était venu pour fouiller parmi les décombres à la recherche de ressources.
C’était un navire de guerre conçu pour les combats aériens et construit par les Nains. Mais c’était désormais une épave.
 
   
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En se glissant dans une des fissures du blindage qui semblait donner accès à l’intérieur, Ivan demanda à Riku :
Il y avait des traces de fracassantes 『escarmouches』 dans cette zone datant d’il y a quelques semaines. Pour aujourd’hui, l’objectif de Riku était de récupérer toutes les ressources utilisables.
 
   
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« … La boussole élémentaire ? »
Des fissures présentes dans le blindage permirent à l’équipe d’entrer dans le navire.
 
   
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« Inutile. Trop de 『Cendres Noires』. Elle tourne éperdument avec tous les cadavres. »
Ivan demanda à Riku :
 
   
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Ivan lâcha un rire dans son coin. À cause de cela, ils avaient une assurance de moins pour leurs vies.
« … La boussole élémentaire ? »
 
   
« Non. La 『Cendre Noire』 est trop dense. Les particules élémentaires l’affecteraient. »
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La boussole élémentaire, elle combinait du pyroxène, qui réagissait aux fortes émissions de particules élémentaires, avec de l’obsidienne.
   
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C’était un outil que Riku et sa sœur avaient développé pour détecter les larges quantités d’esprits présentes dans le corps des dieux et de 『{{furigana|leurs partisans|ces monstres}}』. La boussole pointait alors dans leur direction, mais pour le moment, elle était complètement inutile.
Ivan protesta silencieusement. À cause de cela, ils avaient une assurance de moins pour leurs vies.
 
   
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Ils ne pouvaient donc désormais se reposer que sur leurs cinq sens pendant leur expédition.
La boussole élémentaire… un pyroxène qui réagissait fortement aux particules élémentaires. Un artefact créé à partir d’obsidienne.
 
   
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Contre des monstres aux capacités hors du commun, les humains étaient complètement dépassés… Ce n’en était même plus drôle.
Elle était utilisée pour détecter les dieux et leurs partisans, en informant la direction des 『Monstres』 possédant une quantité de particules Élémentaires extrêmement élevée… Bien qu’elle ait été créée par Riku et sa sœur, elle était inutilisable pour le moment.
 
   
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Oui, pas drôle du tout. Le visage impassible, Riku donna un ordre :
Ils ne pouvaient donc discerner la position de l’ennemi qu’en utilisant leurs cinq sens.
 
   
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« … Restez attentif. On entre. »
Les humains, considérés comme des déchets, furent exilés et envoyés contre des monstres avec des sens hors du commun… trop hilarant.
 
   
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Ivan et son autre compagnon, Alei, hochèrent la tête avant de se faufiler dans l’épave.
En effet, trop hilarant.
 
   
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Balayant les cendres qui s’étaient accumulées, s’asseyant un moment pour savourer sa chance d’avoir pu rester en vie jusque-là…
« … Avancez avec prudence », murmura Riku avec un visage impassible.
 
   
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''… Concentre-toi !''
Ivan et son autre compagnon, Allei, hochèrent la tête avant de se faufiler dans l’épave.
 
   
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Ivan se fit une réflexion.
Rien qu’entrer dans cet endroit en courbant le dos et en frôlant la poussière accumulée relevait de la chance…
 
   
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Restant calme, masquant sa respiration, et même son pouls – devenant aussi insignifiant qu’un grain de poussière, mais tout en aiguisant ses sens pour qu’il ne néglige pas lui-même le moindre grain de poussière – il commença à étudier le dirigeable.
… Concentre-toi !
 
   
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— Le danger était plutôt modéré.
Ivan se dit cela à lui-même.
 
   
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La ligne de front s’était déjà déplacée bien loin d’ici, laissait derrière cet endroit qui faisait office de montagne d’ordures laissées à l’abandon.
(Ne sois pas distrait, deviens aussi insignifiant qu’un grain de poussière. Masque le son de ta respiration et de ton cœur. Aiguise tes cinq sens. Assure-toi que même la poussière n’échappe pas à ta vue.)
 
   
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Mais dire que cet endroit était "sûr" serait de la complaisance. Des monstres auraient pu s’être éloignés du champ de bataille.
— Comparé à d’autres fois, cela n’était même pas considéré comme étant dangereux.
 
   
  +
Ou même des créatures des autres races qui vagabondaient sans aucun lien avec la guerre.
Ils se trouvaient suffisamment loin du champ de bataille. Cet endroit pouvait même être considéré comme étant une montagne d’ordures abandonnée.
 
   
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Ou encore, si, à tout hasard, un des Nains qui était posté dans ce dirigeable avait survécu…
Cependant, dire que cet endroit était "sûr" serait de la complaisance. Il y avait toujours une chance qu’un monstre perdu rode encore dans les environs.
 
   
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''Même s’il se trouve dans un état proche de la mort, ça en sera fini pour nous.''
Il était même possible qu’il y ait d’autres races qui n’avaient aucune relation avec la guerre qui se déroulait dans le coin.
 
 
Ou peut-être même qu’il restait des nains parmi ceux qui pilotaient ce navire…
 
 
Même si l’autre partie était dans un état proche de la mort, ils ne survivraient pas à une confrontation.
 
   
 
— C’était leur réalité. Une réalité choquante et absurde.
 
— C’était leur réalité. Une réalité choquante et absurde.
   
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Un seul mot prononcé par un Nain muni un catalyseur suffisait pour réduire en cendres des centaines d’humains.
Si un nain tenait un objet en main, cela ne signifiait qu’une chose… Des centaines de vies humaines seraient réduites en cendres.
 
 
Voilà ce que signifiait être leur ennemi. Dans le but de survivre dans le futur, cache-toi dans le présent.
 
 
Donc…
 
   
  +
Voilà ce à quoi ils faisaient face. Ce dont ils se cachaient pour survivre. Et aussi…
   
   
« Hé Ivan, j’ai touché le gros lot !! »
+
« Ivan, regarde ! J’ai touché le gros lot !! »
   
En entendant un lourd cri provenant de derrière lui, Ivan se retourna avec une expression vexée.
+
En entendant un cri de joie derrière lui, Ivan leva sa tête et se retourna.
   
Allei était tout excité à quelques mètres de lui. Ses yeux brillaient en même temps qu’il secouait frénétiquement sa main droite.
+
À quelques mètres de lui, Alei lui faisait des signes de sa main droite avec enthousiasme, ses yeux brillant d’excitation.
   
« Viens ici, cette chose est géniale ! »
+
« Viens ici. C’est incroyable ! »
   
  +
Ivan regarda Alei avec nonchalance pendant un instant, puis reporta son attention vers Riku qui se tenait à côté de lui.
Ivan plissa ses yeux pour regarder les visages d’Allei et de Riku.
 
   
«  »
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« »
   
Riku resta silencieux tout en levant légèrement une main… faisant un signe pour dire qu’il allait égorger quelqu’un.
+
Riku resta silencieux, levant lentement sa main… et fit un signe pour signifier qu’il allait égorger quelqu’un.
   
  +
C’était suffisant pour que l’expansif Alei en ait le souffle coupé et se mette à trembler.
Rien qu’avec ça, Allei, qui ne pouvait pas contrôler son excitation et haletait nerveusement depuis un moment, commença à trembler légèrement.
 
   
« Dé… Désolé. Mais, mais, jetez un coup d’œil à ça. »
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« Dé… Désolé. Mais, mais, venez voir ça. »
   
Au premier regard, l’objet qu’Allei avait trouvé ressemblait à une petite boîte. Elle était connectée à plusieurs morceaux de pièces complexes.
+
Au premier regard, l’objet qu’Alei avait trouvé ressemblait à une petite boîte. Un puzzle fait de plusieurs blocs superposés de façon complexe.
   
  +
Mais lorsqu’Alei le prit dans ses mains pour le serrer et le faire tourner, il se mit à émettre une lueur prismatique…
Mais lorsqu’Allei tordit l’objet avec sa main, la boîte libéra de la lumière multicolore.
 
   
« Mais c’est… ! »
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« Mais c’est… ! »
   
En regardant la carte à grande échelle projetée dans l’air, même Ivan ne put cacher sa stupéfaction et laissa échapper un cri de surprise.
+
Devant la carte à grande échelle projetée dans les airs, même Ivan ne put cacher sa stupéfaction et laissa échapper un cri de surprise.
   
« Est-ce que c’est… la carte du monde !? »
+
« Est-ce que c’est… la carte du monde !? »
   
« Oui, la dernière édition en plus ! »
+
« Oui, la dernière édition en plus ! »
   
 
— Une carte du monde. Bien qu’ils aient collecté des données en effectuant leurs propres mesures, la carte qu’ils avaient dessinée n’atteignait qu’un certain degré de précision.
 
— Une carte du monde. Bien qu’ils aient collecté des données en effectuant leurs propres mesures, la carte qu’ils avaient dessinée n’atteignait qu’un certain degré de précision.
   
Par contre, la carte projetée dans les airs affichait les continents du monde et les océans avec précision sans omettre le moindre détail. De plus, durant la guerre, le terrain pouvait changer à n’importe quel moment, c’était vraiment…
+
Par contre, la carte projetée dans les airs affichait les continents du monde et les océans sans omettre le moindre détail. Dans ce monde où la topologie pouvait changer à tout instant à cause de la guerre, c’était vraiment…
   
« … Ce n’est pas tout »
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« … Ce n’est pas tout », murmura doucement Riku.
   
  +
« Elle révèle leur stratégie et leurs positions actuelles. On dirait qu’une partie est codée, mais je peux lire le langage des Nains. C’est pas un problème. »
Riku continua de murmurer doucement.
 
   
  +
« Ha, haha ! »
« Une carte stratégique, et même les forces ennemies. Il y a des codes secrets, mais le déchiffrage devrait être facile en utilisant le langage des nains. Pas de problèmes. »
 
   
  +
C’était compréhensible que Alei fût aussi excité, et même Ivan lâcha un sourire.
« Ha, haha ! »
 
   
  +
Avec ces données, prédire l’état actuel de la guerre était désormais chose possible.
C’était compréhensible pourquoi Allei était aussi excité, et même Ivan lâcha un sourire.
 
   
  +
S’ils pouvaient deviner quelles seront les futures zones de conflit, ils pourraient même être capables de prévoir un endroit ''relativement en sécurité'' pour vivre ! Devant cette découverte monumentale, la voix de Riku se relaxa.
En d’autres mots, avec cette carte… prédire l’évolution des batailles devenait possible.
 
   
  +
« Ivan, Alei, comparez et modifiez les parties droites et gauches de la carte que nous avons actuellement. Je m’occupe de recopier leur stratégie et leurs positions. »
Prédire ce qu’il se passera et choisir un endroit plus sûr où vivre… ! Quelle parfaite trouvaille !
 
   
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'''« {{Furigana|Ashieit|Jurer sur les dernières volontés}} ! »'''
Riku dit calmement :
 
   
  +
À cet ordre, Ivan et Alei ne purent cacher leur excitation et répondirent en unisson avec un serment envers ceux qui étaient morts avant eux, ceux qui leur avaient transmis leur détermination dans la mort – {{Furigana|Ashieit|J’accepte}}.
« Ivan, Allei, comparez et modifiez la carte que nous avons actuellement en prenant respectivement les parties gauches et droites. Je m’occupe de recopier les codes et les forces ennemies. »
 
   
  +
Sortant le papier, l’encre et les outils de mesure de leurs sacs, ils se mirent au travail.
'''« {{Furigana|Ashieit|Jurer sur les ordres}} ! »'''
 
   
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En vitesse, mais avec précision, ils recopièrent la carte. Main une pensée traversa Alei, et il s’exprima :
Ivan et Allei ne réussirent pas à cacher leur excitation lorsqu’ils en reçurent l’ordre. Jurer sur les morts, jurer sur le pacte
 
   
  +
« Dis, Riku, on ne peut pas simplement ramener le dispositif de projection ? »
d’approbation.
 
   
  +
Riku releva lentement sa tête pendant qu’Alei continua :
Sortant le papier, l’encre et les objets de mesure de leurs sacs, ils se mirent au travail.
 
   
  +
« Ça ne serait pas mieux comme ça ? Ça ne sera pas un fardeau vu sa taille et nous n’aurons pas à gâcher du papier et à perdre du temps… »
Ils avaient peu de temps, mais ils devaient recopier avec précisions les données. Cependant, Allei pensa soudainement à quelque chose et ouvrit la bouche.
 
   
  +
« Non. On ne peut ramener aucune chose nécessitant des particules Élémentaires pour fonctionner. Magne-toi de recopier. »
« Dis, Riku, on ne peut pas simplement ramener le dispositif de projection ? »
 
   
  +
« Non, mais, au vu de sa… »
Riku releva lentement sa tête pendant qu’Allei continua :
 
   
  +
« Alei. »
« Ça ne serait pas mieux comme ça ? Ça ne sera pas un fardeau vu sa taille et nous n’aurons pas à gâcher du papier et à perdre du temps… »
 
   
  +
D’une voix aussi tranchante qu’un couteau, Riku le stoppa net.
« Rejeté. Nous ne pouvons pas prendre quoique ce soit qui utilise des particules Élémentaires pour fonctionner. Dépêche-toi d’écrire. »
 
   
  +
« … Si tu veux mourir, dis-le-moi… J’exaucerai ton vœu. »
« Je dis ça parce que vu la taille de cette… »
 
   
  +
Dénué de toute expression, ses yeux remplis d’une noirceur meurtrière ne reflétant aucune lumière, Riku grogna.
« Allei. »
 
   
  +
« On n’a pas besoin qu’un monstre détecte des particules élémentaires avant de faire un cratère dans notre village. »
Avec un ton tranchant, Riku prononça son nom.
 
  +
« Te tuer pourrait empêcher un monstre de détecter les particules élémentaires et de tous nous détruire. C’est un prix raisonnable à payer. »
   
  +
« … J-J’ai compris… J’ai bien compris… Désolé… »
« … Si tu veux mourir, dis-le… Je t’exaucerai ton vœu. »
 
   
  +
Se tassant devant l’assurance de Riku, Alei secoua sa tête.
Riku s’exprima avec une voix sombre et remplie d’un instinct meurtrier, un visage inexpressif et des pupilles vides de lumières.
 
   
  +
« M… Mais, tu n’as pas besoin d’être autant en colère, pas vrai… ? »
« Te tuer pourrait empêcher un monstre de détecter les particules élémentaires et de tous nous détruire. C’est un prix raisonnable à payer. »
 
   
  +
« Alei, ce que Riku a dit… c’est notre règle. Tu l’as oubliée ? »
« … Je… Je comprends… Désolé… »
 
   
  +
Ivan l’interrompit, le visage sévère. Alei déglutit et récita :
Craignant la menace de Riku, Allei secoua sa tête.
 
   
  +
« "Nous n’existons pas. Nous ne devons pas exister, et donc, nous ne sommes pas perçus"… »
« M… Mais, tu n’as pas besoin d’être autant en colère, pas vrai… ? »
 
   
  +
« Tu vois, tu t’en souviens. Ça demande peut-être du boulot de recopier une carte, mais ça ne vaut pas le coup de mourir pour, pas vrai ? »
« Allei, ce que Riku a dit… c’est notre but. Tu l’as oublié ? »
 
   
  +
« … Désolé. »
Ivan lui donna un conseil, mais son regard était sérieux, ce qui fit déglutir Allei.
 
   
  +
Alei murmura des excuses.
« "Nous n’existons pas, nous ne pouvons pas exister, donc nous ne pouvons pas être repérés"… »
 
 
« Tu vois, tu t’en souviens. Mourir juste parce que tu n’as pas voulu recopier une carte… n’y a-t-il pas de mort plus bête que celle-ci ? »
 
 
« … Désolé. »
 
 
Allei murmura des excuses.
 
   
 
À ce moment, une lente et lourde vibration surgit du sol.
 
À ce moment, une lente et lourde vibration surgit du sol.
   
«  ! »
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« ! »
   
Instantanément, ils se baissèrent tous les trois et s’engouffrèrent dans l’ombre comme s’ils s’étaient déjà mis d’accord.
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Instantanément, comme s’ils s’étaient déjà mis d’accord, ils se baissèrent tous les trois et s’engouffrèrent dans l’ombre.
 
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=== Partie 3 ===
 
=== Partie 3 ===
 
 
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— Faisant de son mieux pour calmer ses violents battements de cœur.
 
— Faisant de son mieux pour calmer ses violents battements de cœur.
   
Retenant son souffle avec son corps tremblant, Ivan regarda Riku qui était aussi caché.
+
Retenant son souffle en se tassant, Ivan se tourna vers Riku qui lui aussi était caché.
   
Riku sortit un petit couteau de son gant et coupa sans hésitation le bout de son index.
+
Riku sortit un petit couteau de son gant et fit sans hésitation une incision à la pointe de son index.
   
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''… C’est bien notre Riku…''
(… Rien n’avait changé…)
 
   
En appuyant son nerf exposé contre le sol, des informations étaient recueillies à travers le bout de ses doigts, qui étaient ensuite transmises à ses autres sens, principalement son ouïe.
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Riku pressa ses nerfs exposés contre le sol. En utilisant son doigt pour recueillir des informations venant de plus bas, il porta son autre main à son oreille.
   
  +
Regarder était hors de question. Exposer son visage serait suicidaire.
Utiliser ses yeux était trop risqué. Ce serait du suicide.
 
   
Cependant, placer son oreille contre le sol faisait l’affaire. Les sons provenant de l’extérieur pouvaient être entendus.
+
Mais poser son oreille sur le sol était aussi hors de question. Ils en avaient besoin pour les sons provenant des niveaux supérieurs.
   
  +
Riku combina donc ces deux méthodes rationnelles pour analyser les données répandues par l’『Ennemi』.
Utilisant ces moyens loin d’être conventionnels, Riku avait fini d’analyser l’『Ennemi』 qui s’était révélé par inadvertance.
 
   
Ce niveau de vibration et le rythme du son permettaient d’aboutir à une conclusion. Ivan se léchait les lèvres sous son masque à gaz en observant de près les gestes de Riku.
+
Les vibrations et le son seuls étaient suffisants pour se faire une idée détaillée selon leur intensité et leur rythme. Léchant ses lèves sous son masque à particule, Ivan se concentra sur les signes de main de Riku.
   
(… À environ trente mètres, race bipède, seul, lourd et lent… Attends, tu rigoles ?)
+
— ''… À environ trente baies<ref>Une unité de mesure en architecture japonaise. Cela équivaut à peu près à 55mètres.</ref>, bipède, seul, lourd et lent… Attends, tu déconnes ?''
   
À partir des gestes de Riku, l’『Ennemi』 mesurait approximativement… "Six mètres".
+
D’après les gestes de Riku, l’『Ennemi』 mesurait approximativement "Six mètres".
   
Trois fois plus grand qu’un humain, pas étonnant qu’il soit lent… du coup, il doit rechercher quelque chose… ?
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Trois fois la taille d’un humain, se déplaçant lentement… il était donc en train de rechercher quelque chose… ?
   
 
Le dos d’Ivan était recouvert de sueurs.
 
Le dos d’Ivan était recouvert de sueurs.
   
  +
Puis, un beuglement strident ébranla l’environnement.
Puis, ils entendirent des cris faisant trembler tous dans les environs.
 
   
   
  +
— ''Putain de merde ! Un Démonia !!''
   
  +
Il le savait sans attendre la gestuelle de Riku.
(Merde, c’est un Démonia !!)
 
   
  +
Un de ces monstres créés par la mutation du Phantasme appelé 『Roi Démon』 ou quelque chose de ce genre.
Ils en étaient convaincus même sans la gestuelle de Riku.
 
   
  +
Ces monstres étaient retardés mentalement. On pouvait dire que c’était des bêtes auxquelles on avait donné une demi-cervelle.
Un Phantasme mutant… des démons créés par le 『Roi Démon』.
 
   
  +
Ils possédaient une force effroyable combinée à la notion de savoir ce qu’était une proie – une intelligence pitoyable en échange d’un instinct de prédateur silencieux. Et ce Démonia, qui se baladait dans une place comme celle-ci, devait faire partie des créatures les plus inférieures parmi cette race. Peut-être un ogre ou un troll… Alors, les humains avaient-ils la capacité de le combattre ?
Pour faire simple, ce sont des monstres attardés mentalement. Mais on ne pouvait pas pour autant dire que ces créatures étaient totalement dépourvu de cervelle.
 
   
  +
— ''Non. Évidemment que non.''
Malgré leur énorme force, ils étaient conscients de leurs "Proies". Seulement, ils étaient incapables d’approcher silencieusement leurs proies instinctivement. La question était de savoir si la chose qui se baladait dans le coin était un Démonia ou simplement une variante d’une race qui lui est inférieure. Ils avaient estimé que c’était un mangeur d’hommes avec une énorme quantité d’esprit… Dans ce cas, une bataille avec notre force actuelle… ?
 
   
  +
En effet, c’était irréalisable. Peu importe à quel point un Démonia pouvait être faible, il réduirait quand même un être humain en tas de viande d’une pichenette.
(Impossible. Oui, complètement impossible.)
 
   
  +
Les monstres ne manifestaient pas d’instincts bestiaux comme la prudence ou les embuscades parce qu’ils n’en avaient pas besoin.
Même si leur adversaire était un Démonia inférieur, les humains n’étaient toujours qu’un tas de viande pour eux.
 
   
  +
Ils ont remarqué, avec leur intelligence enfantine, qu’ils étaient forts et qu’ils pouvaient résoudre tous les problèmes par la force brute.
Ces gars-là ne se cachaient pas comme des bêtes ou ne donnaient pas d’avertissements, parce qu’ils n’en avaient pas besoin.
 
   
  +
Avec les armes que le groupe avait en main… non, peu importe à quel point ils auraient pu être bien préparés, il était impossible pour un humain de tuer le moindre Démonia.
Ils sont forts et ils ont toujours résolu leurs problèmes avec leur propre force. Cela a toujours été leur mode de vie rationnel et délicat.
 
   
Toute action était inutile.
+
Et ce serait inutile.
   
  +
Même s’ils parvenaient à abattre un seul Démonia… quelles en seraient les implications ?
Même s’ils utilisaient toute leur sagesse, leurs stratégies et leurs pièges pour lancer une attaque contre un Démonia… quel en serait l’intérêt ?
 
   
  +
Et si un Démonia avec une intelligence 『Supérieure』 le remarquait et venait à considérer les humains comme une 『Menace』 ?
Ils finiraient par être repérés par des Démonias 『Supérieurs』 possédant une plus grande sagesse qui comprendraient immédiatement la 『Menace』 de l’humanité, pas vrai ?
 
   
  +
— L’humanité, impuissante, se ferait exterminer. Par conséquent, il n’y avait qu’une chose à faire désormais. Courir.
L’extinction des humains ne rencontrerait aucune résistance. Donc ils n’avaient qu’une solution possible.
 
   
  +
Aucune autre alternative ne méritait d’être considérée.
Il n’y avait pas d’autres choix.
 
   
"Nous n’existons pas, nous ne pouvons pas exister, donc nous ne pouvons pas être repérés"
+
« Nous n’existons pas. Nous ne devons pas exister, et donc, nous ne sommes pas perçus »
   
  +
Les Humains ne pouvaient pas se défendre. Ils devaient jouer le rôle des 『Proies』. Et donc… Ivan les vit venir… les prochains mots de Riku en même temps qu’il se tournait lentement vers lui :
La résistance humaine n’était pas permise, sinon, ils deviendraient les 『Proies』 chassées. Dans ce cas, Ivan devina le résultat.
 
   
  +
« Ivan, c’est un ordre. », annonça Riku.
Il tourna lentement sa tête en direction de Riku qui lui dit ces mots-là.
 
   
  +
« Meurs ici. »
« Ivan, je te l’ordonne. »
 
   
  +
« {{Furigana|Ashieit|Jurer sur les dernières volontés}}. Laisse-moi faire. »
Riku annonça d’un coup :
 
   
  +
Souriant ironiquement, Ivan y consentit sans hésitation.
« Meurs ici. »
 
   
  +
Ivan enfonça son sac dans les mains d’Alei et commença à marcher vers l’avant avec nonchalance.
« {{Furigana|Ashieit|Jurer sur les ordres}}. Laisse-moi faire. »
 
   
  +
« H-Hé… »
Souriant ironiquement, Ivan n’hésita pas pour répondre.
 
   
  +
Ivan fit un sourire rassurant à Alei qui avait pris le sac, les mains chevrotantes.
Confiant son sac à Allei, Ivan commença à marcher vers l’avant.
 
   
  +
« Tu sais ce qu’il en est, Alei. Ici, l’un d’entre nous doit être sacrifié. »
« Oula, oula… »
 
   
  +
Oui, une personne devait faire office de leurre pendant que les deux autres s’échappaient. C’était leur unique choix.
Faisant face à Allei qui tenait le sac avec des mains tremblantes, Ivan répondit tout en souriant.
 
   
  +
Trente baies, une distance qu’un humain pouvait parcourir en 8 secondes.
« Tu comprends, pas vrai, Allei. Ici, quelqu’un doit être sacrifié. »
 
   
  +
Pour avoir rencontré un Démonia à une distance aussi critique, ils n’avaient pas d’autres choix pour commencer.
Oui… quelqu’un devait servir d’appât tandis que les deux autres devaient chercher une opportunité pour s’échapper. Il n’y avait pas d’autre moyen.
 
   
  +
S’ils tentaient de fuir tous les trois, ils se feraient attraper et annihiler ''dans le meilleur des cas''. Dans le pire des cas, ils se feraient traquer jusqu’au village… L’ennemi était au moins à ce point malin.
Trente mètres… Cela prendrait environ 8 secondes à un homme en courant.
 
   
  +
Riku devait avoir considéré 『Qui』 et 『Où』 le sacrifice devait avoir lieu… et cela, seul.
Contre un Démonia qui se rapprochait, il n’y avait pas d’autre choix.
 
   
  +
« On ne peut pas se permettre de perdre Riku, et, Alei, tu es encore jeune. Facile de choisir qui doit être éliminé. »
S’ils fuyaient tous les trois, ils finiraient tous morts. Le pire des cas serait d’être chassé jusqu’à la colonie… Même si les connaissances ennemies étaient faibles, ce genre de chose pouvait toujours arriver.
 
   
  +
« Mais, ça ne… ! »
Riku devait considérer 『Qui』 et 『Où』 le sacrifice devait avoir lieu…
 
   
  +
Ivan sourit chaleureusement. Il desserra le bandeau sous son menton et retira son masque à particule.
« Riku est important et il en va de même pour Allei, vous êtes encore jeunes. C’était évident de savoir qui devait jouer l’appât, pas vrai ? »
 
   
  +
« Ivan… !? »
« Mais à cause de ça… ! »
 
   
  +
L’air frais soufflant sur sa peau allégea étrangement sa tension.
Ivan sourit.
 
   
  +
Le vent lui fit se sentir bien en même temps qu’il balayait sa sueur et l’odeur suffocante de la peau de bête.
Il déboucla la ceinture sous son menton et retira lentement son masque anti-poussière.
 
   
  +
« T’en fais pas pour moi. 『Pour protéger mes amis et ma famille』… Ça c’est une raison qui mérite de mourir pour, pas vrai ? »
« Ivan… !? »
 
   
  +
En disant cela, Ivan offrit son masque à Alei dont les épaules tremblaient.
L’air frais soufflant sur sa peau allégea incroyablement sa tension.
 
   
  +
« … Putain. Merde. MERDE ! »
Le vent évapora la sueur de son corps et retira l’odeur de la peau de bête, lui faisant ressentir une sensation extrêmement confortable.
 
   
  +
Tapotant l’épaule de son ami et allié de longue date, Ivan se retourna.
« Ne t’en fais pas pour moi. 『Dans le but de protéger mes amis et ma famille』… Une telle raison pour mourir me semble assez noble, pas vrai ? »
 
   
  +
Regardant dans les yeux noirs de Riku au travers de ses lunettes, il s’exprima :
En disant cela, Ivan tendit son masque à Allei qui tremblait toujours.
 
   
  +
« À la revoyure, Riku. Prends soin de ma famille, de mon enfant. »
« … Merde. MERDE ! »
 
   
  +
Riku ne fléchit pas.
Tapotant l’épaule de son ami de longue date, Ivan se retourna.
 
   
  +
Sans détourner son regard, il fit face à Ivan honnêtement, lui répondant d’un hochement de tête.
Il se tourna vers Riku qu’il regarda dans ses yeux noirs à travers ses lunettes et dit :
 
   
  +
« Ouais, compte sur moi. »
« Adieu, Riku. Prends soin de ma famille, de mon enfant. »
 
 
Riku était toujours nonchalant.
 
 
Échangeant un regard avec Ivan, il hocha la tête.
 
 
« Compte sur moi. »
 
   
 
 
   
« Je suis désolé. »
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« Désolé. »
   
Surpris par les mots d’Ivan, Riku répondit :
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Surpris par les mots d’Ivan, Riku demanda d’un air dubitatif :
   
« … Pourquoi t’excuses-tu ? »
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« … Pourquoi devrais-tu t’excuser ? »
   
« Je suis désolé. »
+
« Désolé. »
   
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Ivan… se contenta de se répéter.
« Oula, Ivan. Tu… »
 
   
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« Tu sais, Ivan. Tu… »
La voix tremblante d’Allei venait de derrière Ivan.
 
   
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Alei s’adressa au dos de son camarade d’une voix tremblante, mais Ivan s’éloigna en faisant un signe au-dessus de son épaule, comme s’il était trop embarrassé pour les regarder.
Comme s’il cachait ses véritables sentiments, Ivan fit volte-face à Riku. Puis, il fit un geste de la main.
 
   
« Allei, avec ma famille, prenez soin de Riku… Bien, il est temps {{Furigana|d’y aller|de mourir}}. »
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« Alei, prends soin de Riku pour moi… Bien, il est temps {{Furigana|d’y aller|de mourir}}. »
 
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=== Partie 4 ===
 
=== Partie 4 ===
 
 
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Au même moment, Riku, Allei et Ivan sortirent des ombres, mais dans des directions différentes.
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Alei et Ivan sortirent simultanément des ombres, mais dans des directions différentes.
   
  +
En contraste au trot silencieux et maîtrisé de Riku et d’Alei, Ivan sprinta comme un fou bruyamment.
Contrairement aux mouvements de Riku et d’Allei qui avançaient en restant près du sol, Ivan courait à toute vitesse tout en criant.
 
   
En entendant le cri de la bête, Ivan maintint sa vitesse tout en jetant un léger coup d’œil derrière lui.
+
Lorsque la bête rugit, Ivan jeta un léger coup d’œil derrière lui tout en maintenant sa vitesse.
   
Après avoir remarqué son ennemi, il donna un coup de pied dans l’acier de l’épave et commença à se déplacer dans la direction d’Ivan.
+
Il vit l’ennemi, qui l’avait remarqué, donner un coup de pied dans des restes d’acier et se diriger vers lui.
   
 
— L’『Ennemi』 était énorme. Tout comme Riku l’avait supposé, il était au moins trois fois plus grand qu’un humain.
 
— L’『Ennemi』 était énorme. Tout comme Riku l’avait supposé, il était au moins trois fois plus grand qu’un humain.
   
  +
Ses muscles se gonflèrent sous sa fourrure noire. Une dent protubérante et irrégulière provenant de sa bouche séparait sa tête en deux.
Quand bien même il était habillé en noir, ses muscles saillants pouvaient être distingués. Une dent irrégulière qui recouvrait presque la moitié de son visage devint visible au moment où il ouvrit sa bouche.
 
   
  +
Lorsque ce cauchemar se mit à le poursuivre sans prêter attention à son entourage, Ivan se mit à ricaner.
Ivan se mit à rire en pensant qu’il allait directement faire l’expérience de l’attaque du monstre.
 
   
  +
Derrière la bête, dans la direction opposée, Riku et Alei se dépêchaient de s’éloigner aussi vite que possible.
Prenant une direction complètement différente des deux autres, Ivan put apercevoir les deux rescapés.
 
   
  +
Le monstre avait été trop distrait par l’agitation d’Ivan pour les remarquer…
Attiré par les grands mouvements et les lourds cris, le monstre ne remarqua pas Riku et Allei…
 
   
« Ha, ha ! »
+
« Ha-haaa ! »
   
  +
Trouvant cela soudainement amusant, Ivan laissa échapper un cri triomphant. Gardant l’attention de la bête sur lui, il accéléra.
Ivan devait crier bien fort pour garder l’attention du monstre. Il dirigea ensuite son attention sur une route pour s’échapper et prit de la vitesse.
 
   
  +
L’opération appât était un succès. Maintenant, il avait juste besoin d’attirer ce monstre aussi loin que possible.
Son rôle d’appât se déroulait sans incident. La prochaine étape consistait à distraire le monstre un peu plus longtemps.
 
   
Quoiqu’il arrive, je vais me surpasser, pas vrai ? Après tout… C’est le dernier travail d’un humain.
+
Autant viser le meilleur résultat possible, pas vrai ? Après tout… ce serait la dernière mission de sa vie.
   
   
  +
— Oui, sa mission s’arrêtait là.
   
  +
Courir simplement comme un fou aussi longtemps qu’il le pouvait, une tâche simple.
— Oui, sa mission était terminée à partir d’ici.
 
   
  +
« Je suis désolé Riku… de devoir te laisser avec tout ce poids. »
Il ne restait plus qu’une dernière ligne droite à franchir avant la fin de sa vie… C’était vraiment une simple tâche.
 
   
  +
Riku, qui était comme un petit frère pour lui, se verrait confier des missions bien plus douloureuses, bien plus exigeantes, bien plus difficiles
« Je suis désolé Riku… de devoir te laisser avec toutes ses tâches pénibles. »
 
   
  +
Lui par contre, dans quelques minutes – ou même secondes – sera en paix…
À partir de maintenant, il y aura des missions plus difficiles, plus précaires et plus fastidieuses qui attendront la personne qu’il considérait comme son petit frère.
 
   
  +
« Ouais, c’est vraiment honteux… Mais, je compte sur toi… Putain. »
Dans les quelques prochaines minutes ou peut-être même dans quelques secondes, il ne se sentira plus aussi relaxé…
 
   
  +
— Les yeux noirs de Riku, à l’image de l’obscurité, émergèrent dans son esprit. Même lorsqu’il avait rendu à Ivan son regard, ils ne reflétaient… toujours rien.
« Ahhh, j’en demande peut-être trop… Mais, je t’en prie… merde. »
 
   
  +
Aucune peur, aucun doute, aucune détresse. Ni tristesse ni douleur ne s’y trouvaient. C’était pour cette raison qu’Ivan lui faisait confiance.
— La paire d’yeux sombres comme l’abysse de Riku émergea dans l’esprit d’Ivan. Même quand il avait regardé Ivan, rien n’y avait brillé.
 
   
  +
Il avait sacrifié sa vie sur les ordres d’un garçon plus jeune que lui.
Aucune peur, aucune hésitation, aucun bouleversement, aucune peine, aucune douleur. Rien n’en ressortait. Pour cette raison, on pouvait lui faire confiance.
 
   
  +
Parce qu’il faisait confiance à cette personne aux yeux noirs pour disposer de sa propre vie comme un déchet si nécessaire…
Jeter sa vie parce qu’un jeune adolescent lui en avait donné l’ordre.
 
   
  +
Il lui faisait confiance pour qu’il ''fasse bon usage de cette vie bien mieux'' qui quiconque d’autre. Mais…
Si nécessaire, sa propre vie pouvait être traitée comme une ordure et être jetée au loin si c’était les mots du maître aux yeux noirs.
 
   
  +
« Je sais que cela pourrait te peser sur la conscience… mais Riku, je ne peux compter sur personne d’autre que toi. »
Il croyait… qu’il était sur le point d’utiliser sa vie plus efficacement que quiconque. Mais…
 
   
  +
C’est pourquoi il s’était spontanément excusé. Pour avoir laissé à Riku une raison de mourir…
« Je sais que cela pourrait te peser sur la conscience… mais Riku, hormis de croire en toi, je ne peux pas penser autrement. »
 
   
  +
Ce n’est pas comme s’il voulait mourir. À leur village, sa magnifique femme et sa merveilleuse fille attendaient son retour.
Donc, je dois m’excuser. Car la raison que tu m’as donnée pour mourir…
 
   
  +
Il voulait s’échapper d’une certaine manière pour éprouver un bonheur simple avec sa famille.
En fait, je ne devrais pas penser à la mort. Ma femme et ma mignonne fille sont encore en train d’attendre mon retour à la colonie.
 
   
  +
— Mais alors… en quoi cela serait vraiment différent d’être enterré dans la cendre turquoise et d’errer dans la mort ?
Quoiqu’il arrive, je dois m’échapper, je veux être avec ma famille et apprécier le bonheur mondain avant de mourir.
 
   
  +
« Aah. Aaaah… !! »
— Mais, ceci ou…
 
   
  +
Pathétique, pensa Ivan.
Mourir ici, enterré dans la cendre turquoise… Quelle différence ?
 
   
  +
Il n’aurait pas pu être plus pathétique, abandonnant le choix d’un tel bonheur à ce moment. Il ne le voulait pas. Cette fin était la dernière chose qu’il souhaitait. Il ne voulait en aucun cas mourir sans aucune raison, sans le moindre sens.
« Ahhh. Ahhhhhhhh… !! »
 
   
  +
« Désolé. Je suis vraiment désolé ! Mais, s’il te plaît, pardonne-moi… »
Malheureusement, c’était ce à quoi pensait Ivan.
 
   
  +
— Vivre dans un monde en ruines, insensé et affreux
À ce moment-là, pour être même effrayé de choisir le bonheur, c’était vraiment malheureux. Merde. Mourir sans raison et mourir involontairement.
 
   
  +
Naître sans raison, pour vivre dans la peur, pour trouver un petit peu de bonheur, seulement pour le voir se déchirer en morceaux. Pour être massacré.
« Désolé. Je suis vraiment désolé ! Mais, s’il te plaît, pardonne-moi… »
 
   
  +
Quelle raison y avait-il pour continuer de vivre dans un monde où ce cycle se répétait sans fin ?
— Dans ce monde brisé, fou et tragique.
 
   
  +
— La réponse à cette question lui avait été donnée par ce garçon, Riku.
Né sans la moindre raison, pour vivre dans la peur et se faire tuer après avoir trouvé un petit peu de bonheur.
 
   
  +
Vivre pour protéger les amis de quelqu’un, la famille de quelqu’un, et – ''pour le bien de celui qui verra la fin de la Guerre'' – mourir.
Quel était l’intérêt de vivre dans ce monde si cela continuait sans fin ?
 
   
  +
C’était fantastique. C’était parfait. Il pouvait difficilement y avoir de meilleure justification pour donner une raison à son existence.
— Celui qui avait répondu à sa question était ce garçon, Riku.
 
   
  +
N’était-ce pas une mort sublime ? Bien sûr que si, crie-le et vois par toi-même.
C’était pour protéger ses amis, pour protéger sa famille… Dans le but d’atteindre un futur où la guerre se finirait, il était d’accord pour mourir.
 
   
  +
« Je ! Je vais mourir pour protéger mes amis et ma famiiiille !! »
Fantastique. Simplement fantastique. La signification derrière l’existence d’une personne, que pouvait-elle être de mieux que cela ?
 
   
  +
Tu vois… ? Pour qui, pour quoi, après quoi doit-on s’incliner !?
Même si je meurs, au moins je mourrai avec classe, pas vrai ? Comme ça… je devrais le crier…
 
   
  +
Une odeur putride. Il comprit qu’une mort au-delà inévitable pour les humains l’attendait.
« Je ! Je vais mourir pour protéger mes amis et ma famiiiille !! »
 
   
  +
« Ha, haaa ! Hé, Riku ! Cette ère prendra fin un jour, pas vrai ? »
OK… il n’avait pas besoin d’être timide, peu importe à qui cela était adressé.
 
   
  +
Aucune réponse. Mais ce n’était pas comme s’il en attendait une.
C’est trop cliché. Seuls les humains qui se dirigeaient tout droit vers leur mort comprendraient cela.
 
   
  +
— Pour commencer, 『Un jour』 était un concept étranger pour Ivan.
« Ha, ha ! Hé, Riku ! Cette ère, quand finira-t-elle ! »
 
   
  +
Ce monde était trop cruel pour y associer l’espoir.
Il n’y avait pas de réponse. Il ne voulait pas non plus connaître la réponse.
 
   
  +
Ce monde était trop hostile pour le luxe du désespoir.
— Quant à savoir 『Quand』, cela serait quand même étrange pour Ivan même s’il l’apprenait.
 
   
  +
Le passé et le futur étaient hors de portée et ne concernaient en aucun cas les personnes vivant dans ce présent.
Ce monde était si cruel que les personnes ne pouvaient garder espoir.
 
   
  +
Tout ce qu’une personne pouvait faire, tout ce qu’elle pouvait se permettre, était d’écrire le présent, raconter l’histoire du moment, avec toutes vies restantes. Même si cela pouvait être facilement balayé en un instant d’un simple caprice d’une personne, n’importe où.
Ce monde était si cruel que les personnes ne pouvaient que perdre espoir.
 
   
  +
« Ahh… »
Le passé et le futur étaient lointains, il n’était pas lié aux humains d’aujourd’hui.
 
   
  +
La seule chose qu’il restait à faire était de continuer de courir, frénétiquement, comme cela.
Mais pour le moment, la seule chose qui avait besoin d’être faite était de se faufiler continuellement et désespérément vers le futur et de ne tolérer aucune autre rêverie.
 
   
  +
« Ah… Ah aaaaahhh aaaah ! »
Quelqu’un allait très certainement être éliminé comme un déchet dans la seconde suivante.
 
   
  +
Toujours vers l’avant. En criant que tu étais là.
« Ahh… »
 
   
  +
Si tu tombais sur le chemin, il suffisait de passer le fardeau à quelqu’un d’autre.
Simplement comme cela, continue de courir.
 
   
  +
« Aaaaaaaaaaaahhhhh ahhhh aaaaaaaaaahhh aaah !! »
« Ah… Ahhhhhhh… ! »
 
   
  +
C’était tout ce que les humains pouvaient…
Continue d’aller simplement tout droit.
 
   
  +
« Aaah… ah… »
Tant que ce corps est en vie, continue de crier.
 
 
Même si tu tombes sur le chemin, quelqu’un d’autre portera ce fardeau.
 
 
« Ahhhhhhhhhhhhhh… Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !! »
 
 
Les Humains, à part cela…
 
 
« Ahhh… Ah ! »
 
 
Puis, le cri s’arrêta.
 
   
  +
Le cri s’arrêta.
 
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=== Partie 5 ===
 
=== Partie 5 ===
 
 
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… C’était l’époque de la 『Grande Guerre』.
 
… C’était l’époque de la 『Grande Guerre』.
   
Les humains étaient à la fois faibles et fragiles, ils ne pouvaient pas survivre en tant qu’individus donc ils devaient vivre ensemble en tant que 『Race』.
+
Les humains étaient fragiles et impuissants. Ils devaient vivre en tant que 『Race』, et non en tant qu’individus.
   
  +
Personne ne pouvait se permettre d’émotion individuelle. Un signifiait tous. Tout le monde devait travailler pour la communauté.
Les sentiments personnels étaient ignorés, tout le monde existait pour survivre en tant que tout. Travailler en tant qu’entité était une nécessité.
 
   
  +
En ce sens, ils étaient constamment forcés de choisir des options qui n’étaient peut-être pas les meilleures, mais les plus efficaces.
Pour cela, même si on ne pouvait pas dire que c’était pour le meilleur, c’était l’étape qui leur donnait la plus grande chance de gagner.
 
   
Grâce à des plans compréhensifs et rationnels, les humains pouvaient continuer à vivre… non, à fuir.
+
Utilisant toute leur ingéniosité et leur intelligence, les humains survécurent… non, ''continuèrent de fuir''.
   
Couvert de cendre et de boue, sacrifiant leur propre petit bonheur, se débarrassant de n’importe qu’elle os… jusqu’au jour inconnula guerre prendra fin.
+
Recouvert de boue et de cendres, piétinant les moindres petites joies, laissant derrière des cadavres… jusqu’au jour où tout s’arrêtera.
   
Pour cette raison, on sacrifiait une personne pour en sauver deux, on sacrifiait la minorité pour sauver la majorité.
+
Avec cette stratégie, ils sacrifiaient une personne pour en sauver deux, se débarrassaient de la minorité au profit de la majorité.
   
  +
Même si cela signifiait devoir abandonner quelqu’un, ils privilégiaient la survie des villageois.
Indépendamment de celui qui était sacrifié, sauver d’autres personnes de la colonie était une priorité absolue.
 
   
Aucun autre moyen n’était pris en compte. Celui qui avait implémenté cela… était Riku lui-même.
+
Ils n’avaient pas le luxe du choix. Celui qui avait insisté sur ces règles… avait été Riku lui-même.
   
  +
Il était trop tard pour la culpabilité ou les regrets. Mais… sans regarder derrière lui ou ralentir, lorsqu’il arriva en sécurité dans les bois, soudainement…
Dès lors, il ne l’avait jamais regretté ni senti de remords à ce sujet. Mais…
 
   
  +
« … ! »
 
 
Il sprinta à toute allure, sans regarder derrière lui, jusqu’à ce qu’il atteigne la forêt où il était supposé être en sécurité. Soudainement.
 
 
« … Wuu. »
 
   
 
Un sentiment d’écœurement frappa Riku.
 
Un sentiment d’écœurement frappa Riku.
   
Le souvenir du visage de cet homme devint graduellement de plus en plus flou. Il ressentait un sentiment insoutenable et un grand dégoût pour quelque chose. Ivan… était bien plus que l’homme qu’il était. Il était brave, réfléchi et prévenant. Dans la génération de Riku, il n’y avait pas d’autre homme comme lui. Avec sa femme, ce fut le coup de foudre. Bien que la proposition de mariage arriva tardivement, ils étaient très intimes…
+
Le visage de cet homme devint graduellement de plus en plus flou dans sa mémoire. Un sentiment insoutenable de vide et un violent dégoût s’imprégnèrent de lui simultanément. Ivan âgé d’un an de plus que lui avait été un homme brave, prévenant et serviable. Parmi la génération de Riku, on ne trouvait personne qui ne lui était pas redevable. Il avait eu le coup de foudre pour sa femme et était resté plutôt timide jusqu’à leur mariage…
   
  +
Tout cela.
Étaient.
 
   
Riku, lui-même, était déjà.
+
Déjà de lui-même.
   
En train d’employer le passé pour en parler.
+
Il s’en rappela en employant le ''passé''.
   
« Riku… Hé, Riku ! »
+
« Riku… Hé, Riku ! »
   
Allei qui était encore en pleurs attrapa violemment les épaules de Riku.
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Alei, les larmes maculant encore les coins de ses yeux, agrippa les épaules de Riku et les secoua violemment.
   
« Tu ne vas pas t’effondrer… avec tout le poids que tu portes !»
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« Essaye pas de tout prendre sur toi… tu vas imploser ! »
   
Cependant, Riku utilisa ses yeux vides d’âme et de lumière pour le regarder…
+
Mais Riku maintint son regard dénue de lumière de fantôme…
   
« Pas tant que quelqu’un devra hériter de mon travail. »
+
« Quand ça arrivera, quelqu’un prendra le relai. »
   
En entendant ces mots légers, Allei se tut.
+
À ces mots, prononcés d’un ton détaché, Alei se tut.
   
  +
Jugeant que personne ne les chassait, ils se remirent en route.
Puis, après avoir jugé qu’il n’y avait pas d’ennemis après eux, ils se mirent à marcher.
 
   
Ils se dirigèrent en direction de la colonie. Le sentiment de lourdeur n’était pas seulement à l’accumulation de l’épaisse poussière.
+
Leurs pas étaient lourds lorsqu’ils prirent la direction de la colonie… et pas seulement à cause de l’accumulation des cendres.
   
Ce qu’ils avaient laissé derrière. Ce qu’on leur avait confié. Les choses qui devaient être utilisées pour continuer d’avancer…
+
C’était ce qu’ils avaient laissé derrière eux. Ce qu’on leur avait confié. Ce qu’ils devront endurer…
   
« … Dis, Riku. Cette époque… Quand finira-t-elle… »
+
« … Dis, Riku. Cette époque… Un jour… Elle se finira un jour, pas vrai… ? »
   
 
Ils ne le savaient pas. C’était la même question qu’avait hurlée Ivan pendant les dernières secondes de sa vie.
 
Ils ne le savaient pas. C’était la même question qu’avait hurlée Ivan pendant les dernières secondes de sa vie.
   
Riku ne pouvait pas répondre à cette question et il regarda le ciel rouge rempli de poussière turquoise.
+
Riku ne répondit rien, et regarda à place le ciel rouge où dansaient les cendres turquoise.
   
Soudainement, des mots qui venaient d’une personne inconnue lui traversèrent l’esprit… 『Il y aura toujours un lendemain』.
+
Puis quelque chose lui traversa l’esprit, des mots que quelqu’un avait prononcés : 『Il y aura toujours un lendemain』.
   
  +
En regardant les morceaux de détritus tomber du ciel dans leur faible lueur turquoise, s’entassant silencieusement…
Les débris flottant dans les airs qui laissaient échapper une légère lueur turquoise tombèrent tranquillement et commencèrent à s’entasser.
 
   
« Ahhh, elle le sera bientôt. »
+
« Ouais, elle se terminera. »
   
S’ils n’avaient pas cette mentalité, s’ils n’y croyaient pas, même maintenant…
+
S’il n’avait pas cette mentalité, s’il n’y croyait pas, en ce moment même…
   
  +
… le poids le ferait tomber à genoux.
— Ce sentiment pesant mettrait probablement de la pression sur leurs genoux.
 
 
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=== Partie 6 ===
 
=== Partie 6 ===
 
 
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L’aller-retour avait pris quatre jours.
+
L’expédition avait duré quatre jours.
   
Pour atteindre la 『Colonie』, ils devaient descendre d’une étendue sauvage recouverte de cendres turquoise jusqu’aux profondeurs de la forêt bloquée par la neige.
+
Leur destination de retour, la 『Colonie』, se trouvait au-delà de l’étendue sauvage tombaient les cendres turquoise, dans un coin perdu encore plus en profondeur que les bois enneigés.
   
Au pied d’une grande et raide colonne, il y avait une grotte cachée. Au premier regard, elle ressemblait au nid d’une bête sauvage.
+
Au pied d’un rocher aiguisé comme un rasoir se trouvait une grotte cachée. Au premier regard, elle ressemblait au nid d’une bête sauvage.
   
Mais une fois à l’intérieur, on découvrait quelques piliers dégradés et de nombreuses lampes suspendues.
+
Mais une fois à l’intérieur, on découvrait quelques piliers dégradés et de nombreuses lampes suspendues ici et là.
   
Riku retira l’une de ces lampes et l’alluma à l’aide d'un silex.
+
Riku retira l’une de ces lampes et l’alluma avec la poudrière qu’il sortit de sa poche avant.
   
  +
La faible lueur orangée les guida dans la cave, jusqu’au bout du tunnel qui avait été creusé.
Comptant sur sa faible lumière, ils se dirigèrent dans les profondeurs de la grotte.
 
   
Tout en faisant attention d’éviter les pièges qu’ils utilisaient pour attraper les bêtes errantes, ils continuèrent d’avancer.
+
En avançant, soucieux d’éviter les pièges pour repousser les bêtes errantes, ils virent une paroi construite avec de solides rondins.
   
  +
C’était une porte, créée dans le but de bloquer les éventuels loups ou ours de s’aventurer qui auraient traversé pièges.
Ensuite, ils arrivèrent devant une paroi externe faite de rondins robustes. La porte avait été créée pour empêcher les ours ou les loups perdus de passer.
 
   
 
Bien sûr, si un intrus appartenait à une 『Autre race』, de telles choses étaient inefficaces.
 
Bien sûr, si un intrus appartenait à une 『Autre race』, de telles choses étaient inefficaces.
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Riku s’approcha et frappa à la porte avec un certain rythme, puis il attendit.
 
Riku s’approcha et frappa à la porte avec un certain rythme, puis il attendit.
   
  +
Rapidement, la porte grinça lentement en s’ouvrant à l’intérieur, et un garçon portant une peau de bête jeta un coup d’œil dehors.
Des grincements accompagnèrent la lente ouverture de la porte et le visage d’un adolescent à qui on avait donné un manteau en fourrure apparut.
 
   
« Content de vous revoir. Ça a être épuisant. »
+
« Content de vous revoir. Bon boulot à vous. »
   
Riku et Allei hochèrent doucement la tête avant de passer la porte.
+
Riku et Alei hochèrent simplement la tête en passant la porte.
   
« … Où est Ivan-san ? »
+
« … Où est Ivan-san ? »
   
Silencieusement, Riku secoua sa tête.
+
Riku secoua sa tête en silence.
   
Le garde retint son souffle, donnant l’impression qu’il se retenait de faire quelque chose. Il s’adressa encore à Riku.
+
Le garde prit une inspiration, comme s’il essayait de retenir quelque chose, et répéta à Riku.
   
« … Ce doit être dur. »
+
« Bon boulot… à vous. »
   
 
 
   
  +
Au-delà de la porte, la grotte s’agrandissait.
Traversant la porte, l’espace commença à devenir spacieux.
 
   
Ici et maintenant… se trouvait un repère secret qui cachait près de 2000 personnes.
+
À ce moment-là, elle servait de cachette pour près de 2000 personnes.
   
L’eau de source qui jaillissait des profondeurs de la grotte réglait les problèmes de besoin en eau tandis que le bétail élevé dans des zones ouvertes réglait les autres besoins.
+
L’eau de source qui jaillissait des profondeurs de la grotte réglait les besoins en eau, et une enclave en plein air permettait d’élever du bétail.
   
  +
L’enclave possédait deux entrées, l’autre menant à une crique connectée à la mer depuis laquelle ils pouvaient récolter du sel et des poissons.
Il y avait un estuaire qui était relié à la rive leur permettant de récupérer du sel et du poisson.
 
   
  +
Pour des humains, qui seraient condamnés s’ils rencontraient 『N’importe quoi』 à l’extérieur, cela constituait un habitat relativement sûr.
Comparé aux autres humains à l’extérieur qui furent tués à cause d’une rencontre avec 『Quelque chose』, c’était un bastion vraiment sûr dans lequel vivre.
 
   
L’épaisse couche de pierre pouvait tout au plus soutenir la force minimale de l’impact d’une balle perdue provenant d’un champ de bataille.
+
L’épaisse couche de pierre pouvait tout au plus supporter l’impact d’une balle perdue provenant d’un champ de bataille.
   
— Bien sûr, c’était un avis purement subjectif.
+
— Bien sûr, cela pouvait être une évaluation bien optimiste du village.
   
Riku emprunta les escaliers en bois pour rentrer dans la colonie.
+
Riku emprunta les escaliers en bois et rentra dans la colonie.
   
Les résidents travaillant dans la ville les regardèrent avec des yeux intéressés… Au beau milieu de la foule, une jeune adolescente courra vers eux.
+
Les résidents travaillant dans la place le remarquèrent et tournèrent leurs regards dans sa direction, et parmi eux, une fille se précipita dans sa direction.
   
Bien qu’elle ait une petite taille, ses yeux bleus et ses cheveux brillants apportaient un peu de vie à l’intérieur de la grotte.
+
Elle était petite et mince, mais ses cheveux vifs et ses bleus brillaient avec la lumière de la vie même dans la grotte.
   
  +
En l’approchant, elle hurla :
La fille qui accourut en face de Riku ouvrit la bouche et cria :
 
   
« T’en a mis du temps ! Jusqu’à quel point tu comptes faire s’inquiéter ta grande sœur !? »
+
« T’en a mis du temps ! À quel point tu voulais m’inquiéter, p’tit frère !? »
   
  +
« Crois-le ou non, on a fait au plus vite. »
« Nous faisions de notre mieux. »
 
   
Riku murmura légèrement tout en déposant son sac sur le sol.
+
Riku répondit brusquement et lâcha le chargement de son sac sur le sol.
   
« Coron, il s’est passé quelque chose depuis mon départ ? »
+
« Coron, il s’est passé quelque chose depuis notre départ ? »
   
« Appelle-moi Onee-san ! Combien de temps de fois je vais devoir te le rappeler avant que tu ne le fasses… »
+
« Appelle-moi Onee-san ! Combien de temps de fois je vais devoir te le dire, espèce de… »
   
La fille qui s’appelait Coron pinça ses lèvres tout en hochant vigoureusement la tête.
+
En boudant et en le sermonnant, la fille du nom de Coron hocha vigoureusement sa tête.
   
« Bon, peu importe. Il n’y a rien d’important à signaler. En tout cas, retire ton manteau sale. Et je te suggère une bonne douche ! »
+
« Bon, peu importe. Il n’y a rien d’important à signaler. Maintenant, tu comptes retirer ce manteau et cette peau dégoutante ? J’irai les emmener au lavage ! »
   
  +
Retirant la poussière de la tête de Riku sans réserve, Coron insista :
Coron frappa Riku sans ménagement qui était recouvert de poussière et ajouta.
 
   
« Allei aussi. Reposez-vous bien ! »
+
« Toi aussi, Alei. Merci pour tout ce que tu as fait ! »
   
Tout en retirant le masque et l’équipement de Riku, Coron s’adressa à Allei qui se trouvait derrière Riku. Soudainement, une silhouette apparut dans la foule.
+
Coron prit le manteau de Riku et son équipement en s’adressant à Alei qui se tenait derrière lui. Elle remarqua ensuite qu’il manquait une personne qui devait être présente.
   
Avant qu’on le leur demande, Allei répondit tout de suite :
+
Avant qu’elle puisse le demander, Alei lui répondit.
   
«  Concernant Ivan, il est mort. »
+
« … Ivan est mort. »
   
Coron était abasourdie et à ce moment… une autre voix provenant de l’autre bout de la place se fit entendre.
+
Coron resta abasourdie en même temps qu’une voix s’éleva d’un coin de la place.
   
« Papa ! »
+
« Papa ! »
   
Riku se retourna et vit une jeune fille courir en chancelant. En la voyant, Allei haleta.
+
Riku se tourna pour voir une petite fille courir vers lui et trébucher sur elle-même. En la voyant, Alei haleta.
   
La jeune fille à bout de souffle qui avait couru vers Riku lui fit un grand sourire tout en criant :
+
La fille qui s’était épuisée en venant vers eux, voyant Riku, fit un sourire rayonnant et cria :
   
« Où est Papa !? »
+
« Où est Papa !? »
   
«  »
+
« »
   
Riku ne pouvait répondre.
+
Riku ne répondit pas.
   
Des cheveux brillants et des yeux bleus, tout comme son père… la fille d’Ivan.
+
Des cheveux brillants et des yeux bleus, tout comme son père – la fille d’Ivan.
   
« Nona. »
+
« Nonna. »
   
« Hé, Riku. Où est Papa ? »
+
« Riku, Riku. Où est Papa ? »
   
  +
Nonna reposa sa question, tirant sur les vêtements de Riku.
Nona tira sur la chemise de Riku en lui posant sa question.
 
   
Cependant, derrière ce visage joyeux, elle se sentit un peu mal à l’aise.
+
Cependant, derrière son visage joyeux, elle se sentit un peu mal à l’aise.
   
« À ce propos, Nona… »
+
« Tu vois, Nonna… »
   
Allei marcha solennellement vers elle et commença à ouvrir la bouche, mais Riku l’arrêta avec sa main.
+
Alei ouvrit difficilement sa bouche pour lui répondre, mais Riku l’arrêta d’un geste.
   
  +
De même, Coron essaya de s’interposer entre son petit frère et Nonna, mais Riku la fusilla du regard.
Au même moment, il lança un regard pour arrêter Coron qui s’approchait de Nona.
 
   
  +
Il toucha sa poitrine pour vérifier.
— C’est bon. Reste.
 
   
  +
— C’était bon. Il était verrouillé.
Avec un ton nonchalant, Riku lui dit :
 
   
  +
De son ton glacial habituel, Riku lui annonça la nouvelle.
« Ivan… Ton Papa, ne pourra pas revenir. »
 
   
  +
« Ivan… Ton Papa ne reviendra pas. »
 
   
  +
–––––––.
Comme si elle ne comprenait pas ce que cette phrase voulait dire, la fille écarquilla les yeux.
 
   
  +
La fille écarquilla les yeux comme si elle n’avait pas compris, mais lorsque Riku s’éloigna, elle chancela en arrière.
Face au silence de Riku, la fille s’éloigna de Riku, faisant de son mieux pour ne pas le croire.
 
   
De grosses larmes coulaient de ses yeux et ses lèvres tremblantes s’ouvrirent.
+
De grosses larmes commençaient à sortir du coin de ses yeux, et ses lèvres se mirent à trembler.
   
« … Pourquoi… ? »
+
« … Pourquoi… ? »
   
«  »
+
« »
   
« Il a dit qu’il reviendrait ! Papa m’a demandé de l’attendre gentiment à la maison !? Nona a été une bonne fille… Elle a tenu sa promesse !? Alors pourquoi… pourquoi Papa n’est pas revenu !? »
+
« Papa m’a promis qu’il reviendrait ! Papa m’a dit "Soit une bonne fille et attends-moi" ! Nonna a été une bonne fille… J’ai tenu ma promesse ! Alors pourquoi… ? Pourquoi Papa ne revient pas !? »
   
« … Parce qu’il est mort. »
+
« … Parce qu’il est mort. »
   
« MENTEUR !! »
+
« MENTEUR !! »
   
Le cri désespéré de Nona résonna en écho dans la grotte.
+
Le hurlement de Nonna résonna en écho dans la grotte.
   
« Papa… a dit qu’il reviendrait, il me l’a promis ! »
+
« Papa… m’a dit qu’il reviendrait, il me l’a promis ! »
   
  +
Combien de temps cela faisait-il ? se demanda vaguement Riku.
Riku commença à réfléchir depuis quand cela avait commencé.
 
   
  +
Combien de temps depuis qu’une voix aussi attristée ne parvient plus à le toucher le moins du monde ?
— Il restait indifférent même après avoir entendu une voix aussi attristée.
 
   
« Ivan voulait aussi garder sa promesse. Mais sur le chemin, nous avons rencontré un Démonia, alors il a servir d’appât. »
+
« Ivan a essayé de tenir sa promesse. Mais nous sommes tombés sur un Démonia, et il l’a attiré et est resté derrière. »
   
« Je m’en fiche ! Pourquoi Papa n’est pas revenu !? »
+
« Je me fiche de tout ça ! Pourquoi Papa ne reviendra pas !? »
   
Nona avait raison, se dit Riku.
+
Nonna avait raison, pensa Riku.
   
  +
Pourquoi et pour qui son père était mort ne lui était d’aucune importance. Son papa adoré ne revenait pas. Aucune explication ne pourrait y changer quelque chose.
Qui avait-il protégé, pour quoi était-il mort, elle se fichait de connaître ces réponses. Elle savait juste que son Papa adoré ne reviendrait pas… C’était un fait.
 
   
« Papa a dit autrefois que l’humanité vaincra ! »
+
« Papa disait que l’humanité gagnerait ! »
   
« Bien sûr que nous gagnerons. Ivan s’est battu pour cela. Pour nous protéger… pour notre victoire. »
+
« C’est le cas. C’est ce pour quoi Ivan s’est battu, avec tout ce qu’il avait. Il s’est battu pour nous protéger, pour que nous puissions tous gagner. »
   
  +
Combien de temps cela faisait-il ? se demanda vaguement Riku.
Riku commença à réfléchir à quand cela avait commencé.
 
   
  +
Combien de temps depuis qu’il était capable de mentir avec autant d’insouciance ?
— Il pouvait prononcer calmement ces mots dénués d’émotions.
 
   
Le petit visage de Nona se raidit.
+
Le petit visage de Nonna se plissa.
   
« Ce n’est pas une victoire ! Si c’est une victoire… »
+
« Ce n’est pas gagner ! Si tu appelles ça gagner… »
   
« Nona ! »
+
« Nonna ! »
   
Une voix forte ainsi qu’une main tendue couvrirent les mots que la fille prononça.
+
Une voix tranchante ainsi qu’une main tendue couvrirent les mots que la fille allait prononcer.
   
 
— 『Ça aurait été mieux si Riku était mort.』
 
— 『Ça aurait été mieux si Riku était mort.』
   
Personne n’avait remarqué depuis quand cette jeune femme maigre, la mère de Nona, la femme d’Ivan, était arrivée.
+
La jeune femme morne, la mère de Nonna, autrefois la femme d’Ivan, apparut de nulle part.
   
Elle avait sa main sur la bouche de sa fille et regardait le visage de Riku.
+
Sympathiquement, elle pressa sa main sur la bouche de sa fille et regarda le visage de Riku.
   
Ses yeux ne contenaient ni rancœur ni haine. À ce moment, Riku toucha sa propre poitrine.
+
Voyant que ses yeux ne contenaient ni haine ni rancœur, Riku toucha rapidement sa poitrine de nouveau.
   
C’est bon, pas de problème.
+
Tout va bien. C’est bon.
   
« Riku… »
+
« Riku… »
   
Martha, la mère de Nona, eut une voix rauque lorsqu’elle prononça son nom.
+
Marta, la mère de Nonna, prononça son nom d’une voix rauque
   
Désolé, était sur le point de dire Riku par réflexe, mais il ravala ses morts.
+
Je suis désolé, était sur le point de dire Riku, mais il ravala ses morts.
   
« … Ivan se servit d’appât pour nous permettre de nous échapper, autrement, on serait mort tous les trois. Parce que nous croyions que si nous ramenions en sécurité la "Récolte" qu’on a trouvée, Nona serait bien protégée. »
+
« … Ivan a servi d’appât pour nous permettre de nous échapper. Sans cela, on serait tous morts, et il pensait fermement que si l’on parvenait à ramener ce qu’on a découvert, cela vous protégerait, toi et Nonna. »
   
« … Merci, Riku. »
+
« … Merci, Riku. »
   
  +
Marta marmonna en pleurs.
Des larmes coulèrent sur le visage de Meranda lorsqu’elle répondit.
 
   
  +
Elle hocha légèrement sa tête, puis reparti dans le village, sa fille à moitié orpheline dans ses bras.
Hochant gentiment la tête, elle porta sa fille récemment orpheline vers les profondeurs de la grotte.
 
   
  +
Une fois hors de vision, Coron murmura comme si elle faisait une prière :
Jusqu’à ce que sa silhouette ait complètement disparu de leurs vues, Coron avait prononcé des prières pour eux.
 
   
« … Ivan. C’était une bonne personne. »
+
« … Ivan. C’était une bonne personne. »
   
— Oui, un grand homme. Sa femme aussi était une femme fantastique.
+
— Oui, il avait été un grand homme. Et la femme qu’il avait choisie était une femme fantastique.
   
  +
Elle n’avait proféré aucune insulte, aucune plainte, et elle ne le laissa pas paraître. Elle l’a simplement cru.
Aucune complainte, aucune colère, on ne pouvait pas imaginer comment elle avait confiance en quelqu’un comme lui.
 
   
  +
Leur enfant, par contre, était une fille intelligente qui savait lire entre les lignes.
La fille savait lire entre les lignes, il était évident qu’elle était très intelligente.
 
   
  +
Elle avait dévisagé Riku pour lui faire comprendre ce qu’il était…
Parce qu’à ce moment, la fille révéla clairement son vrai visage et ses véritables intentions…
 
   
— "Menteur".
+
Un "Menteur".
   
« Riku ! »
+
« Riku ! »
   
  +
Soudainement, Coron l’enlaça avec une force qui le déstabilisa.
Sans prévenir, Coron attrapa Riku par prévention pour l’empêcher de s’effondrer.
 
   
« Bon retour parmi nous. C’est une bénédiction que tu ailles bien… »
+
« Bon retour parmi nous. C’est une bénédiction que tu ailles bien… »
   
« Ah, oui… je suis de retour. »
+
« Ouais… je suis de retour. »
   
 
Ensuite, Coron changea délibérément de sujet avec exagération.
 
Ensuite, Coron changea délibérément de sujet avec exagération.
   
  +
« Biiien, bien, bien ! Il est temps pour vous de prendre un bain. Je vais le préparer ! »
« Ooo… OK, OK ! Le bain devrait être chauffé à présent, alors va te doucher maintenant ! »
 
   
« La douche ! »
+
« Un bain ! »
   
Allei cria joyeusement. Riku fronça les sourcils et ajouta avec mécontentement.
+
Alei se réjouit, mais Riku fronça les sourcils et grogna.
   
  +
« On peut se contenter de s’essuyer. Pas besoin de gâcher des ressources. »
« Ça ira si je me contente de m’essuyer simplement le corps… gaspillage de ressource. »
 
   
« O, Nee, San, te dit d’aller prendre un bain ! Tu empestes là ! »
+
« O, Nee, San, te dit d’aller prendre un bain ! Tu empestes là ! »
   
Coron dit cela en comparant l’odeur de ses vêtements à celle de l’air ambiant. Incapable de résister plus longtemps, Riku soupira et commença à s’y diriger.
+
Coro se plaignit, reniflant ses propres vêtements comme si elle s’inquiétait que l’odeur s’attache à elle. Riku soupira, mais s’y dirigea en trainant des pieds.
   
Pendant qu’il traversait la place pour atteindre les parties les plus profondes de la colonie, un vieil homme appela soudainement Riku.
+
Lorsqu’ils sortirent de la place et entrèrent au bout du couloir, un vieil homme le repéra et l’appela.
   
« Oh, Riku ! Cette chose inutile fonctionne enfin ! »
+
«, Riku ! Cette chose inutile fonctionne enfin ! »
   
« Simon, comment oses -tu !! Maintenant, il est au courant ! Je voulais lui faire la surprise ! »
+
« Simon, comment oses -tu !! Pourquoi tu lui as dit !? J’espérais pouvoir le surprendre ! »
   
  +
« Fonctionne… Tu parles du télescope ? »
« Le télescope… fonctionne enfin ? »
 
   
En voyant Riku écarquiller les yeux, Coron bomba fièrement sa poitrine et répliqua :
+
Riku en resta bouche bée, et Coron en profita pour bomber fièrement sa poitrine.
   
  +
« Uhum, À quoi tu t’attendais venant de moi ? »
« Uhum, tant que je peux démonter une chose, je peux trouver facilement l'idée derrière son fonctionnement ! »
 
   
« Eh bien, même si Coron a découvert son fonctionnement… Elle est toujours incapable de trouver comment le fabriquer. »
+
« Comment dire, tu avais bien expliqué le principe, Coron… mais je n’avais toujours aucune idée de comment le mettre en pratique. »
   
  +
Guidé par Simon, Riku monta les escaliers menant à l’atelier construit dans une crevasse horizontale de la grotte. En son centre, un objet cylindrique y était installé.
Guidé par Simon, Riku marcha vers la scène.
 
   
  +
Il y a un an de cela, ils l’avaient récupéré des débris d’un tank appartenant aux Nain – un télescope à très longue portée.
Il y avait un atelier spacieux creusé dans la grotte… En son centre, on pouvait y découvrir un petit objet cylindrique.
 
   
  +
Sur le chemin du retour, il s’était cassé en deux au milieu, ne devenant qu’un débris…
Il y a un an de cela, cet objet qui avait été récupéré dans le chariot d’un Nain était un télescope à longue portée.
 
   
  +
Riku demanda :
Sur le chemin du retour, il s’était cassé en deux. Il était supposé être inutilisable…
 
   
  +
« Vous êtes sûrs qu’il n’utilise pas de particules élémentaires ? »
Riku demanda :
 
   
  +
« Ouais, rassure-toi. C’est une version améliorée de celle que tu fabriquais. En gros, il utilise de nombreux disques en verre empilés ensemble d’une manière complexe. Laisse-moi te le dire, j’ai dû travailler pour obtenir des lentilles avec les bons ratios ! »
« Est-il opérationnel sans particules Élémentaires ? »
 
   
  +
« Je vois. Deux d’entre nous sont morts pour le récupérer. Nous devons en faire bon usage. »
« Hum, rassure-toi. C’est une version modifiée de celle que Riku avait ramenée. Si besoin, on peut encore lui ajouter d’autres lentilles. Et les lentilles peuvent même être ajustées. »
 
   
  +
Coron était présente lorsqu’ils l’avaient récupéré.
« Je vois. Deux d’entre nous sont morts pour le récupérer. Nous devons en faire bon usage. »
 
   
  +
C’était elle qui l’avait identifié comme étant un télescope à très longue distance et suggéré de le ramener, et c’était Riku qui avait approuvé ce choix.
Quand ils l’avaient récupéré, Coron était aussi présente.
 
   
  +
Puis – pour échapper à la menace d’un Thérianthrope qu’ils avaient croisé sur le chemin du retour – ils avaient dû sacrifier non pas une, mais deux personnes.
C’était elle qui l’avait découvert et proposé de le ramener et Riku était aussi pour.
 
   
  +
Malgré cela, Simon intervint chaleureusement :
Puis… ils avaient rencontré des Thérianthropes sur le retour, obligeant deux humains à être sacrifiés dans leur fuite.
 
   
  +
« Avec ça, le nombre d’expéditions diminuera. Pense à quel point ils seraient heureux de l’entendre ! »
Cependant, la voix chaleureuse de Simon revint.
 
   
  +
« … Ouais, c’est vrai. »
« Avec ça, le nombre d’expéditions diminuera… Comme ça, ils pourront enfin reposer en paix, pas vrai ? »
 
 
« Ahh, oui. »
 
   
 
— C’était un mensonge.
 
— C’était un mensonge.
   
Riku savait que Coron avait fait beaucoup d’effort pour réparer ce télescope.
+
Riku savait à quel point Coron avait travaillé pour réparer ce télescope.
   
Mais ce n’était qu’une maigre consolation. Peu importe à quel point il agissait avec prudence, si jamais les ennemies décident vraiment de mener des recherches, cette cache serait immédiatement découverte.
+
Mais ce n’était qu’un effet placebo. Les humains avaient beau être aussi prudents que possible, si jamais ''ils'' décidaient vraiment de les trouver, ils le feraient en un rien de temps.
   
  +
Et encore, même maintenant, il était hautement possible que ce lieu se fasse accidentellement annihiler.
Non, même à ce moment, une balle perdue pourrait même tout faire sauter.
 
   
  +
— Tout comme son lieu de naissance l’avait été, et l’endroit où il avait été élevé.
— Ce fut déjà le cas, avec leur "Lieu de Naissance" et aussi "Là où ils avaient grandi".
 
   
Mais Coron qui comprenait l’inquiétude de Riku dit gaiement :
+
Consciente des pensées qui tourmentaient Riku, Coron dit gaiement :
   
« Cela peut rassurer les gens de savoir qu’on peut anticiper une attaque. Pouvoir prévoir le danger peut permettre de s’échapper beaucoup plus facilement.Et pour la route, on y pensera petit à petit quand le temps viendra ! OK, allons-y ! »
+
« Ça sera beaucoup plus simple pour anticiper une attaque. Si on sait à l’avance qu’un danger arrive, on aura le temps de s’échapper, pas vrai ?Il va falloir réfléchir à comment on va s’en servir, tu sais ! Allez, on y va ! »
   
Ils quittèrent tous les deux l’atelier. Se dirigeant vers sa chambre qui se trouvait dans la zone, Riku demanda :
+
Ils quittèrent tous les deux l’atelier. Se dirigeant vers sa chambre qui se trouvait dans la zone, Riku demanda :
   
« Et les autres qui sont aussi sortis ? »
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« Et les autres expéditions ? »
   
« Ils sont tous revenus en toute sécurité. Ton équipe et toi êtes allés le plus loin, du coup tout le monde était déjà rentré. ♪ »
+
« Ils sont tous revenus en toute sécurité. Ton équipe est celle qui s’est aventurée le plus loin, du coup tout le monde est revenu. ♪ »
   
  +
« Ouais, à une erreur près de ma part. »
« Ahhh, oui, alors nous sommes les seuls à avoir rencontré des problèmes. »
 
   
  +
Le visage impassible, et pas particulièrement ironique, de Riku fit hésiter Coron.
Voyant l’éternel visage penaud de Riku, Coron hésita.
 
   
« Mais… Mais ! Avec tout ce que vous avez ramené, vous avez dû récolter quelque chose, pas vrai ? »
+
« M-Mais ! Vous avez dû ramener quelque chose de valeur, pas vrai ? »
   
« Dans les ruines d’un navire de guerre nain, nous avons trouvé la dernière carte du monde. »
+
« Dans les ruines d’un dirigeable nain, on pense avoir trouvé la carte du monde actuel. »
   
« ! Vraiment !? C’est une grosse trouvaille ! »
+
«! Vraiment !? C’est une grosse trouvaille ! »
   
Riku hocha la tête en réponse à la voix surprise de Coron.
+
Riku hocha la tête en réponse à la voix enthousiaste de Coron.
   
  +
« Avec des indications d’où se trouvent leurs effectifs et de leurs stratégies, le tout expliqué en langage des Nains. Mais une partie est codée. Il va me falloir du temps pour la comprendre, ''alors laisse-moi seul pendant un moment''. »
« Les forces ennemies sur la carte, les stratégies écrites en langage Nain mêlées à certains codes. J’aimerais les interpréter et résoudre ces messages, tu peux me laisser m’en occuper seul ? »
 
   
En entendant cela, Coron eut une expression complexe.
+
À ces mots, l’expression de Coron devint complexe.
   
« … Hmm. Mais d’abord, prends un bon bain, OK ? Parce que tu schlingues vraiment. »
+
« … Hmm. Mais d’abord, prends vraiment un bon bain, OK ? Tu schlingues vraiment. »
   
En voyant Coron pincer son nez tout en disant ces mots, Riku soupira et acquiesça.
+
En pinçant son nez, Coron lui tourna le dos et se mit à partir. Riku laissa échapper un soupir.
   
   
  +
— En entrant dans son étroite chambre, Riku ferma la porte.
   
  +
Il y avait déjà peu d’espace à l’origine, ayant été creusé dans la grotte, mais les très nombreux livres qui s’y étaient entassés rendaient l’atmosphère encore plus oppressive.
— Riku entra dans la chambre étroite et ferma la porte.
 
   
  +
Au beau milieu se dressait une petite table pour manger. Au bout se trouvait un bureau pour faire de la cartographie, et la paillasse qui lui était adjacente lui servait de lit.
Elle était à l’origine creusée dans la cave c’est pourquoi elle était étroite. L’accumulation de nombreux livres et d’objets la rendait encore plus étroite.
 
   
  +
Il déposa la lanterne sur son bureau, retira son sac et aligna les différents objets qu’il avait obtenus, la star du lot étant trois feuilles de parchemin, celle qu’ils avaient recopiée ensemble.
Au milieu se trouvait une petite table pour manger. Une table de dessin était aussi présente plus loin dans la chambre, debout à côté d’une paillasse qui lui servait de lit.
 
   
  +
Il les déploya à la lumière de la lanterne. Aucun oubli, aucune tache… ce qui signifiait ''qu’Ivan n’était pas mort en vain''.
Après avoir déposé la lampe sur la table, il sortit les objets qui se trouvaient dans le sac et les plaça dessus
 
   
  +
… Riku expira profondément et regarda autour de lui.
Il y avait trois objets qui attiraient particulièrement l’attention… Trois cartes superposables recopiées à la main par trois individus.
 
   
  +
Il était seul. Sa chambre était suffisamment loin de celles de ses voisins, et la porte était épaisse.
Avec la lumière, Riku confirma que rien ne manquait qu’il n’y ait pas de taches. Cela signifiait que la mort d’Ivan n’avait pas été vaine.
 
   
Prenant une profonde inspiration, Riku surveilla ses alentours.
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Après avoir fini sa 『Routine habituelle』, Riku prit une profonde inspiration et toucha sa poitrine…
   
Personne. La distance entre sa chambre et une autre était amplement suffisante et la porte était aussi suffisamment épaisse.
 
 
Après avoir fini sa 『Routine habituelle』, Riku prit une profonde inspiration et toucha sa poitrine…
 
   
— Avec un *clic*, il tourna laClef』.
+
— Avec un *clic*, il ouvrit sonVerrou』.
 
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=== Partie 7 ===
 
=== Partie 7 ===
 
 
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« Qu’est-ce que tu veux dire par… PAS VAINE ! ESPÈCE DE BÂTARD HYPOCRITE !! »
+
« Qu’est-ce que tu veux dire par… PAS EN VAIN !? PUTAIN D’HYPOCRITE !! »
   
Tout en mangeant, Riku agita son poing en s’insultant lui-même.
 
   
  +
Il frappa ses poings contre la table, s’écorchant au passage.
La nouvelle carte du monde. Le diagramme des forces ennemies. Les stratégies des Nains.
 
   
  +
La carte du monde actuel. Les positions des camps. La stratégie des Nains.
Ahhh ! Oui, très important ! Une très grande trouvaille. Cela pourrait très bien déterminer le destin de toute la colonie !
 
   
  +
Oui, génial ! Une énorme trouvaille. Elle pourrait même décider du destin de toute la colonie.
On peut utiliser cela pour prédire la position des repères ennemis et des ressources. De plus, on pourra éviter de se retrouver dans le territoire d’une autre race.
 
   
  +
Ils avaient désormais une idée d’où se trouvaient les ressources et les bases ennemies. Ils seront capables d’éviter de mettre le pied à l’aveugle sur un champ de bataille impliquant les autres races.
Et pour obtenir tout cela, de périlleuses 『Expéditions』 avaient été menées pendant plus de cinq ans.
 
   
  +
Cinq années de périlleuses 『Expéditions』 juste dans l’espoir de trouver une telle chose.
La première avait commencé dans une zone voisine et une première carte approximative du monde avait été tracée.
 
   
  +
Drastiquement
La position des zones dangereuses et des ressources. La carte devait être constamment mise à jour avec de nouvelles informations. Jusqu’à présent, elle avait été extrêmement utile.
 
  +
Au début, ils avaient cartographié la zone environnante. Puis, une esquisse de la carte du monde. À force de l’actualiser, elle commença à refléter les zones dangereuses et les ressources potentielles.
   
Et en ajoutant les informations ramenées aujourd’hui, la crédibilité de nos cartes s’en verra grandie.
+
Ce ne fut que depuis récemment qu’elle révéla son utilité. À présent, en incorporant les informations qu’ils venaient de ramener, la fiabilité de leurs cartes venait d’augmenter drastiquement.
   
— Mais, pour cette carte, combien de personnes sont mortes ?
+
— Mais combien de personnes ont dû mourir pour ces cartes ?
   
Riku connaissait la réponse… leurs apparences, leurs noms.
+
Riku connaissait la réponse à cette question. Il se souvenait de leurs visages. Il pouvait même réciter leurs noms.
   
  +
Si vous vouliez vraiment le savoir, il pouvait même vous raconter quand ils étaient morts, où, et pour quelle raison. ''Quarante-sept personnes''… non, il y en avait une de plus désormais, donc ''quarante-huit''.
On pouvait dire qu’il se rappelait même quand, où et comment ils étaient morts. 47 personnes… non, 48 maintenant.
 
   
Pour chacune d’entre elles, Riku leur avait demandé à toutes 『d’aller mourir』.
+
À chacune d’elles, Riku leur avait donné le même ordre : 『Meurs』.
   
  +
Parfois directement. Parfois indirectement. Mais qu’importe qui en donnait l’ordre, Riku était celui qui tirait les ficelles.
Riku ne leur avait pas toujours dit cela directement, car il y en avait qui comprenaient implicitement ses intentions.
 
   
  +
— Un pour tous. Sacrifier une personne pour en sauver deux.
Mais quelle que soit la personne, celle qui donnait l’ordre 『Mortel』 était sans aucun doute Riku.
 
   
Sacrifier une personne pour sauver les autres, sacrifier la minorité pour sauver la majorité.
+
Si cela met en danger les autres, abandonnez votre vie avant que cela n’arrive.
   
  +
Celui qui avait instauré ces règles, montré à tout le monde comment sortir de leur situation désespérée, n’avait été personne d’autre que Riku lui-même…
— Dans une situation où les autres étaient blessés et souffraient, le suicide était la meilleure solution.
 
 
Cette règle avait été instaurée.
 
 
Dans cette situation désespérée, même si elle était insignifiante, la seule personne qui pouvait amener les personnes à leur épreuve finale… Ça ne pouvait être personne d’autre que Riku lui-même.
 
   
 
Mais…
 
Mais…
   
  +
« Si ça continue… où cela va-t-il nous mener ? »
« Si cela continue, alors… que vais-je faire… ? »
 
   
  +
Tuer un pour deux. Tuer deux pour quatre. Cumulez le tout et on atteignait quarante-huit.
Pour sauver deux personnes, une personne devait être tuée. Pour en sauver quatre, deux personnes se faisaient tuer.
 
   
  +
La population actuelle de la colonie qui avait survécu grâce à ces sacrifices… était d’un peu moins de 2000.
Ce cycle sans fin s’était répété jusqu’à attendre ce résultat final où 48 personnes étaient mortes.
 
   
  +
— <i>Alors, Riku, voyons ce que tu as à dire. Jusqu’où comptes-tu continuer ça ?
Continuant de vivre sous ces sacrifices, la population actuelle de la colonie… était d’à peine 2000 personnes.
 
   
  +
Jusqu’à ce jour, pas vrai… celui où tu auras tué 『999 pour 1001』 ?
— Dis, Riku, réponds donc à cela : Jusqu’à quand cela continuera ?
 
   
  +
Ou alors… jusqu’à ce qu’『Il ne reste qu’une personne』 ? </i>
Cela s’arrêtera un jour, pas vrai… jusqu’au jour où 『Pour 1001 personnes, 999 se feront tuer』, pas vrai ?
 
   
  +
« … Ha… ha, hahahahaha… ! »
Ou peut-être… jusqu’au jour où 『Il ne restera qu’un seul homme』 pas vrai ?
 
   
  +
<i>Et tu as le culot de dire à une fille qui vient de perdre son père que c’est une 『victoire pour l’humanité』 avec cette bouche !
« … Ha… ha, hahahahaha… ! »
 
   
  +
De tromper tout le monde en prétextant que tout cela est inévitable, que ces sacrifices sont nécessaires ; de les démoraliser ! Et même toi, tu t’accroches à ces mensonges, tu enfermes ton cœur et tu te convaincs de ce en quoi tu dois croire.</i>
Dire à un enfant qui vient de perdre son père que c’est pour 『La victoire de l’humanité』 avec un regard aussi vicieux !
 
   
  +
— Cela lui donna envie de vomir. La folie du dégoût qu’il exprimait envers lui-même lui écorchait la gorge. ''Tu n’as pas honte ? Ou tu l’as oubliée ? Jusqu’où tu comptes tomber ? Enculé…''
Tromper tout le monde avec le prétexte qu’on y pouvait rien qu’il soit sacrifié. Puis j’ai commencé à me reposer sur ces mensonges, accrochant un verrou à mon cœur pour abandonner tous ces sentiments négatifs.
 
   
  +
— Vomir. Son sentiment de dégoût envers lui-même commença à lui brûler la gorge. Ai-je la moindre idée de ce qu’est la honte, ou l’ai-je déjà oubliée ?
 
   
  +
« Hff !… Hff, hff… »
Jusqu’où vas-tu te rabaisser avant d’être satisfait… espèce de bâtard !!
 
   
  +
… Avant qu’il ne s’en rende compte, la table était cassée.
 
   
  +
Des fragments de bois s’étaient logés dans les poings qu’il avait utilisés pour frapper la table, répandant du sang.
« Ha… ha, ha… »
 
   
  +
Il reprit subitement son calme après cette colère soudaine. Ses pensées calmes réprimandèrent son cœur.
… Quand il reprit ses esprits, la table était fissurée.
 
   
  +
''Tu es content maintenant ? '' – Ouais, comme si j’allais être content.
Le sang du poing qu’il avait utilisé pour donner un coup dans le bois commençait à se répandre sur la table.
 
   
  +
''Tu vas pleurer ? '' – Ouais, comme si ça allait changer quelque chose.
Le sang chaud qui lui était monté à la tête commença à se refroidir. Où passaient toutes ses froides pensées… il le demanda à son cœur.
 
   
  +
''Alors tu as fini ? '' – Ouais, c’est bon, connard.
Satisfait ? … Aah, comment je pourrais être satisfait.
 
   
Envie de pleurer ? … Aah, en quoi pleurer changerait quelque chose.
 
   
  +
Il n’avait aucun droit pour pleurer. Si quelque chose devait couler, ce devrait être du sang.
Alors est-ce suffisant ?… Aah, bien sûr que c’est suffisant, connard.
 
   
  +
Cela lui convenait bien mieux. Ce bâtard, ce fils de pute, ce menteur hypocrite.
Je n’ai pas le droit de pleurer. Si quelque chose doit couler, mon sang fera l’affaire.
 
   
  +
— Plutôt qu’un liquide noble comme les larmes, du sang sur ses mains lui convenait bien mieux.
Les effusions de sang scient très bien à quelqu’un d’ignoble, de dégoutant, de méprisable et à un putain de menteur comme moi.
 
   
  +
Il ferma ses yeux, porta sa main à sa poitrine, et l’imagina.
— Comparées aux larmes qu’il ne pouvait verser, ses mains ensanglantées convenaient bien mieux.
 
 
Fermant les yeux, il amena sa main jusqu’à sa poitrine… Des pensées se formèrent.
 
   
 
— *Clic*.
 
— *Clic*.
   
Accompagné d’un bruit lourd, il tourna laClefpour fermer le verrou… Cela mettait fin à la procédure.
+
Accompagné d’un lourd retentissement, il ferma leVerrou, et c’était tout.
   
Comme d’habitude, les demandes restaient les mêmes. Une personne froide. Une personne calme. Une personne rigoureuse.
+
Comme d’habitude. Comme prévu. Trompeur. Calculateur et calme. Le donneur d’espoir.
   
Sans oublier la personne qui donnait de l’espoir à tout le monde, l’"Adulte" au cœur d’acier, 『Riku』, était opérationnel.
+
『Riku』 « l’adulte » au cœur d’acier était de nouveau opérationnel.
   
En fermant son cœur, l’esprit de Riku s’apaisa et il ouvrit lentement les yeux.
+
Ayant fermé son corps et apaisé son esprit, Riku ouvrit lentement ses yeux.
   
Puis, regardant la scène épouvantable la table était cassée et du sang était éparpillé, Riku soupira.
+
Puis, à la vue du bazar devant lui, de la table tachée de sang, il soupira.
   
  +
« … Les arbres ne poussent pas sur des pierres… Et merde… Je fais quoi maintenant ? »
« … Le bois n’est évidemment pas une ressource facile à obtenir… Ah, enfoiré… Qu’est-ce que tu vas faire. »
 
   
Riku retira sa main bloquée dans le bois et se plaignit avec lassitude. Aucune douleur… tout comme son cœur calme, ses sentiments étaient aussi gelés.
+
En retirant les éclats de bois de sa main, il grogna. Aucune douleur, comme si ses sens s’étaient figés en même temps que son cœur.
   
« Il n’y a aucune excuse à cela… non, attends, la transformer en feu de bois pourra détruire les preuves et en même temps, j’augmenterai nos ressources. Une pierre deux coups. Manger directement au sol suffira… »
+
« J’imagine que je n’ai aucune excuse à cela… non, attends. Si je l’utilise comme feu de bois, ça éliminera les preuves et ça augmentera nos ressources. D’une pierre deux coups. Je pourrais très bien manger par terre… »
 
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=== Partie 8 ===
 
=== Partie 8 ===
 
 
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— De l’autre côté de la porte.
 
— De l’autre côté de la porte.
   
  +
Adossée au mur, Coron, le visage baissé, avait tout entendu.
Dos à la porte et écoutant attentivement se trouvait Coron.
 
   
… C’était coutumier. C’était pour cette raison qu’elle acceptait de le laisser seul.
+
… C’était coutumier. C’était pour cela qu’elle le laissait seul.
   
  +
C’était son moment à lui pour délivrer son cœur. De sorte qu’il puisse accepter d’avoir sacrifié… tué Ivan. Un rituel… qui lui était nécessaire. Sans cela, il deviendrait fou.
Pour permettre à Riku d’ajuster son cœur, pour permettre au cœur de Riku d’accepter le fait qu’Ivan avait été sacrifié… la procédure nécessaire.
 
   
  +
— Ou peut-être était-il devenu fou depuis longtemps…
C’était important pour son petit frère. Sinon… Il serait sûrement déjà brisé.
 
   
  +
« … »
— Ou peut-être était-il déjà brisé…
 
   
  +
Coron ne pouvait rien dire… C’était la seule chose qu’elle pouvait faire, l’écouter de l’autre côté de la porte.
« … »
 
   
  +
Ce garçon de 18 ans, si jeune qu’on devrait le traiter comme un garçon.
Coron ne pouvait rien dire… À part l’écouter, elle ne pouvait rien faire d’autre.
 
   
  +
Cette situation, celle dans laquelle il s’était vu confier le destin et les décisions à prendre d’une colonie de deux mille individus, était anormale. Mais… il n’y avait personne d’autre.
Avec seulement 18 ans, ça ne serait pas bizarre de le considérer comme un adolescent.
 
   
  +
Pour guider ces deux mille personnes qui avaient perdu espoir. Pour prendre les choix difficiles nécessaires.
Mais placer les vies des deux mille personnes de la colonie sous sa juridiction… Quoi qu’on en dise, c’était beaucoup trop à supporter. Cependant, il n’y avait que lui pour accomplir cela.
 
   
  +
Qui d’autre pouvait encaisser la détermination de leurs prédécesseurs, de la volonté des survivants, et continuer d’avancer ? Qui pouvait endurcir son cœur de cette façon ?
Le guide de deux mille personnes qui avaient perdu espoir, le mentor qui prend les décisions les plus appropriées quand c’est nécessaire.
 
   
  +
— Personne d’autre que Riku.
Il pouvait encore avancer sans trébucher tout en portant autant de responsabilités sur ses épaules, en plus de la volonté des gens.
 
   
  +
S’ils le perdaient, ils en seraient ''réduits'' à trembler dans la peur de mourir comme des 『Proies』.
La seule personne qui pouvait durcir son cœur dans ce monde, c’était Riku.
 
 
S’ils perdaient quelqu’un comme lui… tout le monde deviendrait des 『Proies』 tremblantes attendant que la mort vienne les chercher.
 
 
Ainsi, ils deviendraient des organismes inutiles et dénués de sens… même Coron était persuadée de cela.
 
   
  +
Des animaux complètement inutiles et dénués de sens… Même Coron le savait.
   
   
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Ce n’était pas une hyperbole. La guerre en était au point où personne ne se souvenait de quand elle avait commencé.
 
Ce n’était pas une hyperbole. La guerre en était au point où personne ne se souvenait de quand elle avait commencé.
   
Les humains développèrent leur culture en même temps que de se faire éliminer comme de la mauvaise herbe. C’était ridicule d’appeler ce genre de chose Histoire, c’était juste trop misérable. On écrivait rarement des faits à transmettre aux futures générations…
+
À chaque fois que les humains fondèrent quelque chose ressemblant à une civilisation, elle se faisait éliminer comme de la mauvaise herbe… Une tradition orale bien trop pathétique et absurde pour la considérer comme de l’Histoire. Ils la décrivaient simplement, calmement, en se tenant aux faits, comme l’éternité.
   
Le monde où les étoiles sont masquées, la terre fissurée et le ciel rouge qui n’avait ni jour ni nuit.
+
Un monde où le ciel était inaccessible et où la terre était dévastée, tous deux baignant dans la couleur du sang, démuni de nuit ou de jour.
   
Il n’y avait plus de livre d’histoire, la signification de passer le temps… ne pouvait plus être comprise.
+
N’ayant même plus de calendrier commun, ils en avaient oublié la signification de voir le temps passer.
   
   
  +
Dans cette ère stagnante où la terre et le ciel, trempés dans la 『{{Furigana|Cendre Noire|Mort}}』, était saccagés par encore plus de violence… les humains restaient impuissants.
   
  +
Faire un pas en dehors du village revenait à tendre son coup autour de la faux de la Faucheuse.
Dans cette ère stagnante, le ciel était rempli avec la 『{{Furigana|Cendre Noire|Mort}}』, rendant le monde encore plus violent… et les humains étaient impuissants face à cela.
 
   
  +
Même une rencontre malchanceuse avec un animal sauvage devenait une invitation pour la mort.
Faire un pas en dehors de la colonie était équivalent à ce que la faucheuse serre sa faux autour de votre coup.
 
   
  +
La vue des dieux et des leurs créations – les 『Autres races』 – annonçait la destruction.
Même face aux animaux sauvages, s’ils se faisaient charger les premiers, seule la mort les attendait.
 
   
  +
Le moindre projectile perdu ou contrecoup d’une explosion causait l’annihilation de villages, de villes, de civilisations entières.
En cas de rencontre avec les dieux ou leurs disciples, les 『Différentes races』, d’un seul regard, la destruction s’abattrait sur eux.
 
 
En rentrant simplement en contact avec une balle perdue, la colonie, la ville, les cultures seraient détruites.
 
   
 
… Interminable. Interminable, interminable.
 
… Interminable. Interminable, interminable.
   
Interminable, interminable, interminable, interminable… telle était la répétition de mort et de destruction dans ce monde.
+
Interminable, interminable, interminable, interminable… telle était le cycle de la mort de de la destruction de ce monde.
   
Si l’enfer existait, il serait ici, pensa Coron… et pourtant, l’humanité devait survivre.
+
''Si l’enfer existe, c’est cela'', pensa Coron… et pourtant, l’humanité y vivait toujours.
   
 
— Personne ne voulait mourir sans raison.
 
— Personne ne voulait mourir sans raison.
   
  +
— Leurs 『Cœurs』 n’accepteraient pas que leur existence ait été vaine.
— À cause de son propre 『Cœur』, personne n’accepterait de mourir sans raison.
 
   
Dans un tel monde, maintenir une telle chose était normal… pouvait-on même appeler ça normal en premier lieu.
+
Rester sain d’esprit dans un monde comme celui-ci… pouvait-on même de rester sain d’esprit ?
 
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=== Partie 9 ===
 
=== Partie 9 ===
 
 
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— Il y a cinq ans.
 
— Il y a cinq ans.
   
La colonie, Riku et Coron étaient partis de chez eux une fois que la confrontation entre des Flügels et des Dragonias s'était terminée.
+
La colonie qui avait accueilli Riku, la maison de Coron, avait été prise dans une confrontation entre des Flügels et des Dragonias et s’était fait effacer.
   
Ceux qui en étaient auparavant les dirigeants furent tous frappés par le désespoir et la mort, continuellement en train de sangloter jusqu’à ce qu’ils trouvèrent cette nouvelle grotte.
+
Les adultes qui étaient autrefois leurs dirigeants moururent tous, et, écrasés par le désespoir, pleurant et sanglotant, les survivants étaient parvenus jusqu’à une grotte.
   
Alors que tous les adultes se lamentaient sur le sort, l’enfant de 13 ans vit la grotte et dit :
+
Ignorant ceux qui étaient acculés par la tristesse, un enfant d’alors 13 ans inspecta la grotte et déclara :
   
  +
« C’est un bon endroit. Ça pourrait être notre prochain village. »
« Ici, c’est un habitat commode, on peut l’utiliser pour la colonie. »
 
   
  +
Devant des gens qui avaient tout perdu il y a à peine quelques heures, il avait dit 『prochain』, comme c’était évident.
Ayant perdu tout ce qu’ils possédaient en deux heures, naturellement, tout le monde dirent 『On recommence』.
 
   
  +
Des rugissements se firent entendre.
Le son d’un rugissement résonna.
 
   
  +
— ''Pour quoi faire ? '' crièrent-ils.
— Qu’est-ce que cela pouvait faire.
 
   
  +
— ''Pour autant que ça les concerne, c’est comme si nous n’existons pas à leurs yeux'', disent-ils en pleurant.
— Ainsi, nous serons inexistants aux yeux des autres.
 
   
  +
À ces arguments, bien trop logiques pour croire à un désespoir hystérique, le garçon répliqua sans cligner des yeux :
Face à cette théorie créée par le désespoir et les lamentations, le jeune garçon fronça les sourcils et répondit…
 
   
  +
« C’est vrai. Ce n’est pas "comme si" nous『 n’existons pas』. Nous 『n’existerons pas』. »
« Oui, nous n’existons pas… mais nous ne sommes pas les mêmes que ceux qui 『N’existent pas』, nous 『Deviendrons littéralement inexistants』. »
 
   
  +
Le garçon expliqua alors comment ils allaient procéder.
Après cela, l’adolescent donna les méthodes pour accomplir cela.
 
   
« Nous n’existons pas, nous ne pouvons pas exister, donc nous ne pouvons pas être repérés… Nous devons devenir des 『Morts »
+
« Nous n’existons pas, nous ne pouvons pas exister, donc nous devrions devenir imperceptibles… Nous devrions devenir des 『Fantômes »
   
Ses yeux étaient encore plus sombres que les profondeurs de la grotte.
+
Son regard noir était encore plus sombre que les profondeurs de la grotte.
   
« Utiliser tous les genres de moyens possibles pour s’échapper et cacher notre présence… parce qu’un jour, quelqu’un la verra… la fin de la guerre. »
+
« Nous devrions utiliser tous les moyens à notre disposition pour fuir, pour nous cacher, et pour survivre… et cela jusqu’au jour quelqu’un y assistera... assistera à la fin de la Guerre. »
   
Si vous ne pouvez rien faire, laissez au moins un héritage.
+
S’ils ne pouvaient rien faire, ils pourraient au moins porter les espoirs de leurs prédécesseurs.
   
Si vous ne pouvez rien faire, faites-le au moins pour les générations suivantes.
+
S’ils ne pouvaient rien faire, ils pourraient au moins donner une chance aux générations suivantes.
   
« Jurer sur les ordres, et à tous ceux qui voudraient me suivre… Suivez-moi ! »
+
« {{furigana|Ashieit|Jurer sur les dernières volontés}}. À tous ceux capables de dire cela et d’aller jusqu’au bout des choses… suivez-moi ! »
   
 
— Treize ans.
 
— Treize ans.
   
Les paroles de l’enfant, qui avait déjà vu son habitat se faire détruite deux fois, résonnèrent lourdement en écho dans la grotte.
+
Les paroles d’un enfant qui avait vu par deux fois sa maison se faire détruite de façon insensée résonnèrent lourdement en écho dans la grotte.
   
Avec ses yeux sans âme et sincères. Cependant, il redonna aux gens une signification à leur raison de vivre qu’ils avaient perdue… et aussi une raison pour mourir.
+
À ces yeux sans âmes dont la vie n’avait aucune signification, ses mots leur avaient transmis ''une raison de vivre''… et une ''raison à leur mort''.
 
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=== Partie 10 ===
 
=== Partie 10 ===
 
 
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Il s’était passé cinq ans depuis que le Riku de treize ans avait été désigné comme dirigeant d’environ deux mille vies.
+
Il s’était passé cinq ans depuis que le Riku de treize ans avait été désigné comme dirigeant d’une population excédant deux mille vies.
   
Le nombre de morts en cinq ans était de… 48 personnes. Coron pensait que c’était un nombre incroyablement petit.
+
Depuis cette année-là, le nombre de morts s’élevait à présent à… quarante-huit. Coron pensa ''C’est incroyablement peu.''.
   
Mais Riku ne le voyait pas comme cela. Même si c’était le cas, il aurait quand même été écrasé sous sa responsabilité d’avoir ordonné aux gens de marcher droit vers leur mort.
+
Mais Riku ne le voyait pas ainsi. Même si c’était le cas, la responsabilité d’ordonner leurs morts l’aurait écrasé.
   
Les morts des 48 personnes… étaient toutes dues aux 『Expéditions』.
+
Les quarante-huit disparus avaient tous perdu leurs vies dans des 『Expéditions』.
   
Si la colonie dépassait les 2000 personnes, à cause du manque de nourriture, des infanticides risquaient certainement d’arriver,
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Pour une colonie forte de 2000 personnes, il aurait été normal que plus du double meure chaque année rien qu’à cause du manque de nourriture.
augmentant ainsi le nombre de morts.
 
   
De plus, s’ils venaient à être découverts par d’autres races, des centaines ou des milliers de personnes seraient nettoyées comme de la mousse.
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Et si une autre race venait à les repérer, des centaines, des milliers, mourraient en un battement de cil.
   
Le fait que seules 48 personnes étaient mortes ces cinq dernières années était sans aucun doute grâce aux exploits de Riku.
+
Pour ne comptabiliser que quarante-huit victimes en cinq ans, ce nombre révélait à lui seul les compétences de Riku.
   
  +
— Voilà pourquoi ils lui faisaient confiance.
— Par conséquent, tout le monde avait foi en Riku.
 
   
Par conséquent, tout le monde était prêt à confier leur vie sur ses épaules.
+
Voilà pourquoi tout le monde confiait leur vie sur ses épaules.
  +
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Mais… ils l’oubliaient de temps en temps. Et lorsqu’ils s’en souvenaient, ils se sentaient coupables, offrant des remerciements et des excuses.
   
 
Mais, il arrivait que tout le monde l’oublie. Et quand ils s’en souvenaient, ils ressentaient du remords avant de s’excuser et de remercier Riku. Et là, c’était au tour de Martha de s’en souvenir.
 
Mais, il arrivait que tout le monde l’oublie. Et quand ils s’en souvenaient, ils ressentaient du remords avant de s’excuser et de remercier Riku. Et là, c’était au tour de Martha de s’en souvenir.
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  +
Lorsque Riku sortit de sa chambre, Coron fit de son mieux pour prétendre ne pas avoir remarqué la blessure à son poing.
   
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« Riku, tu es vraiment incroyable… Tu fais vraiment tout ce que tu peux. Nee-san peut le garantir… »
Riku sortit de sa chambre. Coron fit de son mieux pour prétendre qu’elle n’avait pas remarqué la blessure à son poing.
 
   
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« … Garde tes mots réconfortants. Je vais aller le prendre, ce bain. »
« Riku est vraiment étonnant… Très travailleur. Nee-san peut le garantir… »
 
 
« … Garde tes mots réconfortants. Je vais dans la salle de bain. »
 
   
 
[[File:Ngnl v6 illust (6).jpg|thumb]]
 
[[File:Ngnl v6 illust (6).jpg|thumb]]
Regardant les yeux dépourvus de lumière de Riku… Coron qui ne pouvait plus se retenir l’enlaça.
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Les yeux de Riku ne reflétaient toujours rien. Incapable de le supporter, Coron l’enlaça.
   
Il atteignait ses limites. Dans ce monde, continuer à vivre une vie normale tout en garantissant l’existence de deux mille personnes… c’était impossible. À ce rythme-là, son petit frère, Riku, finirait définitivement par craquer !!
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Il atteignait ses limites. Être le guide qui assurait la santé mentale de deux mille personnes dans ce monde… était chose impossible. À ce rythme-là, son petit frère, Riku, finirait définitivement par craquer !!
   
« Dis… Coron. »
+
« Hé… Coron. »
   
« … C’est Coron-Nee-san… Qu’y a-t-il ? »
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« … C’est Coronne… Qu’y a-t-il ? »
   
« Quand finira-t-elle… cette époque. »
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« Quand finira-t-elle ? Cette époque. »
   
Dans le passé, quelqu’un avait dit que 『la pluie finira toujours par s’arrêter』 et que 『l’aube viendra toujours après la nuit』
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Dans le passé, quelqu’un lui avait dit : 『la pluie finira toujours par s’arrêter』 et que 『l’aube viendra toujours après la nuit』.
   
Combien de temps devront-ils attendre avant qu’un humain aperçoive le jourles cendres turquoise s’arrêteront de tomber ?
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Mais y avait-il un humain ayant assisté à la dernière foisla tempête de cendres turquoise s’était arrêtée ?
   
  +
Qui avait vu par-delà ce ciel, obscurci par la poussière, jusqu’au soleil ?
Combien de temps avant que le soleil soit de nouveau visible ?
 
   
Oui, cela arrivera un jour… ce n’est pas éternel, c’était supposé être le vas. Mais…
+
Oui, cela arriva un jour… ça ne pouvait être éternel, mais…
   
Dans la perspective d’un humain, cette guerre… il semblait qu’elle n’allait jamais aboutir à une fin.
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Dans la perspective d’un humain, cette guerre… il était impossible de la considérer autrement qu’éternelle.
 
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=== Partie 11 ===
 
=== Partie 11 ===
 
 
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« Donc il demanda ensuite : Quand est-ce que, ah, Awhoaaa !? Qu’est-ce qui ne va paaaaaaaas !? »
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« Ils se demandèrent donc : Quand… Hé, que, qu-qu-qui… !? Qu-Qu-Qu’est-ce qui ne va pas !? »
   
  +
Tet, qui avait raconté tout cela en jouant avec des yeux lointains, venait de pousser un cri de panique.
Tet qui était en train de jouer à un jeu en regardant l’horizon et en racontant son histoire cria frénétiquement.
 
   
« Trop, trop malin, dess… raconter délibérément une telle histoire, snif, pour faire pleurer Izuna et gagner la partie, dess. »
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« C-C’est pas du jeu, dess… Me raconter une histoire aussi triste, ''snif'', pour faire pleurer Izuna de sorte que je ne gagne pas, dess. »
   
« Vraiment, désolé ! Ce sujet était un peu trop sombre !! »
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« D-D-Désolé ! C’était peut-être un peu trop sombre !! »
   
Tet s’excusa auprès d’Izuna qui avait de grosses larmes qui tombaient de son visage et pensa.
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Mais alors que Tet s’excusait auprès d’Izuna chez qui de grosses larmes coulaient les unes après les autres, il se mit à penser :
   
  +
''L’empathie de pleurer ouvertement'' en entendant cette histoire, c’est vraiment remarquable.
Pour pleurer après avoir entendu ce genre d’histoire… comme je le pensais, cette enfant est extrêmement précieuse.
 
   
  +
Pour tout dire, s’il venait à raconter cette histoire à d’autres races, le mieux auquel il pouvait s’attendre était de se faire rejeter avec un 『Bien sûr』.
En fait, quand cette histoire avait été racontée dans le passé à différentes races, ils disaient simplement que 『C’était naturel』 et tergiversaient.
 
   
Parce que même 6000 ans plus tard, les différentes races avaient encore des comptes à rendre les unes avec les autres.
+
Même maintenant, 6000 ans plus tard, les différentes races avaient encore des comptes à rendre les unes avec les autres.
   
La jeune fille qui a dit que cette histoire était beaucoup trop pour elle et qui l’attristait… est une véritable 『Enfant normale』.
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Une fille qui pouvait s’attrister devant cette histoire et la qualifier de triste… c’était « sans aucun doute une enfant ».
   
« Je suis désolé. Mais, tout cela est vrai… C’était le temps de la 『Grande Guerre』 »
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« Désolé. Mais tout cela est vrai… C’était ainsi que le monde fonctionnait lors de la 『Grande Guerre』. »
   
« … Ivan, est mort, dess… »
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« … Ivan, est mort, dess… »
   
  +
« Oui, il est mort. L’Imanity, sans les 『Dix Commandements』, pouvait mourir d’une pichenette d’un Démonia, non… »
« Oui, mort. Les Humains… s’ils étaient touchés par un quelconque Démonia avant les 『Dix Commandements』… non, ne serait-ce que mordu par n’importe quel Thérianthrope, ils en mourraient… C’était la créature la plus faible au monde. »
 
   
  +
Il baissa légèrement de ton et continua :
« !! Izuna ne ferait jamais ce genre de… »
 
   
  +
« Même d’une simple morsure d’un Thérianthrope… Ce sont les créatures les plus faibles de cette planète. »
Voyant comment Izuna était sur le point de dire "qu’elle ne ferait jamais ce genre de chose" et avait ravalé ses mots, Tet eut de l’admiration.
 
   
  +
« … !! Izuna ne ferait jamais ce genre de… »
Oui… Elle ne pouvait pas dire qu’elle ne le ferait 『Jamais』. La jeune fille était très franche et intelligente.
 
   
  +
''Chose''… était-elle sur le point de dire, mais Tet fut impressionné qu’elle ait ravalé ses mots.
Ayant une compréhension exacte de ces choses dans le passé, ce n’était pas différent du fait d’utiliser des jeux pour faire des choses dans Elchea.
 
   
  +
Non… elle ne pouvait pas dire avec certitude qu’elle ne le ferait 『Jamais』. Cette jeune fille était très franche et intelligente.
Par-dessus tout, elle sentait bien que ces choses étaient déraisonnables et mauvaises.
 
   
  +
Était-ce si différent de ''ce qu’elle avait fait à Elchea dans des jeux ? '' Elle l’avait vu. Elle avait bien senti que c’était absurde. Que c’était mal.
« … Ce genre de chose est mauvais, dess… Absolument, bizarre, dess… »
 
   
  +
« … Ce genre de chose est mauvais, dess… N’importe quoi, dess… »
« Oui… c’est vrai, ce monde aussi était fou. »
 
   
  +
« Oui… c’est vrai. Ce monde était fou. »
En effet, pour dire la vérité, le monde est devenu absurdement illogique.
 
   
  +
Exactement. Véritablement. Proprement. Il était absurdement déraisonnable.
Si un enfant venait à accepter que c’était 『Naturel』… ça serait inhabituel.
 
   
« Mais ! Un sujet sombre serait trop ennuyeux, pas vrai~ ♪ Changeons-le un peu~ ☆ »
 
   
  +
Si un enfant trouvait cela 『Naturel』… ce serait abject.
Dans le but de changer la lourde atmosphère, Tet dit en essuyant les larmes d’Izuna :
 
   
  +
« Mais, attends ! Personne n’aime les histoires aussi sombre, pas vrai~ ♪ Pourquoi ne pas sauter des passages~ ☆ »
« Connais-tu les Ex-Machinas ? ♪ »
 
   
  +
Dans le but de pimenter l’atmosphère oppressante, Tet essuya les larmes d’Izuna :
« … À la dixième position des 『Seize races』… Les Ex-Machinas… Ne te moque pas de moi, dess. »
 
   
  +
« As-tu déjà entendu parler… des Ex-Machinas ? ♪ »
« Comme prévu~ ☆, tu as appris beaucoup de choses, impressionnant, impressionnant ! »
 
   
  +
« … À la dixième position des 【Exceeds】… Les Ex-Machinas, dess… Ne te moque pas de moi, dess. »
Tout en apaisant Izuna qui reniflait, Tet continua le jeu et ajouta :
 
   
  +
« Tu es vraiment intelligente~ ☆ Tu as travaillé dur. C’est bien, c’est bien ! »
« Oui, les Ex-Machinas… C’est une race dont le corps est fait de machines. L’Ancien Dieu qui les avait créés et qui a fini par devenir 『Inactif』… les avait déjà oubliés. »
 
   
  +
Tout en apaisant Izuna qui reniflait, Tet continua de jouer avec dextérité et ajouta :
« … Papy m’a dit une fois, dess. Prépare bien ta stratégie pour les toucher la première fois, car elle ne marchera plus la seconde fois. Pendant la Grande Guerre… les 『Tueurs de Dieux』 étaient seulement les Flügels et les Ex-Machinas, dess. Donc… »
 
   
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« Oui, les Ex-Machinas… Une race de machines vivantes. Créés par un Ancien Dieu "Inactif" depuis bien longtemps… Un Ancien Dieu vieux au point d’avoir été oublié par les Ex-Machinas eux-mêmes. »
Oui, c’était bien dit. Izuna continua :
 
   
  +
« … Papy m’a parlé d’eux, dess. Il disait qu’ils ne tombaient jamais deux fois dans le même piège, et que pendant la guerre, les seuls capables de… "Déicide" ? … étaient les Flügels et les Ex-Machinas, dess. Donc… »
« 『N’échoue pas ou sinon cela causera beaucoup de problèmes』, dess. »
 
   
  +
''Oui, c’est bien ce qu’il avait dit'', Izuna continua :
« Dix sur dix~ !! Pour te récompenser, je vais continuer à te caresser. »
 
   
  +
« 『Va surtout pas les faire chier』, dess. »
Tet souriait en même temps qu’il la caressa.
 
   
  +
« Dix sur dix~ !! Laisse-moi continuer de te caresser. »
« Puis, ce fut les Ex-Machinas… Un jour, Riku les rencontra. »
 
   
  +
Tet afficha un grand sourire sur son visage et il passa en mode *mofumofu mofumofu*<ref>L’onomatopée utilisée lorsqu’on touche/caresse quelque chose de doux. {{furigana|もふもふ|mofumofu}} signifie « doux au toucher ».</ref>.
Surprise !
 
   
  +
« Donc, oui, les Ex-Machinas… Un jour, Riku tomba sur l’un d’entre eux… »
Comme un chaton effrayé, Izuna sauta en l’air et s’éloigna de Tet.
 
   
  +
Ssshhh ! Izuna sursauta comme un chat et s’éloigna instantanément de Tet.
« … Hmm, hmm, Riku reçut une attaque de la part de cette race extrêmement dangereuse. Une attaque à une vitesse à laquelle un humain ne pouvait pas réagir, car il ne pouvait pas la voir. »
 
   
  +
« … Ouais, donc, Riku, face à face avec le terrible Ex-Machina, se fit soudainement attaquer. À une vitesse bien trop rapide pour que les sens d’un Imanity puissent réagir, tu comprends. »
« Non, non, non, tu as promis de ne plus parler de sujets comme ceux-là, dess ! »
 
   
  +
« J-Je, j-je croyais que tu avais dit que tu arrêterais de parler de ce genre de chose, dess ! »
« Eh~ ? J’ai simplement dit qu’un sujet sombre était trop ennuyeux, donc que nous devrions changer de sujet. »
 
   
  +
« Eh~ ? J’ai simplement dit que personne n’aimait les histoires aussi sombres, donc que j’allais sauter des passages. »
« Je ne peux pas t’entendre, je ne peux pas t’entendre, dess !! »
 
   
  +
« Je ne peux pas t’entendre, je ne peux pas t’entendre, dess !! »
« Ça ne sert à rien de cacher tes yeux, tu sais… Ce que l’Ex-Machina avait utilisé pour attaquer Riku était 『{{Furigana|Rauvu-Pocrifen|Pseudépigraphe<ref>Un pseudépigraphe est un ouvrage dont le nom de l’auteur ou le titre sont faux. (Wikipédia) Les Ex-Machinas utilisent des armes qui reproduisent les attaques des autres d’où l’utilisation de ce terme.</ref> : Lames de la forêt}}』. L’arme magique des Elfes… une arme qui pouvait libérer de nombreuses aérolames tranchantes qui pouvaient détruire n’importe quoi ! »
 
   
  +
« Tu peux te couvrir les oreilles autant que tu le veux, mais ça ne fonctionnera paaas. L’Ex-Machina avait frappé Riku avec 『{{Furigana|Rauvu-Pocrifen|Pseudépigraphe<ref>Un pseudépigraphe est un ouvrage dont le nom de l’auteur ou le titre sont faux. (Wikipédia) Les Ex-Machinas utilisent des armes qui reproduisent les attaques des autres d’où l’utilisation de ce terme.</ref> : Lames de la forêt}}』. C’est une arme destinée à reproduire un sort Elfique qui lançait de nombreuses aérolames<ref>Des « lames de vide » dans la version officielle. Le terme aérolame me semblait plus compréhensible pour se l’imaginer à la lecture.</ref> qui réduisaient tout en miettes ! »
« Oh… Ahh… !? »
 
   
  +
« Hyaaaaaaaah !? »
« Emportant la cendre noire, le manteau de Riku et son équipement furent anéantis… »
 
   
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« La cendre noire elle-même fut emportée en même temps que le manteau et l’équipement de Riku furent hachés en morceaux et emportés dans les airs… »
« Ah~, ahh~ j’entends rien, dess, j’entends rien, dess ! »
 
   
  +
« Aaaaah~, aaaaah~ j’entends rien, dess. Je n’entends rien, dess ! »
« Puis, Riku-dono qui était tombé… »
 
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« Et alors… elle s’approcha des restes en miettes de Riku qui gisait sur le sol et… »
   
 
« NYAHHHHHH~ AHHHH !! »
 
« NYAHHHHHH~ AHHHH !! »
   
  +
« L’embrassa puis elle répondit 『Nii, je n’en peux plus, fais de moi une femme』~ ☆ »
 
  +
« … l’embrassa et lui dit 『Nii, je n’en peux plus, fais de moi une femme』~ ☆ »
   
 
 
   
 ?
+
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« Non, il n’a pas été coupé en morceaux ? Dess. »
+
« T-Tu ne viens pas de dire qu’il avait était découpé en morceaux ? Dess. »
   
« Oh, j’ai dit que son équipement et ses vêtements avaient été tranchés, Riku-dono était in☆demne~ »
+
« Oh, j’ai dit que son équipement et son manteau avaient été réduits en miettes, Riku-dono était in☆demne~ »
   
Pour la première fois de sa vie, Izuna voulut frapper un homme.
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Pour la toute première fois de sa vie… Izuna ressentit l’envie de frapper quelqu’un.
 
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Revision as of 23:35, 9 August 2017

Chapitre 1 – 3-1 = Sans Espoir

Partie 1


— Il était dit qu’à l’époque, quelque chose qu’on appelait le « Soleil » existait.


Dégageant de rayonnantes flammes blanches, éclaircissant et colorant le ciel d’un bleu translucide… telle était la légende.

On racontait que la 『Grande Guerre』 entre les dieux et les créations avait mis la terre à feu et à sang et masqué le ciel dans des nuages de cendres.

Le ciel rempli de cendres et l’afflux de Forces Astronomiques, à savoir les Corridors d’Esprits, entrèrent en conflit, émettant alors de la lumière qui donna au ciel sa couleur rouge.

Cette rougeur couvrit tous les territoires en même temps que les tueries persistaient. Ou peut-être étaient-ce les lamentations et le sang de la planète elle-même…

Dans tous les cas, la seule chose qui descendait de ce ciel était… d’iridescentes cendres turquoise.

————......


Ivan fronça les sourcils et observa l’obscur horizon écarlate.

La 『cendre noire』 qui laissait échapper de la lumière turquoise en même temps qu’elle s’amassait sur le sol.

Ivan se rappela vaguement toutes les connaissances auxquelles les humains pouvaient faire appel.

Il était dit que la lumière turquoise correspondait au scintillement des élémentaires, autrement invisible pour l’œil humain. Il était dit que le ciel semblait rouge à cause de la polarisation de la lumière ou quelque chose dans le genre, et que la véritable couleur des élémentaires était translucide…

Quant à pourquoi ce miroitement devait être visible par les humains, qui ne possédaient pas de Corridors d’Esprit… Apparemment, c’était la dernière lumière émise par les élémentaires – lorsqu’ils rentraient en contact avec la poussière – en mourant.

— Les 『Cadavres élémentaires』.

Pour la majorité des espèces vivantes, les humains inclus, ils constituaient un poison mortel.

S’ils se posaient sur votre peau, vous bruleriez à cet endroit. S’ils rentraient en contact de vos yeux, seule la cécité vous attendrait. S’ils parvenaient dans votre bouche, vos entrailles se dissoudraient.

On les désignait par le terme 『Cendre Noire』 malgré son éclat turquoise, car sa nature symbolisait la mort elle-même.

Ou peut-être que cette chose était clémente en fait…

Un masque anti-poussières couvrait sa tête. Il était vêtu d’une armure en fourrure pour résister au froid. Si quelqu’un retirait tout son équipement en touchant le sol recouvert de 『MortCendre Noire』, il tomberait dans un sommeil éternel.

Il voulait se reposer. Il avait travaillé non-stop depuis le matin. Son corps était complètement engourdi. Il voulait boire un bol de soupe chaude, se débarrasser des cendres, se blottir dans la poitrine de sa femme et dormir. Mais il ne pouvait le faire, donc à la place, il pourrait simplement…

Ce genre de tentation fit trembler Ivan, coupant complètement ses pensées. Une personne qui naissait dans ce genre de monde n’avait aucune raison de survivre ou de mourir…


« Ivan. La cendre noire te monte à la tête ? »

Stimulé par le murmure de son compagnon, Ivan cligna des yeux à plusieurs reprises, et regarda sur le côté, vers ses deux partenaires.

« … C’était juste une petite pause, Alei. Je commence à me faire vieux. »

« Si tu deviens vieux, alors c’est pareil pour nous tous, non ? », gloussa Alei.

Ivan rétorqua ironiquement au jeune garçon qui avait un an de moins que lui.

« Prépare-toi. Un jour, tu constateras que tu ne pourras pas faire les choses stupides dont tu avais l’habitude… Il en va de même pour toi aussi, Riku. »

En disant cela, Ivan fit face à Riku[1], leur chef.

Avec un visage d’adolescent caché derrière son masque et ses lunettes, c’était le plus jeune des trois.

La seule chose qui transperçait ses lunettes de protection était ses yeux noirs… aussi noirs et ternes que l’abysse elle-même.

« Merci pour le conseil. Donc, si ta "Pause" est finie… Reprenons. »

— En avançant sous la couverture des rochers, ils se glissèrent sur leurs mains et jambes, protégés par les peaux de bêtes qui les recouvraient.

Leurs membres étaient engourdis et leurs ventres vides… Tout cela dans le but de ne pas être repéré par l’『Ennemi』. Pour survivre. Et, pour parvenir jusqu’ici.

Ivan hocha la tête et observa le pied de la colline en silence.

Comme prévu, il y avait un énorme cratère… et une montagne d’acier y reposait en son centre.

Partie 2


C’était la carcasse d’un dirigeable, un avion fait d’acier construit par les Nains pour voyager dans le ciel.

Un vestige des 『escarmouches』 fracassantes des dernières semaines. Le groupe de Riku était venu pour fouiller parmi les décombres à la recherche de ressources.

En se glissant dans une des fissures du blindage qui semblait donner accès à l’intérieur, Ivan demanda à Riku :

« … La boussole élémentaire ? »

« Inutile. Trop de 『Cendres Noires』. Elle tourne éperdument avec tous les cadavres. »

Ivan lâcha un rire dans son coin. À cause de cela, ils avaient une assurance de moins pour leurs vies.

La boussole élémentaire, elle combinait du pyroxène, qui réagissait aux fortes émissions de particules élémentaires, avec de l’obsidienne.

C’était un outil que Riku et sa sœur avaient développé pour détecter les larges quantités d’esprits présentes dans le corps des dieux et de 『ces monstresleurs partisans』. La boussole pointait alors dans leur direction, mais pour le moment, elle était complètement inutile.

Ils ne pouvaient donc désormais se reposer que sur leurs cinq sens pendant leur expédition.

Contre des monstres aux capacités hors du commun, les humains étaient complètement dépassés… Ce n’en était même plus drôle.

Oui, pas drôle du tout. Le visage impassible, Riku donna un ordre :

« … Restez attentif. On entre. »

Ivan et son autre compagnon, Alei, hochèrent la tête avant de se faufiler dans l’épave.

Balayant les cendres qui s’étaient accumulées, s’asseyant un moment pour savourer sa chance d’avoir pu rester en vie jusque-là…

… Concentre-toi !

Ivan se fit une réflexion.

Restant calme, masquant sa respiration, et même son pouls – devenant aussi insignifiant qu’un grain de poussière, mais tout en aiguisant ses sens pour qu’il ne néglige pas lui-même le moindre grain de poussière – il commença à étudier le dirigeable.

— Le danger était plutôt modéré.

La ligne de front s’était déjà déplacée bien loin d’ici, laissait derrière cet endroit qui faisait office de montagne d’ordures laissées à l’abandon.

Mais dire que cet endroit était "sûr" serait de la complaisance. Des monstres auraient pu s’être éloignés du champ de bataille.

Ou même des créatures des autres races qui vagabondaient sans aucun lien avec la guerre.

Ou encore, si, à tout hasard, un des Nains qui était posté dans ce dirigeable avait survécu…

Même s’il se trouve dans un état proche de la mort, ça en sera fini pour nous.

— C’était leur réalité. Une réalité choquante et absurde.

Un seul mot prononcé par un Nain muni un catalyseur suffisait pour réduire en cendres des centaines d’humains.

Voilà ce à quoi ils faisaient face. Ce dont ils se cachaient pour survivre. Et aussi…


« Ivan, regarde ! J’ai touché le gros lot !! »

En entendant un cri de joie derrière lui, Ivan leva sa tête et se retourna.

À quelques mètres de lui, Alei lui faisait des signes de sa main droite avec enthousiasme, ses yeux brillant d’excitation.

« Viens ici. C’est incroyable ! »

Ivan regarda Alei avec nonchalance pendant un instant, puis reporta son attention vers Riku qui se tenait à côté de lui.

« … »

Riku resta silencieux, levant lentement sa main… et fit un signe pour signifier qu’il allait égorger quelqu’un.

C’était suffisant pour que l’expansif Alei en ait le souffle coupé et se mette à trembler.

« Dé… Désolé. Mais, mais, venez voir ça. »

Au premier regard, l’objet qu’Alei avait trouvé ressemblait à une petite boîte. Un puzzle fait de plusieurs blocs superposés de façon complexe.

Mais lorsqu’Alei le prit dans ses mains pour le serrer et le faire tourner, il se mit à émettre une lueur prismatique…

« Mais c’est… ! »

Devant la carte à grande échelle projetée dans les airs, même Ivan ne put cacher sa stupéfaction et laissa échapper un cri de surprise.

« Est-ce que c’est… la carte du monde !? »

« Oui, la dernière édition en plus ! »

— Une carte du monde. Bien qu’ils aient collecté des données en effectuant leurs propres mesures, la carte qu’ils avaient dessinée n’atteignait qu’un certain degré de précision.

Par contre, la carte projetée dans les airs affichait les continents du monde et les océans sans omettre le moindre détail. Dans ce monde où la topologie pouvait changer à tout instant à cause de la guerre, c’était vraiment…

« … Ce n’est pas tout », murmura doucement Riku.

« Elle révèle leur stratégie et leurs positions actuelles. On dirait qu’une partie est codée, mais je peux lire le langage des Nains. C’est pas un problème. »

« Ha, haha ! »

C’était compréhensible que Alei fût aussi excité, et même Ivan lâcha un sourire.

Avec ces données, prédire l’état actuel de la guerre était désormais chose possible.

S’ils pouvaient deviner quelles seront les futures zones de conflit, ils pourraient même être capables de prévoir un endroit relativement en sécurité pour vivre ! Devant cette découverte monumentale, la voix de Riku se relaxa.

« Ivan, Alei, comparez et modifiez les parties droites et gauches de la carte que nous avons actuellement. Je m’occupe de recopier leur stratégie et leurs positions. »

« Jurer sur les dernières volontésAshieit ! »

À cet ordre, Ivan et Alei ne purent cacher leur excitation et répondirent en unisson avec un serment envers ceux qui étaient morts avant eux, ceux qui leur avaient transmis leur détermination dans la mort – J’accepteAshieit.

Sortant le papier, l’encre et les outils de mesure de leurs sacs, ils se mirent au travail.

En vitesse, mais avec précision, ils recopièrent la carte. Main une pensée traversa Alei, et il s’exprima :

« Dis, Riku, on ne peut pas simplement ramener le dispositif de projection ? »

Riku releva lentement sa tête pendant qu’Alei continua :

« Ça ne serait pas mieux comme ça ? Ça ne sera pas un fardeau vu sa taille et nous n’aurons pas à gâcher du papier et à perdre du temps… »

« Non. On ne peut ramener aucune chose nécessitant des particules Élémentaires pour fonctionner. Magne-toi de recopier. »

« Non, mais, au vu de sa… »

« Alei. »

D’une voix aussi tranchante qu’un couteau, Riku le stoppa net.

« … Si tu veux mourir, dis-le-moi… J’exaucerai ton vœu. »

Dénué de toute expression, ses yeux remplis d’une noirceur meurtrière ne reflétant aucune lumière, Riku grogna.

« On n’a pas besoin qu’un monstre détecte des particules élémentaires avant de faire un cratère dans notre village. » « Te tuer pourrait empêcher un monstre de détecter les particules élémentaires et de tous nous détruire. C’est un prix raisonnable à payer. »

« … J-J’ai compris… J’ai bien compris… Désolé… »

Se tassant devant l’assurance de Riku, Alei secoua sa tête.

« M… Mais, tu n’as pas besoin d’être autant en colère, pas vrai… ? »

« Alei, ce que Riku a dit… c’est notre règle. Tu l’as oubliée ? »

Ivan l’interrompit, le visage sévère. Alei déglutit et récita :

« "Nous n’existons pas. Nous ne devons pas exister, et donc, nous ne sommes pas perçus"… »

« Tu vois, tu t’en souviens. Ça demande peut-être du boulot de recopier une carte, mais ça ne vaut pas le coup de mourir pour, pas vrai ? »

« … Désolé. »

Alei murmura des excuses.

À ce moment, une lente et lourde vibration surgit du sol.

« … ! »

Instantanément, comme s’ils s’étaient déjà mis d’accord, ils se baissèrent tous les trois et s’engouffrèrent dans l’ombre.

Partie 3


— Faisant de son mieux pour calmer ses violents battements de cœur.

Retenant son souffle en se tassant, Ivan se tourna vers Riku qui lui aussi était caché.

Riku sortit un petit couteau de son gant et fit sans hésitation une incision à la pointe de son index.

… C’est bien notre Riku…

Riku pressa ses nerfs exposés contre le sol. En utilisant son doigt pour recueillir des informations venant de plus bas, il porta son autre main à son oreille.

Regarder était hors de question. Exposer son visage serait suicidaire.

Mais poser son oreille sur le sol était aussi hors de question. Ils en avaient besoin pour les sons provenant des niveaux supérieurs.

Riku combina donc ces deux méthodes rationnelles pour analyser les données répandues par l’『Ennemi』.

Les vibrations et le son seuls étaient suffisants pour se faire une idée détaillée selon leur intensité et leur rythme. Léchant ses lèves sous son masque à particule, Ivan se concentra sur les signes de main de Riku.

… À environ trente baies[2], bipède, seul, lourd et lent… Attends, tu déconnes ?

D’après les gestes de Riku, l’『Ennemi』 mesurait approximativement "Six mètres".

Trois fois la taille d’un humain, se déplaçant lentement… il était donc en train de rechercher quelque chose… ?

Le dos d’Ivan était recouvert de sueurs.

Puis, un beuglement strident ébranla l’environnement.


Putain de merde ! Un Démonia !!

Il le savait sans attendre la gestuelle de Riku.

Un de ces monstres créés par la mutation du Phantasme appelé 『Roi Démon』 ou quelque chose de ce genre.

Ces monstres étaient retardés mentalement. On pouvait dire que c’était des bêtes auxquelles on avait donné une demi-cervelle.

Ils possédaient une force effroyable combinée à la notion de savoir ce qu’était une proie – une intelligence pitoyable en échange d’un instinct de prédateur silencieux. Et ce Démonia, qui se baladait dans une place comme celle-ci, devait faire partie des créatures les plus inférieures parmi cette race. Peut-être un ogre ou un troll… Alors, les humains avaient-ils la capacité de le combattre ?

Non. Évidemment que non.

En effet, c’était irréalisable. Peu importe à quel point un Démonia pouvait être faible, il réduirait quand même un être humain en tas de viande d’une pichenette.

Les monstres ne manifestaient pas d’instincts bestiaux comme la prudence ou les embuscades parce qu’ils n’en avaient pas besoin.

Ils ont remarqué, avec leur intelligence enfantine, qu’ils étaient forts et qu’ils pouvaient résoudre tous les problèmes par la force brute.

Avec les armes que le groupe avait en main… non, peu importe à quel point ils auraient pu être bien préparés, il était impossible pour un humain de tuer le moindre Démonia.

Et ce serait inutile.

Même s’ils parvenaient à abattre un seul Démonia… quelles en seraient les implications ?

Et si un Démonia avec une intelligence 『Supérieure』 le remarquait et venait à considérer les humains comme une 『Menace』 ?

— L’humanité, impuissante, se ferait exterminer. Par conséquent, il n’y avait qu’une chose à faire désormais. Courir.

Aucune autre alternative ne méritait d’être considérée.

… « Nous n’existons pas. Nous ne devons pas exister, et donc, nous ne sommes pas perçus »…

Les Humains ne pouvaient pas se défendre. Ils devaient jouer le rôle des 『Proies』. Et donc… Ivan les vit venir… les prochains mots de Riku en même temps qu’il se tournait lentement vers lui :

« Ivan, c’est un ordre. », annonça Riku.

« Meurs ici. »

« Jurer sur les dernières volontésAshieit. Laisse-moi faire. »

Souriant ironiquement, Ivan y consentit sans hésitation.

Ivan enfonça son sac dans les mains d’Alei et commença à marcher vers l’avant avec nonchalance.

« H-Hé… »

Ivan fit un sourire rassurant à Alei qui avait pris le sac, les mains chevrotantes.

« Tu sais ce qu’il en est, Alei. Ici, l’un d’entre nous doit être sacrifié. »

Oui, une personne devait faire office de leurre pendant que les deux autres s’échappaient. C’était leur unique choix.

Trente baies, une distance qu’un humain pouvait parcourir en 8 secondes.

Pour avoir rencontré un Démonia à une distance aussi critique, ils n’avaient pas d’autres choix pour commencer.

S’ils tentaient de fuir tous les trois, ils se feraient attraper et annihiler dans le meilleur des cas. Dans le pire des cas, ils se feraient traquer jusqu’au village… L’ennemi était au moins à ce point malin.

Riku devait avoir considéré 『Qui』 et 『Où』 le sacrifice devait avoir lieu… et cela, seul.

« On ne peut pas se permettre de perdre Riku, et, Alei, tu es encore jeune. Facile de choisir qui doit être éliminé. »

« Mais, ça ne… ! »

Ivan sourit chaleureusement. Il desserra le bandeau sous son menton et retira son masque à particule.

« Ivan… !? »

L’air frais soufflant sur sa peau allégea étrangement sa tension.

Le vent lui fit se sentir bien en même temps qu’il balayait sa sueur et l’odeur suffocante de la peau de bête.

« T’en fais pas pour moi. 『Pour protéger mes amis et ma famille』… Ça c’est une raison qui mérite de mourir pour, pas vrai ? »

En disant cela, Ivan offrit son masque à Alei dont les épaules tremblaient.

« … Putain. Merde. MERDE ! »

Tapotant l’épaule de son ami et allié de longue date, Ivan se retourna.

Regardant dans les yeux noirs de Riku au travers de ses lunettes, il s’exprima :

« À la revoyure, Riku. Prends soin de ma famille, de mon enfant. »

Riku ne fléchit pas.

Sans détourner son regard, il fit face à Ivan honnêtement, lui répondant d’un hochement de tête.

« Ouais, compte sur moi. »

« Désolé. »

Surpris par les mots d’Ivan, Riku demanda d’un air dubitatif :

« … Pourquoi devrais-tu t’excuser ? »

« Désolé. »

Ivan… se contenta de se répéter.

« Tu sais, Ivan. Tu… »

Alei s’adressa au dos de son camarade d’une voix tremblante, mais Ivan s’éloigna en faisant un signe au-dessus de son épaule, comme s’il était trop embarrassé pour les regarder.

« Alei, prends soin de Riku pour moi… Bien, il est temps de mourird’y aller. »

Partie 4


Alei et Ivan sortirent simultanément des ombres, mais dans des directions différentes.

En contraste au trot silencieux et maîtrisé de Riku et d’Alei, Ivan sprinta comme un fou bruyamment.

Lorsque la bête rugit, Ivan jeta un léger coup d’œil derrière lui tout en maintenant sa vitesse.

Il vit l’ennemi, qui l’avait remarqué, donner un coup de pied dans des restes d’acier et se diriger vers lui.

— L’『Ennemi』 était énorme. Tout comme Riku l’avait supposé, il était au moins trois fois plus grand qu’un humain.

Ses muscles se gonflèrent sous sa fourrure noire. Une dent protubérante et irrégulière provenant de sa bouche séparait sa tête en deux.

Lorsque ce cauchemar se mit à le poursuivre sans prêter attention à son entourage, Ivan se mit à ricaner.

Derrière la bête, dans la direction opposée, Riku et Alei se dépêchaient de s’éloigner aussi vite que possible.

Le monstre avait été trop distrait par l’agitation d’Ivan pour les remarquer…

« Ha-haaa ! »

Trouvant cela soudainement amusant, Ivan laissa échapper un cri triomphant. Gardant l’attention de la bête sur lui, il accéléra.

L’opération appât était un succès. Maintenant, il avait juste besoin d’attirer ce monstre aussi loin que possible.

Autant viser le meilleur résultat possible, pas vrai ? Après tout… ce serait la dernière mission de sa vie.


— Oui, sa mission s’arrêtait là.

Courir simplement comme un fou aussi longtemps qu’il le pouvait, une tâche simple.

« Je suis désolé Riku… de devoir te laisser avec tout ce poids. »

Riku, qui était comme un petit frère pour lui, se verrait confier des missions bien plus douloureuses, bien plus exigeantes, bien plus difficiles

Lui par contre, dans quelques minutes – ou même secondes – sera en paix…

« Ouais, c’est vraiment honteux… Mais, je compte sur toi… Putain. »

— Les yeux noirs de Riku, à l’image de l’obscurité, émergèrent dans son esprit. Même lorsqu’il avait rendu à Ivan son regard, ils ne reflétaient… toujours rien.

Aucune peur, aucun doute, aucune détresse. Ni tristesse ni douleur ne s’y trouvaient. C’était pour cette raison qu’Ivan lui faisait confiance.

Il avait sacrifié sa vie sur les ordres d’un garçon plus jeune que lui.

Parce qu’il faisait confiance à cette personne aux yeux noirs pour disposer de sa propre vie comme un déchet si nécessaire…

Il lui faisait confiance pour qu’il fasse bon usage de cette vie bien mieux qui quiconque d’autre. Mais…

« Je sais que cela pourrait te peser sur la conscience… mais Riku, je ne peux compter sur personne d’autre que toi. »

C’est pourquoi il s’était spontanément excusé. Pour avoir laissé à Riku une raison de mourir…

Ce n’est pas comme s’il voulait mourir. À leur village, sa magnifique femme et sa merveilleuse fille attendaient son retour.

Il voulait s’échapper d’une certaine manière pour éprouver un bonheur simple avec sa famille.

— Mais alors… en quoi cela serait vraiment différent d’être enterré dans la cendre turquoise et d’errer dans la mort ?

« Aah. Aaaah… !! »

Pathétique, pensa Ivan.

Il n’aurait pas pu être plus pathétique, abandonnant le choix d’un tel bonheur à ce moment. Il ne le voulait pas. Cette fin était la dernière chose qu’il souhaitait. Il ne voulait en aucun cas mourir sans aucune raison, sans le moindre sens.

« Désolé. Je suis vraiment désolé ! Mais, s’il te plaît, pardonne-moi… »

— Vivre dans un monde en ruines, insensé et affreux

Naître sans raison, pour vivre dans la peur, pour trouver un petit peu de bonheur, seulement pour le voir se déchirer en morceaux. Pour être massacré.

Quelle raison y avait-il pour continuer de vivre dans un monde où ce cycle se répétait sans fin ?

— La réponse à cette question lui avait été donnée par ce garçon, Riku.

Vivre pour protéger les amis de quelqu’un, la famille de quelqu’un, et – pour le bien de celui qui verra la fin de la Guerre – mourir.

C’était fantastique. C’était parfait. Il pouvait difficilement y avoir de meilleure justification pour donner une raison à son existence.

N’était-ce pas une mort sublime ? Bien sûr que si, crie-le et vois par toi-même.

« Je ! Je vais mourir pour protéger mes amis et ma famiiiille !! »

Tu vois… ? Pour qui, pour quoi, après quoi doit-on s’incliner !?

Une odeur putride. Il comprit qu’une mort au-delà inévitable pour les humains l’attendait.

« Ha, haaa ! Hé, Riku ! Cette ère prendra fin un jour, pas vrai ? »

Aucune réponse. Mais ce n’était pas comme s’il en attendait une.

— Pour commencer, 『Un jour』 était un concept étranger pour Ivan.

Ce monde était trop cruel pour y associer l’espoir.

Ce monde était trop hostile pour le luxe du désespoir.

Le passé et le futur étaient hors de portée et ne concernaient en aucun cas les personnes vivant dans ce présent.

Tout ce qu’une personne pouvait faire, tout ce qu’elle pouvait se permettre, était d’écrire le présent, raconter l’histoire du moment, avec toutes vies restantes. Même si cela pouvait être facilement balayé en un instant d’un simple caprice d’une personne, n’importe où.

« Ahh… »

La seule chose qu’il restait à faire était de continuer de courir, frénétiquement, comme cela.

« Ah… Ah aaaaahhh aaaah ! »

Toujours vers l’avant. En criant que tu étais là.

Si tu tombais sur le chemin, il suffisait de passer le fardeau à quelqu’un d’autre.

« Aaaaaaaaaaaahhhhh ahhhh aaaaaaaaaahhh aaah !! »

C’était tout ce que les humains pouvaient…

« Aaah… ah… »

Le cri s’arrêta.

Partie 5


… C’était l’époque de la 『Grande Guerre』.

Les humains étaient fragiles et impuissants. Ils devaient vivre en tant que 『Race』, et non en tant qu’individus.

Personne ne pouvait se permettre d’émotion individuelle. Un signifiait tous. Tout le monde devait travailler pour la communauté.

En ce sens, ils étaient constamment forcés de choisir des options qui n’étaient peut-être pas les meilleures, mais les plus efficaces.

Utilisant toute leur ingéniosité et leur intelligence, les humains survécurent… non, continuèrent de fuir.

Recouvert de boue et de cendres, piétinant les moindres petites joies, laissant derrière des cadavres… jusqu’au jour où tout s’arrêtera.

Avec cette stratégie, ils sacrifiaient une personne pour en sauver deux, se débarrassaient de la minorité au profit de la majorité.

Même si cela signifiait devoir abandonner quelqu’un, ils privilégiaient la survie des villageois.

Ils n’avaient pas le luxe du choix. Celui qui avait insisté sur ces règles… avait été Riku lui-même.

Il était trop tard pour la culpabilité ou les regrets. Mais… sans regarder derrière lui ou ralentir, lorsqu’il arriva en sécurité dans les bois, soudainement…

« … ! »

Un sentiment d’écœurement frappa Riku.

Le visage de cet homme devint graduellement de plus en plus flou dans sa mémoire. Un sentiment insoutenable de vide et un violent dégoût s’imprégnèrent de lui simultanément. Ivan – âgé d’un an de plus que lui – avait été un homme brave, prévenant et serviable. Parmi la génération de Riku, on ne trouvait personne qui ne lui était pas redevable. Il avait eu le coup de foudre pour sa femme et était resté plutôt timide jusqu’à leur mariage…

Tout cela.

Déjà de lui-même.

Il s’en rappela en employant le passé.

« Riku… Hé, Riku ! »

Alei, les larmes maculant encore les coins de ses yeux, agrippa les épaules de Riku et les secoua violemment.

« Essaye pas de tout prendre sur toi… tu vas imploser ! »

Mais Riku maintint son regard – dénue de lumière – de fantôme…

« Quand ça arrivera, quelqu’un prendra le relai. »

À ces mots, prononcés d’un ton détaché, Alei se tut.

Jugeant que personne ne les chassait, ils se remirent en route.

Leurs pas étaient lourds lorsqu’ils prirent la direction de la colonie… et pas seulement à cause de l’accumulation des cendres.

C’était ce qu’ils avaient laissé derrière eux. Ce qu’on leur avait confié. Ce qu’ils devront endurer…

« … Dis, Riku. Cette époque… Un jour… Elle se finira un jour, pas vrai… ? »

Ils ne le savaient pas. C’était la même question qu’avait hurlée Ivan pendant les dernières secondes de sa vie.

Riku ne répondit rien, et regarda à place le ciel rouge où dansaient les cendres turquoise.

Puis quelque chose lui traversa l’esprit, des mots que quelqu’un avait prononcés : 『Il y aura toujours un lendemain』.

En regardant les morceaux de détritus tomber du ciel dans leur faible lueur turquoise, s’entassant silencieusement…

« Ouais, elle se terminera. »

S’il n’avait pas cette mentalité, s’il n’y croyait pas, en ce moment même…

… le poids le ferait tomber à genoux.

Partie 6


L’expédition avait duré quatre jours.

Leur destination de retour, la 『Colonie』, se trouvait au-delà de l’étendue sauvage où tombaient les cendres turquoise, dans un coin perdu encore plus en profondeur que les bois enneigés.

Au pied d’un rocher aiguisé comme un rasoir se trouvait une grotte cachée. Au premier regard, elle ressemblait au nid d’une bête sauvage.

Mais une fois à l’intérieur, on découvrait quelques piliers dégradés et de nombreuses lampes suspendues ici et là.

Riku retira l’une de ces lampes et l’alluma avec la poudrière qu’il sortit de sa poche avant.

La faible lueur orangée les guida dans la cave, jusqu’au bout du tunnel qui avait été creusé.

En avançant, soucieux d’éviter les pièges pour repousser les bêtes errantes, ils virent une paroi construite avec de solides rondins.

C’était une porte, créée dans le but de bloquer les éventuels loups ou ours de s’aventurer qui auraient traversé pièges.

Bien sûr, si un intrus appartenait à une 『Autre race』, de telles choses étaient inefficaces.

Riku s’approcha et frappa à la porte avec un certain rythme, puis il attendit.

Rapidement, la porte grinça lentement en s’ouvrant à l’intérieur, et un garçon portant une peau de bête jeta un coup d’œil dehors.

« Content de vous revoir. Bon boulot à vous. »

Riku et Alei hochèrent simplement la tête en passant la porte.

« … Où est Ivan-san ? »

Riku secoua sa tête en silence.

Le garde prit une inspiration, comme s’il essayait de retenir quelque chose, et répéta à Riku.

« Bon boulot… à vous. »

Au-delà de la porte, la grotte s’agrandissait.

À ce moment-là, elle servait de cachette pour près de 2000 personnes.

L’eau de source qui jaillissait des profondeurs de la grotte réglait les besoins en eau, et une enclave en plein air permettait d’élever du bétail.

L’enclave possédait deux entrées, l’autre menant à une crique connectée à la mer depuis laquelle ils pouvaient récolter du sel et des poissons.

Pour des humains, qui seraient condamnés s’ils rencontraient 『N’importe quoi』 à l’extérieur, cela constituait un habitat relativement sûr.

L’épaisse couche de pierre pouvait tout au plus supporter l’impact d’une balle perdue provenant d’un champ de bataille.

— Bien sûr, cela pouvait être une évaluation bien optimiste du village.

Riku emprunta les escaliers en bois et rentra dans la colonie.

Les résidents travaillant dans la place le remarquèrent et tournèrent leurs regards dans sa direction, et parmi eux, une fille se précipita dans sa direction.

Elle était petite et mince, mais ses cheveux vifs et ses bleus brillaient avec la lumière de la vie même dans la grotte.

En l’approchant, elle hurla :

« T’en a mis du temps ! À quel point tu voulais m’inquiéter, p’tit frère !? »

« Crois-le ou non, on a fait au plus vite. »

Riku répondit brusquement et lâcha le chargement de son sac sur le sol.

« Coron, il s’est passé quelque chose depuis notre départ ? »

« Appelle-moi Onee-san ! Combien de temps de fois je vais devoir te le dire, espèce de… »

En boudant et en le sermonnant, la fille du nom de Coron hocha vigoureusement sa tête.

« Bon, peu importe. Il n’y a rien d’important à signaler. Maintenant, tu comptes retirer ce manteau et cette peau dégoutante ? J’irai les emmener au lavage ! »

Retirant la poussière de la tête de Riku sans réserve, Coron insista :

« Toi aussi, Alei. Merci pour tout ce que tu as fait ! »

Coron prit le manteau de Riku et son équipement en s’adressant à Alei qui se tenait derrière lui. Elle remarqua ensuite qu’il manquait une personne qui devait être présente.

Avant qu’elle puisse le demander, Alei lui répondit.

« … Ivan est mort. »

Coron resta abasourdie en même temps qu’une voix s’éleva d’un coin de la place.

« Papa ! »

Riku se tourna pour voir une petite fille courir vers lui et trébucher sur elle-même. En la voyant, Alei haleta.

La fille qui s’était épuisée en venant vers eux, voyant Riku, fit un sourire rayonnant et cria :

« Où est Papa !? »

« … »

Riku ne répondit pas.

Des cheveux brillants et des yeux bleus, tout comme son père – la fille d’Ivan.

« … Nonna. »

« Riku, Riku. Où est Papa ? »

Nonna reposa sa question, tirant sur les vêtements de Riku.

Cependant, derrière son visage joyeux, elle se sentit un peu mal à l’aise.

« Tu vois, Nonna… »

Alei ouvrit difficilement sa bouche pour lui répondre, mais Riku l’arrêta d’un geste.

De même, Coron essaya de s’interposer entre son petit frère et Nonna, mais Riku la fusilla du regard.

Il toucha sa poitrine pour vérifier.

— C’était bon. Il était verrouillé.

De son ton glacial habituel, Riku lui annonça la nouvelle.

« Ivan… Ton Papa ne reviendra pas. »

–––––––.

La fille écarquilla les yeux comme si elle n’avait pas compris, mais lorsque Riku s’éloigna, elle chancela en arrière.

De grosses larmes commençaient à sortir du coin de ses yeux, et ses lèvres se mirent à trembler.

« … Pourquoi… ? »

« … »

« Papa m’a promis qu’il reviendrait ! Papa m’a dit "Soit une bonne fille et attends-moi" ! Nonna a été une bonne fille… J’ai tenu ma promesse ! Alors pourquoi… ? Pourquoi Papa ne revient pas !? »

« … Parce qu’il est mort. »

« MENTEUR !! »

Le hurlement de Nonna résonna en écho dans la grotte.

« Papa… m’a dit qu’il reviendrait, il me l’a promis ! »

Combien de temps cela faisait-il ? se demanda vaguement Riku.

Combien de temps depuis qu’une voix aussi attristée ne parvient plus à le toucher le moins du monde ?

« Ivan a essayé de tenir sa promesse. Mais nous sommes tombés sur un Démonia, et il l’a attiré et est resté derrière. »

« Je me fiche de tout ça ! Pourquoi Papa ne reviendra pas !? »

— Nonna avait raison, pensa Riku.

Pourquoi et pour qui son père était mort ne lui était d’aucune importance. Son papa adoré ne revenait pas. Aucune explication ne pourrait y changer quelque chose.

« Papa disait que l’humanité gagnerait ! »

« C’est le cas. C’est ce pour quoi Ivan s’est battu, avec tout ce qu’il avait. Il s’est battu pour nous protéger, pour que nous puissions tous gagner. »

Combien de temps cela faisait-il ? se demanda vaguement Riku.

Combien de temps depuis qu’il était capable de mentir avec autant d’insouciance ?

Le petit visage de Nonna se plissa.

« Ce n’est pas gagner ! Si tu appelles ça gagner… »

« Nonna ! »

Une voix tranchante ainsi qu’une main tendue couvrirent les mots que la fille allait prononcer.

— 『Ça aurait été mieux si Riku était mort.』

La jeune femme morne, la mère de Nonna, autrefois la femme d’Ivan, apparut de nulle part.

Sympathiquement, elle pressa sa main sur la bouche de sa fille et regarda le visage de Riku.

Voyant que ses yeux ne contenaient ni haine ni rancœur, Riku toucha rapidement sa poitrine de nouveau.

— Tout va bien. C’est bon.

« Riku… »

Marta, la mère de Nonna, prononça son nom d’une voix rauque

Je suis désolé, était sur le point de dire Riku, mais il ravala ses morts.

« … Ivan a servi d’appât pour nous permettre de nous échapper. Sans cela, on serait tous morts, et il pensait fermement que si l’on parvenait à ramener ce qu’on a découvert, cela vous protégerait, toi et Nonna. »

« … Merci, Riku. »

Marta marmonna en pleurs.

Elle hocha légèrement sa tête, puis reparti dans le village, sa fille à moitié orpheline dans ses bras.

Une fois hors de vision, Coron murmura comme si elle faisait une prière :

« … Ivan. C’était une bonne personne. »

— Oui, il avait été un grand homme. Et la femme qu’il avait choisie était une femme fantastique.

Elle n’avait proféré aucune insulte, aucune plainte, et elle ne le laissa pas paraître. Elle l’a simplement cru.

Leur enfant, par contre, était une fille intelligente qui savait lire entre les lignes.

Elle avait dévisagé Riku pour lui faire comprendre ce qu’il était…

— Un "Menteur".

« Riku ! »

Soudainement, Coron l’enlaça avec une force qui le déstabilisa.

« Bon retour parmi nous. C’est une bénédiction que tu ailles bien… »

« … Ouais… je suis de retour. »

Ensuite, Coron changea délibérément de sujet avec exagération.

« Biiien, bien, bien ! Il est temps pour vous de prendre un bain. Je vais le préparer ! »

« Un bain ! »

Alei se réjouit, mais Riku fronça les sourcils et grogna.

« On peut se contenter de s’essuyer. Pas besoin de gâcher des ressources. »

« O, Nee, San, te dit d’aller prendre un bain ! Tu empestes là ! »

Coro se plaignit, reniflant ses propres vêtements comme si elle s’inquiétait que l’odeur s’attache à elle. Riku soupira, mais s’y dirigea en trainant des pieds.

Lorsqu’ils sortirent de la place et entrèrent au bout du couloir, un vieil homme le repéra et l’appela.

« Hé, Riku ! Cette chose inutile fonctionne enfin ! »

« Simon, comment oses -tu !! Pourquoi tu lui as dit !? J’espérais pouvoir le surprendre ! »

« Fonctionne… Tu parles du télescope ? »

Riku en resta bouche bée, et Coron en profita pour bomber fièrement sa poitrine.

« Uhum, À quoi tu t’attendais venant de moi ? »

« Comment dire, tu avais bien expliqué le principe, Coron… mais je n’avais toujours aucune idée de comment le mettre en pratique. »

Guidé par Simon, Riku monta les escaliers menant à l’atelier construit dans une crevasse horizontale de la grotte. En son centre, un objet cylindrique y était installé.

Il y a un an de cela, ils l’avaient récupéré des débris d’un tank appartenant aux Nain – un télescope à très longue portée.

Sur le chemin du retour, il s’était cassé en deux au milieu, ne devenant qu’un débris…

Riku demanda :

« Vous êtes sûrs qu’il n’utilise pas de particules élémentaires ? »

« Ouais, rassure-toi. C’est une version améliorée de celle que tu fabriquais. En gros, il utilise de nombreux disques en verre empilés ensemble d’une manière complexe. Laisse-moi te le dire, j’ai dû travailler pour obtenir des lentilles avec les bons ratios ! »

« Je vois. Deux d’entre nous sont morts pour le récupérer. Nous devons en faire bon usage. »

Coron était présente lorsqu’ils l’avaient récupéré.

C’était elle qui l’avait identifié comme étant un télescope à très longue distance et suggéré de le ramener, et c’était Riku qui avait approuvé ce choix.

Puis – pour échapper à la menace d’un Thérianthrope qu’ils avaient croisé sur le chemin du retour – ils avaient dû sacrifier non pas une, mais deux personnes.

Malgré cela, Simon intervint chaleureusement :

« Avec ça, le nombre d’expéditions diminuera. Pense à quel point ils seraient heureux de l’entendre ! »

« … Ouais, c’est vrai. »

— C’était un mensonge.

Riku savait à quel point Coron avait travaillé pour réparer ce télescope.

Mais ce n’était qu’un effet placebo. Les humains avaient beau être aussi prudents que possible, si jamais ils décidaient vraiment de les trouver, ils le feraient en un rien de temps.

Et encore, même maintenant, il était hautement possible que ce lieu se fasse accidentellement annihiler.

— Tout comme son lieu de naissance l’avait été, et l’endroit où il avait été élevé.

Consciente des pensées qui tourmentaient Riku, Coron dit gaiement :

« Ça sera beaucoup plus simple pour anticiper une attaque. Si on sait à l’avance qu’un danger arrive, on aura le temps de s’échapper, pas vrai ? ♪ Il va falloir réfléchir à comment on va s’en servir, tu sais ! Allez, on y va ! »

Ils quittèrent tous les deux l’atelier. Se dirigeant vers sa chambre qui se trouvait dans la zone, Riku demanda :

« Et les autres expéditions ? »

« Ils sont tous revenus en toute sécurité. Ton équipe est celle qui s’est aventurée le plus loin, du coup tout le monde est revenu. ♪ »

« Ouais, à une erreur près de ma part. »

Le visage impassible, et pas particulièrement ironique, de Riku fit hésiter Coron.

« M-Mais ! Vous avez dû ramener quelque chose de valeur, pas vrai ? »

« Dans les ruines d’un dirigeable nain, on pense avoir trouvé la carte du monde actuel. »

« … ! Vraiment !? C’est une grosse trouvaille ! »

Riku hocha la tête en réponse à la voix enthousiaste de Coron.

« Avec des indications d’où se trouvent leurs effectifs et de leurs stratégies, le tout expliqué en langage des Nains. Mais une partie est codée. Il va me falloir du temps pour la comprendre, alors laisse-moi seul pendant un moment. »

À ces mots, l’expression de Coron devint complexe.

« … Hmm. Mais d’abord, prends vraiment un bon bain, OK ? Tu schlingues vraiment là. »

En pinçant son nez, Coron lui tourna le dos et se mit à partir. Riku laissa échapper un soupir.


— En entrant dans son étroite chambre, Riku ferma la porte.

Il y avait déjà peu d’espace à l’origine, ayant été creusé dans la grotte, mais les très nombreux livres qui s’y étaient entassés rendaient l’atmosphère encore plus oppressive.

Au beau milieu se dressait une petite table pour manger. Au bout se trouvait un bureau pour faire de la cartographie, et la paillasse qui lui était adjacente lui servait de lit.

Il déposa la lanterne sur son bureau, retira son sac et aligna les différents objets qu’il avait obtenus, la star du lot étant trois feuilles de parchemin, celle qu’ils avaient recopiée ensemble.

Il les déploya à la lumière de la lanterne. Aucun oubli, aucune tache… ce qui signifiait qu’Ivan n’était pas mort en vain.

… Riku expira profondément et regarda autour de lui.

Il était seul. Sa chambre était suffisamment loin de celles de ses voisins, et la porte était épaisse.

Après avoir fini sa 『Routine habituelle』, Riku prit une profonde inspiration et toucha sa poitrine…


— Avec un *clic*, il ouvrit son 『Verrou』.

Partie 7


« Qu’est-ce que tu veux dire par… PAS EN VAIN !? PUTAIN D’HYPOCRITE !! »


Il frappa ses poings contre la table, s’écorchant au passage.

La carte du monde actuel. Les positions des camps. La stratégie des Nains.

Oui, génial ! Une énorme trouvaille. Elle pourrait même décider du destin de toute la colonie.

Ils avaient désormais une idée d’où se trouvaient les ressources et les bases ennemies. Ils seront capables d’éviter de mettre le pied à l’aveugle sur un champ de bataille impliquant les autres races.

Cinq années de périlleuses 『Expéditions』 juste dans l’espoir de trouver une telle chose.

Drastiquement Au début, ils avaient cartographié la zone environnante. Puis, une esquisse de la carte du monde. À force de l’actualiser, elle commença à refléter les zones dangereuses et les ressources potentielles.

Ce ne fut que depuis récemment qu’elle révéla son utilité. À présent, en incorporant les informations qu’ils venaient de ramener, la fiabilité de leurs cartes venait d’augmenter drastiquement.

— Mais combien de personnes ont dû mourir pour ces cartes ?

Riku connaissait la réponse à cette question. Il se souvenait de leurs visages. Il pouvait même réciter leurs noms.

Si vous vouliez vraiment le savoir, il pouvait même vous raconter quand ils étaient morts, où, et pour quelle raison. Quarante-sept personnes… non, il y en avait une de plus désormais, donc quarante-huit.

— À chacune d’elles, Riku leur avait donné le même ordre : 『Meurs』.

Parfois directement. Parfois indirectement. Mais qu’importe qui en donnait l’ordre, Riku était celui qui tirait les ficelles.

— Un pour tous. Sacrifier une personne pour en sauver deux.

— Si cela met en danger les autres, abandonnez votre vie avant que cela n’arrive.

Celui qui avait instauré ces règles, montré à tout le monde comment sortir de leur situation désespérée, n’avait été personne d’autre que Riku lui-même…

Mais…

« Si ça continue… où cela va-t-il nous mener ? »

Tuer un pour deux. Tuer deux pour quatre. Cumulez le tout et on atteignait quarante-huit.

La population actuelle de la colonie qui avait survécu grâce à ces sacrifices… était d’un peu moins de 2000.

Alors, Riku, voyons ce que tu as à dire. Jusqu’où comptes-tu continuer ça ?

Jusqu’à ce jour, pas vrai… celui où tu auras tué 『999 pour 1001』 ?

Ou alors… jusqu’à ce qu’『Il ne reste qu’une personne』 ?

« … Ha… ha, hahahahaha… ! »

Et tu as le culot de dire à une fille qui vient de perdre son père que c’est une 『victoire pour l’humanité』 avec cette bouche !

De tromper tout le monde en prétextant que tout cela est inévitable, que ces sacrifices sont nécessaires ; de les démoraliser ! Et même toi, tu t’accroches à ces mensonges, tu enfermes ton cœur et tu te convaincs de ce en quoi tu dois croire.

— Cela lui donna envie de vomir. La folie du dégoût qu’il exprimait envers lui-même lui écorchait la gorge. Tu n’as pas honte ? Ou tu l’as oubliée ? Jusqu’où tu comptes tomber ? Enculé…

« Hff !… Hff, hff… »

… Avant qu’il ne s’en rende compte, la table était cassée.

Des fragments de bois s’étaient logés dans les poings qu’il avait utilisés pour frapper la table, répandant du sang.

Il reprit subitement son calme après cette colère soudaine. Ses pensées calmes réprimandèrent son cœur.

Tu es content maintenant ? – Ouais, comme si j’allais être content.

Tu vas pleurer ? – Ouais, comme si ça allait changer quelque chose.

Alors tu as fini ? – Ouais, c’est bon, connard.


Il n’avait aucun droit pour pleurer. Si quelque chose devait couler, ce devrait être du sang.

Cela lui convenait bien mieux. Ce bâtard, ce fils de pute, ce menteur hypocrite.

— Plutôt qu’un liquide noble comme les larmes, du sang sur ses mains lui convenait bien mieux.

Il ferma ses yeux, porta sa main à sa poitrine, et l’imagina.

— *Clic*.

Accompagné d’un lourd retentissement, il ferma le 『Verrou』, et c’était tout.

Comme d’habitude. Comme prévu. Trompeur. Calculateur et calme. Le donneur d’espoir.

『Riku』 – « l’adulte » au cœur d’acier – était de nouveau opérationnel.

Ayant fermé son corps et apaisé son esprit, Riku ouvrit lentement ses yeux.

Puis, à la vue du bazar devant lui, de la table tachée de sang, il soupira.

« … Les arbres ne poussent pas sur des pierres… Et merde… Je fais quoi maintenant ? »

En retirant les éclats de bois de sa main, il grogna. Aucune douleur, comme si ses sens s’étaient figés en même temps que son cœur.

« … J’imagine que je n’ai aucune excuse à cela… non, attends. Si je l’utilise comme feu de bois, ça éliminera les preuves et ça augmentera nos ressources. D’une pierre deux coups. Je pourrais très bien manger par terre… »

Partie 8


— De l’autre côté de la porte.

Adossée au mur, Coron, le visage baissé, avait tout entendu.

… C’était coutumier. C’était pour cela qu’elle le laissait seul.

C’était son moment à lui pour délivrer son cœur. De sorte qu’il puisse accepter d’avoir sacrifié… tué Ivan. Un rituel… qui lui était nécessaire. Sans cela, il deviendrait fou.

— Ou peut-être était-il devenu fou depuis longtemps…

« … »

Coron ne pouvait rien dire… C’était la seule chose qu’elle pouvait faire, l’écouter de l’autre côté de la porte.

Ce garçon de 18 ans, si jeune qu’on devrait le traiter comme un garçon.

Cette situation, celle dans laquelle il s’était vu confier le destin et les décisions à prendre d’une colonie de deux mille individus, était anormale. Mais… il n’y avait personne d’autre.

Pour guider ces deux mille personnes qui avaient perdu espoir. Pour prendre les choix difficiles nécessaires.

Qui d’autre pouvait encaisser la détermination de leurs prédécesseurs, de la volonté des survivants, et continuer d’avancer ? Qui pouvait endurcir son cœur de cette façon ?

— Personne d’autre que Riku.

S’ils le perdaient, ils en seraient réduits à trembler dans la peur de mourir comme des 『Proies』.

Des animaux complètement inutiles et dénués de sens… Même Coron le savait.


— La Grande Guerre 『Interminable』.

Ce n’était pas une hyperbole. La guerre en était au point où personne ne se souvenait de quand elle avait commencé.

À chaque fois que les humains fondèrent quelque chose ressemblant à une civilisation, elle se faisait éliminer comme de la mauvaise herbe… Une tradition orale bien trop pathétique et absurde pour la considérer comme de l’Histoire. Ils la décrivaient simplement, calmement, en se tenant aux faits, comme l’éternité.

Un monde où le ciel était inaccessible et où la terre était dévastée, tous deux baignant dans la couleur du sang, démuni de nuit ou de jour.

N’ayant même plus de calendrier commun, ils en avaient oublié la signification de voir le temps passer.


Dans cette ère stagnante où la terre et le ciel, trempés dans la 『MortCendre Noire』, était saccagés par encore plus de violence… les humains restaient impuissants.

Faire un pas en dehors du village revenait à tendre son coup autour de la faux de la Faucheuse.

Même une rencontre malchanceuse avec un animal sauvage devenait une invitation pour la mort.

La vue des dieux et des leurs créations – les 『Autres races』 – annonçait la destruction.

Le moindre projectile perdu ou contrecoup d’une explosion causait l’annihilation de villages, de villes, de civilisations entières.

… Interminable. Interminable, interminable.

Interminable, interminable, interminable, interminable… telle était le cycle de la mort de de la destruction de ce monde.

Si l’enfer existe, c’est cela, pensa Coron… et pourtant, l’humanité y vivait toujours.

— Personne ne voulait mourir sans raison.

— Leurs 『Cœurs』 n’accepteraient pas que leur existence ait été vaine.

Rester sain d’esprit dans un monde comme celui-ci… pouvait-on même de rester sain d’esprit ?

Partie 9


— Il y a cinq ans.

La colonie qui avait accueilli Riku, la maison de Coron, avait été prise dans une confrontation entre des Flügels et des Dragonias et s’était fait effacer.

Les adultes qui étaient autrefois leurs dirigeants moururent tous, et, écrasés par le désespoir, pleurant et sanglotant, les survivants étaient parvenus jusqu’à une grotte.

Ignorant ceux qui étaient acculés par la tristesse, un enfant d’alors 13 ans inspecta la grotte et déclara :

« C’est un bon endroit. Ça pourrait être notre prochain village. »

Devant des gens qui avaient tout perdu il y a à peine quelques heures, il avait dit 『prochain』, comme c’était évident.

Des rugissements se firent entendre.

Pour quoi faire ? crièrent-ils.

Pour autant que ça les concerne, c’est comme si nous n’existons pas à leurs yeux, disent-ils en pleurant.

À ces arguments, bien trop logiques pour croire à un désespoir hystérique, le garçon répliqua sans cligner des yeux :

« C’est vrai. Ce n’est pas "comme si" nous『 n’existons pas』. Nous 『n’existerons pas』. »

Le garçon expliqua alors comment ils allaient procéder.

« Nous n’existons pas, nous ne pouvons pas exister, donc nous devrions devenir imperceptibles… Nous devrions devenir des 『Fantômes』 »

Son regard noir était encore plus sombre que les profondeurs de la grotte.

« Nous devrions utiliser tous les moyens à notre disposition pour fuir, pour nous cacher, et pour survivre… et cela jusqu’au jour où quelqu’un y assistera... assistera à la fin de la Guerre. »

S’ils ne pouvaient rien faire, ils pourraient au moins porter les espoirs de leurs prédécesseurs.

S’ils ne pouvaient rien faire, ils pourraient au moins donner une chance aux générations suivantes.

« Jurer sur les dernières volontésAshieit. À tous ceux capables de dire cela et d’aller jusqu’au bout des choses… suivez-moi ! »

— Treize ans.

Les paroles d’un enfant qui avait vu par deux fois sa maison se faire détruite de façon insensée résonnèrent lourdement en écho dans la grotte.

À ces yeux sans âmes dont la vie n’avait aucune signification, ses mots leur avaient transmis une raison de vivre… et une raison à leur mort.

Partie 10


Il s’était passé cinq ans depuis que le Riku de treize ans avait été désigné comme dirigeant d’une population excédant deux mille vies.

Depuis cette année-là, le nombre de morts s’élevait à présent à… quarante-huit. Coron pensa – C’est incroyablement peu..

Mais Riku ne le voyait pas ainsi. Même si c’était le cas, la responsabilité d’ordonner leurs morts l’aurait écrasé.

Les quarante-huit disparus avaient tous perdu leurs vies dans des 『Expéditions』.

Pour une colonie forte de 2000 personnes, il aurait été normal que plus du double meure chaque année rien qu’à cause du manque de nourriture.

Et si une autre race venait à les repérer, des centaines, des milliers, mourraient en un battement de cil.

Pour ne comptabiliser que quarante-huit victimes en cinq ans, ce nombre révélait à lui seul les compétences de Riku.

— Voilà pourquoi ils lui faisaient confiance.

— Voilà pourquoi tout le monde confiait leur vie sur ses épaules.

Mais… ils l’oubliaient de temps en temps. Et lorsqu’ils s’en souvenaient, ils se sentaient coupables, offrant des remerciements et des excuses.

Mais, il arrivait que tout le monde l’oublie. Et quand ils s’en souvenaient, ils ressentaient du remords avant de s’excuser et de remercier Riku. Et là, c’était au tour de Martha de s’en souvenir.

— Riku était pareil, la faux de la faucheuse était prête à trancher son cou. Et à ce cou, 2000 personnes y étaient suspendues.

——......


Lorsque Riku sortit de sa chambre, Coron fit de son mieux pour prétendre ne pas avoir remarqué la blessure à son poing.

« Riku, tu es vraiment incroyable… Tu fais vraiment tout ce que tu peux. Nee-san peut le garantir… »

« … Garde tes mots réconfortants. Je vais aller le prendre, ce bain. »

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Les yeux de Riku ne reflétaient toujours rien. Incapable de le supporter, Coron l’enlaça.

Il atteignait ses limites. Être le guide qui assurait la santé mentale de deux mille personnes dans ce monde… était chose impossible. À ce rythme-là, son petit frère, Riku, finirait définitivement par craquer !!

« Hé… Coron. »

« … C’est Coronne… Qu’y a-t-il ? »

« Quand finira-t-elle ? Cette époque. »

Dans le passé, quelqu’un lui avait dit : 『la pluie finira toujours par s’arrêter』 et que 『l’aube viendra toujours après la nuit』.

Mais y avait-il un humain ayant assisté à la dernière fois où la tempête de cendres turquoise s’était arrêtée ?

Qui avait vu par-delà ce ciel, obscurci par la poussière, jusqu’au soleil ?

Oui, cela arriva un jour… ça ne pouvait être éternel, mais…

Dans la perspective d’un humain, cette guerre… il était impossible de la considérer autrement qu’éternelle.

Partie 11


« Ils se demandèrent donc : Quand… Hé, que, qu-qu-qui… !? Qu-Qu-Qu’est-ce qui ne va pas !? »

Tet, qui avait raconté tout cela en jouant avec des yeux lointains, venait de pousser un cri de panique.

« C-C’est pas du jeu, dess… Me raconter une histoire aussi triste, snif, pour faire pleurer Izuna de sorte que je ne gagne pas, dess. »

« D-D-Désolé ! C’était peut-être un peu trop sombre !! »

Mais alors que Tet s’excusait auprès d’Izuna chez qui de grosses larmes coulaient les unes après les autres, il se mit à penser :

L’empathie de pleurer ouvertement en entendant cette histoire, c’est vraiment remarquable.

Pour tout dire, s’il venait à raconter cette histoire à d’autres races, le mieux auquel il pouvait s’attendre était de se faire rejeter avec un 『Bien sûr』.

Même maintenant, 6000 ans plus tard, les différentes races avaient encore des comptes à rendre les unes avec les autres.

Une fille qui pouvait s’attrister devant cette histoire et la qualifier de triste… c’était « sans aucun doute une enfant ».

« Désolé. Mais tout cela est vrai… C’était ainsi que le monde fonctionnait lors de la 『Grande Guerre』. »

« … Ivan, est mort, dess… »

« Oui, il est mort. L’Imanity, sans les 『Dix Commandements』, pouvait mourir d’une pichenette d’un Démonia, non… »

Il baissa légèrement de ton et continua :

« Même d’une simple morsure d’un Thérianthrope… Ce sont les créatures les plus faibles de cette planète. »

« … !! Izuna ne ferait jamais ce genre de… »

Chose… était-elle sur le point de dire, mais Tet fut impressionné qu’elle ait ravalé ses mots.

Non… elle ne pouvait pas dire avec certitude qu’elle ne le ferait 『Jamais』. Cette jeune fille était très franche et intelligente.

Était-ce si différent de ce qu’elle avait fait à Elchea dans des jeux ? Elle l’avait vu. Elle avait bien senti que c’était absurde. Que c’était mal.

« … Ce genre de chose est mauvais, dess… N’importe quoi, dess… »

« Oui… c’est vrai. Ce monde était fou. »

Exactement. Véritablement. Proprement. Il était absurdement déraisonnable.


Si un enfant trouvait cela 『Naturel』… ce serait abject.

« Mais, attends ! Personne n’aime les histoires aussi sombre, pas vrai~ ♪ Pourquoi ne pas sauter des passages~ ☆ »

Dans le but de pimenter l’atmosphère oppressante, Tet essuya les larmes d’Izuna :

« As-tu déjà entendu parler… des Ex-Machinas ? ♪ »

« … À la dixième position des 【Exceeds】… Les Ex-Machinas, dess… Ne te moque pas de moi, dess. »

« Tu es vraiment intelligente~ ☆ Tu as travaillé dur. C’est bien, c’est bien ! »

Tout en apaisant Izuna qui reniflait, Tet continua de jouer avec dextérité et ajouta :

« Oui, les Ex-Machinas… Une race de machines vivantes. Créés par un Ancien Dieu "Inactif" depuis bien longtemps… Un Ancien Dieu vieux au point d’avoir été oublié par les Ex-Machinas eux-mêmes. »

« … Papy m’a parlé d’eux, dess. Il disait qu’ils ne tombaient jamais deux fois dans le même piège, et que pendant la guerre, les seuls capables de… "Déicide" ? … étaient les Flügels et les Ex-Machinas, dess. Donc… »

Oui, c’est bien ce qu’il avait dit, Izuna continua :

« 『Va surtout pas les faire chier』, dess. »

« Dix sur dix~ !! Laisse-moi continuer de te caresser. »

Tet afficha un grand sourire sur son visage et il passa en mode *mofumofu mofumofu*[3].

« Donc, oui, les Ex-Machinas… Un jour, Riku tomba sur l’un d’entre eux… »

Ssshhh ! Izuna sursauta comme un chat et s’éloigna instantanément de Tet.

« … Ouais, donc, Riku, face à face avec le terrible Ex-Machina, se fit soudainement attaquer. À une vitesse bien trop rapide pour que les sens d’un Imanity puissent réagir, tu comprends. »

« J-Je, j-je croyais que tu avais dit que tu arrêterais de parler de ce genre de chose, dess ! »

« Eh~ ? J’ai simplement dit que personne n’aimait les histoires aussi sombres, donc que j’allais sauter des passages. »

« Je ne peux pas t’entendre, je ne peux pas t’entendre, dess !! »

« Tu peux te couvrir les oreilles autant que tu le veux, mais ça ne fonctionnera paaas. L’Ex-Machina avait frappé Riku avec 『Pseudépigraphe[4] : Lames de la forêtRauvu-Pocrifen』. C’est une arme destinée à reproduire un sort Elfique qui lançait de nombreuses aérolames[5] qui réduisaient tout en miettes ! »

« Hyaaaaaaaah !? »

« La cendre noire elle-même fut emportée en même temps que le manteau et l’équipement de Riku furent hachés en morceaux et emportés dans les airs… »

« Aaaaah~, aaaaah~ j’entends rien, dess. Je n’entends rien, dess ! »

« Et alors… elle s’approcha des restes en miettes de Riku qui gisait sur le sol et… »

« NYAHHHHHH~ AHHHH !! »


« … l’embrassa et lui dit 『Nii, je n’en peux plus, fais de moi une femme』~ ☆ »

… ?

« T-Tu ne viens pas de dire qu’il avait était découpé en morceaux ? Dess. »

« Oh, j’ai dit que son équipement et son manteau avaient été réduits en miettes, Riku-dono était in☆demne~ »

Pour la toute première fois de sa vie… Izuna ressentit l’envie de frapper quelqu’un.



Références

  1. Riku signifie « Terrain/Terre », opposé à Sora qui signifie « Ciel ».
  2. Une unité de mesure en architecture japonaise. Cela équivaut à peu près à 55mètres.
  3. L’onomatopée utilisée lorsqu’on touche/caresse quelque chose de doux. mofumofuもふもふ signifie « doux au toucher ».
  4. Un pseudépigraphe est un ouvrage dont le nom de l’auteur ou le titre sont faux. (Wikipédia) Les Ex-Machinas utilisent des armes qui reproduisent les attaques des autres d’où l’utilisation de ce terme.
  5. Des « lames de vide » dans la version officielle. Le terme aérolame me semblait plus compréhensible pour se l’imaginer à la lecture.



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