Reina Kamisu ~ Français : Volume 2 Prologue

From Baka-Tsuki
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La première chose chez elle qui s’infiltrât en moi, se fut les sons qu'elle produisit.


Les bras pleins de matériel scolaire, je marchais à travers un couloir vide, en grommelant et me plaignant.

- Bon sang, le professeur traite vraiment les déléguées comme des bonnes à tout faire.

C'est lourd. Pourquoi c'est à une fille de porter tout ça ? ...Ah, c'est vrai, ici, à l'école Junseiwa, il n'y a aucun garçon. Bon sang, les garçons, qu'ils soient dans les parages ou non, ils restent des créatures tout aussi détestables.

- Et personne ne m'a proposé son aide.

Cela ne fait encore qu'une semaine que je suis arrivée dans cette école, mais je pensais que nous nous entendions suffisamment bien pour que quelqu'un m'aide dans ce genre de situation. Comme je m'en doutais, je ne m'étais pas encore totalement intégrée aux autres élèves, à cause de l'environnement si singulier de l'école Junseiwa peut être.

Ou alors elles avaient juste la flegme.

Je pose le matériel sur le plancher et m’appuie contre le mur. Tu vas faire bon usage de notre éducation, n'est-ce pas ? Je foudroie du regard le matériel, tout en lui donnant un léger coup de pied.

Pling

Mon corps se redit. Une note de piano avait retenti, comme pour me punir d'avoir ainsi extériorisé ma colère.

Pardon, je suis désolée de l'avoir frappé.

Je tentai pour la deuxième fois le déplacement du matériel, mais les notes qui atteignirent mes oreilles à ce moment-là arrêtèrent mes jambes.

C- C'est magnifique.

Le morceau était sans doute "La Polonaise héroïque" de Chopin. On ne peut pas vraiment me qualifier d'experte en la matière, mais ayant pris des cours de piano durant l'école primaire, je connais tout de même de célèbres morceaux, et peux juger du niveau d'un pianiste.

Il existe un niveau inaccessible à l'aide de seuls efforts, demandant à la fois talent naturel et rigueur. Je n'avais pas ce talent. Le personne qui jouait, si. Les sons qu'elle produit sont incroyables. Mais, comment dire... En général, une aussi belle interprétation reflète les sentiments du pianiste. Mais pas là. C'est même l'inverse. Il est impossible d'entrevoir ses sentiments aux travers des notes. Et pourtant, c'est émouvant. Ça sonne "transparent"... non, une si jolie phrase n'est pas assez forte. Ça sonne plutôt "vide"Mais les sons ont beau être semblables à ceux d'une machine, je peux sentir quelque chose comme transcendant cet état, c'est ce genre de son. Pour les comparer à quelque chose, oui...

Ils sont comme... de l'eau.

Tel de l'eau, ils s'infiltrent dans mon corps.

Guidée par les sons, je me tins devant la deuxième salle de musique. Beaucoup de jeunes filles avec un bon niveau de piano sont scolarisées à l'école Junseiwa, il y a donc trois salles de musique, mais les sons sortaient de la deuxième. Aucun club ne semblant occuper la salle, il s'agissait peut être d'un professeur de musique n'ayant pas pu devenir pianiste.

Je me prépare à faire face au professeur à l'intérieur et toque. Même si je l'interrompais, j’espérais qu'il ne soit pas trop fâché si je lui disais être là par hasard. Mais la performance de s’arrête pas. Le son que j'avais fait en toquant avait sûrement été couvert par la musique du piano. Je me décide, m’annonce d'une voix plus forte que d'ordinaire, et ouvre la porte.


Ensuite, Je me fis absorber.


- Je peux t'aider ?

Cette jeune fille, cette magnifique jeune fille, me souriait, à moi qui venais de l'interrompre alors elle jouait. Hein ? Ça veut dire quoi, ça ? C'est quoi ce sourire ?

-...Allo ? me demande-t-elle, alors que je suis stupéfaite.

Ah... je dois dire quelque chose. Mais les mots ne veulent pas sortir. Je suis absorbée par la magnifique jeune fille devant mes yeux, et n'arrive pas a m’échapper.

Absorbée.

Qu'est-ce qui est absorbée ?

Moi. Mon existence. Mes valeurs. Mon libre arbitre. Mes croyances. Mon sens de la justice. Mon futur. ...le monde que j'avais.

Une tornade d'une puissance inouïe saccage la ville que je suis et en absorbe le contenu. J'ai beau avoir été complètement détruite, je ne peux m’empêcher d'être heureuse à l'idée d'avoir été absorbée par une tornade aussi belle et puissante.

- Ah...

Ma voix sortit, mais sans former de mot.

Étrange. Certes, cette jeune fille était magnifique. Mais qu'est-ce que ça changeait ? Je déteste les garçons, mais je ne suis pas lesbienne, et quand bien même ce serait le cas, il n'y a pas moyen que je soit "absorbée" par une personne que je rencontre pour la première fois.

Et pourtant, j'étais bel et bien "absorbée".

Je reconcentre mon attention sur la jeune fille souriante. Aah... quelle est cette sensation ? J'ai l'impression de nager entre illusion et réalité. Hein ? C'est la première fois que je la rencontre ? ...bien sûr, c'est évident. Je veux dire, quand bien même je l'aurais rencontrer il y a longtemps, où simplement aperçu, il m'aurait été impossible de l'oublier.

Mais alors, d'où me vient une telle sensation ?

Aah, je comprends.

Je ne l'avais jamais rencontrée, ni même simplement croisée. Mais je me l'étais toujours imaginée, dans mon esprit. Elle incarnait mon idéal de beauté. Je ne l'avais jamais rencontrée, ni même simplement croisée. Mais je l'avais vue de nombreuses fois, dans mon esprit.

Cette rencontre fortuite me rendit nostalgique, comme si des souvenirs d'une vie antérieure me revenaient... puis je fondis en larmes. Ces larmes contenaient quelques chose d'inopportun, en plus de l'eau et du sel. Ça me rendit si heureuse que je continuai de pleurer jusqu'à ce que le goût s'estompe.


Ravie-de-te-rencontrer Jeune fille qui existe pour mon bien.


- Tu... es sûr que tu vas bien ?

- Oui, pas de problème.

Je peux enfin former des mots avec ma bouche.

- C'étaient des sons magnifiques.

A partir de maintenant, je peux former des mots avec ma bouche de manière naturelle. A partir de maintenant, elle m'a absorbée. Non, je me suis faite absorbée ? Bah, ça revient au même. Telle de l'eau, elle a simplement infiltré mon corps.


Et c'est ainsi que Kamizu Reina...

de par sa simple existence, m'absorba, moi, Kawai Sakura.