Un Simple Sondage : Volume 2 - La Faucheuse 01

From Baka-Tsuki
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Jeu de la Faucheuse 01 : Décision[edit]

Partie 1[edit]

Mamoru Higashikawa se leva en panique. Il ignora le cadavre et la bombe et se rua vers la seule porte de la pièce.

C'était une porte en métal extrêmement épaisse.

Mais il avait beau pousser ou tirer, elle refusait de s'ouvrir. Il donna un coup de pied dessus puis un coup d'épaule, mais elle tenait visiblement bon. Apparemment, elle était très solide et fermée à double tour. Il aperçut une serrure près de la poignée. Le style donnait une impression différente des serrures de maison.

— Une clé ? marmonna Higashikawa en inspectant les alentours. Il faut que je trouve la clé. C'est ça le but de l'attraction ?

Aucune réponse ne parvint du haut-parleur.

Higashikawa fouilla la pièce. L'espace carré ne contenait aucun meuble. Aussi petite la clé était-elle, il aurait dû la trouver sur le champ vu qu'il n'y avait nulle part où la cacher. Et pourtant, elle n'était pas là. Il ne pouvait pas la trouver. Mais y avait-il vraiment une clé dans la pièce ? Ou alors...

Si elle est cachée...

Higashikawa jeta un œil vers le mur d'où l'horloge était tombée sur le sol. Cette dernière s'était trouvée être une bombe à retardement avec un compte à rebours d'une durée inconnue. La clé pouvait être cachée à l'intérieur, mais il n'avait pas envie d'y toucher sans précaution.

L'idée que Higashikawa se faisait des bombes provenait des films et séries télévisées, mais il était presque certain que les vraies bombes explosaient avec une mauvaise manipulation, exactement comme dans les fictions.

Mais d'un autre côté...

La bombe a été installée sur l'horloge. C'était parce qu'il n'y avait plus de place à l'intérieur ?

Et les parties extérieures telles que le circuit imprimé et la bombe en elle-même étaient parfaitement visibles. Elles n'avaient pas été cachées dans une boîte. Il ne voyait pas où la clé aurait pu y être cachée. Le récipient cylindrique contenant le liquide explosif était transparent, alors il aurait pu apercevoir une clé s'il y en avait une.

Elle n'était pas dans l'horloge.

Où pouvait-elle être alors ?

Où pouvait se cacher une petite clé dans une pièce presque entièrement vide ?

— ... Dites-moi que c'est un mauvais rêve.

Après avoir fouillé à nouveau la pièce, le visage de Higashikawa se figea.

Il y avait quelque chose qu'il avait essayé d'ignorer jusqu'ici.

Et ce quelque chose se trouvait au beau milieu de la pièce.

Le cadavre de la femme en kimono.

Il était vrai qu'une clé pouvait être cachée à l'intérieur.

— ...

Il hésitait à s'approcher.

Si c'était le cadavre d'une connaissance qui avait bien vécu, qui était morte de cause naturelle et qui aurait été correctement préparée pour des funérailles, il aurait pu être en mesure de lui faire ses adieux.

Néanmoins, l'objet au centre de la pièce n'avait rien à voir avec ça.

La femme en kimono avait été tuée de façon anormale alors il lui manquait sa tête et ses mains. Et visiblement, il s'était écoulé plusieurs jours depuis sa mort, et elle s'était transformée en quelque chose qu'aucun être humain normalement constitué qualifierait « d'humain ». Le cadavre semblait incarner le concept invisible de « mort ». Il avait l'impression qu'il allait être aspiré par cette « mort » s'il approchait sans précaution.

Mais il devait vérifier.

Une bombe à retardement qui pouvait exploser à tout moment se trouvait dans la pièce. Et il avait été jeté dans celle-ci.

Il n'avait pas la moindre idée de la puissance de la bombe, mais il ne pensait pas pouvoir y survivre dans la pièce si telle était la conséquence d'un échec.

Il estimait que la déflagration toucherait toute la pièce au minimum.

Il devait trouver la clé de la porte avant que cela n'arrive. Il devait fouiller chaque recoin possible.

— Fait chier...

À chaque pas qu'il faisait, l'envie de vomir devenait de plus en plus irrépressible. Il avait l'impression que ses pieds se dérobaient sous lui. C'était comme s'il marchait sur un bateau. Son regard était rivé sur la plaie au cou du cadavre.

Les dix pas que cela prit avaient été comme une torture.

Mais il avait fini par atteindre le cadavre.

Il s'accroupit.

L'approcher et le toucher étaient deux choses différentes. C'était même un obstacle bien plus difficile à surmonter. Mais il devait le faire. Higashikawa attrapa le tissu du kimono et retournât le corps.

Il trouva une clé argentée. Des larmes lui montèrent aux yeux. Mais quelque chose ne collait pas. La clé n'avait pas les bonnes dents.

C'était une fausse clé. L'essayer sur la porte n'allait être qu'une perte de temps et pouvait même endommager la serrure.

Il remit le cadavre sur le dos et jeta un œil au kimono. Contrairement aux vêtements occidentaux, un kimono n'avait techniquement aucune poche. Néanmoins, cela n'empêchait pas de cacher une clé à l'intérieur.

C'était le cadavre d'une femme sans tête ni mains.

Il ressentit un intense dégoût à l'idée de glisser ses mains à l'intérieur du kimono.

— Urg...

Malgré tout, Higashikawa était pressé par le tictac de la bombe.

Il tendit une main tremblante.

Il commença d'abord par la manche droite du cadavre. Il eut comme une sensation collante et son envie de vomir décupla. Était-ce le sang de la main tranchée ou est-ce que la peau de la femme commençait à se liquéfier comme de la ciboule ? Higashikawa ne connaissait pas grand-chose du processus de décomposition et il avait peur de trop y penser.

Il sentit alors une clé dure.

Mais quand il sortit sa main de la manche du kimono, il tenait une autre mauvaise clé. Quelque chose de marron et mouillé recouvrait le bout de ses doigts. Une odeur aiguë parvint à son nez. Il crut qu'il était sur le point de s'évanouir. Mais il sentait également qu'il allait perdre la tête s'il s'arrêtait maintenant. Tout en réfléchissant le moins possible, Higashikawa se remit au travail.

Il tendit sa main un peu partout dans le kimono, mais ne trouva que des mauvaises clés.

Il était allé si loin et pourtant, en vain.

Il se mit soudain à se demander s'il était vraiment utile de continuer à chercher la vraie clé.

Peut-être pouvait-il creuser le mur avec ces clés ? Il n'avait pas besoin d'ouvrir un trou suffisamment grand pour passer. Il lui suffisait de creuser autour des joints de la porte. Puis il pouvait retirer celle-ci.

Mais...

Il continua à chercher la bonne clé. L'ennemi lui laisserait-il ignorer la bonne méthode pour sortir ? Il était question des mêmes personnes qui avaient préparé ce cadavre.

S'il ne trouvait pas la bonne clé, la bombe allait lui exploser à la figure.

La situation extrême lui donnait l'impression que son estomac allait imploser, mais c'est alors qu'une pensée traversa son esprit.

Il se rendit compte d'où la clé pouvait être cachée.

Il avait songé à un endroit.

— ...

Avec un visage presque stoïque, Mamoru Higashikawa regarda en direction de cet endroit.

Il jeta à nouveau un œil vers le cadavre de la femme en kimono.

Néanmoins, il ne pensait pas que la clé pouvait être cachée dans ses vêtements.

Il devait chercher plus profondément.

Il y avait un endroit bien plus cruel encore.

Autrement dit...

La clé pouvait être à l'intérieur du cadavre.

Ils avaient pu l'enfoncer quelque part à l'intérieur.

— Dites-moi que c'est un mauvais rêve...

Higashikawa secoua la tête à l'idée qu'il avait lui-même envisagée.

Il voulait le nier.

Mais avec les organisateurs qui avaient imaginé et mis en place ces attractions, c'était très possible.

— Dites-moi que c'est un mauvais rêve !!!

Higashikawa cria, s'encouragea énergiquement, et se mit à enfoncer son doigt à la surface du cadavre de la femme en kimono. Il pressait suffisamment fort sur son doigt pour qu'il puisse plonger dans la peau en décomposition. Si une clé se trouvait sous la peau, il pensait pouvoir sentir une bosse.

Mais il ne savait pas.

Il n'était pas sûr.

Se contenter de presser avec un seul doigt n'était pas suffisant pour déterminer si une clé s'y trouvait ou non.

Ce qui signifiait que...

Il n'avait pas d'autre choix que de vraiment découper le corps et vérifier.

— ………………………………………………………………………………………………………………………………………

Alors que Higashikawa imagina la scène dans sa tête, il se mit à se rouler par terre.

Et il hurla.

— Aaaahhhhhhhhhh !! Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!

Il avait l'impression qu'il allait recracher son estomac tout entier. Il agita inutilement ses bras et ses jambes. Des larmes coulaient de ses yeux et sa vision se brouilla. Il ressentit comme une sensation lancinante sur ses paumes.

Allait-il le faire ?

Devait-il vraiment le faire ?

Mort ou vivant, un humain reste un humain. Ce cadavre bleu foncé qui le repoussait au plus haut point jusqu'ici lui fit penser au mot « humain ». Il allait l'ouvrir. Il allait regarder à l'intérieur. Ces actes sonnaient comme une profanation.

Mais le temps continuait de s'écouler.

S'il ne voulait pas mourir dans l'explosion, il devait essayer toutes les possibilités qui lui venaient à l'esprit.

Il essuya ses larmes et regarda autour de lui.

Quelque chose brillait sur le sol près de l'horloge qui était tombée sur le sol. C'était des morceaux de verres acérés. Ils provenaient de la vitre de protection de l'avant de l'horloge qui s'était brisée dans la chute.

Il pouvait se servir d'un morceau comme d'une lame.

— Ar... g...

Higashikawa se releva lentement.

Il ne voulait pas mourir.

Il ne voulait pas être réduit en autant de morceaux que la logique et le bon sens l'avaient été.

Il traversa la salle pour ramasser le plus gros morceau de verre et fit ensuite à nouveau face au cadavre de la femme en kimono. Sa gorge se noua bruyamment. Il devait l'ouvrir, sortir le contenu et tout examiner. C'était inévitable s'il voulait absolument survivre.

Il s'accroupit.

Il retira le kimono de la poitrine du cadavre.

Ce qui se trouvait en dessous était encore pire qu'il le pensait. Pendant un instant, sa vision s'assombrit et de l'acide gastrique remonta dans sa gorge, mais il parvint plus ou moins à se contenir. Il concentra attentivement son attention sur l'éclat de verre qu'il tenait entre les doigts de sa main droite. Il le porta jusqu'à la poitrine immobile du cadavre.

Il appuya.

L'éclat transparent s'enfonça d'environ cinq millimètres et Higashikawa secoua frénétiquement la tête.

Il était trop tard pour mettre une main devant sa bouche.

— Geh !! Ugeehhhh !! Gbggh !! Gbh !!

Il avait l'impression que son estomac était soudain directement relié à sa bouche. Comme de l'eau s'écoulant dans un tuyau, du vomi éclaboussa le sol.

Presque tout son être criait qu'il en avait assez.

Mais il n'allait pas survivre s'il choisissait la voie de la facilité. Il connaitrait le même destin que ce cadavre. Et être réduit en miettes par une bombe devait être même encore pire qu'être décapité par une guillotine.

Higashikawa se saisit à nouveau de l'éclat de verre.

Il le plaça contre le centre du corps de la femme au kimono et appuya de tout son poids. Après s'être assuré que la pointe s'était enfoncée, il sentit d'intenses courants d'électricité statique parcourir son cerveau. Le vertige l'emportait sur lui alors qu'il enfonçait l'éclat de verre dans le nombril de la femme.

C'était une sensation différente que de couper un bout de papier avec un coupe-papier.

Il sentait continuellement comme une accroche alors qu'il tranchait la chair.

Comme la femme était morte depuis plusieurs jours, elle ne saignait pas tant que ça. À la place, quelque chose de plus noir que rouge fuitait. L'odeur acerbe se répandit encore plus. Il réalisa une fois de plus que ses entrailles étaient en train de pourrir.

Le cœur de Higashikawa était déjà complètement tétanisé.

Il avait imaginé ça comme ouvrir une double porte, mais ce n'était pas trop le cas. Le résultat final était comme une fente dans un paquet de mouchoirs jetables. Il ne pouvait pas voir l'intérieur de l'extérieur. La tête vacillante, il tendit ses deux mains et glissa ses doigts dans la fente verticale qu'il avait faite.

Il sentit quelque chose d'horriblement mou et spongieux.

Il tâta principalement le centre du haut du corps, où son estomac se trouvait, mais pour ne trouver finalement qu'une mauvaise clé.

On ne lui avait pas fait avaler la bonne clé.

Cela signifiait qu'on l'avait mise par la chirurgie quelque part ailleurs.

Il allait devoir l'ouvrir en grand et chercher partout, de son dos aux bouts de ses bras et jambes.

La respiration de Higashikawa devint irrégulière et il avait l'impression de manquer d'oxygène malgré que la pièce était remplie d'air.

Il pressa la pointe de l'éclat de verre contre le bras droit du cadavre et l'ouvrit.

Il sentit quelque chose de dur près du coude.

Il enfonça ses doigts dans la plaie et essaya de le sortir, mais en vain.

Ce n'était pas une clé. Quand Higashikawa réalisa que l'objet était blanc, il vomit une deuxième fois.

Malgré tout, il n'avait pas d'autre choix que de continuer.

Ce n'était pas le moment de tergiverser sur le respect des morts.

Il trouva fausse clé ensanglantée après fausse clé ensanglantée. Il était possible qu' il y avait en lui une limite au nombre de fois qu'il pouvait regarder, mais ça ne valait pas la peine d'y penser maintenant. Alors que le cadavre de la femme perdait petit à petit sa forme générale, Mamoru Higashikawa finit par trouver un objet en or dans la cuisse droite de la femme.

L'objet recouvert de quelque chose d'à la fois rouge et noir se trouvait être la bonne clé avec des dents.

Il jeta l'éclat de verre par terre.

Il ne lui vint même pas l'idée de s'essuyer les mains.

— ...

Il marcha en titubant vers la porte en métal. Il n'aurait rien trouvé de plus cruel si la clé s'avérait ne pas entrer dans la serrure, mais fort heureusement, les organisateurs n'étaient pas allés aussi loin.

La clé entrait dans la serrure.

Elle tournait.

Ce qui retenait la poignée jusqu'ici n'était plus. La porte s'ouvrit facilement.

Il tomba pratiquement hors de la pièce.

Mamoru Higashikawa fit quelques brèves inspirations pour essayer de prendre de l'oxygène tout en étant allongé sur le sol, trempé de sueur.

Partie 2[edit]

Mamoru Higashikawa se trouvait dans un couloir étroit.

Cinq portes en métal identiques étaient alignées dans ce dernier.

Il ne savait pas si elles menaient toutes à des pièces également carrées ou vers la sortie du bâtiment.

— Bon sang...

Higashikawa tendit ses mains vers la porte en métal qu'il venait de prendre et la claqua à moitié désespéré. Il ignorait si cela allait être suffisant pour arrêter la déflagration, alors il s'éloigna de la porte. Il sentit un frisson en considérant ce qui se serait passé s'il avait décidé de creuser autour de la porte pour s'échapper sans utiliser la bonne clé. Son dos toucha le mur et il glissa le long jusqu'au sol.

— Et voilà !!! J'ai survécu. J'ai survécu !!! C'était ça l'attraction, bande de salopards ?!

Il avait utilisé toutes ses forces pour crier, mais ne reçut aucune réponse.

Mais alors...

Une des cinq autres portes s'ouvrit. Un homme avec un peu de barbe et portant un uniforme de travail couvert de sang en sortit.

Une colère noire et une méfiance s'accumulèrent au fond de Higashikawa.

L'homme devait avoir senti quelque chose dans le regard de Higashikawa car il cria désespérément :

— A-Attends ! Attends !!! Je suis un participant, moi aussi !!!

Higashikawa finit par réaliser quelque chose grâce à ça.

Il baissa les yeux vers lui-même.

Il était autant couvert de sang que l'homme en uniforme de travail. Salir ses vêtements était inévitable en cherchant une clé cachée dans un cadavre.

Toujours assis sur le sol, Higashikawa leva les yeux vers l'homme.

— ... T'étais à la supervision aussi ?

— Oui. Et maintenant, j'ai dû trouver une putain de clé dans la cuisse d'un cadavre. Je m'appelle Kazakami, et toi ?

— Higashikawa, répondit-il rapidement après avoir enfin pris une profonde inspiration. Désolé.

— Pas grave. T'as fait preuve de beaucoup de self-control pour pas me sauter dessus.

L'homme nommé Kazakami tenta d'essuyer la sueur sur son visage mais se rendit alors compte que ses mains étaient toujours couvertes de sang. Il fit une grimace.

— Attraction Land est un parc d'attraction connu dans le monde entier, alors je pensais que c'était un job sûr. ... Et au final, voilà ce que je trouve. Est-ce que ça pourrait être pire franchement ?

— Ah, à ce sujet...

Au moment-même où Higashikaa allait parler, deux autres portes en métal s'ouvrirent. D'une sortit une femme en tailleur qui ressemblait à une froide carriériste et de l'autre apparut une lycéenne en uniforme scolaire.

Leurs vêtements étaient également ensanglantés.

Visiblement, tout le monde avait eu un cadavre à fouiller.

La carriériste dit qu'elle s'appelait Hiyama et la lycéenne Matsumi.

Après avoir échangé leurs noms, Higashikawa revint au sujet principal.

— C'était censé être un boulot pour Attraction Land, mais qu'est-ce qui nous dit que c'est vraiment eux ? C'est un célèbre parc d'attraction, alors peut-être que quelqu'un se sert juste de son nom.

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— Oui, je pense pas qu'un groupe international puisse être impliqué dans des jeux aussi dangereux. Peut-être que quelqu'un se sert de grands terrains sans autorisation.

Le sang sur ses mains devaient la gêner car Hiyama les frotta contre le mur encore et encore.

— Et déjà, une société avec un tel chiffre d'affaire n'aurait pas besoin de prendre autant de risques.

— C'est vrai, acquiesça la lycéenne appelée Matsumi. Mais où sont passés les autres participants ? Si je me souviens bien, on était trente ou quarante à regarder ces vidéos.

Il n'y avait que cinq portes.

S'il y avait un participant derrière chacune, le compte n'était pas bon.

Les autres étaient-ils dans leurs propres attractions dans un autre endroit ?

Ou...

Toutes ces attractions avaient déjà été terminées ?

L'homme en uniforme de travail, Kazakami, fouilla dans ses poches.

— Hé, quelqu'un a un portable ? Je veux appeler les flics.

— On m'a pris le mien, dit Matsumi.

Higashikawa et Hiyama secouèrent la tête.

Les organisateurs les avaient vraisemblablement confisqués en préparation de ces attractions.

— Ça craint. Ils peuvent choper nos infos personnelles à partir de la mémoire des téléphones.

— Une seconde !!! Alors ce groupe de psychopathes va connaître nos adresses et les numéros de nos amis ?!

— S'enfuir ne suffira pas.

Hiyama poussa un bref soupir.

— Et si ces vidéos sont vraies, les organisateurs tuent des gens pour le plaisir de façon quotidienne. Leur système en place doit sûrement leur permettre d'échapper à la police même si on les dénonce. Je n'ai aucune idée de ce que ça pourrait être par contre.

— Alors qu'est-ce qu'on est censés faire ? demanda Kazakami.

Hiyama le dévisagea légèrement et dit :

— Mais ce ne sont pas les preuves de leurs crimes qui manquent ici. Si on en rassemble assez pour prouver en quoi consistent ces attractions... Bah, ça serait bien de les faire mettre derrière les barreaux, mais même si on n'y arrive pas, on pourrait avoir le moyen de les menacer pour qu'ils nous laissent tranquille.

— Attends. Tu proposes qu'on continue plutôt que d'essayer de s'enfuir d'ici ? coupa véhémentement Kazakami. Ça va marcher ?! C'est comme se forcer à s'enfoncer dans la forêt. C'est du suicide !

— Alors qu'est-ce que tu proposes ? On peut supposer qu'ils sont en possession de nos données personnelles grâce à nos portables. S'enfuir maintenant ne changera rien s'ils peuvent venir nous cueillir chez nous.

— J'ai aucune idée de ce qu'on peut faire, mais s'échapper d'ici vient en premier. On pourra toujours se contenter d'abandonner nos maisons pour s'enfuir sur des îles tropicales.

La lycéenne appelée Matsumi secoua la tête.

— Si on en avait les moyens, on serait jamais venus faire ce boulot.

— On n'a qu'à aller dans un pays avec un niveau de vie très bas ! On peut vivre de façon suffisamment confortable pendant un moment.

Malgré l'explication enthousiaste de Kazakami, cela ne paraissait tout simplement pas réaliste. Et cela était particulièrement vrai pour Matsumi qui était toujours chez ses parents. Une mineure comme elle ne pouvait pas choisir de quitter le pays.

Non pas que la situation de Mamoru Higashikawa était si différente.

— Dites, dit Hiyama comme si elle venait soudain de réaliser quelque chose.

Higashikawa regarda vers elle et vit qu'elle regardait une des cinq portes en métal.

— Est-ce que quelqu'un sait quand vont exploser ces bombes ?

— Non, nia Matsumi. On m'a expliquée aucune règle de l'attraction.

— Pourquoi cette question ?

— Eh bien…

Hiyama pointa un menu doigt en direction de la porte qu'elle regardait.

— Cette porte est la seule qui ne s'est pas encore ouverte. Je n'ai aucune idée de quand la bombe explosera, mais la personne à l'intérieur ferait mieux de sortir au plus vite, non ?

— ...

Ils se tournèrent tous en direction de la porte non ouverte.

Kazakami prit la parole comme pour chasser un mauvais pressentiment.

— Bah, on sait pas si y'a vraiment quelqu'un derrière chaque porte. Peut-être que celle-ci mène hors du bâtiment.

— Mais...

Et si quelqu'un était enfermé à l'intérieur avec une bombe ?

Et s'il n'avait pas réalisé que la clé était dans le cadavre ?

Ou et s'il savait que la clé y était mais n'avait pas le courage de l'y chercher ?

Higashikawa, Matsumi, Kazakami et Hiyama.

Tous les quatre avaient décidé de survivre. Mais cela ne voulait pas dire que tout le monde prendrait la même décision dans la même situation.

— Hé ho...

L'instant d'après, Higashikawa était en train d'interpeller en direction de la porte.

Personne n'essaya de l'arrêter.

Higashikawa se leva et courut vers la porte en métal. Il frappa frénétiquement avec ses poings sur celle-ci et cria :

— Hé ho !! Y'a quelqu'un ?! T'as abandonné après avoir trouvé que des fausses clés ? Tu sais où se trouve la bonne, pas vrai ? C'est pas le moment de tergiverser !! Dépêche-toi de sortir de là !!

Il essaya de tourner la poignée, mais comme prévu, elle était fermée et ne voulait pas bouger. Tenter de l'enfoncer serait inutile.

Pendant ce temps, une frêle voix féminine se fit entendre de l'autre côté de la porte.

Higashikawa ne savait pas si la voix était vraiment si faible ou si c'était à cause de l'épaisseur de la porte.

— ... Je ne peux pas.

— Tu peux pas quoi ?!

— Je ne peux pas le faire. Je ne peux pas... C'est... C'est...

— Fait chier, jura Higashikawa en serrant les dents.

Si la personne à l'intérieur ne découpait pas le cadavre pour récupérer la clé, elle n'allait pas pouvoir sortir de là. Et si elle ne sortait pas, elle allait finir par être réduite en poussière par la bombe à retardement.

La femme à l'intérieur le savait pertinemment, et pourtant, elle avait choisi de ne rien faire.

Higashikawa ignorait si elle fuyait simplement de regarder les choses en face ou si elle était indécise. Il pouvait apercevoir quelque chose d'une brillance aveuglante en elle.

Mais tout était fini si elle ne faisait rien.

Cette chose brillante avait été complètement normale il n'y avait pas si longtemps et maintenant, c'était bien trop dur de ne serait-ce que la regarder en face. Et elle allait bientôt être détruite dans une explosion.

Higashikawa frappa avec ses poings sur la porte et cria :

— Allez !! Sors de là !! C'est pas le moment d'être idéaliste ! On a tous dû passer par là. C'est pas nous les fautifs dans l'histoire !!

— Mais... mais...

— La bonne clé se trouve dans la cuisse droite du cadavre. Pas la peine de faire un gros trou. Une petite ouverture suffira ! Dépêche-toi de le faire !!

— ... Je ne peux pas. Je ne peux pas vivre comme ça. Je ne tiens pas tant que ça à la vie. Ne vous en faites pas pour moi. Du moins, bon courage pour survivre...

Higashikawa sentit une intense bouffée de chaleur remonter de son estomac.

Ce n'était ni de la confusion ni de la peur face à la situation insensée dans laquelle il s'était retrouvé.

C'était de la colère.

De la colère dirigée à l'encontre des organisateurs qui se délectaient de ces situations cruelles qu'ils appelaient attractions. Il ressentait une colère noire quand il pensait à eux jubilant tout en piétinant moralité et raison.

Il n'avait pas la moindre idée de qui était cette femme de l'autre côté de la porte.

Se concentrer sur sa propre situation et « abandonner » de son propre chef était peut-être une décision différente que pouvait prendre un humain. Cette décision était peut-être plus respectable que celles de Higashikawa et des autres de découper le cadavre d'un autre pour sauver leur peau.

Mais il n'arrivait pas à l'accepter.

Quelqu'un d'aussi droit n'avait pas le droit de mourir de façon aussi absurde et incompréhensible.

— ... Tu peux pas faire ça.

— Comment ça ?

— Ta décision aura beau être noble, les organisateurs ne feront que jubiler en voyant ça ! Ils applaudiront et éclateront de rire bien au chaud dans leur tour d'argent !! Et je refuse que ça se passe comme ça. Il n'y a qu'un moyen de faire jaser ces tarés et ta décision va tout gâcher !!

— Quel est... ce moyen ? Ces gens ont mis en place tout ça pour se délecter de nos déboires tout en s'assurant qu'on ne pourra jamais les atteindre. Je ne vois pas comment on pourrait lutter. Et même si on le pouvait, ne vous en faites pas pour moi. Vous pouvez suivre ce chemin sans moi.

— J'ai besoin de ton aide pour la méthode que j'ai en tête.

Les organisateurs avaient un pouvoir presque absolu.

Ils étaient de sinistres existences qui se servaient de vies humaines comme de vulgaires pions.

S'il existait vraiment une méthode pour frustrer ces personnes inconnues, ce devait être...

— Chacun de nous doit survivre jusqu'au bout. C'est le seul moyen de vaincre ces types !!!

Un léger silence s'ensuivit.

Higashikawa continua.

— Alors bats-toi ! Laisse pas tomber !! C'est pas la voie que t'as choisie. C'est la fin préparée par ces organisateurs et c'est celle qu'ils ont envie de voir !! Alors survis ! Survis par tous les moyens !!

— ...

— ... Je t'en supplie.

Higashikawa semblait s'être efforcé de prononcer cette dernière phrase.

En laissant de côté le fait que la personne était morte, il avait découpé le corps d'un être humain. Il ne voulait pousser personne d'autre à vivre ça, et il ne tenait pas non plus à être traité de la même façon après sa mort.

Ils allaient vivre et rentrer chez eux.

Cela sonnait comme une chose particulièrement évidente, mais dans leur situation, c'était affreusement irréaliste.

Mais il reprit à nouveau la parole :

— Je t'en supplie !! On est à bout. On supportera pas la mort de quelqu'un d'autre !! Si tu meurs, quelque chose se cassera en nous. Alors je t'en supplie... Je t'en supplie ! Nous fais pas revivre ça encore une fois !!

Il ne reçut aucune réponse.

Il n'entendait rien à travers la porte.

Ses paroles n'étaient pas en mesure de l'atteindre ?

Se disant qu'il avait échoué, Higashikawa s'adossa à la porte.

Mais alors...

Il entendit un cliquetis provenant de la porte en métal.

C'était le bruit d'une clé tournant dans une serrure.

— Uuh... kh...

Il entendit quelqu'un gémir alors que la porte s'ouvrit.

Une femme occidentale avec des cheveux blonds et des yeux bleus sortit. Elle semblait avoir la vingtaine. Ses vêtements étaient recouverts de sang rouge foncé et elle avait des larmes et de la morve sur tout le visage.

— Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!

La femme blonde aux yeux bleus regarda Higashikawa et les autres participants dans le couloir avant de s'effondrer sur le sol. Elle couvrit son visage avec ses mains imprégnées du sang d'un autre et se mit à sangloter.

Elle avait pris sa décision et avait perdu cette chose brillante en elle.

Mais elle avait survécu.

Higashikawa l'entraîna entièrement dans le couloir et ferma la porte en métal.

Pas moins de dix minutes plus tard, une explosion leur perça les tympans.

Malgré l'épaisseur des portes en métal, les cinq furent déformées par le souffle, et pas qu'un peu. Si l'une d'entre elles n'avait pas été fermé ou si l'un des participants s'était échappé sans utiliser la bonne clé, tout le monde dans le couloir aurait été réduit en poussière par la déflagration. Le violent bruit était suffisant pour leur faire comprendre ça.

Pendant un moment, les cinq regardèrent les portes déformées.

Pour l'instant, ils n'avaient fait aucun sacrifice.

Il fallut trois bonnes minutes avant que cela ne fit mouche.

— ... C'est fini, marmonna Higashikawa le regard vide. C'est fini.

— Oui, acquiesça la carriériste nommée Hiyama. Mais quoi ?

— ...

Ils avaient clairement franchi la première attraction. Mais ils n'avaient pas la moindre idée d'où ils se trouvaient et il ne semblait pas y avoir de sortie ; même s'ils parvenaient à s'échapper, il n'y avait aucune garantie que les organisateurs ne les poursuivraient pas. Autrement dit, leur sécurité n'était en aucun cas assurée.

L'homme en uniforme de travail appelé Kazakami interrompit :

— Ça m'a plu.

— ?

— L'idée du seul moyen de vaincre les organisateurs.

— Je suis d'accord, dit la lycéenne nommée Matsumi. J'ignore si nos efforts suffiront, mais c'est une bonne chose d'avoir un objectif comme ça. Faire que tout le monde survive pour nous opposer aux organisateurs.

— ...

Toujours au sol, la femme blonde aux yeux bleus leva les yeux vers Higashikawa.

Il ne savait pas quoi dire.

Il finit par pousser un ouf de soulagement et se contenter de dire ce qui lui vint à l'esprit :

— Dans ce cas, allons trouver le moyen de survivre.

Les cinq se mirent en marche.

La deuxième attraction allait sûrement bientôt commencer.