Un Simple Sondage : Volume 1 - Fichier 12

From Baka-Tsuki
Revision as of 15:13, 30 March 2014 by Hunk (talk | contribs)
Jump to navigation Jump to search

Fichier 12 : Un Père Noël entraîné pour être un gentleman cambrioleur

Le Père Noël existait.

Et il était tout proche.

— Voici vos chasu-men[1] ! Oh, ne seriez-vous pas le Père Noël par hasard ? Votre costume est tout rouge.

Et c'était pourtant un restaurant chinois dont le sol était tout collant !!

— (Chut ! C'est interdit, ma bonne dame ! Il y a une loi qui dit que les enfants qui découvrent l'identité du Père Noël n'auront pas de cadeaux ! Alors si vous pouviez éviter dire ça tout haut !!)

Je jetai frénétiquement un œil autour de moi, mais c'était l'heure du déjeuner un jour de semaine, il n'y avait pas le moindre enfant dans le restaurant. Tous les bons enfants étaient à l'école. Les seuls clients étaient une paire d'étrangers bien bâtis.

— C'est quoi ça ?

— C'est un poster de bain.

— Hein... Pourquoi t'emmènes ça avec toi aux toilettes ?

— Hé ! Ça se fait pas de demander ça, enfoiré !!

Ils parlaient en anglais, mais de ce que j'avais pu comprendre de leur échange, ils n'avaient pas entendu ce qui avait été dit de ce côté-ci.

La vieille dame paraissait perplexe.

— Pourquoi existe-t-il une loi pareille ?

— Ce n'est pas moi qui en suis à l'origine, alors je n'en ai aucune idée. Après tout, il y a des millions de Pères Noël à travers le monde. Bon, à table maintenant.

— Eh bien, c'est une bonne chose d'avoir des rêves, alors bon courage pour la suite.

Au moment même où la vieille dame partit avec un sourire, mon portable se mit à vibrer. Tout en engloutissant mes nouilles, j'utilisai ma main gauche pour regarder ma boite mail.

(... Merde, je savais que ça allait finir comme ça.)

Après avoir fini mes chasu-men, je sortis du restaurant chinois. Une voiture de sport rouge vif s'arrêta juste devant. Il allait sans dire que c'était la couleur du Père Noël. Enfin, je ne pouvais pas nier qu'une certaine célèbre marque de boisson gazeuse y était pour quelque chose. Mais laissons ça de côté, voulez-vous...

— Droitia, Gaucheue. ... Pourquoi on a une voiture deux places alors qu'on est trois ?

— Les rênes vont toujours par groupe de deux, alors on n'y peut rien.

— Et le Père Noël est censé s'asseoir à l'arrière, alors on n'y peut rien.

— Continuez comme ça, et je vous fous un mord dans la bouche avant de vous balancer un bon coup de fouet.

Les deux effrontées étaient toutes les deux de jolies filles avec de longs cheveux blonds. Elles n'étaient pas jumelles. Tous les rennes modernes étaient comme ça. Elles portaient des fourrures brun clair et des colliers avec des clochettes attachées. Au final, on avait l'impression que les costumes de mes partenaires avaient coûté plus cher que mon propre costume de Père Noël.

Comme je n'avais pas le choix, je me glissai dans le coffre.

— J'ai lu le mail. Ça veut dire que les parents de Mimi Shindô ont refusé.

— Oui, mais ce n'était pas pour des raisons religieuses.

— Plus précisément, la mère était prête à coopérer, mais le père s'est fâché sans qu'on sache pourquoi.

Je fis claquer ma langue.

— Alors c'est du deux contre un si on compte Mimi-chan. Continuez.

En entendant ma voix ronchonne, Droitia fit pratiquement un bond de joie du siège passager.

— C'est parti alors ! Si le papa déteste le Père Noël, ça a dû être dur pour la petite Mimi-chan qui n'a pas eu de cadeaux pendant des années. Il faut qu'on lui donne quelque chose qui vaut la peine de se lever le 25 !!

Contrairement à elle, Gaucheue tapota avec irritation avec son index gauche sur le volant et fit part de ses inquiétudes :

— Mais, Père Noël, c'est la maison du président de Peach Software, une multinationale. Les mesures de contre-espionnage sont sûrement les meilleures du pays. Comment est-ce qu'on va faire pour entrer ?

En gros, le Père Noël allait dans les maisons de tous les enfants qui désiraient sa visite.

Cependant, il y avait certaines maisons où il était difficile de délivrer les cadeaux pour une raison ou une autre.

On faisait appel à nous pour ces cas-là.

Ces derniers nécessitaient le concours d'un Père Noël qui a subi l'entraînement d'un gentleman cambrioleur.

— Droitia, as-tu pu mettre la main sur les plans du manoir ? demandai-je, mais le rêne qui manipulait une tablette tactile avec son index secoua la tête.

— Les données ont été supprimées du système de la société de construction.

— Essaye voir du côté de leur société de publicité. Si je ne me trompe pas, des images de ce manoir quand il était encore en construction ont été utilisées pour une publicité à la télé. Seules une douzaine de secondes ont été utilisées, mais elles couvraient plusieurs semaines de travail. La pub montrait la construction du manoir en accéléré.

— Je vois. ... Oh, la voilà. On dirait que je vais pouvoir reconstruire les plans à partir de ces images.

— Bien, bien. Gaucheue, comment s'est déroulé l'enquête ?

— Mimi-chan veut un de ces ours en peluche qui bougent grâce à une IA. Elle l'a écrit dans une de ces listes de Noël qui sont envoyées au Vatican. Je l'ai déjà acheté.

— Ok. Ne reste donc plus que la sécurité.

Peach Software ne faisait pas sous-traiter sa sécurité par une société externe. À la place, le groupe avait racheté une société de sécurité entière pour protéger les secrets de la multinationale selon un cahier des charges unique au monde. Naturellement, ils étaient très bien entraînés. Comme la société était chargée de développer des logiciels militaires, ils avaient dû faire face à des espions étrangers déguisés en espions industriels pour l'occasion. J'avais entendu dire que les gardes s'en étaient plus qu'occupés.

Autrement dit, ce n'était pas à la portée de n'importe quel Père Noël.

Il y avait une bonne raison pour laquelle Mimi-chan n'avait pas pu avoir de cadeaux avant.

— J'ai pu obtenir l'emplacement des caméras et des capteurs grâce au plan du manoir, mais je ne suis pas en mesure de « voir » où sont les gardes de chair et de sang. Et je doute que ces données soient faciles à obtenir.

On allait s'attaquer à un adversaire de ce calibre sans entraînement.

Cela n'allait sûrement pas être une partie de plaisir.

— C'est dangereux. Si ça se termine en confrontation directe, ça sera perdu d'avance.

Malgré ce qu'elle avait dit, Droitia semblait beaucoup s'amuser.

Je répondis calmement au rêne en mini-jupe pour la ramener sur Terre.

— J'ai jamais entendu parler d'un Père Noël qui passe en force par la porte d'entrée. On va se faufiler pendant la nuit.


— Si la mère est prête à coopérer, pourquoi ne pas essayer de la contacter ?

— Tu crois vraiment que le vieil homme nous laissera faire ? Il arrête pas de se vanter des parts de marché écrasantes qu'ont son navigateur internet et son smartphone. En fait, c'est lui qui a conçu la tablette que tu utilises. Tu crois pas qu'il pourrait intercepter nos tentatives de prise de contact ?

— C'est ça ! dis-je en claquant des doigts. On va contacter la maman tout en sachant que le vieux va intercepter la communication. Si on leur donne une fausse route d'infiltration, les gardes vont se concentrer sur cette zone.

— Dans ce cas, pourquoi ne pas directement envoyer une carte qui annonce ce qu'on va faire ? Ou plutôt, pourquoi pas 50 ou 100 d'entre elles. Même s'il sait que la plupart sont fausses, il va être contraint de placer un certain niveau de sécurité sur chacune des routes. Et ainsi, il y aura moins de gardes là où on doit aller.

— Tant qu'à bluffer, autant y aller franco, non ? Comme envoyer le cadeau grâce à une petite fusée qui passera par la fenêtre. De cette façon, ils vont aussi devoir surveiller ce qui se passe en dehors du manoir.

Telles étaient les méthodes qu'un Père Noël pouvait être amené à utiliser pour arriver à ses fins.

Nous étions les représentants des miracles, mais ce que nous avions fait était finalement très terre-à-terre.

— Ok, encore trois jours...

— Hihihi. Ça va vraiment être chaud, hein ?

— Ça va être aussi dur que quand on a dû s'introduire dans la résidence du président de ce pays d'Europe, je dirais.

— C'est pas ce que je voulais dire.

— ?

— ?

— Sauf surprise, on n'aura pas de Noël enneigé.

Notre cible était ce manoir imprenable.

Il était protégé par une unité privée de gardes de sécurité qui ferait même pâlir les services d'intelligence de l'armée. Ce boulot était vraiment loin d'être une mince affaire et il était tout à fait possible qu'on se fasse tuer.

Mais autant y aller.

Ce n'était pas le boulot du Père Noël de faire des calculs sur les risques et les rendements. On allait juste rendre une petite visite nocturne pour délivrer des cadeaux aux enfants qui les désiraient.


Les voix des enfants rentrant à la maison pouvaient être perçus dans la rue éclairée par le crépuscule.

— Qu'est-ce que t'as demandé au Père Noël ?

— Des jeux ! La nouvelle console 3D !!

— J'ai demandé une tenue de baseball !!

— Attends. Est-ce qu'on est vraiment censés en parler avant de les recevoir ?

Avec le contenu de leurs cartables faisant des bruits sourds, les enfants couraient le long de la grande rue, souriant à la vue de toutes les lumières décoratives.

Une fille parmi eux était restée en arrière.

Alors qu'elle se tenait debout, elle regardait en direction du ciel nuageux.

— Je me demande s'il va venir cette année...

(On va tout faire pour.)

Le Père Noël et ses rênes qui passèrent à côté d'elle dans la rue jurèrent ça dans leur cœur.

Tant que les enfants feront ce genre de demandes gauches...

Tant qu'ils désireront se lever le jour de Noël avec un sourire...

Un véritable Père Noël tout droit venu de Norvège déjouera n'importe quel système de sécurité pour s'introduire dans ce manoir.


  1. Variété de ramens.