Seirei Tsukai no Blade Dance:Tome 1 Chapitre 3

From Baka-Tsuki
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Chapitre 3 : Ma Camarade de classe est une Princesse[edit]

Des pas résolus résonnaient dans le couloir de l'école.

Kamito, à qui l'on avait fourni un uniforme à manches longues, suivait la queue de cheval qui se balançait.

Sa veste préparée par Greyworth avait été taillée sur mesure pour lui. La couleur principale était la même que celle des autres étudiantes, blanc pur, mais à la place d'une jupe il portait, tel un gentilhomme, un pantalon dont le tissu avait vu son élément sacré renforcé.

Chier, la taille est parfaite... Tout s'est passé comme elle l'avait prévu.

Kamito maudissait intérieurement Greyworth.

« Les bâtiments des enseignants et des étudiants sont reliés par le couloir du premier étage. La cafétéria se trouve au rez-de-chaussée. »

Celle qui lui présentait l'école était la fille d'un peu plus tôt, Ellis Fahrengart.

La directrice avait dû la rappeler alors que Kamito se changeait.

Au début son visage avait ouvertement montré son déplaisir, mais peut-être à cause de sa personnalité sérieuse, elle ne l'avait pas abandonné à mi-chemin et avait continué avec son sens du devoir à le guider.

Le design du bâtiment était absurdement compliqué, pour créer un environnement confortable pour les esprits on avait adopté les dernières modes en matière d'architecture spirituelle. La construction en résultant ne montrait que peu de considération pour les gens qui y vivaient.

Le regard fixé sur la queue de cheval oscillante d'Ellis, il se remémorait la conversation avec Greyworth. A la fin bien qu'il ne soit pas satisfait que ça se soit passé comme la Sorcière l'avait prévu...

Après l'avoir entendu prononcer ce nom, il n'avait plus eu d'autre choix.

Ren Ashbell, apparue soudainement trois ans plus tôt, était la plus forte des Danseuses...

... Et elle avait pour Esprit-Familier...

... Un Esprit-Ténèbres qui se matérialisait sous la forme d'une jeune fille.

« ... »

Tout en marchant, son regard se porta sur sa main gauche dans son gant de cuir.

... Ça ne peut pas être elle. Parce qu'elle est...

Kamito secouait la tête, essayant de le nier rationnellement... Mais se pourrait-il... Des sentiments mitigés occupaient ses pensées.

... Quoiqu'il en soit, je le vérifierai de mes propres yeux. Pour l'instant, je danserai sur ta musique, Greyworth.

« Hé, toi... »

Ellis, qui le précédait, s'arrêta soudainement.

Face à lui, une main sur la hanche, elle le toisait sévèrement.

« Tu écoutes ce que je dis ou pas ? C'est pour ton propre bien que j'explique ces choses. »

« Humm, désolé. Je pensais à quelque chose »

« Oh... Tu pensais à quelque chose. »

Pour une certaine raison, elle rougit et marcha rapidement vers lui.

« T... Toi, à quoi peux-tu penser en regardant mon dos ? »

« At-Attend, n'agite pas ton épée ici ! »

L'assaut avait été porté à bout portant et Kamito l'évita rapidement.

Peut-être que... Cette fille aussi est...

Il semblait que l'absence de toute immunité aux hommes fût un problème partagé par toutes les étudiantes.

Peut-être que la raison pour laquelle elle marchait aussi vite jusqu'alors était qu'elle était consciente du fait que Kamito était un homme.

« Ne te méprend pas ! Je ne t'ai pas accepté. Je te guide parce que je n'ai pas d'autre choix que d'obéir aux ordres de Madame la Directrice ! »

« Bien, j'ai compris. Mais ne me traite pas non plus en ennemi. A partir d'aujourd'hui, je suis un élève de cette école comme toi. »

« Je ne t'accepterai jamais ! Le fait qu'il y ait un homme théurge tel que toi, en aucune façon je ne peux l'accepter ! »

Tournant les talons, elle se remit en marche rapidement.

« Franchement, pourquoi la Directrice voudrait qu'un homme soit admis ici...

... Il semblait qu'il fût vraiment détesté.

Bah, on y peut rien. C'est mon destin en tant qu'unique homme dans ce jardin de jeunes filles.

C'était comme si on avait lâché un renard dans un poulailler.

Il était naturel que ces demoiselles surprotégées fussent méfiantes à l'égard d'un garçon de leur âge.

Le kenbu se tenait dans deux mois.

Il devait obtenir leur confiance durant cette période de vie scolaire.

Hum, en parlant de vie...

Une question lui vint à son esprit.

« Dis, Ellis. »

« Quoi ? »

Elle se retournait l'air renfrogné.

Il pensait qu'elle se serait énervée après lui pour l'avoir appelée si familièrement par son prénom, mais visiblement ce n'était pas le cas.

« Où vais-je vivre à partir d'aujourd'hui ? »

Il n'y avait pas de dortoir pour garçons dans l'école, et il était impensable qu'on lui donne une chambre dans celui des filles. Est-ce que cela signifiait qu'il devrait faire l'aller-retour entre l'établissement et la ville au pied de la montagne ?

« Ne t'inquiète pas, l'école a préparé un magnifique pavillon à ton intention. À grands frais, un budget spécial a été dédié aux coûts de construction. »

« Quelle façon étrangement sarcastique de parler. »

... De toute façon, cela valait toujours mieux que de de rester sans abri ou aller vivre dans la forêt des esprits.

« On peut le voir par la fenêtre, là-bas. »

« ... Euh, où ça ? »

Parcourant du regard l'immense terrain, il n'y voyait rien qui ressemblait à un pavillon.

« Regarde bien, là-bas au coin de la place carrée. »

Ellis désignait du doigt...

« C'est... ma maison ? »

Un bâtiment magnifique, doté d'un large toit.

Plus spacieux qu'une résidence ordinaire et comptant de nombreuses chambres.

De plus il y avait une salle de bain exclusive. Des mangeoires étaient empilés près de l'entrée.

« Ce... C'est une écurie ! », s'écriait Kamito avec véhémence.

« As-tu bien les yeux en face des trous ? Regarde plus attentivement. »

« De quoi ? »

Est ce qu'il y a quelque chose que je ne vois pas ?

Il ne voyait que l'écurie.

Non il n'y avait rien à redire, c'était bien une écurie. C'est là qu'ils soignaient leurs chevaux pour le moins.

Mmm ?

... Puis il remarqua...

À côté de l'écurie on avait assemblé et dressé des planches, ça ressemblait en effet à une cabane.

Cahin-caha, des planches de différentes tailles avaient été clouées ensemble.

La toiture semblait fragile.Une bourrasque de vent un peu forte emporterait sans mal ce cabanon.

« Euh... Peut-être ça ? »

« Oui. »

Ellis confirmait d'un simple hochement de la tête.

« Il est où, le magnifique pavillon ! On dirait que cela a été construit en trois jours ! »

« Trois heures. Ne sous-estime pas la puissance de mon Esprit-Familier. »

« Tu l'as construite ? Je veux dire, ça n'était pas censé avoir été bâti à grands frais ? »

« En effet, à grands frais. J'ai perdu mon temps à cause de toi. Tu as des réclamations ? »

« Plein. C'est du harcèlement. »

« Il y a un lit convenable, en paille. »

« Je suis traité comme un cheval... »

« Oh oh, tu as une bien haute opinion de toi même. Il est évident qu'un cheval est bien plus digne de soin que toi. » Dit-elle clairement, sa queue de cheval reposant sur son épaule.

Quelque part, il avait envie de pleurer.

« Les toilettes ? Le bain ? »

« Tu peux utiliser l'arrière de la cabane comme toilettes. Malheureusement, tu devras partager le bain ? »

« Partager... avec les chevaux. » grommela Kamito.

« Tu te plains? », Ellis le foudroyait du regard.

« Écoute, bien que ce soit hautement improbable, mais si d’aventure tu tentais de t'introduire dans les toilettes de l'école mon Esprit-Familier te transformerait en champignon sauté. »

« Ça m’a l’air appétissant. Alors tu aimes vraiment cuisiner ? »

« Oui, c’est une passion. Un jour un parfait gentilhomme demandera ma main en mariage, aussi je m’entraîne beaucoup afin que ma cuisine le satisfasse. »

« Vraiment... Si l’occasion se présente, fais-moi goûter. Je suis un fin gourmet. »

« Oui, à l’occasion j’aimerai montrer fièrement mes compétences culinaires... Hé ! Qui penses-tu être pour croire que je ferais une chose pareille pour toi ? »

  • Zosh* - En un éclair l’épée avait surgi, Kamito l’esquiva d’un cheveu.

« ... Toi. Oublie la cuisine, ce ne sont pas des mains faites pour le mariage. » Kamito répliqua, les yeux mi-clos.

« ... » Sans doute un peu embarrassée, Ellis détourna rapidement le regard.

« Autre chose, bien que commandant les chevaliers ne penses-tu pas perturber l’ordre plus que quiconque ? »

« La... La ferme ! C’est parce que tu dis des trucs bizarres ! »

Kamito haussa des épaules et se retourna vers le couloir.

« Laissons de côté la question du dortoir. Où est ma classe ? »

« La classe Corbeau. Où sont réunis les élèves extraordinairement difficiles, une classa parfaite pour toi. »

« Extraordinairement difficiles ? »

« C’est exactement ça... Euh, pourquoi as-tu l’air aussi amer ? »

« Rien, j’ai comme un pressentiment. »

La jeune fille à la chevelure flamboyante rencontrée un peu plus tôt dans la forêt lui revenait en tête.

Sérieux ? Impossible ! Il ne parvenait pas à se débarrasser de cette sensation dérangeante.

« Tu es aussi dans la classe Corbeau ? » Demanda-t-il avec hésitation.

Le qualificatif ‘extraordinairement difficile‘ allait comme un gant à cette jeune fille.

« Comme si... je suis dans une classe supérieure, la classe Belette »

Dans un flash elle avait dégainé son épée mais Kamito, qui s’y attendait, esquiva et elle ne coupa que quelques mèches. « La... La botte secrète des Farhengart a été défaite. »

« ... Hé ! Ne me balance pas comme ça tes techniques secrètes. »

Après avoir monté l’escalier et parcouru le long couloir, Kamito voyait enfin sa salle de classe.

Une grande porte à double battant en bois gravée de la forme abstraite d’un esprit en barrait l’accès.

Pour éviter une trop grande proximité entre les élèves ainsi limiter les risques de duels ou de désordres, les salles de l’école Areishia étaient disposées chacune à un étage.

« Toutes les étudiantes ici sont des jeunes filles de la noblesse. Certaines familles ont des rancœurs entre elles. Et bien que le règlement interdise les conflits personnels, il y a malgré tout de fréquents incidents tels que des duels. »

Tout en soupirant, Ellis serra fermement son poing.

« Nous, Chevaliers Sylphides, protégerons le calme de cette école des perturbateurs. »

« C’est toi qui troubles le calme… » Allait dire Kamito mais il garda sa bouche fermée.

Alors qu’elle parlait, son visage était extrêmement sérieux.

Il pensait que c’était une fille impulsive qui dégainait son épée à la moindre occasion, son impression sur elle changeait un peu.

Elle a la fierté d’un chevalier.

Il était le théurge mâle dont la seule existence allait troubler la sérénité de l’école.

Du point de vue du commandant des chevaliers, gardiens de la morale publique, elle ne pouvait naturellement pas l’accepter.

Cependant elle avait pu lui faire face et lui parler franchement.

Un poil bornée mais au fond d’elle, elle est honorable.

« ... Hum, qu’as-tu à me fixer comme ça ? »

« Et bien… Je suis désolé de t’avoir taquiné tout à l’heure. »

« Que... Pourquoi ? Comme ça... »

Sa réaction gênée était d’une certaine façon étrangement mignonne.


۞۞۞۞۞۞۞۞


Jetant un œil dans la salle de classe, un grand auditorium, il ne vit personne. A cette heure, tout le monde était sorti. Peut-être avaient-elles des travaux pratiques sur les terrains d’entraînement à l’extérieur. « A partir de là cela va aller, j’apprendrai le reste de mes camarades de classe. Merci de m’avoir guidé. »

« Humpf, pas la peine de me remercier. Si j’avais échoué à t’amener ici, tu aurais pu volontairement t’égarer vers les toilettes plus tard. »

« Tu ne me fais vraiment aucune confiance… »

Kamito poussa un gros soupir à cette dernière réplique caustique d’Ellis qui s’éloignait.

Au vu de la journée, jusqu’à maintenant, gagner la confiance des filles de sa classe n’allait pas être une mince affaire.

Tout en marmonnant, il entra dans la salle.

A cet instant, un son trancha les airs *Vouh*

« Gue... »

Un fouet enserrait avec force son cou.

Pris par surprise par l’attaque brutale, il avait été tiré hors de la salle et jeté au sol dans le couloir.

Qu…Quoi !?

Kof Kof …Il regardait autour de lui en toussant.

« Kazehaya Kamito ! »

La voix familière d’une jeune fille descendait vers lui.

... Honnêtement, c’était une voix qu’il n’avait pas envie d’entendre.

« Tu... Tu... Tu t’es enfuis, bien qu’étant mon Esprit-Familier ! »

« Argh ...»

« Tu résistes ! »

« Argll ! »

Feignant l’ignorance il tentait de siffloter, la chose autour de son cou se resserra.

Fait chier…

Jeté au sol sur le dos, aux pieds de Claire…

Une ravissante jeune fille à la chevelure flamboyante le toisait du regard, les bras croisés.

Un courant d’air souleva légèrement la jupe plissée de son uniforme.

« Claire, tu...»

Un profond gémissement jaillit de la gorge de Kamito.

« De quoi, tu penses pouvoir t’en sortir en négociant ? »

« Non, mais d’ici, je peux apercevoir ta culotte. »

« Que ! »

Elle rougit et plaqua sa jupe.

« Pe…Pe…Pe... PERVERS ! »

Shhh Shh Shh

Un brouillard de chaleur émanait du corps de Claire.

Non, il s’agissait plutôt d’une véritable flamme ardente issue du Zéro Astral.

« Il semblerait que tu désires vraiment finir en cendres, Kamito. »

« Att... Attends, pas encore ! »

Il sentait sa vie vraiment menacée et secouait vigoureusement la tête.

« Tu es trop jeune pour le noir ! »

« ... Heu ! »

Elle se figea.

Elle devint rouge comme une écrevisse jusqu’à la pointe des oreilles.

« Elle... Elle n’est pas noire. Elle est toujours blanche, le noir est rarement... Qu’est-ce que tu me fais dire, idiot ! »

Fump… Elle avait surchauffé.

Sans force, elle s’affaissait sur le sol.

Avoir eu une éducation de princesse, bien isolée du monde, était son point faible.

... Une théurge pouvait-elle se permettre d’être aussi naïve.

« Sniff... C’est la deuxième fois... Je ne pourrais plus me marier. »

A genoux par terre, elle commençait pleurer d’humeur sombre.

... On dirait qu’il avait commis un acte terrible.

« Je suis désolé. Ne pleure pas, hein ? »

... Effrayant. Elle aurait pu carboniser quelqu’un avec son seul regard.

Elle essuya ses larmes avec les manches de son uniforme, puis serra très fort son fouet.

« Kazehaya Kamito. »

« Qu... Quoi ? »

« Je... Je suis plutôt magnanime, aussi je te donne une chance de t’expliquer. »

Bien que son ton fût posé, sa voix tremblait.

... Elle était furieuse.

« Pourquoi t’es-tu enfui tout à l’heure ? »

« C’est une question de bon sens que de penser que je m’enfuirai. »

Kamito avait répondu immédiatement sans réfléchir.

Une réponse... qu’il regrettait aussitôt prononcée.

« ... J’ai compris. La seule punition pour un esclave en fuite est la mort. »

« Att... Attends un peu, calme toi. D’esprit, je suis devenu esclave ? »

« Esclave ! Tu es mon Esprit-Esclave ! »

« Une nouvelle sorte d’esprit est née. Ne devrions-nous pas prévenir l’Agence de Recherche sur les Esprits ? »

De fait, dans n’importe quelle forêt des esprits du continent de nouvelles sortes d’esprit restaient à découvrir.

« Es... Esclave insolent ! non, Esprit-Esclave n’est-ce pas ? »

« Argll, je... J’abandonne, sérieux, je vais mourir ! »

Le fouet autour de son cou s’était fortement resserré et il se sentait perdre conscience.

Les chevaliers, qu’est-ce qu’ils font !? On est sur le point de commettre un meurtre dans l’école !

Regardant tout autour, il n’y avait pas trace d’étudiant dans le couloir.

« Au fait... »

Le visage de Claire s’était rapproché. Elle avait l’air assez contrariée.

« Un peu plus tôt, tu discutais avec Ellis Fahrengart, des Chevaliers-Sylphides, et tu avais l’air de plutôt bien t’entendre avec elle. Tu peux t’expliquer ? »

Kof Kof. « Elle me faisait simplement faire le tour de l'école. Comment peux-tu appeler ça « s’entendre bien » ? »

« Le tour de l'école ? Pourquoi ? »

« Parce qu'à partir d'aujourd'hui, j'intègre l'école. »

« Quoi ? Toi... tu intègres cette école ? L'école Areishia ? »

Claire ouvrait grand ses yeaux, regardait Kamito vêtu de son uniforme qu'elle ne remarquait qu'à l'instant.

« Impossible... Tu es un homme ! »

« Certes. Mais tu m'as vu conclure un pacte avec un esprit. »

Kamito opinait et lui montrait sa main droite où était apposé le sceau spirituel.

« Je suis un théurge mâle. C'est pour ça que que Greyworth m'a convoqué. »

« ... »

Aussi Claire...

Perdue dans ses pensées, elle posa son index sur ses lèvres cerise.

« Vraiment... un nouvel élève... »

Elle murmurait faiblement quelques mots pour elle-même .

... Si elle reste calme, elle a l'air d'une jolie jeune fille normale.

C'est ce que pensait Kamito en la regardant de profil.

Soudainement elle releva la tête et se tourna vers lui.

« Dis, si tu es là, est ce que par hasard ce serait parce que toi aussi tu dans la classe Corbeau ?

« Oui... Est ce que ça veut dire qu'on est dans la même classe ? »

« Oui, moi aussi, je suis dans cette classe. »

Elle parlait d'une voix enjouée. D'une certaine manière, elle semblait très contente.

Son sourire aurait pu charmer quiconque ne la connaissant pas.

« Puisqu'il en est ainsi, je te laisse une autre chance, Kamito. »

« Une chance pourquoi ? »

« Un pacte. Cette fois, deviens vraiment mon Esprit-Familier exclusif, Kamito. »

« Po... Pourquoi devrais-je faire ça ? »

« Peu... C'est évident. Parce que tu as dérobé l'esprit avec lequel j'aurais dû conclure un pacte. »

Bombant sa pitoyable poitrine, elle agitait son index devant ses yeux.

... Quelle fille ennuyante.

Kamito était vraiment agacé. Particulièrement pour être traité comme un voleur, sans une once de gratitude alors qu'il lui avait sauvé la vie.

Une demoiselle aussi arrogante méritait une punition.

« D'accord. Je vais conclure un pacte avec toi. »

Kamito opinait ostensiblement du chef .

« ... Hein ? Euh. Bien, finalement tu deviens obéissant. »

Elle pensait qu'il résisterait davantage. Devant cette réponse inattendue, elle hochait la tête, très surprise.

« Dans ce cas ... »

Lentement, de la pointe des doigts il lui relevait le menton.

« Hein ? Que... Que... Qu'est-ce que tu fais ? »

« Ce que je fais ? Un pacte. Un pacte avec un esprit humanoïde de haut niveau... Tu comprends. »

« Un... »

Le visage de Claire se figea.

Un pacte avec un esprit humanoïde de haut niveau.

Cela signifiait...

« Un pacte scellé par un baiser, n'est-ce pas ? »

Kamito avait prononcé ces mots et elle rougit.

« Euh... À ce point... Je veux dire, tu n'as pas besoin d'aller jusqu'à là. »

Au bord de la panique, elle secouait vigoureusement la tête.

« Même... Même sans cette formalité, ce n'est pas important... »

« Aurais-tu peur ? »

« Je... Je... Pas vraiment. Mais... Mais, c'est... »

« Alors, ferme les yeux. »

Kamito murmurait malicieusement à l'oreille de Claire qui se recroquevillait.

« Hein ! Attend... Ouah ! » ... Elle est complètement novice en ces choses.

Avec une réaction aussi mignonne, il était évident qu'il avait envie de la taquiner.

Lentement, il approchait son visage de ses fines lèvres cerise.

« Euh... Désolée,je m'excuse... aussi... pardonne-moi. »

« Trop tard.... »

« Hein..Euh... Aaah ! »

Elle abandonna toute résistance et ferma les yeux.

Une jeune fille très obéissante.

Intérieurement, il souriait amèrement en se faisant cette réflexion.

C'était une revanche précise pour avoir été malmené par Claire, mais il n'était pas diabolique au point de maltraiter une jeune fille.

Il était temps de la libérer. Au moment où il s'apprêtait à s'éloigner d'elle...

« Hé, toi ! »

On lui tapait sur l'épaule.

Kamito se retournai lentement, timidement.

Là...

« Qu'est ce que tu fous, là dans cette école sacrée ? »

... Se tenait une femme magnifique, un sourire flottait sur son visage.

Elle devait avoir autour de 25 ans,. Elle avait de longs cheveux noirs et portait des lunettes à monture noire.

Elle portait une veste gris foncé bordée d'un large ourlet blanc.

« Je suis la responsable de la classe Corbeau, Feya Grandol. La directrice m'a parlé de toi, le premier théurge masculin de l'école. »

Elle s'était présentée avec un sourire qui semblait collé sur son visage.

Pourtant ce sourire n'atteignait pas son regard.

« Maintenant, enfoiré, tu vas me dire pourquoi tu as fait pleurer notre princesse ? »

۞۞۞۞۞۞۞۞

Kamito montait sur l'estrade, provoquant une vague de murmures à travers la classe.

La rumeur de l'arrivée d'un homme théurge semblait s'être déjà répandue. Mais comme elles avaient rarement l'occasion de fréquenter des garçons de leur âge, elles ne pouvaient pas lui cacher leur anxiété ou leur curiosité.

« C'est un garçon théurge... ? »

« Il a le regard vicieux, comme s'il allait tuer quelqu'un avec. »

« Il paraît qu'il a déjà violé Claire Rouge. »

« Qu...Qu'est que c'est 'violer' ? »

« Je... J'en sais rien mais c'est un truc pervers. »

« Quand même, son allure de rebelle lui donne l'air cool. »

« Ne te laisse pas tromper par son apparence. Parce que tous les hommes sont des bêtes lubriques. »

« Il paraît qu'il a eu une histoire avec Ellis Fahrengart. »

« Hein ! Avec le chef super-sérieux des chevaliers !? Au fait, c'est quoi 'une histoire' ? »

« Je ne sais pas... mais c'est un truc indécent. »

Pssss.... Pssss... Psss

... Mais de quoi elles parlent ?

Il soupira tout en parcourant du regard l'amphithéâtre.

Il y avait 14 ou 15 étudiantes, toutes élevées comme des princesses. La plupart le regardaient avec intérêt mais quelques unes avaient l'air vraiment effrayées.

Bah, ce n'est pas très surprenant.

Après tout, pour tous ceux qui avaient entendu parler d'un théurge homme, la première chose qui venait à l'esprit, c'était de l'antique Diable qui avait semé la mort et la destruction sur tout le continent... Donc une image désastreuse.

Dans la salle de classe, transpercé par leurs regards, Kamito n'avait qu'une envie : fuir au plus vite.

Parmi ces regards, un particulièrement intense venait de la jeune fille aux cheveux rouges assise au premier rang.

Claire, dont le simple regard pouvait carboniser, fixait Kamito.

« Brûler, brûlé, brûlant... »

Elle grommelait la conjugaison du verbe.

Depuis un peu plus tôt jusqu'à maintenant, elle semblait très en colère... Clairement.

À cause de cela, il s'en voulait d'avoir été un peu trop loin.

Si je ne m'excuse pas convenablement plus tard...

« Réduire en cendres, réduire en cendres, réduire en cendres... »

...Je ne suis pas sûr d'être pardonné même avec des excuses.

« Arrêtez de jacasser. Silence. Vous voulez perdre des points ? »

Freya Grandol frappa son bureau avec le cahier d'appel et le silence si fit dans la classe.

Elle ne faisait pas un cours pratique mais elle était une lectrice spéciale ainsi qu'un membre de l'Agence de Recherche sur les Esprits qui parcourait les forêts des esprits sur tout le continent lors d'études sur le terrain.

« Toi, là, dépêche-toi de te présenter. »

Les lunettes lui donnaient un air d'intellectuelle mais, dès qu'elle ouvrait la bouche on pouvait voir sa véritable personnalité.

Pour le dire gentiment, elle était d'un caractère téméraire. Mais elle n'avait pas l'air d'être une mauvaise personne.

Kamito s'avança et se présenta rapidement.

« Je m'appelle Kazehaya Kamito, j'ai 16 ans et, comme vous le voyez, je suis un homme théurge... Aussi n'ayez pas peur et faisons en sorte de bien nous entendre. Merci. »

C'était trop simple mais il n'avait rien de plus à dire.

Pour ce qui étaient des secrets qu'il ne pouvait dévoiler, il n'en manquait pas.

Les réactions de ses camarades de classe étaient...

« Normal... non ? »

« Oui, normal. Pas vraiment un Roi Démon. »

... Oh ?

« Mais on dirait que j'ai le coup de foudre. »

« Je confirme, cet air distant, ça ne te donne pas envie de le protéger ? »

La classe bruissait à nouveau de chuchotements.

Que... Qu'est ce que cette sensation douce, moelleuse ?

Kamito était perturbé par cette réaction inattendue des jeunes filles.

Il pensait être accueilli par des regards froids ou méprisants mais ce qu'il avait ressenti était très léger.

Devinant son trouble, Freya Grandol lui murmura à l'oreille.

« Les jeunes filles d'ici ont une perception très différente des gens du commun. Après tout, elles traitent tous les jours avec les voisins les plus troublants pour les humains : les esprits. Aussi, plutôt que te critiquer en tant qu' homme théurge, elles sont davantage intéressées par le garçon de leur âge.

Vraiment ? C'est ainsi...

Présentées comme ça, les choses pourraient être un peu plus faciles.

« Euh... Kamito, tu... ? »

Une des filles levait timidement la main.

« Oui. Qu'y a-t-il ? »

« Euh, euh, que... quelle est ta nourriture préférée ? »

« Hein ? J'aime tout... Si je devais choisir qu'une chose, les gratins peut-être. »

« Normal ! » « Très commun ! » « Je pensais qu'il dirait nyotaimori » »Trop mignon ! »

Bla bla bla

Qu'est ce que c'est ça ? Nyotaimori ?

Les unes après les autres, les filles submergeaient Kamito de questions.

« D'où viens-tu ? » « Quelles sont tes trois tailles ? » « Au bain, qu'est ce que tu laves en premier ? »

Ho là, mademoiselle, c'est presque sexuel comme question...

Cependant celle qui avait posé la question était rouge jusqu'aux oreilles.

« As-tu choisi ton équipe ? »

« Équipe ? »

« Et bien oui, ton équipe pour le prochain Kenbu. »

« Ha... »

Le format retenu pour le festival, qui se tenait deux mois plus tard, était des équipes de cinq combattants. Kamito ne pouvait y participer en solo, il lui fallait recruter d'autres théurges et former une équipe.

« Pour l'instant, je n'ai pas d'équipe. Je vais commencer à chercher des partenaires aujourd'hui. »

Est-ce qu'en deux mois il parviendrait à trouver ces personnes ? Il n'en savait rien.

« Est-ce vrai que tu as réussi à dompter l'esprit scellé de l'épée que personne n'avait pu maîtriser ? »

« Hein ? »

Il fronça des sourcils de surprise. Il semblait que le récit des événements du matin s'était déjà répandu à travers l'école.

Qui donc avait pu...

« Oui ! Et je suis celle qui a dompté celui qui a dompté cet esprit ! »

Se levant lentement, Claire bombait fièrement sa poitrine pour ainsi dire inexistante.

Excitées, les filles s'écrièrent à l'unisson.

« Kamito, quelle genre de relation as-tu avec Claire ? »

« Maître et Esprit-esclave. »

« Absurde. Ne réponds pas à ma place ! »

Kamito avait rapidement contré Claire qui avait répondu les mains sur les hanches.

« Quel Esprit-esclave effronté. »

« Depuis quand je suis ton Esprit-esclave? »

Observant l'échange entre les deux, les étudiantes étaient de plus en plus énervées.

La situation était sur le point d'échapper à tout contrôle...

Bam !

Freya Grandol avait tapé sur son bureau et le calme revint dans la classe.

« Oh! Ça suffit les filles ! Toi, choisis une place et dépêche-toi de t'installer ! »

Elle lui avait offert une issue de secours qu'il s'empressa d'emprunter.

Évidemment, il souhaitait s’asseoir le plus loin possible de la jeune fille aux cheveux rouges. Il commençait à se diriger vers une des places au fond.

Huitsch

À cet instant, une vicieuse lanière de cuir venait de s'enrouler autour de son cou.

Argll

Retenu ainsi, il avait été tiré en arrière.

Kof Kof

« Qu'est ce que tu fiches ? »

« Où est ce que tu vas ? Ta place est à côté de moi. »

« Hein !? Qui s'assoirait à un endroit aussi dangereux ? Argll ... »

Bien qu'étranglé, Kamito essayait d'avancer.

« Hum, tu essaies de me résister. Je vais te montrer qui est le chef ! »

Scratch Scratch Scratch

Il tentait de se libérer du fouet mais Claire le maniait avec talent et parvenait à l'en empêcher.

« Ch...i...é... »

Il n'arrivait plus à respirer. Son cerveau recevait de moins en moins d'oxygère.

Woosh

Une bourrasque soudaine de vent, et Kamito était libéré.

Déséquilibré, il trébucha dans l'escalier.

Que s'était-il passé ?

« Euh !? »

Se retournant, il vit devant lui fichée dans le sol une flèche acérée.

Non pas faite de métal, mais d'une glace claire qui étincelait en réfléchissant les rayons du soleil.

...Est-ce une waffe élémentale ?

Comme pour le fouet de flamme de Claire, l'esprit incarné dans sa forme d'arme.

Qui avait ...

« Quel spectacle, Claire Rouge ! »

Une voix gracieuse émanait du haut de la classe.

Kamito s'assit par terre, et leva les yeux vers...

Une magnifique jeune fille à la chevelure blond platine et au port altier se dressait là, les mains posées sur les hanches.

Une vraie princesse, comme dans un tableau. Sa peau était aussi blanche qu'un manteau de neige immaculée.

Ses yeux étaient d'un joli vert émeraude légèrement lumineux.

Un sourire charmant apparut, alors qu'elle toisait calmement Claire.

« ... Que... Qu'est ce que tu veux, Rinslet Laurenfrost ?! »

Claire grondait d'une voix profonde. Un reflet dangereux flottait dans son regard, elle semblait prête à mordre à tout instant.

« Abandonne, puisqu'il a déjà dit qu'il voulait s'asseoir à côté de moi. Humpf. »

Déclara-t-elle en se brossant les cheveux.

Je n'ai rien dit de tel... Quoiqu'il en soit, son aide est la bienvenue.

Il était sur le point de se relever lorsque la princesse descendit gracieusement les escaliers.

Elle se pencha vers lui et l'examinait comme pour estimer sa valeur.

« Hum, le visage n'est pas si mal. »

Rinslet semblait satisfaite et opinait de la tête puis...

« Dis. Toi, veux-tu devenir mon serviteur ? »

« Quoi ? »

Soudainement, elle avait dit quelque chose de totalement inattendu.

« Ne... Ne pose pas tes pattes sur lui comme ça, c'est mon Esprit-esclave ! »

Claire avait gravi les marches en courant et saisi le bras de Kamito.

« Quand est-ce que je suis devenu ta possession ? »

« La ferme ! »

Soudain elle tira brusquement sur son bras.

Le cœur de Kamito s'emballa malgré lui en touchant sa poitrine.

Bien qu'elle fût quasiment inexistante, Claire était quand même une jeune fille de seize ans.

Une sensation raisonnablement élastique était tout ce dont son cœur avait besoin pour s'affoler. Mais...

Boing

Sur son autre bras, la sensation était d'une tout autre dimension !

« Ah, il ne t'appartient pas, n'est-ce pas ? »

Rinslet tenait fermement des deux mains le bras gauche de Kamito.

Au contraire des maigres dispositions de Claire, il y a par là une considérable... sensation d'existence.

Ho là, ho là... c'est...

Assailli des deux côtés par une douce sensation, Le visage de Kamito devint soudainement rouge.

« La... lâche-le, idiote ! »

« Qu'est-ce que tu dis, planche à pain ! »

Les regards des deux jeunes filles lançaient des éclairs.

Boing Boing Boing

… Bien que la position fût très agréable, il semblait à Kamito que son cœur allait exploser si elles ne le lâchaient pas.

À cet instant ...

« Ho là ho là, mademoiselle, ne compliquez pas les choses pour Monsieur le nouveau ! »

Du haut de la salle de classe arrivait en courant une jeune fille habillée en servante.

...Qu'est-ce que ?! Une servante ?

Elle était vêtue d’une longue jupe ondulante ornée de dentelles. Sa chevelure noire était coupée en un carré court et un serre-tête blanc qui lui allait parfaitement y reposait.

Sous tous les angles, elle était la servante parfaite.

... Mais que fait une servante dans l’école !?

Puisqu’elle l’avait appelée « mademoiselle », elle devait être au service de la fille blonde.

En tous cas sa personnalité semblait plus normale. Sans aucun doute, elle intervenait pour interrompre cette dispute insensée. C’était le mince espoir qu’embrassait Kamito quand…

« Mademoiz’… Ahhh ! »

Elle tombait.

La chute au milieu de l’escalier était impressionnante.

« Carole !? »

Rinslet était devenue pâle.

... Chier !

Kamito se dégagea des deux jeunes filles qui étaient accrochées à ses bras et bondit.

« Ahhhh ! »

Il saisit comme il put en plein vol le corps de la servante hurlante. Il mit ses bras autour d’elle de façon à lui éviter se blesser la tête et ils dévalèrent l’escalier.

Les deux jeunes gens emmêlés finirent par s’arrêter de rouler.

« ... Euh, tu n’es pas blessée... » S’apprêtait à dire Kamito quand ses pensées se figèrent.

Boing. Deux immenses rondeurs occupaient son champ de vision.

Sous son tablier propre et soigné de servante, il y avait des melons plus gros que ceux de Rinslet.

« Euh…euh, ... ahh, je suis désolé ! »

Des larmes commençaient à apparaître dans ses yeux.

Elle rougit furieusement et bien qu’en état de panique elle essaya de se relever.

« Oh... Hé... Mmm ! »

Ça craint... je n’arrive pas à respirer. (it)

« Iaaaaaaaa ! » A la vue des deux personnes entremêlées, les jeunes filles de la classe s’écrièrent d’excitation.

« Per…Pervers ! » « Je le savais, c’est une bête lubrique ! » « La réincarnation du Diable ! »

« Non, je suis... mmmm ! »

Tentant précipitamment de se défendre, sa voix était étouffée par les seins bien ronds.

Brrr ... Brrr

« ... ? »

Soudain, un roulement sourd se faisait entendre d’au-dessus.

... Un tremblement de terre. Peut-être.

Il avait un très, très mauvais pressentiment.

Élevant les yeux au-delà de la vallée pectorale...

Là, se dessinait la silhouette de Claire tenant un fouet de flammes ardentes.

« Ce... Ce... Cet esprit pervers ! »

« Attends. On n’y peut rien, regarde bien... »

« La... LA FERME ! Je vais te réduire en cendres ! »

Pourquoi ça se finit toujours comme ça...

Alors qu’il geignait désespérément, le fouet s’abattait sur lui brutalement, sans pitié.


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