La princesse et le pilote : Chapitre 3

From Baka-Tsuki
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Chapitre 3[edit]

Bien qu'il faisait encore sombre, les chevaliers volants des del Moral étaient de bonne humeur au moment de se rassembler dans la salle de briefing, chose rare pour le commandement de l'aéroport d'Almeria. Les mercenaires du ciel, bien qu'ils utilisaient les mêmes locaux, étaient généralement éparpillés au sein de groupes de l'armée de l'air levahmienne, le regard abattu. Mais cette fois-ci, ils paraissaient satisfaits et plein d'allant, attendant même avec impatience leur ordre de mission.

A contrario, l'armée de l'air levahmienne, rassemblée dans la même pièce, paraissait déprimée.

Les détails de la mission avaient été annoncés la veille au soir. Les divisions aéroportées avaient été affichées, et tout le monde découvrit que seul Charles partait dans une autre direction. Ce fut les officiers eux-mêmes qui avaient expliqué que la fiancée du prince impérial, Fana del Moral, monterait à l'arrière d'un avion de reconnaissance biplace piloté par Charles.

Les Chevaliers Volants hurlèrent de joie, pendant que les soldats de Levahm ne cachèrent pas leur amertume. Pour ceux qui avaient été envoyés depuis le continent, ce fut une nouvelle désillusion. Parce que les voies aériennes traversant l'océan central avaient été coupées, il n'y avait plus de renforts du continent, et le nombre de pilotes et vaisseaux stationnés ici déclinait de manière constante.

Maintenant, la mission de la matinée était d'escorter Charles Karino, quelqu'un qu'ils allaient s'efforcer de faire briller lors de leur routine quotidienne — en effet, ils étaient censés lui servir de leurre. À l'inverse de l'excitation des mercenaires, leurs visages moroses n'avaient rien d'étonnant.

Tous les murmures s'arrêtèrent brusquement quand le commandant du bataillon est de l'armée de l'air levahmienne, le Capitaine Domingo Garcia, entra avec son assistant dans la salle de briefing. Tout le monde avait les yeux rivés sur les rapports de reconnaissance que tenait l'officier.

Il lit à haute voix le rapport de l'opération de reconnaissance de la nuit dernière.

— L'espace aérien de la cible, la base aérienne de Takatsuka, est dégagé, les nuages se situant à 3000 mètres d'altitude, d'une densité de 3 ou 4 selon nos normes, et la visibilité est d'approximativement quinze kilomètres. Il n'y a donc aucun frein au raid de ce midi.

Les Chevaliers Volants exultèrent, tandis que les soldats firent claquer leur langue. Seule la météo était une source d'inquiétude pour cette mission, et même là, les voyants étaient au vert. Le Capitaine Domingo bomba le torse pour faire ressortir l'emblème argenté qu'il portait alors qu'il s'adressa à l'assemblée.

— Les divisions aéroportées seront celles définies hier ! Le corps de supériorité aérienne décollera dès maintenant, l'escorte directe et les bombardiers suivront ce dernier quinze minutes après. N'oubliez pas, soldats ! Vous êtes tous des leurres pour Dame Fana. Cette opération vise à forcer chaque avion ennemi basé à Rio de Este à vous prendre en chasse. Tenez vos positions ne serait-ce même que pour une seconde de plus ; montrez-leur la fierté de l'armée de l'air de Levahm !

Rugissant en réponse, les vingt-et-un pilotes du corps de supériorité aérienne se précipitèrent hors de la salle de briefing.

Après les avoir regardé partir, le Capitaine Domingo traîna les pieds jusqu'à Charles, le ventre tombant.

— Dame Fana est déjà arrivée. Elle attend sur la piste de décollage est. Venez avec moi, goéland marin, ordonna-t-il d'un air grave.

Charles se leva et suivit le capitaine. À ce propos, « goéland marin » était le nom de code de Charles pour la mission. L'opération avait simplement été baptisée « Opération Goéland Marin ».

— Ne l'oubliez pas. En temps normal, vous ne seriez même pas autorisé à voir son visage. Ne lui dites rien d'inutile. Ne la regardez pas dans les yeux. Je vais faire les présentations. Contentez-vous d'écouter. Si elle vous pose la moindre question, répondez par « oui » ou « non ». Est-ce bien clair ?

— Oui, mon capitaine.

Il était habitué à ce genre de traitement, alors il répondit franchement. Pendant qu'ils traversaient la piste de terre rouge, les chasseurs du corps de supériorité aérienne avaient déjà démarré leur moteur à droite et à gauche de Charles.

Il aperçut les opérateurs courir à travers le sable et la poussière soulevés par les grondements explosifs des hélices.

Des nuages stratus s'étendaient bas dans le ciel à l'est, leur ventre teinté de rouge. Le soleil n'allait pas tarder à se lever.

Les bannières installées le long de la piste flottaient toutes en direction du nord-ouest.

L'odeur étouffante de l'essence de métal hybride projetée par les moteurs mélangée à la brise matinal d'été chatouilla le nez de Charles. Cela était suffisant pour faire monter l'adrénaline de n'importe quel pilote.

Le grondement de la flotte entière d'avions de chasse faisait trembler la terre. Toutes ces détonations résonnaient comme de la musique à l'oreille de Charles. Les forces restantes de San Martilia allaient s'envoler ce matin-là pour le couvrir.

Trois Iris II en formation triangulaire passèrent à côté de Charles. Tout en descendant la piste, ils ne laissèrent derrière eux que le son strident de leurs hélices alors qu'ils s'envolaient vers l'est.

Presque immédiatement après eux, un autre groupe de trois les suivirent. Leurs nez pointaient vers la base aérienne ennemie, installée près de la frontière. L'objectif était d'attaquer dans la matinée, et de faire en sorte que les combats se déroulent dans l'espace aérien ennemi. Pendant ce temps, Charles, avec Fana à l'arrière de son avion, allait voler en cachette dans la direction opposée, vers le nord-ouest.

Le soleil rouge commença à se lever à l'est. La couleur ardente et enflammée commença à s'étendre depuis l'horizon.

C'était comme si les Iris II qui avaient décollé volaient vers une toile de fond rouge. Ils gravaient leurs ombres raffinée et en forme de croix dans le ciel, ne laissant derrière eux qu'un écho mélancolique alors que le bruit de leurs hélices se faisait de plus en plus distant.

Et ensuite... La future impératrice, Fana del Morel, vêtue d'un uniforme des Chevaliers Volants, se tenait sur le côté de la piste.

Tout en marchant, Charles plissa les yeux du fait de la lumière derrière elle.

Le ciel matinal d'été s'était transformé en cadre qui esquissait la silhouette de Fana.

Ses cheveux attachés de couleur argentée ressemblaient à de la soie brillante qui reflétait les rayons rougeâtres du soleil, et c'était comme s'ils avaient été délicatement posés sur ce frêle corps visiblement légèrement rongé par le chagrin. C'était une apparence tellement blanche, transparente et fugace qu'il avait l'impression que le simple fait de souffler dans sa direction l'aurait fait voler en poussière.

On ne pouvait en vouloir au prince impérial d'avoir eu le coup de foudre. Sa beauté pouvait même être qualifiée d'intimidante. À côté de Fana, se trouvait des pontes de la famille del Moral.

Chacun d'entre eux était vêtu d'une élégante queue de pie, et ils entouraient Fana avec des regards graves. Ces regards étaient dirigés vers Charles, mais ils donnaient également l'impression de cerner Fana pour l'empêcher de s'enfuir.

Et derrière les queues de pie se trouvaient six ou sept domestiques. Chacun tenait de grosses valises en bois.

Le capitaine marcha d'un pas rapide, puis se mit au garde à vous devant Fana. Après les salutations d'usage, il désigna Charles qui était à ses côtés.

— Voici le soldat Charles Karino, l'homme choisi pour mener à bien cette mission.

Tandis que Charles leva la tête, il se mit au garde à vous, et tendit sa main droite au niveau de sa tempe.

Fana se tenait dans le champ de vision de Charles. Mais elle semblait regarder au loin et non vers Charles.

Quand ils étaient enfants, elle était un garçon manqué et entêtée, mais la Fana devant lui ne ressemblait guère qu'à une marionnette. Ses yeux étaient sans vie. Peut-être que la haute société avait aspiré toute once d'humanité en elle, exactement comme les chevaux qu'on aveugle. Il ne pouvait voir aucune ressemblance entre la jeune Fana de ses souvenirs et la fille en face de lui.

Après avoir jeté un œil vers Charles, les queues de pie envoyèrent un regard consterné en direction du capitaine. Le capitaine fit un signe de la main. Après un autre salut, Charles se rua seul vers le Santa Cruz. Derrière lui, les queues de pie et le capitaine s'engagèrent dans une discussion. Son partenaire pour l'Opération Goéland Marin, l'hydravion biplace de reconnaissance, le Santa Cruz, accueillit Charles sous la lumière matinale avec son corps flambant neuf.

Conçu pour voler au-dessus de l'eau, la partie haute était d'un bleu outremer et l'autre moitié d'une couleur argent cendré. Les ailes droites, lisses et basses paraissaient imposantes sous les nuages, ce qui le mit en confiance. La vitre composant le parebrise au-dessus des sièges avait également été polie. Et sous le corps de l'avion, les nouveaux flotteurs avaient été repliés.

Les mécaniciens étaient en train d'opérer aux dernières inspections du haut des ailes, du capot, de la pile de métal hybride, des batteries de secours, du réservoir de métal hybride à l'intérieur de l'avion, et d'autres choses. Après avoir brièvement salué le mécanicien en chef, il reçut quelques conseils sur la manipulation de l'avion.

Étant habituellement en première ligne, Charles n'avait jamais mis les pieds dans ce genre d'avions. C'était la même personne qui avait conçu l'Iris, alors la majorité des commandes devaient être similaires, mais il allait devoir passer les dix prochains jours à se remémorer certains petits détails comme le taux de consommation en métal hybride ou les touches du tableau de bord.

Charles adorait cet avion. Même si c'était un hydravion, il possédait des caractéristiques similaires à celles de l'Iris II. Il appréciait également le fait qu'il n'y avait pas tant de mitrailleuses avant, comme c'était un avion de reconnaissance. Il n'avait pas besoin d'armes pour cette mission.

Néanmoins, il y avait un chargeur de six cents balles juste au cas où, pour la mitrailleuse arrière. Ce n'était pas comme si Fana était censée s'en servir, mais comme il y avait de grandes chances qu'ils soient pris en chasse, il était plus prudent d'avoir au moins de quoi effrayer un peu leurs poursuivants. Avec ça, les ennemis ne pourraient pas le suivre si facilement.

Les domestiques se dirigèrent ensuite vers le Santa Cruz et se mirent à ranger les grosses valises dans le corps de l'avion. Il y avait de l'espace prévu pour les objets de nécessité, mais c'était ici bien trop. Les mécaniciens fusillèrent du regard les domestiques, puis attachèrent les bagages au corps au moyen de câbles.

Bien entendu, une fois avoir quitté cet endroit, tout cela était de son ressort, alors il pouvait simplement jeter tout ce qui lui paraissait inutile. Charles était impatient de décoller. Dès que le mécanicien en chef annonça que tout était prêt, il sauta sur l'aile et se glissa dans le cockpit.

Le parebrise ouvert, il jeta un œil vigilant sur le tableau de bord. Après avoir testé le manche et les pédales pour vérifier les cadrans, il regarda hors de l'avion.

Les habitants du manoir del Moral marchaient lentement vers le Santa Cruz, et le capitaine Domingo monta sur une aile. Pressée par cet adieu, Fana prit la main du capitaine, et tenta de garder l'équilibre tout en s'avançant sur l'aile du Santa Cruz.

Les regards de Fana et de Charles se croisèrent l'espace d'un instant. Comme auparavant, celui de Fana était vide. Aucune nostalgie envers l'endroit qui l'avait vue naître, aucune tristesse de devoir quitter les personnes qui lui étaient chères, ni même aucune peur du périple qui l'attendait. Tout simplement le néant. La joie de vivre qu'on aurait attendue d'une jeune fille de dix-huit ans était totalement absente chez Fana.

Fana emprunta une fois de plus la main du capitaine pour se glisser sur le siège arrière. Comme les sièges étaient fermement fixés, il n'était pas possible de regarder derrière soi pendant un combat.

Le dossier du siège de Fana et celui de Charles étaient le même. Si Charles se relevait juste un peu et tournait la tête, il se cognerait contre l'arrière de la tête de Fana. Ils étaient si proches que les moteurs éteints, ils pouvaient peut-être même sentir les battements de cœur l'un de l'autre.

Puis, le capitaine plongea son crâne chauve dans le cockpit avant. Il dévisagea Charles avec ses yeux jaunâtres.

— Je vous en supplie, goéland marin. Ma carrière est en jeu.

— Je ferai de mon mieux.

— Mmmh. Tenez, prenez ça. Un petit réconfort.

Le capitaine prit une bouteille de brandy des mains d'un membre d'équipage au sol, puis la colla contre la poitrine de Charles. Ce dernier jeta un œil à l'étiquette ; c'était une marque très connue et très chère.

— Ne buvez pas trop, soldat.

Après avoir tapoté l'épaule de Charles une fois, et s'être assuré que Fana avait bien mis sa ceinture de sécurité, le capitaine sauta au sol.

Charles abaissa ses lunettes de protection, sortit une main du parebrise encore ouvert et fit un geste vers l'équipage au sol.

— Attention ! Écartez-vous !

Les mécaniciens s'éloignèrent du Santa Cruz. La batterie aspira le métal hybride du réservoir qu'elle mélangeait à l'oxygène de l'air pour créer de l'énergie, qui alimentait par la suite les moteurs des hélices.

Il put sentir l'agréable tremblement traverser son corps. La vibration pure du moteur lui disait que la machine était en parfait état de marche. À travers ça, il put sentir que les bons mécaniciens avaient passé la nuit à tout préparer.

Il jeta à nouveau un œil au tableau de bord. Jauge de voltage, jauge de puissance électrique, jauge de pression, jauge de rotation, tous ne signalaient aucun problème.

Charles se saisit du combiné, et s'adressa à Fana pour la première fois.

— Êtes-vous prête, milady ?

Il n'y eut aucune réponse. Quand Charles se retourna, il vit Fana prendre le combiné à côté de son siège.

— Oui.

Politesse et indifférence s'entremêlaient dans la froide réponse mécanique qui s'échappa du combiné. Ils pouvaient s'entendre sans même utiliser ce dernier en élevant la voix, mais il demeurait néanmoins pratique pour communiquer.

— Je vais procéder au décollage dans ce cas. Pas d'au-revoir ?

— Non.

Tout comme il avait été demandé à Charles, peut-être que Fana avait également reçu pour ordre de « ne répondre que par oui ou par non ». Mettant un terme à la brève conversation, il tira sur le manche pour sortir les trains d'atterrissage.

L'avion de reconnaissance Santa Cruz s'engagea lentement sur la piste. Charles salua les officiers et mécaniciens, alignés sur le côté.

Même le personnel de l'aéroport qui ne s'occupait pas des avions vinrent saluer le départ de Charles. Dans la tour de commande, des officiers se tenaient debout devant la vitre, au garde à vous. Le soleil, pointant le bout de son nez de derrière les nuages, teinta leurs visages de rouge et imprima leurs images dans les rétines de Charles.

Le Santa Cruz descendit la piste, et atteignit le point désigné.

Paré au décollage, indiquait le drapeau d'un membre d'équipage.

Une main sur les freins, il activa le moteur. L'avion se mit à trembler encore plus fort.

Tout en abaissant le gouvernail, et en lâchant les freins, il commença à appuyer sur l'accélérateur. L'avion pénétra sur la piste de décollage. Il fit passer le moteur en mode pleine puissance. Tandis que l'avion accélérait, il traversait la piste en terre rouge avec de violentes vibrations.

Charles stabilisa la trajectoire de l'avion, tout en suivant la direction des hélices en maintenant le manche avec sa jambe, et en tournant la tête vers la droite.

Le vent s'écoula sur chaque aile. Lentement, la portance s'accumula. Il pouvait entendre le bruit du vent découper l'air.

Pour jauger la pression du vent, il tira légèrement sur le manche vers lui. Il put sentir le poids de la pression du vent contre ses deux mains qui agrippait le manche.

Il sentait l'air autour de lui, ne faisant alors plus qu'un avec lui. Charles s'adossait à cet air.

Le vent enveloppa l'avion. Charles pouvait comme entendre les mots du Santa Cruz à travers le manche, Je peux voler maintenant.

— Allons-y alors, murmura-t-il, et il tira fortement le manche vers lui.

Puis, sans le moindre bruit, les roues furent séparées du sol.

Le monde sous l'avion perdit sa vitesse. Le sol qui vibrait si fort l'instant d'avant avait disparu. Seul le brûlant ciel se trouvait devant le parebrise.

Le corps de l'avion continua à monter diagonalement, tout en ignorant la gravité terrestre. Les violentes vibrations s'étaient arrêtées, et le hurlement des hélices se fit plus distant.

Quand on se retourne, on peut voir le monde s'éloigner. Plus loin il est, plus lentement il bougera. La silhouette de la tour de contrôle disparut, étant incrustée au sol. Puis l'aéroport devint de plus en plus petit, tel le jouet d'un enfant, jusqu'à ce qu'il fut aspiré dans le sol de terre rouge.

Le Santa Cruz laissait derrière lui le sol tandis qu'il montait dans le ciel.

Rio de Este, meurtrie par des jours de bombardement, était à peine visible de l'arrière, mais elle aussi fut aspirée par la terre.

Son corps subissait un agréable G. Tout en tirant légèrement sur le manche, il orienta le nez, toujours montant, vers l'ouest, et stabilisa l'avion pour être parallèle à l'horizon une fois avoir atteint les 4000 mètres d'altitude.

Après avoir jeté à nouveau un œil au tableau de bord, Charles sourit à lui-même, soulagé. C'était un sourire pur qu'il n'avait jamais montré à qui que ce soit au sol.

Seulement au ciel, au nuage et à son avion.

Charles aimait plus que tout voler dans le ciel.

Voler à travers le ciel. Il pouvait se sentir en paix juste avec cette simple chose. Peu importe ce qu'il subissait au sol, plus rien n'avait d'importance une fois ici.

La couleur infinie du ciel qui s'étendait devant lui, et des couleurs plus sombres au-dessus de lui qui donnaient l'impression de l'aspirer s'il regardait vers elles, ce giron infini qui enlaçait Charles, Fana et le Santa Cruz. Tout ce qui emplissait le cœur de Charles était filtré par le ciel, et son âme était purifiée par cette clarté pure. Un sentiment de sécurité, comme celui ressenti au moment de rentrer chez soi après une terrible épreuve, flottait en lui.

En temps de paix, cela aurait été un paisible voyage de cinq jours et quatre nuits jusqu'à l'Empire de Levahm. Mais ce n'était pas le cas. Les cieux surplombant l'océan est étaient recouverts par la flotte aérienne d'Amatsukami. Il ne pouvait pas baisser sa garde.

Les deux clés du succès de ce voyage impliquaient une attention de tous les instants : trouver l'ennemi avant qu'il ne le trouve, et s'enfuir rapidement. C'était pour cette raison qu'il volait seul.

Charles prit le combiné, et s'adressa à Fana.

— Milady, pourriez-vous surveiller nos arrières ? Si jamais vous apercevez un objet brillant dans le ciel, veuillez m'en informer sur le champ.

— Très bien.

— Pendant le vol, j'aimerais que vous restiez attentive, plutôt que de dormir. Il y a un panier-repas sous votre siège, alors si jamais vous avez faim, n'hésitez pas.

— D'accord.

Pendant les deux semaines précédant le décollage, Fana avait reçu un entraînement en centrifugeuse et de vigie, alors il pouvait sûrement lui faire confiance jusqu'à un certain point. Sa vue était également de 1,5 à chaque œil, alors c'était très rassurant. Être aux aguets était une chose qui ne différait pas beaucoup entre les vétérans et les débutants. En fait, les premiers risquaient de tellement s'habituer à leur tâche qu'ils en perdaient leur concentration et avaient tendance à plus bayer aux corneilles, alors certains pilotes préféraient en réalité des nouveaux qui auraient trop peur de se déconcentrer.

Charles reposa le combiné à côté de lui, et se saisit à nouveau du manche. Surveiller l'avant était du ressort de Charles, alors il devait sonder le ciel sans discontinuer. Densité nuageuse de quatre, visibilité approximative de dix kilomètres. Après avoir scruté l'horizon, il regarda plus bas. Ayant terminé sa première vérification de l'avant, il se retourna et inspecta le ciel derrière lui. Il avait confié la tâche à Fana, mais il se sentait tout de même plus serein en le faisant lui-même.

Le soleil finit par être complètement levé dans le ciel, et le bleu indigo de l'océan sous eux devint plus sombre.

Tout en jetant un œil furtif sur la boussole, Charles ajusta leur trajectoire, et ils commencèrent à voler paisiblement vers le nord-ouest. Fana, assise à l'arrière, ne disait pas mot. Il n'y avait ni flotte ennemi, ni avion ennemi, ni ombre. C'était un départ d'un silence inquiétant.


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