Stereopticon Rotation Le dernier jour

From Baka-Tsuki
Jump to navigation Jump to search

Le corps de Takumu était dans les airs, et commençait à tomber.
Il prit une posture protectrice, et atterrit indemne.

Il regarda autour de lui. Des murs en béton pas très haut. De vieilles maisons en bois. Des immeubles endommagés. Juste à côté, un immeuble résidentiel à 2 étages qui semblaient avoir été reconstruits il n'y a pas si longtemps. Un parking à abonnement mensuel désert. Un distributeur automatique de boissons. La pancarte d'une grande chaine de pharmacie.
Une vue à laquelle il était habitué, ou peut être fatigué de voir. Bref, la 4e fois.
- ...Ça a donné quoi, au final ?
Il lâcha Merinoe, s'assit les jambes croisées sur le bord de la route, et la questionna.
- On a cassé le noyau, non ? Pourtant tout a l'air d'avoir été rembobiné.
- C'est surement la dernière boucle de cette ville.
Répondit Merinoe avec indifférence.
- T'as cassé le condensateur du système de boucle, en quelques sortes. À partir d'aujourd'hui, il n'a plus l'énergie de rembobiner, ni de continuer de tromper les habitants de cette ville.
- Ah... Ouais, c'est vrai.
Takumu laissa tomber ses épaules.
- Le ciel est encore clair.
- Normal, je le maintiens.
Merinoe sortit une clé à fossettes. Le tintement métallique des nombreux porte-clés accrochés résonna.
- J'ai volé les droits administrateurs du système. La cabine est sur le point de s'effondrer, mais je la contrôle maintenant. Par contre, elle ne fonctionne qu'à 80%, et ne va pas tenir longtemps, tu sais ?
- Je vois...
En ce moment, tout ce qui se trouve dans cette portion coupée de Tokyo reposait sur les épaules fines de Merinoe.
- Ne t'en fais pas, à la base, ta mission ne consiste pas à sauver ces habitants. Même si tout le monde ici meurt, tu n'auras pas de lettres d'excuses à écrire.
- C'est extrême quand même. Et c'est pas le problème, non ?
Il jeta un regard de côté à Merinoe.
Elle n'était pas sérieuse. Il le savait.
- T'es quand même pas en train de trouver ça drôle, j'espère ?
- Non, pourquoi ? J'aime juste te voir à bout, je veux dire, vivre en te donnant à fond.
Elle sourit, laissant voir ses dents.
- J'adore comment tu luttes désespérément contre l'adversité.
- Tu profites vraiment de moi à fond pour t'amuser...
- Après tout, tu ne comptes pas t'arrêter, on dirait.
- Si tu le dis.
Takumu leva les yeux au ciel.
- D'abord, je vais penser à un plan pour réduire les dégâts au maximum, et il faut que je mesure le temps qu'on va prendre à casser le mur. Aussi, maintenant qu'on en est là, le cerveau de toute cette histoire va peut-être se pointer. Je vais réfléchir à comment l'arrêter.
- T'en as des choses à faire, dis-moi.
- Carrément. Donc... on va commencer par encore convaincre Hiiragi.

Le 5 juin 2002.
Pour Takumu, le 4e, et le dernier jour dans cette ville isolée.
Le ciel était comme d'habitude bleu et bien dégagé.
Il allait probablement pleuvoir dans la soirée, mais pas pour longtemps. Takumu ne savait le temps qu'il fera une fois la pluie levée. Personne ne savait.

Takumu se leva et commença à avancer.
Merinoe le rattrapa rapidement.
- Comment tu fais pour cette fille ?
Le questionna-t-elle.
- Il n'y a plus de retour en arrière. Si tu veux former un lien avec elle ici, il pourra continuer par la suite.
- T'aimes tant que ça me voir jouer les Yumetarou Azekura ?
- Et bien, oui, aussi.
- Je compte pas la revoir.
Takumu haussa les épaules.
Merinoe était surprise, elle lui demanda la raison sur un ton ferme.
- Bah...J'ai pu revoir la même Yozora qu'à l'époque, et elle est toujours aussi cool. Et comment dire, j'en suis content, ça me va comme ça.
Takumu Azekura était un médiateur de son époque. Un homme adulte venu ici pour remplir une mission. Yozora Jakuin était une fille tout ce qu'il y a de plus normale vivant ici. Elle n'avait aucun lien avec des criminels extraterrestres, et elle n’avait aucune raison de s’en approcher.
Elle n'a jamais été quelqu'un que l'on pouvait mêler à tout ça.
Les missions de Takumu étaient dangereuses. L'attachement et la nostalgie qu'il portait à cette fille et à cet endroit étaient de simples souvenirs personnels. Ce n'était pas une raison pour impliquer des citoyens innocents dans ses histoires.
Tokyo allait être plongé dans le chaos, et Yozora allait surement être mise en danger, alors son envie de la protéger était plus forte qu'autrefois. Toutefois, il pouvait le faire sans forcément être à ses côtés.
- Je vois.
Merinoe acquiesça profondément.
- Tu as compris que tu étais trop vieux, alors tu acceptes d'avoir le cœur brisé.
- Attends, j'ai rien dit de tel, tu sais ?
- Tu crois que ça fait combien de temps qu'on traine ensemble ? Évidemment que je peux deviner à quoi tu penses. Tu as raison, tu ne peux rien y faire. C'est ça, l'amour, on ne peut pas gagner contre les souvenirs. Je comprends que tu n’as pas envie d'affronter ton toi jeune, trop redoutable.
- Je t'ai dit d'arrêter, te fais pas de films, n'exagère pas, n'en rajoute pas.
Ils marchèrent en se disputant joyeusement.