No Game No Life : Tome 6 Chapitre 2

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Chapitre 2 – 1×1 = Sans But[edit]

Partie 1[edit]


… Bien, résumons la situation.

Je m’appelle Riku, 18 ans, puceau… Quoi ? Vous avez un problème !?

— Non.

Non, non, non, non, la question qui a surgi dans mon cerveau en pleine activité doit… attends, attends… du calme ! Ressaisis-toi.

Je ne comprends pas la situation, mais ça veut dire que c’est pire que tout ce que j’avais anticipé.

Assigne des priorités aux questions… Que s’est-il passé ? Que se passe-t-il ? Que va-t-il se passer ? C’est tout. Tout d’abord, vérifier l’état du 『Verrou』 de ton cœur.

… C’est bon. Il est encore fermé après tous ces drôles d’événements, mais de peu. Puis comprends ce qu’il se passe en une seconde, non, un millionième de seconde, sinon…

« … 【Évaluation】 Traitement de la situation actuelle… »

Peu importe ce que cette fille nue qui te chevauche – ce monstre déguisé – va te faire, tu seras foutu ! Réfléchis plus vite, arrête le temps…

Partie 2[edit]


Depuis la colonie, Riku s’était dirigé à cheval vers l’est, vers la direction indiquée par la carte des Nains.

Il devait s’y trouver des ruines d’une vieille cité Elfique, détruite par une unique attaque d’un Flügel[1]. Les informations concernant les Elfes étaient très sophistiquées, et surtout de grande valeur.

Il avait exploré le champ de bataille, mais n’y avait trouvé rien d’utile, et les informations qu’il était parvenu à rassembler étaient insuffisantes.

Après tout, ces enfoirés n’utilisaient pas d’outils. Pas la peine de s’intéresser à la magie qui ne nécessitait pas de catalyseur.

Mais au fil du chemin, la chute de Cendres Noires se fit de plus en plus intense, forçant Riku à prendre refuge dans un petit monument proche. C’est à ce moment qu’il en repéra un, un membre d’une 『Autre race』.

Elle avait l’apparence d’une jeune fille nue avec des parties mécaniques visibles… une 『Ex-Machina』.

Une des pires races. Mais ça allait. Probablement.

Riku tenta de l’ignorer et continua d’avancer.

— L’instant d’après, il était à terre.

Tout son équipement s’était fait éliminer avec la Cendre Noire elle-même, et on l’avait poussé contre le sol, visiblement.

Il était complètement incapable de dire ce qu’il venait de se passer… mais il semblait qu’il n’était pas encore mort.

En tout cas, il était désormais torse nu, son dos pressé contre le sol, après quoi l’Ex-Machina se baissa vers lui et s’exprima.

« Nii, je n’en peux plus. Fais de moi une femme. »

——

… Des troubles de la mémoire ?

Il se trouvait à terre. Il était parfaitement plausible qu’il se soit cogné la tête.

Mais si sa mémoire était bien fiable, cette ligne avait été prononcée d’un ton monotone dénué d’émotion, après quoi, soudainement…

Son innocence, ses lèvres furent volées.


… C’est tout ce à qu’il avait pu déduire. Cela répondait à la première question, 『Que s’était-il passé ?』.

À présent, il s’attaquait à la seconde question, 『Que se passe-t-il ?』, mais…

« 【Erreur】 … Compréhension, impossible. »

L’Ex-Machina, toujours au-dessus du corps de Riku, murmura cette déclaration sans émotion et avec un visage inexpressif qui seyait à une machine.

Huhu, pas mal du tout mon gars, se complimenta Riku intérieurement.

Il avait réussi avec succès à se retenir d’ouvrir la bouche et le réflexe de la repousser grâce à sa mentalité et à son expérience.

Tous deux voulaient lui faire crier 『C’est plutôt à moi de dire ça, abrutie ! 』.


— Les 『Ex-Machinas』. Une race très particulière même au sein des monstres impliqués dans la Guerre.

Tout d’abord, c’était une race de machines, même pas d’être vivant, qui fonctionnait en étant connectée à des 『Clusters[2]』.

Cela signifiait qui si l’un d’entre eux vous trouvait, la race vous avait trouvé. Faire face à l’un d’entre eux signifiait faire face à la race entière.

Une des raisons pour laquelle cette race était considérée comme extrêmement spéciale était due à leur façon de se battre.

Que ce soit la magie d’un Elfe, les armes à esprits des Nains ou même le souffle d’un Dragonia… les Ex-Machina les reproduisaient et les utilisaient contre eux en retour.

Tout au long de la Guerre, leur stock d’armement continua d’augmenter, et en théorie… ils étaient capables de devenir de plus en plus force indéfiniment. C’était la pire des races.

Néanmoins, ils avaient aussi une autre particularité.

— « Ils n’attaquaient jamais les premiers. »

En cas d’attaque, ils répliquaient, mais tant qu’on ne les provoquait pas, ils n’engageaient pas le combat. C’est du moins ce qu’on en disait.

Pour cette raison, les écritures des Nains les décrivaient en les appelant 『les intouchables』.


— C’était cette connaissance qui avait fait taire Riku.

S’il venait à dire quelque chose de déplacé, il pourrait être perçu comme étant un 『Ennemi』, et la race humaine entière se ferait exterminer.

Du coup, « Que se passe-t-il » !? Qu’est-ce qu’elle me veut celle-là !?

Une situation qui contredisait les informations dont il était au courant à de multiples niveaux le fit s’énerver contre lui-même.

Ils n’engagent pas le combat. Il avait donc supposé qu’il devait l’ignorer et partir… mais regardez le résultat.

Même après avoir assemblé toutes ses informations, Riku se trouva toujours incapable de comprendre la situation ou de bouger, jusqu’à ce que…

*Suu*, la peau pressée contre lui se détacha, bien que la jeune fille mécanique continuait de le chevaucher.


« 【Hypothèse】 Valeurs des paramètres du fantasme, invalides ? »

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Devant cette question complètement inattendue… il y eut un moment d’indécision.

Les humains étaient des fantômes. Ils n’existaient pas. Ils ne devaient pas exister. Ils étaient imperceptibles… Devait-il s’abstenir de répondre et rester muet… ?

« … Ce n’est même pas une question de si ça me plaît ou non. Qui t’a donné mon consentement pour me voler mon innocence ? »

« Non », cette chose avait répondu en utilisant le « Langage Humain ».

Cela confirmait que, au strict minimum, l’existence de la race humaine était reconnue.

Rien que cela le refroidit d’un coup, mais de là à l’ignorer… Un refus de répondre et les humains pourraient être considérés comme 『Hostiles』.

Prends les choses comme elles viennent.

Tant que la situation ne devient pas plus claire, ne fais rien de toi-même.

Ne semblant pas intéressé de répondre à son accusation, toujours sans expression, la créature continua de parler d’un ton plat.

« 【ChargementLaden[3]】 Phrase 072 — 『C-Ce n’est pas comme si je voulais le faire. C’était un accident. C’est ça, un accident.』 »

… Avec sa prononciation dénuée de sentiment, et avec son 『Nii』 de tout à l’heure, les pensées de Riku s’arrêtèrent nettes.

C’est quoi ce bordel ?

« … 【Confirmation】 Aucune réaction du sujet au niveau de sa température, de son pouls ou de ses organes reproducteurs. »

« Pourrais-tu ne pas espionner les réactions physiques des gens ? »

Luttant pour garder son calme, Riku claqua de la langue en découvrant une nouvelle information fâcheuse :

Il pouvait lire ses réponses physiologiques. La probabilité qu’un 『Mensonge』 le catégorise comme un ennemi était… très élevée.

Qu’elle soit ou non consciente de ces appréhensions de la part de Riku, la fille mécanique continua son interrogatoire.

« 【Doute】 Les humains interrogés devraient manifester de l’excitation sexuelle. Données incorrectes ? »

« … Euh, ouais. J’imagine que ça dépend d’une personne à un autre. »

— Il ne pouvait pas mentir. Mais il ne comprenait pas son objectif. Il n’arrivait pas à saisir la situation.

De ce fait, s’il pouvait lire ses réactions physiologiques, il devrait être conscient d’à quel point il était terrifié. Que voulait-il au juste… ?

« 【Requête】 Unité pas jugée sexuellement excitante, ou "attractive" ? »

Ayant déjà du mal à réfléchir, cette question extraordinairement difficile lui donna le vertige.

Une calamité qui annonçait l’annihilation s’il venait à s’y opposer venait de lui poser une question qui serait suffisamment épineuse même posée par un humain… et il ne pouvait se permettre de mentir.

… Riku se prépara et lança un regard sérieux vers l’Ex-Machina qui le chevauchait.


— Elle ressemblait beaucoup à une jeune humaine d’une dizaine d’années. Ses cheveux noirs contrastaient avec sa peau blanche et ses yeux rubis. Elle était indiscutablement belle… ou le serait, si ce n’était pas pour les parties mécaniques qui dépassaient un peu partout et ses deux câbles en forme de queue.


« D’un point de vue objectif, je pense que tu es jolie. Mais en terme d’excitation, je préfèrerais quelqu’un de mon espèce, et tu sembles un peu trop jeune. »

… Alors ? Il n’avait pas menti et ne l’avait pas critiqué… N’était-ce pas une réponse parfaite, pour un puceau ?

Tandis que Riku était fier de lui, l’Ex-Machina enchaîna immédiatement.

« 【Doute】 Utilisateur sans expérience sexuelle compte choisir cette personne ? »

« Tu insinues qu’un puceau n’a pas le droit de choisir… ? »

————.

Pendant cet échange, les pensées de Riku se stabilisèrent vu qu’il commençait à saisir la « Situation ».

Leur conversation jusqu’à maintenant lui avait suscité des doutes. S’il avait raison…

« Pour commencer… Puis-je savoir désormais ce que tu veux ? »

— autant lui demander. Il était conscient que poser une question avec négligence pouvait être dangereux, mais…

Au vu de ce qu’il pouvait prédire des informations qu’il avait rassemblées jusqu’à maintenant, ne pas le faire résulterait en une crise absolue.

L’Ex-Machina répliqua immédiatement et calmement.

« 【Réponse】 Analyse du langage unique aux humains désirée. »

« … Le langage unique ? »

Riku le répéta, espérant que, d’une certaine façon, sa prédiction soit fausse.

Mais l’Ex-Machina hocha simplement la tête et répondit mécaniquement :


« 【Affirmation】 Langage unique du 『Cœur』. »

————.

« 【Confirmation】 "Ne faire qu’un"… langage unique impliquant un contact épidermique. Acte supposé échanger leurs 『Cœurs』, ce dont manquent les Ex-Machinas. Analyse indique que l’unité peut charger le 『Cœur』 si l’acte est émulé… Données incorrectes ? »

Bon sang. Les mauvais pressentiments finissent toujours par se vérifier, se mit à rire Riku silencieusement.

Depuis le moment où il s’était fait tacler, il avait réfléchi à comment il pourrait se tuer pendant que cette chose ne regardait pas…

Mais voilà qu’elle s’était mise à parler la langue humaine, fait des suppositions (bien qu’incorrectes) sur l’activité de la sexualité humaine, et mesurait même ses réponses physiologiques.

Vu ce que cela révélait, Riku se moqua de lui pour s’être inquiété de lui avoir répondu.

Tout ce qui concernait les humains n’était qu’un prétendu secret. Cela n’avait pas d’importance s’ils étaient ou non au courant de l’existence des humains.


— Ils nous ont observés. Probablement depuis un bon moment.


« Eh bien, tu vois, si échanger ses "cœurs" était aussi simple que "ne faire qu’un" physiquement, nous, humains, aurions bien moins de problèmes entre nous. »

Regardant l’Ex-Machina qui semblait prendre en considération sa réponse, Riku trouva que ses pensées étaient claires au point qu’il était difficile de croire à quel point elles avaient été désordonnées.

Pour une quelconque raison, les humains avaient attiré l’attention de la pire des races, et avaient été placés en observation… sous une étude intense.

Alors que l’humanité se bernait comiquement en pensant qu’ils étaient cachés, ils étaient en réalité surveillés.

Qu’importe la raison pour laquelle ils avaient été repérés, la situation était pour le meilleur et pour le pire, pas vrai ?

Une race que toutes les autres craignaient les observait. C’était suffisant pour justifier la destruction de l’humanité.

— Alors que faire ? Bah, comme d’habitude.

Peut-être pas le meilleur coup, mais certainement le plus réalisable. Rien de plus.

Plaçant sa main sur sa poitrine, Riku récita son incantation habituelle.

Mais cette fois, c’était légèrement différent… Scelle-le. Scelle-le, verrouille-le, et oublie-le.

Oublie complètement que cette immonde machine s’était débarrassée d’humains comme pour faire du dépoussiérage… les envoyant au-delà de l’oubli.

Sacrifie tes sentiments, abandonne ta mémoire, oublie ta peur, tes doutes, ta panique. Deviens un fantôme.

Il y avait deux objectifs : Trouver la vérité et « l’inciter ».

Il prit une profonde respiration. Tu es en 『bons termes』 avec cette machine… « crois-y ».

Berne tes organes. Trompe ta mémoire. Attache-la, enchaîne-la… et place le 『Verrou』.

Je peux le faire ? Bien sûr que tu le peux, 『Riku』, petit enfoiré.

S’il veut vraiment analyser le 『Cœur』, cela signifie qu’il n’en possède pas.

Manipuler une personne sans cœur devrait être bien plus simple que de tromper des humains.

Et toi, petite enflure, tu es un petit connard qui le fait aussi naturellement que respirer.

J’ai raison… ? Alors il n’y a aucun problème.

Il est plus facile de tromper quelqu’un sans cœur qu’un autre humain.

— *clic*

De nombreuses fois plus lourd que d’habitude, le son du verrou se fermant lui fit ouvrir ses yeux.

— Devant lui, avec de longs cheveux noirs… se trouvait une « fille[4] ».

Après une longue réflexion, cette « fille » arriva à une conclusion erronée.

« … 【Compréhension】 Interprétation de "ne faire qu’un" comme une métaphore pour la procréation correcte. 【Requête】 Engager la procréation avec… »

« Hmm. Je refuse. J’ai le droit de répondre ça ? »

Un rejet presque catégorique. Des mots qui pouvaient aisément être interprétés comme hostiles.

Mais son inconscient rationnel insistait, C’est bon, l’incitant à ajouter :

« Comment espères-tu que j’abandonne ma virginité à quelqu’un qui n’est même pas humain ? Et puis… »

— Il extraira les informations dont il avait besoin.

« Les Ex-Machinas sont tous reliés à leur cluster ou je ne sais quoi, pas vrai ? Désolé, mais je ne suis pas exhibitionniste. »

À savoir…

« 【Refus】 Unité a été déconnectée du 『Cluster』. »

— Oui, cette information-là.

Il l’avait prédit, mais il ne pouvait se permettre de se laisser s’emporter…

« Hein ? Pourquoi ? »

Réponds de façon appropriée. Sois confus. Demande pourquoi. Même si tu peux le deviner.

« 【Réponse】 Unité… a tenté d’analyser si les Ex-Machina possédaient un 『Cœur』, une 『Identité』 ou une 『Âme』. »

— C’était une réponse prévisible, vu que l’on parlait d’une machine.

« 【Résultats】 Apparition de nombreuses inconsistances logiques menant à la déconnexion de l’unité et à son abandon. »

Le paradoxe d’autoréférence.

Riku confirma enfin la raison pour laquelle cet Ex-Machina agissait de façon aussi imprévisible.

— Elle était cassée.

C’était vraiment commode. Il était encore trop tôt pour se relaxer, mais le pire des scénarios commençait à s’éloigner.

Très bien, 『Riku』, vous partagez une 『Relation Amicale』, pas vrai ? C’est ta chance pour montrer ton inquiétude, pas vrai ?

« Quoi ? Mais ça veut dire… que tu… »

Alors que Riku fronçait ses sourcils et déversait sa sympathie, la « jeune fille » hocha la tête avec affirmation.


« 【Conclusion】 Utilisateur autorisé à souiller l’unité autant qu’il le veut. Bien que l’unité n’a pas de trou. »

« Je ne veux pas le faire ! Attends, tu n’en as pas… !? »

Aussi inexpressive que jamais, elle inclina sa tête sur le côté et proposa une suggestion.

« 【Proposition】 Utilisateur peut ramener l’unité à la 『Colonie』 et de la souiller à sa convenance. »

« Là n’est pas la question… Hé. »

— « Fin de l’investigation »

Elle était au courant pour la colonie, mais cela n’a pas d’importance.

Les autres races pouvaient découvrir leur village quand ils le souhaitaient.

— Ils le savaient.

Ce qu’il voulait confirmer était qu’elle ne cacherait pas le fait qu’elle était au courant pour la colonie.

Cela laissait « deux » possibilités.

Mais les deux ne posaient pas de problème. Maintenant qu’il avait toutes les données dont il avait besoin, pour créer le 『personnage』 qu’elle voulait.

Une fois encore, il s’imagina entre ce *clic*.

C’était ce qu’il voulait… le 『Riku』 qui donnait l’impression d’avoir un 『Cœur』 bien que ce dernier soit verrouillé.

Visiblement inconsciente de ce à quoi pensait Riku, la jeune fille hocha la tête sérieusement, comme si elle avait compris.

« 【Compréhension】 Utilisateur trouve l’unité pas attractive et rejette la procréation. »

« Aah, tu n’as vraiment rien compris, tant pis… »

La jeune fille hocha une fois de plus la tête et se retira du corps de Riku.

Le Riku libéré se redressa lentement pendant que la fille s’assit en face de lui.


« 【Proposition】 Jouer à un jeu. »

« … Quoi ? »

« 【RésoudreLösen】 – Jeu 001 『Échecs』. »

Puis, dans la paume de la jeune fille s’étendit – non, sur le sol en dessous – la silhouette d’un jeu d’échecs vraisemblablement dessiné par la lumière sur une toile apparut, puis se solidifia.

Cette salope, pensa Riku en regardant le déploiement de l’armement de l’Ex-Machina.

« 【Concours】 Si l’unité gagne, exige que l’utilisateur ramène l’unité au village et engage l’acte de reproduction. »

« … Et si je gagne ? »

« 【Réponse】 Utilisateur autorisé à ramener l’unité au village et à engager l’acte de reproduction. »

« C’est exactement la même chose, hé !? »

Riku se mit instinctivement à crier pendant que l’expression inorganique de son adversaire se teinta d’une couleur devant son magnifique stratagème.

Mais en même temps, Riku pensa : C’est ma chance.

« Bon, d’accord, c’est bon. J’accepte ton défi, mais dans d’autres conditions. » « Hmm, cependant… tant pis. J’accepte ton défi, mais je demande un changement dans les conditions. »


Peut-être pas le meilleur coup, mais le plus réalisable…

L’esprit de Riku, marchant main dans la main avec la mort, formula instantanément de multiples stratégies.

Il avait soutiré un maximum d’informations en un minimum de coups. Il devait exploiter complètement la situation avec celui-ci.

Bien, jusqu’où peux-tu aller ? Voyons voir ce que tu vaux, charlatan.

« Si je gagne, j’exige que tu prétendes ne m’avoir jamais vu et que tu restes à l’écart de ma 『Colonie』. »

Alors qu’il disait ça, Riku savait au fond de lui que gagner à ce jeu était 『Impossible』.

Si les Ex-Machinas étaient des machines possédant un pouvoir d’analyse – de traitement – aussi grand que ce qu’en disaient les rumeurs, ils devraient s’être approprié le jeu d’échecs.

La fille hocha la tête et répondit.

« 【Accepté】 Condition acceptée. Condition en cas de victoire de l’unité inchangée. »

— Oui, elle l’a accepté. Mais le problème ne se 『trouvait pas là』.

« Non, il va falloir la changer, elle aussi. »

Parce que…

« Le 『Cœur』 auquel tu t’intéresses ne peut pas être analysé à travers l’acte de reproduction. »

« … »

Riku examina la jeune fille stupéfaite avec nonchalance.

Il existait deux raisons concevables pour que cette chose ait pu mentionner la 『Colonie』.

Soit elle évoquait simplement les faits… soit elle essayait de l’avertir dans un autre but.

Il ne savait pas quelle en était la raison, mais il pouvait potentiellement l’identifié en fonction de si oui ou non elle accepterait ses conditions .

Si elle avait un autre but, elle accepterait de les changer. Autrement, son plan tomberait à l’eau.

Était-il vraiment possible de faire en sorte qu’une Ex-Machina – une machine – puisse montrer sa main en la déstabilisant ? Mais la jeune machine, toujours inexpressive, écarquilla les yeux et demanda :

« … 【Stupéfaction】… 【Question】 Quelle est la méthode d’analyse ? »

Est-ce que par hasard… elle avait vraiment simplement mentionné les faits… ?

Le meilleur scénario possible, la probabilité la plus souhaitable, celle qui la rendait la plus suspecte… Mais si, hypothétiquement, tout ce qu’elle avait dit était vrai et qu’il jouait ses cartes comme il fallait, il pouvait sceller la chose et l’exploiter .

« Si tu gagnes, je te laisserai rester à mes côtés jusqu’à ce que tu comprennes ce qu’est le 『Cœur』. »

« … 【Question】 Est-ce que rester avec l’utilisateur permettra l’analyse du 『Cœur』 ? »

Bien, il est temps de convaincre une machine intelligente avec la plus réaliste, la plus plausible logique détraquée.

« Le "Cœur" n’est pas quelque chose de physique. »

« … »

« Ce sont des mots sous-entendus. C’est quelque chose que nous ressentons en nous comprenant. Si tu peux t’en sortir sans révéler que tu es une Ex-Machina, sans jamais me quitter – en d’autres mots, si tu peux continuer de communiquer sans être rejetée – cela prendra du temps, mais tu devrais être capable de l’analyser. »

« … »

L’Ex-Machina resta silencieuse et regarda dans les yeux de Riku.

Ces yeux rouges rendirent Riku certain qu’elle était en train d’『Analyser』 la véracité de ses mots.

Mais c’était futile. Il n’avait pas prononcé le moindre mensonge.

… Après une profonde réflexion, la jeune fille hocha la tête comme si elle était convaincue.

« 【Acceptation】 Que le jeu com… »

— Il semblait que le pire des scénarios avait été évité. Tout du moins, vouloir cela était…

« Ah, avant cela, laisse-moi ajouter une autre condition. »

— Il sourit avec audace, changeant d’attitude.

« Je vais mourir de froid. Tu peux me fournir des vêtements pour remplacer ceux qui tu as découpés ? »

Avec de la morve en train et ses dents en train de claquer, Riku la supplia.

Partie 3[edit]


— La partie fut à sens unique.

Sans jamais voir un chemin vers la victoire, Riku perdit en tout juste 29 coups. Comme prévu.

« Fait chier, t’as gagné… Et merde, va falloir que je te ramène à la 『Colonie』 du coup. »

Il n’y avait aucune chance qu’il puisse battre une machine possédant une très grande puissance de calcul pour trouver le coup parfait.

Et c’était pour cette raison qu’il avait proposé des conditions favorables pour le perdant.

« … »

Avec un sourire – sans oublier de feindre du remord – Riku se leva et observa la petite Ex-Machina.

— Miraculeusement, tout s’était plutôt bien déroulé comme il l’entendait.

Il n’était toujours pas vraiment sûr de ses intentions, mais utiliser une stratégie de haut niveau contre de simples humains n’avait pas de sens.

Si c’était juste une excentrique qui s’était prise d’intérêt pour les humains – impliquant que ce n’était pas le cas des autres Ex-Machinas – ils ne devraient pas attirer l’attention des autres races.

Cela étant dit, ce jeu n’entraînait aucune obligation. Il était trop tôt pour…


— On pouvait dire que c’était un miracle que son plan se déroule sans problème.

« 【Question】 Quelle est la raison pour montrer du remord ? »

« Quoi ? »

Pendant un instant, il retint son souffle.

Avait-elle vu au travers de sa 『Prestation』 ? se demanda-t-il… Non, c’était impossible.

Il avait parfaitement scellé ses sentiments pour incarner un personnage. Même Riku pouvait difficilement dire qu’il jouait un rôle. Mais si elle avait vu au travers ses 『Véritables pensées』, alors…

Regardant dans les yeux méfiants de Riku – ses yeux noirs supposés incapables de refléter quoi que ce soit – la jeune machine annonça avec nonchalance :


« 【Conclusion】 Présence du 『Cœur』 confirmée. Sujet jugé digne pour poursuivre l’analyse. »


— Riku ne comprit pas ce qu’elle voulait dire par là.

Mais l’expression de cette Ex-Machina semblait presque dévoiler un sourire subtil… Était-ce son imagination ?

« … Aah, maintenant que j’y pense, on ne s’est pas encore présenté. »

Cela lui avait pris du temps pour le constater. Ça lui avait complètement échappé vu l’enchaînement de ces événements fatigants.

« Euh, je m’appelle Riku. Et tu es… ? »

« 【Réponse】 … Üc207Pr4f57t9. »

« … Ah ? Hein, quoi ? C’est… ton nom ? »

« 【Affirmation】 Numéro d’identification de l’unité, synonyme de 『Nom』 ? »

« … Écoute, si tu veux communiquer et être compris dans la colonie, tu devrais choisir un nom plus humain ou… »

La fille considéra sa suggestion un instant, puis :

« 【Question】 Le 『Nom』 est un identifiant arbitraire de l’unité ? »

« Euh… ouais, j’imagine. »

La fille se mit alors à beaucoup réfléchir au point qu’un grincement se fit entendre.

Soudainement, elle se passa ses doigts dans ses cheveux et prononça son nom.


« 【Réponse】 『Schwarzer[5]』 »

« Ce n’est pas facile à prononcer, pas facile à comprendre, et ça ne ressemble pas à un nom. Rejeté pour ces trois non. 『ShuViSchwi』 fera l’affaire. »

Riku refusa sa proposition. Peut-être était-il en train de l’imaginer, mais…

« … 【Enigme】 Choix arbitraire corrigé… 【Réfutation】 Utilisateur aurait dû m’appeler comme il voulait depuis le début. »

… elle donnait l’impression de bouder tout en « protestant ».

— Je dois me faire des idées, se dit Riku.

« Parfait, pour résumer. Je vais t’emmener à la colonie… mais quelques détails avant cela. »

Il leva un doigt et annonça minutieusement :

« Tu ne peux pas analyser le cœur si les autres découvrent que tu es une Ex-Machina. Ils seront tous terrifiés et ne voudront pas communiquer avec toi. »

« Les Ex-Machinas sont incapables d’avoir une compréhension mutuelle du cœur. Est-ce parce qu’ils en ont peur, ils craignent d’avoir une compréhension mutuelle ? »

« … 【Cohérence】 »

Avec le hochement de tête de l’Ex-Machina qui s’appelait désormais Schwi, Riku continua.

« Donc, maintenant que tu possèdes un nom, peut-on fixer ta façon de parler qui hurle "Je suis une machine" ? »

« … 【ChargementLaden】 Personnalité virtuelle 1610… »

Schwi leva les yeux, semblant perdue dans ses pensées pendant un instant, et dit :


« … Hé hé hé, alors~ Onii-chan ❤ Celle-là me va biiiien ? »


« Tu te fiches de moi ? Rejeté. »

Elle avait juste repris sa voix monotone, et s’était forcée d’ajouter un accent dessus. Riku rejeta cette voix sur le champ.

« … 【Réfutation】 Unité a consacré d’importantes ressources pour la choisir… »

« Tu crois que je peux simplement saluer tout le monde et leur dire que j’avais en fait une petite sœur ? »

« … 【Requête】 Fournis le scénario optimal. »

Riku pensa que Schwi était peut-être bien en train de bouder finalement, mais il mit ça de côté pour y réfléchir sérieusement.

Pour être honnête, il s’était enfui pendant cinq jours sans prévenir Coron. Et il allait maintenant ramener une fille chez eux.

— Le scénario le plus plausible était…

« … Très bien, tu es une survivante qui a tout perdu dans les flammes de la guerre. »

« … »

« Tu es timide, tu ne parles pas beaucoup, mais lorsque c’est le cas, tu le fais petit à petit en marmonnant. Ce serait la galère s’ils venaient à te poser des questions sur ton passé. Ne dis rien de plus que nécessaire. Plus de débuts de phrase qui font penser à un robot… Ça te va ? »

Schwi absorba tous les mots de Riku un par un, comme si elle les mâchait.

« … Hmm. »

Une bonne dizaine de secondes avait dû s’écouler.

Après une longue réflexion, l’Ex-Machina – Schwi – hocha la tête.


Avec cela, son expression mécanique, précédemment inorganique et sans émotion, refléta une légère ombre. Rapidement, elle ouvrit sa bouche.

« … D’ac-cord… Comme… cela ? »


——.

Son imitation incroyablement naturelle d’un humain – et même l’expression qui allait avec – laissa Riku abasourdi pendant un instant.

« … Hé… tu es en train… de jouer un rôle ? »

C’était comme si elle s’était transformée.

Si ce n’était pas pour ses parties mécaniques visibles, même Riku aurait été dupé en pensant qu’elle était humaine.

C’était vraiment anormalement normal, cela semblait lui rappeler quelque chose…

Mais Schwi secoua sa tête.

« … Jouer un rôle ? Non… j’ai identifié… émulé… une personnalité, pour être compatible avec les valeurs spécifiées… »

Riku ne comprit pas ce qu’elle voulait dire, mais il avait bien reconnu qu’on ne la prendrait sûrement pas pour une machine de cette façon. Maintenant, la prochaine étape…

« OK, et si tu te mettais à porter quelques vêtements. Enfin. »

— Ouais. Peu importe à quel point elle pouvait maintenir les apparences à travers ses mots et ses expressions, les humaines ne se baladaient pas nues.

« Cache tes parties mécaniques. Porte une capuche pour celles de ta tête. Écoute bien, ne va pas montrer ton corps aux autres, d’accord ? »

Schwi répliqua d’un hochement de tête.

« … Hmm. Je ne le montrerai, seulement, qu’à Riku… »

« J’ai l’impression que le message n’est pas bien passé, mais… d’accord. Disons cela. »

En prenant du recul, il pouvait prévoir la commotion qui l’attendait chez lui.

Toujours plutôt anxieux à ce sujet, Riku décida d’abandonner l’idée de se diriger vers les ruines de la ville et retourna plutôt vers la colonie.

En portant un cadeau difficilement escompté.

Partie 4[edit]


« … Riku, on est, arrivés… ? »

« Ahhh. Franchement, t’es pas croyable. »

— En réalité, c’était Riku qui s’était fait porter.

En à peine quelques heures, Schwi avait parcouru une distance qui aurait dû prendre cinq jours pour un cheval à pleine vitesse. Lorsqu’ils arrivèrent à la colonie, Schwi déposa Riku.

La différence absurde de capacité entre leur race le fit passer de la stupéfaction au dégoût, et il grogna.

« Tes mouvements… t’es sure qu’ils n’utilisent pas d’esprits ? »

« J’en suis… sure. Schwi est un 『Analyste[6]Prüfer』… Mes capacités sont en dessous… de la moyenne, pour un… Ex-Machina. »

C’était en dessous de la moyenne… eh. Et sans utiliser d’armement.

« Si je pouvais utiliser les armements… quelques minutes… auraient suffi… »

— En mettant de côté cette affirmation astronomique de côté…

Le challenge commençait maintenant, Riku le rappela à Schwi d’un regard.

Les oreilles mécaniques et les pièces métalliques sur sa tête qui le classifiaient directement comme Ex-Machina, quoi qu’on puisse en dire, n’étaient pas détachables. Ils les avaient donc en quelque sorte recouverts en produisant une robe avec un grand capuchon large. Mais…

« Le plus dur reste ces queues qui dépassent de ta robe… »

« … Ce ne sont pas, des queues… Ce sont des nerfs virtuels connectés au Corridor d’Esprits… »

« Non, je veux dire… laisse tomber, mais tu ne peux pas les enrouler ou faire quelque chose pour les cacher ? »

Les deux câbles indépendants qui gesticulaient, quoi qu’en dise son propriétaire, étaient évidemment des queues.

« … Je ne peux pas… C’est… la source d’alimentation de Schwi… C’est la deuxième fois, que je te le dis… »

Ouais, j’ai compris. Riku soupira.

À l’origine, lorsqu’ils étaient en train de se préparer à habiller Schwi en humaine, elle avait indiqué que ce serait simple s’ils utilisaient des esprits grâce à un dispositif de déguisement.

Mais ce serait problématique si on détectait l’usage d’esprits dans la colonie. Ils durent donc se résoudre à ces absurdes idioties…

Apparemment, elle puisait son énergie dans l’environnement grâce à ses queues – ou dans son langage, ses nerfs virtuels connectés au Corridor d’Esprits.

C’était similaire au fait de manger pour un humain. Cela n’ « utilisait » pas d’esprits, mais cela les « consommait ».

De ce fait, il n’y avait aucun signal d’utilisation d’esprits. Mais selon elle, elle n’avait pas d’autre choix que de les exposer.

Riku se tira les cheveux et cracha sous le coup de la frustration :

« Aah, écoute… Oublie ça, on dira juste que ce sont des 『Accessoires』. Laisse-moi te le redire une fois de plus… s’ils découvrent que tu n’es pas humaine, tu ne seras pas capable d’analyser le 『Cœur』, d’accord ? Garde ça en tête et fais de tout ton possible pour agir comme une humaine. »

« … Hmm, compris… »

Renouvelant leur détermination, ils entrèrent dans la grotte et empruntèrent l’étroit tunnel.

À la porte, le garçon dont c’était le tour de garde…

« Oh, Ri… »

… commença à l’appeler, mais Riku s’empressa de tendre son index pour le faire taire.

« B-Bon boulot… tout le monde s’inquiétait pour toi. »

Le garde, répondant dans un murmure, remarqua Schwi aux côtés de Riku, et son expression se troubla.

*Chut*, indiqua Riku avec le même geste avant de passer la porte.

Comme Riku montait les escaliers sur la pointe des pieds, en cachant sa présence, Schwi demanda :

« … Riku, a peur… à cause de Schwi ? »

« Ouais, entre autres. Mais là, ce qui me… »

Riku s’arrêta au milieu de sa phrase. Aussi vite qu’il se retourna, il s’empressa de couvrir son visage…


« RIIIIIIIIIIIIIIKUUUUUUUUUUUUU ! »


Au moment même où ce cri retentit, la tête protégée de Riku – non, son abdomen – reçut un bon coup de genou de la part de Coron qui s’était ruée vers lui.

Incapable de produire le moindre son, Riku commença à se tordre de douleur en s’effondrant.

Mais Coron ne sembla pas l’entendre de cette oreille, et l’attrapa par son col et lui cria :

« J’y crois pas !! T’es parti cinq jours sans prévenir personne. Qu’est-ce que tu… ? »

Comme Coron lui criait dessus tout en le secouant violemment, Riku, n’ayant pas le temps de répliquer, avait de l’écume qui lui sortait de la bouche.

— Et d’un coup.

Coron s’arrêta soudainement…

« Qui est cette fiiille ? Elle est trop mignoooonne ! ❤ »

Se débarrassant de Riku, Coron se rua sur Schwi pour lui faire un câlin et envoya un sourire moqueur à Riku qui toussait vigoureusement.

« Hé, Rikuuu, tu aurais dû nous le dire si tu comptais tu trouver une femme ! ♪ »

« Coron, est-ce que tout va bien dans ta tête ? Quel idiot partirait pendant cinq jours de nos jours pour se trouver une… »

Riku répondit en plissant les yeux, mais Coron lui donna un coup de coude et continua.

« Ooh allez, fais pas le timide ! ♪ De nos jours, la première priorité est de faire des enfants ! La seconde de manger ! Les troisièmes, quatrièmes et cinquièmes sont de faire des enfants ! »

Et toi alors ?

Riku se retint tout juste de prononcer ces mots à voix haute.

« Mais Riku, tu n’y avais jamais porté d’intérêt. Tout le monde s’inquiétait ! Je ne vais pas vous embêter, alors prenez un bain ensemble, et comme ça vous allez délicieusement, délicieusement… »

« … Arrête ça. »

Alors que Coron rentrait avec répétition son index dans le cercle qu’elle avait formé avec son autre main, Riku se prit la tête dans ses mains.

« Écoute… Le bon sens ne te dit pas que c’est une survivante d’un autre village ? »

— Comme si elle était enfin réveillée, Coron se figea d’un coup. Affichant une expression sournoise, elle demanda :

« … Vraiment ? »

Dès qu’il prononça ses mots, Riku pensa, Merde, mais avait-il le choix ?

Désormais, il n’avait pas d’autre choix que d’y aller jusqu’au bout. Il s’y prépara lorsqu’il ouvrit la bouche.

« … J’ai déchiffré sur la carte des Nains qu’il y avait un conflit à deux jours et demi d’ici à cheval. Il devait y avoir un petit village dans les alentours, donc je suis parti le vérifier. »

— Ce n’était pas un mensonge.

D’après la carte, un village avait disparu dans le conflit opposant les Nains aux Démonias.

Mais cela s’était passé il y a 『Deux ans』.

Étant donné que la seule personne de la colonie capable de lire le langage des Nains était Riku, il y avait peu de chance qu’il se fasse prendre.

Mais ça ne serait pas suffisant pour satisfaire Coron…

« D’accord, mais ça veut pas dire que tu devais y aller seul, pas vrai ? »

Riku, s’attendant à cette réponse, secoua la tête.

« Ça aurait été trop dangereux si quelqu’un s’était trouvé avec moi. Mais si je t’avais dit que je partais seul… »

« Je t’aurais arrêté, évidemment !! Ce genre de chose te ressemble bien, Riku… mais pense un peu à ta sœur. Combien de trous comptes-tu me faire dans mon estomac ? »

Coron le regarda avec un air implorant.

Remarquant que les coins de ses yeux étaient rouges et ébouriffés, Riku ressentit un poids lourd sur sa conscience.

Il regretta de tout son cœur de l’avoir sérieusement inquiétée… mais il ne pouvait toujours pas lui dire la vérité.

Coron soupira comme si elle avait abandonné, puis se retourna pour s’adresser à la nouvelle arrivante.

« Désolée. Tu as dû en voir de toutes les couleurs… Comment t’appelles-tu ? »

« … Schwi… »

Comme spécifié, comme configuré, Schwi se comporta timidement lorsqu’elle répondit en se cachant derrière Riku.

Mm-hmm. Mm-hmm. Coron sourit et hocha la tête devant cette réaction avant de continuer.

« Mais rassure-toi ! Tu es en sécurité ici. Riku est là pour toi. Je me demande comment vous vous êtes rencontrés !? ♪ »

Riku pensa sûrement que cette question avait été posée en toute innocence.

C’était seulement par curiosité, pour faire avancer la conversation. Ou peut-être était-elle suspicieuse de voir à quel point Schwi était resté calme pour quelqu’un qui venait de perdre son village.

Schwi ne sut pas quoi répondre pendant un moment, et Riku lui lança un regard pour lui indiquer 『Continuer de répondre』.

Mais… il n’y avait aucune chance qu’une Ex-Machina comme elle puisse saisir ce qu’il voulait dire.


« … En embrassant… Schwi…. et en demandant… de se reproduire. »


— Bien, voici la question :

Qui comprendrait cette déclaration comme étant 『C’est Schwi qui a demandé de se reproduire avec Riku』 ?

Et donc Coron, d’un pas lourd et net en avant…

« Si tu veux le faire… »

… lui lança une gauche droit dans son plexus solaire, avec un cri qui fit trembler la grotte…

« … commence au moins par te réfugier en premier ! »

… et moissonna la conscience du jeune homme.

Partie 5[edit]


— Après qu’il ait découvert une jeune survivante d’un village détruit, il lui avait immédiatement proposé de s’accoupler.

Cette rumeur se propagea plus vite que la vitesse du son, si bien que dans toute la colonie, tout le monde ne parlait que de cela.


« Non, Riku-san a raison. Il faut battre le fer tant qu’il est chaud. »

« Pas du tout. Riku-kun devrait d’abord obtenir son consentement. »

« Non, attends… Tu ne sais même pas si elle était consentante ou non, pas vrai ? »

« On sait d’elle qu’il lui a demandé, pas vrai ? Comment peux-tu… »


« C’est bizarre. »

Pour commencer, toute cette histoire était étrange… et surtout le fait qu’aucun d’entre eux ne mentionnait l’âge de Schwi.

Tout était bizarre. Ou peut-être était-ce lui qui l’était ?

On raconte que le chaos de la guerre conduit à l’insanité. Il était clair que tous ces gens n’allaient pas bien du tout…

Riku traversa toute une galerie de regards – parfois respectueux, parfois malveillant – pour arriver jusqu’à sa chambre.

Puis, d’une voix presque inaudible, il murmura à Schwi qui marchait à ses côtés :

« Dis, toi là, épargne-moi s’il te plaît… »

« … De quoi ? »

Ne comprenant visiblement pas ce qu’elle avait de mal, Schwi lui lança un regard interrogateur.

« Pour commencer, tu voulais en savoir plus sur mon 『Cœur』, hein ? Ce qui veut dire que tu étais en train de me séduire, pas vrai ? »

Il se rappela du moment où elle l’avait appelé 『Onii-chan』 quand ils s’étaient rencontrés.

« Tu n’aurais pas pu prendre te donner une apparence plus mature ? »

Alors que Riku se plaignait que si elle l’avait fait, ils n’auraient pas été dans une telle situation, Schwi cligna des yeux d’un air absent.

« … Je suis supposée ressemble… à ce que les humains mâles… à ce que Riku… aime. »

« Commence pas à me traiter de pédophilelolicon. J’aime, tu sais, de glamoureuses… »

« Menteur. »

Schwi lui rétorqua catégoriquement et continua.

« … Si c’était vrai, tu n’aurais aucune raison, pour ne pas passer à l’acte de reproduction… avec cette humaine nommée Coron. »

Oula, pensa Riku.

Il venait d’être mécaniquement jugé comment étant un lolicon, et Coron avait servi d’argument pour le mettre en évidence. Qui devrait-il tuer ?

« … En premier lieu, tous les humains mâles préfèrent… les jeunes filles. »

« Arrête de déconner, ne généralise pas. Les humains ont chacun leur préf… »

« … Faux… Biologiquement parlant, les jeunes individus… capables de procréer, ont l’avantage. Point. »

Celle-là

Peut-être était-ce son imagination, mais il avait l’impression que l’Ex-Machina, qui n’était pas supposée posséder de sentiment, le prenait de haut tout en lui faisant la leçon.

« … SchwiUn Ex-Machina n’est pas subjective… Les humains préfèrent les jeunes femmes, capables de procréer… Ce sont des faits. »

« … Je ne sais pas ce que je vais faire de toi… »

Le visage fatigué et avec toutes sortes de regards dirigés sur son dos, Riku parvint enfin à rejoindre sa chambre.

... Cette sensation d’être très éloigné des autres n’était que le fruit de son imagination, n’est-ce pas ?

Partie 6[edit]


— Ce fut une longue… très longue journée.

Finalement, Riku n’avait pas réussi à trouver ce pour quoi il était parti, malgré qu’il fût à moitié certain que cela le tuerait, et à la place, il était revenu avec…

« … C’est… la chambre… de Riku ? »

Une bombe à retardement ayant l’apparence d’une jeune machine, dont les intentions étaient inconnues, inspecta sa chambre avec curiosité.

« Surprise de voir qu’elle est bien lugubre ? »

« … Surprise… Vraiment, exceptionnelle… »

Riku eut un rire intérieur en songeant qu’une machine pouvait faire preuve d’ironie ou de flatterie.

Il atteignit ce que Coron avait dû préparer, à savoir un repas posé sur un drap au sol.

Il sentit le besoin de remplir son estomac aussi vite que possible et de s’endormir.

« … Que, fais-tu… ? »

« J’imagine qu’Ex-Machina-sama n’y est pas familière, mais les humains meurent s’ils ne mangent pas. »

En levant sa fourchette à sa bouche, Riku lui lança ses mots d’un ton fatigué.

« Donc je vais juste manger un peu et me reposer… Fais ce que tu veux. »

« … Hmm, compris… Je vais faire quelque chose… »

La fille regarda attentivement un par un ce qui se trouvait dans la chambre de Riku – les cartes, les outils de mesure et ainsi de suite – mais soudainement :

« … Riku, jouons… à un jeu. »

« … Pourquoi ? »

Figé avec sa fourchette en main, Riku regarda Schwi qui pointait vers l’étagère.

À cet endroit se trouvait… l’échiquier qu’il avait porté au commencement de tout, quand sa maison avait été détruite.

En le regardant avec une expression lugubre, Riku cracha.

« Non, merci. J’ai joué avec toi tout à l’heure parce que je n’avais pas le choix. Les jeux ne sont qu’un passe-temps stupide pour enfants. »

« … ? Pourquoi ? »

« Parce que la réalité n’est pas aussi simple que les jeux. »

Il n’y avait ni règles, ni victoires, ni défaites.

On vivait ou on mourait. C’est tout. Dans ce monde…

« On n’a ni le temps ni l’énergie à gâcher pour des distractions inutiles pour enfant comme des jeux. »

« … Et si ce n’était pas, inutile ? »

Pendant qu’il ne regardait pas, l’échiquier était ouvert et Schwi commença à y placer les pièces.

« … Si tu bats Schwi… Je donnerai à Riku… les informations qu’il veut. »

« Quoi ? »

« … Comme l’origine du commencement, de la Grande Guerre… les facteurs requis pour qu’elle se termine… et cetera… »

Telle était sa proposition, mais Riku la rejeta.

« Ah… ridicule. »

Pourquoi la Guerre avait commencé ? Comment elle se finirait ? Personne ne s’en souciait.

La Guerre était éternelle. Qu’importe la raison qui l’avait causée, quelle différence cela ferait sur le fait qu’elle faisait toujours rage ?

Et comment elle se terminerait ? Si quelqu’un en avait été capable de le faire, elle se serait terminée depuis bien longtemps.

Qui pourrait croire que de simples humains soient capables d’accomplir quelque chose que même les bâtards qui détruisaient la terre en étaient incapables ?

En conséquence, Riku conclut, Ça ne vaut pas la peine de le savoir. Des espoirs mèneraient à un désespoir encore plus grand.

Un jour… un jour elle prendra fin. Il n’y avait aucune preuve du contraire, donc les gens ne pouvaient pas nier le fait qu’il y avait de l’『Espoir』.

Mais si on leur en donnait la preuve et que celle-ci était contestée…

— Dans ce monde en déclin où régnait la dévastation, ce monde en ruine complètement saccagé, ce serait plus que suffisant pour donner un dernier coup fatal aux vies fragiles des humains. Donc…

« Aucun intérêt, et je n’ai pas besoin de le savoir. S’il y a bien quelque chose que je voudrais connaître… »

Riku plissa les yeux en pointant sa fourchette vers Scwhi.

« … c’est comment survivre, rien de plus. »

— Un des vecteurs qui a poussé l’humanité au bord de l’extinction.

« Le savoir des Ex-Machinas, les mathématiques, la conception… Si je gagne, donne-les-moi. »

Il mettrait cela au service de l’humanité. Pour survivre. Pour le bien du lendemain… non, pour 『Maintenant』.

« … Hmm… D’accord… »

Comme Schwi hocha la tête, quelque peu triste, Riku continua.

« Bien, et si je perds ? »

Mécanique et calculatrice, elle devait avoir quelques exigences.

Schwi répondit sans ménagement à la question de Riku.

« … 『Communication』… »

Elle regarda droit dans les yeux noirs de Riku.

« … Je veux comprendre le 『Cœur』… la définition du 『Cœur』, comme tu le sais… Je demande… cette information. »

« Je ne t’ai pas dit que c’est quelque chose qui ne peut être compris qu’en saisissant des mots non formulés ? »

« … Hmm, c’est pourquoi, je demande, à ce que tu essayes… de communiquer, avec moi… par des mots non formulés… »

« … Très bien. »

Riku posa son repas sur le côté, s’assit devant l’échiquier, et commença.

En regardant le plateau pour la première fois depuis des années, Riku le contempla sérieusement.

Battre la force de calcul pour parvenir au meilleur coup… ?, pensa Riku. C’était impossible.

Mais le comportement de Schwi, son manque de compréhension du cœur, son incapacité à lire entre les lignes… cela prouvait véritablement que 『Il y avait des facteurs qu’elle ne pouvait pas calculer』.

S’il ne se focalisait que sur le plateau, il ne pourrait pas gagner.

Mais il était probable que des manœuvres psychologiques puissent fonctionner.

« … Échec. »

Comme Schwi tomba la tête la première dans un simple piège de Riku, il se sentait désormais confiant de son évaluation.

« … Échec. »

Mais Schwi le prit immédiatement en compte, comme pour dire Tu ne m’auras pas deux fois de cette façon.

C’était simplement la nature de sa race. Et maintenant ? C’était simple. Il n’avait qu’à changer constamment de stratégie sans utiliser le même piège deux fois.

S’il venait à y incorporer les techniques pour la guider, l’attirer et la manipuler, le nombre de stratégies était… 『Infini』.

Si tu peux compter jusqu’à l’infini… alors essaye donc, Ex-Machina !!

Sa fatigue oubliée, les pensées de Riku rugirent, quand soudainement…


« … Riku, est en train de rire… »

« Quoi… ? »

Revenant à lui, Riku ouvrit ses yeux et toucha lentement ses lèvres.

— C’était vrai. Les coins de sa bouche étaient remontés, et ses yeux s’écarquillèrent.

N’ayant visiblement pas du tout remarqué que Riku s’était figé, Schwi joua son tour en posant une pièce.

« Tu ne, le fermes pas… pendant un jeu… pas vrai ? »

Ta gueule. Ne pose pas de question, ne l’écoute pas, fais la sourde oreille. Quelque chose au fond de lui se mit à crier, mais…

« … De quoi… parles-tu… ? »

« … De ton 『Cœur』… »

——— *cl*.

« … La survie des humains, dans ce monde… est biologiquement… une anormalité… »

————— … *ic*.

« … La cause… le 『Cœur』 de Riku… est ce que… je veux… »

« Hé. »


———— Quelque part dans le corps de Riku ————

—————— Quelque chose fit un bruit ——————


« Tu te fous de moi ? »


———— Et se brisa.

Riku ne s’en souvint pas. Avant qu’il ne le sache, ses doigts avaient agrippé la gorge de Schwi avec suffisamment de force pour les briser.

Mais cela ne signifiait rien pour une Ex-Machina. Ses yeux de verre plongeaient simplement dans les siens…

— dans lesquels elle était clairement reflétée.


« … Je ne pensais pas que c’était possible, mais tu ne comprends vraiment pas ta situation ? »

Riku ne le comprit que trop tard. Ouais, je vois maintenant.

Ses innombrables sentiments et souvenirs qu’il avait scellés, enchaînés et enfermés quand il avait rencontré cette machine à tuer

Dégoût rage mécontentement haine malice rancœur rancœur rancœur rancœur rancœur rancœur douleur… Tout cela s’était empilé indéfiniment, faisant pression sur le 『Verrou』 de ses sentiments, de son souvenir, et de son cœur qui avait été restreint par-delà la raison.

— Jusqu’à ce qu’enfin, il fasse un bruit de ferraille, craque, et se brise.

Sa raison demanda : C’est quoi cette chose ? Oh, c’est un de ces bâtards qui piétinent des humains .

Ses sentiments s’interrogèrent : Comment t’as pu rester calmer devant cette chose ?

Ouais, sans déconner, haha, quand j’y pense « calmement », tu as raison.

« Vous nous avez défoncés, pris tout ce qu’on a, l’avez refait sans arrêt, et après qu’est-ce que tu demandes… ? 『Hé, les humains, ça vous fait quoi ?』 Haha ! Tu veux savoir ce qu’il y a dans nos 『Cœurs』 ? Ouais, je vais te l’dire. »


« ALLEZ TOUS VOUS FAIRE FOUTRE !! »


— Les os de ses doigts se mirent à crier. Continue comme ça, et tes doigts vont vraiment se briser.

Quelque part dans son esprit, quelqu’un lui demanda À quoi ça servira ?

Mais sa raison et ses sentiments lui répondirent en unisson Ta gueule, je m’en fous !.

« Ha, hahaha, hahahahahahahahahaha ! »

Comment pouvait-il ne pas rire ? Pour la toute première fois, sa raison et ses émotions s’étaient mises d’accord sur quelque chose !!

Alors il n’y avait aucune raison pour qu’il se retienne.

Riku dit à ses doigts qu’il se fichait qu’ils se brisent, et hurla à Schwi :

« Tu sais combien de personnes sont mortes à cause de vous, bâtards !? COMBIEN DE PERSONNES VOUS AVEZ TUÉES !? COMBIEN DE PERSONNES… »

Ont dû être tuées de mes mains… ?

« … Dé… solée… »

Schwi marmonna doucement pendant que Riku hurlait.

Est-ce quelque chose pour lequel tu peux juste t’excuser… ? Riku ouvrit sa bouche pour le crier, mais elle toucha ses joues.

« … J’ai fait, pleurer Riku… donc, Schwi a estimé, que ce que je t’ai dit, était horrible… »

— …Quoi… ?

Au toucher de la main de Schwi, couverte des larmes sur ses joues, Riku ouvrit ses yeux.

« Déterminé que… le 『Cœur』… de Riku… veut tuer Schwi… »

Les mots qui suivirent plongèrent l’esprit de Riku dans le vide.

« … Schwi, a été… déconnectée… »

Impliquant qu’il n’y avait aucun risque que les autres Ex-Machinas l’apprennent, Schwi ouvrit calmement sa poitrine et, dans le labyrinthe d’une machinerie complexe, elle pointa vers une pièce qui luisait faiblement.

« … Tout ce que tu as à faire, enfoncer cette fourchette, dedans… et Schwi… mourra. »

Comme si elle était troublée par le choix de ses mots, elle prit une expression abasourdie et se corrigea.

« … ? Mourir… ? Je ne suis pas, vivante… Arrêt définitif… échec, irréparable… Anéantie ? »

Bien trop terre à terre et bien trop naturellement, elle continua.

« … Schwi… veut voir le …『Cœur』 de Riku… donc… c’est bon… »

Avec cela, comme si c’était la seule chose à faire, elle fit face à son image qui se reflétait dans les yeux noirs du garçon avec un cœur, Riku…

— auquel elle "demanda" :

« … Est-ce que tu… vas tuer Schwi… comme ton cœur le veut ? »

———— Haha…

— Tu déconnes, Riku.

Renoncer à tes responsabilités encore une fois… À quel point tu comptes te rabaisser, petit merdeux de bon à rien ?

Bien sûr, si tu demandes d’où tout a commencé, c’est la 『Grande Guerre』 que ces bâtards continuent.

Mais les quarante-huit personnes qui sont mortes… Chad, Anton, Elmer, Cory, Dale, Siris, Ed, Darrell, Dave, Laks, Vin, Eric, Charlie, Thomson, Shinta, Yann, Zaza, Zargo, Clay, Goro, Peter, Arthur, Morg, Kimmy, Datt, Ceril, Vigi, Volly, Ken, Savage, Leroy, Popo, Couthon, Lut, Shigure, Shao, Ulf, Balto, Asso, Kenwood, Peyl, Ahad, Hound, Balrof, Masashi, Memegan, Karim… et enfin Ivan.

Celui qui leur a dit de mourir.

Peu importe ce qu’on pourrait dire.

C’est toi, Riku !!


— *peng*

Riku la laissa partir et Schwi tomba pour se rassoir sur le sol.

Incapable de supporter ses yeux de verre qui le regardaient, Riku lui tourna le dos.

« … Je vais me coucher. »

Sur cette brève déclaration, il se laissa tomber sur son lit de paille. Doucement, il entendu la voix perplexe de Schwi.

« … Pourquoi… ne pas m’avoir tuée… ? »

« Je ne sais pas ! Pourquoi tu m’le demandes ? Merde ! Je t’en prie, ferme-la !! »

Pourquoi ne l’avait-il pas tuée ? Il pouvait lister autant de raisons qu’il le voulait.

— Comme, crois pas que je suis comme vous autres.

— Ou, est-ce que ça ramènera ceux qui sont morts ?

— Ou, qu’est-ce que ça résoudrait ?

S’il voulait simplement rejeter ses responsabilités et faire de la rhétorique, il pouvait en énumérer autant qu’il en voulait.

Mais cela le répugnait. Il n’avait aucun droit de parler en leur nom, au nom des morts.

Parce que, pour le petit minable qu’il était, il pouvait dire aux gens de mourir, mais il ne pouvait tuer personne de ses propres mains sales.

« … Je suis… désolée… »

Pour quoi ? Mais il semblait qu’elle s’était méprise une fois de plus sur les intentions de Riku.

En entendant Schwi s’excuser, sa voix teintée d’un obscur sens de regret, Riku fut une fois de plus assailli par un profond dégoût envers lui-même, comme si ses entrailles se renversaient.

J’en peux plus… Je ne sais rien… C’est trop pour moi…

« Reste où je peux te voir. Si jamais tu venais à blesser quelqu’un dans la colonie… »

« … Hmm… Je sais… »

Devant son hochement, si obéissant qu’il lui donna à réfléchir, Riku sentit son corps lui peser encore plus.

… Qu’est-ce que j’essaye de faire… ?

Il prit les devants et se posa cette question, mais il avait le sentiment qu’il connaissait déjà la réponse.

— Il considéra qu’il était déjà brisé depuis bien longtemps.

Peu importe les calculs qui auraient pu être fait, pour faire face à un Ex-Machina – un des coupables qui amenaient les humains vers la destruction – et réussi à se fourvoyer en croyant qu’ils étaient 『en bons termes』…

— S’il pouvait y parvenir, c’est qu’il n’était même plus humain.

Comparé à cette machine, qui restait debout et confuse comme si elle s’inquiétait pour lui, il était de loin celui qui ressemblait le plus à une machine.

Et pour la machine qu’il était, il continuait de l’『Évaluer』.

En y pensant rationnellement, j’aurais dû la tuer tout de suite.

Il y avait trop d’incertitudes. Il n’y a aucune preuve qu’elle est vraiment déconnectée.

Aurais-je pu la tuer pour commencer ? Était-elle en train de bluffer ? En train d’essayer de tester quelque chose ?

Mais, Riku se demanda, avais-je considéré ces facteurs avant de la laisser ?

Non. Il avait seulement… senti que ce n’était pas bien. Il ne savait même pas ce qu’il ne l’était pas.

S’il devait le dire… ce serait tout. Toutes ces merdes clochaient.

« Le 『Cœur』 humain, c’est ça… ? C’est moi qui voudrais le connaître… Merde… »

« … ? Riku… ? »

Sur le point de fermer ses yeux, Riku entendit la voix confuse de Schwi l’appeler.

La fatigue et l’engourdissement saisirent sa conscience sans rien lui demander et l’emportèrent dans l’obscurité…

Partie 7[edit]


— *boom boom*. Sa conscience refit lentement surface lorsqu’elle entendit le cognement à la porte.

« Riku~ ♪ Je sais que tu dois être fatigué, mais j’ai… »

En même temps qu’elle prononça ces mots, la porte s’ouvrit légèrement…

« Oula ! ❤ Vraiment désolée ! Nee-chan peut-être stupide parfois. Prenez votre temps~ ♪ »

Des bruits de pas s’éloignèrent en même temps que la porte se referma.

Hein ?

Décidant qu’il devait probablement comprendre ce qu’il se passait, Riku rassembla son énergie pour ouvrir ses lourdes paupières…

« … »

« … »

… et eut un contact visuel avec Schwi qui se trouvait au-dessus de lieu, sous la couverture, et qui le regardait.

« … Puis-je savoir pourquoi tu te trouves au-dessus de moi ? »

— Combien de temps avait-il dormi ? Non, ça n’avait pas vraiment d’importance.

Après qu’ils venaient tout juste de discuter de s’il allait ou non la tuer, qu’est-ce qu’elle… ?

« … Riku m’a dit, de rester, là où tu pourrais… me voir… mais, ensuite, Riku a, fermé ses yeux… »

Et voilà. Semblant plutôt fière d’elle – probablement l’imagination de Riku – elle continua :

« .. J’ai projeté, le sens non exprimé… de 『À un endroit où Riku peut te voir』… comme 『un endroit où Riku en est conscient』. »

« Hein ? Et donc ? »

« … Le sens du toucher est actif… même en dormant… J’ai déterminé que cela suffirait pour en être『Conscient』. »

Apparemment très confiante en sa conclusion, elle le regarda vaguement comme pour dire, Félicite-moi d’avoir saisi les intentions abstraites d’un humain.

Riku fronça bien ses sourcils.

« J’entendais juste sors pas de cette chambre. Tu comprends ? »

« … Ne comprends pas. »

Schwi écarquilla ses yeux ronds et murmura :

« … Fermer, les yeux… est incompatible… avec le paramètre… 『où Riku peut me voir』… »

Schwi sembla perplexe lorsque la voix de Coron les interrompit :

« Ah, oui ! Ehh~ Désolée de vous interrompre pendant que vous le faites, mais~… »

« On ne le fait pas. Qu’est-ce que tu veux ? »

« Ah, eh bien, tu vois… Je pensais que vous devriez peut-être prendre un bain ! Et particulièrement Schwi, elle a dû traverser de nombreuses épreuves. Si tu veux, je pensais que Nee-san pourrait aider Schwi à se laver~ ♪ »

À cela, Riku jeta un regard à Schwi.

— 『Réponds-lui de façon adéquate cette fois.』

Comme si elle avait bien saisi ses intentions cette fois, Schwi hocha fermement la tête et répondit :

« Riku a dit… de ne pas montrer, le corps de Schwi… à d’autres personnes. »


— J’aurais peut-être vraiment dû la tuer finalement.

Cela traversa rapidement l’esprit de Riku, mais la réponse de Coron contenait un ton narquois.

« Ahhhh~ Vraiment ♪ Alors tu l’as déjà apprivoisée, eh ? Pour mon petit frère, tu te mets incroyablement vite à l’ouvrage. ❤ »

« Coron… allez. S’il te plaît, ferme-la un p… »

« Alors prends soin de Schwi~ J’ai déjà fait sortir tout le monde de la salle de bain, alors c’est le moment ou jamais ! »

« Arrête de faire ça ! »

Coron, qui laissait juste dépasser ses mains à travers la porte et qui enfonçait l’index de sa main droite dans le cercle que formait sa main gauche, s’enfuit comme le vent.

Le Riku épuisé et sa cavalière, Schwi, restèrent derrière.

« Tu comptes bientôt bouger de là ? »

« … Hmm. »

Alors que Schwi se dégagea de lui, Riku réfléchit à sa situation.

... Il était inutile d’en dire plus.

Il avait été désormais établi qu’il était un lolicon qui s’était fait une réfugiée de guerre.

Mais… Il décida que c’était toujours mieux que si les gens apprenaient qu’il avait ramené une Ex-Machina.

« … T’as pas de problème avec la nourriture, les bains et ce genre de choses ? »

Pour garder son identité d’Ex-Machina secrète, il allait falloir qu’elle imite les humains, mais…

« … Tu veux dire, je peux agir, comme… une humaine ? »

« Toi… Comment ça se fait que tu comprends ce que je veux dire maintenant et pas… ? »

Riku se demanda si elle le faisait exprès, mais comme il était incapable de déterminer le cheminement de pensées des Ex-Machinas, il décida de reporter cette question à plus tard.

« … Je ne demande pas… de nourriture. Il n’y a pas besoin, de gâcher… des ressources, qui sont précieuses pour les humains… »

Est-ce qu’elle mesurait leurs circonstances ? Ou… Non, il ne le savait pas… Ajourné.

« Mais si tu ne manges rien, les gens te suspecteront. Disons juste que tu ne manges pas beaucoup. Tu peux manger, pas vrai ? »

« … Hmm. Mais seulement la décomposer… aucune utilité… »

« Je mangerai moins pour y pallier. La situation de notre réseau de nourriture ne changera pas, donc… »

Ne laissant pas le temps à Schwi de rétorquer, Riku enchaîna avec le point suivant.

« Et pour l’eau ? »

« … Aucun, problème… Schwi, imperméable, antigel, ignifugé, pare-balle, anti-poussière, anti-explosion, anti-sort, anti-esprit… »

« Vous êtes vraiment des absurdités. Donc pour le bain, on va juste prétendre… »

« … Mais… aucune fonction… antifouling[7]. »

« Alors que tu es anti-explosion ? Ce n’est pas ce qu’on appelle un défaut de conception ? »

« … Si l’usage d’esprits, était disponible… utilisation, de l’outil d’autonettoyage… mais Riku a dit, de ne pas le faire… »

Schwi réfuta avec une expression (apparemment) boudeuse.

« Merde, j’imagine qu’il va falloir y aller franco. Profitons du malentendu de Coron et du fait que personne ne sera là… »

« … Et… Riku nettoiera… Schwi… »

Schwi hocha fermement la tête et lorsqu’elle déclara cela, Riku porta une main à sa tête.

« D’où tu tiens ça… ? Tu n’es pas une enfant, pas vrai ? Tu y vas toi-même. »

Mais Schwi leva ses doigts pour pointer des problèmes très logiques.

« … Premièrement, si personne, n’est là… et que Schwi se baigne… il est plus efficient… que Riku se baigne en même temps. »

——.

« … Deuxièmement, Schwi ne peut pas nettoyer, toutes ses pièces… sans l’outil d’autonettoyage… Encore jamais lavée, moi-même. »

Et…

« … Troisièmement, la raison… pour refuser… de se baigner avec Schwi. En fin de compte l’attirance sexuelle, pour mon apparence très jeune… »

« D’accord, c’est bon… Allons-y. »

En donnant un coup son corps lourd qui se plaignait de son manque de sommeil, Riku se leva.

— Il n’y avait aucune chance qu’il puisse remporter une discussion logique face à une machine.

Partie 8[edit]


Une pierre rouge brûlante avait été déposée dans un chaudron rempli d’eau.

La petite salle de bain se retrouva immédiatement plongée dans une chaude et épaisse vapeur. L’étiquette voulait qu’on utilise cette vapeur pour provoquer de la sueur pour se débarrasser de la crasse avant de rentrer dans le bain pour se rafraichir.

Mais la sueur ne faisait pas partie des fonctions de Schwi, donc Riku utilisa un chiffon et l’eau tiède du chaudron pour nettoyer la boue et la poussière qui s’étaient collées sur ses parties mécaniques.

En l’observant de plus près, il resta sans voix devant la complexité de son corps.

Il avait déjà vu toutes sortes d’équipements Nains qui manipulaient les esprits mécaniquement, mais en voyant les parties intérieures – l’équipement – de Schwi, il ne pouvait même pas deviner ce qui le permettait.

Mais c’était comme cela qu’il sut que son corps était redoutablement sophistiqué.

« … Riku… a un fétiche, pour les machines… ? »

« Pourquoi est-ce qu’une machine aussi sophistiquée que toi ne formule que des hypothèses à côté de la plaque et possède des connaissances aussi douteuses… ? »

Schwi répondit au ton chagriné de Riku comme pour se défendre.

« … Je suis incapable, de projeter… les pensées humaines… à cause du 『Cœur』… une singularité de calcul. »

Ayant atteint une impasse, seul le son de l’eau qui s’écoulait était audible. Pour briser ce silence (peut-être), Schwi suggéra soudainement :

« … Riku, jouons… à un jeu. »

« Dans le bain ? Pour quoi faire ? »

« … Parce que… 『Je m’ennuie』… ? »

Schwi mentionna un concept qu’elle ne comprenait clairement pas avec un ton interrogatif, ce qui fit rire Riku.

« Eh bien, pourquoi pas… mais tu ne peux pas utiliser d’esprit, d’accord ? Donc pour le plateau… ? »

Comme si elle s’y était préparée – enfin, non, c’était probablement son intention depuis le début – Schwi sortit l’échiquier caché dans sa vieille robe.

« … Ha, bien. Mais on jouera pendant que je te nettoie les cheveux, donc il n’y aura pas de limite de temps, d’accord ? »

Avec un soupir, Riku sourit honteusement et posa sa main sur le pion blanc…


——..........

« … Mhhgn… Dis donc, toi, je lave tes cheveux en même temps, alors vas-y doucement. »

Tout en frottant ses cheveux avec sa main gauche, Riku retourna son cerveau dans tous les sens au point qu’il ne pouvait pas le croire et grogna.

À cela, Schwi, lentement et doucement, murmura :

« Dé… solée… »

« … Pour quoi ? »

Non, il se savait, mais il se haïssait lui-même pour ça. Il plaisanta :

« J’ai analysé les informations après cela… »

Mais Schwi, incapable de comprendre les subtilités du 『Cœur』, exprima son regret.

« … Un agresseur, qui interroge une victime, au sujet du 『Cœur』… était illogique. Aucun résultat, ou donnée valide… »

Agresseur et victime… Riku fut surpris d’entendre ces termes sortir de la bouche d’une simple machine.

En même temps, pour une raison inconnue, il ressentit du dégoût envers lui-même pour avoir pensé 『Simple machine』 et essaya de le couvrir.

« Je vois… mais le plus important est ce qu’ils appellent faire preuve d’"insensibilité". »

« … ? Schwi n’est pas humaine… mais mes données… "remontent à un système nerveux"… »

« Ce n’est pas ce que je veux dire… »

Riku soupira avec un sourire pendant que Schwi continua sérieusement.

« … Cela, dit… Schwi n’a pas, de motif ultérieur… »

« … »

« … Schwi veut, vraiment… comprendre le cœur de Riku… C’est, la vérité… »

Juste son imagination ? Ce n’était pas le cas, décida Riku.

En répondant à la Schwi démoralisée qui parlait d’un – triste – ton hésitant, il soupira.


« N’y fais pas attention… J’étais juste un tout petit peu trop émotif moi-même. »

C’est bizarre, mais… Riku réexamina les sentiments qu’il était incapable de retenir.

Ce qu’il avait fait ne pourra jamais être justifié. Il ne le savait que trop bien.

Quoi qu’il en soit, c’était un fait pur et dur qu’elle faisait partie des oppresseurs de l’humanité… S’excuser auprès d’elle ?

C’était complètement absurde. Mais, pensa-t-il. Ne pas s’excuser serait encore plus absurde.

— En vérité, il devait admettre que quelque chose n’allait pas chez lui.

En temps normal, il pouvait se contrôler, mais à ce moment, il ne le pouvait soudainement plus.

Ce ne pouvait pas être dû à quelque chose que Schwi avait dit. Alors pourquoi… ?

Pendant que Riku luttait pour donner du sens à cela, Schwi lui demanda d’un coup :


« … Est-ce mal… d’être émotionnel ? »

« Ouais. Devenir émotionnel, comme se laisser emporter par la colère et te frapper, ne résoudra rien. »

« Mais Riku voulait… frapper Schwi… »

« … C’était juste une façon de parler. Attends, c’était le cas ? Honnêtement, je sais pas trop moi-même. »

Une fois encore, leur conversation s’arrêta. Le son de l’eau de ses gouttes, la chaude vapeur, tout cela lui allégea la tête…

Le silence continua pendant un moment, jusqu’à ce qu’il soit à nouveau interrompu par Schwi.

« … Riku, pourquoi… fermes-tu… ton 『Cœur』 ? »

« Écoute, toi, t’es vraiment désolée ? Tu sais ce qu’est le tact ? »

Il commença à crier, mais en voyant les yeux rouges et en verre de Schwi plongés dans les siens, il s’arrêta.

Une machine sans 『Cœur』 (en mettant de côté le fait de savoir si c’était vraiment le cas ou non) ne voudrait pas faire de mal.

… Quelque chose lui dit qu’elle voulait vraiment en savoir plus sur lui.

Pas le Riku rationnel, calculateur, froid et menteur.

Mais le précieux sujet d’observation, à savoir le 『Véritable Riku avec un cœur』.

— *clic*

— Sentant son 『Verrou』 s’ouvrir, il soupira.

« … Parce que c’est le seul moyen pour que je survive dans ce monde… »

S’il fermait les yeux, il pouvait voir ce qui se trouvait au-delà de la grotte, comme si c’était gravé dans ses paupières.

— Le ciel rouge en feu, la terre recouverte d’une mort turquoise, et cela continuait bien au-delà de l’horizon.

Là où sortir sans un masque était suffisant pour mettre fin à une vie. Un monde de morts…

— Ou peut-être un monde qui était déjà mort.

« … C’est, la faute, de Schwi et des autres races… ? »

« … Je ne sais pas… »

Riku n’en savait vraiment pas plus. Non, en réalité…

« Peu importe à qui revient la faute… C’est simplement ce à quoi on doit faire face. Pour qu’un humain puisse exister dans ce monde, il doit sceller son 『Cœur』 sans quoi… sans quoi ils se brisent. Dans un monde comme ça… C’est juste absurde. »

« … Absurde… absurde. Qu’est-ce qui est absurde… ? »

Quoi ?

Riku était presque sur le point de se moquer de ce que Schwi avait murmuré légèrement, mais…

Ah, c’est vrai, réalisa-t-il. Si on y réfléchissait logiquement, ça n’avait rien d’absurde.

C’était juste…

« Les forts survivent, les faibles meurent. Sans signification ni raison. C’était comme ça que le monde est fait… Je pense que trouver cela 『Absurde』 fait du 『Cœur』 ce qu’il est… Enfin je ne sais pas vraiment. »

Presque résigné, Riku continua de laver les cheveux de Schwi.

« … Je veux en savoir plus… sur le 『Cœur』 de Riku… mais… », murmura Schwi.

« … Ne veux pas… blesser Riku… Que devrais-je… faire ? »

… ?

La façon dont elle lui avait posé cette question le rendant un peu perplexe, Riku demanda :

« Pourquoi tu t’inquiètes pour moi ? Si tu veux simplement comprendre le 『Cœur』, alors tu peux juste continuer comme tu l’avais fait… »

« … Je, suis… désolée… »

« … Ah, j’essaye pas de tout remettre sur le sujet. Mais c’est vrai, non ? Pourquoi devrais-tu t’en soucier… ? »

Elle ne devrait pas. Si c’était quelqu’un d’autre, elle pourrait s’inquiéter d’être incapable de communiquer avec.

Mais elle n’avait pas à se soucier de lui. En vérité, le pousser lui ferait ressortir ses « véritables Intentions »…


« … Je, ne sais pas. »

Riku fronça les sourcils vers la première réponse ambiguë de la machine.

« … Je, ne sais pas. Mais, je veux éviter, de blesser… Riku… »

« Oh~ Tu veux dire que ton sujet a besoin d’être dans un état aussi naturel que possible pour que tu puisses obtenir des données exactes ? »

En la taquinant à moitié, Riku lui délivra cette conjecture de sa voix la plus rationnelle et bureaucratique, mais…

« … Non… Ce n’est, pas ça… Et je ne, sais pas pourquoi… mais… »

Pour une raison inconnue, Schwi baissa les yeux et répondit d’une voix subtilement tremblante.

« … C’était… vraiment, désagréable… »

----

Ses doutes se transformèrent en conviction. Le jugement de Riku lorsqu’il avait rencontré Schwi était tout à fait correct.

Cette Ex-Machina, Schwi, était cassée. Clairement hors service.

Ce qu’elle venait de dire, qu’elle le sache ou non, était clairement une affirmation qu’elle avait été 『Blessée』.

— Une machine ? Une qui affirmait d’elle-même qu’elle ne connaissait pas le 『Cœur』 ?

« Hé, à l’origine, ton Cluster t’a déconnecté… et t’a abandonné, pas vrai ? »

« … Hmm. »

Il en avait même entendu les raisons, les détails. Elle avait causé un paradoxe d’autoréférencement, une rupture de logique.

Était-elle vraiment elle-même ? Qu’est-ce qui l’avait fait devenir ce qu’elle est ? Sans le 『Cœur』 confus d’un humain, le problème serait difficile à éviter.

Elle avait été abandonné – c’était méchant à dire, mais – ce n’était pas étonnant. Pourtant…

« Donc tu veux analyser le 『Cœur』, quoi qu’il en coûte, de sorte que tu puisses revenir dans ton Cluster. Mais quelle différence ça fait si tu blesses… ? »

« … ? Je n’essaye, pas… de revenir ? »

— Gné ?

« Euh, attends… Mais alors, qui t’a donné l’ordre d’analyser le 『Cœur』 ? »

« … ? C’était, mon propre choix… Intéressée… »

« "Intéressée"… Hé, ce sentiment, c’est le 『Cœur』, non ? »

Schwi se figea devant le marmonnement perplexe de Riku.

« … ? … … ? … Je, ne sais pas. »

« Pardon ? Quoi ? »

« … Je ne, sais pas… C’est, logique. Mais, ce ne semble pas, être important, pour moi… Pourquoi ? »

« C’est à moi que tu le demandes ? »

L’expression de Riku se tordit involontairement devant la requête impassible de Schwi. Soudainement, cette dernière…

« Liste, de réponses possibles… »

« … Peu importe ; tant que Riku est là ; aucun intérêt ; inutile ; aucune importance ; aucune relation ; rejet de la synchronisation ; Prioriser l’analyse ; Prioriser la compréhension sur l’analyse… 【ErreurÉchec】 【ErreurContradiction】 【ErreurIllégal】 【ErreurÉchec】 【ErreurContradiction】… »

« H-hé. Hé, hé, hé ! De la fumée est en train de sortir, hé ! »

Voyant Schwi laisser échapper du gaz avec un sifflement, Riku perdit son sang-froid.

— Mais cela ne dure que quelques secondes. Schwi se retourna, regarda Riku, et hocha une fois la tête.

« Conclusion : Ne veux pas revenir… apparemment. »

« T’es plutôt hésitante. »

« … Ne peut pas… identifier l’origine… mais apparemment, ne le veux pas. »

« Vraiment hésitante. »

Trouver cela de plus en plus drôle, Riku sourit et se répéta, seulement pour entendre :

« … En, tout cas… Échec et mat. »

Ah.

« Toi alors… J’étais complètement distrait par cette conversation. Encore une fois. »

« … Hmm. »

Après tout cela, le visage de l’Ex-Machina qui hocha la tête fit réfléchir Riku.

Est-ce possible de créer un sourire aussi innocent grâce à des calculs et en l’imitant… ?

« … En tout cas. »

Changement de sujet. Riku soupira d’un air fatigué.

« Tes cheveux… ils sont putain de longs. Ça en finit jamais. Je vais finir par m’évanouir à cause de la chaleur. »

« … Si c’est mieux, court… Les couper… ? »

« Non non, c’est bon… Tu ne comprends vraiment rien… »

En grommelant, Riku se dit à lui-même… Je sais.

Après tout, elle était une Ex-Machina capable de tuer un humain sans même y penser. Tout comme les autres races, elle avait piétiné ses pairs on ne sait combien de fois.

Il ne pouvait en aucun cas relâcher sa vigilance. Sa raison lui cria. Mais… alors pourquoi ?

La fille qui continuait de réfléchir à la taille de ses cheveux ne semblait pas du tout logique.

Spontanément, il sourit légèrement…

Partie 9[edit]


Combien de temps s’était-il écoulé depuis l’arrivée de Schwi dans la colonie ?

Il était impossible de lire précisément puisqu’ils ne possédaient pas de calendrier exact, mais d’après Schwi, cela faisait 『à peu près un an』.

Riku pensa que le temps était passé vite. En considérant que simplement survivre quelques jours ressemblait à une éternité…

« … Hé, combien y a-t-il d’Anciens Dieux ? »

Jouant aux échecs avec Schwi dans son étroite chambre, Riku posa sa joue contre une de ses mains avec colère.

« … En théorie, il y en a un nombre 『Infini』… Proportionnel, au nombre de concepts… mais dans la plupart des cas… leurs conditions d’activation, n’ont pas été satisfaites. »

Riku fronça les sourcils face à la réponse obscure et au coup de Schwi.

Avec un soupir pour son gambit qui contrait et détruisait la stratégie orthodoxe qu’il avait envisagée, il commença à concocter un nouveau plan et continua.

« Donc, les Anciens Dieux… Il y a le 『Dieu de la Guerre』, le 『Dieu de la Forêt』 et les autres, c’est ça ? »

Pendant que Riku se fit la remarque – Non pas qu’ils fassent vraiment quelque chose de différent des autres. C’est juste la guerre – Schwi hocha la tête.

« … Le premier est Artosh… le créateur, des Flügels… Le suivant est Kainas… le créateur, des Elfes. »

Mais Riku l’interrompit.

Une repartie à la fois orale et sur le plateau. Comme le coup banal qu’il avait prévu s’était immédiatement fait contrer, Riku se souvient de quelque chose : le sentiment d’essayer encore et encore, faisant ce qui semblait être les meilleurs coups encore et encore… et se faire surpasser.

… Le garçon avec un sourire intrépide, celui qu’il avait vu enfant dans la pénombre, celui qu’il ne pouvait jamais battre…


« Dis, il n’y a pas de Dieu des Jeux, hein ? »

— C’était juste une pensée passagère. Ce n’est pas comme s’il y avait quelque chose à son sujet, mais Schwi répondit sérieusement.

« … Il y en a un. Mais… Son 『Essence Divine』 n’a pas été confirmée… Supposition, conditions d’activation, non satisfaites. »

En à peu près un an, il avait parcouru un bon chemin pour s’habituer à discuter avec Schwi. Riku se mit à rire intérieurement.

Il ne connaissait pas les détails, mais en gros, c’était comme ça : Les Anciens Dieux étaient des « concepts ». Tant que le concept de jeux existait, le dieu des jeux existait de façon catégorique.

Mais la présence de l’activation des conditions – de son 『Essence Divine』 – déterminait si oui ou non le dieu était réel.

« Autrement dit… tu dis qu’il n’est pas dans les parages. Du moins, pas pour le moment… »

Échec et mat. Ajoutant un autre signe pour comptabiliser sa défaite, Riku soupira et se leva.

« Tu sais, j’étais en train de penser à te dire ça depuis un moment, mais tu n’as pas besoin de parler comme ça quand nous sommes seuls. »

« … Hmm… mais c’est comme si… mon noyau qui prononce mes pensées, avait été modifié de façon irréversible… apparemment. »

« Hmm. Et en langage humain ? »

« … Impossible de revenir à l’originale, apparemment. »

Tu es vraiment hésitante. Il la taquina comme d’habitude, avec désinvolture et en souriant, puis ils quittèrent la chambre ensemble.


— L’atmosphère de la colonie qu’ils virent en marchant avait changé.


En regardant Schwi qui se trouvait à côté de lui, Riku l’admit. Depuis qu’elle les avait rejoints, les moyens à leur disposition s’étaient grandement diversifiés.

Grâce à son aide pour les parties calculatoires et de conception, quand bien même on ne lui avait rien demandé, la précision de leurs mesures et de leurs outils de détection s’était améliorée. Le télescope de Coron pouvait désormais voir bien plus loin, et leur méthode d’élevage peu efficace avait quelque peu progressé.

Le besoin de réaliser des reconnaissances avait drastiquement diminué, et constituer une réserve de nourriture était désormais chose réalisable. À cause de cela…

« Yo ! Riku. Je vois que tu passes encore du bon temps avec ta femme dans ta chambre, hein ? »

« Je t’ai déjà dit que c’est pas ma femme, le chauve ! Passer donc ta vie à regarder au travers de ce télescope ! »

« Schwi-chan~ Merci de toujours jouer avec les enfants~ »

Clairement, la colonie comptait plus de sourires.

Tant qu’elle était là, ils pouvaient vivre sans craindre la mort.

Mais devant cette scène, le visage de Riku s’assombrit légèrement.

— Il savait que ce n’était qu’une paix temporaire, le calme avant la tempête.


Ces 『Bons instants』 éphémères disparaîtront comme de la poussière à cause d’un caprice inconscient d’un de ces soi-disant dieux au-dessus d’eux.

Peut-être qu’oublier cela était une bénédiction, de pouvoir vivre plongé dans une tranquillité temporaire.

Mais cette tranquillité disparaîtrait. Peut-être demain, peut-être aujourd’hui… ou même maintenant.

Schwi et lui leur donnaient-ils trop d’espoir ? Riku fronça ses sourcils. Mais qu’étaient-ils supposés faire ?

Prétendre qu’ils ne voyaient pas le désespoir, croire qu’ils étaient en sécurité ici, et vivre jusqu’à ce que la Guerre prenne fin ?

Riku y réfléchit. Pour lui, c’était impossible…


« Hé, général ! Arrête de jouer avec l’entrejambe de ta femme une seconde, et viens me donner un coup de main avec cette fuite d’eau ! »

« … Hmm~ si tu veux que je te frappe, dis-le. Je te prêterai mes 『Poings』 comme tu le souhaites. »

Comme Riku se releva ses manches avec un sourire tendu, se dirigeant vers l’endroit d’où provenait la voix, Schwi se retrouva seule, derrière, à attendre le retour de Riku comme si elle avait pris racine.

« Schu~wi~chan~ ♪ »

Se retrouvant brusquement enlacée, Schwi se retourna sans un mot. Une Coron souriante se trouvait là.

« Que fais-tu~ toute seule~ ? Tu n’es pas avec Riku ? »

« … Riku, ne m’a pas dit… de, le suivre… »

« Wahaaaa ! Schwi-chan, pourquoi ne pas oublier donc cet homme et m’épouser !? Quel genre de mari stupide laisserait une aussiiiiii jolie femme derrière lui ? *frotte* *frotte* *frotte* *frotte* »

« … Riku, n’est pas… stupide… »

Coron plissa ses yeux devant la moue de Schwi.

« Dis, Schwi-chan. Je sais que c’est bizarre venant de sa sœur, mais… »

« … Riku a dit … 『Ce n’est pas vraiment ma sœur, alors ignore-la』… »

« Ahahaha~ ♪ … Je vais devoir lui en coller une tout à l’heure~ ♪ En tout cas ! »

Éclaircissant lourdement sa gorge pour faire diversion, Coron demanda sans ménagement :

« Schwi-chan, qu’est-ce qui t’a attirée chez Riku~ ? »

« … Attirée… ? »

« Oh, toi~ Je te demande ce qui a fait que tu l’『Aimes』~ Allez, tu le sais bien~ ❤ »

— Soudainement, Schwi prit conscience qu’elle était 『Nerveuse』.

Elle ne savait pas pourquoi. Elle avait pensé qu’elle s’était habituée à agir comme une humaine.

Mais maintenant, derrière l’attitude bienveillante de Coron, elle sentit qu’elle se faisait tester d’une certaine façon.

Elle y réfléchit profondément.

Pour commencer, elle avait encore à peine réussi à analyser le 『Cœur』. Par conséquent, son analyse du sentiment 『Aimer』 était aussi incomplète, indéfinie, donc…

« … Je, ne sais pas… »

— Schwi décida de répondre honnêtement.

« … J’étais intéressée… par le 『Cœur』… de Riku… par ses 『Sentiments』 »

Le jour de sa première rencontre avec Riku traversa le noyau de la mémoire de Schwi.

Quelque chose enfoui dans les yeux de Riku… avait généré en elle une pensé qu’aucun Ex-Machina ne devrait avoir.

Une『erreur de logique menaçant l’intégrité du cluster』 qui avait provoqué sa déconnexion. C’était…

« … Oh~, hmm hmm~ ♪ Alors c’est donc ça~ ♪ »

Coron, comme si elle rassemblait toutes les pièces ensemble, le 『définit』 simplement.

« En fait~ Tu veux dire que c’était le coup de foudre, pas vrai ? »

Quoi ?

« Hmm hmm. ♪ Ce Riku. Il n’est pas si intelligent, et sa personnalité est parfois, tu sais… »

Coron hocha la tête devant la Schwi figée dont les yeux étaient écarquillés, et annonça avec un sourire :

« Si tu as vu au travers de son 『vrai cœur』et que tu es tombée amoureuse de lui… Ouaip, je peux te confier mon petit frère en toute sécurité. ♪ »

« … »

Coup de foudre. Un autre concept à analyser , pensa la Schwi fatiguée.

Aimer. Apprécier. L’affection. Aucun d’entre eux n’avait été complètement analysé, et maintenant venait s’ajouter l’entrée 『Coup de foudre』, qui impliquait une occurrence instantanée. Était-il possible qu’elle ne serait jamais capable d’analyser le 『Cœur』 pour le reste de son existence ?

« Hé, Coron. Quel genre de chose douteuse tu lui enseignes encore ? »

Ayant réglé ses affaires, Riku fit face à Coron.

« Tu es vraiment un petit frère insolent. Insolant et irrespectueux, je le dis !! Quand ai-je déjà… ? »

« Tu lui as dit que je préférais les grosses poitrines et tu lui fais mettre deux précieuses miches de pain sur sa poitrine… Tout va bien dans ta tête ? »

« Quel insolent ! Je ne pouvais pas avoir plus raison ! Cette fille va devenir ma petite sœur un jour, tu sais ? Donc il faut que je t’aider à mener une vie sexuelle variée et… »

« On y va. On risque d’attraper sa stupidité. Ne t’approche plus d’elle. »

« … Le niveau intellectuel, est quelque chose… de contagieux… ? »

Schwi fut stupéfaite de découvrir ces nouvelles données tandis que Riku la tira par la main pour l’empresser de le suivre.

« Eh ? Riku, où vas-tu ? »

« Il serait temps que je lui apprenne comment récolter de la nourriture, pas vrai ? Je vais lui montrer comment utiliser l’équipement de reconnaissance et les autres trucs. »


— C’était bien sûr un mensonge. Une Ex-Machina pouvait abattre un Démonia à mains nues.

De plus, l’âge de Schwi – le nombre d’années depuis sa manufacture – était d’environ 211 ans selon elle.

Il avait besoin de la mobilité de Schwi pour aller confirmer quelque chose. Il ne pouvait simplement pas dire cela à Coron.

« Je risque de revenir tard, mais on n’ira pas bien loin. »

— Coron frappa dans ses mains avec un sourire éloquent.

« Ahhh… Vous voulez le faire dans la verdure  ? ❤ »

« Coron, tu devrais vraiment te faire changer ton cerveau. »

« Oh, mais vu la couleur du ciel, je devrais plutôt dire, le faire en zone rouge !? Dans tous les cas, il va faire froid, allez faites en sorte… »

« Ta gueule. On y va, "Schwi". »

Riku s’en alla de mauvaise humeur… Il ne l’avait probablement pas remarqué. Seules Schwi et Coron l’avaient relevé.

Et particulièrement Schwi…


C’était la première fois que Riku l’appelait par son nom.

Ses pensées furent ensevelies sous des erreurs inconnues. Elle détecta une augmentation de température…

Mais Schwi attacha le terme 『Priorité Absolue』 à cet instant et – sans savoir pourquoi – le sauvegarda et protégea son contenu.

Partie 10[edit]


Reposant son pied sur terre pour la première fois après plusieurs heures, Riku pensa : C’est vraiment plus facile avec l’aide de Schwi.

Il lui aurait fallu cinq jours à cheval pour parcourir la même distance, en craignant de mourir à chaque instant, distance sur laquelle Schwi l’avait porté en une demi-journée.

« … Voilà donc la cité détruite des Elfes… »

C’était l’endroit que Riku avait tenté d’atteindre de lui-même il y a un an de cela.

Les structures uniques faites d’arbres s’étaient effondrées sur toute une ligne. Les immondes cicatrices de brûlure étaient toujours présentes, bien que les ruines fussent recouvertes d’un tapis de fleurs et de plantes, leur donnant l’image d’un élégant jardin.

Le ciel était maculé de la couleur du sang, et la terre était souillée par le poison de la cendre noire. Pourtant, dans ce monde de mort, il apparaissait que la capitale détruite bénéficiait toujours de la protection d’un Ancien Dieu. C’était bien une capitale construite par les Elfes, les créations de Kainas, se dit Riku avec un sourire ironique.

Après avoir marché pendant un moment, ils s’arrêtèrent à leur destination. Parmi les ruines en cendres, devant le seul bâtiment qui avait encore conservé sa forme originale, Riku demanda :

« C’est… une bibliothèque ? »

« … Probablement… Comparé, aux autres installations… et au degré de ravage dans la cité… Ici, les dégâts sont mineurs… »

C’était donc le bâtiment qui avait été défendu en priorité lors de l’attaque du Flügel.

Cela pouvait signifier que c’était un refuge, une sorte de centre de recherche, ou… un entrepôt.

« … Je vois. C’est vraiment probablement une bibliothèque ou quelque chose du genre. »

Ne trouvant rien ressemblant à une porte, ils se glissèrent entre deux arbres connectés pour y rentrer, où ils trouvèrent…

L’intérieur de cette drôle d’architecture était rempli de choses dont l’utilité n’était pas évidente.

L’une d’entre elles semblait ressembler à… une étagère ?

Mais elle était étonnamment vide. On aurait dit plus ou moins que tout avait été emporté… mais ce n’était pas un problème.

« Après tout, les informations dont ils n’ont pas besoin nous seront utiles… »

Avec cela, Riku commença à fouiller parmi les quelques bouts de papier restants et les livres endommagés.

« … Riku, peut lire le langage des Elfes… ? »

Schwi posa sa question à Riku qui parcourrait rapidement les livres.

« Nain, Elfe, Démonia, Fée, Thérianthrope… dans quelle langue tu veux que je te réponde ? »

Schwi s’étonna de la réponse nonchalante de Riku.

« … Pourquoi, autant… »

« Il faut au moins ça pour survivre. Les informations que je galère à récupérer seraient inutiles si je ne pouvais pas les lire. »

L’expression de Riku était étrangement sévère, sans pour autant être furieux ou odieux.

— Schwi connaissait bien cette expression, ces yeux.

C’était le comportement que Riku adoptait lorsqu’il voulait à tout prix la battre aux échecs.

« Jusqu’à preuve du contraire, ce n’est pas comme si les humains venaient de se faire continuellement détruire pour l’éternité. Nous avons utilisé tous les moyens auxquels on a pu penser – oral ou écrit – pour transmettre les traits, les langages, et les coutumes des autres races. Et cela jusqu’à aujourd’hui. »


Dans ces yeux noirs qui ne reflétaient rien, qui parlaient de la faiblesse des humains, de leur fragilité, de leur incapacité à faire autre chose que courir – plus profondément, bien au-delà – se trouvait la chose même que Schwi voulait connaître, la qualité qui défiait les apparences.

— L’existence qui demandait Ne sous-estime pas les humains : le 『Cœur』.


« … Ah… Riku, Riku… »

Riku, qui avait apparemment littéralement scanné toute la zone, leva les yeux vers Schwi qui lui donnait des petits coups de coude.

Le balancement et le bruit des fondations qui se frottaient. Le cri strident d’un acier épais résonna fortement dans toute la salle. Comme Riku resta ahuri, Schwi le rassura.

« … Souterrain, dissimulé… par un sort… C’est creux… Il y a un sous-sol… Regarde. »

En la voyant pencher tranquillement sa tête tout en soulevant une porte en acier dix fois plus grande qu’elle, le visage de Riku se raidit…


——......

Une fois que Schwi confirma l’absence de signe de vie, ils descendirent les escaliers. Puis…

« … C’est quoi ce bordel ? »

Riku ne put s’empêcher d’exprimer sa perplexité devant la vue impénétrable qui s’étalait au-delà de la longue cage d’escalier souterraine.

Un hall spacieux avec d’énormes colonnes érigées et alignées en son centre.

Les piliers possédaient une forme étrange, et d’innombrables motifs rouges étaient gravés sur leurs surfaces.

« … Cent quatre-vingt-six… Les motifs sont, les sceaux de protection du Dieu Kainas… ? Non. »

Comptant instantanément leur nombre, puis essayant d’analyser les motifs, Schwi pencha sa tête sur le côté.

« … Aucune correspondance, avec mes données… sur les sceaux, sorts, utilisés par les Elfes… ? »

« Bah, ils ont dû essayer de mettre point une nouvelle connerie dont même toi ne connais pas l’existence. Plus rien ne peut me surprendre maintenant, même s’ils explosaient cette putain de planète... Mais avant cela… »

Dans la perspective d’un humain, exploser la planète ou détruire un continent n’avait pas de grande différence.

« Avant cela… » Riku dépoussiéra le piédestal sous l’une de ces colonnes bizarres et lu sur une pancarte :

« — 『Preuve de Conception du Réacteur Protection Divine Absolue par le VideAaka-shi-anse』… Schwi, ça te dit quelque chose ? »

« … Aucune donnée… Aucune donné sur les Elfes, utilisant des objets… ou des catalyseurs, pour utiliser la magie… du tout. »

Je vois. Riku ne comprit pas, mais son instinct parla pour lui.

« Dans tous les cas, on peut pas rester ici trop longtemps. Je sais pas s’il y en a, mais on va regarder si jamais ils ont laissé des traces à ce sujet et on se tire. »

Schwi hocha la tête et recueillit habilement le reste des documents. Le regard de Riku se posa sur l’un d’entre eux.

« … Même les noms des 『Développeurs』 sont codés ? C’est quoi ce truc… ? »

En regardant le registre codé, Riku sentit son corps sauter.

Partie 11[edit]


Riku et Schwi avaient l’intention de ne rester que brièvement et de s’en aller rapidement, mais…

« Que dire… ? J’imagine qu’on peut pas se déplacer au milieu de ça. »

À peine avaient-ils quitté la bibliothèque – ou plutôt la base de recherche secrète – pour partir des ruines, qu’ils rencontrèrent une 『Tempête Mortelle』.

C’était un phénomène durant lequel de fortes précipitations de cendres noires finissaient par former un vortex turquoise.

Si vous rentriez dedans, quoi que vous fassiez, les cadavres d’esprits pénètreront votre équipement et vous contamineront.

Ils se dépêchèrent de retourner dans les ruines.

« … Riku, que fais-tu habituellement… dans ces moments-là ? »

Schwi posa sa question en même temps qu’ils se réfugièrent dans une petite pièce au niveau du sol de l’institut de recherche.

« Il n’y a rien à faire. Se retrancher dans une cave, des ruines, ou creuser un trou si besoin, et attendre que ça passe. »

Riku soupira. Les tempêtes mortelles n’étaient pas si rares que cela. D’après son expérience personnelle, elle durait habituellement quelques heures. Une journée tout au plus. Il s’était déjà recroquevillé dans un petit trou et attendu un jour entier plus d’une fois ou deux. La question était : est-ce que cette place était plus sure qu’un trou ?

« Et toi, Schwi ? Tu peux détecter des signes de vie ? »

« … Bloqué, par les Cadavres d’esprits… Équipement d’observation à distance, presque… totalement, inefficace… »

« Hmm… Mais d’un autre côté, ça veut dire qu’on est en quelque sorte en sûreté. »

En bref, la 『Tempête mortelle』 les aidait à se cacher.

Ils ne pouvaient pas sortir de toute façon, et ce serait dangereux de faire usage de la grande vitesse de Schwi sans pouvoir utiliser sa fonction de détection à grande distance.

Du coup, Riku demanda :

« Hé, Schwi, je parie que tu as apporté le jeu d’échecs, hein ? »

« … »

Ayant reçu l’instruction de voyager léger, Schwi avait peut-être dû penser qu’il allait la réprimander.

« … Je suis, désolée… »

S’excusant en cachant son visage, elle sortit timidement l’échiquier de son sac à dos.

Cette vue – une Ex-Machina qui craignait la colère d’un humain – était étrangement amusante, et Riku en rit.

« Je ne plains pas… C’est pas comme si on avait autre chose à faire jusqu’à ce que la tempête passe, alors pourquoi ne pas jouer ? »

« … ? Vraiment… ? »

Semblant à la fois surprise et secrètement ravie, Schwi mit en place les pièces.

En fixant l’échiquier, Riku songea aux résultats de ses matches contre Schwi pendant l’année qui s’était écoulée.

— Cent quatre-vingt-deux défaites, zéro victoire.

Sans même parler de gagner, il n’avait même jamais décroché une égalité contre Schwi.

Mais à quelques reprises, il avait réussi à lui marcher sur les pieds avec des tactiques qui l’avaient surprise.

Ce qui veut dire, pensa-t-il, que 『ce n’est pas impossible』.

— Devant le sourire intrépide que Riku afficha sans s’en apercevoir, Schwi demanda soudainement :

« Riku, pourquoi… continues-tu de jouer, alors que… tu ne peux pas gagner ? »

« Hein ? En voilà une drôle de question ! C’est pas toi qui m’as dit que tu me donnerais les informations que je veux si je gagnais ? »

« … Menteur… Riku n’a pas pu… ne pas… le remarquer… »

Oui, c’était impossible. Riku était quelqu’un de trop minutieux.

« … J’ai… déjà… donné… toutes les informations, que Riku, voulait… »

Un silence lourd tomba sous les rafales de vent.

« … Riku… Vraiment incroyable… Très travailleur. »

« Garde tes mots réconfortants. »

Réagissant à une déclaration étrangement proche d’une de celles que Coron avait déjà faites, Riku employa la même réponse.

C’était tout. La conversation s’arrêta là. Du moins, c’est ce que Riku pensa, mais…

« … Réconfortants… ? Non… C’est juste, un fait… »

Schwi riposta d’un air déconcerté.

Puis Riku vit quelque chose d’inhabituel, ses yeux s’écarquillèrent.

L’expression clairement confuse, incertaine de si elle devait continuer ou non, Schwi ajouta :

« … La survie des humains, dans ce monde… est biologiquement… une anormalité… »

C’était les mots de Schwi d’il y a un an, lorsque Riku avait perdu son sang-froid et l’avait attrapée.

Tout en sachant que ses mots avaient blessé Riku, elle continua.

« Ce qui a rendu cette an… correction, exploit… possible… est le 『Cœur』 de Riku… la volonté. »

Elle regarda droit dans ces yeux noirs qui ne reflétaient rien.

« … Quoi que… Riku en pense… Ce ne sont que des 『Faits Objectifs』… »

« Hein, donc en d’autres mots, quoi ? Je perds pathétiquement à chaque fois, mais l’assurance d’Ex-Machina-sama que je contribue à l’humanité en faisant cela ? »

« … Je ne suis pas… Ex-Machina-sama… mais c’est ce que j’ai déterminé. Cependant… »

Complètement honnête, les yeux de verre de Schwi se verrouillèrent sur ceux de Riku.

« … tu ne peux pas l’accepter… »

« Bien sûr que je ne peux pas. Qu’y a-t-il de si génial à survivre dans… ? »

« Non… »

Schwi avait atteint sa conclusion et l’interrompit pour dire ce qu’elle avait à dire.

« … Je ne le… savais pas avant… mais… »

Maintenant si, déclara Schwi en regardant dans les yeux de Riku.


« … Riku, tu ne veux pas… que quiconque… meure… peu importe la personne. Même si c’est quelqu’un… qui détruit les humains… comme Schwi. »


« … !! »

Le visage de Riku se déforma sévèrement.

Schwi ne savait toujours pas la raison pour laquelle Riku ne l’avait pas tué à ce moment-là.

Le critère que Riku lui-même avait indiqué ne pas comprendre, ne pouvait, à l’époque, être saisi par Schwi.

Mais c’était comme cela… précisément pour cela qu’elle pouvait en être certaine.

« … C’est le 『Cœur』… C’est ma projection… définition. »

« … »

Alors que Riku s’assit silencieusement, les yeux baissés, Schwi alla plus loin.

« … Je suis certaine… que Riku, est incroyable… mais Riku, ne l’acceptera pas. »

Oui, la raison étant…

« … Parce que tu ne veux pas, être accepté… Parce que tu ne peux pas, te l’avouer… »

————

————————

Dans la pièce où seul le vent résonnait, un rire éclata. Riku releva tout doucement sa tête, son menton posé sur sa main.

— Avec des yeux reflétant clairement Schwi, il répondit :

« Je suis vraiment énervé… J’ai jamais réalisé à quel point c’était ennuyant d’avoir une personne autour de soi qui ne dit que ce qu’est logique… »

« Je suis, désolée. »

« T’excuse pas… Je suis un crétin qui s’énerve quand on me critique. »

Oui, Riku le reconnut, avec un soupir tel qu’il aurait pu emporter son âme.

Ahhh, c’était littéralement un 『Échec et mat』.

C’était ce que cela signifiait d’être incapable de répondre, de ne même pas pouvoir se plaindre.

Le 『Verrou』 de son cœur avait été ouvert de force. Même s’il essayait de jouer les durs maintenant, il n’en serait que plus pathétique.


« Ouais, t’as raison… Je ne veux pas qu’on m’accepte comme le bâtard que je suis… »

Courir et s’enfuir, vivre et survivre… Quel était l’intérêt ?

Mais. Dans ce cas. Que pouvait-il faire d’autre… !?

Riku leva ses yeux vers le plafond, s’appuya contre le mur, et marmonna comme pour se repentir…

« … Hé, mais alors je suis censé faire quoi ? Faire quoi… pour me pardonner ? »

Il avait abandonné des vies qui étaient irremplaçables, en sortant du jeu à chaque fois.

Il en avait tué un pour en sauver deux, tué deux pour en sauver quatre.

Il s’était dupé pour penser que c’était la seule solution.

— En ayant continué cela, encore et encore, comment pouvait-il s’accepter ? Riku le lui demanda honteusement, en l’implorant, mais elle rencontra son regard et lui renvoya sa question.

« C’est ce que je veux savoir… Le 『Cœur』 de Riku, que… dit-il… ? »

« Haha, je te le demande précisément parce que je ne sais pas. Comment peux-tu faire ça… ? »

Mais, Schwi persista malgré que Riku ait baissé son regard avec un sourire forcé.

« Peu importe la réponse… Je… t’aiderai… »

« … Pourquoi… »

La réponse de Schwi fut catégorique, comme si la réponse était évidente.

« Je t’ai dit… que je resterais avec toit… jusqu’à ce que je comprenne… le 『Cœur』… »

Haha… Très rassurant

« Cela, dit… »

Schwi prit une pièce de l’échiquier.

« … Échec et mat. »

« Schwi… C’était pas le moment parfait pour que je décroche au moins une égalité ? Apprends à lire entre les lignes. »

« … ? … Il y avait… un script… ? »

Riku lâcha un sourire devant ce genre de réponse typique et regarda par la fenêtre.

La pluie s’était déjà calmée.

Depuis la fenêtre, probablement grâce à la protection du 『KainasDieu de la forêt』, on ne pouvait voir que des fleurs et des arbres florissants brillamment, sans aucun signe de la tempête mortelle qui était passée.

À la place, les étincelants pétales de fleurs tourbillonnaient pour danser dans le vent – bien que quelqu’un haïssait l’admettre – semblaient…

« … Magnifiques… »

Riku se tourna pour regarder celle qui lui avait volé sa réplique, la fille mécanique avec des sentiments bien plus humains que les siens.

Fascinée, ses yeux brillaient en suivant les pétales virevoltants. Ces yeux rouge clair reflétaient toute la scène exactement comme elle l’était…

« Schwi. »

Pendant qu’elle se retourna lentement, Riku l’interrogea sur l’histoire qu’il avait autrefois considérée comme insignifiante.


« La raison de la Guerre et les conditions pour qu’elle prenne fin… dis-les-moi. »

Partie 12[edit]


Ensemble, Riku et Schwi traversèrent la cité en ruines des Elfes au milieu des pétales qui virevoltaient, comme s’ils se trouvaient dans un jardin.

La cendre noire avait été emportée par la tempête mortelle, mais ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne recommence à tomber. Ils ne pouvaient pas rester trop longtemps… mais Riku se mit à réfléchir à l’histoire que Schwi lui avait racontée.


« Le trône du Dieu Unique… Le 『Graal étoiléSuniaster』… Hmm. »

Une Guerre qui déterminait le plus grand des dieux, celui qui règnerait sur tous les dieux et les esprits – le 『Dieu Unique』.


Un dispositif conceptuel qui accordait le contrôle absolu – le 『Graal étoiléSuniaster』.

Tels étaient la raison et les objectifs de cette Guerre. Quant aux moyens… pour l’amour du ciel…


« Dis, Schwi. Je peux te poser une question de plus ? »

Non, me dites pas que, pensa Riku, mais il demanda quand même.

« … Est-ce qu’il… est possible que personne n’ait remarqué qu’il y a une autre méthode ? »

« … Une autre… méthode… ? »

Voyant Schwi écarquiller les yeux, Riku grogna intérieurement.

Je vois. Alors même Schwi ne comprend pas qu’on peut le faire de cette façon, hein. Non, peut-être parce que c’est Schwi – parce qu’elle est forte – qu’elle ne peut pas voir quelque chose d’aussi simple ?


« … Dis, Schwi. C’est bien de ne pas être "seul", pas vrai ? »

« … ? Riku, n’a pas toujours… été "seul" ? »

« Non… Je luttais comme un idiot pour me cacher tout seul derrière une façade, mais… »

Riku sourit et remit son masque à particule.

Son expression était désormais masquée. À travers ses lunettes, Schwi pouvait tout de même voir clairement ses yeux noirs pétiller fortement.

« Je commence à sentir que, avec toi, on pourrait faire des choses marrantes dans ce monde. »

« … Marrantes ? Schwi… ne comprend pas les blagues… »

En caressant la tête de Schwi qui avait baissé la tête en s’excusant, Riku sourit ironiquement.

« C’est justement ça qui est aussi marrant chez toi… Et toi, Schwi ? Tu t’ennuies avec moi ? »

« Non. »

Schwi répondit immédiatement avec un ton sérieux.

« Vraiment ? Je veux pas me vanter, mais je suis un crétin, tu sais ? Peut-être que tu n’as pas compris ce que ça signifie de… »

« Si je n’étais pas intéressée, par Riku… Je ne me serais pas fait déconnecter… pour être ici. »

Encore une fois, sa réponse fut immédiate et impassible, mais aussi plus agressive cette fois, ce qui fit donc réfléchir Riku.

Schwi a dit de demander à mon 『Cœur』 quoi faire. Et que peu importe la réponse, elle m’aidera… Alors, je pourrais vraiment demander – Qu’est-ce que je veux faire ? – et suivre honnêtement ce qui s’en suivra… non ?

« … Oui, c’est… ça… »

Schwi regarda dans les yeux de Riku pendant qu’il mesurait ses options.

« … J’étais… intéressée… par ces yeux-là … de Riku. »

« Vraiment ? Ce à quoi je pense en ce moment serait vraiment du gros délire, même pour des enfants, tu sais ? »

« … C’est bon… non, correction… »

Balançant sa tête à plusieurs reprises comme si elle y réfléchissait durement, puis, comme si elle était arrivée à une conclusion, Schwi hocha grandement la tête, ayant avec succès défini un sentiment.

Comme si elle était plutôt fière d’elle, elle dévoila un sourire si rayonnant qu’on en oublierait qu’elle était une machine.


« C’est ce que, oui… j’apprécie… chez Riku, je crois ? »


— Même Riku n’était pas sûr de pourquoi.

« Toujours aussi hésitante ! »

Néanmoins, incapable de se souvenir de la dernière fois qu’il en avait fait autant, il agrippa son estomac, riant si fort de tout cœur que des larmes en coulèrent…

Partie 13[edit]


Puis, peu de temps après, ce moment arriva.

« Riku !! Ça craint. Le télescope a repéré six Dragonias et quelques cuirassés Nains se dirigeant dans notre direction !! »

Pendant que Simon descendit de son poste aussi livide qu’une feuille, Coron entra dans les détails, des instruments en main.

« Ils arrivent respectivement du Nord-Nord-Ouest et de l’Est-Nord-Est ! S’ils se rencontrent sur leur chemin, il y aura un champ de bataille à quinze kilomètres à l’est d’ici !! »

— Ces cris résonnant à travers toute la colonie annoncèrent la fin de la paix transitoire.


Riku dirigea efficacement la retraite de tous les villageois et la sélection des provisions et des équipements à emporter.

En parallèle, Riku, Schwi et Coron délimitèrent la zone qui serait affectée par la bataille en un quart d’heure.

Des deux options qu’ils avaient préparées en cinq années d’expéditions, ils sélectionnèrent le site d’évacuation le plus propice.

Huit heures avant le début de la bataille qui devrait avoir lieu, ils finirent de préparer l’évacuation, et commencèrent à bouger, puis…


————......

Près de deux mille personnes virent leurs maisons se faire engloutir en un éclair et disparaître en morceaux.

Les morts étaient ceux qui avaient mené à bien l’évacuation jusqu’au bout, moins de deux cents personnes.

Pour un combat d’une telle ampleur se déclenchant aussi près de leur village, les pertes étaient considérablement faibles.

Mais en voyant depuis leur plateau leur village se faire vaporiser avec le rocher entier, les gens se mirent à pleurer.

C’est normal. Le poing de Coron trembla. Si quelqu’un perdait sa maison, une autre pouvait être construite… Cette logique était compréhensible.

Le télescope qu’ils avaient désespérément réussi à réparer avait aussi été perdu, mais que pouvait-il faire ?

On aurait pu dire que tout cela avait servi pour ce moment précis.

Ils avaient sauvé leurs documents les plus importants, leurs cartes, leurs instruments, et ainsi de suite. Mais…

— Mais, alors quoi ?

Les biens matériels ne sont pas les seules choses de valeur. Les innombrables travaux et sacrifices qui s’étaient empilés pour maintenir la colonie, les sentiments de ceux qui avaient vécu là-bas, les vœux et les prières qui avaient été confiées dans cet endroit…

— Tout cela disparut en un instant, détruit par ce qui devait être une balle perdue.

Aucune malice, aucune signification. Il serait étrange de ne pas pleurer. Il serait insensé de ne pas avoir le cœur brisé.

Il était vrai que leur vie avait été sauvée… mais qu’allaient-ils en faire après cela ?

Répéter ce cycle ? Sacrifier plus de choses, avaler des larmes amères, se mordre leurs lèvres de frustration… pour qu’une fois de plus, tout se fasse détruire comme des déchets ?

Juste avant que ses larmes excèdent sa capacité à les retenir, la vue de son frère attira l’œil de Coron.

« Riku… ? Ri, Riku !! »

Assis avec Schwi, les épaules de Riku tremblaient en même temps qu’il serrait ses genoux. Coron courut ver lui.

« Riku, tiens bon ! Regarde combien d’entre nous ont pu survivre… tu as fait tout ce que tu pouvais ! »

Plus de cela. Plus du tout. Arrête de trouver des excuses, se dit Coron à elle-même, se préparant pour ce qu’elle savait avoir besoin de faire.

Elle ne pouvait plus se reposer sur son petit frère, lui faire porter tout ce fardeau… à partir de maintenant !

« Riku, tu as fait ta part, d’accord ? À partir de maintenant, Nee-san va prendre le relai, alors… »

… mais ensuite…

« Schwi, tu l’as bien enregistrée, pas vrai ? »

« … Bien… comme il faut… »

Riku, relevant facilement sa tête, lui lança un sourire incroyablement déconcertant.

« Hein, que, quoi ? Ri, Riku ? »

Appelez cela l’intuition féminine ou quoi que ce soit, Coron recula instinctivement d’un pas devant son changement soudain.

Tu ne t’échapperas pas ! Riku attrapa son poignet, et sans le vouloir, Coron laissa échapper un 『Hii ! 』.


« Et voilà~ Coron, à partir d’aujourd’hui, tu es la 『Chef』 du village. C’est un plaisir de travailler avec toi. ❤ »

« Hein, eh, EH… ? »

Souriant jusqu’aux oreilles, Riku pressa une carte dans les mains de Coron, s’étirant en même temps qu’il se releva.

« Voilà la position de notre nouveau village . Passe par ce tunnel sous-terrain, là, et tu devrais y arriver sans problème. C’est un peu le bordel, mais je l’ai préparé pour que vous puissiez y vivre. J’ai choisi quoi emporter avec cela en tête. »

Riku échangea un regard avec Schwi, qui se tenait à ses côtés.

Puis, Coron, regardant son petit frère se balader frivolement dans la direction opposée, se remit enfin de son état de choc pour crier :

« A… ! Attends une seconde, Riku ! Comment je vais… ? Comment nous allons… ? »

Sans Riku – sans son petit frère – Coron ne pouvait pas assurer son rôle.

Elle l’appela en criant, mais…

« Bah, tout ira bien, Coron. Après tout… personne ne mourra désormais. »

« … Quoi ? »

« Ahh, calme-toi. Je resterai en contact. Et je peux rester rassuré en sachant que je peux te confier tout le monde. »

En lui disant cela, Coron, abasourdie, regarda son dos s’éloigner.

« Hé, Riku… »

Elle l’appela par son nom, mais la personne qui se retourna n’était pas le 『Riku』 qu’elle connaissait.

— Non, ce n’était pas vrai. Elle le connaissait bien. C’était… le Riku de la première fois où elle l’avait rencontré.

Le jeune garçon avec des yeux brillants d’un feu ardent, mais qui avait fermement scellé son cœur.

La personne qui avait forcé son 『Verrou』 était la fille qui voyageait à ses côtés, Schwi, Coron en était soudainement certaine.

Elle laissa échapper un profond, mais doux soupir, et demanda quand même, tout en s’attendant à une réponse qui la déconcerterait sans le moindre doute :


« Hé… Qu’est-ce que tu comptes faire ? »


Sa réponse fut comme ce à quoi elle s’attendait. Non, non… encore plus que cela… La réponse du Riku original, les yeux grands ouverts, téméraire, extravagant, et rempli d’une ardente détermination.


« Un jeu. On va simplement jouer… à un jeu d’enfant ! »

Références[edit]

  1. Cette histoire semble être celle que Jibril avait mentionnée dans le volume 2 ou 3.
  2. Un réseau auxquels plusieurs Ex-Machinas peuvent accéder pour s’échanger des informations.
  3. Encore de l’allemand.
  4. Avant cela, il ne la considérait que comme une chose, une machine.
  5. Cela signifie « Noir » en allemand, à l’inverse de Shiro, qui signifie « Blanc » en japonais.
  6. Littéralement un "corps d'analyse", mais analyste fait moins lourd et veut se référer surtout à la fonction.
  7. Un antifouling est une peinture destinée à empêcher les organismes aquatiques de se fixer là où elle est appliquée.



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