Stereopticon Rotation Tokyo thaumatrope ~ Démarrage de la rotation~

From Baka-Tsuki
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À la limite nord-ouest de la préfecture de Kanagawa. Dans l'ancien Tokyo, cet endroit était l'arrondissement Nakano.
Un lieu à la bordure extérieure du périmètre de disparition.
Les causes de la catastrophe n'ayant toujours pas été établies, la sécurité de la zone n'était pas garantie, et c'est pourquoi l'entrée était interdite au public. Parmi ces immeubles en ruines, il y avait un espace aussi grand qu'un terrain de baseball, éclairé par plusieurs grosses lumières.
Il y avait aux alentours plusieurs semi-remorques, ainsi que la montagne d'appareils électroniques qu'ils avaient ramenés. Si l'on en jugeait seulement par la forme de cet amas d'appareils, alors cet amas ressemblait aux téléporteurs que l'on retrouvait dans les vieux films de SF.
Il s’agissait du fruit de la science d'une autre planète. Elle allait servir à forcer la porte de la cabine et y faire entrer 119 kilogrammes.
Cependant, la surface de ces appareils n'avait pas la brillance du métal, mais l'éclat du marbre. À cause de leur apparence proche de celle que l’on retrouve dans les vieux palais ou temple, l'atmosphère de l'endroit n'était pas celle d'un film de SF, mais celle d'un petit sanctuaire.
(La vraie science des visiteurs ne ressemble pas du tout à de la mécanique...)
Takumu était un peu déçu, mais il n'était pas surpris pour autant. Bien sûr, il savait que les rêves et le réel ne faisaient jamais qu'un, et il n'avait pas l'intention de s'en plaindre.
- Tiens-moi mieux que ça.
- Ouais, ouais.
Takumu se tenait au centre d'un appareil ressemblant à un cercle magique. Il sera fort Merinoe.
Il n'y avait rien d'étrange à cela. C'était une procédure nécessaire pour entrer. Afin d'envoyer un objet de 119 kilogrammes maximum, apparemment, la logique voulait que l'appareil reconnaisse Takumu et Meronoe comme étant un seul et même objet.
(Je m'en doutais déjà, mais elle est douce).
Pensa-t-il distraitement.
Merinoe avait le physique d'une sculpture taillée, mais bien évidemment, elle n'était pas réellement faite de pierres. Si l'on touchait sa peau blanche comme du gypse, celle-ci était bel et bien douce et chaude.
Comme si elle était réellement une jeune adolescente.
(... Non, faut que j'arrête d'y penser.)
Takumu arqua légèrement ses lèvres, comme pour se moquer de lui-même.
Il ne pouvait pas la voir romantiquement. C'était ce qu’il lui avait déclaré, alors il ne fallait pas que son attention soit dirigée vers quelque chose d'étrange. Ça serait en quelques sortes, malhonnête. Et bien sûr, il ne fallait pas qu’il ignore leur différence d'âge en apparence. Il ne voulait pas mourir socialement.
- Hm ? Qu'est-ce qu'il y a ?
Dit la voix un peu endormie de Merinoe.
- Non, c'est rien.
Il secoua la tête.
Il n'avait rien de spécial à se reprocher, mais il changea quand même de sujet.
- Ce truc est déjà en marche ?
Demanda Takumu en jetant un coup d'œil à la tenue de camouflage urbain qu'il portait.
- Bien sûr. Que l'on atterrisse au fond de l'océan ou au fin fond de la galaxie, pour toi, ça sera comme si tu étais sur une plaine haute en automne. Imagine qu’on part en pique-nique.
- Merci. J'aurais peut-être dû ramener des sandwichs alors.
Merinoe avait une faculté qui, côté terrien, était catégorisée comme lui permettant de créer de l'équipement.
Comme son nom l'indiquait, ce pouvoir lui permettait de sortir de l'équipement.
Elle disait les sortir de son rêve. Bref, ces équipements dépassaient de loin leurs normes d'origines. Cependant, leur fonction devenait un peu anormale. Si Merinoe créait un vêtement permettant à un terrien de survivre en environnement naturel, alors celui-ci se transformait et devenait capable de faire survivre un terrien dans n'importe quel environnement. De plus, dans le cas de vêtements militaires, les capacités de survie apportées par cet équipement protégeaient encore plus le porteur.
- Je t'aurais bien fait carrément porter krokuus, mais je vais pas tenir debout si je sors ça.
- J'en veux pas, quel idiot porterait ce truc h24.
Takumu renifla, et remit correctement son masque et son appareil respiratoire. Au cas où l'endroit où il atterrirait serait sous l'eau, il avait été sans faille dans les mesures qu'il avait prises afin de se garantir qu'il pourrait respirer sous l'eau.
Les appareils autour de lui commencèrent à gronder.
Leur tempo s’accélérait peu à peu.
- J'ai identifié une distorsion ! Je commence la séquence de démarrage !
Depuis les haut-parleurs, le duo entendit la voix de la femme vêtue de blanc.
- Ah, c'est le moment.
- Préparez-vous à entrer. Je lance le décompte ! 20, 19, 18, 17...
Takumu se pencha pour se courber, toujours avec Merinoe dans ses bras. Étant donné qu'ils ne savaient pas ce qui les attendait une fois là-bas, il fallait pouvoir se préparer à n'importe quel impact possible.
- 13, 12, 11...
Le paysage qui les entourait commença à se distordre légèrement, comme lorsque l'on mettait des lunettes avec une correction inadéquate.
C'était un phénomène de polarisation de la lumière qui survenait lorsque l'espace-temps se distordait. Il s'en suivit un bourdonnement lointain dans ses oreilles. Puis doucement, le bruit était de plus en plus fort.

Tokyo. Il repensa à cette ville.
C'était une ville autrefois pleine de vie. Et en plusieurs sens, l'endroit le plus proche du cœur du Japon. C'était surement pour cela qu'elle était aussi fragile.
Même s’il marchait de nouveau en ce lieu perdu, il n'allait surement rien pouvoir sauver. Mais il pourrait au moins voir de ses propres yeux ce qui s’était passé là-bas, ce qui a disparu, et comment. Il allait pouvoir faire des déductions.
Et, il pourra surement...
La vie de Takumu Azekura qui s'était arrêtée ce jour-là allait peut-être enfin pouvoir avancer de nouveau vers l'avant.

- 0.
Déclara la femme. Et au même moment—
J’ai l’impression de tomber dans un trou, pensa Takumu.
L’impression artificielle de flotter qui se produisait lorsque l'on ne sentait plus la gravité nous tenir.
Au même instant, sa notion du temps s’évapora.
Takumu eut l'impression de voir un torrent de lumière aux couleurs de l'arc-en-ciel lui recouvrir la vue — mais bien évidemment, l'endroit n’était pas rempli de lumières, il n’y avait rien. Il s’agissait là d’un phénomène perçu uniquement par le cerveau de Takumu.
C'était une étrange sensation, celle d'avoir à la fois le corps entier compressé, et à la fois étiré à l'infini.
Il ne sentait pas de douleur, mais une sensation désagréable y ressemblant lui traversait tout le corps.
(Ah ouais, impossible de tenir sans matos ici.)
Le visage grimaçant, Takumu évalua la situation.
Grâce à sa coopératrice, Merinoe, et les effets de son (apparemment) immortalité, Takumu avait obtenu une robustesse qui surpassait celle d'un terrien ordinaire. De plus, les équipements hyper performants de Merinoe n'étaient à l'origine utilisable que par sa créatrice, mais Takumu faisait exception grâce à sa constitution mélangée, et était capable de lui emprunter.
C'était la raison pour laquelle il parvenait à survivre même dans cet endroit.
(Je m'apprête à aller en enfer, alors évidemment que le voyage n’allait pas être de la tarte.)
Il jouait les durs, mais il sera fort Merinoe.
Ils n'étaient pas capables de sortir leur voix, et même s'ils avaient pu, impossible de l'entendre. Mais malgré ça, la chaleur de Merinoe lui parvenait. Il s'en servit pour tenir bon.
Combien de temps avaient-ils passé dans cette position...



Ses cinq sens récupérèrent leurs capacités.

Une nouvelle impression de flottement, mais cette fois-ci, avec ses sens revenus.
- Ugh.
Il tomba d'un peu plus d'un mètre de haut sur du sol qui ressemblait à de l'asphalte, sur les épaules. Takumu roula pour diminuer l'impact. Il avait mal, mais pas assez pour que ce soit un problème.
- Uuuh.
Il sentait de l'air sur sa peau. Cette brise légère était agréable.
Derrière ses lunettes de protection, il ouvrit doucement les yeux.
- ...
Il regarda le paysage qui l'entourait.
- ... Pardon ?
Le choc de l’impact avait un peu paralysé ses oreilles, mais elles reprenaient peu à peu leur fonction.
Il commençait à entendre tous les bruits autour de lui.
- Qu'est...ce que c'est ce bordel...
Des murs en béton pas très haut. De vieilles maisons en bois. Des immeubles endommagés. Juste à côté de lui, un immeuble résidentiel à 2 étages qui semblaient avoir été reconstruits il n'y a pas si longtemps. Un parking à abonnement mensuel désert. Un distributeur automatique de boissons. La pancarte d'une grande chaine de pharmacie.
Surpris par l'apparition soudaine d'un mystérieux adulte tombé sur le bord de la route, plusieurs élèves d'écoles primaires qui semblaient être sur la route pour aller à l'école s'arrêtèrent. Ils lui jetèrent un rapide coup d'œil, chuchotèrent quelque chose entre eux, et reprirent leur marche en regardant ailleurs.
À travers une fenêtre ouverte quelque part, on entendait le bruit d'une télévision. Peut-être était-ce une émission de variétés, la voix de plusieurs personnes explosant de rire résonna.
Et un peu plus loin, la voix pleine d'énergie d'un bébé qui pleurait.

Un matin tranquille—
C'était la seule façon pour lui de décrire le spectacle très ordinaire de ce quartier résidentiel qu’il avait en face de lui.