Date A Live:Tome 3 Chapitre 5

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Chapitre 5: Cauchemar Mimétique

Partie 1

« Reine. »

Sur le pont du <Fraxinus>, Kotori appela Reine qui était assise non loin du siège du commandant.

Néanmoins, elle ne donna pas de réponse. Kotori jeta un œil curieux du côté de celle-ci… puis secoua la tête.

Pour quelque raison, sur l’écran à côté d’elle, était affiché le visage de Mana, l’image avait zoomé dessus. Reine avait une expression complexe alors qu’elle fixait celle-ci.

« Reine ? Quelque chose cloche avec Mana ? »

« … ! »

A cet instant, Reine sembla finalement réaliser la présence de Kotori ; elle la regarda avec ses yeux aux cernes noirs.

« … Kotori, huh… Nn, il y a quelque chose. »

Sur ces mots, elle prit les contrôles d’une main experte. Après quoi, l’image s’éloigna, le visage de Mana rétrécit à l’écran.

« …Mis à part ça, comment va Shin ? »

« Nn… Il est simplement un peu mal à l’aise, mais il devrait aller mieux après avoir parlé à Tohka. »

« … Vraiment ? »

Reine acquiesça légèrement et leva soudainement sa tête.

« … Aaah, c’est vrai. L’analyse que tu as demandée est déjà terminée. »

Suite aux paroles de Reine, les sourcils de Kotori se levèrent.

Quelques jours auparavant, elle lui avait confié un cheveu de Mana ainsi qu’un échantillon de sa salive afin qu’elle menât un examen d’ADN.

« Alors… quel est le résultat ? »

« … Nn, Mana est sans aucun doute la sœur biologique de Shidou. »

« … Vr, vraiment… ? »

Kotori avala vigoureusement sa salive tout en caressant sa poitrine avec sa main.

Même si ce n’était pas inattendu… elle ressentait quand même de l’embarras.

« Sa vraie… sœur, huh. Alors pourquoi cette fille est du côté de l’AST… »

« … Tu as tort. »

Avait dit Reine, comme si elle essayait d’interrompre Kotori.

« … J’ai mené quelques investigations de mon côté, il semblerait que ce n’est pas le cas du tout. »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? »

« … Elle n’est absolument pas membre des forces d’autodéfense, mais un membre transféré des industries DEM. »

« … Les industries DEM[1]… ? »

C’est une société fondée en Angleterre qui est devenue une des plus importantes au monde… Mis à part la matrice de <Ratatoskr>, c’est la seule industrie connue capable de produire des unités Realizer. On peut dire que toutes unités Realizer équipant les militaires et les forces de polices du monde, y compris les Forces d’Autodéfense, ont été fabriquées par DEM.

C’est à cause de leur enthousiasme à traquer les Esprits qu’ils sont considérés comme des rivaux économiques de <Ratatoskr>, société à laquelle appartient Kotori.

Bien entendu, ils ont également des magiciens capables d’utiliser les CR-Units… Néanmoins, on dit que leur expérience de la manutention dépasse de loin celles des forces spéciales des différents pays.

« Attends une seconde. C’est encore plus confus. La sœur de Shidou, pourquoi serait-elle une des magiciennes de DEM ? »

« … Je ne suis pas certaine de ça. Néanmoins… »

Reine s’interrompit soudainement, grinça des dents et serra son poing comme si elle était furieuse.

Kotori sourcilla sous le coup de la surprise. Même si elles avaient travaillé ensemble depuis un bon moment… c’était la première fois qu’elle la voyait ainsi.

« Qu’est-ce qui se passe exactement ? »

« … Jette un œil à ça. »

Sur ces mots, Reine manipula les commandes une fois de plus, l’écran montra le visage de Mana ainsi que des valeurs numériques détaillées.

« … C’est… »

« Aaah, son corps tout entier a été remodelé par magie. Ça doit être l’origine de sa force surnaturelle. Néanmoins, il y a un prix fort à payer pour cela. J’ai bien peur qu’elle ne sera pas en mesure de vivre plus d’une dizaine d’années. »

« … Quoi, c’est… »

A la base, le Realizer développé par les industries DEM n’était pas parfait. A cause du niveau de traitement du cœur nucléaire de calcul, incapable de suivre, ils n’ont eu d’autre choix que de compenser l’utilisation du cerveau humain.

Pour accroître les longueurs d’ondes du cerveau, c’était indispensable d’implanter des petits appareils dans celui-ci. Origami et le reste de l’AST font de même, il devrait y avoir une protubérance comme une corne au milieu de leurs cheveux.

Toutefois… le corps de Mana a déjà largement dépassé ce genre de stade.

Ça revient… à dire que son corps est devenu similaire à celui d’un Esprit.

« … Je ne suis pas sûre de quel genre de processus de pensée elle possède, puisqu’elle a subi ce genre de traitement. Mais… je pense que c’est mieux de ne rien dire à Shin… pour le moment. »

Venait de dire Reine avec une intonation ajoutée. Kotori engloutit violemment tout en se mordant la lèvre.

Partie 2

Le lendemain, Shidou marchait dans la salle de classe et vit que Kurumi était déjà assise à sa place.

Une indéniable anomalie. Même s’il avait déjà expérimenté cela une fois, comme on aurait pu s’y attendre, c’était toujours désagréable… Une fille, qui était censée être morte, assistant au cours avec une expression comme si de rien n’était…

Kurumi reconnut le visage de Shidou et révéla un sourire paisible et arqué.

« Ara, Shidou-san. Bonjour à toi. »

Cette apparence n’avait rien de comparable à celle de la veille.

S’il venait à dire que la veille, dans une ruelle, cette même fille avait eu ses deux jambes et son estomac perforés, ainsi que sa tête décapitée, Shidou aurait certainement été suspecté d’instabilité mentale.

« … Bon, bonjour. »

Toutefois, il n’aurait pas dû être surpris de tout cela. C’était une situation à laquelle il s’était déjà préparé. Shidou répondit silencieusement par un salut.

« J’étais très contente hier. Tu devrais m’inviter à sortir de nouveau. »

« Vraiment… ? Contente, huh. »

« Nn, extrêmement. »

Kurumi, une fois de plus, sourit. Parlait-elle de son rendez-vous avec Shidou, ou parlait-elle de l’incident de la ruelle ? Shidou était incapable de savoir lequel.

Elle remarqua probablement que Shidou réfléchissait à ce propos, aussi poursuivit-elle en arborant son sourire adorable.

« Mais, j’ai été très surprise là-bas. »

« … ? A quel propos ? »

Demanda Shidou en guise de réponse. Kurumi plissa ses yeux en retour.

« Je pensais que tu demanderais une autorisation d’absence pour aujourd’hui. »

Immédiatement, il resta sans voix. Néanmoins, il la recouvra rapidement et répondit :

« Eh bien, je suis… vraiment désolé à ce propos. Ça aurait mieux que je ne vienne pas à l’école ? »

Kurumi répondit avec un sourire innocent sur son visage :

« Non, tu es venu à l’école comme un gentil garçon, je suis vraiment contente. »

Shidou tapota son torse comme s’il essayait de contrôler les battements de son cœur, puis il alla directement vers elle.

« … Kurumi. »

« Qu’y a-t-il ? »

« J’ai… décidé de te sauver. »

« … ? Sauver ? »

Au moment-même où il eut fini sa phrase, l’expression de Kurumi perdit soudainement toute sa cordialité.

« Tu as dit vraiment quelque chose d’étrange, Shidou-san. »

« Ça suffit, ce genre de choses… Je ne te laisserai plus tuer des humains et je ne laisserais plus Mana te tuer. C’est ma conclusion sur ce qui s’est passé hier. »

«  S’il te plait, n’impose pas tes valeurs aux autres. Je déteste ce genre de pensées irréalistes. »

« Vraiment. C’est dommage… Je suis vraiment désolé mais j’ai déjà décidé. Je vais te sauver. Tu seras sauvée par moi. Peu importe les circonstances, vraiment. »

Lorsque Shidou acheva sa proclamation, Kurumi sourcilla violemment.

Quelques temps plus tard, elle arbora une expression comme si elle pensait à quelque chose, après quoi elle s’exprima de la sorte :

« … Eh bien, que tu disses vrai ou faux, mettons ça à l’épreuve. »

« Ah… ? »

« Aujourd’hui après l’école, retrouve-moi sur le toit. »

Kurumi le quitta sur ces mots, elle porta son regard loin de Shidou.

Partie 3

Kurumi se tenait sur le toit du lycée Raizen et produisait de petits bruits de pas en même temps qu’elle souriait.

C’était une bonne journée sans aucun nuage dans le ciel. Les puissants rayons du soleil d’été frappaient le corps de Kurumi et projetaient une ombre complètement noire sur le sol.

Il était plus ou moins 9h10. Puisque le premier cours avait déjà commencé, la mélodie qui résonnait à travers toute l’école diminua. A sa place, une flopée de sons d’instruments provint de la salle de musique ainsi que le bruit des balles rebondissant dans le gymnase. Kurumi commença à marcher sur ce rythme comme si elle dansait. Ce faisant, elle traça un cercle au sol et tourna constamment encore et encore.

« Ce serait bien si je pouvais profiter encore plus longtemps de la vie d’étudiant avec Shidou-san… »

Si quelqu’un regardait la scène depuis le ciel, il aurait probablement remarqué quelque chose qui cloche.

La zone où elle marchait devenait sombre.

Oui… c’était comme si l’ombre projetée par elle pendant ses mouvements ne quittait jamais complétement les lieux.

« C’est presque l’heure. »

Puis un son de *Ka !*. Ses chaussures claquèrent sur le sol.

Suite à quoi, le cercle de ténèbres, au centre du toit, commença à s’agrandir.

Il engloba tout le toit, recouvrit les murs d’enceinte de l’école, engloutit le hall d’entrée, puis, peu de temps après, il recouvrit tout une partie de la cité avec le lycée pour centre.

« … Kihihi, hihihi. »

Ses lèvres se tordirent en forme de croissant alors qu’elle laissa échapper ce rire.

« Aaah, aah, Shidou-san. Shidou-san. Mon cher Shidou-san. Avec tout cela, tu as toujours l’intention de me sauver? Tu as toujours l’intention de m’aider ? »

« Nn… ? »

Pendant la première leçon, le cours sur l’Histoire Mondiale, Shidou regarda soudainement par la fenêtre.

D’une certaine façon, c’était comme si les alentours étaient devenus plus sombres, il pensa que c’était à cause des nuages dans le ciel.

Néanmoins, on pouvait voir par la fenêtre que celui-ci était dégagé. Pas un nuage ou une ombre ne pouvait être vu.

« … Ne me dis pas… »

Il se tourna rapidement dans la direction de Kurumi. Puisqu’elle avait dit quelque chose d’inquiétant, dix minutes auparavant, elle pouvait avoir…

Toutefois, elle n’avait entrepris aucune action étrange, elle écoutait la classe avec un visage sérieux.

« Est-ce que je m’inquiètes trop… ? »

Il revint à sa position initiale tout en soupirant légèrement.

Quoi qu’il en soit, le moment de la fin des cours était crucial. Shidou inspira profondément comme s’il essayait de s’encourager.

Partie 4

Kotori tourna la poignée rouillée et poussa la porte. Cette dernière décrépie perdit immédiatement quelques fragments de peinture et poussa un hurlement.

« …Tch. »

Kotori sourcilla tout en claquant légèrement sa langue. Elle arriva sur le toit de l’immeuble.

Actuellement, Kotori visitait l’un des bâtiments abandonnés qui se situait au sud de la ville de Tenguu.

Ce n’était pas tant qu’elle avait un penchant pour l’exploration de ruines. Pour venir dans un endroit si isolé, il fallait de bonnes raisons.

A ce moment-là…

« … Bienvenue, Kotori-san. »

Venait de dire la fille qui attendait déjà sur le toit… il s’agissait de Mana.

En effet, lorsque Kotori s’était réveillée ce matin, sur la fenêtre de sa chambre, il y avait une lettre avec dessus une certaine heure et un certain lieu, ainsi que le nom de Mana.

Kotori n’essayait pas de cacher son mécontentement, elle émit un *Hmph*.

« … Vraiment. Pourquoi ce genre d’endroit ? Si tu voulais m’inviter à sortir, tu aurais pu au moins me préparer un thé délicieux et un gâteau. »

« Je m’excuse… Néanmoins, je crois que c’est plus dans nos intérêts d’éviter les zones encombrées. »

« … Hmph. Eh bien, de quoi s’agit-il exactement ? »

« Je voulais simplement parler avec toi, c’est tout. »

Sur ce, Mana prit quelque chose dans sa poche et le lança à Kotori.

« C’est… »

Kotori sourcilla. Ce que Mana venait de lui lancer, c’était une mini oreillette très sensible qu’utilise <Ratatoskr>… c’était celle que Shidou avait perdu la veille.

« … L’organisation <Ratatoskr>. »

« … »

En réaction à ces mots, les sourcils de Kotori tressaillirent.

« J’ai entendu des rumeurs à ce sujet. C’est une organisation qui n’est pas alliée à l’armée dans sa traque des Esprits, mais qui utiliserait la conversation pour les persuader… Lorsque j’en ai entendu parler la première fois, j’ai pensé qu’il s’agissait d’une légende urbaine. »

Mana posa un regard acéré sur celle-ci.

« … Ne me dis pas que toi et Nii-sama êtes… »

Kotori mit l’oreillette dans sa poche et fit bouger légèrement le bâtonnet de sa Chupa Chups.

« … Tout s’explique. Ce message, hier, c’était toi. »

Effectivement, avant de savoir que Shidou avait perdu l’oreillette, <Ratatoskr> avait reçu un étrange message. En effet, sa voix s’était fait entendre. Après qu’il se soit informé sur l’identité de Kotori et sur la situation actuelle, la connexion avait été soudainement interrompue, plus rien depuis lors.

Kotori fit claquer sa langue à un volume inaudible pour Mana. Elle avait été si insouciante. A cause de sa réponse à ce moment-là, Mana avait déjà confirmé l’existence de l’organisation connue sous le nom de <Ratatoskr>.

Mana haussa légèrement les épaules.

« Après tout, ce n’est pas si difficile de modifier ta voix à l’aide de ton Territory. »

« … Vraiment ? »

Kotori se gratta les cheveux et plissa les yeux.

« Du coup, quel est ton objectif ? Tu m’as spécifiquement fais venir ici, tu dois bien vouloir quelque chose, pas vrai ? »

Le regard de Mana ne bougea pas d’un pouce alors qu’elle dit :

« … Je n’ai pas l’intention de rapporter ceci. »

« … Hmm ? »

«  En échange, s’il te plait, laisse Nii-sama quitter <Ratatoskr>, immédiatement. »

Ces paroles firent lever les sourcils de Kotori avec vigueur.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? »

« C’est pas grand-chose… Kotori-san, pourquoi obliges-tu Nii-sama à faire une chose si dangereuse. Sans même parler d’unité Realizer, il n’a même pas une arme appropriée sur lui et tu le laisses affronter les Esprits, n’est-ce pas beaucoup trop ? »

« Comme tu as déjà dit, il est censé persuader l’autre partie et tu t’attends à ce qu’il pointe un pistolet sur eux pendant qu’il se promène ? Quelle différence y’aurait-t-il avec un violeur en série ? Ne me dis pas que tu es masochiste ? »

Kotori avait balayé l’affirmation de Mana. Le regard de cette dernière gagna en intensité et son ton de voix devint plus austère.

« S’il te plait, ne te moque pas. Es-tu seulement inquiète à propos de Nii-sama ? A ce moment-là, si je n’avais pas été là, il aurait très bien pu être tué par <Nightmare>. »

« … »

Il n’y avait aucune raison de divulguer plus d’informations. Kotori ne dit plus un mot.

Mana sembla avoir mal compris la réaction de cette dernière, elle grinça des dents et poursuivit :

« … Kotori-san… Non, Itsuka Kotori. C’est triste. Vous êtes disqualifiée en tant que sœur de Nii-sama. Vous n’êtes pas digne d’avoir Nii-sama à votre charge. »

« … »

Le visage de Kotori convulsa, puis, après ça, elle leva le bâtonnet de sa Chupa Chups.

« Heeh… Qu’est-ce que ça veut dire être disqualifiée en tant que sœur ? »

« Je ne vais pas avoir d’autre choix que de reprendre Nii-sama. »

Les paroles de Mana eurent pour effet de déformer l’expression du visage de Kotori.

« Quelle blague ! Tu veux laisser Shidou entre les mains d’une industrie maléfique comme DEM ? »

Elle leva ses épaules, Mana baissa ses bras et ses épaules sous le coup de la surprise.

« … Pourquoi est-ce que tu es au courant à propos de ça ? »

« C’est parce que j’ai une excellente amie. Si tu parles de recherche d’informations, nous en sommes au même stade. »

Venait de dire Kotori sans peur. Mana soupira.

« … Eh bien, puisque tu le sais déjà, il n’y a pas de besoin de le cacher plus longtemps. C’est vrai. Je ne suis pas à la base un membre des forces d’autodéfense. Néanmoins, à cause de l’attribution des industries DEM, il y avait une nécessité d’être placée à un tel travail. »

Alors qu’elle prononça ces mots, son regard se plissa rapidement.

« DEM en tant que société maléfique, je ne peux pas faire semblant de ne pas l’avoir entendu. Ils m’ont prise moi, moi qui étais amnésique et ils m’ont donné une raison de vivre. Je suis très reconnaissante envers eux. »

« … Sérieusement ? Il ne semble pas que tu sois folle, huh. »

« Quelle grossièreté ! Qu’est-ce que tu cherches à insinuer ? »

Kotori perçut de l’amabilité dans les paroles de Mana.

Ne me dis pas que…

« Toi, ne me dis pas que tu ne sais pas… ? A propos de ton corps ? »

« Mon corps… ? De quoi est-ce que tu parles ? »

Mana, confuse, pencha sa tête. Kotori tremblota tout en engloutissant.

« … Qu’est-ce qu’il y a avec ça… »

Même si ce n’était pas inattendu… mais qu’en serait-il si les craintes de Reine devenaient vraies ? Kotori sourcilla alors qu’elle s’avança vers Mana et qu’elle lui saisit les épaules.

« Toi, qu’est-ce que tu essayes de faire ? »

« … Ne parlons pas de ça pour le moment. Tu devrais quitter DEM, <Ratatoskr> prendra ses responsabilités pour ta sécurité. Du coup… »

« Haa… ? De quoi est-ce que tu parles tout à coup… »

Sur ce, alors que Mana allait questionner Kotori qui sourcillait toujours, leurs portables à toutes les deux sonnèrent presque en même temps.

Kotori, révélant une expression d’impatience, répondit à l’appel.

« … C’est moi. Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Com, Commandant ! Le lycée Raizen émet un puissant signal d’onde Spirituel ! »

« Qu’est-ce qui se passe… ? »

Kotori jeta un regard à Mana. A l’allure de son visage, il semblait qu’elle aussi avait reçu un rapport similaire.

Partie 5

Shidou prit une profonde inspiration et expira lentement.

L’air dans ses poumons avait été complétement changé, il se sentait comme si son corps avait redémarré.

« … Excellent. »

Il était 16h30. Le bruit des étudiants qui se préparaient à se rendre à leurs activités de club commençait à se répandre.

Au final, mis à part cette fois-là, la veille, il n’avait eu absolument aucune opportunité de parler à Kurumi. Après le dernier appel, cette dernière ne jeta même pas un coup d’œil en direction de Shidou, elle quitta immédiatement la salle de classe.

« …Est-ce que tu vas bien, Shin ? »

A cet instant, dans le communicateur de son oreille droite, une voix particulièrement endormie se fit entendre. Il s’agissait de Reine.

« Ouais, je suis étonnamment… calme. »

« … C’est bien. Néanmoins, fais attention. »

« … Oui. »

Alors que Shidou engloutit violemment, il remarqua quelque chose d’étrange.

« Reine-san ? Maintenant que tu le dis, comment se fait-il que je n’entende pas la voix de Kotori… »

« … Aaah, Kotori est sortie faire quelque chose. »

« Non mais… si elle devait faire quelque chose à l’extérieur, pourquoi devait-elle le faire à un moment si important ? »

« … Kotori le sait également. Néanmoins, après plusieurs délibérations, elle a jugé que les chances de succès seraient meilleures… Si une distraction venait à nous interrompre en plein milieu, ce serait pénible. »

« Haa… ? Est, est-ce que quelque chose s’est passé ? »

« … Concentre-toi sur Kurumi, pour le moment. Elle est un adversaire dont tu ne peux te défaire si tu es distrait. »

« … C’est, c’est vrai. »

Bien qu’il fût préoccupé par les paroles de Reine, il était vrai qu’il n’avait pas le temps de penser à autre chose. Actuellement, Kurumi devrait déjà attendre sur le toit. Shidou commença à s’avancer vers l’escalier…

« … Quoi ?! »

L’instant d’après Shidou fronça des sourcils face au lourd sentiment qui pesait sur lui.

En cet instant, il n’était pas sûr lui-même de la raison de celui-ci. Néanmoins, il remarqua qu’au moment où l’environnement s’était obscurci, son corps avait été assailli par de la fatigue et de la faiblesse sans raison apparente.

C’était comme si l’air s’était chargé de viscosité et s’était enveloppé autour de ses membres.

« C’est, c’est, c’est… »

Shidou était sur le point de tomber à genoux face à cette situation, mais il réussit à se retenir et maintenir sa position.

Les étudiants autour de lui poussèrent des gémissements de douleur et s’effondrèrent sur place. S’il fallait l’exprimer par des mots, c’était une scène vraiment anormale.

« Hey… hey, est-ce que tu vas bien ? »

Shidou courut hâtivement et secoua l’épaule d’une étudiante qui venait de s’effondrer. Néanmoins, elle avait probablement perdu conscience, elle n’eut aucune réaction du tout.

« Reine…-san, c’est… ?! »

« En utilisant l’école comme point de référence, nous avons déterminé qu’il y a une puissante émanation Spirituelle. Cette réaction… sans ambiguïté, c’est du ressort de Kurumi. Un champ de confinement… Il semblerait que ce soit le genre qui affaiblit tout humain qui y entre. »

« Pou, pourquoi doit-elle faire une chose si… »

« A ce propos, ce serait plus rapide si tu demandes à l’instigatrice elle-même. »

Venait de dire Reine. En effet, elle avait raison. Shidou engloutit bruyamment et resta là debout. Il sentait que ce serait difficile de se déplacer, mais il n’en était pas au point de s’écrouler.

« Aare, maintenant que j’y pense, pourquoi est-ce que… »

« … N’oublie pas, Shin. Tu as les pouvoirs Spirituels de Tohka et de Yoshino scellés en toi. Ça doit être instinctif, mais ton corps dorénavant peut être considéré comme ayant la protection des Esprits. »

« Le pouvoir des Esprits… »

Après avoir marmonné, Shidou écarquilla soudainement les yeux.

Ouvrant la porte qu’il venait tout juste de franchir, il s’écria :

« Tohka ! »

En effet, Tohka devait toujours se trouver dans la salle de classe. Même s’il lui avait mentionné qu’il devait partir plus tôt pour faire quelque chose, il n’avait eu aucune réponse avant son départ.

Il y avait autour de lui dix étudiants qui étaient encore dans la salle de classe, tout le monde était soit étendu au sol soit sur la table… Néanmoins, parmi eux.

« Ooh, Shidou… »

Tohka se tenait légèrement la tête lorsqu’elle lui répondit. Même si la majorité de ses pouvoirs étaient scellés, elle demeurait un Esprit. Elle était plus résistante aux pouvoirs Spirituels que les humains.

« Est-ce que tu vas bien, Tohka ?! »

« Nn… Mais, mon corps est si lourd… Qu’est-ce qui se passe, ce… »

Elle marmonna péniblement, avec une voix fiévreuse, tout en secouant faiblement sa tête.

« … Shin. »

La voix de Reine l’appela de l’autre côté du communicateur. Même s’il n’était pas entré dans les détails, elle avait probablement compris ce qui se tramait.

« Tohka, reste ici et attends. Je vais faire quelque chose pour ça… ! »

« Shi…dou… ? »

« C’est bon. Je vais… résoudre tout ça. »

Shidou caressa doucement la tête de Tohka et s’avança à travers le couloir avec une ferme détermination.

Il remua l’air épais et monta les escaliers. Shidou força ses membres anormalement fatigués et, finalement, il arriva à la porte du toit.

La porte n’était pas verrouillée.

Non… Pour être plus précis, sous la poignée de porte, il y avait un trou semblable à l’impact d’une balle, la serrure n’était plus opérationnelle.

C’était clairement du ressort de Kurumi. Shidou prit une profonde inspiration avant de l’ouvrir.

« Gu… »

Ses sourcils se rapprochèrent l’un de l’autre. Même s’il avait atteint le toit, l’air épais ne s’améliorait pas du tout. Non, c’était bien plus comme si la faiblesse qui envahissait son corps s’était intensifiée.

Il regarda à gauche et à droite. Il était entouré par du grillage, un endroit déplaisant.

Et au centre.

« … Bienvenue. Je t’attendais, Shidou-san. »

Kurumi leva le ourlet de sa Tenue Astrale, inclina lentement son corps et baissa sa tête.

Partie 6

« … »

Lorsque Origami avait senti l’anomalie, elle marchait dans un couloir dans le bâtiment est de l’école.

En un clin d’œil, c’était comme si le monde entier avait changé. C’était presque comme si sa vitalité avait été aspirée hors de son corps et absorbée par l’air, une inexplicable sensation de faiblesse l’envahissait. Les étudiants aux alentours s’étaient déjà effondrés les uns après les autres.

« Guh… »

Si cela continuait, elle serait également sujette à cette perte de conscience. Après qu’elle soit arrivée à cette conclusion, elle sortit de sa poche un appareil qu’elle plaça dans la paume de sa main, puis elle posa son doigt sur l’écran tactile et dit :

« Reconnaissance vocale • AST • Tobiichi Origami. »

Immédiatement, ses empreintes digitales et son spectre vocal furent synchronisés. *Bip Bip*, c’est suite à de tels bruits électroniques que l’appareil commença à se mettre en marche.

« Unité Realizer de base… Activation admise. »

Dit Origami tout en posant délicatement l’appareil contre le transmetteur sur sa tête.

Instantanément, tout son environnement devint son Territory, il s’enroula autour de son corps et la faiblesse qui la torturait diminua.

Néanmoins, en même temps, un mal de tête similaire à une explosion se produit dans son cerveau.

Tout en grinçant des dents alors qu’elle subissait cela, elle ouvrit sa bouche et dit :

« Combinaison de combat… Engagée. »

Après quoi, une faible lueur fut émise à l’intérieur du Territory… l’instant d’après, l’uniforme du lycée Raizen qu’elle portait se transforma en la combinaison high-tech de combat de l’AST.

« … »

Au moment où le mal de tête s’acheva… soudainement, Origami tomba à genoux.

C’était un appareil d’urgence qui permettait le déploiement d’une combinaison généralement portée à la base. Même si elle avait eu la permission d’avoir un tel appareil,- juste au cas où,- elle se sentait toujours mal à l’aise.

Cet appareil miniature contenait une unité Realizer basique. Ce qui revenait à dire, qu’il lui était théoriquement possible de déployer son Territory. Après quoi, depuis l’intérieur de celui-ci, changer instantanément de vêtements n’était pas tâche difficile.

Cependant, même si cela n’avait été qu’un instant, elle avait déployé son Territory sans utiliser l’appareil de synchronisation. La charge dans son cerveau s’était accrue, c’était indescriptible… Quelqu’un ayant des capacités proches de celles de Mana n’y aurait probablement prêté aucune attention.

« … »

Origami réajusta sa respiration et étendit son Territory à sa taille habituelle de trois mètres.

Les Esprits et l’AST sont considérés comme des sujets de discussion interdits. Néanmoins, on pouvait considérer ça comme une exception. De plus, elle n’avait pas d’inquiétude à avoir à ce sujet, puisque tout le monde autour d’elle était tombé inconscient.

Elle n’était pas vraiment sûre quant à ce qui se passait à l’école. Mais… il était aisé de déduire qu’il y avait sûrement un rapport avec Tokisaki Kurumi.

« … »

Par le biais d’un ordre mental, elle concentra sa gravité. Origami frappa du pied au sol et se précipita dans le couloir à une vitesse incroyable.

En même temps, le communicateur équipé dans son casque retransmit la voix de Ryoko :

«  Origami ?! Si tu as ouvert la ligne, ça veut dire que tu as utilisé la combinaison de secours ? Actuellement, dans le voisinage de ton école, nous avons détecté une puissante émanation Spirituelle ! Quel est ton statut ?! »

« Une zone confinée. Ce serait dangereux si ça s’agrandissait. Demande de renforts… »

A ce moment-là, les mots d’Origami furent interrompus.

« … »

La raison en était simple. Sur la route d’Origami s’était dressée une fille comme constituée d’ombres.

Elle ne portait pas l’uniforme du lycée mais une robe de style gothique de couleur cramoisie et noire.

« Ufufu, Origami-san. Pourquoi es-tu si pressée ? »

Elle plaça ses mains à côté de sa bouche et ricana.

« Tokisaki… Kurumi… »

Le regard de Origami était perçant, sa main se plaça d’elle-même près de sa hanche et saisit la poignée de son épée de lumière.

« Qu, qu’est-ce qui se passe, Origami ? »

« … Entrer en contact avec un Esprit. Engagement du combat. »

« … Quoi ?! C’est trop dangereux, dépêche-toi et fuit… »

Puisqu’elle risquait d’être distraite, Origami donna une impulsion mentale et coupa la communication.

Kurumi afficha un sourire satisfait et dit :

« Fufu, je ne souhaite pas être interrompue cette fois. Du coup, je ne peux pas te laisser aller plus loin. »

« … ? »

Origami ne comprit pas les paroles de Kurumi, elle sourcilla.

Néanmoins, ce ne fut que pendant un court instant. Il n’y avait aucune nécessité à écouter les propos absurdes d’un Esprit sur le champ de bataille.

Origami tenait fermement la poignée de son épée de lumière, <No Pain>.

Partie 7

« Shidou… Shidou !! »

Tohka cria le nom de Shidou alors qu’il quittait la salle de classe.

Néanmoins… il n’avait aucune intention de revenir en arrière. Tohka traîna ses pieds pesants et commença à s’avancer.

« Shidou… »

Les paroles de Shidou ne quittaient plus son esprit.

« …Ca ira… Je vais résoudre ce problème. »

Des mots extrêmement crédibles et réconfortants. Shidou n’eut à le dire qu’une seule fois et il terrassa la solitude et le malaise qui demeurait dans le cœur de Tohka.

Néanmoins, en même temps, une autre cause d’inquiétude fit surface.

C’était parce que ce sentiment était le même que les dernières fois qu’il avait prononcé cette phrase, il y a deux mois lorsqu’il avait tendu la main à Tohka et il y a un mois lorsqu’il s’était avancé vers Yoshino à l’intérieur de la zone de confinement.

Shidou sauvera très certainement tout le monde. Mais, s’il avait besoin de se sacrifier pour cela, il le ferait sans hésitation.

Celui qui a sauvé Tohka… était ce genre d’homme.

« Uwa… »

A cet instant, Tohka perdit l’équilibre et tomba au sol, emportant avec elle tables et chaises.

« Gu… Nu… »

En vue de se relever une fois de plus, elle exerça de la force dans son pied.

... Ça va pas le faire, ça va pas le faire du tout. Ce n’est vraiment pas le moment de fainéanter.

Même si ce n’était qu’une seconde, elle devait se dépêcher et foncer auprès de Shidou.

« Shidou… Shidou… Shidou… !! »

Au moment où elle s’écria, soudainement, elle eut la sensation d’être stimulée.

« Qu, Quoi… ? »

Sur ces mots… Tohka se souvint de cette sensation.

Le mois dernier. Lorsque Yoshino avait matérialisé son Ange et avait tiré un rayon de lumière sur Shidou.

Si ça continue, Shidou mourra.

A l’instant où elle y pensa, elle secoua vigoureusement sa tête… sa tenue astrale et son Ange se matérialisèrent.

« … C’est… ! »

Elle baissa le regard sur son propre corps… En effet, même si ce n’était pas parfait, il était le même que cette fois-là, elle avait créé une tenue astrale faite d’une membrane de lumière.

Son corps avait été instantanément revitalisé à un niveau inimaginable.

Si c’est comme ça…

Elle se releva d’un bond énergique et atterrit fermement sur ses pieds.

« Très bien… Allons-y ! »

Elle quitta la salle de classe tout en serrant son poing.

« Shidou ! Où es-tu allé, Shidou… ? »

Bien qu’elle criât, elle ne reçut aucune réponse.

Puisqu’il en était ainsi, elle chercherait dans chaque salle séparément. Elle courut à travers le couloir.

Néanmoins, à ce moment-là.

« … ?! »

Elle retint son souffle et battit en retraite rapidement.

La raison en était simple. En face d’elle, dans le couloir, quelque chose qui ressemblait à une balle s’était dirigée vers elle en dessinant une sorte de ligne noire.

« Que… Qui ! »

S’écria Tohka. Dans le couloir, dans une zone cachée par l’obscurité, des pas lents se firent entendre.

Tout de suite après, le propriétaire de ces sons apparut.

« … Tu es… »

« Ufufu, comment as-tu fait, Tohka-san ? Puis-je te demander de m’accompagner pendant un moment ? »

Tokisaki Kurumi, vêtue d’une robe élégante et portant un pistolet à la main, leva les coins de ses lèvres en prononçant ces mots.

Partie 8

Notes de traduction

  1. Acronyme du latin Deus Ex Machina qui signifie « Dieu issu de la machine ». C’est principalement un terme utilisé en théâtre pour désigner un dieu dénouant de manière impromptue l’intrigue. Pour plus d’information : http://fr.wikipedia.org/wiki/Deus_ex_machina.