Sword Art Online:Affrontement à Algade

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ME6 : Affrontement à Algade[edit]

Aincrad, 22ème Étage, octobre 2024


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Un certain soir, quelques jours après le début de ma vie conjugale avec Asuna, dans la maison de bois entourée par les épaisses forêts du 22ème étage de l’Aincrad.

Alors qu’on parlait des lieux visités au cours de la journée et des plats qu’on avait mangé, assis sur le canapé en face de la cheminée, une idée traversa l’esprit d’Asuna.

« Hey, Kirito-kun. Je pense que, peut-être que cette personne n’était pas un PNJ mais un joueur… »

« … Hein ? »

Ne comprenant pas de quoi elle parlait, ma bouche resta légèrement entrouverte.

Assise à côté de moi sur le canapé, ses lèvres continuaient de siroter sa tasse de thé.

« Eh bien, ce restaurateur, j’étais sûre et certaine que c’était un PNJ… Mais aujourd’hui, d’une certaine manière, en repensant à son visage, j’ai subitement pensé que cette personne était en réalité un joueur. »

Le sujet de notre conversation était un restaurant. Il était situé au fin fond de la partie inférieure de la ville principale du 50ème étage : Algade. Si nous devions y aller sans carte, non seulement arriver à destination serait difficile, mais le retour le serait aussi. En fait, « restaurant » n’était pas le terme approprié pour le décrire, « magasin d’alimentation » lui conviendrait mieux. Son nom était « Algade House ».

On avait l’impression que le bâtiment allait s’effondrer à la moindre rafale de vent. Un rideau servant d’enseigne était accroché à la porte d’entrée coulissante. L’intérieur était recouvert d’un sol de pierre… ou plutôt, d’un sol en béton nu, il y avait quatre tables ainsi que quatre sièges au comptoir. Tous les meubles avaient une allure bon marché, mais ce n’était pas comme s’ils avaient été placés de manière à les faire paraitre encore moins cher.

Dans le menu, il y avait seulement 3 plats. « Algade Soba », « Algade Grillé » et « Algade Bouilli », aucun d’entre eux n’avaient le moindre signe de créativité dans leur nom. C’étaient, dans l’ordre du menu, des rāmen qui ne ressemblaient pas à des rāmen, de l’okonomiyaki qui ne ressemblait pas à de l’okonomiyaki, et pour le dernier, je n’avais toujours aucune idée de ce que c’était supposé être.

La commande était cuisinée par le propriétaire lui-même. Quand Asuna a dit « restaurateur », mon esprit a imaginé ce petit chef avec une veste de cuisinier et une toque blanche, un visage rond sans âge caché par une frange. J’ai finalement répondu.

« …J-Joueur ? … mais cette personne ne dit jamais rien… »

« Au moins, il dit "Bienvenue" et "Merci". »

« C’est normal pour un PNJ. … en plus, si tu le cible avec le curseur… »

En disant cela, j’ai remarqué quelque chose.

Il y avait une distinction bien définie entre un joueur et un PNJ, en concentrant son regard sur une cible, le « curseur coloré » apparaissait. Même si pour les deux il était vert, pour un PNJ, sous la barre de PV était affiché clairement [PNJ]. Mais cette méthode de distinction ne marche pas dans le magasin qui est classifié comme « intérieur de bâtiment » par le système. Surement parce qu’il serait impossible de manger tranquillement si le curseur s’affichait à chaque fois que l’on regardait quelqu’un, donc, même si je me concentrais sur le restaurateur, je ne verrais aucun curseur.

Mais normalement, personne ne se soucie d’identifier un PNJ parce que c’est évident au premier regard. Contrairement aux humains de chair et de sang bougeant grâce au Nerve Gear, les PNJ contrôlés par le système avaient des caractéristiques uniques. Etant emprisonné dans SAO depuis deux ans, il était simple de savoir si les autres personnes étaient des joueurs ou des PNJ sans même y réfléchir… alors que je méditais sur le sujet, mon cerveau analysa encore une fois la silhouette sombre du propriétaire de l’Algade House.

Alors mes yeux s’écarquillèrent de stupéfaction.

« … C’est mauvais, d’une manière ou d’une autre, je n’arrive pas à être sûr. »

« … N’est-ce pas ? »

Asuna a souri joyeusement pour quelque raison.

Son sourire, qui n’avait pas changé depuis notre première rencontre, a transpercé mon cœur, à chaque fois que ça arrive, je tends toujours la main vers elle avec une sorte de vertige. Mais cette fois, le visage du restaurateur qui flottait dans mon esprit m’en empêcha.

Je me suis gratté la tête pour évacuer cette image déplaisante.

« Non, mais est-ce possible qu’on ne puisse pas identifier si quelqu’un est un joueur ou un PNJ ? Je suis sûr qu’il existe un moyen simple de vérifier… »

« Que penses-tu d’observer sa réaction après l’avoir attaqué ? Mais si on utilise une méthode aussi irresponsable et qu’il s’avère être un joueur, on ne pourra plus retourner à ce restaurant… Enfin, si c’est ça, je ne pense pas que je voudrais y retourner de toute façon. »

« Non, ça me gêne, ça me gêne vraiment. »

Asuna secoua rapidement la tête et soupira.

« … Kirito-kun, qu’est-ce que tu peux bien aimer dans cette boutique ? Ça fait six mois depuis que tu m’y as emmené pour la première fois. Vraiment, je ne comprends pas… »

« Ah, pour ça, moi-même je ne sais pas la raison. L’atmosphère est inamicale, la nourriture est mauvaise… mais de temps en temps, je ne peux pas résister au besoin d’essayer ces mystérieuses rāmen encore une fois. »

« Ce ne sont pas des rāmen, … Eh bien, pourquoi on ne demande pas tout simplement ? Etes-vous un PNJ ou un joueur, comme ça. »

Ayant déjà considéré cette idée quelques secondes auparavant, j’ai secoué la tête.

« Nope, ça ne marchera pas. La froideur de ce restaurateur est équivalente à celle de dix Heathcliffs. Je suis sûr que la question sera ignorée. Eh bien, cet endroit a aussi ses bons côtés. »

« V-Vraiment, … bas laissons ce mystère de côté. Désolé d’avoir commencé ce sujet bizarre. Tu veux encore des cookies ? »

Après avoir dit ça, Asuna se leva, mais je ai rapidement attrapé sa main gauche et je l’ai tirée vers moi.

« … Non, je ne peux pas abandonner comme ça. »

« Eh ? »

«  Ça me perturbe et je n’aime pas ça, je ne peux pas retourner au front tant que je ne sais pas si ce commerçant est un humain ou un PNJ. »

En entendant mes paroles, « Ne dit pas des choses comme ça ! » était clairement affiché dans l’expression d’Asuna, mais elle se rassit sans le dire.

« … Mais, dans ce cas, qu’est-ce qu’on doit faire ? Je ne connais aucun moyen de le confirmer et lui demander est aussi hors de question, pas vrai ? »

« Nope, il y a un moyen. Pour faire court, juste voir le curseur quand il est en dehors de sa boutique est suffisant. Si c’est un joueur, il a surement besoin de sortir acheter des ingrédients, et les PNJ ont aussi un comportement spécifique comme le nettoyage de l’extérieur du magasin. »

Asuna grimaça et essaya encore une fois de s’éloigner du canapé, mais je l’ai attrapée par ses épaules et j’ai annoncé.

« Ok, demain on va s’installer là-bas à six heures du matin. Il y a un passage désert à côté, on n’attirera aucun soupçon si on observe depuis là. »

« … Il va faire froid, très froid. »

« Oui, on va avoir besoin d’un équipement résistant au froid ! Je suis sûr qu’on a ce qu’il faut dans notre inventaire, et on fera des lunch-box avec des aliments qui boostent la résistance au froid. Avec ça, on aura tout ce qu’il faut, je te laisse préparer Asuna ! »

Ecoutant mes paroles, Asuna fit une drôle d’expression avant de répondre avec un « Oh~ ». Mais l’enthousiasme semblait absent pour je ne sais quelle raison.


Le jour suivant.

Alors qu’il faisait toujours nuit, avec nos épais manteaux de fourrures, nous nous sommes installés à notre point d’observation sur le pont piéton en face de l’« Algade House ».

Six heures plus tard.

Nous avons été forcés de nous retirer après avoir admis que cette méthode ne nous mènerait à rien.


« … Il n’est pas du tout sorti ! »

Dans un café ouvert le long de l’avenue principale, Asuna ronchonna après avoir rapidement bu son lait chaud et reposé sa tasse sur la table.

« Même avant ça, le rideau enseigne avait été laissé dehors durant la nuit, et il n’y avait aucune indication sur un quelconque nettoyage extérieur non plus. J’en ai marre ! »

« … Vraiment désolé pour ça. »

Je devrais commencer par m’excuser auprès du restaurateur.

Le niveau de léthargie de l’Algade House était plus élevé que je ne le pensais. Le commerçant n’est pas sorti une seule fois pour acheter des provisions ou nettoyer la devanture. Le seul changement notable qu’on a pu observer fut la plaque sur la porte coulissante qui passa de [Fermé] à [Ouvert] à dix heures. Bien sûr, cette action n’était pas suffisante pour déterminer un joueur d’un PNJ.

« … Hmm, mais ses provisions vont peut-être s’épuiser… Alors il devra surement sortir pour refaire son stock… »

Après avoir marmonné ceci, Asuna répliqua avec un regard perçant.

« … Donc, tu veux vraiment attendre que ça arrive ? Si tu y réfléchis, ce restaurant n’a pas un seul client, combien de jour ça va prendre pour épuiser ses ingrédients ? Je ne serais même pas surprise si ça lui prend plusieurs semaines ! Je ne vais pas attendre pour vérifier ! »

« D-Désolé… »

Je me suis encore excusé, réfléchissant désespérément.

Quelque chose… il doit y avoir une solution. Un moyen de confirmer si c’est un joueur ou pas, sans lui faire faire un seul pas hors de la boutique.

Si on n’était pas capable d’identifier la personne, qu’en était-il du restaurant ? Y avait-il un moyen de déterminer si c’est le magasin d’un joueur ou celui d’un PNJ ? On verrait clairement l’action des joueurs si on contemplait les élégants bâtiments de la rue de Salemburg. Mais c’était Algade, la ville la plus chaotique de l’Aincrad, il y avait plein de sombres boutiques similaires dans les rues arrières.

Ce n’était pas bon. Faire partie du Groupe des Conquérants de l’Aincrad depuis deux ans, obtenir ce titre d’« épéiste noir », mais être incapable de distinguer si cette personne était un joueur ou un PNJ. C’en était presque drôle.

Un sourire d’autodérision flottait sur mon visage lorsqu’une idée jaillit dans ma tête.

« C-C’est ça ! »

« … Quoi ? »

Malgré le regard sceptique que me jetait Asuna, j’ai déballé mon idée.

« Si son stock ne baisse pas, on a qu’à l’épuiser nous même ! Ecoute, pour les magasins de PNJ, le terme rupture de stock n’existe pas, la nourriture se contente d’apparaitre dans la cuisine. Mais un magasin de joueur est différent, le propriétaire doit acheter son propre stock et les autres aliments ne peuvent pas être cuisinés. Ce qui veut dire… »

A ce point, Asuna se leva soudainement et tenta de s’échapper précipitamment.

Mais mon choix d’augmenter principalement mon Agilité montra ses résultats, j’ai agrippé sa main avant qu’elle ne parcourt la moindre distance.

« … On doit juste manger ! N’importe quoi dans le menu de ce restaurant ! »

« Je veux pas ! Et si c’est un restaurant de PNJ ? On va juste se retrouver avec une quantité infinie de nourriture, non ? »

« C’est ça, alors nous saurons que c’est un PNJ, non ? Allons-y maintenant ! Cependant, il reste un problème… Quel plat devons-nous choisir dans le menu. « Algade Soba », « Algade Grillé » ou « Algade Bouilli »… Asuna, qu’est-ce que tu préfères ? »

Sous-chef de la guilde des Knights of Blood, l’épéiste à la rapière surnommé « l’Eclair » ma lança un regard qui semblait presque capable de percer un trou dans mon front lorsqu’elle entendit ma question.

Après un moment, elle se rassit sur sa chaise et dit.

« Bouilli, c’est totalement hors de question… le Grillé contient de temps en temps des trucs bizarres donc non pour lui aussi. »

« Donc le Soba. Ouai, c’est celui qui convient le mieux à ce challenge, parce que c’est aussi celui qu’on a mangé la première fois où on y est allé. »

« … C’est vrai, mais on n’avait pas invité le chef de guilde à l’époque ? »

Alors que j’essayais sérieusement de me rappeler, Asuna secoua aussitôt la tête.

« Je plaisantais. Bon, quand allons-nous le faire ? »

J’ai souri en me levant et j’ai dit.

« C’est parfait, on n’a pas encore mangé. »


Quelques minutes plus tard.

Asuna et moi étions devant le restaurant. Ma main gauche écarta le rideau enseigne tandis que ma main gauche ouvrait la porte coulissante.

« Bienvenue. »

La voix familière qui nous accueillit depuis le comptoir n’était nulle autre que celle du propriétaire. Je me suis assis au comptoir à la place de ma table habituelle. Aussitôt qu’Asuna se fut assise à mes côté, j’ai commandé.

« Deux Algade Soba. »

Le commerçant prépara les bols sans même répondre, remuant deux mystérieuses boules dans une grande marmite. Avec ces actions, il était toujours impossible de déterminer si c’était un joueur ou pas. Après un moment, le cuisinier utilisa deux longues baguettes pour mettre les nouilles ramollies dans les bols. Le rinça à l’eau froide qui était obligatoire dans le monde réel ne semblait pas nécessaire ici. Il plaça une fine tranche de viande, un morceau de légume bouilli et un demi-œuf dur, puis il versa la soupe jaune luisante dans les bols.

Les deux bols étaient alignés sur le comptoir, un effet sonore retentit lorsque j’ai sorti le Soba de mon inventaire.

Nous avons tous les deux pris des baguettes avant de déclarer « Itadakimasu » d’une même voix. C’était le début du premier round de la bataille.

Dans la cuisine de l’Aincrad, le goût est recréé à partir des donnés préprogrammées des saveurs de base, cependant, en ajoutant des assaisonnements, ces saveurs pouvait être personnalisées encore plus. Par exemple, le ragoût à brun, qui fait la fierté d’Asuna, est créé grâce à un léger mélange d’épices qui étaient programmées sur le goût d’une sauce cuisinée. En d’autres mots, avec l’aide du joueur, les saveurs d’un aliment pouvaient s’accentuer, et dans la majorité des cas, enrichir le goût.

Mais ça serait presque un miracle si la sensation de « Il n’y a même pas un seul goût » de l’Algade Soba ait été créé des mains d’un joueur. Même si la soupe avait été assaisonnée, c’était comme si l’intensité du goût avait été diluée dans une autre dimension, c’était comme un dessin dont l’arrière-plan était très marqué mais où le sujet était inexistant.

Peut-être que ce qui m’avait fait revenir ici était cette absence de saveur, attendant le moment où ce plat serait « Complété », ou une autre espérance toute aussi futile dans ce genre… Mais bien sûr, je savais en quelque sorte que ce moment n’arriverait jamais.

Alors que j’étais perdu dans mes pensées, Asuna, dont l’expression se traduisait clairement par « Pourquoi est-ce que ça m’arrive à moi », mangeait toujours à côté de moi. Nous avons terminé en même temps.

J’ai reposé les bols vides sur le comptoir et j’ai alors demandé.

« … Encore deux Algade Soba. »

Il y a eu comme une légère pause dans les mouvements du cuisinier, mais c’était probablement juste mon imagination. Le visage rond de l’homme dans les trente-quarante ans n’affichait pas la moindre expression. Le commerçant jeta deux boules de nouilles dans la marmite.

C’est à partir de là que la bataille sans fin entre nous et le chef a commencé.

Evidemment, peu importe ce qui est mangé dans l’Aincrad, il n’y aura pas la moindre chose qui entrera dans les estomacs de nos corps réels. Mais le système de reproduction des goûts trompait le cerveau, donnant le sentiment inévitable d’être « plein ».

Pour être honnête, cette sensation était déjà là une fois le second bol vidé, mais je n’avais aucune échappatoire.

« … Deux Algade Soba, encore. »

Ce sentiment d’être plein n’est qu’une hallucination, le Soba n’est qu’une simple donnée digitale. Ça veut dire que rien ne peux m’empêcher d’en manger à l’infini.

Essayant de me convaincre ainsi, j’ai fini mon troisième bol et attaqué le quatrième. Il y avait aussi Asuna, sur qui je pouvais compter dans ce grand combat, elle était exactement au même niveau que moi.

Mais immédiatement après qu’elle est finie la soupe de son 5ème bol…

« … Kirito-kun, je suis désolé. »

Son murmure à peine perceptible résonna depuis son bol vide.

« Je... ne peux pas continuer, je dois te laisser la suite… La vérité… tu dois… la trouver… »

Ses cheveux châtains flottèrent alors qu’Asuna « l’Eclair » s’évanouissait sur le comptoir.

-ASUNAaaaaaaaa !!

C’était ce que je voulais crier, mais c’était au risque que mon estomac rende quelque chose, je me suis donc contenté d’un simple « GJ[1] ».

J’ai relevé la tête et fixé le restaurateur.

« … Un Algade Soba… encore une fois. »

J’étais aussi proche de ma limite.

Pour le bien d’Asuna, je ne pouvais pas perdre ici. Mais tout en sirotant mon sixième bol de cette chose qui n’était pas des rāmen, je n’ai pas pu arrêter l’angoisse qui grandissait en moi.

Peut-être que c’était vraiment un PNJ ? Après tout ce qu’on avait fait, les nouilles et la soupe jaillissait toujours sans interruption. Est-ce que je l’avais défié dans un combat sans la moindre chance de victoire ?

Non, même si c’est le cas, ce n’était pas encore le moment d’abandonner. Pour Asuna.

Septième bol.

Huitième bol.

Les PV de mon estomac étaient désormais profondément dans le rouge, mais l’expression du commerçant n’avait toujours pas changé. J’aspirais les nouilles une par une tout en réfléchissant à un moyen de renverser l’état actuel de la bataille.

Si c’était un vrai restaurant de rāmen, il y aurait du poivre, de la farine de poisson ou des oignons au comptoir. Il était possible de manger la seconde moitié avec délice en changeant la saveur. Mais ce magasin n’avait pas ces choses merveilleuses. Il n’y avait qu’une solution, sans compter « l’Algade Bouilli », il était possible de mélanger les deux autres plats ensembles, mais faire ça serrait équivalent à se poignarder soi-même. Pourquoi pas le « Bouilli » ? J’avais accompagné Klein une fois et on en avait commandé. On avait tous les deux déclaré « j’abandonne » après deux bouchées, c’était un plat de légende.

… Alors c’est la fin ?

Dans ma conscience vacillante, j’ai entendu une voix revigorante qui venait d’un lointain souvenir.

Le visage d’Asuna qui était ici en train de manger de l’Algade Soba avec moi dans les tous débuts et qui disait.

« Un jour, je voudrais faire de la sauce soja, autrement cette sensation déplaisante de disparaitra jamais. »

« … ! »

Mes yeux s’ouvrirent en grand et mes mains tremblantes ont ouvert notre inventaire partagé. Faisant défiler l’énorme liste d’objets, j’ai trouvé l’item ciblé.

Après avoir attrapé ce que je cherchais, je l’ai incliné au-dessus du bol, un léger liquide sombre s’est écoulé changeant immédiatement la couleur jaune de la soupe en marron. Le parfum qui s’en dégageait était incomparable, cette odeur qui était enracinée au cœur de ma mémoire était… de la sauce soja. C’était le résultat des longues recherches d’Asuna, l’assaisonnement ultime de l’Aincrad que personne d’autre ne pouvait faire.

Posant le flacon, j’ai pris le bol et avalé une grande quantité de nouilles et de soupe.

« … C’est bon. »

J’ai murmuré d’une voix rauque. C’était LE goût. Celui que je recherchais, la forme complète de l’Algade Soba. C’était arrivé ici et maintenant.

Si je mange ça, le nombre de bol n’est plus un problème… Non, peut-être que je peux manger cinq bols supplémentaires, je peux encore me battre.

A cet instant…

« … Monsieur, ça, puis-je… goûter ? »

J’ai levé un visage confus, hoché la tête et tendu mon bol vers lui.

Le mystérieux chef l’attrapa et mangea une bouchée de nouille et de soupe. Il leva les yeux pendant un certain temps après avoir reposé le bol sur le comptoir…

Peu après, deux lignes de larmes coulèrent derrière sa longue frange.

« … C’est ça. Cette saveur… du monde réel… le goût de mon restaurant ! »

-Donc vous êtes un joueur après tout !

-Alors agissez plus gracieusement !

Retenant ce que j’avais envie d’hurler, j’ai demandé.

« … Votre restaurant, où est-il situé ? »

« Hmm, c’est à Ogikubo. Je suis coincé dans ce jeu en ligne donc il a sûrement fait faillite. Mais une fois le jeu terminé, lorsque je retournerais de l’autre côté, j’ouvrirais un autre restaurant de rāmen. Avec ces rāmen, et aussi les « Grillés » et « Bouillis » qui feront leur apparition. Vous devez absolument venir. »

Les larmes coulaient toujours sur son visage. Où était le personnage silencieux d’auparavant ? Tandis que je regardais le commerçant qui s’était dynamisé en parlant, je me suis évanoui contre le comptoir.

Alors que ma conscience s’éteignait, mes dernières pensées furent.

-Je n’irais jamais, quoi qu’il arrive.


Notes de traduction[edit]

  1. GJ : acronyme anglais signifiant Good Job, littéralement "bon travail", souvent utilisé dans le langage internet.



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