Iris on Rainy Days (FR) : Renaissance - Jour 78

From Baka-Tsuki
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Jour Soixante-Dix-Huit[edit]

C'est, comme d'habitude, un jour pluvieux. Une pluie manifestement sans fin.

Je transporte encore et toujours des déchets aujourd'hui.

La montagne de déchets entassée dans « l'estomac » a considérablement rétréci. Cela veut dire que notre travail est bientôt terminé.

Le bruit métallique dans mon crâne est comme la danse irrégulière d'un ivrogne sur la piste de danse qu'est mon esprit.

Je ressens l'envie irrépressible de m'ouvrir la tête pour le sortir de là. Malheureusement, je ne suis pas confiante à l'idée d'utiliser mes bras pour procéder à ce genre d'opération délicate. Et puis, l'ouverture est certes simple, mais pour la fermeture, c'est une autre histoire.

Tout en étant plongée dans mes pensées, je tombe soudain sur une scène rare en cet après-midi-là, alors que je répète inlassablement les mêmes gestes.

Un contremaître est en train de s'excuser.

À la tour de contrôle, le contremaître qui reste d'habitude tout en haut est en train de courber l'échine, avec un doux sourire aux lèvres. En concentrant mon regard, je me rends compte qu'il y a un homme d'âge moyen un peu enrobé en costume debout près du contremaître, il pointe du doigt à gauche à droite.

C'est sûrement quelqu'un d'important, un VIP. C'est peut-être même lui qui dirige l'endroit.

Je jette un œil vers eux tout en transportant les déchets. L'homme pointe souvent du doigt dans notre direction. À chaque fois, le contremaître se dépêche de prendre des notes. Je me demande de quoi ils parlent.

Je regarde ensuite devant moi, et mon regard s'arrête sur le large dos de Volkov. Lilith est à côté de lui.

J'augmente la vitesse de mes chenilles pour les rattraper.

Le bruit métallique continue de résonner joyeusement dans ma tête tandis que je me fraye un chemin sous la pluie.



— Vous ne trouvez pas ça bizarre ?

La personne qui a posé cette question, c'est Lilith.

À deux heures du matin, nous sommes comme à notre habitude autour de la vieille table en bois, en pleine réunion du club de lecture.

— Quoi donc ?

— Iris, tu vas pas me dire que tu l'as pas vu ? Le gros, je veux dire.

Lilith me regarde tout en jouant avec un petit dictaphone qu'elle a sûrement trouvé dans la montagne de déchets. Sur son beau visage, on peut lire du mécontentement, ses sourcils étant froncés.

— Ah, tu veux parler du monsieur en costume qui parlait avec le contremaître ?

— Exactement. C'est sûrement un de ces types du siège social comme l'autre jour.

— Le siège social...? De quoi ?

— Le siège social de cette société. Tu sais, le logo rouge qu'il y a sur les uniformes des contremaîtres. ... Quel dommage que je ne sache pas lire.

— Un logo rouge...

Je suis incapable de discerner les couleurs, alors je ne vois pas de quoi elle parle.

— La voiture dans laquelle ils étaient avait le même logo, alors ils ont sûrement été envoyés ici depuis Ovale.

En entendant ça, mon cœur se met à battre à tout rompre. C'est le nom de la ville où le Professeur et moi vivions.

— Est-ce qu'Ovale... est proche d'ici ?

— Hein ? Tu veux parler de la ville ?

J'acquiesce alors, et Lilith me répond :

— C'est juste à côté. Il faut même pas quinze minutes en voiture.

— Quinze minutes...

Je retiens mon souffle en entendant sa réponse. Quinze minutes en voiture. En arrivant ici, j'avais l'impression d'être à des milliers de kilomètres de ma ville natale, voire dans un autre pays, je n'aurais jamais cru être aussi près d'Ovale.

À ce moment-là, Lilith reprend le sujet de conversation précédent.

— Ah, c'est vrai. J'ai entendu des choses étranges aujourd'hui. C'est un contremaître qui a dit ça peu après que le type du siège social soit parti.

Sur ces mots, Lilith baisse soudain le ton. En fait, il n'y a que les robots éteints dans l'entrepôt alors ce n'est pas vraiment la peine.

— Dès que le travail sera terminé, on va tous être licenciés.

— ....? Qu'est-ce que ça veut dire ?

— C'est pourtant évident ! Virés quoi ! Une fois le boulot terminé, on sera bon pour la casse ! Comme des tas de ferraille !

— Uuuh...!

Je ne peux m'empêcher de gémir. En entendant « tas de ferraille », je me rappelle de ce qui s'était passé ce jour-là. Du jour où mes bras et jambes me furent arrachés. Je ne veux plus jamais revivre ça.

— ... Qu'est-ce que tu en penses, toi ?

Une fois n'est pas coutume, Lilith vient de demander l'avis de Volkov sur la question, ce à quoi il répond immédiatement :

— Les- robots- doivent- obéir- aux- humains.

Mécontente, Lilith donne un coup dans le bras de Volkov.

— Sérieux... T'y as vraiment réfléchi ? On va terminer à la casse si ça continue, tu sais ?

— Les- robots- doivent- obéir- aux- humains.

Volkov répète la même chose.

— Bon, ça suffit, c'est moi qui ai été assez stupide pour te demander ton avis.

Lilith s'adosse contre le tas de déchets derrière elle.

— J'ai aucune, mais alors aucune envie de terminer comme ça.

Je regarde dans sa direction :

— Mais il n'y a rien à faire, non ?

— Tout serait réglé si on arrivait à s'enfuir, non ?

— Et le module de discipline, alors ?

— Qu'est-ce que ça peut faire ? Ça fait belle lurette que je m'en suis débarrassée.

— ... Hein ?

Je n'en reviens pas. Le module de discipline est un composant important des circuits de sécurité d'un robot. Il est formellement interdit de l'enlever, car c'est lui qui s'assure que les robots obéissent aux humains.

— Mes circuits de sécurité ne fonctionnaient plus. Sûrement depuis le chantier précédent ? Ça coïncide avec la fois où je me suis fait écraser par une grue. Mais comme je n'aurais pas le droit de me recharger si je ne travaille pas, je fais semblant d'obéir aux humains.

— C'est une blague... C'est pareil pour Volkov aussi ?

Je jette un coup d'œil dans sa direction. Il répond avec une voix toujours aussi grave :

— Non.

Les circuits- de sécurité- de Volkov- n'ont pas- changé. »

— C'est parce que monsieur est un robot militaire.

Lilith continue tout en regardant Volkov :

— Ses circuits de sécurité sont assez bizarres. J'ai essayé plusieurs fois de les lui retirer, mais en vain. ... Pourtant, tout se passait bien à chaque fois, jusqu'à ce que ça bloque pour une obscure raison à un moment...

Volkov dit alors en levant la tête fièrement :

— Volkov- sûr.

Ce à quoi Lilith répond avec indifférence :

— Mais oui, très sûr.

Mais ce n'est pas le moment de dire ça. »

Lilith dévisage Volkov.

— Est-ce que ça te va vraiment de terminer en tas de ferraille ?

— Les robots- doivent- obéir- aux humains.

— Génial.....

Lilith pousse un soupir. Elle a l'air vraiment inquiète. Même si elle ne le montre que rarement, elle tient beaucoup à Volkov.

— ... Peu importe, comparé à ça, il est encore préférable que je te retire de suite tes circuits de sécurité, Iris. Si jamais il arrive quelque chose, même s'ils venaient à appuyer sur le « bouton d'arrêt d'urgence », tu pourras tout de même t'échapper.

Le bouton d'arrêt d'urgence est un bouton qui est utilisé comme son nom l'indique dans des cas d'urgence, et a pour conséquence de bloquer tous les robots. J'en ai vu un attaché à la ceinture d'un des contremaîtres.

— Les retirer ? C'est possible, ça ?

— Bien sûr. J'étais en charge de la réparation de mes collègues dans le chantier précédent. ... Même si c'était juste temporaire.

Lilith sort alors une boîte à outils de sous la table. Bien sûr, c'est un autre de ses « trésors de guerre » glanés sur le chantier.

— Ne bouge plus. Les circuits mentaux sont très fragiles.

Tout en disant ça, elle se met derrière moi, et s'approche, un tournevis à la main.

— E-Est-ce que c'est vraiment raisonnable ?

— Tout ira bien ! ... Sûrement.

Un craquement se fait entendre du haut de ma tête, Lilith a commencé à dévisser les vis. Elle pose ces dernières les unes après les autres dans une boîte carrée posée sur la table.

Finalement, avec un grand bruit métallique, elle ouvre le haut de ma tête.

— Oh ? Ce sont des pièces génériques de la troisième usine. ... Je vois, je vois.

Lilith se met à acquiescer.

— Qu'est-ce que tu en conclus ?

— J'ai compris comment tu t'es retrouvée ici. Tout est parti d'une boutique d'occasion.

— Une boutique d'occasion ?

— Les robots derniers cris sont chers, pas vrai ? C'est pour ça que de plus en plus de boutiques d'occasion se servent des pièces qu'elles collectent à gauche à droite pour construire de nouveaux robots à leur sauce.

J'ai entendu parler de ça. Ces endroits collectent des pièces et les réparent pour construire des robots illégalement modifiés, comme moi-même.

— Tu as sûrement été achetée par les contremaîtres dans une boutique d'occasion d'Ovale. Mais en fait, le Département d'Encadrement des Robots leur en vend aussi, pas vrai ?

Je pense qu'elle a raison. Et donc, cela explique comment je me suis retrouvée dans ce chantier après mon désassemblage.

— Qu'est-ce que...

Juste à ce moment-là, Lilith poussa un drôle de cri.

— Qu'y a-t-il ?

— Eh ben, c'est la première fois que je vois des circuits mentaux si petits...

Tout en regardant l'intérieur de mon crâne, Lilith dit avec émerveillement :

— Incroyable ! Tes circuits de sécurité sont tout petits ! Et ils ont une structure unique en leur genre ?!

Lilith semble vraiment excitée. Je ne peux m'empêcher de me sentir gênée.

Puis, le visage de Lilith devient soudain sérieux. Elle me regarde de profil, sa longue chevelure se frottant doucement contre mon épaule.

— Qui es-tu ?

— ... Quoi ?

Je reste coi.

— Les pièces de ton corps sont assez vieilles, mais tes circuits mentaux sont très récents. Comment ça se fait ?

— C'est parce que...

Une ombre se dessine dans mon esprit. Ce sont des souvenirs douloureux que j'ai enfouis au plus profond de mon être, un passé que je refuse de regarder en face.

— Ah, c'est quoi ça ? dit Lilith, surprise.

— Qu'y a-t-il encore ?

— Il y a un objet coincé près de tes circuits mentaux.

— Coincé ?

Je me rappelle alors soudain de quelque chose. « Ce bruit » métallique que je n'arrête pas d'entendre.

— Une petite minute...

Lilith sort ensuite un câble métallique de sa trousse à outils et le tord en forme d'hameçon — comme ceux pour la pêche.

— Je vais t'enlever ça tout de suite.

Après un moment, un cliquetis se fait entendre, et elle dit « C'est fait ». Il semblerait que la proie ait mordu à l'hameçon.

— Qu'est-ce que... Un pendentif ? murmure alors Lilith, le câble métallique dans les mains.

— Hein ?

Je tourne ma tête, et Lilith me dit « Regarde », avant de poser l'objet qu'elle a trouvé sur la table.

C'est un pendentif gris en forme d'ovale avec une serrure dessus.

Non, ce n'est pas gris, il a en fait le même éclat argenté que...

L'étui à cigarettes cerceaux du Professeur.

— Ah...

Je tends lentement la main droite, avant de me saisir de l'étui.

Des traces de sang séché sont visibles dessus, ainsi que des taches d'huile noire.

Les mains tremblantes, j'ouvre l'étui, et une cigarette cerceau en forme de huit roule lentement sur la table tel un vélo qui aurait perdu son conducteur.

— Ahhhh...

Il y a également « cette photo » collée sur le couvercle de l'étui.

Une jeune fille vêtue d'une robe à froufrou et d'un chapeau de paille se tient debout devant l'affiche d'un film. À ses côtés, se tient une personne de grande taille portant une chemise et un jean, un sourire malicieux sur les lèvres, c'est...

— Pro... fesseur...

Mon bras droit qui tient l'étui se met à trembler légèrement. Puis le tremblement se propage rapidement dans le reste de mon corps. Les émotions que j'avais enfouies, la tristesse réprimée, l'amour et le profond désespoir sortent d'un coup de leur cage au plus profond de mon cœur, en s'échappant violemment de mon corps. Le Professeur sur la photo a la main posée sur moi, faisant remonter de bons souvenirs du passé. « Je suis rentrée, Iris. Tu as été sage, aujourd'hui ? », le Professeur me caressant la tête doucement, mais de façon un peu rustre aussi. « Hmm, c'est vraiment délicieux. Iris, tu es un vrai cordon bleu. » Le Professeur qui me complimente. « Une objection, mademoiselle Iris ? » Le Professeur qui me taquine. « Euh, Iris ? » Le Professeur inquiet. « Bonne nuit, Iris » Le Professeur gentil. Hélas, le Professeur est mort maintenant. Je ne pourrais plus jamais la revoir. Professeur, Professeur, aahhhh, Professeur, Professeur, Professeur, Professeur, Professeur, Professeur, Professeur...

— Uuh- Aa... UWAAAAAAAH !

Je me mets à pleurer. Je m'affale sur la table et suis prise de violentes convulsions, tout en poussant des gémissements de désespoir qui me font même peur à moi-même. Les moments heureux et les doux souvenirs volent en éclat comme une vitre, les bris perçant la partie la plus tendre de mon cœur. Les émotions qui s'échappent de mon cœur meurtri se transforment en immense vague dans laquelle je me noie.

— Iris !

À ce moment-là, le cri perçant de Lilith résonne derrière moi. Ses bras enlacent vigoureusement mon corps convulsionné.

— C'est bon, tout va bien...!

— Ah, ahhh...

Je saisis alors les coudes de Lilith, tout en réprimant mes sentiments. Tout en me noyant dans un océan de tristesse et de chagrin, j'attends frénétiquement que la crise passe.

— C'est bon... Tout va bien maintenant, Iris...

Telle une mère qui console son enfant en pleurs, Lilith continue de me réconforter. Le corps que je sens sur mon dos est très doux et chaud, me remémorant ainsi les fois où le Professeur en avait fait de même.

Mon tremblement s'estompe petit à petit.

Le temps passe encore.

Mes convulsions se sont arrêtées. Seules mes mains tremblent encore un peu.

Visiblement inquiète, Lilith me tient la main sans rien dire. Volkov nous regarde silencieusement lui aussi.

— ... Tu t'es calmée ? me demande Lilith d'une voix douce.

Je lui réponds faiblement :

— Oui...

Ensuite, elle me regarde, moi et l'étui à cergarettes, avant de demander avec hésitation :

— Qu'est-ce que c'est ?

J'acquiesce légèrement, puis je lève la tête dans leur direction.

Les grands yeux de Lilith qui reflètent ma silhouette sont emplis d'inquiétude.

Les yeux carrés de Volkov émettent une lumière constante, il attend ma réponse.

C'est vrai, ces deux-là...

Je décide alors de tout leur raconter. Mes explications n'ont pas une grande importance en soit — ou plutôt, disons juste que je veux qu'ils connaissent la vérité.

Ensuite, les détails se déversent de ma bouche comme l'eau qui coule d'un barrage. Je leur parle de ma conception par le fameux Professeur Umbrella, de sa mort à la suite d'un accident, de l'apparition des gens du Département d'Encadrement des Robots, de mon désassemblage, et de mon arrivée ici à mon réveil.

Je pointe ma main droite en direction de la photo :

— Elle, c'est le Professeur... Et ça, c'est moi.

Au même moment, je peux entendre la gorge de Lilith se serrer, tandis que le corps de Volkov se raidit un peu.

Au bout de dix minutes, je m'arrête. Le silence retombe dans l'entrepôt.

Dans l'étui à cigarette sur la table, le Professeur et moi-même sourions. Elle a une expression taquine, alors que moi, je suis assez contrariée.

— Je vois... murmure Lilith en regardant la photo dans l'étui à cigarette, Je me disais bien que c'était bizarre. Iris fait vraiment fille...

Puis, elle se met à cligner des yeux, avant de lever la tête comme si elle vient d'arriver à une conclusion.

— En fait, c'est la même chose pour moi.

Elle me regarde droit dans les yeux.

— Je vivais dans une maison d'humains avant ça.

Puis, elle se met à parler de son passé.

Cinq ans auparavant, Lilith avait été achetée par la prestigieuse famille Sunlight. Comme ils n'arrivaient pas à avoir d'enfant, ils avaient adopté un jeune robot à la place.

Au début, Lilith vivait une vie heureuse là-bas, avec l'amour de ses « parents ». Ils lui achetaient des vêtements, jouaient avec elle, la traitaient comme si elle était de leur chair et de leur sang. Le large panel d'expressions qu'elle possède prouve que ses parents avaient dépensé sans compter pour elle.

La situation changea deux ans après son arrivée. Ses parents avaient fini par avoir un enfant. Bien que Lilith fût dans un premier temps ravie de la naissance de sa petite sœur, les choses n'étaient pas si simples.

Les parents de Lilith l'abandonnèrent.

L'incident arriva du jour au lendemain. Un jour, des recycleurs de robots entrèrent dans la maison sans crier gare, et la tirèrent presque de force dehors. Ses parents n'avaient même pas assisté à son départ.

Peu après, elle fut vendue une fois encore en tant que « robot d'occasion ». Elle travailla dans un premier temps comme serveuse dans un restaurant, avant d'être vendue à une société de BTP, et de se retrouver sur ce chantier. Même si elle avait l'air fragile, ses batteries étaient d'une immense capacité, et elle pouvait porter de lourdes charges, ce qui explique qu'elle ait pu tenir le coup jusqu'ici.

Elle parle de son passé avec un ton indifférent. Enfin, elle me dit que je suis la première personne à être au courant après Volkov.

— Et pour lui, c'est pareil.

Après avoir dit ça, Lilith se tourne vers Volkov et demande :

— Je peux lui raconter ?

Volkov acquiesce silencieusement.

— Tu te rappelles du nom complet de Volkov ?

— C'est Volkov Galosh, non ?

Lilith acquiesce, avant de continuer :

— En fait, c'est Volkov Galosh Ouroboros.

— Ouroboros ?

— Exactement, Ouroboros. C'est à la base le nom d'un serpent apparaissant dans diverses légendes. ... Et donc, quand Volkov était dans l'armée, il appartenait à une unité appelée Ouroboros.

« Volkov- connaît- beaucoup- de façon- de tuer. » Ces mots résonnent dans ma tête.

— C'est une unité qui était constituée de robots, elle faisait partie du... Euh, c'était quoi le nom déjà ?

Lilith jette un œil en direction de Volkov, qui répond alors simplement :

— Le Bataillon Mech.

— Oui, c'est ça, le Bataillon Mech. Ce dernier était envoyé à gauche à droite sur des champs de bataille. Mais lors de leur vingt-huitième combat, ils reçurent soudain l'ordre de rentrer.

— Pourquoi ?

— Parce qu'un nouveau modèle d'armes humanoïdes venait tout juste de sortir. De ce fait, les « anciens modèles » comme Volkov ne leur étaient plus d'aucune utilité.

En fait, je pense avoir déjà entendu parler de ça aux informations.

— Mais que fait un robot militaire dans un chantier ?

— Il semblerait que la société ait aussi des liens avec les militaires. Même si c'est assez compliqué, elle ne fait que de la sous-traitance. ... Et puis, la plupart des gens l'ignore, mais la gestion des robots militaires est en fait assez laxiste.

— Laxiste ?

— À part Volkov, de nombreux robots qui avaient été construit dans un but militaire se sont retrouvés sur le marché. C'étaient de vieux robots qui avaient été abandonnés du fait de la diminution du nombre de conflits.

— Alors c'était donc ça...

— Impitoyables, hein. Ils les ont créés quand ils en avaient besoin, et les ont abandonnés la minute où ils devenaient obsolètes.

Lilith hausse les épaules en parlant. Je ne sais pas quoi dire.

Puis, elle se saisit de l'étui et dit tout en regardant la photo :

— Malgré tout... Ta situation est plus enviable que la nôtre.

— Enviable ?

— Ton Professeur t'a aimée jusqu'au bout, pas vrai ?

— Mais...

Maintenant que le Professeur n'est plus là, à quoi bon se dire ça — avais-je envie de lui répondre, avant de me rétracter.

Lilith avait été abandonnée par ses parents, Volkov par l'armée.

Le Professeur — ne m'a pas abandonnée.

— C'est vrai, bien plus enviable, marmonne Lilith d'un air distrait tout en continuant de regarder la photo, Jusqu'au dernier moment, elle t'a aimée...

C'est alors que je comprends enfin pourquoi Lilith est toujours du côté de l'anneau magique Flo Snow.

Après qu'un nouvel anneau soit apparu, l'ancien a perdu son toit.

Ce dernier représente Lilith, mais aussi Volkov.


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