Maria-sama ga Miteru (Français):Volume1 Chapitre1
Un Lundi de Maladresse
Partie 1
- Attends.
On était lundi. C'est à l'endroit où le chemin encadré d'arbres ginkgo bifurque, qu'une voix derrière Yumi lui demanda de s'arrêter. C'était une voix froide, un peu aiguë, juste assez forte pour sembler être illusion. L'incident se produisit juste devant une statue de la Sainte Vierge et pendant un instant, Yumi cru que c'était Marie elle-même qui l'appelait ainsi.
Ici, quand quelqu'un vous adressait la parole, la règle était de s'arrêter, de répondre « oui » et de tourner son corps entier dans la direction de l'interlocuteur. Même si c'était inattendu, il ne fallait pas agir précipitamment. De plus, il était vulgaire de ne tourner que la tête. Aussi élégamment que possible. De la façon la plus belle possible. Afin d'approcher un peu plus l'exemple des grandes sœurs. Il suffisait ensuite de faire face à la personne, sourire et dire « Gokigenyô ».
Mais malheureusement, Yumi était incapable de répondre « Gokigenyô ».
- ...
Elle avait reconnu qui venait de l'appeler et ça la laissait muette de stupeur. Elle n'avait pas sursauté, c'était un pas en avant vers l'objectif qu'elle faisait de son mieux pour accomplir : se conduire comme une étudiante modèle de Lillian se conduirait. Du moins... C'est ce qu'elle aurait aimé. La vérité était que sa surprise était si grande que son esprit s'était mis à tourner à toute vitesse et que son corps, dépassé, ne pouvait plus bouger.
- Heu... C'est à moi que tu parles ? demanda Yumi avec un grand effort, toujours incrédule.
Bien sûr, elle savait qu'elle était la seule personne à portée de vue et qu'elle était donc la seule personne à qui l'on pouvait s'adresser. Mais malgré tout, cela restait difficile à croire pour Yumi.
- En effet. Je suis celle qui parle et tu es celle à qui je parle.
Elle avait dit « en effet ». Yumi, désespérée, mourrait d'envie de répondre qu'il devait y avoir une erreur et de s'enfuir en courant. Elle n'avait aucune idée de la raison pour laquelle on l'avait interpellé et son esprit était au bord de la panique.
Elle s'approcha droit vers Yumi, un petit sourire aux lèvres, sans se rendre compte de l'état de celle-ci. Elles étaient dans des années différentes et pour cette raison, Yumi n'aurait jamais du avoir l'occasion de voir ce visage de si près. C'était même la première fois qu'elle entendait sa voix si distinctement. Ses cheveux qui lui arrivait à la taille brillaient si fort qu'on ne pouvait que mourir d'envie de lui demander quelle marque de shampoing elle utilisait et ils étaient si bien coiffés qu'on ne trouvait aucune mèche rebelle.
- Tiens-moi ça.
Elle lui tendit son sac. Yumi, toujours interloquée, prit le sac tandis que les deux mains s'approchèrent de son cou. (Aaaah !). Incapable de comprendre ce qu'il se passait, Yumi ferma les yeux, baissa le menton et se raidit.
- Ton nœud. Il est de travers.
- Quoi ?
Elle rouvrit les yeux ; le beau visage était toujours en face d'elle. Apparemment, elle redressait le nœud de Yumi.
- Tu dois toujours faire attention à ton apparence. La Vierge Marie nous regarde, tu sais.
Puis, elle reprit le sac des mains de Yumi, dit « Gokigenyô » et repartit en direction de l'école.
(Ce... Ce...)
Restée seule, toujours immobile, le sang commença lentement à revenir au cerveau de Yumi qui comprenait enfin ce qui venait de se passer.
Son identité ne faisait aucun doute. Sachiko Ogasawara, de deuxième année, classe du pin. Par accident, son nom était le septième sur la feuille de présence de la classe de Yumi. Elle était aussi connue comme « Rosa Chinensis en bouton ». Elle était au centre des attentions de l'école et on se demandait toujours si c'était vraiment autorisé de la mentionner, alors qu'on était d'un rang si inférieur à elle.
(Ce n'est...)
Yumi en rougissait de honte.
(Ce n'est pas juste !)
Elle était toujours immobile, abasourdie. C'était la première fois qu'elle échangeait des paroles avec la sœur qui l'avait tant inspiré. Et c'était un épisode horriblement embarrassant. C'était trop cruel.
Sainte Vierge, vous êtes méchante !
Elle lança un regard de dépit vers la statue, mais celle-ci conserva son éternel sourire chaste et se tint, silencieuse, au milieu du petit jardin verdoyant.