Stereopticon Rotation Une vie changée
Près de 10 hommes armés étaient rassemblés à l'extérieur des bureaux.
Takumu reconnut l'un d'entre eux, un détective privé, et s'approcha de lui.
- Salut. Le boulot est fait. Pour la paie, envoie-la sur le même compte que d'habitude.
- Compris. Merci pour ta coopération, Azekura.
Ce détective à la tête quasiment à moitié robotique répondit avec une voix digitale un peu grésillante.
Depuis ces dernières années, la privation de la police avançait sans encombre. Le maintien de l'ordre public était le travail des entreprises, et le travail de garde de la loi, celui des détectives privés. Il y a longtemps, un tel spectacle du quotidien était impensable dans ce pays.
- Je lui ai aussi mis les menottes. Désolé, je t'ai pris ton grand moment.
- N'en dis pas plus. De toute façon, à partir du moment où elle a déployé une cabine, on ne pouvait plus rien faire.
Il afficha une expression de colère sur sa visière, et manifesta de la frustration à l'aide d'un timbre de voix grinçant.
- Il n'y a rien de plus casse-pieds que les délits commis par les Visiteurs.
- Même à l'échelle de la galaxie, t'en vois pas souvent des délits pas casse-pieds.
Dit Takumu avant de hausser les épaules.
- C'est toujours la même chose, peu importe le cas. Ceux qui peuvent agir agissent, et ensuite on règle le problème comme on peut. Autrement dit, si ça roule, pas de soucis. Tant que les bonnes personnes sont aux bonnes places, tout va bien. Je me trompe, monsieur le policier ?
- ... C'est du sarcasme ? Ou des encouragements ?
- Je te laisse y réfléchir.
Takumu haussa les épaules une nouvelle fois.
- Si on parle de ça, alors moi aussi je vais te rappeler ce dont on a discuté la dernière fois. Il reste encore un poste important dans notre entreprise, au secteur du maintien de l'ordre, tu sais…
Takumu sortit son téléphone portable de la poche de son manteau et regarda l'écran avec exagération, comme pour interrompre le détective.
- Ah, j'ai bien reçu le versement. Sur ce, on va te laisser.
Il lui tourna le dos, comme pour prendre la fuite.
- ...Je vous jure.
Après un soupire bien courtois, le détective privé se dirigea vers les bureaux.
◇
Apparemment, pour les Visiteurs, l'espèce humaine était la meilleure combinaison spatiale possible.
Les terriens n'étaient pas capables de vivre correctement en dehors de la Terre, et la même chose était vraie pour les Visiteurs, pour qui la Terre était une planète sur laquelle il était difficile de vivre.
Les terriens, et étrangement juste les humains terriens, étaient capables de leur servir d’équipement.
La procédure pour porter cette combinaison était simple. Même avec un simple contact physique, des effets minimums étaient garantis. Avec un contact un peu plus profond qu’une simple touche, comme vivre ensemble, le Visiteur et la combinaison humaine pouvaient rester connectés longtemps même éloignés.
Juste avec ça, les formes de vie des terriens et des Visiteurs se mélangeaient un peu l’une et l’autre. La constitution du Visiteur se rapprochait juste un peu de celle du terrien, et la constitution du terrien se rapprochait juste un peu de celle du Visiteur. En se mélangeant à un terrien, le but était de rendre les Visiteurs non mixés capables de survivre à l'environnement dangereux qu'était celui de la Terre pour eux...
Alors les Visiteurs se rapprochaient des terriens.
Alors les Visiteurs essayaient de vivre avec les terriens.
- ...Ça ne m'étonne pas que les délits commis par les Visiteurs augmentent.
Se plaignit Takumu en regardant attentivement le feu rouge depuis l'intérieur de sa voiture.
Il était justement en train de se dire qu'il faisait froid, et voilà qu'il commençait à neiger. Il ferma la fenêtre.
- Hm ? De quoi tu parles ?
Questionna la jeune fille à moitié endormie sur le siège passager en se frottant les yeux.
Cette jeune fille du nom de Merinoe avait l'apparence d'une terrienne, mais il s'agissait d'une Visiteuse en chair et en os. Elle était la partenaire de Takumu, et donc leur constitution physique s'était quelque peu mélangée l'une à l'autre.
Si on suit la logique évoquée un peu plus tôt, alors elle portait Takumu.
- Je disais que tant que les Visiteurs mettent la main sur un terrien au hasard, ils peuvent se déplacer librement sur cette planète. Alors évidemment que les gus comme tout à l'heure ne sont pas en baisse. Au final, la morale, la loi et je ne sais quoi, ce ne sont que des feux rouges. Évidemment, t'en as qui vont freiner, mais t'en as aussi forcément qui vont appuyer sur le champignon.
- Hmm.
La jeune fille prit une tête pensive.
Elle sortit un carnet, et tourna quelques pages.
- Pendant le combat, j'ai jeté un petit coup d'œil à la base de données de cette entreprise.
- De quoi tu parles ?
- Il restait pas mal de choses sur le serveur mail. Tu sais, l'employée fusionnée avec Kuuhabain ? Apparemment, son supérieur la harcelait. Ses collègues qui ne l’aimaient pas l'ont un peu donné en sacrifice à ce supérieur.
- ...OK, c'est une histoire à rendre malade, et alors ?
- La question, c'est qui voulait vraiment saccager l’endroit. C'était une façon grossière de faire, mais tu ne penses pas que Kuuhabain souhaitait juste exaucer le vœu de son amie ?
Takumu réfléchit un peu, avant de pousser un long soupir.
- Tu veux dire que Kuuhabain ne la considérait pas que comme une simple combinaison ?
- Oui. On se connait depuis longtemps nous deux, mais j'ai l'impression qu'il y a un malentendu de ce côté-là.
Après un signe de la main, son carnet disparut.
- Nous avons des façons différentes de l'exprimer, mais tout le monde, sans exception chez nous, aime les humains.
- ... C'est la déclaration d'amour la plus désagréable de l'histoire.
- Je ne blague pas, tu sais ?
- Bah oui, je sais que t’as pas ce genre d'humour, et je doute pas non plus de ce que tu dis. Mais comprends-moi bien, des gens qu'on connait pas bien viennent chez nous sans être invités et nous sortent qu'ils nous aiment. Dans nos standards moraux, ça compte comme de la persécution.
- De la persécution ?
- Au Japon, le projet de loi sur la réglementation des harceleurs a été adopté en 2000. Et vous, vous avez débarqué en 2002. À l'époque, si nos instances judiciaires avaient été fonctionnelles, avec juste l'amende et les travaux que vous auriez pris, ça aurait surement fait tourner le pays pendant plusieurs années.
Haha. Takumu se moqua de sa propre blague stupide.
Le feu changea de couleur. La voiture avança doucement.
La ligne d'immeuble de son côté gauche prit fin, dégageant ainsi la vue.
Illuminé par le soleil couchant, l'océan brillait d'une couleur violette.
- Qu'il y ait de l'amour ou non, le blessé dans l’histoire n'en a rien à faire de ça.
Takumu jeta un coup d'œil à cet océan, qui était autrefois appelé Shinjuku, et força ces mots à sortir de sa gorge.
◇
La voiture roulait.
Les lumières éclatantes de la ville s'éloignaient.
Une fois que l'on quittait les quartiers bondés, le calme regagnait la ville. La voiture entra dans un coin avec de vieux immeubles dont le loyer semblait peu cher (et c'était le cas).
Le bureau de médiation de Takumu Azekura s’y trouvait.
Il ouvrit la porte de son restaurant favori.
Il fut accueilli par de forts éclats de rire. Visiblement, il était venu à une heure où il y avait du monde. De nombreux travailleurs qui vivaient dans le voisinage étaient présents. Chacun d'eux tenant la chope d'une bière bon marché, et complètement ivre.
Un tiers d'entre eux avait une partie robotique visible. Jusqu'à peu, on les regardait bizarrement, mais l'Homme était un être vivant fait pour s'habituer, et maintenant, au contraire, cette robotisation était une sorte de signe branché. Il y avait une tendance à considérer la robotisation comme étant une forme d'expression de soi. Ceux qui ont remplacé des parties de leur corps à cause d'une blessure ou maladie, ceux qui se sont eux-mêmes implantés des fonctionnalités pour le travail, ceux qui se sont remodelés, car c'était à la mode. Les circonstances étaient nombreuses, mais en tout cas, ils n'étaient plus rares de voir ce genre de personnes.
- Oh, Azekura, Meri ! Venez par ici aussi ! J'ai une histoire marrante à vous raconter !
Dit l'un des hommes ivres à haute voix, le bras droit métallique levé.
- Tu me casses les oreilles, de toute façon, tu vas encore me parler de ta femme ! Laisse-moi manger tranquille !
Takumu refusa l'invitation et s'assit à une table proche.
- Oh, vous êtes là. Pas trop fatigués de votre journée ?
La voix enjouée de l'employée modèle du restaurant qui tenait le menu dans ses mains lui parvint.
- J'ai entendu dire qu'il y a eu une sacrée bataille, au final ! Tu n’es pas blessé ?
- T'es déjà au courant...disons que je me suis pris un petit coup.
Il tourna son épaule afin de vérifier comment allait l’endroit qui avait reçu le coup. Il sentait encore une petite douleur, mais pas plus. Les os et nerfs n'avaient rien.
- C'est rien, demain ça sera passé.
- Je vois qu'on joue les durs. Tu devrais te faire examiner, si tu n'y vas pas, le médecin va encore te passer un savon, tu sais ?
- Ouais, ouais, quand j'aurais le temps.
Répondit-il évasivement en haussant les épaules, avant d'ouvrir le menu.
- Je te jure, tu dis tout le temps ça...tu donnes toujours tout, mais c'est pas bon pour le corps d'en faire trop...ah.
Takumu grimaça légèrement. L'employée réalisa qu'elle avait fait une remarque déplacée, et se tut.
Pour Takumu Azekura, Donne tout était une phrase taboue. Ces mots étaient liés à son passé quelque peu douloureux. C'était quelque chose que savaient tous ceux qui le connaissaient.
- ...heu, dans ce cas...tu devrais...heu...
La jeune serveuse regarda ailleurs, et dit avec beaucoup d'entrain, comme si elle s'était décidée sur quelque chose.
- Aller te changer les esprits au moins, t'en penses quoi !? Heu, il y a un grand dream theater qui a ouvert du côté du Totsuka, et quelle chance, j'ai justement 2 tickets pour...
- Désolé.
Il ne la laissa pas terminer sa phrase.
- Je suis pas d'humeur à ça. La prochaine fois, d'accord ?
- ...Ça marche.
Elle était clairement déçue.
Takumu passa sa commande, tout en faisant semblant de ne rien avoir remarqué.
- Enfin, je m'en doutais. Bon sang. Un jour, j'arriverais à le faire tomber sous mon charme...
Il l'entendit se plaindre à petite voix. Et une nouvelle fois, il fit semblant de ne pas avoir entendu.
Il versa une énorme quantité de daïkon râpé sur son poisson grillé bien cuit et y ajouta quelques gouttes de sauce soja. Il découpa son poisson en petit morceau, le plaça sur son bol de riz, et engloutit le tout à pleine bouche.
Un délice.
Les Visiteurs ont changé énormément le monde. La façon de se nourrir était l'un des meilleurs exemples. Leur technologie permettait désormais de renforcer les 5 cinq sens, et ainsi, des aliments stimulants ou pratiques à consommer et autres furent créés les uns après les autres, et la majorité des humains s'étaient mis à les consommer selon leurs préférences. On était capable de produire en masse les aliments dont il était possible de recréer le gout, l'odeur, la consistance, la texture, et la sensation de passage à travers la gorge. Et si ces aliments étaient productibles en masse, alors tout le monde pouvait en profiter à bas prix. Voilà à quoi ressemblait l’industrie de consommation actuelle.
Cependant, ce n'était pas le cas pour tout le monde. Il y avait un certain nombre de personnes qui gardaient leurs 5 sens originaux et qui désiraient la même alimentation qu'à l'origine. Et heureusement, la technologie des Visiteurs avait apporté une force de production plus que suffisante pour l'humanité, notamment grâce à des solutions aux problèmes énergétiques et environnementaux. Ces besoins de la minorité, qui d'ordinaire auraient été ignorés sur le champ, ont pu servir de prétexte au maintien de la production d’origine et du flux de distribution d'antan.
L'explication était longue, mais en gros, le point était que même si le monde n'était plus du tout le même qu'avant, un menu avec un délicieux poisson grillé (et possibilité de redemander du rab une fois pour la sauce soja et une fois pour le riz) était parfaitement mangeable de nos jours.
- On s'ennuie avec toi.
Marmonna la jeune fille.
- Comment ça ?
- Je parle de ce que tu viens de dire à la serveuse.
Se plaignit Merinoe, tandis qu'elle mangeait une omelette de riz.
- Ce n’est pas comme si tu n'avais pas remarqué. Il est clair qu'elle est attirée vers toi en tant que femelle. Peu importe ce que tu fais de ces sentiments, tu ne penses pas que tu pourrais me montrer quelque chose d'un peu plus romantique que ça ?
- Vraiment désolé de trahir vos attentes, très chère.
- Tu n'es pas mal à l'aise avec les femmes, non ? Il y a peu, tu t'amusais encore avec la gent féminine. Tu n'es quand même pas déjà à sec à ton âge ?
- Et puis quoi encore, bien sûr que non.
Il engloutit tout le petit bol d'épinard dans sa bouche.
Et l’avala.
- J'arrive pas à avoir envie d'une relation sérieuse. Alors c'est non si la fille a l'air d'être sérieuse. Je me tiens à cette ligne, alors te fais pas de films. Et puis me parle pas d'être à sec avec ta tête, j'ai pas envie de m'imaginer des choses.
- C'est l'excuse de ceux qui ont pris trop leur distance avec les femmes, et trop confié leurs rêves aux jeunes filles.
- Tais-toi.
Je n'arrive pas à avoir envie d'une relation sérieuse.
Ce n'était pas un mensonge. Mais pour une explication, elle n’était pas complètement suffisante.
Takumu Azekura avait surement abandonné ce sérieux derrière lui il y a bien longtemps.
À l'époque, Takumu était un lycéen.
Il était en pleine adolescence. Il éprouvait ces sentiments que tous les adolescents éprouvaient à son âge. Des sentiments amoureux. Et pour une fille de première.
Cette source d'énergie brulante en lui était sur le point de le faire passer à l'action. Il s'apprêtait à faire cette fameuse déclaration d'amour que les adolescents de son âge faisaient aussi. Il avait été jusqu'à donner rendez-vous à cette fille vendredi, pour lui parler.
Ce vendredi n’arriva jamais.
Le lycée qu’il fréquentait, celui relié à l'université de Saihoku, se trouvait dans le quartier de Shinjuku, à Tokyo. La fille en question habitait à quelques stations de trains plus loin, quartier Shibuya. Et ces quartiers disparurent tous deux le jour venu.
Ce n'était pas comme si Takumu ne s'était pas encore remis de ce choc. L'adaptation à cette nouvelle Terre qui avait accueilli des Visiteurs, et devoir vivre une nouvelle vie. C'était ce que faisait la grande majorité de l'humanité, et Takumu aussi.
Il aimait pas mal sa vie en tant que médiateur.
Mais c’était deux choses différentes.
Le présent était le présent, et le passé, le passé. Nombreuses étaient les choses qu'il n'était pas parvenu à récupérer et celles qu'il avait abandonnées sans jamais se retourner. Aujourd’hui, elles lui laissaient encore un vide creux au fond de lui.
- Je vois que l'argumentaire est ton fort.
Merinoe lécha les grains de riz sur ses doigts.
- Ça me parait assez lâche d'utiliser cette excuse pour refuser une invitation.
- Ts.
Ne lis pas dans mes pensées. Et n'appuie pas là où ça fait mal, objecta-t-il dans sa tête.
- Que tu veuilles rester fidèle à cette fille d'autrefois, pourquoi pas. Mais ce n'est pas pour autant que c'est un crime d'aller juste une fois au cinéma. Tu sais ce qui était écrit sur la plaque retrouvée à Sinaï, non ? « Même si tu ne cherches pas à avoir un harem, tant que tu es sur la route commune, il n’y a aucun problème à se faire aimer de toutes les filles. »
- N'importe quoi. Va faire tes excuses au livre de l'Exodus.
Merinoe racontait souvent des choses qui n'avaient pas de sens. Takumu avait bien compris que le mieux était de ne pas chercher plus loin dans ces moments-là.
- Ou alors, tu vas me dire qu'à la fin, c'est moi que tu comptes choisir ?
Elle afficha un sourire d'autosatisfaction.
- Pardon ?
- Je te comprends. Évidemment que tu ne vas pas regarder ailleurs avec une fille aussi dévouée et mignonne que moi à tes côtés. Haha, les hommes seraient prêts à s'entretuer pour moi.
Dit-elle en se tortillant.
- Idiote.
En réalité, elle n'était pas complètement à côté de la plaque.
Elle était effectivement dévouée, mignonne, et en plus de ça, elle était sympathique. Il passait un moment agréable quand il était avec elle. Même son insolence et son côté insensible étaient tolérables. Autrement dit, il ne trouvait rien à redire sur elle en tant que partenaire. Évidemment, pas dans le sens sexuel. Il voulait éviter un malentendu bizarre entre eux, alors il ne comptait jamais lui dire ce qu’il pensait réellement.
Et ses prochains mots étaient tous trouvés.
- Dans tes rêves.
Répondit-il avec fermeté.
- Les gamines m'intéressent pas. Reviens quand t'auras 2 fois plus de poitrine et de fesses.
- Oh ? J'ai bien entendu ?
Ses yeux semblaient avoir scintillé une seconde.
- Si je double la taille de ma poitrine et de mes fesses, tu deviendras fou de moi, c'est bien ça ? Tu as intérêt à tenir ta parole alors.
- Non, attends ! Sérieux, tu vas pas...
- Ça va prendre du temps, mais si c’est juste changer l’apparence de cet avatar, ça devrait aller. J'aime ce corps, mais si je peux gagner ton amour, alors ce n’est pas un sacrifice cher payé.
Il scruta Merinoe.
Bon, je le reconnais. Elle a un beau physique. Sa beauté est même surréaliste.
Elle était trop jeune pour être une adulte, et trop mature pour une enfant. Elle avait des bras blancs et minces, tout comme ses jambes, mais avec suffisamment de chair pour ne pas inquiéter ceux qui la voient. Elle avait aussi des cheveux argentés qui brillaient mystérieusement, ainsi que des yeux couleur or scintillants d'une lueur enchanteresse, et plein d'autres détails encore.
Par le passé, elle avait raconté à Takumu que c'était comme les dessins de jolies filles. Dans le sens où elle était différente des personnes ordinaires, qui, elles, avaient une apparence seulement après avoir eu un corps. Dans le cas de Merinoe, elle avait d'abord configuré son physique, et ensuite ajusté le contenu de son corps. Elle disait vouloir quelque chose d'un peu divin dans l'impression dégagé, et très mignon. Enfin, Takumu n’avait pas bien compris ce qu’elle racontait.
Après s'être souvenu de tout ça, il tenta de s'imaginer.
Supposons que son corps soit, comme elle le dit, modifiable. À quoi elle ressemblerait si on augmentait du double juste son tour de poitrine et ses fesses...
- Aaaaaaaaaaattends ! Fais pas ça. Fais pas ça. Fais pas ça. Je retire ce que j'ai dit.
Il agita les mains en panique.
- T’es bien comme tu es. Restes comme ça s'il te plait. T'es mignonne, vraiment. Sérieux, change pas.
- Mais tu disais que ça ne t'intéressait pas les petites poitrines, non ?
- C'est-à-dire que, heu, tu vois, on n’a pas ce genre de relation nous deux, on est PARTENAIRE, c'est quelque chose de bien plus fort qu'une simple amourette folle. J'ai pas raison ?
- Hmm. Si tu veux à ce point que je reste pareil, ça me va aussi.
Merinoe plissa les yeux avec malice, et mangea une bouchée de son omelette au riz.
- Au fait, je peux commander un dessert, aujourd'hui ?
- ...Fais-toi plaisir.
Acquiésa Takumu à contrecœur. Il regarda le menu et trouva le désert que Merinoe allait surement commander. Anmitsu super jumbo, Édition Paradis ~ Pour une saison colossale, quoi de mieux que des ankos ! ~ La taille de la portion ressemblait à une blague. Le prix ressemblait à une blague. Et probablement la quantité de calories aussi ressemblait à une blague. Juste voir l'image lui donnait des crampes à l'estomac.
Soudain, la poche de Takumu trembla légèrement.
- Hm ?
Il sortit son vieux téléphone, et lit le message. Pas lui, murmura-t-il.
- Désolé, ça sera pour la prochaine fois les anmitsus.
- Pardon ?
- Je viens de recevoir un message. Todoroki nous demande de venir.
Il soupira.
- Il nous dit de grouiller. On dirait bien qu'il va encore nous refiler un boulot casse-pieds.