Zero no Tsukaima - Français : Volume 3 Chapitre 1

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Chapitre 1 : La lignée du Zéro[edit]

À la fin de la rue Bourdonne où se situait le palais de Tristain, des membres de la Garde Magique patrouillaient la zone devant les portes du palais du haut de leurs montures. « La guerre est imminente. » Cette rumeur avait commencé à se répandre dans la ville quelques jours auparavant. On disait qu’il ne fallait plus grand chose pour que « Reconquista », la faction aristocrate ayant conquis Albion, ne se mette à envahir Tristain.

Dans un tel climat, les soldats gardant le palais ne pouvaient s’empêcher d’être tendus. Dans les cieux du palais royal, les créatures magiques et navires étaient interdit de vol, et chacune des personnes entrant dans le palais était minutieusement identifiée et fouillée.

Les tailleurs, les patrons de pâtisseries ou les marchands n’étaient pas épargnés, ils étaient stoppés et inspectés aux portes afin d’éviter que des mages déguisés par une illusion ou des personnes sous le contrôle d’un enchantement puissent s’infiltrer dans le palais.

À cause de cette tension, lorsqu’un dragon de vent apparut dans les airs au-dessus du palais, la garnison des gardes mages fut en état d’alerte.

La Garde Magique était composée de trois corps qui gardaient le palais royal à tour de rôle. Lorsqu’un devait le faire, les deux autres se reposaient ou s’entraînaient. Ce jour-là, c’était le corps de la Manticore. Chevauchant leurs manticores, les nobles volèrent droit vers le dragon de vent. Il y avait 5 silhouettes sur son dos, ainsi qu’une taupe géante retenue par la bouche du dragon.

Les gardes mages les avertirent qu’il s’agissait d’une zone de vol prohibée mais le dragon de vent, ignorant leurs mots, atterrit dans la cour du palais.

Sur le dragon se trouvait une très belle fille aux cheveux d’un rose blond, une grande dame avec des cheveux d’un rouge ardent, un garçon blond, une fille portant des lunettes, assez petite, et un garçon aux cheveux noirs. Ce garçon transportait une épée à deux mains derrière son épaule.

Les gardes de la manticore encerclèrent rapidement le dragon de vent et tirèrent leurs baguettes en forme de rapière, se mettant ensuite en garde, déjà prêts à lancer leurs sorts. Un homme taillé de roc et moustachu hurla un ordre aux intrus à l’air si suspect.

« Vos baguettes à terre ! »

En retour, l’expression des intrus devint hostile, mais la petite fille aux cheveux bleus parmi eux fit non de sa tête.

« Palais royal. »

Le groupe consentit avec une certaine réserve et, comme demandé, jetèrent leurs baguettes au sol.

« Voler au-dessus du palais royal est actuellement interdit. Ne le saviez-vous pas ? »

Une fille aux cheveux d’un rose blond sauta doucement du dragon et se présenta d’une voix ferme :

« Je suis la troisième fille du duc de La Vallière, Louise Françoise, et non quelqu’un de louche. Je demande une audience avec sa Grandeur, la princesse. »

Le commandant tordit sa moustache en regardant intensément la fille. Il connaissait le Duché de Vallière : Après tout, ils étaient une famille de nobles très renommée.

Le commandant baissa son arme.

« Vous êtes la troisième fille du Duc de la Vallière ? »

« Bien sûr. »

Louise se redressa et regarda droit dans les yeux du commandant.

« Je vois… Vous avez les yeux de votre mère. Soit, quel est la raison de votre présence ? »

« J’ai bien peur d’être dans l’incapacité de vous le dire. C’est un secret. »

« Alors je me vois dans l’obligation de refuser votre demande. Je ne peux vous permettre une audience avec sa Grandeur sans savoir votre but. Je pourrais perdre ma tête à cause de choses de ce genre ! » répondit-il, d’un ton inquiet.

« Ce n’est pas comme si nous pouvions le révéler ! » cria Saito tout en sautant du dos du dragon de vent.

Suite à la réplique de Saito, le commandant le scruta. Il avait un visage jeune. Des vêtements qu’il n’avait jamais vus auparavant. Un petit nez. Un teint jaune. Une épée à deux mains attachée derrière ses épaules.

Bien que son origine fût tout sauf claire, le fait qu’il n’était pas un noble était certain.

« Quel impoli roturier. Ce n’est pas ainsi que devrait parler un serviteur à un noble. Faites silence. »

Saito fronça ses sourcils et se tourna vers Louise : C’était beaucoup trop pour lui. Certes, il n’était même pas du niveau d’un serviteur, il était un familier, mais le ton dédaigneux du commandant l’enrageait. Serrant la poignée de Derf derrière son épaule, Saito demanda à Louise :

« Dis, Louise. Je peux m’occuper de ce gars ? »

« Arrête de fanfaronner. Ce n’est pas parce que tu as battu Wardes que tu peux te permettre d’agir avec autant d’arrogance. »

En entendant leur conversation, le commandant fit des yeux ronds. Wardes ? Wardes, comme le Vicomte Wardes, le commandant du corps du Griffon ? Vaincu ? Qu’est-ce que cette histoire invraisemblable ?

Décidant de ne pas y penser plus, le commandant leva sa baguette magique à nouveau.

« Au nom du fondateur, qui pouvez-vous bien être, vous tous ? Quoiqu’il en soit, je ne peux pas vous autoriser à voir sa Grandeur. »

Le commandant s’exprima d’une voix dure. La situation commençait rapidement à échapper à leur contrôle. Louise fixa Saito.

« Q-Quoi ? »

« C’est à cause de toi et de ton bavardage inconsidéré qu’ils nous pensent suspicieux ! »

« Tout est de la faute de cet homme à la barbe et de sa stupide attitude ! »

« Ferme-la. Tu aurais juste dû garder ta bouche fermée ! »

Voyant cette scène étrange devant lui, le commandant en profita : Les gardes mages levèrent tous leurs baguettes.

« Arrêtez-les ! »

Conformément aux ordres du commandant, les mages commencèrent leurs incantations quand soudainement… Une personne parée d’un manteau violet apparut des portes du palais. Voyant Louise encerclée par les gardes mages, elle courut vers elle comme si sa vie en dépendait.

« Louise ! »

Remarquant la silhouette d’Henrietta fonçant vers elle, le visage de Louise brilla tel une rose fleurissante.

« Princesse ! »

Sous les regards des gardes mages, les deux s’enlacèrent l’une l’autre.

« Tu… Tu es revenue saine et sauve. J’en suis vraiment heureuse. Louise, Louise Françoise… »

« Princesse... »

Les yeux de Louise commencèrent à se troubler par des larmes naissantes.

« La lettre... Je l’ai ramenée. »

Passant sa main dans la poche de sa poitrine, Louise en sortit doucement la lettre. Henrietta acquiesça et serra avec détermination les mains de Louise.

« Tu es véritablement ma meilleure amie. »

« Vos mots sont trop gentils, Princesse. »

Cependant, après avoir remarqué l’absence de Wales dans le groupe, l’expression d’Henrietta s’assombrit.

« Je m’y attendais… Prince Wales s’est sacrifié pour son royaume. »

Louise ferma les yeux et acquiesça doucement.

« …Mais, pourquoi le Vicomte Wardes est absent ? A-t-il prit une autre route ? Ou est-t-il… peut-être… tombé au champ de bataille ? Mais, si c’est le Vicomte, ça ne devrait… »

La mine de Louise était sinistre. Avec beaucoup de mal, Saito se décida à l’expliquer à Henrietta.

« Wardes était un traître, Princesse. »

« Un traître ? »

Une ombre s’insinua dans l’expression d’Henrietta. Puis, remarquant les regards fixes du corps de la Manticore autour d’eux, Henrietta s’expliqua brièvement.

« Ce sont mes invités, commandant. »

« Soit. »

En entendant cela, le commandant rangea sa baguette, avec un peu de mauvaise volonté, et ordonna à ses troupes de faire de même.

Henrietta se tourna à nouveau vers Louise.

« Que vous est-il arrivé exactement lors de ce voyage ? … Quoiqu’il en soit, retirons-nous tous les deux dans ma salle avant de continuer. Vous autres, prenez s’il-vous-plaît du repos dans les autres salles. »

Laissant Kirche, Tabitha et Guiche dans la salle d’attente pour les audiences, Henrietta amena Saito et Louise dans sa propre chambre. Henrietta s’assit dans une petite chaise délicatement faite et plaça ses coudes sur son bureau.

Louise expliqua l’entière situation à Henrietta.

De quelle manière Kirche et les autres les avaient rejoints en route.

De quelle manière ils avaient pris un bateau pour Albion et furent ensuite attaqués par des pirates.

Leur découverte du fait que le capitaine des pirates était le Prince Wales.

Le refus de fuir du Prince Wales, même s’il en avait la possibilité.

Eux deux ratant le navire à cause du mariage avec Wardes.

La soudaine révélation de la vraie nature de Wardes au milieu du mariage… son meurtre du prince et son vol de la lettre de Louise… qui fut ensuite récupérée.

… À quel point les ambitions de la « Reconquista » étaient grandes… D’unir tout Halkeginia à leur but suprême de libérer les Terres Sacrées des elfes.

Même si l’alliance entre Tristain et Germania était sauve, Henrietta continuait à se désoler.

« Ce Vicomte était un traître… Comment cela se peut ? D’avoir un traître parmi les gardes mages… »

Regardant la lettre qu’elle avait écrite à Wales, des larmes se formèrent et se mirent à couler sur ses joues.

« Princesse… »

Louise tenait silencieusement les mains d’Henrietta.

« C’est moi qui ait pris la vie du Prince Wales. Après tout, c’est moi qui ai choisi le traître comme messager… »

Saito nia de la tête.

« Le Prince avait déjà prévu de rester dans son royaume. Ce ne fût pas la faute de votre Grandeur. »

« Louise, a-t-il, au moins, lu ma lettre ? »

Louise acquiesça.

« Oui, Princesse. Prince Wales a lu la lettre de votre Grandeur. »

« Donc, Prince Wales ne m’aimait pas. »

Henrietta nia de sa tête avec regret.

« Alors… Même après que vous ayez demandé au Prince de s’échapper ? »

Henrietta acquiesça en regardant la lettre de ses yeux encore troublés par les larmes.

Louise se rappela des mots de Wales. Il persévérait à lui dire qu’ « Henrietta ne m’a pas dit de m’enfuir ». C’était tout comme Louise l’avait pensé : Un mensonge.

« Ahh, tous les espoirs sont morts avec toi. Que vais-je faire moi, mon amour perdu ? »

Henrietta le murmura dans un souffle, toujours choquée.

« L’honneur était-il plus important que moi ? »

Mais Saito avait compris les choses différemment. Wales était resté non parce qu’il voulait protéger son honneur, mais plutôt afin de protéger Henrietta des problèmes… Et de montrer aux traîtres que les familles royales d’Halkeginia n’étaient sûrement pas quelque chose à prendre à la légère.

« Ce n’est pas tel que vous le pensez, Princesse. C’était parce qu’il ne souhaitait causer aucun problème à Tristain. Du moins, je l’ai compris comme ça. »

Henrietta regarda inexpressivement Saito.

« Pour ne pas me causer de problèmes ? »

« Sa fuite, disait le prince, aurait juste donné aux traîtres une parfaite excuse pour envahir Tristain. »

« Même si le Prince Wales ne s’était pas réfugié à Tristain, il y avait une grande chance qu’ils nous envahissent. Mais, sans une raison valable de le faire, la paix peut être préservée. Au prix de sa vie, il essaya d’empêcher le début d’une guerre. »

« … Même dans cette situation, il ne voulait pas causer de problèmes. Sans doute… »

Henrietta dit cela puis, soupirant profondément, regarda dehors par la fenêtre.

Saito répéta lentement les mots de Wales dont il se rappelait.

« Je me suis battu avec bravoure, je suis mort avec courage. Ceci… C’est ce qu’il m’a demandé de dire. »

Henrietta répondit par un sourire triste. Quand une princesse, aussi belle qu’une fragile rose, était ainsi, l’air lui-même devenait pesant. Le cœur de Saito souffrit à cette vue.

Henrietta, reposant ses coudes sur une table à côté d’une belle statue taillée dans le marbre, demanda tristement :

« Se battre avec bravoure, mourir avec courage. C’est votre privilège en tant qu’homme. Mais ceux qui sont laissés derrière, que sont-ils censés faire ? »

Saito était forcé au silence. Il n’avait rien à répondre. Baissant sa tête, et assez mal-à-l’aise, il frappa doucement de son pied le canapé.

« Princesse… Si seulement j’avais plus essayé de convaincre le Prince Wales. »

Henrietta se leva et attrapa la main de Louise entre les siennes pour stopper son murmure.

« Tout va bien, Louise. Tu as accompli de manière splendide ta mission en me ramenant la lettre. Je ne t’avais jamais dit de lui dire de s’échapper, donc ne t’inquiète pas à ce sujet. »

Henrietta ria un peu en souriant.

« Maintenant qu’il n’y a plus aucun obstacle à mon mariage, notre pays va être capable de former une alliance avec Germania sans problèmes. Dans une telle situation, il ne sera pas très simple pour Albion de nous envahir. La crise est surmontée, Louise Françoise. »

Henrietta dit cela avec autant d’enthousiasme qu’elle le pouvait.

Louise prit de sa poche le Rubis de l’Eau qu’Henrietta lui avait confiée.

« Princesse, tenez, je vous le rends. »

Henrietta refusa.

« Garde-le, s’il-te-plaît. C’est le moins que je puisse faire pour exprimer ma gratitude. »

« Je ne peux oser accepter un tel trésor. »

« Pour une telle loyauté, une récompense adéquate doit être attribuée. C’est bon, mets-le. »

Louise acquiesça et l’enfila à son doigt.

En voyant ça, Saito se rappela de l’anneau qu’il avait pris des mains du Prince Wales. Le sortant de la poche arrière de son pantalon, il le plaça dans les mains d’Henrietta.

« Princesse, ceci est un mémento du Prince Wales. »

Tout en acceptant l’anneau, Henrietta manqua de souffle sous l’effet de la surprise.

« N’est-ce pas le Rubis du Vent ? L’as-tu eu du Prince Wales ? »

« Oui. Avant de mourir, il m’a passé l’anneau. Il m’a dit de le donner à votre Grandeur. »

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En vérité, Wales était déjà mort quand il l’a retiré de son doigt… Mais Saito l’a dit ainsi. Il l’a dit ainsi, croyant que cela aiderait le coeur blessé d’Henrietta à guérir, ne serait-ce qu’un tout petit peu.

Henrietta mit le Rubis du Vent à son doigt. Puisqu’il était pour Wales, il était trop large pour les siens… Mais quand Henrietta murmura le sort “Diminution”, l’anneau devint de plus en plus étroit et finalement atteignit la taille parfaite pour son doigt.

Henrietta caressa tendrement le Rubis du Vent. Se tournant vers Saito, elle lui fit un sourire timide.

« Merci, gentil familier. »

Un sourire triste rempli de chagrin, mais aussi un sourire de gratitude envers Saito. Son sourire était si noble que Saito fut paralysé par sa beauté, et ne put que marmonner de manière incohérente en réponse.

« Cet homme, il est mort bravement. N’est-ce pas ? »

Saito acquiesça aux mots d’Henrietta.

« Oui. Ce fut le cas. »

Henrietta, en regardant la douce brillance du Rubis du Vent, déclara doucement :

« Alors je… Je vais vivre bravement aussi. »


•••


Durant le vol par dragon du Palais Royal à l’Académie de la Magie, Louise ne dit pas un mot. Peu importe à quel point Kirche insistait pour savoir le contenu de la lettre qu’Henrietta avait écrit à Wales, Louise et Saito gardèrent leurs lèvres scellées.

« Eh, n’allez-vous pas au moins me dire quelle était votre mission ? Puis, que le Vicomte soit un traître, cette histoire est vraiment choquante. »

Kirche regarda fiévreusement Saito.

« Quoiqu’il en soit, mon chéri l’a attaqué ? »

Saito, après avoir vérifié d’un coup d’œil au visage de Louise s’il pouvait, acquiesça.

« O-oui. Mais il s’est échappé… »

« Même, c’est déjà un exploit ! Eh, quelle était votre mission exactement ? »

Saito baissa la tête. Louise s’enfonça encore plus dans le mutisme.

Kirche fronça les sourcils puis se tourna vers Guiche.

« Eh, Guiche ! »

« Quoi ? »

Avec une fausse rose dans la bouche, Guiche, jusque-là dans la lune, se tourna vers elle.

« Sais-tu ce qu’il y avait dans la lettre que la Princesse Henrietta nous avait envoyé récupérer ? »

Guiche, tout en fermant les yeux, répondit :

« Je ne le sais pas vraiment. Seul Louise le sait. »

« Louise le Zéro ! Pourquoi tu ne me le dis pas ?! Eh, Tabitha ! Qu’est-ce que tu en penses ? Moi, je pense que je suis prise pour une idiote ! »

Kirche secoua Tabitha alors qu’elle lisait un livre : Sa tête suivit le mouvement de son corps afin de pouvoir continuer à lire tranquillement.

Suite aux tremblements créés par Kirche, le dragon de vent perdit son équilibre et fut forcé de décélérer brutalement. Guiche, étant le plus bas sur le dragon, n’arriva plus à se tenir et tomba. « Gyaaaaaa ! » cria t-il lors de sa chute, mais comme c’était Guiche, personne n’y prêta attention. À mi-chemin, il sortit sa baguette et utilisa « Lévitation ». Il flotta doucement jusqu’au sol, évitant ainsi la mort de justesse.

Louise perdit elle-aussi son équilibre, mais Saito l’empêcha doucement de tomber en soutenant sa taille de sa main, afin de donner un appui à son corps. Louise rougit en voyant sa main sur sa taille.

Ce matin, quand l’on s’enfuyait d’Albion, Saito m’a embrassé. À ce moment, j’ai prétendu être endormie.

Mais pourquoi ? Pourquoi l’avoir prétendu ?

Et si la cause était l’amour ?... Cependant, je ne veux pas admettre une pensée pareille comme vraie, Saito est mon familier ; En plus, il n’est même pas un noble.

Rien qu’imaginer aimer une personne qui n’était pas un noble était dur pour elle. « Les nobles et les roturiers sont deux sortes différentes d’êtres humains. » … Louise ayant grandi avec ce genre de croyances, son trouble tournait en perplexité. Enfin, la vérité de ces sentiments comptait peu pour l’instant.

Finalement, sentant la main de Saito bouger un peu autour de sa taille, Louise cria avec colère :

« Ê-être si audacieux, j-je vais me mettre en colère si tu continues ! »

« Tu semblais sur le point de tomber. Comme Guiche. » répondit Saito, en rougissant lui-aussi.

« Aucun problème, même si Guiche tombe, c’est juste Guiche. » affirma Louise, toujours un peu troublée par ce qui venait de se passer.

« C-c’est que, lui, même s’il tombe, il n’aura aucun souci. Mais toi, ça serait gênant si tu tombais, puisque tu ne peux pas utiliser la magie. »

« Un simple familier comme toi ose insulter son maître ? »

Louise prit une brève aspiration et détourna rapidement son regard. Cependant, elle ne semblait pas fâchée.

« Tu deviens trop audacieux. Pff. »

Bien qu’elle maugréa et se plaignit, elle n’essaya pas de retirer la main de Saito de sa taille. Au contraire, elle s’appuya et se blottit contre lui. Elle continua tout de même à regarder ailleurs. Saito jeta un bref regard au visage de Louise.

Ses joues blanches étaient légèrement teintes de rose et elle mordait doucement sa lèvre inférieure. Même si Henrietta était magnifique… Louise était incroyablement mignonne, pensa t-il. Il appuya un peu plus sa main sur sa taille, tout en sentant sa taille et ses cuisses être serrées un peu plus contre son corps.

C’est alors que Kirche se tourna dans leur direction et murmura légèrement :

« Depuis quand êtes-vous aussi proches, tous les deux ? »

Louise, réalisant soudain comment cela devait apparaître aux autres, rougit furieusement et envoya Saito, en plein rêve éveillé, dans les nuages, en le poussant.

« Rien n’est arrivé ! Abruti ! »

Le cri de Saito résonna derrière lui durant sa chute, mais avant qu’il ne s’écrase au sol, Tabitha, tout en lisant un livre, bougea mollement sa main et jeta le sort de « Lévitation » sur Saito.

Saito atterrit doucement dans la plaine et vit Guiche, marchant depuis sa chute sur la route au milieu de la verdure avec un sourire amer.

Guiche s’arrêta alors et s’adressa à Saito avec son snobisme habituel.

« Toi aussi tu es tombé, non ? »

Saito répondit de manière lasse.

« J’ai été jeté par-dessus bord. »

« I-ils ne reviennent pas, n’est-ce pas ? »

Saito leva les yeux au ciel. Dans le ciel bleu, un dragon de vent disparut rapidement à l’horizon.

« … On dirait bien. »

« Bien, marchons alors. Dire que cela va prendre la moitié d’un jour à pied. »

Avec une mine déprimée, Guiche commença à marcher. Saito n’était pas sûr de la raison mais quelque part, il se sentait un peu impressionné par Guiche.

« D’ailleurs, tu… euh… comment dire… Il y a quelque chose que je souhaitais te demander. Dis-moi s’il-te-plaît. »

Guiche le marmonna à Saito tout en trifouillant de ses doigts sa rose artificielle.

« Quoi ? »

« Sa Grandeur… eh bien… a-t-elle dit quelque chose à mon propos ? Est-ce vrai qu’elle va me récompenser de cette mission avec la promesse d’avoir ce rendez-vous secret dont je lui ai parlé dans ma lettre ? »

Pour un moment, Saito ressentit de la pitié envers Guiche. Henrietta n’avait même pas mentionné la lettre « G », du nom de Guiche, dans leur conversation.

« Mettons-nous en route. »

Saito, faisant comme s’il n’avait rien entendu, augmenta son allure. Guiche le poursuivit.

« Eh, est-ce vrai ou non ? »

« Allez, marche. C’est bon pour ton corps. »

« Quo-oi, t-tu, Sa Grandeur, Je… »

Sous les chauds rayons du soleil, les deux continuèrent à marcher en direction de l’Académie de la Magie.


•••


La forteresse de Newcastle, autrefois connu comme une imprenable place-forte, était maintenant une sinistre ruine. Même si elle était encore debout, ce n’était plus rien d’autre que le décor lugubre d’une effroyable scène.

Ces murs, attaqués sans relâche par des sorts et des boulets de canon, n’étaient plus que des piles de gravats, et les cadavres, tellement brûlés que la seule chose dont on pouvait être sûr à leur sujet était leur appartenance au genre humain, parsemaient le sol.

Même si le siège fut court, les rebelles – enfin non, depuis qu’Albion avait perdu son roi, « Reconquista » était le nouveau gouvernement légitime – avaient subis d’incroyables dommages. Pour vaincre les 300 soldats de l’armée royale, 2000 rebelles furent tués et 4000 furent blessés. En voyant ce que cela avait coûté, il était dur d’appeler cette bataille une victoire.

La forteresse étant située au bout du continent flottant, on ne pouvait l’attaquer que d’une seule direction. Avant que les forces de la « Reconquista » réussissent à se débarrasser des gardes, ils furent attaqués sans répit de magie et de boulets de canons mêlés, leur causant d’énormes dommages.

Cependant, la pure force du nombre finit par l’emporter. Une fois de l’autre côté des murs du château, la défense du roi était bien faible. Les mages de l’armée du roi, s’occupant de sa garde, étaient laissés seuls contre les soldats. Malgré leur force, leur nombre était incomparable à ceux des soldats de la « Reconquista » : Ils furent lentement tués un à un, jusqu’à ce qu’aucun ne reste.

Même si les dégâts infligés à leur ennemi furent immenses… Ils le payèrent avec le prix de leur annihilation. Une annihilation totale, les royalistes s’étant tous vaillamment battus jusqu’à la fin.

Ainsi, la bataille finale de la guerre civile d’Albion : Le siège de la forteresse de Newcastle, où les royalistes furent à 1 contre 100 et infligèrent des dommages équivalents à une armée de 10 fois leur nombre… devint une légende.


Deux jours après la fin de la guerre civile, sous le soleil brûlant, entre les cadavres et les décombres, se tenait un grand aristocrate inspectant cet ancien champ de bataille. Son chapeau était coiffé sur le côté, et il était habillé d’une manière étonnante : Dans l’uniforme de la Garde Magique Royale de Tristain.

C’était Wardes.

Une mage, couverte d’un chaperon jusqu’au niveau de ses yeux, se tenait à côté de lui.

C’était Fouquet la Terre s’effritant. Elle s’était enfuie à Albion à bord d’un vaisseau depuis La Rochelle. Elle avait rejoint la nuit dernière Wardes au bar de Londinium, la capitale d’Albion, et maintenant l’avait suivi jusqu’au champ de bataille de Newcastle.

Autour d’eux, les soldats de « Reconquista » fouillaient avec attention dans l’espoir de richesses. Une grande exclamation de joie vint de la trésorerie, non loin : Il semblait qu’un groupe avait trouvé quelques pièces d’or.

Un mercenaire, d’une pique tenue sur son épaule, retournait les cadavres puis les poussait dans une pile proche de décorations sans valeur pour le jardin. Lorsqu’il trouva une baguette magique, il cria de joie.

Fouquet, regardant la scène avec mécontentement, claqua sa langue pour exprimer son dégoût.

Voyant l’expression de Fouquet, Wardes rit froidement.

« Où est le problème, Fouquet la Terre s’effritant ? Ces hommes qui sont en quête de trésor, ne sont-ils pas tes collègues ? Dévaliser des nobles faisait partie de ton travail, non ? »

« Ne me compare pas avec eux. Je ne suis pas intéressée par les richesses d’un mort. »

« Un voleur avec une éthique de vol. »

Wardes rit.

« Je n’y ai aucun intérêt. Je vole uniquement des choses précieuses aux nobles parce que j’aime voir leur visage paniqué alors. Mais ces gens… »

Fouquet regarda le cadavre d’un mage garde royaliste du coin des yeux.

« C’est bon, c’est bon, ne t’énerve pas. »

« Je suppose que les nobles royalistes d’Albion sont nos ennemis. Tu n’as pas, toi-même, par devoir à la famille royale, déshonorée ta propre famille ? »

En entendant les mots exagérés de Wardes, Fouquet, regagnant son calme, répondit doucement tout en acquiesçant de la tête :

« C’est le passé. Des accidents arrivent. »

Wardes tourna alors son visage. La partie inférieure de son bras gauche avait été coupée. Sa manche d’uniforme flottait mollement au vent.

« On dirait que pour toi aussi la bataille fut dure. »

Wardes répondit sans perdre son ton.

« Un bras contre la vie de Wales, je trouve ça peu cher. »

« Il doit être vraiment quelque chose, ce ‘Gandalfr’, pour être capable de couper aussi franchement le bras d’un mage du vent de niveau rectangle tel que toi. »

« Parce qu’il n’était qu’un roturier, je n’ai pas fait assez attention. »

« Ne le dis pas comme ça. Même mon golem a été détruit par lui. Cependant, rien dans ce château n’aurait pu survivre. »

Wardes sourit froidement aux mots de Fouquet.

« C’est Gandalfr après tout. Les troupes ayant attaqués le château n’ont pas indiqués s’être battus contre une personne pareille. Peut-être a-t-il utilisé toute son énergie durant notre combat et fut pris pour un simple garçon. Le soldat l’ayant tué n’a sans doute même pas remarqué qu’il était le familier légendaire. »

Fouquet, non convaincue, renifla. Une image de Saito, un garçon à l’allure assez étrange, lui vint à l’esprit. Était-il vraiment du genre à mourir si facilement ?

« Et où est cette lettre ? »

« Quelque part par-là. »

Wardes pointa le sol de sa canne. Cet endroit, deux jours plus tôt, était une chapelle. Le lieu où Wardes et Louise essayèrent de se marier, et où Wales perdit la vie.

Maintenant, ce n’était plus qu’un amas de débris.

« Hmm, cette jeune La Vallière… ton ancienne fiancée, la lettre était dans sa poche ? »

« Correct. »

« Tu l’as laissée mourir ? Tu ne l’aimais pas ? »

« Aimer, ne pas aimer, cela fait longtemps que j’ai oublié de tels sentiments. » répondit à côté Wardes d’une voix neutre.

Il prit sa canne et chanta un sort. Une petite tornade apparut et commença à se déchaîner parmi les gravats.

Lentement mais sûrement, le sol de la chapelle se dévoila.

Entre un portrait du Fondateur Brimir et une chaise reposait le corps de Wales. Étonnamment, il paraissait indemne.

« Regarde, n’est-ce pas ce cher Prince Wales ? »

Fouquet s’exprima avec une voix surprise. Elle qui fut une des nobles d’Albion se rappelait du visage de Wales.

Wardes ne jeta même pas un regard aux restes de l’homme qu’il avait lui-même tué ; il cherchait plutôt de manière intensive les cadavres de Louise et de Saito.

Cependant… Peu importe où se posait son regard, il n’en voyait aucune trace.

« Es-tu sûr qu’ils sont morts ici ? »

Murmurant que oui, Wardes commença à examiner avec attention ses alentours.

« Oh… Regarde, n’est-ce pas l’œuvre de George de la Tur : ‘La visite du Fondateur Brimir’ ? »

Fouquet ramassa la peinture sur le sol.

« Je pense que c’est une reproduction. Hmm, d’ailleurs, la chapelle de ce château a dû être construite pour lui vouer un culte… ?... »

Fouquet découvrit un large trou, jusque-là caché sous la peinture, et appela Wardes.

« Eh, Wardes, qu’est-ce que ce trou ? »

Wardes, en fronçant les sourcils, s’agenouilla et sonda du regard le trou indiqué. Il réalisa qu’il avait sans doute été creusé par cette taupe géante, le familier de Guiche. Il pouvait sentir sur sa joue la froide brise en émanant.

« Se pourrait-il que la cadette des Vallière et Gandalfr se soient échappés ensemble par ce trou ? » s’exclama Fouquet. Ça ne pouvait être autrement. Le visage de Wardes se tordit de rage.

« Devrions-nous les poursuivre ? »

« C’est inutile. Puisque du vent circule dans le tunnel, ça doit signifier qu’il a été creusé jusqu’à l’air libre. » répondit Wardes, avec un air exaspéré. En le voyant ainsi, Fouquet sourit malicieusement.

« Il semblerait que tu sois capable de telles expression. Dire que je pensais que tu étais sans émotion… que tu étais une sorte de gargouille… Pourquoi, oh pourquoi des émotions apparaissent sur ton visage ? »

En entendant cela, Wardes se leva.

Une personne apparut d’un peu plus loin pendant qu’ils parlaient.

Il dit d’une voix joyeuse et limpide :

« Vicomte ! Wardes ! Avez-vous trouvé la lettre maintenant ? La lettre… qu’est-ce que c’était déjà… Ah oui, la lettre d’amour qu’Henrietta avait envoyé à Wales, ce qui nous sauvera de l’alliance entre Germania et Tristain. L’avez-vous trouvée ? »

Wardes répondit à l’homme ayant juste apparu en niant de la tête.

Cet homme était au milieu de sa trentaine. Il portait un chapeau rond et un manteau vert. Du premier coup d’œil, l’on pouvait dire qu’il était un homme d’église. Toutefois, il ressemblait légèrement à un soldat avec son long nez aquilin et ses yeux bleus où se reflétait de l’intelligence. Des bords de son chapeau s’échappaient des mèches blondes et bouclées.

« Votre Excellence, il semble que la lettre ait glissée dans ce trou. C’est entièrement ma faute. Je regrette profondément mon erreur. S’il-vous-plaît, infligez-moi toutes punitions que vous trouverez nécessaires. »

Wardes s’agenouilla en baissant sa tête.

L’homme à qui « Excellence » était destiné approcha Wardes avec un sourire amical et tapota son épaule.

« Que racontez-vous ? Vicomte ! Vous avez fait un travail remarquable ! Vous avez vaincu tout seul le brave général ennemi ! Ah, n’est-ce pas ce cher Prince Wales promis à la couronne allongé là-bas ? Soyez fier ! Vous l’avez battu ! Apparemment, il me vouait une haine profonde… mais en le voyant comme ça, je sens étrangement un lien entre nous. Aah, c’est vrai. Une fois mort, tout le monde devient ami. »

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Wardes fit une légère moue en remarquant le sarcasme à la fin du discours. Il regagna rapidement sa maîtrise de soi et répéta une fois de plus ses excuses à son officier supérieur.

« Néanmoins, la mission d’obtenir la lettre d’Henrietta, que désirait Votre Excellence, s’est révélée un échec. Je suis désolé de n’avoir pas pu répondre aux attentes de Votre Excellence. »

« Ne vous tracassez pas ainsi. Empêcher l’alliance était bien moins important que tuer Wales. Un rêve est une chose à obtenir doucement, pas après pas. »

L’homme à la robe de moine verte se tourna ensuite vers Fouquet.

« Vicomte, introduisez-moi s’il-vous-plaît cette magnifique dame. Étant un prêtre, il n’est pas convenable pour moi d’adresser la parole à une femme. »

Fouquet observa l’homme. Elle avait vu Wardes s’incliner avec beaucoup de respect devant lui. Mais elle ne l’aimait pas. Une atmosphère étrange l’entourait. Une aura sinistre émanait de chacune des ouvertures de sa robe.

Wardes laissa le passage libre et introduisit Fouquet à l’homme.

« Votre Excellence, ceci est Fouquet la Terre s’effritant, devant qui tous les nobles de Tristain tremblent. »

« Oh ! J’ai entendu ces rumeurs ! Je suis honoré de faire votre rencontre, Miss Saxe-Gotha. »

En l’entendant utiliser son nom de noble qu’elle avait abandonnée il y a longtemps déjà, Fouquet sourit.

« Est-ce Wardes qui vous a dit ce nom ? »

« Effectivement. Il sait tout sur les nobles d’Albion. Généalogie, blasons, propriétés… C’est dur pour un évêque vieillissant de se rappeler de tout. Oh, ne retardons pas plus ma présentation. »

Ouvrant grand les yeux et plaçant sa main sur sa poitrine :

« Premier général de Reconquista, Oliver Cromwell à votre service. Vous voyez, à la base, je n’étais qu’un simple évêque. Cependant, par les votes du conseil des barons, je fus nommé premier général et je me dois donc de faire de mon mieux. Même si je suis juste un homme d’église qui sert le Fondateur Brimir, il n’y a aucun problème à ce que je nous ‘guide’ durant les temps obscurs, n’est-ce pas ? Si cela est nécessaire, je pourrais utiliser la foi et le pouvoir ensemble pour le meilleur. »

« Votre Excellence, vous n’êtes plus un simple premier général, vous êtes maintenant… »

« L’empereur d’Albion, Vicomte. »

Cromwell rit. Cependant, ses yeux n’eurent aucun éclat l’indiquant.

« Certainement, je souhaitais vraiment éviter l’alliance entre Tristain et Germania mais néanmoins, il y a des choses plus importantes. Me comprenez-vous, Vicomte ? »

« Les pensées de Votre Excellence sont si profondes qu’elles sont inaccessibles à un homme ordinaire comme moi. »

Cromwell ouvrit grand les yeux. Ensuite, il leva ses deux mains et commença à parler avec des gestes exagérés.

« L’unité ! Une unité d’acier ! Où Halkeginia serait nous, une union de nobles choisis qui irait reprendre la Terre sacrée à ces effrayants elfes ! C’est une mission qui nous est donnée par le Fondateur Brimir ! ‘L’unité’ est notre tâche principale. Donc, Vicomte, j’ai confiance en vous. Je ne peux vous blâmer pour un échec à une tâche aussi insignifiante. »

Wardes s’inclina grandement à ses paroles.

« Pour cette grande mission, le Fondateur Brimir nous a béni en nous accordant une part de son pouvoir. »

Les sourcils de Fouquet se levèrent. Pouvoir ? Qu’est-ce que ce pouvoir dont ils parlent ?

« Votre Excellence, quel est le pouvoir que le Fondateur Brimir a accordé à Votre Excellence ? Si cela est possible, j’aimerais le savoir. »

Cromwell continua dans un ton tellement plein d’emphase que la compréhension en était gâtée, trop pris dans sa propre mise en scène.

« Connaissez-vous les quatre éléments de la magie, Miss Saxe-Gotha ? »

Fouquet acquiesça. Même les enfants savent ces choses-là. Le Feu, le Vent, l’Eau et le quatrième : La Terre.

« En plus des quatre grands éléments, il y a un autre élément en magie. L’élément que le Fondateur Brimir a utilisé, l’élément du zéro. À vrai dire, c’était le premier élément, source de tous les autres. »

« L’élément du zéro… Le vide ? »

Fouquet palissa. L’élément perdu. La magie du néant, celle qui, selon de sombres légendes, avait disparu. Est-ce que cet homme sait quelque chose sur l’élément du zéro ?

« C’est le pouvoir dont le Fondateur Brimir m’a béni. Pour cette raison, le conseil des barons accepta de me faire Empereur d’Halkeginia. »

Cromwell pointa du doigt le cadavre de Wales.

« Wardes. J’aurais voulu faire du Prince de la couronne Wales mon ami et mon allié. Hélas, il a choisi d’être dans sa vie mon plus grand ennemi ; mais dans sa mort, il va maintenant devenir mon plus grand allié. Y voyez-vous un inconvénient ? »

Wardes fit non de la tête.

« Il n’aurait jamais dû aller à l’encontre des décisions de Votre Excellence. »

Cromwell rit tout en souriant.

« Bien, alors, Miss Saxe-Gotha : Je vais vous montrer ce qu’est l’élément du ‘Zéro’. »

Fouquet scruta les mouvements de Cromwell en retenant son souffle.

Cromwell tira la canne qu’il avait attachée à sa taille.

Un silencieux aria s’échappa de la bouche de Cromwell. Il chantait des mots que Fouquet n’avait jamais entendus auparavant.

Lorsqu’il fut complété, Cromwell baissa doucement sa canne et visa du bout le corps de Wales.

Alors, tout d’un coup, Wales, dont le corps était sans vie, ouvrit les yeux. Un frisson parcourut la colonne vertébrale de Fouquet.

Wales se redressa lentement. Un visage épargné de tout sang fut soudain ramené à la vie qu’il avait autrefois. Tout comme une fleur fanée absorbant de l’eau, le corps de Wales se remplissait lentement d’énergie vitale.

« Bon réveil, Prince de la couronne. » murmura Cromwell.

Le Wales revenu à la vie retourna le sourire à Cromwell.

« Cela fait longtemps, Archevêque. »

« Quelle impolitesse, je suis un empereur maintenant, mon cher Prince de la couronne. »

« Oh, est-ce vraiment ainsi ? Je m’excuse de ne pas l’avoir su, Votre Excellence. »

Wales s’agenouilla, prenant la posture d’un vassal.

« Je pense faire de toi mon garde du corps personnel, Wales. »

« Ce serait avec plaisir. »

« Alors, soyons amis. »

Cromwell commença à marcher. Wales, qui n’avait pas l’air d’être tout juste mort, marcha derrière lui. Soudain Cromwell, comme s’il venait de se rappeler quelque chose, s’arrêta et se retourna en disant :

« Wardes, ne vous inquiétez pas. Même si l’alliance est créée, ce n’est pas un problème. Quoiqu’il en soit, Tristain ne peut rien contre nous. Il n’y aura pas de changement dans notre plan. »

Wardes s’inclina.

« Il y a deux façons de faire dans la diplomatie : La canne et le pain. Donnons à Tristain et Germania du bon pain chaud pour l’instant. »

« Il sera fait selon vos souhaits. »

« Il nous est nécessaire de conquérir Tristain. La famille royale a le Livre de Prières du Fondateur. Il me faut le posséder pour récupérer la Terre sacrée. »

Après avoir acquiescé à ces propres mots de sa tête tout en les disant, Cromwell repartit.


Ce fut uniquement lorsque Cromwell et Wales disparurent de sa vue que Fouquet fut capable de parler.

« Ce… c’était le vide… ? Faire revivre les morts. C’est impossible. »

Wardes répondit dans un murmure : 

« L’élément du vide manipule la vie… C’est ce que Son Excellence disait, on dirait qu’il avait raison. Même si je ne peux pas y croire moi-même, après y avoir assisté… Comment pourrais-je le nier ? »

Fouquet demanda d’une voix chancelante à Wardes :

« Il y a peu, tu agissais d’une façon très similaire, peut-être étais-tu affecté par la magie du vide aussi ? »

Wardes rit.

« Moi ? C’est différent. Ce que je suis est le résultat de la triste vie que j’ai mené depuis ma naissance. »

Après cela, Wardes regarda le ciel.

« Quoiqu’il en soit… beaucoup de vies vont être sacrifiées pour la Terre sacrée du Fondateur… Et si elles étaient toutes ramenées à la vie par l’élément du ‘Vide’ ? »

Effrayée, Fouquet pressa sa main contre son cœur. Elle sentit un léger battement. Elle avait soudainement eu le besoin de confirmer qu’elle était bien en vie.

« Ne fais pas cette tête-là. C’était juste une idée. Tu pourrais même dire que c’était une simple fantaisie. »

Fouquet soupira, se sentant rassurée. Elle regarda alors Wardes.

« J’ai été surprise, c’est tout. »

Tout en tapotant le moignon où se tenait autrefois son bras gauche, il parla doucement :

« Cependant, j’ai moi-aussi envie de savoir. Est-ce une simple création de mon esprit ? Ou la réalité ? La réponse repose dans les Terres sacrées… C’est ce que je ressens. »


•••


Trois jours après le retour de tout le monde à l’Académie de la Magie, le mariage entre la princesse de Tristain Henrietta et l’empereur de Germania Albrecht III fut officiellement annoncé. La cérémonie prendrait place le mois suivant, avant la conclusion de l’alliance militaire.

La conclusion de l’alliance sera tenue dans la capitale de Germania Vindobon, où la lettre d’accord allait être signée par le premier ministre de Tristain, le Cardinal Mazarin.

Le jour après l’alliance, un nouveau gouvernement pour Albion sera alors établi officiellement. Dès cette annonce, des tensions éclatèrent entre les deux contrées, mais le premier Empereur de l’Empire d’Albion, Cromwell, envoya au même moment à Tristain et Germania un messager pour signer un traité de non-agression.

Suite à cela, les futurs alliés eurent une conférence. Même avec leurs forces aériennes combinées, ils ne pouvaient s’opposer à la flotte d’Albion. Même si le traité de non-agression ressemblait assez à une dague prête à leur trancher le cou, ils n’avaient pas vraiment d’autre alternative, et cette offre était donc ce qu’ils pouvaient espérer de mieux.

Cependant… La paix en Halkeginia était uniquement de surface. Les politiciens et les nobles pouvaient à peine dormir. Même les villageois appréhendaient chaque jour avec une grande tension.

L’Académie de Magie de Tristain n’était pas une exception.



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